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KPÏIITÀAIÀ
VOL. II
Tiré à 135 exemplaires numérotés.
o
KPYIITA AI A
RECUEIL DE DOCUMENTS POUR SERVIR
À L'ÉTUDE DES TRADITIONS POPULAIRES
—— • .
VOL. II
CHEILBRONN HENNINGER FRÈRES, ÉDITEURS
1884
Tous droits réservés
UNIVER
WAY 29 ttfeb
Imprimerie de G. Otto à Darmstadt.
FOLK-LORE
DB LA
HAUTE - Bft ÉT A G N E.
I
LA FRÊNOLLE
Pili était une fois un petk
garçon qui B9 voulait apprendre l'état de forgeron. Il quitta son village et alla se louer comme apprenti chez un maréchal-ferrant Son patron avait beaucoup d'ouvrage, et tous ses lits étaient pris par ses ouvriers. Lé soir venu, il fut bien embarrassé pour savoir où il coucherait son apprenti. Il réfléchit long- temps, mais à la fin il se dit: «Il y a plu-
KçvuTaàia. IL I
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FOLK-LORE DE LA
sieurs personnes dans chacun des
lits; il n'y a que ma fille qui soit seule dans le sien. Je vais mettre le garçon à coucher avec elle : ses parents étaient de braves gens et je Tai connu tout petit; il n'y a aucun danger.» Quand ils furent tous deux couchés en- semble, le garçon se mit à caresser la fille qui approchait de ses dix-huit ans, et comme elle ne le repoussait point, il ne tarda pas à lui montrer comment on fait l'amour. La fille trouvait la chose fort à son gré, et Pierre —- c'était le nom de l'apprenti — lui donna plusieurs leçons de ce joli jeu. Elle ne se lassait point, et aurait bien voulu que cela durât toute la nuit; mais Pierre qui était fatigué voulut dormir. Comme il com- mençait à s'assoupir, elle le pinça et s'ap- procha de lui; mais il ne répondait point à ses agaceries. «Pierre, lui dit-elle, tu ne joues plus de ton instrument? — Non, répondit- il; il est usé. — Ah! dit la fille, c'est bien dommage; pourquoi n'est-xl pas plus solide? Cela coûterait-il bien cher pour en avoir un autre ? — Oui, répondit Pierre, au moins trois ou quatre cents francs. — Je ne les ai pas à moi; mais je sais où mon père met son argent, et demain je te donnerai avec quoi en avoir un neuf. Comment cela s*ap-
H A UTE-BRETAGNE
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pelle-t-il ? — C'est une frênolle.»
* Le matin, la fille prit l'argent de son père et le donna à l'apprenti, qui alla jusqu'au bourg et fit mine d'acheter un nouvel instrument. La nuit venue, il en joua encore, à la grande satisfaction de la fille. Le lendemain, l'ap- prenti reçut une lettre où on lui disait que sa mère était malade, et qu'elle désirait le voir. Il se mit aussitôt en route ; peu après la fille rentra, et comme elle ne le voyait pas: «Où est Pierre? demanda-t-elle. — Il est parti, et il ne reviendra plus.» Elle se mit à courir après lui, et du plus loin qu'elle l'aperçut, elle lui cria : «Pierre, Pierre, laisse- moi au moins la frênolle !» Pierre, qui était dans un champ, arracha un gros navet, et le jeta dans une mare aux pieds de la fille, en lui disant: «Tiens, la voilà.» Et pendant que la fille cherchait, il continua sa route. Elle regardait de tous ses yeux; mais elle ne voyait point l'instrument de Pierre. Elle s'assit sur le bord de la mare et se mit à pleurer à chaudes larmes. Le curé qui passait par là, lui demanda pourquoi elle avait tant
* C'est probablement un mot de fantaisie; ce
n'est pas sous ce nom que l'instrument de Pierre est ccnnu dans le pays.
I*
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de chagrin: «Ah! monsieur le
Recteur, répondit-elle, la frênoile est tombée dams la mare, et je ne peux la retrouver. C'est bien dommage, car c'est un instrument précieux : il coûte trois ou quatre cents francs. — Cher- chons tous les deux, dit le Recteur, je vais t'aider.» Il se retroussa et tous deux se mirent à chercher dans la mare qui était assez profonde. A un moment elle se re- tourna, et, voyant le recteur troussé jusque par dessus les hanches, elle s'écria: «Ah! monsieur le Recteur, ce n'est pas la peine de chercher plus longtemps, c'est vous qui avez la frênoile entre les jambes.»
Recueilli en Haute-Bretagne en 1880.
Cf. dans les Contes secrets traduits du
russe, le no. „XLVI, la variante de la page 146, pour l'épisode du navet dans la rivière : dans le conte russe il s'agit d'ua peigne. Un passage du Moyen de parvenir, p. 60 éd. Charpentier, rappelle l'épisode de l'outil usé. «Le bon- homme Hauteroue disait en travaillant sa première femme — Que j'enhane, ma mie ! — Je ne m'en ébahis pas, dit-elle, vous travaillez d'un méchant outil. — J'en aurais bien un autre, si j'avais de l'argent.— Qu'à cela ne tienne, je vous en baillerai demain.» Quand il eut ses écus, il va se réjouir, puis coucha avec la femme qu'il traita bien : «Ho ! dit-elle, mon ami, celui-ci est aussi bon que celui que vous aviez. Mais, mon ami, qu'avez vous fait de l'autre ? — Je l'ai jeté là, ma mie. — Endà, vous avez eu grand tort, il eut été bon pour ma mère.»
Cf. aussi pour l'outil usé: le Parangon des
nou-
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II
LA FILLE BIEN GARDÉE
PBl
t avait une fois une fille que sa BEB mère surveillait avec le plus grand soin, de peur que quelque garçon ne vînt à la mettre à mal, et elle l'avait élevée dans l'innocence de tout Quand elle lui deman- dait à aller aux assemblées comme les autres filles de son âge, elle lui répondait: «Non, ma fille, tu n'iras pas, car on est trop ex- posé à perdre son pucelage.» Un jour pour- tant, Pierre, son amoureux, qui était un bon garçon bien tranquille, vint la chercher pour la conduire à une assemblée, et ils sup- plièrent tous les deux la bonne femme de les laisser y aller. Celle-ci finit par y con- sentir, pensant en elle-même que Pierre était trop honnête pour mettre sa fille à mal, et elle lui recommanda de bien veiller sur elle. Les voilà qui se mettent en route, et tout en cheminant la fille disait : «Ma mère m'a
veil es nouvelles p. 154 éd. Emile
MabilleBibl. elzév., Les chefs d*«e*vres des conteurs français 17« siècle, éd. Charpentier p. 198, et les Contes à rire et aventures plaisantes de ce temps, Beau vais 1818 in 16, p. 4a.
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folk-lore de la
bien recommandé de prendre garde à
mon pucelage: il paraît qu'aux assemblées on est exposé à le perdre. Comment faire pour le conserver ? — Est-ce que ta mère ne t'a pas enseigné un moyen ? — Si, répondit-elle, elle m'a recommandé de bien serrer les cuisses.» En devisant de la sorte, ils entrèrent dans un bois, et au milieu il y avait plusieurs ruisseaux qu'on franchissait sur des planches. Au moment où la fille était sur la planche, Pierre qui marchait derrière elle, jeta une pierre dans l'eau, juste au dessous d'elle. «Ah ! s'écria-t-elle, que dira ma mère ! voilà mon pucelage tombé dans l'eau et perdu. — — Ne crains rien, répondit le gars ; heu- reusement que je suis là, je vais te le re- mettre. Viens avec moi sous le bois, et ne dis rien si cela te fait un peu mal; car c'est pour ton bien.» Pierre le lui remit en effet, et à quelques instants de là ils arrivèrent à la deuxième planche. Au moment où la fille était dessus, deux ou trois grenouilles qui sommeillaient sur le bord furent effrayées et s'élancèrent dans l'eau, qui rejaillit en- core au dessous de la fille. «Ah! Pierre, s'écria-t-elle; le voilà reperdu; il paraît qu'il n'était pas solide ; c'est bien mal à toi de ne pas me l'avoir rattaché plus solide-
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ment. — Ne dis rien, répondit
Pierre, je vais encore te le remettre.» Après que le puce- lage eut été remis pour la seconde fois, ils arrivèrent à l'assemblée où ils se divertirent comme les autres. Au retour, comme le jeune fille passait sur la planche, Pierre jeta à Peau une pomme qu'il avait dans sa poche.
— Que
dira ma mère? s'écria-t-elle; voilà la troisième fois que je le perds aujourd'hui!
— Ne
crains rien, je vais te le recoudre.» Quand le pucelage eut été recousu, 'la fille qui prenait goût à cette couture, dit à Pierre: «Il n'est pas cousu assez solidement. — Mais si. — Non. — C'est que je n'ai plus de fil. — Ah! s'écria-t-elle, le vilain men- teur : il dit qu'il n'en a plus et il lui en reste encore deux gros pelotons!»
Recueilli en Haute-Bretagne en 1880.
Dans le Moyen de Parvenir, p. 90 éd.
Charpen- tier, se trouve un conte assez analogue : un cousin invite à venir danser sa cousine à laquelle sa mère a recom- mandé de bien prendre garde à son honneur. «Je n'oserais, dit-elle, de peur de perdre mon honneur. — N'est-ce que cela? venez, cousine, en cette petite chambre, je vous le coudrai si bien qu'il ne cherra pas.» La fille prend goût au jeu, et après trois reprises, elle pria son cousin de lui recoudre un peu son honneur. «En dà l dit*il, je ne saurais; je n'ai plus de fil. — Hé, hé, ce dit* elle, et qu'avez vous donc fait de ces deux petits pelo- tons qui vous pendaient entre les jambes!»
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folk-lore de la
III
LA CHERCHEUSE DESPRIT
h était autrefois un Recteur qui
avait
IKÜ5M pour servante une nièce assez jeune encore, mais qui était bien une des créa- tures les plus sottes et les plus simples que l'on pût rencontrer. Un jour qu'elle venait de faire une bêtise plus grosse que les autres, son maître lui dit: «Vous devriez bien acheter de l'esprit, ma pauvre fille. — Je n'y manquerai pas, monsieur le Recteur, si l'oc- casion s'en présente.» Peu après le Recteur fit tuer son cochon, et quand on l'eut dépecé en quatre morceaux, il dit à sa servante que l'un des quartiers serait pour Janvier, l'autre pour Février, le troisième pour Mars et le quatrième pour Avril, comptant que son lard lui durerait quatre mois. Le Recteur devait être absent pendant trois semaines, et le bou- cher qui avait tué le cochon, voyant la mer- veilleuse simplicité d'esprit de la servante, conçut le projet de s'emparer du lard pen- dant qu'elle serait seule au logis. U fit part de son projet à trois de ses compères, qui résolurent de tenter l'aventure dès que le
haute-bretagne
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prêtre serait parti. Le lendemain
matin, le boucher, déguisé en chercheur de pain, se présenta à la porte du presbytère. «Bon* jour, dit-il, donnez moi la charité pour l'amour de Dieu. — Vous n'êtes pas d'ici, comment vous appelez-vous? — Janvier, répondit-il.
— Ah!
j'ai justement un morceau de lard que monsieur le Recteur a mis de côté pour Janvier, et je vais vous le remettre puisque c'est vous qui vous nommez ainsi.» Le jour suivant un autre compère entra au presby- tère, et dit qu'il s'appelait Février, et la ser- vante lui donna le second morceau de lard. Un troisième se présenta le lendemain sous le nom de Mars, et la nièce lui remit en- core un morceau de lard, quoique, observa- t-elle, elle n'eût jamais cru que les mois fussent venus ainsi en personne. Le qua- trième jour un autre compère vint encore à la porte, et comme elle lui demandait son nom: «Je m'appelle Avril, marchand d'esprit.
— Tenez,
dit la bonne personne, voici en- core un morceau de lard qui est pour vous; mais puisque vous êtes marchand d'esprit, voulez-vous m'en vendre pour quinze francs ? Monsieur le Recteur m'a bien recommandé d'en acheter quand l'occasion s'en présen- terait. — Je veux bien, dit le compère ; mais
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folk-lore de la
il faut pour cela une opération, et
je ne puis la faire que la nuit Je coucherai avec vous, et quand je vous aurai débouchée avec mon instrument, vous aurez de l'esprit. Cela vous fera un peu mal au commencement; mais on n'en meurt pas pour tout autant. — Qu'à cela ne tienne, répondit la servante: je suis prête à tout endurer pour n'être plus si sotte. Mais il ne faudra pas me prendre trop cher; car je n'ai pour tout bien que quinze francs.
— Donnez-les,
dit le compère, je vous four- nirai de l'esprit pour votre argent, bonne mesure.» Ils souperent tous les deux en- semble, puis ils se mirent au lit. Le compère se coucha sur Jeanne et lui plaça son in- strument entre les cuisses. «Ah! dit-elle, qu'est-ce que c'est que ce bout de saucisse que tu as là? j'en ai senti de plus chauds; mais jamais d'aussi durs. Ah ! le crasseux, il veut le fourrer dans le trou par où je pisse ï
— Ne
dis rien, Jeanne, ce n'est pas un bout de saucisse, mais l'instrument pour donner de l'esprit aux filles. Écarte les cuisses, et si ça te fait un petit de mal, n'y fais pas attention.» La fille se prêta de son mieux; et pendant toute la nuit, le compère lui donna de l'esprit, en veux-tu en voilà, et au matin, il lui assura qu'elle en avait autant qu'on
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pouvait s'en procurer pour quinze
francs. Quelques jours après, le Recteur revint; et quand il demanda où était son lard, la ser- vante lui répondit: «J'ai fait comme vous m'aviez dit; j'en ai donné un morceau à Janvier, un autre à Février, un autre à Mars, et un autre à Avril, comme vous me l'aviez ordonné. Ils sont venus chercher chacun leur part dès que vous avez été parti. — «Ah! mon Dieu, me pauvre fille, que tu es pauvre d'esprit! — Oh! que nenni, mon- sieur le recteur, j'en ai acheté pour quinze francs l'autre jour.» Le Recteur se mit à rire en l'entendant; mais à quelque temps de là, il vit que le ventre de sa servante grossissait à vue d'œil: «Qu'est-ce que cela? lui demanda-t-il ; pourquoi as-tu le ventre aussi gros? — Ma foi, répondit-elle, depuis que j'ai acheté de l'esprit, toute la nourri- ture que je prends me profite, et j'engraisse.
Recueilli en Haute-Bretagne en 1S7Ç.
Dans le Moyen de Parvenir (p. 278 éd. Char- pentier) une femme dit à sa servante de mettre un jam- bon dans la cheminée pour Pâques. Un clerc qui la sait simple vient chercher le jambon en disant qu'il se nomme Pâques, et il ajoute : cil faut que je voie si c'est
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de la
IV
JEANNE ET LE COUTURIER
l y avait une fois un
couturier, ou
md si vous aimez mieux un tailleur, qui était à coudre dans une ferme, et il préparait les habits de noces de la jeune fille qui devait se marier le lendemain. Quand le soir fut arrivé, le couturier n'avait pas encore terminé sa besogne. Comment faire? Il avait envie de s'en aller, et de re- venir le lendemain de bonne heure. Il le dit à la fille, qui se nommait Jeanne; mais celle-ci qui pensait que cela ne faisait pas grand' chose de garder son pucelage un jour de plus ou de moins, lui dit de rester à coucher avec elle. Jeanne qui couchait dans la buanderie au dessus de l'étable des vaches alla préparer le lit, puis elle vint chercher tout doucement le couturier et lui montra
ci
mon jambon. Si ce l'est, j'ai on esprit qui me le dira.» 11
tira son chouart vif et glorieux. «Qu'est-ce ? — C'est mon esprit. — Je
tous en prie, donnes m'en un pe*
; ma maltresse me me fiait que t*noer et dire
que je »*ai point
d'eftprit*
H
a
UTE-BRETAGNE
le lit: «Couche-toi le premier,
dit-elle, je vais me coucher après.» Mais en entrant dans le Ht, le couturier fit tout écrouler sous lui et il tomba dans l'étable aux vaches. Il fit peur à celles-ci qui se mirent à braire. La bonne femme les entendit, et elle courut à rétable, car il y avait une de ses bêtes qui était sur le point de vêler. C'était juste- ment auprès d'elle que le couturier était tombé. Elle se mit à chercher à tâtons, et ayant touché le couturier, elle cria : «Jeanne, Jeanne, lève-toi, la Noire a vêlé.» En tâtant, elle rencontra le membre du couturier, et elle s'écria: «Jeanne, c'est un petit tore (un petit toreau.).
Recueilli en /88a.
V
LES PUCELAGES
l était une fois des fermiers riches qui n'avaient qu'une fille. Elle était jolie comme tout ; aussi, bien qu'elle ne fût pas des plus fines, la maison ne désemplis- sait pas de galants, Un jour qu'elle devisait
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folk-lore de la
avec un garçon de ferme qui lui
faisait la cour, elle lui dit: «Mon pauvre Jean, celui qui se mariera avec moi aura de le chance : je suis tout à fait riche ; car maman m'a dit que j'avais trois pucelages, le sien, celui de papa et le mien. — Ma foi, dit le gars, si tu avais encore le mien, tu serais bien plus riche : si tu veux, je vais te le don- ner.» La fille y consentit, puis elle re- tourna chez sa mère, toute joyeuse: «Ma- man, lui dit-elle, vous m'aviez toujours dit que j'avais trois pucelages; maintenant je suis bien plus riche; car j'en ai quatre: le gars Jean vient de me donner le sien. — Que tu es sotte, ma fille; ce garçon-là s'est moqué de toi, répondit la mère.» Elle re- tourna trouver son galant et lui dit: «Jean, ce n'est pas bien de ta part de me tromper, car ma mère m'a dit que tu t'étais moqué de moi. — Ma foi, dit le garçon, si tu veux je vais t'enlever le pucelage que je t'ai donné, il ne t'en restera plus que trois et tu seras comme auparavant.» La fille répondit qu'elle ne demandait pas mieux et quand Jean lui eut repris ce qu'il lui avait donné, elle retourna le raconter à sa mère. La bonne femme leva les bras au ciel et s'écria : «Ciel adorable! voilà une fille qui est si
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sotte qu'on lui ferait croire que
les nues sont de peaux de veau. Il n'est que temps de la marier, ou elle nous fera arriver de la honte.»
LA NUIT DE NOCES DE JEAN LE DIOT
a mère, dit Jean le Diot, je
voudrais
G&SJ
me marier. — Te
marier! toi, pauvre innocent : que ferais-tu d'une femme ? Et qui voudrait de toi ? Pour se marier, il faut avoir le culterrous (on appelle ainsi à la campagne ceux qui possèdent du bien au soleil), et tu n'as rien. Et
puÎ6, il faut aller faire la cour aux filles et tu es trop diot (sot) pour savoir comment t'y prendre. — Com- ment fait-on quand on va voir les filles ? — On va chez elles quand il y a veillée, on leur fait toutes sortes de farces, on les pince, on leur tire sur leur mouchoir quand elles se mouchent, on leur haie leurs cotillons, et on rit. — Bien, se dit Jean,» et il s'en va. En passant dans un chemin creux rempli de boue, il s'y assit, et quand il se crut
VI
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folk-lore de la
devenu suffisamment culterrous, il
alla à une ferme où il y avait veillée. Les gars et les filles, en voyant entrer Jean le Dk>t tout boueux, se reculaient pour lui faire place et ne pas être salis par lui. Il finit par trouver dans le foyer un escabeau où il s'assit auprès d'une des filles, qu'il se mit à regarder fixement. Celle-ci se recule; Jean la pince, lui ôte violemment son mou- choir quand elle s'apprête à s'en servir et rit comme un fou. La fille jette les hauts cris; Jean croyant réussir auprès d'elle, tire sur son cotillon avec tant de violence qu'il arrache les cordons qui le retenaient attaché. La fille, à moitié déshabillée, devint furieuse, et Jean fut mis à la porte à grands coups de pieds, au milieu des huées et des ricane- ments de toute la compagnie. A partir de ce moment, Jean le Diot ne voulut plus faire la cour aux filles ; mais sa mère qui se sentait vieillir et avait besoin d'une bru pour l'aider, lui dit un jour: «Jean, il faut te marier. — Nem», ma mère, j'ai été trop attrapé quand j'ai été voir les filles. — C'est pourtant bon d'être marié; ta femme te donnera du poulet à manger.» Voilà Jean qui consent, et on le marie. Quand il fut couché avec sa femme, il crut qu'elle allait
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lui servir du poulet, et il lui dit:
«Donne- moi n'en. — Prends, répondit la mariée. — Donne-moi n'en, que je te dis. — Prends, va.» La nuit se passa ainsi, et le lendemain Jean le Diot vint dire en pleurnichant à sa mère: «Maman, je lui en ai demandé, et elle n'a pas voulu m'en donner. — Il ment, s'écria la mariée, je lui ai dit d'en prendre s'il voulait.» Et elle alla se plaindre à sa mère de l'avoir mariée à un diot qui passait toute la nuit à dire «donne moi n'en» sans rien faire autre chose. La bonne femme vit bien que son gendre était un niais, et elle lui dit que la nuit suivante, il fallait monter sur sa femme et pousser, où il sentirait du poil; Jean fit ce qui lui avait été recommandé, mais au lieu de s'allonger, il se mit en tra- vers sur sa femme, et commença à pousser de toutes ses forces, mais sans succès, comme on le pense bien, les femmes n'étant pas percées dans le même sens que les bouches. Ce ne fut que la troisième nuit que Jean le Diot finit par apprendre comment il fallait s'y prendre pour avoir du poulet, et il le trouva fort à son goût et la mariée aussi.
Recueilli en Haute-Bretagne en iSÔÇ.
Cf. sur un épisode analogue au poulet, les
Contes secrets traduits du russe : le Mariage du Benêt no.
xiv.
XovnTciSia. II.
2
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FOLK-LORE DE LA
vn
LA
FERMIÈRE ET SON DOMESTIQUE Bl
y avait une fois une fermière qui
BQalla à la foire avec son
domestique; en revenant, comme il faisait chaud, ils s'ar- rêtèrent à boire dans les auberges, et quand ils rentrèrent à la maison, ils étaient tous les deux un peu chauds de boire. La fer- mière alla pour se coucher dans une pièce où elle demeurait et comme elle était grise et fatiguée, elle s'endormit sur la met (huche) qui est devant le lit et sert à monter dessus. Le garçon qui était allé soigner ses chevaux passa par là en revenant, et il vit la fermière couchée sur le dos, le cotillon retroussé jusque par dessus les cuisses qui étaient écartées, le con bâillait même un peu; le garçon entendant la maî- tresse ronfler, se pencha sur elle. Il était déjà entré et se trémoussait de son mieux, quand la fermière lui cria: «Jean! — Hau! (c'est ainsi qu'on répond quand on est à quelque distance, et qu'on veut dire qu'on a entendu). — Je crois qu'ous me l'mettez vJe crois que vous me le mettez). — Non
HAUTE-BRET A G
ne
'9
fait (Non certes). — Si fait, je
Fsens ben ; et qu'ous remuez tant qu'ous pouez (et que vous remuez tant que vous pouvez). — Faut-i' Ttirer? — Non, pisqu'il y est; mais faut pas r'commencer.»
Cf. dans le Moyen de Parvenir p.
989
éd. Char- pentier, le conte du jardinier qui trouva sa maîtresse en- dormie. «Qui vous a fait si hardi, dit-elle. — Je m'ôterai, s'il vous platt, Madame. — Je ne vous dit pas cela ; je vous
demande qui vous a fait si hardi
1*
Cf. aussi pour la première partie : Noël du
Fail éd. Assézat t. ii.
p. 279.
vin
LA CHANDELLE QUI FOND
II y avait une fois un cordonnier
qui
pLH était toujours
agacé par les filles d'une ferme: elles lui prenaient ses alênes, lui cachaient ses formes, et ne savaient quels tours lui jouer ; il y en avait surtout une qui était plus acharnée que les autres, et qui ne passait jamais devant lui sans l'appeller eu-de paï (cul de poix). Il résolut de s'en venger: un soir que la pluie tombait à seaux,
Hante-Bretagne.
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FOLK-LORE DE LA
il se déguisa en bonne sœur et vint
à la ferme. Les filles prièrent la sœur d'entrer, et comme le mauvais temps continuait, elles lui dirent de rester à coucher. La fausse bonne sœur ne se fit pas prier, et elle alla justement dans le lit de la fille qui avait coutume de le faire agacer. Quand ils furent couchés tous les deux, elle s'approcha de la fille et lui dit : «Au couvent, je couche avec une des sœurs, et avant de dormir nous nous amusons toutes les deux. — A quel jeu ? — Au jeu de la chandelle qui fond. Tiens, voici ma chandelle. — Ahl dit-elle, comme vos chan- delles sont dures, à vous autres bonnes sœurs; c'est pire que de la résine. Il faut un bon feu pour la faire fondre. — Relève ta chemise, dit la fausse bonne sœur. — Non, cela n'est pas propre. — Hé bien! si tu ne veux pas7 je vais t'y faire un trou avec ma chandelle.» La fille releva sa chemise, et la bonne sœur lui mit sa pinne entre les cuisses. «Ah I ma sœur, votre chandelle me fait mal. — Écarte les cuisses, ou elle te percera.» La fille écarta les cuisses et bientôt la chandelle fondit, et comme la bonne sœur la retirait, la fille dit : «Elle est bien fondue cette fois, j'ai des gouttes de suif tout plein sur le ventre.»
Haute-Bretagne.
HAUTE-BRETAGNE 21
IX
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le bossu
DDl
y avait une fois un petit bossu qui était amoureux d'une jeune fille ; mais elle ne voulait pas se marier avec lui. Un jour il dit au frère de sa bonne amie: «Si vous voulez, nous allons partir tous les deux pour faire notre tour de France. — Je veux bien, répondit le garçon. — Oui, dit le bossu; mais si vous voulez faire le voyage sans accident, il faudra m'obéir en tout et me laisser agir à ma guise. — Cela me va, ré- pondit le garçon.» Il alla annoncer à sa mère qu'il partait avec le petit bossu: à cette nouvelle, elle se mit dans une si grande colère, qu'elle s'en roulait par la place. Quand le lendemain son fils partit, elle lui donna des pâtés empoisonnés, et une petite bouteille qui contenait, à ce qu'elle disait, un cordial ; mais c'était du poison. Le bossu, qui était censément le domestique de l'autre, vint le trouver, et tous les deux montèrent à cheval. Ils voyagèrent quelque temps, puis le garçon dit qu'il avait bien faim. — Attendons à être près d'un château que je
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FOLK-LORE DE LA
connais, dit le bossu. — Y a-t-il
encore loin? — Pas beaucoup, répondit le bossu, mais peu importe, je vous ai dit de m'obéir.» En arrivant près du château, le jeune garçon voulait goûter .aux pâtés que sa mère lui avait donnés; mais le petit bossu lui défen- dit d'y toucher, et ayant pris la bouteille, il en versa quelques gouttes sur le foin des chevaux. Ils n'y eurent pas plus tôt touché qu'ils crevèrent tous les deux. «Les pâtés sont faits avec le poison qui est dans la bouteille, dit le bossu ; si vous y aviez goûté vous seriez à cette heure mort comme eux.» Le garçon se contenta de manger du pain, et voyant que le petit bossu était si fin, il résolut de se laisser guider par lui. Ils cheminè/ent encore ce jour-là, et après avoir passé la nuit à l'auberge, ils se remirent en route le lendemain ; ils marchèrent long- temps et vers midi, ils arrivèrent au milieu d'une forêt, et ils se mirent à manger. Au- près d'eux étaient les deux pâtés empoi- sonnés; mais ils se gardaient bien de les entamer. Pendant qu'ils étaient à dîner, ils virent arriver deux brigands à cheval qui leur demandèrent la bourse ou la vie. Le petit bossu leur dit: «Il n'y a pas gras dans notre bourse; mais si vous voulez manger,
HAUTE-BRETAGNE
voilà deux excellents pâtés qui vous
feront tout le bien du monde.» Les voleurs descen- dirent de cheval et goûtèrent aux pâtés; mais aussitôt ils tombèrent morts. Le petit bossu et son compagnon s'emparèrent de leur argent, et montèrent sur leurs chevaux qui étaient bien meilleurs que les leurs. Ils continuèrent leur voyage et finirent par arriver à la ville de Paris; et ils descen- dirent dans le meilleur hôtel, parceque l'ar- gent ne leur manquait pas. Tous les jours à la même heure, on venait bannir quel- que chose au son du tambour sous les fenêtres de leur hôtel. Ils finirent par y prêter attention, et ils surent que le roi pro- mettait de donner sa fille en mariage à celui qui lui aurait conté une devina il le qu'elle n'aurait pu deviner. Beaucoup de gens avaient déjà essayé; mais la princesse avait toujours deviné. Le petit bossu dit à son compagnon: «Laissez-moi faire: je vais lui dire quelque chose; si elle devine, je veux bien que le diable m'enlève.» Il alla au palais et quand il fut en présence de la prin- cesse, il lui dit: «Voici la devinaille:
Partis à quatre,
Quittés deux,
Partis deux,
34
( FOLK-LORE
DE LA
Rentrés quatre, Trouvé six, Perdu deux,
Et nous sommes encore quatre. La princesse réfléchit longtemps; mais elle fut obligée de renoncer à deviner l'é- nigme. Elle était bien marrie, et elle disait à sa première chambrière: «Est-ce que je serai forcée de prendre ce petit bossu qui a si mauvaise mine ? Tâche de savoir de lui par ruse, ce que signifie sa devinaille. Si tu y réussis, ta fortune est faite.» Le cham- brière alla trouver le bossu, elle lui promit de l'argent et s'y prit de toutes manières pour connaître la devinaille; mais le petit bossu lui déclara qu'il ne la lui dirait que si elle venait coucher avec lui. La chambrière s'en alla raconter à sa maîtresse que le bossu avait été insolent avec elle, et qu'il lui avait proposé de coucher avec lui. «Il faut y aller pour l'amour de moi, dit la princesse ; s'il te prend ton pucelage, je te donnerai une si belle dot que tu ne manqueras pas de mari, quand même on saurait l'aventure.» Le bossu avait prévenu son maître de venir au logis un peu après sept heures, et de faire beaucoup de bruit en rentrant A sept heures voilà la chambrière arrivée; elle fit
HÄUTE.BRETAGNE 2$
d'abord bien des cérémonies pour se
dés- habiller: elle finit tout de même par ôter ses vêtements, et il ne lui restait plus que sa chemise; mais le petit bossu déclara qui si elle ne rotait pas, il ne lui dirait rien. Elle se décida à la tirer, et alla coucher toute nue avec le petit bossu, qui serra la chemise sous son matelas. Quelque temps après qu'ils furent couchés ensemble, le com- pagnon du bossu rentra en faisant beau- coup de bruit : «Ah ! s'écria le bossu, sauve- toi bien vite, voici mon maître.» La cham- brière n'osait s'en aller toute nue; mais comme le bruit augmentait, elle finit par s'en aller au palais, en se couvrant du mieux qu'elle pouvait. Le lendemain le roi fit venir le bossu et son maître et leur dit: «Ma fille ne peut deviner votre devinaille. — Je vais encore vous la redire:
Partis à quatre,
Quittés deux,
Partis deux,
Rentrés quatre,
Trouvé six,
Perdu deux
Et nous sommes encore quatre. Je donne encore deux jours à la prin- cesse pour la deviner.» La princesse avait
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FOLK-LORE DE LA
beau réfléchir, elle ne pouvait
savoir ce que cela signifiait Elle décida sa seconde cham- brière à aller trouver le bossu et à coucher avec lui s'il le fallait. Elle se déshabilla comme l'autre et ôta même sa chemise que le petit bossu cacha sous sa paillasse. Peu après le maître rentra et la chambrière fut forcée comme l'autre de s'en aller sans sa chemise. Le lendemain la princesse vint elle-même pour savoir le mot de la devinaille ; mais au Heu du petit bossu elle trouva son maître qui lui dit aussi de se déshabiller. Quand elle n'eut plus que sa chemise, elle voulut se mettre au lit; mais le garçon dé- clara qu'il ne dirait rien si elle gardait sa chemise; elle l'ôta et le garçon fourra aussi sa chemise sous son matelas. Il y avait quelque temps qu'ils étaient ensemble, lors- que le petit bossu rentra en faisant grand bruit: «Comment faire? dit le garçon à la princesse; sauve-toi bien vite, ou le petit bossu qui est si méchant va nous tuer tous.» La princesse se leva aussi, et se cachant du mieux qu'elle put, elle retourna toute nue au palais. Le lendemain le roi fit venir le bossu et son maître à sa cour, et leur dit: «Ma fille n'a pu deviner votre devinaille; c'est une blague, pour le sûr. — Non, sire,
HAUTE.BRETAGNE
et la voici: Nous sommes partis
quatre, chacun de nous était monté sur un cheval, Les chevaux ont crevé, et nous n'étions plus que deux; il est survenu deux brigands à cheval: alors nous étions six; mais ils ont mangé du pâté empoisonné; nous avons pris leurs chevaux, et nous nous sommes trouvés quatre. Voici encore une autre devinaille :
J'ai tiré trois coups, J'ai tué trois perdrix, Les perdrix se sont envolées, Et j'ai leurs plumes dans mon sac.» Le roi et la princesse essayèrent encore de deviner celle-là, mais ils ne purent y ar- river. Alors le bossu dit: «J'ai tiré trois coups et j'ai tué trois perdrix; ces trois perdrix sont les deux chambrières de la princesse et la prin- cesse à qui j'ai prjs leur pucelage. — Ce n'est pas vrai, s'écria la princesse ; ce n'était pas toi, vilain bossu. — C'était mon maître, c'est tout comme. Les trois perdrix, ayant entendu du bruit, sont parties du lit; mais comme je leur avais fait quitter leurs chemises, les voici dans mon sac et c'est la plume des perdrix.» Le roi était bien en colère d'être obligé de donner sa fille au petit bossu ; mais celui-ci déclara qui si son
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maître consentait lui donner sa sœur
en mariage il renoncerait à la princesse. Cet arrangement fut du goût de tout le monde: ils firent de belles noces: les petit cochons couraient par les rues, tout rôtis tout bouillis, la fourchette sur le dos et la moutarde au eu, et qui voulait en coupait un morceau.
Recueilli en Haut-Bretagne en 187c.
X
LE COUVRE-SOT
Hl
était une fois une jeune fille qui avait un galant; il était sur le point de l'épouser quand il entendit dire qu'un jeune homme tout à fait riche devait venir la demander à ses parents. Comme il savait que ce garçon était d'un pays assez éloigné, il alla dans une auberge sur la route que le galant devait prendre, et quand celui-ci y arriva, ils se mirent à causer ensemble, et l'autre lui dit qu'il venait pour se marier. «Connaissez-vous le langage du pays? lui demanda le jeune homme. — Non. — Cela vous serait pourtant bien utile. — Hé bienl
HAUTE.BRETAGNE
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apprenez-le moi. — Savez-vous
comment s'appelle cette fenêtre? — Non. — Cela s'appelle une cuisse. — C'est singulier; et comment nomme-t-on un chapeau? — Un couvre-sot Et ce que la bonne femme est en train de suspendre. (C'était une petite cas- serole.) — Je n'en sais * rien. — C'est un eu. — Très bien, dit-il, comme je vous remer- cie!» Il monta dans son carrosse, et quand le père de la jeune fille le vit, il vint le recevoir le chapeau à la main. «Ah! mon ami, lui dit le jeune homme, remettez votre couvre-sot» Le père était mécontent et ne le trouvait guère poli. La fille était malade au lit; le galant demanda à la voir tout de même, et on le fit monter dans sa chambre dont les deux fenêtres étaient ouvertes. «Ah! mademoiselle, lui dit-il, ce n'est pas étonnant si vous êtes malade; vous avez les deux cuisses ouvertes.» Le père pensait: «Ce garçon ne vient ici que pour nous insulter, il m'a dit de mettre mon couvre-sot, et maintenant il dit que ma fille a les cuisses ouvertes; c'est un mal élevé!» Comme le gars descendait, il vit une femme qui essayait d'atteindre une casserole pour faire de la bouillie à son petit enfant. «Attendez, lui dit-il, je vais vous attraper
30
FOLKLORE DE LA
votre eu. — Ah î c'est trop fort,
s'écria le père.» H mit le galant à la porte, et l'autre épousa la fille.
Recueilli en Haute-Bretagne en
188t.
XI
LE COUVREUR EN PAILLE
air
couvreur ew paille qui était déjà vieux, avait épousé une femme jeune et gentille. Elle fit envie au Recteur de sa paroisse: «Quel dommage, pensait-il, qu'un vieux couvreur en paille ait une si belle femme!» Et il disait à sa paroissienne: «Si tu veux que je couche avec toi, je te don- nerai bien de quoi.» Elle y consentit, et comme le bonhomme allait couvrir dans les villages, et qu'il y restait parfois à cou- cher, elle convint avec lui d'un signal: «Je mettrai, dit-elle, un os sur le bout du mur de l'aire; quand il aura le bout viré vers chez nous, mon mari sera là; s'il est viré par ailleurs, vous pourrez venir sans crainte.» Un soir le bonhomme était arrivé sans être attendu, et il s'était couché avec sa femme.
HAUTE.BRETAGNE
3l
Elle avait oublié de virer l'os en
dedans. Tout d'un coup elle entendit frapper, pan, pan! à la porte. «Qui est là, dit le mari. — Ah! s'écria la femme d'un ton plaintif; que je suis malade! que je suis malade! J'ai manqué à virer l'os, je vais mourir.» Le Recteur qui était à la porte l'entendait bien; eue se débattait tant et faisait si grand bruit, que son bonhomme ne pouvait dor- mir. «Ah ! s'écriait-elle, j'empire, il faut aller me chercher le prêtre.» Le bonhomme y alla en toute hâte, et quand le recteur ar- riva, la femme se plaignait bien haut: «Ah! s'écriait-elle, j'ai manqué à virer l'os. — Je crains qu'elle n'ait la fièvre cérébrale, dit le recteur. — Croyez-vous, demandait le pauvre homme, qu'il y ait du danger? — Laissez- moi avec elle, je vais la confesser.» Et, tout en la confessant, il lui disait : «Où pourrions- nous bien envoyer le bonhomme pour être à notre aise ? — Envoyez-le, dit-elle, à Mont- pellier pour chercher
Y eau de santé ! Il restera deux ou trois jours en route, et nous pourrons faire bombance pendant qu'il y sera.» Le vieux couvreur prit son bâton et mit dans la poche de son tout-rond une bou- teille pour rapporter l'eau de santé. Quand il fut parti, un coquetier vint à la maison
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FOLK-LORE DE LA
de la femme qui lui dit, sachant
qu'elle lui avait jadis joué des tours : «Reviens ce soir, et tu auras ta part de fricot. — Volontiers, répondit-il.» Le coquetier en se promenant rencontra le pauvre bonhomme qui s'était adiré (égaré): «Où vas-tu comme cela bon- homme ? — Je vais à Montpellier chercher l'eau de santé pour ma femme qui est bien- tôt morte, et j'en ai bien du chagrin. — Ahl vieux couvreur, elle t'a envoyé pro- mener pour faire bombance avec le curé tout à son aise: ne sais-tu pas qu'il couche avec elle toutes les nuits que tu restes de- hors ? Ils font un grand repas ce soir, et ils m'y ont invité; je te mettrai dans ma jaille (hotte) si tu veux, et tu verras tout ce qui va se passer.» Le bonhomme monta dans la jaille, et il arriva sur le dos du coquetier au moment où ils allaient se mettre à table. Il y avait dans le foyer un canard à la broche. «Le canard n'est pas cuit, dit la servante qui avait nom Perrine ; si j'avais su, je l'aurais mis de meilleure heure. — Passons à table, dit la femme, nous allons boire un verre de vin en attendant.» Dit le Recteur : «Il faut dire chacun sa petite chanson pour rire; nous ne pourrions bien manger sans cela. —- Commencez, monsieur le Recteur.
V
HAUTE-BRETAGNE 33
— Non, répondit-il, à vous, madame.
— Et elle dit:
Mon mari est à Montpellier, Chercher de l'eau pour ma santé, Pour la santé de ma maison, Kyrie eleison.
— Le
Recteur à son tour:
J'ai un bon canard pour souper, Une jolie femme pour mon coucher, Kyrie!
— A
vous, coquetier. — Je ne sais trop ce que je vais dire ; mais voici ma chanson :
J'ai un coq dans ma jaille, Qui n'a pas encore chanté Mais qui va crier: Kyrie!
— C'est
très-bien; mais vous, Perrine, il faut aussi dire votre conte comme les autres. — Ahï non, dit-elle, je n'en sais point. — Si, si, il faut en dire un :
Elle commença ainsi:
J'ai bien compris dans vos chansons Que mon maître était à la maison, Kyrie eleison.
Le bonhomme sauta alors hors de la jaille, saisit un bâton, et se mit à en frapper sa femme et le recteur, puis il s'enferma
KçvnràSia. n. 3
34
FOLK-LORE DE LA
avec le coquetier et Perrine, et ils
man- gèrent le canard. J'allai aussi pour y entrer, mais je m'en fus quand j'entendis tant de coups de bâton rouler.
Recueilli eu Haute-Bretagne en i<SàO.
(Variante angevine)
Il y avait une fois un bonhomme que
sa femme envoya chercher une cruche à la ville; sur son chemin il rencontra un co- quetier qui lui dit: «Ah! mon pauvre bon- homme, le curé esc en train de fricoter chez toi. — Ce n'est pas vrai. — Que veux-tu parier ? — Si tu as raison, je te donnerai la récolte de blé qui est dans mon grenier. — Monte dans ma hotte et tu verras.» Le co- quetier arrive à la maison dont la porte était fermée, et il y frappe. — Qui est là? — C'est moi, le coquetier. — Ah ! c'est vous, coquetier, venez avec nous, vous allez être de la fête.» Et elle le fit asseoir à côté du curé. Quand ils eurent bien mangé, on convint que chacun aurait dit une histoire. Ce fut la bonne femme qui commença:
HAUTE.BRETAGNE
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J'ai envoyé mon mari A la fontaine devers midi, Chercher de l'eau pour me guéri' ; Monsieur l'curé me guérira, Alleluia !
Le coquetier chanta à son tour:
J'ai un vieux coq dans mon panier, l'y a longtemps qu'i' n'a chanté, Quand i' chantera on s'étonnera. Alleluia.
Le bonhomme qui était dans la hotte chanta aussi:
Fermez les portes, tournez les clés: Le coquetier a gagné mon blé; Cest le curé qui le paiera. Alleluia.
Quand le curé entendit cette voix
qui sortait on ne sait d'où, il s'écria: Vade, vade retro, Satana.
36
folk-lore de la
XII
JEAN LE MATELOT I
RHl t avait une fois trois jeunes gens IBfl qu* allaient voir une jeune
fille ; Tun d'eux s'appelait Jean le Matelot, et des deux autres Tun était perruquier et l'autre bou- langer, et c'est par le nom de leur pro- fession qu'on les désignait généralement. Depuis un an ils passaient régulièrement leur soirée chez leur bonne amie, et sa mère leur dit qu'il y avait déjà longtemps qu'ils courtisaient sa fille, qu'elle les trouvait ai- mables tous les trois ; mais que comme sa fille ne pouvait en épouser qu'un seul, celui qui le lendemain montreraient les mains les plus blanches deviendrait le mari de la fille. Jean le Matelot était bien désolé de cette décision, car il n'espérait guère être choisi comme mari de sa bonne amie, lui qui avait toujours les mains dans la brai et le goudron; et les deux galants disaient en se moquant du marin : «A coup sûr, ce ne sera pas Jean le Matelot qui aura la fille!» Le perruquier
haute-bretagne
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disait: «J'ai plus de cent personnes
aux- quelles je dois couper les cheveux et faire la barbe, et je me savonnerai si bien que c'est moi qui aurai les mains les plus blanches. — Je les aurai, répondait le bou- langer, encore plus blanches que toi: j'ai à cuire deux fournées de pain dont je bou- langerai la pâte; je me laverai les mains à l'eau douce et à l'eau tiède, et nous verrons demain soir qui aura les mains les plus blanches.» Jean le Matelot s'en alla tout désespéré chez son armateur. «Qu'avez-vous donc, Jean le Matelot? vous avez la mine bien triste ce soir. — Oui, répondit-il, et ce n'est pas sans raison; car la mère de ma bonne amie a dit à ses galants qu'elle don- nerait sa fille à celui qui aurait les mains les plus blanches, et c'est demain soir que doit avoir lieu l'épreuve. — Va t'en demain au navire travailler comme à l'ordinaire, dit l'armateur ; puis, ton ouvrage fini, prends tes habits des dimanches et viens me trouver; je te donnerai de quoi blanchir tes mains, et sois sûr que c'est toi qui auras la fille.» Au soir, l'armateur mit dans une des mains de Jean une poignée de pièces de cinq francs, et dans l'autre une poignée de louis d'or. Les trois jeunes gens se rencontrèrent
3$ folk-lore
de la
sur le chemin qui conduisait chez la
fille, et le perruquier et le boulanger, tout en gouaillant Jean le Matelot, l'invitèrent à venir boire sa part d'une bouteille de vin. — Ah l dit Jean le Matelot quand il en eut bu un verre, voilà du bon vin de Champagne. — C'est, répondirent les deux compères, du vin de cinq francs la bouteille.» Jean alla trou- ver la maîtresse du café, et lui demanda combien coûtait en effet ce vin. — Cinq francs, dit-elle. — Et en avez-vous qui coûte vingt francs le litre ? — Oui, il est facile de vous en servir. — Apportez-en un litre, dit Jean.» Tout en buvant le vin que Jean avait fait venir, le perruquier se moquait de lui, en disant: «Voilà du vin qui ne pique pas la langue, il veut bien trois francs cin- quante ou quatre francs. — De quel prix est votre vin, demanda Jean à l'hôtesse. — De vingt francs, répondit-elle.—Tenez, les voilà.» Le perruquier disait au boulanger : «Moi qui croyais qu'il n'avait pas d'argent, et il semble en avoir plus que nous.» Les voilà tous trois qui frappent à la porte du logis de leur bonne amie, et qui y entrent. La mère avait préparé un petit repas, et elle invita les galants à s'asseoir, ce que le boulanger et le perruquier firent sans se laisser prier,
39
mais Jean n'osait se mettre arec les
autres parcequ'il avait les mains sales. A la fin, il vint pourtant s'asseoir à côté de la jeune fille, et les deux autres galants l'épiaient pour voir s'il ne lui faisait pas la cour. Quand ils eurent bien soupe, la bonne femme pria ses invités de venir se chauffer dans le foyer, car on était en hiver et il faisait froid. «Maintenant, dit-elle, je vais voir qui a les mains les plus blanches. Qui va montrer les siennes le premier ?» Ce fut le perruquier qui commença à subir l'examen: «Vous avez les mains blanches, bien blanches, dit la mère ; mais il vous est resté un poil sous Fongle. — Ah! c'est vrai, répondit le perru- quier, je ne l'avais pas vu. —' Cela ne les empêche pas d'être blanches tout de même.» Quand vint le tour du boulanger: «Vos mains, dit la mère, sont encore plus blanches que celles du perruquier, mais il vous est resté un peu de pâte sous l'ongle.» Jean le Matelot vint à son tour, et au lieu de mon- trer ses mains, il attira de sa poche une poignée de pièces de cinq francs et une poignée de louis d'or. «Ah ! s'écria aussitôt la bonne femme, voilà celui qui a les mains les plus blanches, et c'est celui-là qu'il nous faut» Jean le Matelot fixa le jour de ses
4o
FOLK-LORE DE LA
noces à quinze jours de là, pour
avoir le temps de prier ses amis. Le perruquier et le boulanger voyant que leur bonne amie allait se marier, résolurent dès le lendemain d'aller demander chacun une fille en mariage. Huit jours avant la noce, Jean dit à sa fu- ture: «J'ai oublié d'inviter à notre mariage le perruquier et le boulanger. — Il est en- core temps de les prier, va les trouver tous les deux.» Jean arrive chez le perruquier et lui dit: «Voulez-vous venir à mes noces? Volontiers, répondit-il, quand sont-elles ? — Mardi prochain. — Ah ! c'est ce jour là que je me marie aussi moi, ce qui fait que je ne peux accepter.» Jean alla ensuite chez le boulanger pour l'inviter à ses noces : «Quand ont-elles lieu ? — Mardi prochain. — Et les miennes aussi, et je ne peux y aller.» Les trois paires de noces arrivèrent dans le bourg même temps, et ils se marièrent à la mairie et à l'église.
II
Jean le Matelot passa quelques jours
à se réjouir comme c'est l'usage ; puis il dit à sa femme: «Voilà trois jours que je suis marié, il est temps que je retourne travailler
HAUTE.BRETAGNE
41
à bord de mon navire. A midi, tu
viendras m'apporter à manger.» Jean le Matelot s'en alla à bord, tout joyeux d'avoir une jolie petite femme. A midi, elle lui mit son dîner dans un panier, et comme elle le portait, elle rencontra le perruquier qui lui dit: «Bon- jour, ma petite dame, comment allez-vous? — Pas mal, je vous remercie. — Votre mari va-t-il rentrer ce soir à la maison? — Je n'en sais rien ; mais pourquoi me demandez- vous cela? — Parceque je voudrais bien coucher avec vous ce soir; si vous y con- sentez, je vous donnerai mille francs. — Je vous dirai cela en repassant.» Un peu plus loin, elle vit venir le boulanger qui lui tint le même propos et elle lui fit la même réponse. Elle arriva au navire et dit à Jean le Matelot: «Tiens, voilà ta soupe, ta viande et ton cidre que je t'apporte.» Jean l'embrassa pour sa peine, et elle lui dit: «J'ai rencontré en venant ici le perruquier et le boulanger qui m'ont tous les deux demandé si tu reviendrais ce soir à la maison. — Qu'as-tu répondu? — J'ai dit que je n'en savais rien et qu'à mon retour je leur don- nerais une réponse ; ils m'ont dit que si je voulais coucher avec eux, ils me donneraient mille francs chacun. — Il faudra dire au
42 FOLK-LORE
DE LA
perruquier de venir à sept heures et
demie, et au boulanger d'arriver à huit; tu leur apprêteras un petit repas ; mais tu auras soin de ne pas te coucher avant neuf heures.» Les deux galants qui voulaient faire cocu le pauvre Jean de Matelot arrivèrent à l'heure dite, et se mirent à souper. Ils finirent par tirer à la courte-paille pour savoir celui qui aurait couché le premier avec la femme, et le sort désigna le boulanger. Le perruquier dit que le lit était bien assez large pour trois, et les deux galants comptèrent l'argent, que la femme enferma à clé dans son ar- moire, en faisant résonner son trousseau. Le boulanger et le perruquier se déshabillèrent et ils étaient en chemise lorsqu'on entendit frapper à la porte. «Qui est-ce qui est là? — C'est moi, Jean le Matelot. — Ah! dit- elle, c'est mon mari. Où vous cacherai-je donc bien? tenez voilà un grand panier à coulisse qu'on suspend au plancher avec une corde; mettez-vous dedans, je vous re- monterai, et .l'on ne s'apercevra pas que vous êtes là. — As-tu fini de me faire attendre! — Je vais tout de suite, je suis à mettre mon cotillon de dessous.» Quand le mari fut entré, il ne fit pas mine de sa- voir que les deux galants étaient là. «Comme
H A UTE-BRETAGNE
43
tu as du fricot ce soir. — Cest pour
toi que l'ai fait et je t'attendais. — Qui a mis ces belles pâtisseries-là?» Le boulanger qui les avait apportées et entendait tout du panier se gardait de répondre, et ainsi fit aussi le perruquier quand on parla des belles poires qui étaient sur la table. — «Ma foi, dit Jean, puisque nous avons tant de bien ce soir, j'ai envie d'inviter le perruquier et le boulanger à venir en manger leur part avec leurs femmes. Va t'en les chercher.» Elle partit et arriva chez la femme du boulanger qu'elle invita: «Je ne sais pas, dit-elle, où est mon mari ; il est peut-être au cabaret à jouer aux cartes, mais je vais aller avec vous.» La femme du perruquier dit la même chose, et les trois femmes arrivèrent à la maison de Jean le Matelot. Quand ils eurent bien soupe, Jean dit: «Je boirais bien un peu de thé, va t'en en chercher, Marie. — Je vais aller avec vous, dit la femme du boulanger.» Quand les deux femmes furent parties, Jean le Matelot se mit à serrer de près la femme du perruquier et il la coucha sur le lit, et joua avec elle le jeu de la chandelle qui fond, pendant que le perruquier qui voyait tout de son panier, disait tout cha- grin: «Je voulais le faire cocu, mais c'est moi
44 folk-lore
de la
qui le suis par lui et à ma barbe.»
Les femmes qui étaient à chercher le thé revinrent; mais elles avaient oublié le sucre ; la femme du perruquier s'offrir à accompagner Marie jusque chez l'épicier, et Jean le Matelot resta seul avec la femme du boulanger: il la coucha sur le lit, et pendant qu'il la baisait, le boulanger disait: «Nous voulions le faire cocu, et c'est lui qui nous le fait, et devant nous encore.» En buvant le thé, la femme du boulanger et celle du perruquier qui étaient de belle humeur, demandèrent à Jean le Matelot de leur montrer comment il fai- sait en mer quand arrivait un grain : «Je ne peux pas mieux vous le faire voir qu'à l'aide de ce panier qui est en l'air. Supposez que ce soit un hunier, et que la brise ne soit pas très forte, on l'amène en douceur ; si le grain devient plus violent, on l'amène en pagaie.» Voilà le panier par terre avec les deux gaillards en chemise qui se sauvaient de leur mieux, mais non assez à temps pour éviter des coups 4e bâton que leur donna Jean le Matelot «Qu'est ce que cela ? disaient les femmes. — Ce sont des voleurs, répon- dait Jean.» Elles coururent après les deux hommes qui se sauvaient: «Ah! dit la femme du boulanger, c'est mon mari! —
H A UTE-BRETAGNE
45
Cest le mien aussi, criait la femme
du per- ruquier. Si j'avais su cela, je ne serais pas venue ici.»
Recueilli en Haute-Bretagne en 1S7Ç.
C£ dans les Contes secrets traduits du
russe: La Femme rusée no. LXV, et JeanCatornoix conte picard p. 339
des KçvnraSia, t. i. Ce thème était du reste très-populaire au Moyen-Age.
XIII
LE GARDEUR DE LIÈVRES l y avait une fois un
Roi dont la fille
BUBI était en âge d'etre
mariée. Il fit pu- blier au son du tambour qu'il donnerait la princesse en mariage à celui qui apporterait au château les plus belles pommes d'orange. Une bonne femme qui avait des oranges dans son jardin en cueillit trois des plus belles qui se pussent voir, les mit dans un panier et dit à son fils aîné de les porter au château. C'était un garçon grand et fort, qui ne craignait personne, mais qui avait l'habitude de parler aux gens comme à ses chevaux, c'est-à-dire avec peu de politesse.
46
FOLK-LORE DE LA
A quelque distance de la ferme, il
rencontra une vieille chercheuse de pain qui marchait péniblement en s'appuyant sur un bâton; en entendant le pas délibéré du jeune gars, elle se retourna et lui dit: «Que portez-vous dans ce panier ? — Des patates, la vieille.
— Hé
bien! je souhaite qu'elles soient de la plus belle espèce qu'on ait jamais vue.» Quand le gars découvrit son panier en pré- sence du roi, au lieu de contenir des pommes d'orange, il était rempli de pommes de terre. «Va t'en, insolent, s'écria le Roi; ce que tu m'apportes est à peine bon pour mes co- chons.» Le garçon s'enfuit en toute hâte, et il se garda bien de raconter sa mésaven- ture à sa mère; il dit seulement qu'on n'avait pas voulu le laisser entrer. Le len- demain, la bonne femme cueillit encore des pommes d'orange, et dit à son second fils de les porter au château, et d'avoir soin d'être bien poli en y entrant; car elle pen- sait que c'était la grossièreté et l'insolence de son aîné qui l'avaient empêché de réussir. Il rencontra à son tour la vieille qui lui de- manda ce qu'il avait dans son panier. «Des œufs de coucou, répondit-il en se moquant.
— Amen,
dit la pauvresse.» Quand le Roi ouvrit le panier, et qu'il le vit rempli des
HAUTE.BRETAGNE
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œufs de cet oiseau de mauvais
présage, il se coléra encore plus que la veille, et or- donna à ses domestiques de mettre à la porte celui qui osait ainsi se moquer de son seigneur. Les gens du château ne se le firent pas dire deux fois, et le malheureux garçon revint à la maison, les habits en désordre, tout écloppé et tout penaud.
Il y avait à la ferme un troisième
enfant qui était tout petit et n'avait point la grosse santé de ses frères ; mais il était fin comme la pointe d'une aiguille, et son bon caractère le faisait aimer de tout le monde. Il pensa que ses aînés avaient fait quelque sottise, et il se promit de se conduire de manière à parvenir sans encombre jusqu'au roi. Il prit ses habits des dimanches, et demanda à sa mère la permission d'aller porter au roi des pommes d'orange. Elle refusa d'abord de lui en cueillir, en lui disant que ses frères avaient mal réussi, mais il la supplia telle- ment, il fut si câlin et si boudet, qu'elle finit par lui donner de belles pommes d'o- ranges, et il partit avec son petit panier au bras. Il trouva aussi la vieille mendiante qui lui dit: «Bonjour, mon jeune gars: que portes-tu dans ton panier? — Des pommes d'oranges pour épouser la fille du roi. — Tu
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FOLK-LORE DE LA
voudrais donc bien te marier avec la
prin- cesse? — Ah! oui, car je serais riche, et je pourrais faire du bien à ma mère sur ses vieux jours. — Hé bien! si le souhait d'une pauvre vieille peut fêtre utile, je désire que tes oranges soient les plus belles qu'on ait jamais vues.» Les domestiques du château ne voulurent point d'abord le laisser entrer; car ils pensaient que le roi serait très-irrité si on lui jouait encore une farce; mais le jeune gars leur parla d'un ton si doux et si poli, qu'ils allèrent demander au monarque s'il voulait voir les pommes d'oranges qu'on lui apportait. «J'y consens, dit-il; mais si ce garçon a l'audace de vouloir me trom- per, et se moquer de moi comme les autres, il sera pendu.» Ses oranges furent trouvées belles et chacun se récriait sur leur grosseur et leur bonne mine. Mais quand la prin- cesse vit ce petit garçon maigriot et assez mal vêtu, elle refusa de l'épouser, et dit à son père de chercher un prétexte pour éluder sa promesse. «Tu veux épouser ma fille, dit le Roi; mais auparavant il faut que tu subisses une épreuve. Tu vas aller dans la forêt avec un lièvre; tu le garderas pen- dant trois jours, en ayant soin de le ra- mener ici tous les soirs, et le troisième
H A UTE-BRETAGNE 49
jour, il faudra que tu rapportes une
pa- nérée de vérités.
♦ * *
On lâcha le lièvre à la lisière de
la forêt, et il s'enfuit à toutes jambes: le pent gars s'assit sur une pierre, et il se mit à pleurer. Comme il s'essuyait les yeux, il vit devant lui la bonne femme qui lui demanda pour- quoi il était affligé. «Ah! dit-il, j'ai porté les pommes d'oranges au roi; mais on n'a pas voulu me donner la princesse, à moins que je ne puisse garder pendant trois jours un lièvre. Et comment le pourrai-je, puis- qu'il vient de s'échapper sitôt qu'il a été lâché! — Tiens, petit gars, voici une baguette: quand tu voudras que le lièvre revienne à toi, tu en frapperas trois coups et il accourra aussitôt Mais on va venir te demander à l'acheter: ne le cède à per- sonne qui vive, à moins qu'en échange, il ne consente à te donner un morceau de sa peau.» Le petit gars se hâta de frapper trois coups, et aussitôt le lièvre accourut, et quand il fut bien sûr de pouvoir le faire revenir à sa guise, il le laissa se promener dans la forêt. Bientôt, il arriva un seigneur
JCcunraom. IT. 4
5o
FOLK-LORE DE LA
qui voyant le jeune garçon avec une
petite baguette à la main, lui demanda ce qu'il faisait là. «Je garde un lièvre, répondit- il, en sifflant comme pour appeler; mais en même temps il frappait trois coups sans faire mine de rien, et le lièvre accourut — Vends-moi ton lièvre, dit le Seigneur; je t'en donnerai autant d'argent que tu voudras. — Je ne désire point d'argent, répondit le gars, je ne veux qu'un petit morceau de peau pris dans la peaume de votre main.» Le seigneur se récria, mais comme le roi l'avait envoyé pour tâcher d'avoir le lièvre, il finit par consentir, et laissa le gars lui tailler une petite bande de peau avec son couteau. Il prit ensuite le lièvre, et le gar- çon ramassa la peau dans un coin de son mouchoir auquel il fit un nœud. Quand le seigneur eut le dos tourné, il frappa trois coups, et aussitôt le lièvre accourut, et le soir en rentrant au château il le montra an roi.
*
Le lendemain, il retourna à la forêt
avec son lièvre, et pour passer le temps, il se mit à ramasser des lucets. Vers midi, il vit venir le carosse du roi, qui s'arrêta à quelque
H A UTE-BRETAGNE 5t
distance, et le prince vint seul lui
demander à acheter son lièvre. Il s'était déguisé, mais le petit gars le reconnut bien. «Je ne le vendrai, dit-il, ni pour or ni pour argent ; mais il est à vous si vous voulez me donner un morceau de votre peau. — Comment! s'écria le roi — Ah ! peu m'importe l'endroit où il sera pris: si vous voulez, ce sera sur vos fesses, cela vous fera moins de mal et on ne s'en apercevra pas.» Le roi finit par con- sentir, et le gars fit un nœud à son mou- choir et y serra la peau royale, puis il donna le lièvre au prince qui le mit lui- même dans le coffre de sa voiture. Le petit gars, quand vint le soir, frappa trois coups; à ce moment même on ouvrait le coffre de la voiture, et le lièvre se sauva sans qu'on pût l'arrêter; et en rentrant, le petit garçon le ramena avec lui.
* *
Le lendemain la princesse alla à la
forêt et demanda à son tour à acheter le lièvre. «Je ne le vends pas, répondit le petit gars, et vous ne l'aurez ni pour or ni pour argent, mais je vous en ferai cadeau si vous voulez me donner votre pucelage.» La princesse
4*
5*
folk-lore de la
fut sur le point de se fâcher; mais
voyant qu'il n'y avait personne aux environs., elle suivit le petit gars dans un coin de la forêt II lui enleva son pucelage et le serra dans son mouchoir à côté de la peau du roi et de celle du seigneur, puis il lui donna le lièvre. Elle le ramassa dans son tablier, mais il n'y resta pas longtemps, car le gars frappa trois coups de baguette et il revint aussi- tôt. Au soir, il ramena le lièvre au château et réclama la main de la princesse. «Il te reste, dit le roi, à accomplir la seconde partie de l'épreuve; où est ta panerée de vérités ? — La voici, dit le garçon en défai- sant un des coins de son mouchoir. Or- donnez à ce seigneur d'ouvrir la main.....
— Oui,
oui, c'est vrai! s'écria le Seigneur.
— J'ai
encore un morceau de peau, et il serait facile de voir où il a été pris.... — Ne dis rien, s'écria le roi. — Voici, con- tinua le gars, une petite peau que j'ai prise à une belle demoiselle que j'jai dépucelée dans la forêt. — Ahl coquin, s'écria la prin- cesse, si j'avais su que tu le dirais.... — Comment c'était toi, dit le roi — Oui, mon père. — Alors, épouse ce garçon : il est aussi fin qu'un vieux sorcier.» Ils se marièrent et ils firent de belles noces, et moi qui y
haute-bretagne
53
étais, on me mit à m'en aller au
soir, et c'est tout ce que j'en vis.
Recueilli eu Haute-Bretagne en t$7ç.
Cf. dans les Contes secrets traduits du
russe : 1 e Chalumeau merveilleux no. LIV.
XIV
LE DIABLE DUPÉ
HHp gros fermier menait boire ses bœufs, |RBm|
et il était assis sur l'un d'eux. Il ren- contra un diable qui lui dit : «Tu as de bien beaux bœufs: que leur as-tu fait pour les rendre si gras et si luisants ? — Je les ai fait couper (châtrer) et leur ai donné à manger de la piétinure de chanvre. — Et si on m'en faisait autant, est-ce que je deviendrais comme tes bœufs ? — Probablement oui. — Alors traite-moi comme tes bœufs.» Quand Thomme eut châtré le diable, celui-ci lui dit: «Comment f appelles-tu ? — Moi-même, répondit le fermier.» Le diable retourna avec ses compagnons, et comme sa blessure
54
FOLK-LORE DE LA
le faisait souffrir, il leur disait:
«Ah! j'ai bien mal à mon eu. — Pourquoi ? — Parce- que je suis châtré comme les bœufs, pour devenir aussi gras et aussi luisant qu'eux. — Et qui t'a coupé? — C'est Moi-même.» Les autres diables éclatèrent de rire, et le petit diable furieux revint trouver le fermier en lui disant qu'il se vengerait de lui s'il voyait qu'il l'avait trompé, et il déclara qu'il reviendrait bientôt. Le fermier raconta à sa femme les menaces du diable: celle-ci qui était fine, lui dit: «Laisse-moi faire, je me charge de tout» Elle changea d'ha- bits avec son mari, et alla à l'endroit où le diable devait venir. Celui-ci ne tarda pas à arriver et il s'écria: «Toi, Moi-même, es-tu coupé aussi? montre si tu t'es moqué de moi.» La femme ôta ses culottes et montra son con au diable; quand celui-ci l'eut vu, il s'écria: «Ah! tu es encore coupé plus ras que moi.»
(
Recueilli en 1878 en Haute-Bretagne.
CL pour l'énorme solution de
continuité, et la ruse de la femme, le diable de Papcfiguière de Rabelais, liv. IV ch. XLVII.
HAUTE-BRET AGN E 55
XV
LA CHIQUE
l t avait une fois un matelot
qui s'ap- pelait la Chique; il demanda à son capitaine la permission de descendre à terre* Pendant qu'ü s'y promenait, une belle dame l'appela par la croisée; «Venez ici, dit-elle, je veux vous parler.» Il ne se fit pas prier ; la dame l'invita à souper, et lui dit de rester jusqu'au lendemain matin puisqu'il avait une permission. Le lendemain, il arriva à son bord deux heures après la fin de sa per- mission. «Pourquoi es-tu en retard ? lui de- manda son commandant. — C'est une dame qui m'a appelé, et je suis resté à coucher avec elle. — Raconte-moi cela, la Chique.» Le matelot fit le récit de point en point et décrivit l'appartement et la dame, si bien que le capitaine reconnut sa maison et sa femme. «Retourneras-tu, dit-il,
Lchez cette belle dame? —- Oui, répondit la Chique; elle m'a fait promettre de revenir. — Je te donne encore permission, et voici vingt francs pour r*amuser, dit le capitaine.» Comme la Chique était couché avec la
56 FOLK-LORE
DE LA '
dame, la commandant arrive et frappe
à la porte. «Ah! dit-elle, c'est mon mari: où te cacher ?» Elle le fit se mettre dans une sta- tue qui était creuse, puis elle alla ouvrir au capitaine. «Tu m'as fait bien attendre, dit-il en dégainant son sabre ; il y avait quelqu'un avec toi, je vais le tuer.» Il fouilla partout et ne trouva personne; quand il fut parti, la Chique sortit de sa cachette et retourna à bord: «Qu'as-tu fait cette nuit? demanda le capitaine. — Ah ! dit le Chique, je suis retourné chez la dame, mais cette fois, je n'ai pas été tranquille. Le mari est venu, il a tiré son sabre, et fait le tremblement; mais j'étais bien caché dans une statue creuse, et il n'a pu me trouver. — Iras-tu encore chez la dame? — Tant que vous voudrez, capitaine, je ne demande que cela. — lié bien! je te donne permission et voici vingt francs pour faire le garçon.» A peine était? il couché avec la dame, que le commandant frappe à la porte: «Ah! voici encore mon mari : où te cacher ? tiens, mets-toi derrière ce grand manteau.» Le commandant de- gaine son sabre, frappe la statue et la met en pièces, puis il cherche partout, mais ne songe pas au manteau. Quand la Chique fut de retour à bord, le commandant lui
HAUTE.BRETAGNE 57
demanda des nouvelles de sa nuit «Le mari est encore revenu, il a fait du ta- page, et sabré la statue, mais j'étais der- rière un manteau, et il ne m'a pas vu. — — Retourne encore demain, dit le comman- dant. — Ça n'est pas de refus, capitaine.» Le capitaine vint encore frapper à la pprte, le marin se sauva en grimpant par la cheminée, et le capitaine se précipita l'épée à la main sur le manteau qui était dans la croisée, et le transperça; mais il n'y avait personne derrière. Le lendemain matin, le capitaine dit à la Chique: «Comment cela s'est-il passé cette nuit? — Ah! mon homme est encore revenu, il a juré et tempêté, et a passé son épée à travers son manteau, mais j'étais dans la cheminée, bien en sûreté. — Retourne ce soir, dit le commandant en lui donnant vingt francs.» Pendant la journée, le commandant fit apporter des fagots tout autour du château, et en mit aussi dans les chambres et dans la cheminée. Au milieu de la nuit, on entendit encore frapper à la porte de la chambre. «C'est mon mari: où te fourrer ? Tiens, je vais te mettre dans ce grand coffre, ses papiers sont dedans, et il aura soin de l'emporter; quand à moi, il ne me brûlera pas.» Le capitaine entra, et
,58
FOLK-LORE DE LA
après avoir cherché partout sans
succès, il commanda à deux matelots de porter Je coffre à bord; puis il mit le feu au château, après avoir placé tout autour des sentinelles auxquelles il avait donné Tordre de tirer sur ceux qui sortiraient du château. Quand la Chique fut un peu éloigné, il cria : «Ohé ! les gars, ouvrez donc un peu la malle.» Il sortit et la referma, puis il alla prendre son fusil et son sabre, et vint prendre son rang parmi les matelots qui faisaient le guet, et il disait tout haut: «Si quelqu'un sort du château, je ne le manquerai pas.» Quand le capitaine le vit à son poste, il lui dit;
«Tiens voilà cent francs, fous-moi le camp, et que je ne te revoie jamais.»
Cf. Jean Ça tor noix conte picard t. i,
p. 339
des
KpvTTTctfiia.
ha ute.bretagne
59
XVI
la sauce
DVl
y avait une fois un
domestique qui
IQE1 cherchait à se gager ; il rencontra un monsieur qui lui dit: «De quel état es-tu?
— Je
suis de tous états? que vous4faut-il ?
— Un
cuisinier. — Je suis cuisinier.» Le mon- sieur ne lui demanda pas son nom ; et quand il arriva à la maison, il dit à sa femme qu'il avait loué un domestique. — Gpmment s'ap- pelle-t-il ? — Ma foi, ie n'ai pas pensé à lui demander son nom.» Quand la dame vit le domestique, elle lui demanda comment il se nommait : «Je m'appelle le Rideau, ma- dame.» Le monsieur rentra et lui dit: «Comment vous nommez/Srous, mon ami,? Ah ! monsieur, répondit;-il, j'ai un bien drôle de nom ; j'ai nom : J'enrage.» La demoiselle vint à son tour et lui dit: «Quel est votre nom ? — Ah ! répondit-il, je. l'ai dit à votre papa et à votre maman; mais je ne vous le dirai pas. — Si, si. — Je m'appelle la Sauce.» Au dîner on servit un plat où il y avait de la sauce ; la demoiselle qui la trouvait à son gré, disait à chaque instant: «Ah! la bonne
60 FOLK-LORE
DE LA
sauce! ah! la bonne sauce! — Tu en
manges trop, tu seras malade!» Après le souper le cuisinier alla à la chambre de la demoiselle pour druger; il se coucha sur elle, et comme il la pressait, elle criait : «Maman, la Sauce me gêne! la Sauce me gêne! — Je t'avais Wen dit que tu en mangeais trop.» Mats comme elle continuait de se plaindre, sa mère monta, et elle cria à son mari. «Viens vite,' le Rideau est au lit de mon enfant! — Est-ce que ce n'est pas là sa place? répon- dit-il.» Il monta à son tour, et quand le domestique le vit, il s'enfuit, et le monsieur courait après lui en criant: «J'enrage! J'en- rage!» Ses domestiques le saisirent, et il leur dit: «Mais ce n'est pas moi qu'il fallait arrêter, mais mon cuisinier. — Ah! notre maître, vous criiez: «J'enrage, et vous croyions que vous enragiez:»
Recueilli en Haute-Bretagne en 1S81.
Dans une autre version, le
domestique dit à son maître qu'il se nomme «Attrape mes couilles par derrière», ce qui donne lieu aussi à l'équivoque finale.
ha ute-bretagne
6l
XVII COMME VOUS
n bourgeois rencontra un jeune gar- çon à la mine éveillée, et il lui de-
manda s'il voulait entrer à son
service: «Volontiers, monsieur, dit-il. — Comment fapelles-tu ? — Comme vous voyez. — C'est bien, va au logis, présente-toi de ma part et on te dira ce qu'il y a à faire.» Le gar- çon dit à la cuisinière qu'il se nommait le Chat, au garçon qu'on l'appelait Moi-même, et quand la maîtresse de la maison lui de- manda son nom. «Embrasse-la, répondit-il. — Va, dit la dame, te présenter à ma fille qui est dans sa chambre.» La demoiselle lui demanda son nom: «La Goutte, répon- dit-il, en l'embrassant. — Maman, dit la jeune fille, la Goutte me tient. — Allonge- toi, et te remue un peu.» Un moment après, elle cria : Embrasse-la ! pour appeler son garçon. — Vous voyez bien, mademoiselle, que je ne fais qu'obéir aux ordres de votre mère.» Et il continua à presser la fille de se laisser faire et elle se laissa baiser, croyant que sa mère le lui ordonnait. Quand il descen-
6a folk-lore
de la
dit à la cuisine, il y prit tout ce
qu'il y avait de meilleur, et comme la cuisinière criait qu'on la volait : «Qui est-ce, dit sa maîtresse ? — C'est le Chat. — Mets-le à la porte.» L'autre garçon en voyant le voleur s'enfuir, courut après, et l'atteignit sur le bord de l'étang; mais le rusé compère le poussa si adroite- ment qu'il tomba à l'eau. Il se mit à pousser les hauts cris, et son maître arrivé au bruit, lui demanda qui l'avait jeté là. — Moi-même, répondit-il. — Alors, restes-y.
Recueilli en Haute-Bretagne en 1878.
L'équivoque sur les noms se
retrouve en un grand nombre de contes populaires ; pour ne parler que de ceux qui rentrent dans le cadre des
JCçv7ZTaôiaf on en trouve des exemples dans les «Contes secrets traduits du russe» no. LXXV, LXXVI et dans les contes no, XIV, XVI et XIX (variante) du présent recueil.
XVIII LE MAHI-MAHA
Hl
y avait une fois dans une
ville ca- pitale un homme qui était orfèvre de son état Comme il avait la réputation d'être habile et de pouvoir faire tout ce qu'il vou-
haute.bretagne
63
lait, le roi le fit un jour appeler
et lui dit: «Orf èvre, il faut que tu me fasses un Mahi- Maha. — Comment voulez-vous que je le puisse? je ne sais ce que c'est. — Arrange- toi comme tu voudras, xlit le roi ; si d'ici un mois je n'ai pas le Mahi-Maha, je te fais chasser de mon royaume et je publierai par- tout que tu ne sais pas ton métier.» L'or- fèvre rentra à la maison bien affligé, et il dit à sa femme; «Le roi m'a commandé un Mahi-Maha, et m'a menacé, si je ne pouvais le lui donner d'ici un mois, de me chasser de son royaume. Comme je ne sais ce qu'il me demande, je pense qu'il vaut mieux que j'aille m'établir ailleurs, que d'être chassé à ma honte de ce pays-ci. Reste à garder la boutique, et quand j'aurai trouvé un bon établissement, je reviendrai te chercher;» Il se mit en route, et il marcha longtemps : un jour qu'il était fatigué, il fit la rencontre d'une Fête (fée) qui lui dit: «Où vas-tu comme cela, mon brave homme ? — Je n'en sais rien; je suis orfèvre, et je suis parti pour chercher un établissement. — Tu pa- rais bien lassé ? — Oui, car il y a longtemps que je marche; mais ce qui me gêne le plus, c'est que j'ai soif, et je ne trouve pas d'eau. — Tiens, lui dit la Fête, voici une baguette;
64
folk-lore de la
tu en frapperas trois coups sur le
premier rocher que tu trouveras, et par sa vertu, il en jaillira une fontaine. Voici de plus un verre d'argent pour boire dedans.» L'or- fèvre frappa le premier rocher qu'il ren- contra, et par la vertu de sa baguette, il en sortit une fontaine qui était claire comme on ne peut pas voir. Il emporta avec lui sa baguette, pour s'en servir pendant son voyage. Il y avait bien du temps qu'il était parti de chez lui, quand il rencontra une autre Fête qui lui dit : «Te voilà qui voyages, et ta femme se marie demain. Mais tu peux, par la vertu de la baguette que tu as, être rendu chez toi demain soir, et tu pourras punir ta femme si tu le désires. Sous quelle forme veux-tu rentrer chez toi ? En chien ou en chat ? — En chat, répondit l'orfèvre, je serai plus libre de mes mouvements. — Hé bien, que ce soit en chat, dit la fée.» L'orfèvre arriva dans son pays, et le soir au moment où les nouveaux mariés allaient se coucher, il se cacha sous leur lit, et il était sous la forme d'un chat. Quand sa femme fut à moitié déshabillée, elle prit à la main son pot de chambre, et se mit dessus pour pisser; aussitôt l'orfèvre dit: «Par la vertu de ma baguette, attache-là.» Aussitôt
h au te-bretagne
65
elle fut collée si dur qu'elle ne
pouvait re- • tirer sa main ni changer de position. Elle appela son nouveau mari à son secours, et il essaya de la décoller; mais l'orfèvre dit encore: «Par la vertu de ma baguette, at- tache-là.» Et le nouveau marié resta les deux mains collées sur le pot La femme se mit à crier au secours : il vint des voisins et des amis en foule; mais à mesure qu'ils s'approchaient du pot de chambre, ils y étaient collés par la baguette de l'orfèvre, et quand il n'y eut plus de place, ils restaient collés les uns aux autres. La chambre fut bientôt remplie; il y en avait tout au long de l'escalier et jusque dans la rue. Alors l'orfèvre descendit et reprit sa forme na- turelle. «Voilà, dit-il, un commencement de Mahi-Maha; je vais mener tout ce monde au roi et savoir s'il sera content.» Par la vertu de la baguette tout ce monde fut contraint de le suivre, et le nouveau marié et sa femme étaient devant, elle assise, lui, les mains collées sur le pot de chambre. Comme ils passaient par une plaine, un des hommes du cortège eut be- soin de s'arrêter: tous furent obligés de rester à la même place jusqu'à ce qu'il eût
JCçimTctâta. h. 5
66
folklore de la
fini. Il prit une poignée d'herbe
pour se torcher le cul; mais sa main resta, par la Vertu de la baguette, attachée à ht poignée d'herbe. Il y avait là une vache qui pâ- turait; dès qu'elle vit cette belle poignée d'herbe, elle accourut pour la manger; mais orsqufelle l'eut dans la bouche, l'orfèvre dit: «Par la vertu de ma baguette, attache-là*» Ét la vache fat réunie au cortège qui se re- mit en marche. Un peu plus loin, un tau- reau crut la vache en chaleur; et il grimpa éesstts; mais dès qu'il y fut, l'orfèvre dit: «Par la vertu de ma baguette, attache-là.» Ils se remirent en route, et comme äs passaient par l'aire d'une ferme, un homme qui était à chauffer son four voulut frapper le taureau avec sa patôuille. «Par la vertu de ma baguette, attache-là, dit l'orfèvre.» Le cortège arriva à la cour, et il dit an roi : «Sire, voici le Mnhi-Maha que vous m'aviez demandé? le trouvez*vdus à votre goût?» Le roi se mit à rire, et il dît à l'orfèvre de lui demander ce qu'il voudrait. L'orfèvre de contenta de reprendre sa boutique, et il etmriena sa femme qui put cesser de chevau- cher son pot de chambre, et tous ceux qui étaient collés les uns au* autres cessèrent
haute-bretagne
«7
d'être attachés. Et moi quand je les
vis de barrasses, je m'en revins.
Recueilli en Haute-Bretagne en 1S80.
XIX
LES LOUIS b'OR
l était une fois un homme et une
EJSfemme qui avaient deux
enfants; ils n'étaient guère riches, et la femme n'était pas des plus fines. Un jour l'homme alla tra- vailler aux champs, et en remuant la terre avec sa bêche, il trouva deux boites remplies de louis d'or. Il les emporta à la maison, et les donna à sa femme sans lui dire ce que c'était, car il savait qu'elle aurait été le conter partout; puis il retourna à son ouvrage. La femme, qui ne connaissait pas l'or, prit une poignée de louis et les donna aux enfants pour s'amuser. Ils les portèrent sur la grande route, et pendant qu'ils jouaient avec, un grand monsieur passa, qui dit aux enfants: «Vous avez là de jolis petits bé- bets. — Oui, monsieur, répondirent-ils, et
68
folk-lore de la
et notre maman en a encore deux
boité es dans son armoire.» Le monsieur se fit montrer où était la maison, puis il y entra et dit à la mère : «Madame, ces enfants m'ont dit que vous aviez deux boites pleines de petits bébets comme ceux-là; voulez-vous me les vendre? — Oui, répondit-elle. — Combien? — Dix francs, dit-elle à tout ha- sard.» Le monsieur donna les dix francs, et se hâta de s'éloigner, en emportant les louis d'or. Quand l'homme revint des champs, sa femme lui dit toute joyeuse : «Mon pauvre homme, je viens de faire une bonne journée: tu sais bien les petites amusettes que tu avais apportées? hé bien! je les ai ven- dues dix francs.» L'homme qui avait perdu sa fortune dit: «Puisque tu es si folle, je veux divorcer;* je vais prendre un des enfants et tu garderas l'autre.» La pauvre femme prit sur son dos un des enfants, et courut à la poursuite du monsieur qui venait de partir. Elle l'aperçut qui venait de passer une rivière et montait' la vallée de l'autre bord. Elle traversa la rivière et le poursuivit jusqu'à un village où ils cou- chèrent dans la même chambre. Le mon-
* me séparer
haute.bretagne
69
sieur lui demanda comment elle
s'appelait. «Monsieur, répondit-elle, je me nomme Ma- dame Je Chie, et mon petit garçon que voilà se nomme monsieur J'ai Chié.» Le mon- sieur se coucha, et madame Je Chie aussi; mais quand il fut bien endormi, elle se leva, prit les louis d'or que le monsieur avait mis sur la table dans un petit sac, et se remit aussitôt en route. Quand le monsieur s'é- veilla, il ne vit plus les louis, et comme la dame était partie, il pensa qu'elle les avait pris, et il se mit à sa poursuite. En arrivant sur le bord de la rivière, il vit la femme qui montait la vallée de l'autre côté de l'eau. Il voulut traverser, mais la mer était haute, et il ne put passer. H se mit à crier après la femme, et un homme vint lui demander ce qu'il avait. «Ah! répondit-il, c'est cette femme qui m'a pris mon or, et je ne peux passer la rivière. — Si vous voulez monter sur mon dos, je connais le gué, et je vous passerai. — Volontiers, répondit-iL» Il monta sur le dos du passeur, et quand il fut dans la rivière, il criait: «Madame Je Chic! Ma- dame Je Chie ! — Ne chiez pas toujours sur moi, disait le passeur; attendez un peu.» Le monsieur continuait de crier après la femme; mais comme elle ne lui répondait pas, il se
FOLK-LORE DE LA
mit à crier après le petit garçon:
«Monsieur J'ai Chié I Monsieur J'ai Chié !» Le passeur, croyant que le monsieur avait fait comme il le disait, le jeta dans la rivière où il se noya. La femme revint à la maison, et dit à son mari: «J'ai eu bien de la misère; mais je rapporte les louis d'or.» Alors il se récon- cilia avec elle, et ils vécurent très-heureux.
Recueilli en Haute-Bretagne en 1SS1,
La même équivoque sur les noms;
mais avec des épisodes différents, se retrouve dans les «Contes secrets traduits du russe» cf. le no. LXX1I Les noms étranges p. 270.
(Variante)
le passage du guildo
Il
y avait une fois un marchand
de
wBKm Matignon qui s'en revenait de Saint Malo chargé d'argent. Sur sa route, il ren- contra deux bons sujets qui suivaient le même chemin que lui. Ils marchèrent en- semble et le marchand, tout en causant, leur demanda comment ils se nommaient: «Je
haute-bretagne
71
m'appelle Je Chie, répondit l'un
deux. — Et vous ? dit-il à l'autre. — Moi, je me nomme J'ai Chié.» Tout en devisant, ils arrivèrent au Guildo, où Pon franchissait le gué à dos d'homme. Ils hélèrent le passeur et le marchand monta sur son dos, après avoir confié sa valise à Fun des compères. Quand il fut sur k dos du passeur, il vit le cama- rade qui se sauvait à toutes ïambes avec la valise : «Je Chie, Je Chie! s'écria-t-il. — Ahl monsieur, dit le passeur, attendee un peu, — Je Chie! Je Chie! répétait le marchand» Mais comme le camarade s'enfuyait de plus belle, le marchand dit à l'autre d'un ton dolent: «Ahl J'ai Chie J — Alors, dit le pas- seur, déoarbouiMez-vous dans la rivière.»
Ce toute était jadis très-populaire aux
environs de
Dinan.
folk-lore de la
XX
LA FILLE ATTRAPÉE
M Ml
t avait une fois une fille
qui était EJSriche: elle avait tant de bons amis qu'elle ne savait lequel prendre. Son père lui dit : «Écoute, ma fille, celui qui te mettra à bout de conter, en trois paroles, celui-là tu le prendras.» On fit publier cela dans le pays, et de tous côtés, il vint des amoureux au jour fixé : il y en avait de pauvres, de riches, et même quelques-uns étaient plus riches qu'elle. Ils étaient assemblés dans une grande cour, et pendant qu'ils étaient tous en- semble, il y en eut un qui fut pris d'un besoin pressant, et qui ne savait comment le satisfaire. Il avait un bonnet sur la tête, et les autres lui dirent: «Mets-toi dans un coin et fais dans ton bonnet, puis tu le por- teras sous ton bras, et personne ne s'aper- cevra de rien.» Il suivit le conseil des autres ; tous les amoureux pendant ce temps passaient devant la fille, et aucun ne put la mettre à bout de conter en trois paroles. Il ne restait plus que le gars au bonnet, et elle se disait : «Il n'y a plus que cet innocent-là ;
haute-bretagne
73
je vais me débarrasser facilement de
lui» Quand il fut devant elle, il lui dit : «Bon- jour, ma vilaine belle demoiselle. — Bonjour, mon vilain beau monsieur. — Vous êtes bien rouge? — Cela ne m'étonne pas, j'ai le feu au eu. — Voulons me kaire (cuire) deux œufs? — De la merde, mon foutu sot! — Tenez en v'ia, tout fin plein mon bonnet.» La fille resta à bout de conter, et elle épousa l'innocent.
ReceniUi en IUe-et-Vilaine.
XXI jean cupi
Heak
cupi s'en alla chez un
fermier qui avait une vache malade. «Elle va en crever, dit-il ; si vous voulez, je vais servir de boucher.—Oui, répondit le fermier, abattez-la et la pelez. — Volontiers ; mais je me réserve la peau.» U la mit sur son dos et grimpa dans un chêne au dessous duquel on avait servi un banquet Les invités se mettent à table, et comme le fricot était sec, un des
74
folk-lore db la
dîneurs s'écria: «Si le bon Dieu
voulait nous envoyer de la sauce!» A peine avait-il achevé ces mots, que Jean Cupi se mit à pisser sur le plat — Que le bon Dieu est bon enfant, disaient les invités ; si maintenant il voulait nous envoyer de la moutarde.» Jean Cupi ôta sa culotte et se mit à chier sur la table, puis il lâcha sa peau de vache et tout le monde s'enfuit, croyant voir le diable. Alors il descendit, et se mit à man- ger le repas.
l y avait une fois un apothicaire qui
5J9 avait un commis appelé
Janvier, qui était rusé et subtil. Comme le beurre était cher, et que l'apothicaire s'en plaignait. Jan- vier dit à son maître: «Laissez-moi faire, et je vous aurai du beurre qui ne vous coû- tera guère.» Janvier alla au marché, et avec une grosse épingle, goûta à plusieurs mottes
Recueilli en 187c*
XXII
LE BEURRE À BON MARCHÉ
haute.bretagne
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de beurre ; il finit par acheter
celui que por- tait une vieille femme à laquelle il dit d'aller à la maison pour porter son beurre et se faire payer. Il en acheta ensuite à une jeune fille, la plus jolie qui fût au marché, et lui dit pareillement de se rendre chez son maître. Il enferma la bonne femme dans un cellier, et la jeune fille dans une chambre. U y avait des clients chez l'apothicaire, et ils en- tendaient la bonne femme crier: «Donnez- moi ce que vous me devez ! — Tout à l'heure, ma brave femme, tout à l'heure vous serez servie, disait l'apothicaire. — Qu'a-t-elle donc à crier? disaient les clients. — C'est une folle qu'on nous a donnée à soigner. — Donnez-moi ce que vous me devez, répétait la bonne femme. — Tout â l'heure, l'eau est à chauffer sur le feu.» Quand l'eau fut chaude, l'apothicaire arriva avec une belle seringue, et administra de force à la femme cinq ou six crystères de suite; puis il lui ouvrit la porte, et elle s'en alla sans deman- der son reste. En quittant la maison, elle vit à la fenêtre la jeune fille qui criait de son côté, et demandait à sortir. «Saute par la fenêtre, ma fille, s'ils te font comme à moi les crottes que tu feras demain ne seront pas dures.» L'apothicaire monta à la
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folk-lore de la
chambre où était la fille qui lui
dit: «Pour- quoi m'avez-vous enfermée comme cela ? —Je n'ai pas pu faire autrement; car la maison était pleine de monde.» Et il lui voulut aussi administrer un clystère; mais la fille demanda pour toute grâce la permission de s'en aller, ce qu'elle fit sans réclamer le prix de son beurre.
Recueilli en Haute-Bretagne en 1S7Ç»
XXIII
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les pommes cuites
bonne femme qui demeurait seule dans une maison isolée mit un soir trois pommes à cuire sur le feu; il y avait justement trois voleurs qui étaient par là et guettaient la bonne femme pour la voler; et l'un deux était tout près de la porte. Au bout de quelque temps l'une des pommes éclata, et la bonne femme dit: «Déjà un!» Le voleur qui l'entendit vint trouver ses camarades: «M'est avis que la vieille est avertie que nous sommes ici, elle vient de
ha ute-bretagne
77
dire: «Déjà un.» — Je vais aller à
ta place, dit le second voleur.» La seconde pomme creva: «Déjà deux, dit la bonne femme.» Le voleur revint aux autres: «Elle vient de dire «Déjà deux», pour sûr, elle est sorcière, elle devine tout. —Je vais voir, dit le troi- sième, si elle saura me deviner, moi.» Il se mit à chier à la porte, et même instant, la dernière pomme éclatait: «En voilà trois, dit la bonne femme: tu n'as qu'à chier, je mangerai tout, merde et tout.» Le voleur revint trouver ses compagnons, et leur dit: «C'est vrai qu'elle est sorcière, elle a deviné ce que je faisais: allons-nous en.»
Recueilli en Haute-Bretagne en fêSo.
h y avait une fois un bonhomme et
BS11116 bonne femme qui
se disputaient. La bonne femme à bout de raisons, s'écria: «Où es-tu donc, le Diable, que tu ne viens point enlever ce cocu-là ?» Le diable arriva
XXIII
LE COCU EN ENFER
78
folk-lore de la
aussitôt, mit le bonhomme dans un
sac et le chargea sur son dos. Comme il passait près d'un doué (lavoir) où des lavandières se dispu- taient, il pensa en lui-même : «Les voilà bien attaînées (excitées), si je pouvais les faire se battre.» Pour être plus à Taise, il déposa le sac dans un creux de fossé, et alla au doué. Pendant que le diable était éloigné, le bonhomme dit à quelqu'un qui passait par là: «Ah! par pitié, tirez-moi du sac où le diable m'a mis pour m'emporter!» Le passant ouvrit le sac, et pour que le sac n'eût pas l'air vide, il enferma dedans un gros chien. Le diable n'ayant pas réussi à faire les lavandières se battre, reprit son sac, et ne tarda pas à arriver en enfer. Les autres démons se pressèrent autour de lui, en lui demandant s'il avait fait une bonne journée: «Ma foi, répondit-il; je suis passé auprès d'un mari et d'une femme qui se disputaient. La bonne femme m'a dit de prendre un cocu, et je l'ai dans mon sac.» Les diables étaient très-curieux de le voir, et il se pressèrent autour du sac pour ré- regarder ce qui en sortirait. Quand il rat ouvert,
le chien s'élança hors du sac, et se mit à mordre les diables qui fuyaient de tous côtés en criant: «Ne rapportez plus
haute.bretagne
79
jamais de cocus en enfer !» Et je
pense qu'il n'en est point retourné depuis.
Rtaiêilli en Haute- Bretagne en /#fot
XXV
l'eVÊQUE et le recteur lü temps jadis, le Recteur de Saint
PmH
Remy qui n'était pas des
plus riches, allait après sa messe couper de la bruyère pour la litière de sa vache. Un jour qu'il
y était, le grand'vicaire du diocèse qui
fai- sait sa tournée, entra au presbytère: «Bon- jour, dit-il à la servante: où est le Recteur? — A couper de la bruyère pour notre vache, «auf votre respect.» Le grand' vicaire visita les appartements, et ne voyant qu'un fit,
û dit: «Où couche le Recteur? — Je vais me coucher la première: un peu après, il vient se coucher près de mod, et je le ré- veille an matin.» Deux ou trois jours après, arrive au Recteur un ordre d'aller à l'évêché : «N'est-il point passé quelqu'un par ici? <te- manda-t-ü à sa servante. — Si, il est venu
8o
folk-lore de la
un gros monsieur prêtre qu'avait
bien bonne mine; il m'a demandé pourquoi il n'y avait ici qu'un lit, et je lui ai raconté que je me couchais la première et qu'ensuite vous veniez à côté de moi.» Le Recteur se mit en route pour l'évêché, bien penaud: au moment où il allait entrer chez l'évêque, il rencontra un autre grand' vicaire qui avait été au séminaire avec lui, ef qui lui dit: «Ton affaire n'est pas bonne: l'autre grand' vicaire a été l'autre jour en tournée dans ta paroisse, et il n'a vu qu'un lit chez toi. — Comment faire pour me tirer de là? — Ma foi, répondit-ü, l'évêque est encore couché, et sa grande cuisinière est auprès de lui dans son lit, tâche de trouver moyen de la faire parler. — Comment? —- Dis lui que ta servante fait bien des compliments à sa dame.» Le Recteur arrive dans la chambre de l'évêque qui lui dit: «Mon pauvre Recteur, on m'a dit que vous aviez une femme qui couchait avec vous. — Oui, mon- seigneur, répondit-il, elle fait bien des com- pliments à la vôtre. — D'où me connaît-elle, cette putain-là ? cria une voix qui venait du fond du lit.» L'évêque renvoya le Recteur, et ne lui parla plus de sa servante.
Recueilli en Haute-Bretagne en i88ot
haute.bretagne
8l
XXVI
LA REDEVANCE
m ml était une fois un fermier qui alla (23 pour louer une métairie. Le bour- geois (maître de la terre) la lui afferma moyennant cent écus et la moitié d'un pet, le tout payable à la Saint Michel de chaque année. Au bout d'un an, le fermier vint chez son bourgeois qui l'invita à dîner à sa table. Le fermier mangea de son mieux, puis il passa au salon pour régler ses affaires avec son bourgeois. Il lui compta les cent écus, puis il demanda une quittance. Le maître fit sonner l'argent, puis il dit : «L'ar- gent est de poids; mais vous me devez en- core quelque chose. — Quoi, notre maître? est-ce que je ne viens pas de vous bailler cent écus? — Si, mais vous me devez la moitié d'un pet.» Le fermier qui avait bien dîné ne se fit pas prier, et desserrant les fesses, il fit entendre un tel pet que les vitres en tremblèrent. «Oh! oh! dit le bourgeois; il est trop gros celui-là.» Le fermier s'y prit cette fois avec plus de douceur, et il fit un pet de bonne sœur, si faible qu'on l'entendit
KçVTTTCtdut. n. 6
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folklore de la
à peine. «Celui-ci est trop petit,
dit le bour- geois, ce n'est pas même un quart de pet» Le fermier essaya encore plusieurs fois, mais ses pets étaient, ou comme des coups de tonnerre ou comme des soupirs. Son maître lui dit: «Mon pauvre homme, vous n'y arri- verez pas aujourd'hui ; je vous fais crédit jus- qu'à demain.» Le fermier revint chez lui, et il dit à sa femme: «Je viens de payer notre maître; mais je lui redois encore quelque chose. — Est-ce que tu ne lui avais pas porté cent écus ? — Si, et je les lui ai payés ; mais je lui dois de plus la moitié d'un pet J'ai bien essayé de m'acquitter de cette re- devance ; mais tous ceux que je faisais étaient ou trop gros ou trop petits, et il m'a fait crédit jusqu'à demain. — J'irai avec toi, dit la femme, et je parie bien que je finirai de le payer.» Le lendemain elle accompagna son mari chez son maître; il les invita tous deux à dîner, et la fermière mangea de son mieux. A la fin du repas, elle lui dit: «Comment, notre maître, est-ce que nous yous sommes encore redevables? — Oui, vous me devez la moitié d'un pet. — Hé bien, dit-elle en retroussant son cotillon, fourrez votre couteau dans mon eu.» Le bourgeois ht ce que lui recommandait la fer-
h a ute-bretagne
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mière qui ajouta : «Maintenant,
écoutez bien.» Elle lâcha un pet, puis elle dit à son maître : «Vous avez été à même de choisir: je vous ai servi un pet que votre couteau a coupé en deux, et vous avez pu prendre la moitié qui vous convenait le mieux.» Le bour- geois vit que sa fermière était une fine - mouche; il lui donna quittance, et depuis il ne demanda plus que le paiement des cent écus.
Recueilli en Haute-Bretagne en 1881.
xxvn
LE PET PRIS A LA COURSE
BHl
était une fois dans une
ville un monsieur qui voulait se moquer d'un petit garçon. «Cours-tu bien, petit gars ? lui demanda-t-il. — Oui, monsieur. — Hé bien, si tu m'apportes ce qui va sortir de mes culottes, je te donnerai cinq francs.» Le monsieur fit un gros pet et dit au petit gars. — Cours après celui là.» Le petit garçon se mit à courir de toutes ses forces et dix
6*
*4
folk-lore
DE
la
minutes après, il revint trouver le
monsieur, et lui dit: «Tendez-votre chapeau, je vais vous le rendre, j'ai eu bien du mal à l'at- traper.» En même temps, il péta, et le monsieur croyant que le pet du petit garçon était le sien qu'il lui apportait, lui donna les cent sous.
Recueilli en Haute-Bretagne en 1880.
XXVIII
LE PÉCHÉ D'ADULTÈRE
l était une fois une fille qui alla à
confesse, et, comme elle attendait
son tour auprès du confessionnal, elle entendit sa voisine qui s'accusait d'avoir commis le péché d'adultère. Son confesseur lui en fit des reproches; la jeune fille se confessa, puis elle se mit en route avec sa voisine pour retourner à son village. Chemin faisant, elle lui demanda ce que c'était que le péché, d'adultère: «C'est, lui répondit la voisine, de pisser entre la grand' messe et les vêpres. — Ah! mon Dieu, dit le jeune fille; moi
haute.bret acne
»5
qui Tai commis tant de fois sans le
savoir !» Quand la jeune fille retourna à confesse, elle s'accusa d'avoir commis le péché d'adultère. «Vous avez eu tort, dit le confesseur; mais il faut me promettre de ne pas le commettre de nouveau> Elle le fit, bien résolue à tenir sa promesse; mais un dimanche, au sortir de la grand' messe, elle se sentit tellement pressée, qu'elle fut obligée de pisser. Quand elle retourna à confesse, elle s'accusa encore d'avoir commis le péché d'adultère. «Vous le commettez souvent, ce péché-là? mais» dites-moi, qu'appelez-vous péché d'adultère? — Cest pisser entre la grand' messe et les vêpres. — Hé bien, quand vous ne le com- mettrez que de cette manière-là, il n'y aura pas grand' mal. Commettez-le tant que vous voudrez et que ce soit votre plus grand péché.» La jeune fille s'en retourna bien contente, et dit à sa voisine: «Vous m'avez trompée: ce n'est pas un péché de pisser entre la grand' messe et les vêpres.»
Haute-Bretagne 1881,
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folk-lore de la
XXIX
la bonne femme et son drole
l y avait une fois une bonne femme
|BJ2| qui allait à confesse. Comme elle passait par la route, elle vit un chasseur qui ajustait un lièvre; le lièvre fut atteint, et, ayant fait deux ou trois bonds, il tomba mort sur la route à côté de la bonne femme. Celle-ci ramassa le lièvre, et le mit sous son cotillon, entre sa jupe et sa chemise. Au moment où elle finissait de rattacher, le chasseur arriva tout essoufflé et lui dit : «Vous n'avez pas vu un lièvre? — Non, répondit- elle; mais j'ai sous mon cotillon un drôle qui a le poil tout gris. — Je n'en veux pas de ton drôle, vieille salope, va-t-en au diable avec lui.» La bonne femme continua sa route, et arriva à l'église. Quand elle fut dans le confessionnal, elle dit à son con- fesseur: «Monsieur le Recteur, j'ai sous mon cotillon un drôle qui a le poil tout gris. — Retirez-vous, insolente, répondit le recteur.» La bonne femme en sortant de l'église ren- contra le vicaire, et lui dit: «Monsieur le vicaire, j'ai sous mon cotillon un drôle qui
haute-bretagne
»7
a le poil tout gris. — Faites-le
voir, répon- dit-il.» Elle lui montra la tête du lièvre, et le vicaire lui dit: «Chit! Chit! allez m'at- tendre dans la sacristie.» La bonne femme y alla, et donna le lièvre au vicaire qui le lui paya comme il faut. Quand les deux prêtres furent à table, le recteur dit: «Il m'est venu ce matin à confesse une bonne femme qui m'a dit qu'elle avait sous son cotillon un drôle qui avait le poil tout gris. Je l'ai mise à la porte, comme bien vous pensez. — Et moi, monsieur le recteur, j'ai taté le poil gris de son drôle. — Ah! mon- sieur le vicaire, ceci est un cas de conscience. — Ce n'est pas ce que vous croyez, et je vous en ferai manger. — Par exemple! s'écria le recteur» Mais le vicaire sortit, et montra le lièvre au recteur qui se gratta l'oreille et dit: «Ah! si j'avais su!» Quand la bonne femme fut de retour à son village, elle raconta à ses commères ce qu'elle avait fait, et l'une d'elles alla trouver le recteur comme il sortait de la sacristie, et elle lui dit : «Monsieur le Recteur, je vous ai envoyé un lièvre ce matin. — C'est bon, répondit-il, voici pour vous.» Et il lui donna une pièce de quarante sous. Quand le recteur fut de retour au presbytère, il demanda à sa ser-
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folklore de la
vante où était le lièvre de la bonne
femme ; mais la servante jura ses grands dieux que personne n'avait apporté de lièvre. Le di- manche d'après, il vit la bonne femme qui l'avait dupé, et lui dit: «Ah! bonne femme, vous m'avez trompé; je n'ai pas vu votre lièvre. — Ma foi, monsieur le recteur, ce n'est pas de ma faute, j'avais rencontré ,ce lièvre sur la lande, et je lui avais dit d'aller chez vous; s'il ne l'a pas fait, je n'y suis pour rien.»
Recueilli en Haute-Bretagne en i88».
XXX
propos équivoques
IB'MIl
y avait une fois une fille
qui alla à BLE| confesse, et elle dit à son prêtre : «Mon père, je m'accuse de trois péchés : j'ai tué ma mère, empoisonné mon père et livré mon corps aux garçons. — Ah! ma fille, depuis vingt ans que je confesse, jamais je je n'avais entendu d'aussi grands péchés. Comment, à votre âge avez-vous pu les
haute-bretagne
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commettre? — Ma mère est morte en
cou- ches, et c'est ainsi que je l'ai tuée ; j'ai pété au nez de mon père, et je l'ai empoisonné ; et un jour que j'étais à jouer avec des garçons et qu'ils me tenaient par le corps (corsage) je le leur ai laissé aller pour qu'ils ne con- tinuent pas à drug er avec moi.»
* *
*
H y avait une fois une fille qui
alla à confesse et elle dit à son prêtre : «Mon père, je m'accuse d'avoir berquigné avec les garçons. — Berquigné! qu'est-ce que c'est?
— Je
me suis laissé enfiler par eux. — Ah I ma fille, c'est un grand péché. — Pas si grand que vous croyez; venez dans la sacristie, et je vous montrerai comment cela se fait.» Le prêtre y alla; la fille se mit courbée à terre comme on fait quand on joue à saute-mouton; puis elle dit au prêtre: «Retroussez votre soutane. — Ah! ma fille...
— Retroussez
votre soutane et sautez par dessus moi: c'est ce qu'on appelle enfiler.»
Haute-Bretagne.
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folk-lore de la
XXXI
le repas du seigneur
l y avait une fois un seigneur qui ne se plaisait qu'à jouer des tours aux
pauvres gens. Un jour qu'il se
promenait par les champs, il vit un soldat qui avait posé culottes au pied d'un talus pour chier plus à l'aise, comme nous disons nous autres ; il prit le sabre du soldat, et, lui mettant la pointe sur la poitrine, il lui dit: «Si tu ne manges pas ton étron, je vais te tuer.» Le soldat, voyant qu'il n'y avait pas moyen de faire autrement, se mit à manger son étron, mais bien qu'il fût tout chaud, il n'allait pas des plus vite en besogne comme bien vous pensez. Pendant qu'il s'exécutait, et que le seigneur le regardait, on entendit tout d'un coup un grand bruit ; le seigneur grimpa sur le fossé pour voir ce que c'était, le sol- dat interrompit son repas, reprit son sabre, et en mettant le pointe sur la poitrine du seigneur, il lui dit: «Si vous ne mangez pas le reste du repas que vous m'avez offert, je vais vous tuer.» Le seigneur, voyant qu'il fallait manger la merde ou mourir, s'exécuta
haute.bretagne
bien qu'à regret, puis il dit au
soldat: «Tu es un brave; si tu veux rester avec moi, je te rendrai heureux.» Le soldat accepta, et depuis ils vécurent tous les deux en bons camarades, comme deux frères de merde qu'ils étaient.
Haute-Bretagne 1883*
XXXII
le recteur en mal ^enfant
DDl
y avait une fois dans une
petite pa- bQS)
roisse de Bretagne un recteur qui vivait seul avec sa servante dans un presbytère qui n'était ni grand ni cossu. Comme il n'avait pas le moyen d'avoir une horloge et qu'en ce temps-là les almanachs coûtaient cher, il comptait les jours à sa manière. Il avait une poule qui tous les jours lui pondait un œuf, et quand il y en avait six dans le nid, le Recteur savait que le lendemain il devait dire sa messe du dimanche. Il fut longtemps sans se tromper; mais un jour le diable tenta sa servante, et elle s u p a un des œufs.
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folk-lore de la
Le samedi le Recteur alla au nid de
sa poule pour savoir à quel jour il était, et comme il n'y trouva que cinq œufs, il se dit: «Boni c'est aujourd'hui vendredi; dimanche n'arri- vera qu'après-demain, et j'ai le temps de raccommoder mes pauvres souliers, qui en ont grand' besoin.» Le lendemain de bonne heure, le Recteur, qui avant d'être prêtre avait appris l'état de cordonnier, prit sur ses genoux son soulier le plus malade, et se mit à tirer le ligneul, bien tranquillement, pensant avoir toute sa journée devant lui. Cependant ses paroissiens étaient arrivés à l'église à l'heure de la grand' messe ; mais la cloche ne sonnait point, et il n'y avait point de prêtre à l'autel. Après avoir at- tendu un bon bout de temps, ils s'impatien- tèrent, et l'un des fabriciens fut envoyé au presbytère pour savoir si par hasard Mon- sieur le Recteur ne serait pas malade. Il le vit qui tirait tranquillement le ligneul en sifflant un air d'église. «Bonjour, monsieur le Recteur, lui dit-il; est-ce que vous ne voulez pas dire la grand' messe? — Mais si, répondit-il, je la chanterai demain comme d'habitude. — Demain I mais c'est aujourd'- hui dimanche, à preuve que tous vos pa- roissiens sont dans l'église à vous attendre.
haute.bretagne
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— En vérité I Je croyais être au
samedi. C'est ma coquine de poule qui m'a trompé; je vais la faire tuer.» Il remit vivement le soulier qu'il était en train de raccommoder, sans prendre garde à un long bout de ligneul qui trainait après, et il se rendit en toute hâte à la sacristie où il se revêtit des ornements sacerdotaux. La messe com- mença; mais en faisant autour de l'église la promenade de l'Asperges me, le bout de ligneul qui trainait par terre se prit dans les sabots d'une bonne femme, et le pauvre recteur tomba à faix-mort sur le pavé de l'église, entraînant la bonne femme dans sa chute. Comme il avait le ventre gros, il se fit grand' mal et fut obligé de se mettre au lit. Il envoya chercher les médecins, mais ils avaient beau lui donner des remèdes, son ventre le faisait toujours souffrir, et il ne trouvait aucun soulagement. Il entendit parler d'un médecin qui rien qu'à voir l'u- rine des gens, connaissait tout de suite leurs maladies. Il remplit de son eau une bou- teille et la donna à sa servante qui se nom- mait Chonne, ou si vous aimez mieux Fran- çoise. «Ecoute, Chonne, tu vas aller porter cette bouteille au médecin des eaux: il demeure loin d'ici, et tu ne pourrais t'y
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folk-lore de la
rendre en une journée: mais je
connais sur la route une maison de bien braves gens; tu iras les voir de ma part, et tu leur de- manderas à coucher.» La servante se mit en route, et au soir elle arriva à la mai- son que M. le Recteur lui avait indiquée. Les gens la reçurent de leur mieux, et elle leur dit pourquoi elle s'était mise en voyage. La dame du logis était mariée depuis cinq ans ; mais elle n'avait point d'enfant, et pourtant son plus grand bonheur aurait été d'en avoir un. Comme depuis quelque temps, elle se sentait mal à l'aise, elle pensa que le médecin pourrait lui dire si oui ou non elle était grosse. Elle se leva doucement pendant la nuit, et ayant vidé la bouteille qui contenait «les eaux» du Recteur, elle la remplit avec son urine, et la mit à la place où elle l'avait prise. Le lendemain quand la servante se remit en route, elle lui dit: «Ne manquez pas surtout de repasser par ici afin que nous sachions quelle maladie a Monsieur le Recteur.» Cependant Chonne arriva au médecin des eaux; il examina la bouteille et dit: «Le cas n'est pas bien grave: votre malade accouchera d'un garçon et renflure lui passera aussitôt» En entendant ces mots, la servante faillit tomber de son
haute-bretagne
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haut; elle s'en revint toute triste,
et en passant elle entra chez la jeune femme. «Hé bien, lui demanda celle-ci, quelle est la ma- ladie de Monsieur le Recteur? — Ah! ré- pondit-elle, je n'ose pas vous le dire; non, jamais je n'aurais cru chose pareille. Le médecin a regardé les eaux, et il a dit que M. le Recteur accoucherait d'un garçon.» La dame fut bien contente; toutefois elle consola de son mieux la servante. Celle-ci se remit en route, et elle finit par arriver au presbytère, plus triste que si elle venait d'en- terrer sa mère. «Hé bien! Chonne, lui de- manda le Recteur, qu'est-ce que le médecin t'a dit? — Ah! monsieur, répondit-elle, ja- mais je n'oserai vous le répéter. — Que je meure ou que je vive, dit le prêtre, je veux le savoir et je te commande de parler. — Mon pauvre Monsieur le Recteur, le médecin a regardé la bouteille que je lui portais, et a dit que vous alliez avoir un enfant. Ciel adorable! est-ce possible? — Ah! s'écria le Recteur; c'est la faute de la malheureuse femme sur laquelle je suis tombé à l'As- perges, quand je me suis pris le pied dans mon ligneul! Jamais je n'aspergerai plus.» Depuis ce temps, loin de se guérir, le Recteur ne faisait qu'empirer, et il lui semblait que
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folk-lore de la
son ventre grossissait à vue d'oeil.
Il fut obligé de demander à son évêque un autre prêtre pour l'aider à remplir ses fonctions. Souvent ils allaient se promener dans les champs, et le jeune prêtre réconfortait de son mieux le malade. Un jour qu'ils étaient tous deux dans un verger, le Recteur se sentit pris d'une grande douleur au ventre, et en même temps son besoin était si pres- sant, qu'il n'eut que le temps de relever sa soutane et de s'accroupir le long d'une haie. L'opération fut longue et difficile ; mais tout à coup le Recteur se soulagea copieusement et juste à ce moment il sentit un objet velu qui lui passait entre les jambes et qui s'en- fuyait si vite, qu'il n'eut pas le temps de voir ce que c'était. Or c'était un lièvre qui, cou- ché dans la haie, s'était réveillé au bruit que faisait le Recteur, et s'enfuyait à toutes jambes. «Ah! s'écria le Recteur, mon en- fant, reviens que je te baptise ! Quel malheur, monsieur le vicaire, mon enfant qui est parti sans baptême!» Le vicaire et lui fai- saient de tels cris que les gens du bourg se rassemblèrent pour savoir ce qu'il y avait: «Ah! répondit-il; c'est un malheur sans pareil! l'enfant de mes entrailles s'est enfui sans avoir été baptisé.»
$1
Il prit un si grand fond de chagrin
qu'A mourut peu de temps après, et le vicaire resta triste jusqu'à la fin de ses jours.
Recueilli en Haute-Bretagne en iSSl.
(Variante)
Un bonhomme dont la vache était ma- lade se mit un jour en route pour aller con- sulter le devin. Sur son chemin il ren- contra le curé qui lui dit: «Ou vas-tu? — Chez le devin, pour savoir de quoi notre vache, sauf votre respect, est malade. — Ma foi, dit le curé; depuis quelque temps je ne me sens pas bien, tu devrais lui deman- der aussi quelle est ma maladie. Attends, je vais te donner de mes eaux.» Le curé remplit une bouteille de son urine et la re- mit au bonhomme qui continua sa route et arriva à l'auberge, où, tout en mangeant, iî raconta sori voyage à la servante. La fille prit la bouteille qui contenait «les eaux» du curé, et la remplit elle-même sans que le bonhomme s'ert aperçût1. Arrivé chez le devin, le paysan raconta d'abord la maladie
KovTiTttôta n. 7
98 folk-lore
de la
de sa vache, puis il présenta la
bouteille qui renfermait, à ce qu'il croyait, l'urine du curé. «Quelle est la maladie de cette per- sonne ? — Elle est enceinte, s'écria le devin après avoir regardé.» Le bonhomme fut bien un peu étonné; toutefois comme il avait confiance dans le devin, il raconta mot pour mot au curé ce que «le médecin des eaux» lui avait dit. Le curé était un de ces vieux prêtres d'autrefois, bonnes pâtes assez crédules; il avait confiance dans le devin, sans pouvoir toutefois s'imaginer comment il se trouvait dans la position qu'il avait dite. Cependant l'arrêt du devin lui trottait par la tête, et il se disait: «C'est tout de même vrai que depuis quelque temps je grossis, je grossis, et j'éprouve dans les en- trailles de violentes douleurs.» Un jour qu'il se promenait dans son verger en lisant son bréviaire, il se sentit pris de coliques si intenses qu'il fut obligé de s'arrêter dans un coin. Ses efforts furent longs et labo- rieux, la sueur lui découlait du front, et il se sentait prêt à rendre l'âme. A la fin, son supplice se termina et juste à cet instant il sentit quelque chose qui lui passait entre les jambes; c'était un lièvre qui venait de la plaine et qui se sauva vitement. Et le curé
haute-bretagne
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se releva et regarda; mais au lieu
d'aper- cevoir quelque chose auprès de lui; il vit un objet lointain qui fuyait,
et qui déjà n'avait plus qu'une forme vague. Il crut, ainsi que le devin le lui avait dit, avoir ac- couché, et il s'écria: «Enfant, reviens à ton père; attends au moins que je te baptise.»
a) Un grand monsieu qu'entère
(entre) dans
Avec sa grand' qualibranle, Qui demande du tondu Pour son pelu, Et la journée d'un eu Pour lu (lui).
b) Un monsieur qui monte dans sa chambre ; son tirli qui lui pend ; il demande du blanc d'entre les jambes et la journée d'un eu pour lui.
devinettes
I
sa chambre,
7*
too
folk-lore de la
— Cest un gendarme; son tirli qui li pend, c'est son sabre, il demande du lait de Tache qui est blanc, et la journée d'un
ce; c'est-à-dire un œuf.
c) Bonjour, madame, avec vos grands virlidondaine. — Permettez-moi de mettre mon Tonton Penard dans vor* touz* d'f nard ; Un peu d'eau pour le rafraîchi', et une journée d'eu pour mon souper.
— C'est un homme qui demande la per- mission de mettre son cheval dans un pré, et un œuf pour son souper.
d) Bonjour madame ! Voul'ous me permettre de mettre un grand tourlipendard dans vor* touzé pénard ?
— Oui,
mon brave homme, il est touzé péné, il n'y a pas longtemps.
— C'est
un homme qui demande à une femme la permission de mettre un cheval dans son pré, touzé, c.-à-d, fauché depuis peu.
haute-bretagne
ioi
e) Un monsieur entre dans une
maison, la quoue li branle, demande du d'entre les caisses (cuisses), et une journée de eu.
— C'est un homme qui entre dans une maison et demande du lait et un œuf.
n
Un homme s'en va dans une maison, i' va au let (lit), lève ça, fait ça, i' rabat ça et s'en va au sa' ? (soir).
— Un médecin qui vient saigner une femme*
m
La femme se trousse, Et l'homme qui pousse, Et elle s'en vient: Ah! monsieur que
vous me faites mal!
— Ne
dites rien, madame, c'est dedans.
— C'est
une femme à qui un cordonnier apporte un soulier neuf.
I02
folk-lore de la
IV
a) Allons nous coucher pour la
besogne que nous savons bien, peillu (poilu) sur peülu, et cacher notre petit eu tout nu.
— Aller dormir.
b) Allez vous coucher vous serez
bien, Vous mettrez barbu contre barbu Vous jouerez un petit jeu que vous savez
bien ;
Et vous enfermerez le petit saint
tout nu.
— En allant vous coucher vous serez bien, vous jouerez le petit jeu de dormir; vous mettrez barbu contre barbu; c'est-à- dire les deux paupières à se toucher; le petit saint tout nu qu'on renferme, c'est le christ (globe) de l'œil.
c) Poilu contre poilu Qui couvre un p'tit bonhomme tout nu. (D).
— Les yeux.
haute.bretagne
V
Pertus cru (trou mouillé), morcé
(mor- ceau) cru, Ventre à ventre et mène à eu.
— C'est un fût de cidre.
VI
J'accroupis mon bonhomme,
Et j'assis ma bonne femme,
Tout ce qui passe entre les jambes
de
mon bonhomme Fait du bien à ma bonne femme.
— Le trépied et la marmite.
vn
Une main au eu
La pouche (poche) pleine
Et morceau cru
Une femme allaitant son enfant
104
VIII
IX
Qui est-ce qui a du poil avant l's
os? — La merde.
X
Quand est-ce que la brebis est plus
lai- neuse ?
— Quand le bélier est dessus.
La commère, est sur le compère : ce
qui sort d'entre les jambes du compère fait du bien au eu de la commère : ce qui est dans le ventre de la commère fait du bien au genre humain.
— La commère, c'est la marmite; le
feu qui est entre les jambes du trépied, com- père de la marmite, la fait bouillir et ce qui cuit dedans fait du bien au genre humain.
haute-bretagne
105
XI
Si ma tante en avait (des couilles),
com- ment l'appelerais-tu ?
— Mon pncle.
XII
Si tous tes amoureux étaient dans le haut d'un chêne et qu'il y eût des clochettes à toutes les branches, comment ferais-tu pour aller les chercher sans que rien f en- tende ?
— Si les clochettes étaient de
merde, elles ne sonneraient pas et personne ne m'en- tendrait.
XIII
Qu'est-ce qu'il y a de plus rare au
monde ? — De la merde de pape.
i06 folk-lore
de la
FORMULE INITIALE DE CONTE DE
MATELOT
Quand les Terre - neuvats sont dans l'entrepont, ils racontent souvent des contes, dont quelques-uns sont fort longs.
Voici le préambule qu'emploient les
Con- teurs pour obtenir l'attention et le silence avant de commencer leur récit.
Le Conteur. Cric!
Les Auditeurs. Crac!
C. — Sabot
A. — Cuiller à pot!
C. — Soulier de Dieppe.
A. — Marche avec.
C, — Marche aujourd'hui, marche de- main, à force de marcher on fait beaucoup de chemin. Pourvu qu'on ne tombe pas le nez dans la poussière, on n'a pas besoin de se débarbouiller. Quand on tombe sur le dos, on ne se casse pas le nez.
Je traverse une forêt où il n'y
avait pas de bois, je passe par un étang où il n'y avait d'eau, je passe par un village où il n'y avait pas de maison. Je tape à la porte, et ma- dame me répond. Je lui demande ce qu'il y a à manger. — Du bouilli. — Comment, il n'y a jamais de rôti:
haute.bretagne
Trousse ta cotte, Que je te bistoque Avec ma carotte,
Si je te manque, je te casse la
cuisse.
— Il a passé trois petits
gringadiers, * qui m'ont embrassée, et qui ne m'ont point payée.
— Par
où sont-ils allés?
— Par
la rue saint Honoré.
Où's qu'il y plus d'putains que
d'pavés.
Rencontre mes trois gringadiers qui
se foutaient des petits pâtés chauds par la gueule :
— C'est
donc vous, mes trois gringadiers, qui ez (avez) embrassé ma petite Fanchette et n' l'avez point payée?
— Oui,
c'est nous, et nous nous en fou- tons.»
J'attrape mes trois gringadiers dans
une poignée, je les colle sur la porte de paysans comme du papier mâché, j'arrive à dix-sept cents lieues où il fallait un homme et un caporal pour faire se lever le soleil à coups de trique et la lune à coups de perche.
* coureurs.
io8
folk-lore de la
Le silence étant obtenu, le Conteur
com- mence :
— Il était une fois, par une bonne
fois etc.
Lorsque le héros se trouve en
présence d'un roi, le narrateur lui fait s'adresser ainsi au roi:
Bonjour, sire,
Que le trou du eu vous déchire, Tant que votre majesté pétera, Le trou du eu vous déchirera.
-^
formulette ou fragment de chanson
Les couilies de mon grand' père Sont pendues au plancher. Ma grand' mère
Eist marrie de les voir à sécher.
Haute-Bretagne.
ioo
dictons et proverbes
— Laisse-moi
pousser, l'homme pousse toujours.
Ce sont les filles qui dans les gre- niers ou dans les champs adressent aux garçons ces paroles à double sens.
— Tout ce qui est fendu N'est pas défendu.
— N'y
a point de fourché sans fente.
Le fourché est l'endroit où se ré- unissent les cuisses.
— Amer
comme la merde du diable.
— Il
a les cuisses près du eu. = Il est mal à l'aise.
— Les
vênes (vesses) ne li restent point sous le cotillon = c'est une personne active.
— Un
arbre qui ne fleurit plus ne peut plus rapporter = une femme qui n'a plus ses règles ne peut pas avoir d'enfants.
no
folk-lore de la
— N'y a pas besoin de tant tortiller
du eu pour chier dret. = 11 n'est pas besoin de faire tant de cérémonies.
-----^
coutumes
Dans les greniers à foin ou à blé,
une facétie habituelle aux garçons est de se décu- lotter et de montrer aux filles leur pinne. Celles-ci poussent de hauts cris, traitent les garçons de cochons et leur disent : «C u t e z (cachez) cela, crassous (malpropre).»
Lorsque filles et garçons sont
ensemble à fauder, c'est-à-dire à fouler le foin, ils se bousculent, se chatouillent et luttent ; les garçons prennent les seins des filles et même leur mettent la main sur le ventre; tant qu'ils opèrent par dessus les vêtements, les filles crient bien un peu; mais elles ne se fâchent pas; car, dit-on, «le dessus du sa' (sac)» c'est-à-dire ce qui se fait par dessus
haute-bretagne
III
les vêtements, ne compte pas; si un
garçon essayait de fourrer sa main en dessous, il se ferait inévitablement calotter par toutes les filles.
Les paysans prétendent que chérir
une femme, c'est-à-dire coïter, a la propriété de délasser ceux qui sont fatigués.
Un des rendez-vous favoris des
garçons et des filles pour se chérir — c'est-à-dire coïter — c'est la sou (étable) aux cochons. Il est probable que l'odeur forte de la merde des vêtus de soie agit sur les sens des gens de campagne, comme les odeurs d'écurie et de lessive sur ceux des héros de l'école na- turaliste.
TABLE.
CONTES
pages.
I. La Frênoile........... z
IL La
Fille bien gardas ....... 5
III. La
Chercheuse d'esprit ....... 8
IV. Jeanne
et le Couturier....... 12
V. Les Pucelages.......... 13.
VL La
Nuit de noces de Jean le Diot . . 15
VIL La
Fermière et son Domestique ... z8
VIII. La
Chandelle qui fond ...... 19
IX. Le
Bossu ............ 21
X. Le Couvre-sot.......... 28
XI. Le Couvreur en paille....... 30
XII. Jean le Matelot ......... 36
XIII. Le
Gardeur de Lièvres ...... 45
XIV. Le
Diable dupé ......... 55
XV. La Chique ........... 55
XVI. La
Sauce............ 59,
XVII. Comme
vous........... 61
XV1TL Le Mahi-Maha.......... 6a
XDX. Les Louis d'Or.......... 67
(Variante): Le Passage du Guildo
. . 7a
XX. La Fille attrapée......... 72
XXI, Jean Cupi............ 73.
table Il3
XXII. Le Beurre à bon
Marché...... 74
XXIIL Les Pommes cuites........ 7*
XXIV. Le Cocu en enfer......... 77
XXV. L'Évêque et le Recteur...... 79
XXVI. La Redevance.......... 8i
XXVII. Le Pet pris à la
Course...... 83
XXVIII. Le Péché
d'adultère........ 84
XXIX. La
bonne Femme et son Drôle ... 86
XXX. Propos
équivoques ........ 88
XXXI. Le Repas du Seigneur....... 90
XXXII. Le Recteur en mal
d'Enfant..... 91
(Variante)........... 97
DEVINETTES, FORMULETTES ET
DICTONS
Devinettes ............... 99
Formule initiale de conte de
Matelot..... 106
Formulette ou Fragment de
Chanson..... to8
Dictons et Proverbes........... »09
Coutumes................ "o
KqvnràSia. TL.
8
CONTES PICARDS.
seconde série.
l/ESPRIT CONJURÉ n meunier avait une femme
fort jolie.
GJ3 Notre homme, obligé de passer
une partie de ses nuits au moulin, était loin de combler les désirs de sa femme; aussi celle-ci avait accepté les propositions du percepteur. Comme le mari restait certaines nuits à la maison, tandis qu'il passait les autres au moulin, la femme avait ima- giné de prévenir son amant par une com- binaison assez simple. Une tête de cheval
ii6
contes picards
toute décharnée était dans la cour
auprès du poulailler; lorsque le meunier était absent, la tête était tournée vers l'entrée de la cour; au contraire, quand il était à la maison, Pos (ainsi la femme appelait ce fragment de squelette) était placé en sens inverse. De la sorte, nos deux amoureux n'étaient pas inquiétés, et passaient des nuits fort agréables. Un soir, le meunier sortit disant qu'il resterait toute la nuit au mou- lin. Vite la femme courut à la tête de cheval pour prévenir le percepteur. Peu après, le meunier revint. «Comment, lui dit sa femme, tu ne restes pas au moulin? — Non, le vent est tombé et je ne saurais tra- vailler cette nuit. Allons nous coucher. — Déjà ? — Oui, tout de suite.» La femme dut se coucher avec son mari et ne put aller changer le signal. Une heure après, le per- cepteur vint frapper trois coups à la porte, puis deux coups et enfin un seul. «Qui vient frapper ainsi? s'écria le meunier. Attends je vais lui en donner 1 — Tais-toi donc. C'est l'esprit de la nuit! — L'esprit de la nuit! — Oui. Il revient ainsi fort souvent et cherche à entrer pour nous tuer. Seulement, j'ai appris une conjuration qui va le forcer à s'en aller. Ecoute:
contes picards
117
Esprit de nuit,
Retourne dans ton lit;
Prends ton repos,
J'ai oublié de retourner Pos.» Le percepteur comprit et se hâta de dé- guerpir, tandis que le meunier se rendor- mait tranquillement
II
LE MALIN SERVITEUR
D*
homme vint un jour dans un
château pour y demander une place de do- mestique. Le seigneur le prit à son service. «Dis-moi quel est ton nom. — Je n'ose pas vous le dire. Mes parents étaient si sots qu'ils m'ont donné un nom ridicule. — Dis- le toujours. — Je m'appelle Attrape-mes- couilles-par-d errière! — En effet, le nom n'est guère propre; mais cela ne fait rien.» Un instant après, la châtelaine lui de- manda également son nom. «Je me nomme Le Chien.» Puis ce fut le tour de la fille du seigneur, «Mademoiselle, mon nom est
ii8
contes picards
fort vulgaire; je m'appelle La
Sauce.» Au souper de ce jour-là, la cuisinière avait ac- commodé un poulet avec une sauce déli- cieuse qui plut tant à la jeuue fille qu'elle en redemanda plusieurs fois, malgré les observations de sa mère. Puis les châtelaines allèrent se coucher. Dès qu'il crut tout le monde endormi, le domestique pénétra dans la chambre à coucher. La femme l'entendit et dit à son mari. «Le Chien est ici; dis- lui de s'en aller. — Tu sais bien, dit le seigneur à moitié endormi, que je veux qu'il reste ici. Laisse moi tranquille et dors.» La femme se rendormit et le valet se coucha avec la jeune fille. Puis aussitôt, il se mit en devoir de la caresser. La fille se prit à gémir, elle était vierge encore et elle souffrait beaucoup. «Maman, cria-t-elle, La Sauce me fait mal! — Je te l'avais bien dit ! Tant pis pour toi !» Et la châtelaine se remit à ronfler, tandis que le valet con- tinuait sa besogne. Le matin venu, il se rhabilla et sortit de la chambre, mais pas assez doucement pour ne pas réveiller le seigneur. «Oh ! le misérable, s'écria-t-il !» Et il se mit à sa poursuite, tout en chemise, à travers la cour en criant de toutes ses forces; «Attrappe —mes — couilles —
contes picards
119
par— derrière! Attrappe — mes — couilles—par—derrière!» Les autres domestiques se précipitèrent sur leur maître et le retinrent par l'endroit dont il parlait. Pendant ce temps le rusé valet s'enfuit et jamais plus on ne le revit.
LES TROIS NOMS DU DOMESTIQUE
In
curé qui vivait avec ses
deux sœurs
Bjggeut un jour besoin d'un
domestique. Un mendiant qui vint à passer par le presby- tère fut engagé par le curé à rester à la maison comme valet. L'homme y consentit moyennant trente francs par mois payables d'avance. Le curé donna les gages du pre- mier mois, habilla le mendiant et lui de- manda son nom. «Monsieur le curé, mes parents m'ont donné un nom fort vilain, je m'appelle Dominus vobiscum! — Dominus vobiscum est un nom fort joli au contraire. Ne vous en plaignez pas. Tenez, voilà ma sœur aînée dans le jardin,
m
120 contes
picards
allez vous mettre à ses ordres. —
Tout de suite, monsieur le curé.» Le curé laissa là le domestique et s'en alla à l'église. «Quel est votre nom, mon ami? demanda la sœur du curé. — Mon nom, mademoiselle? Je n'oserais jamais vous le dire tant il est grossier. — Qu'importe: Il est nécessaire que je le connaisse, destiné que vous êtes à vivre longtemps avec nous, -r-
Puisque vous y tenez, je m'appelle J'ai trois poils au con! — En effet, le nom n'est guère convenable. Mais à tout prendre il pourrait encore être plus grossier. Voici ma jeune sœur qui revient de chez une amie; allez vous présenter à elle.» Le valet courut à la rencontre de la jeune fille et dit qu'il était le nouveau domestique. «Fort bien, mon ami. Comment vous appelez-vous ? — Je me nomme Çà me démange! — Çà medémange! Autant ce nom qu'un autre !» Et la sœur du curé rentra au presbytère. Tout alla bien ce jour-là. Mais la nuit venue, le valet enleva l'argent et les bijoux du curé et s'enfuit du village. A son réveil, le curé devint furieux.*. C'était un dimanche et il » alla
dire sa messe. Tout à coup se retour-
nant, il aperçut le domestique.
«Dominus vobiscum! Dominus vobiscum! cria-
contes picards
121
t-il aux chantres. — Et cum spiritu
tuo! répondirent ceux-ci.» La vieille sœur voyant le valet cria: «J'ai trois poils au con! J'ai trois poils au con! — Tais-toi donc, salope! cria le curé.» Et la jeune fille, à son tour: «Çà me démange! Çà me démange!» — Gratte-toi donc, si ça te démange! lui dirent les vieilles dévotes scandalisées.» Pendant ce temps, le valet faisait un pied de nez au curé et à ses sœurs et disparaissait de l'église et du village.
IV
LE MENDIANT MARCHAND d ESPRIT
brtatn curé avait acheté à la ville un
_plein panier d'andouilles, de
saucissons
et de saucisses. Rentré au
presbytère, il dit à sa servante. «Portez ce panier à la cave. Ce sera pour Pâques. — Bien, monsieur le curé, je vais le ranger pour Pâques.» La servante porta le panier à la cave et le curé s'en alla à l'église pour y faire le ca- téchisme. Tout à coup un mendiant étranger
122
CONTES PICARDS
entra dans la maison. «La charité
s'il vous plaît I dit-il à la servante.» Celle-ci prit un morceau de pain et le donna au pauvre. «Rien que cela! vous n'êtes guère charitable. — Qu'est-ce que vous voulez, je n'ai que cela à vous donner. Il y a bien ici un panier d'andouilles et de saucisses, mais monsieur le curé a dit que c'était pour Pâques. — Eh bien! pourquoi ne me les donnez-vous, puisque c' est moi qui me nomme Pâques? — Oh! alors, c'est durè- rent!» Elle courut à la cave et en rapporta le panier qu'elle donna au mendiant. Le pauvre portait un mauvais pantalon tout de loques et de morceaux et par les trous on apercevait son membre. «Dites donc, Pâques, demande la servante, qui est-ce que vous portez-là entre les jambes ? — Cela, ma fille, de l'esprit. — De l'esprit! vous tombez bien; monsieur le curé dit toujours que je n'en ai pas; voulez-vous m'en vendre pour dix sous ? — Avec plaisir. Couchez-vous sur le lit, relevez vos jupons et votre chemise et laissez-moi faire.» La servante fit ainsi qu'on lui disait et le mendiant lui servit pour dix sous d'esprit. «Ah! mon Dieu! qu'il est bon votre esprit! Donnez-m'en encore pour dix sous.» Le mendiant recommença
CONTES PICARDS
i»3
et ayant achevé, il prit les vingt
sous et le panier et se hâta de déguerpir. Le curé rentra de l'église peu après et alla voir à la cave si le panier était bien rangé. Ne l'y trouvant pas, il remonta furieux: «Où avez- vous mis les andouilles et les saucisses? — N'avez-vous point dit que c'était pour Pâques? Le mendiant Pâques est venu il n'y a qu'un instant, et je les lui ai données. — — Sotte !
y ai bien raison de dire que vous n'avez pas d'esprit! — Pas d'esprit! Pas d'esprit, monsieur le curé! Eh bien! sachez que j'ai plus d'esprit dans mon con que vous n'en avez dans la tête!»
LE CHARIOT DANS LE VENTRE DU CURÉ
mEffl le parti de consulter
une remégeuse qui demeurait en un endroit nommé Frise. Comme cette femme jugeait de la nature des maladies par l'inspection de l'urine, notre curé en remplit une bouteille de verre. Puis
V
longtemps prit
CONTES PICARDS
il appela sa servante: «Catherine,
voici une bouteille d'urine. Tu vas l'emporter et aller consulter la femme de Frise. Si elle t'or- donne quelque drogue tu la prendras en passant chez le pharmacien d'Albert. La servante munie de la bouteille prit le chemin de Frise. En traversant le dernier village, la pauvre femme butta dans une pierre et tomba si malheureusement qu'elle cassa la ' bouteille. «Jésus! Maria! que faire? Que dira monsieur le Curé ?» Et la servante était près de s'arracher les cheveux de désespoir lorsqu'elle eut une inspiration. Elle entra dans une maison et raconta son aventure à la femme qui se trouvait être enceinte. «Vous seriez bien bonne, madame, si vous vouliez me donner une autre bouteille et pisser dedans. Monsieur le curé n'en saurait rien et ne me mettrait pas à la porte. — C'est chose bien facile. Je vais faire ce que vous me demandez.» La chose faite, la ser- vante prit la bouteille et fut bientôt chez la remégeuse. «Monsieur le curé est malade depuis quelque temps et il m'a envoyée vous consulter. Voici vingt francs, qu'il m'a donnés pour vous.» La femme examina la bouteille. «Mais ce n'est pas de l'urine d'homme ceci — Comment donc ? Mais c'est
CONTES PICARDS 135
bien celle de monsieur le curé. —
Impos- sible ! — Quand je vous dis que si! Rien n'est plus vrai. — En ce cas, Monsieur le curé a un chariot dans le ventre. — Un chariot, vous plaisantez! — Pas du tout. Mais c'est facile de le guérir. Vous prendrez en passant chez le pharmacien d'Albert pour deux sous de la graisse que je vais écrire sur ce papier; rentrée au presbytère vous direz à monsieur le curé de s'en frotter le bas-ventre au moyen d'un morceau de laine et il sera guéri.» La servante s'en retourna. En passant par la ville, elle ne manqua pas d'entrer chez le droguiste et d'y prendre pour deux sous de graisse. Rentrée au presbytère, le curé lui dit: «Eh bien, Ca- therine, qu'a dit la femme de Frise? — Ne m'en parlez pas, monsieur le curé, elle a dit une chose si extraordinaire que je n'y puis rien comprendre. — Et quoi donc! — Que vous aviez un chariot dans le ventre! — Ce n'est pas possible ! — Si, si, si ! Et j'ai pris chez le pharmacien pour deux sous d'une graisse qui doit chasser ce maudit chariot. Vous allez prendre un tampon de laine et vous frotter le bas-ventre avec cette graisse.» Le curé releva sa soutane, débou- tonna ses culottes et s'apprêta à user du
126
CONTES PICARDS
remède. Mais se ravisant :
«Catherine, viens donc me frotter avec la graisse. — Oh! monsieur le curé, vous n'y pensez pas! — — Mais si, il ne faut pas être gênée. Du reste cela sera mieux fait.» La servante se mit en devoir de frotter le ventre de son maître. Tout à coup, le membre du curé se releva: «Ahl monsieur le curé; est-ce que je ne vous disais pas que vous aviez un chariot dans le ventre ? Ne voyez-vous pas que voilà déjà le timon qui sort?»
VI
LE CURÉ PÉTEUR
k curé avait trouvé moyen d'avoir
im^des
servantes sans les payer. Il les engageait pour un mois sous condition qu'au bout de ce temps si la servante pétait plus fort que lui, elle aurait des gages fort élevés, mais dans le cas contraire, qu'elle ne resterait pas à son service et ne serait pas payée de son mois. Il était venu des femmes de tous les côtés, mais aucune
CONTES PICARDS
127
n'avait pu réussir à battre notre
curé. Une femme arriva un jour au presbytère. «Que voulez-vous, demande le curé? — La place de la servante que vous avez renvoyée. — C'est bien, mais ... il y a des conditions ... — Je les connais; c'est pour péter, n'est-ce pas? J'accepte. -- En ce cas, nous allons mettre de la farine en égale quantité dans deux assiettes et nous nous essaierons de suite. — Soit, monsieur le curé.» Les assiettes préparées, le curé se plaça sur l'une et ... brrr ,.. souffla la moitié de la farine. Alors la femme, faisant de même souffla toute la farine et brisa l'assiette. Le curé étonné voulut voir le cul de la femme. «Ce n'est pas étonnant, dit-il, vous avez deux trous à votre soufflet, et je n'en ai qu'un!»
[Dans une variante de la Lorraine
les assiettes de farine sont remplacées par des assiettes de son et le conte se termine par ces paroles du curé : cela n'est pas étonnant, vous avez un fusil à deux coups
1]
128
contes picards
vn
LE PAPE DANS ROME \s curé avait dans son jardin un poirier
BJjJI chargé de
fruits. On venait régulière- ment les lui voler pendant la nuit Sa ser- vante interrogée sur ce qu'il y avait à faire lui donna le conseil suivant: «Monsieur le curé prenez quelques vieilles sonnettes et attachez-les aux menues branches de l'arbre. Les voleurs les feront tinter et vous serez averti. — Ton avis est excellent; je vais le mettre en pratique.» Ce qui fut fait. La nuit venue, les voleurs passèrent à travers la cloture du jardin et montèrent sur l'arbre. Mais aussitôt les clochettes de carillonner et les maraudeurs de s'enfuir abandonnant les poires qu'ils avaient cueillies. Le curé se réveilla et put voir les voleurs qui se sauvaient au plus vite. «Ce n'est pas la peine de me lever, pensa-t-il. Demain je ramasserai les poires tombées.» Le matin, le curé et sa servante allèrent au poirier. La femme releva son jupon pour y mettre les fruits et le curé lui vit le con. «Ma fille, qu'est- ce que vous avez donc entre les jambes ? —
CONTES PICADRS
129
Monsieur le curé, c'est Rome. —
Très- bien, très-bien.» Au bout d'un instant, le jupon de la servante fut rempli et le curé, relevant sa soutane pour y mettre aussi des poires, laissa voir son membre. «Mon- sieur le curé, qu'est-ce qui vous pend donc entre les jambes ? - Ma fille, cela c'est le Pape. — LePape? — Oui, mon enfant. Et tu sais que le Pape reste dans Rome, aussi, couche-toi sur le gazon; nous re- mettrons le Pape dans sa ville. — Une bonne idée, monsieur le curé; vite, vite, mettons le Pape dans Rome.»
VIII
LE PLANTON DU COLONEL
Certain
colonel marié avait à sa
porte un planton, toujours le même, auquel il tenait beaucoup. Mais chaque fois que la bonne sortait pour faire ses courses, le plan- ton lui présentait les armes et lui disait: «Oh! quelle bonne soupe aux choux je te trem- perais! La bonne finit par s'impatienter de
KJQvnrââia. H. 9
130
CONTES PICARDS
ce manège et se promît d'avertir sa
maî- tresse. Un jour rentrant du marché, le plan- ton lui présenta encore les armes lui re- disant pour la centième fois: «Oh! quelle bonne soupe aux choux je te tremperais!
— Cela
ne peut durer plus longtemps, se dit la jeune fille. Je vais prévenir Ma- dame.» Elle arriva essoufflée et furieuse chez la colonelle. «Qu'y a-t-il ma fille? qu'est- il arrivé ? — Il y a que je n'ose plus passer devant le planton. — Et pourquoi donc ? — Que je sorte ou que je rentre il présente les armes et me dit qu'il me tremperait bien une soupe aux choux. — Vraiment. Sors encore une fois et viens me prévenir s'il recommence.» La bonne sortit et bien en- tendu le planton lui redit sa phrase favorite. «Madame, courut dire la jeune bonne, il a recommencé. Si vous ne l'empêchez pas, je ne reste plus ici. — Va lui dire de venir me parler.» La servante descendit prévenir le soldat «Oh I quelle bonne.... — Taisez- vous, imbécile, et venez parler à Madame.
— On
y val on y va!» Et le soldat suivit la bonne dans le salon de la femme du colonel. «Vous en faites de belles, monsieur le planton! Qu'avez-vous donc contre ma bonne ? — Ce que j'ai contre votre bonne,
CONTSS PICARDS
mais rien du tout Au contraire, je
lui dis que je lui tremperais une bonne soupe aux choux, et je ne mens pas. Je suis tout disposé à le faire. — Vous êtes un imper- tinent Suivez-moi dans ma chambre.» Le planton suivit la colonelle qui ferma la porte à double tour. «Vous dites que vous trem- periez une bonne soupe aux choux à ma bonne. Est-ce bien vrai? — Oui, madame. — Et à moi? — Avec encore plus de plai- sir! — Eh bien alors, couchons-nous et trempez-m'en une bien salée.» Vite le soldat enleva képi, veste, pantalon et souliers et se coucha avec la femme. Au bout d'un instant: «Ta soupe est très bonne. M'en tremperais- tu bien une deuxième ? — Avec plaisir, ma- dame, allons-y pour une deuxième.» Après le deuxième coup, colonelle et planton se reposèrent un instant Puis la femme: «Donne-m'en une troisième, je ne m'en ras- sasie pas. — Tout de suite, tout de suite, madame.» Après le troisième, il fallut en- core y aller une quatrième, Le planton était cette fois épuisé. Il avait beau faire, son membre persistait à faire le mort. «Ecoute, tu vas me servir une dernière soupe! lui dit la colonelle! — Sacré Nom de Dieu de putain! s'écria le planton; est-ce
9*
CONTES PICARDS
que tu croirais par exemple que mes
couilles, c'est la marmite du régiment?»
(Variante)
A la porte d'un colonel était un
jour d'hiver un planton qui grelottait et se mou- rait de froid. Tout auprès était la cuisine d'où s'échappait une délicieuse odeur de soupe aux choux. «Un bouillon et un bon coup par dessus, s'écria le soldat, ça ferait la joie du pauvre planton!» La femme du colonel entendit l'exclamation et dit à sa bonne de faire monter dans sa chambre le pauvre planton. «Qu'est-ce que tu disais tout à l'heure, soldat ? — Oh rien, madame ! — Si, je veux que tu le répètes. — Je disais qu'un bouillon et un bon coup par dessus ça ferait bien ma joie. — Eh bien! je veux
te rendre heureux .___Marie,
apportez un
bouillon au soldat et retirez-vous.»
Le soldat avala la soupe au choux. «Maintenant que tu as le bouillon, viens coucher avec moi.» Le soldat eut bientôt fait de satisfaire son désir. La colonelle appela encore la bonne : «Marie, une soupe aux choux pour le soldat» Le potage avalé, le soldat recommença.
CONTES PICARDS
*33
Puis ce fut un troisième bouillon et
un troi- sième coup; un quatrième bouillon et un quatrième coup. Et comme la femme ap- pelait une cinquième fois la bonne : «Sacrée peau de chien! s'écria -1 - il; crois-tu par hasard qu'il y a autant de foutre dans mes couilles que de bouillon dans la marmite du colonel ?»
IX
LE SOLDAT AU COUVENT
soldat passait un jour auprès d'un couvent de filles. En regardant par- dessus de la muraille, il aperçut une nonne charmante. «La jolie fille! dit-il.» Et d'un bond il fut auprès d'elle. «Ah! mon Dieu, qui êtes-vous? — Taisez-vous, je suis un soldat. Je vous ai vue par-dessus la mu- raille et je vous ai trouvée si belle que je n'ai pu me retenir et que j'ai couru jusqu'ici. — Mais si l'on vous voyait, savez-vous qu'on vous jetterait en prison? — Je le sais bien, aussi laissez-moi vous embrasser et je m'en vais.» Le soldat embrassa la nonne et fit
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CONTES PICARDS
mine de vouloir franchir à nouveau
le mur du couvent. «Je ne puis y arriver, dit-il. Comment vais-je sortir d'ici ? Je suis perdu si vous ne me cachez pas quelque part. — Mais où vous mettre, je ne sais. — Mettez- moi dans votre chambre et la nuit venue je m'en irai.» La jeune fille se laissa persuader et ils passèrent la nuit ensemble. Le lende- main matin, des nonnes vinrent frapper à la porte. «Où me cacher, demanda le soldat ? — Voici> une malle, mettez-vous dedans.» Le soldat se cacha dans la malle et la nonne ouvrit. Mais tout à coup, le pauvre soldat eut une forte envie d'éternuer et lâcha un atchi! épouvantable. «Qu'est-ce qu'on entend dans cette malle? demandèrent les nonnes.» Et elles ouvrirent la caisse dans laquelle elle trouvèrent le soldat tout nu. «Jésus! Marie! qu'est ce que cela? — C'est un nouveau saint pour la chapelle.» Les nonnes se mirent à promener la main sur le saint Son membre excité se releva subite- ment «Ah! la jolie invention 1 dirent elles. Nous pourrons y suspendre nos chapelets entre les offices!»
CONTES PICARDS
«35
X
LES DEUX FRÈRES ET LEURS FEMMES
eux frères,
bûcherons de leur état.
mSA avaient épousé deux sœurs. L'une, la femme de l'aîné était belle, l'autre était laide. Un jour, les bûcherons étant dans la forêt, un étranger vint à passer devant la maison de la plus belle, et l'aperçut à la fenêtre. «La jolie femme, dit-il, je donnerais bien cent pistoles pour coucher avec elle!» La femme l'entendit et, courant à la porte, dit: «Etranger, dites-vous vrai? — Si je dis vrai? Je le pense bien. Je donnerais mille francs pour coucher rien qu'une heure avec vous. — Eh bien ! c'est chose facile. Mon mari est absent. Entrez et nous nous amuserons.» L'étranger entra, se déshabilla, se coucha avec la femme et en prit pour son argent Au bout d'une heure, il prit cinquante louis et les donna à la femme. Puis il continua sa route. «Ces mille francs viennent bien à propos, se dit la bûcheronne. Il y a long- temps que je désirais faire un bon dîner. Allons acheter tout ce qu'il faut pour un bon repas.» C'est ce qu'elle fit. A l'heure
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CONTES PICARDS
de midi, les bûcherons rentrèrent de
la forêt «Mes amis, dit la femme, il m'est arrivé une aventure ; j'ai reçu beaucoup d'ar- gent et j'en ai profité pour vous préparer un excellent diner. Le frère voudra bien me faire le plaisir de rester avec nous pour en prendre sa part — J'accepte.» L'on se mit à table et l'on fit bombance. Le dîner terminé, le mari demanda à sa femme: «D'où vient cet argent qui t'a permis d'ache- ter toutes ces bonnes choses? — Tu vas sans doute me gronder? — Je te jure que non! dis. — Voici: Un étranger, un prince, le roi peut-être, m'a aperçue à la fenêtre et a dit qu'il donnerait bien cent pistoles pour coucher avec moi, je l'ai appelé et en une heure de temps j'ai gagné cet argent. Es- tu mécontent? — Non, non. S'il repasse par ici, mets-toi à la fenêtre !» Le frère prit congé et retourna à sa maison. «Charogne! laidasse! femelle crapaud! s'écria-1-il
en rentrant. — Mais qu'y a-t-il, François? — Ce qu'il y a, vieille toupie ! Ce n'est pas toi qui gagnerais, comme ta sœur, mille francs à coucher avec un étranger
h Et le bûche- ron raconta à sa femme ce qui était arrivé. «Qu'est-ce que tu veux, mon pauvre .Fran- çois! ce n'est pas ma faute; le maire et
CONTES PICARDS
le curé couchent chacun deux fois
par semaine avec moi et jamais ils ne m'ont rien donné !»
LES ÉCREVISSES DU CURÉ
n cure acheta un jour des écrevisses.
ly^SI«Tiens,
dit-il en rentrant à sa mê- le ai n e (servante); mets cuire ces écrevisses pour mon souper. — Mais, monsieur le curé, je n'ai jamais fait cuire de pareilles bêtes; comment saurais-je quand il faudra les re- tirer de l'eau ? — Lorsqu'elles seront rouges. Du reste tu ne les enlèveras pas avant de m'avoir demandé si elles sont cuites à point. Ne l'oublie pas!» La servante prit les écre- visses et les mit sur le fourneau. Pendant ce temps, le curé s'était mis à écrire dans son cabinet de travail. Au bout d'un quart- d'heure, la servante apporta la casserole. «Voilà que les écrevisses rougissent. Sont- elles assez cuites, monsieur le curé ? — Non, ma fille, pas encore.» La servante remit les
XI
138
CONTES PICARDS
écrevisses sur le feu, attendit
quelque temps et les voyant plus rouges, revint trouver son maître. «Et maintenant, monsieur le curé? — Pas encore, pas encore.» Une troisième fois elle revint. «Enfin cette fois, elles sont cuites à point, je crois? — Non, non, ce n'est pas encore le moment. — Alors, que le diable enlève ces écrevisses de malheur. Elles ne seront donc jamais cuites!» Le curé relevant sa soutane et montrant son membre tout dressé, lui dit: «Tiens, ma fille, quand elles seront aussi rouges que la tête de ma pinne tu pourras les enlever. — Et vous, monsieur le curé, dit la servante en relevant ses jupons et en montrant son con, quand vous aurez une gueule aussi grande que celle-là, vous pourrez manger vos écrevisses toutes crues!»
CONT1S
PICARDS
139
XII
LE JEUNE HOMME QUI NE VOULAIT PAS
SE MARIER
ne femme avait un grand garçon bénet
r^Ejfl qui ne voulait pas se marier
par la raison qu'il ne savait rien des choses du mariage. «Mon fils, lui répétait sa mère, te voilà déjà vieux. Tous les jeunes gens de ton âge ont pris femme, et tu restes tou- jours célibataire, il est temps que cela finisse. Mais ma mère, à quoi sert de me marier?
— Que
tu es simple! Si une fois tu avais goûté d'une femme tu ne voudrais plus faire autre chose! — C'est donc bon à manger, la femme ! — Non, mais ,... tout à l'heure je te ferai voir!» La bonne femme prit des confitures bien sucrées et s'en rem- plit le con, puis elle revint vers son fils et lui dit: «Tiens, tu vois ce grand trou en- touré de poils? — Oui, c'est un rat. — Mais non; mets-y le doigt et suce-le. — Ah! comme c'est bon; cela a le goût de con- fitures. Est-ce que les jeunes filles en ont?
— Certainement,
grand bénet, et encore de meilleures. — Alors, je veux me marier.
i4o
CONTES PICARDS
Cherche-moi une femme.» La mère,
alla trouver la fille d'une de ses voisines et la décida à se marier avec son fils. Le soir des noces on se coucha. L'innocent n'eut rien de plus pressé, aussitôt couché que de chercher le trou aux confitures. «On le disait simple d'esprit, pensa la mariée, ce n'est pourtant pas vrai» Enfin le marié trouva le petit trou si cherché, il y fourra le doigt et vite, il le porta à sa bouche. «Brrrr! fit-il. La maudite femme que j'ai làl Ses confitures sont loin d'être aussi bonnes que celles de ma mère!»
( Variante)
Cette fois, c'est un pigeon bien
rôti et accommodé aux oignons que la mère a caché dans son con et qu'elle fait trouver à son fils. «L'excellent pigeon, ma mère! Vite qu'on me marie avec ma voisine!» La bonne femme est toute heureuse et le mariage se célèbre. La soir venu, les mariés se couchent et le jeune homme se met en devoir de chercher l'oiseau rôti. «Enfin, nous allons nous amuser, pense la jeune femme!» Mais le marié arrivant à l'endroit
CONTES PICARDS
et sentant les poils : «Ah ! mon
Dieu ! Tes pigeons ne valent rien ; ils ne sont pas rôtis comme ceux de ma mère : ils sont encore à plumer !»
LE
curé faiseur d'oreilles n curé alla un jour rendre
visite à
une de ses paroissiennes mariée
dépuis quelque mois, choisissant avec intention une heure où le mari était absent. Tout en causant elle lui fit connaître qu'elle était enceinte. Il lui dit: «Je m'en suis bien aperçu en entrant et même j'ai remarqué une chose qui m'a fait beaucoup de peine.
— Quoi
donc, monsieur le curé? —,'Oh! si je n'étais pas entré ici en passant, tout était perdu, oui, perdu sans rémission. — Vous me faites peur, parlez, je vous en supplie.
— Voici
ce qu'il y a. Votre mari vous a fait un enfant sans oreilles qui sera l'objet de la risée générale. — Un enfant sans oreilles ? — Oui, oui. Mais heureusement j'ai là d'une certaine graisse qui peut lui en faire
XIII
142
CONTES PICARDS
pousser aussitôt. — De grâce, mon
bon mon- sieur, hâtez-vous de faire ce qu'il faut pour que mon enfant ne soit pas ridicule. — C'est que c'est difficile. Enfin, je ferai cela pour vous. Couchez-vous sur le ventre dans votre lit, fermez bien les yeux sans essayer de voir et laissez-moi faire.» La femme s'em- pressa de se mettre dans la position indiquée, et vite le curé lui releva les vêtements, et lui fourra son membre à l'endroit voulu. Au bout d'un instant: «Tout va à souhait, mon enfant; ma graisse fait son effet, voici une oreille de faite. Ne bougez pas, je vais faire l'autre.» Et le curé recommença l'ap- plication de sa graisse. «Maintenant c'est fait, mon enfant, vous pouvez vous relever. Grâce à Dieu, votre enfant sera comme tout le monde. Adieu 1» Quand le mari revint le soir, sa femme l'accabla d'injures. «Misé- rable! monstre! tu ne m'aimes pas, tu veux faire de moi la plus malheureuse des femmes ! — Voyons, voyons, qu'y a-t-il donc ? — Ah ! que suis malheureuse! Comment oses-tu te présenter ici? Faire un enfant sans oreilles, grand Dieu! Sans monsieur le curé, qu'au- rait-on pensé de moi dans le village ?» En- fin, le mari se fit raconter en détails l'histoire des oreilles. Sans dire un mot, il courut
CONTES PICARDS
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au presbytère, pénétra dans l'étable
du curé et coupa les oreilles de tous les cochons qui s'y trouvaient. On juge de la fureur du curé quand le lendemain il s'aperçut de cette mutilation. Le dimanche suivant dans son sermon il se plaignit amèrement du tour qu'un de ses paroissiens lui avait joué. «Ah! mes frères; je croyais n'avoir ici que des amis, mais je me suis trompé. Quel- qu'un m'en veut et l'on est venu couper la nuit les oreilles de mes cochons....!» En cet instant, le mari trompé cria tout haut: «Ne vous désolez pas, monsieur le curé. Celui qui sait faire des oreilles aux enfants qui n'en ont pas, saura bien en rendre à ses cochons!»
KBTAiN curé avait un cochon qu'il
|£B| élevait pour la fete du
village. Cette époque arrivée, il alla consulter lemarister (m a gis ter, maître d'école) pour savoir ce qu'il avait à faire. «Tu connais bien, Jean,
XIV
LE COCHON DU CURÉ
144
CONTES PICARDS
quelle est la coutume du pays. Celui
qui tue un cochon doit envoyer un morceau de choix à ses amis qui lui ont fait semblable cadeau dans le courant de l'année. Il n'est aucun de mes paroissiens envers qui je ne sois redevable, et si je fais suivant la cou- tume, il ne me restera rien de mon cochon. Pourtant, comment faire autrement? On ne m'inviterait plus à aucune tripée. Il n'y a que toi qui puisses me donner un bon con- seil à ce sujet. «C'est bien simple, faites tuer votre cochon et à la nuit tombante suspendez-le à votre porte, en dehors. Une heure après, sans qu'on vous voie, rentrez- le et mettez-le au saloir. Puis demain faites courir le bruit qu'on vous l'a volé. On vous plaindra fort et vous n'en recevrez que plus de saucisses et de côtelettes à l'avenir. — Je te remercie de ton avis.» Et le curé fit tuer son cochon et le fit suspendre en de- hors de la porte du presbytère. «Le beau cochon qu'a monsieur le curé, se disaient les paysans. Demain il y aura soupe fraîche dans tout le village.» Mais le malin maître d'école n'eut rien de plus pressé à la nuit close que d'aller décrocher l'animal, de l'em- porter à sa maison et de le mettre au saloir.» Le lendemain tout au matin, le curé était
CONTES PICARDS
H5
chez le magister. «Ah ! mon Dieu !
quel vol abominable! quelle profanation! quel sacri- lège ! le cochen de l'homme de Dieu î — Eh bien, quoi, monsieur le curé ? — On m'a volé mon cochon hier soir! — Dites tou- jours ainsi, monsieur le curé! — Mais je t'assure qu'on me l'a volé! — Soutenez-le toujours, vous avez raison; on vous croira d'autant mieux! — Quand je te dis que je ne plaisante pas ! — Vous avez raison, vous avez raison!» Voyant qu'il perdait son temps, le curé prit le parti de se taire. Quelque temps après, il entendit le fils du maître d'école qui disait: «Le cochon de monsieur le curé est bien bon avec nos choux!» Le curé s'approcha et dit à l'en- fant: «Pourrais-tu bien répéter ce que tu viens de dire ? Tu auras vingt sous. — Par- faitement. Je disais: Le cochon de mon- sieur le curé est bien bon avec nos choux!
— Si
tu veux répéter ce que tu viens de dire, à la messe de dimanche, tu auras en- core vingt sous. — Donnez-les moi d'avance.
— Les
voilà. A dimanche!» Le dimanche suivant, le curé monta en chaire et com- mença par se plaindre d'un de ses paroissiens qu'il ne nomma pas et qui, disait-il, l'avait volé indignement. «Et mes frères, le bon
Kçvnraâia. U. 10
146 CONTES
PICARDS
Dieu qui voit tout, continua-t-il,
ne permet pas que les crimes restent impunis. Un ins- tant on peut espérer se soustraire à sa ven- geance, mais l'heure arrive où la vérité se fait place. Il choisit, s'il lui plaît même, la bouche d'un enfant pour la faire paraître au grand jour. En voulez-vous un exemple
éclatant. Écoutez la parole de
vérité.....
Pierre, dis-nous ce que tu sais !»
Mais l'en- fant, qui avait reçu la leçon de son père, se leva de sa place et cria à haute voix: «J'ai dit que l'autre jour monsieur le curé avait voulu baiser ma mère dans les choux?»
Ce conte se retrouve tel quel ou
à peu près dans un petit ouvrage intitulé Le Facétieux Réveil- matin ou Histoires récréatives (Nouv. édition) à Lille, chex Pillot, me des Prêtres, sans date d'impression. In-ia. (milieu do XVID> siècle).
CONTEà PICARDS
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XV
LA VEUVE INCONSOLABLE
ne bonne femme venait de conduire
ff^PI son mari à sa dernière
demeure. Elle pleurait tant et sa douleur était telle que des voisines furent obligées de la prendre par le bras et de la ramener chez elle. «Mon pauvre homme! disait-elle. Faut-il que je le perde si tôt! lui si bon, si aimable, si prévenant! Jamais on ne le vit au cabaret; toujours il était à son travail ou auprès de moi! Hi! hi! hi! Non, non, jamais je ne l'oublierai! jamais, jamais, jamais!» Rentrée chez elle, tout en pleurant elle remit en ordre son ménage, et ensuite se rendit chez sa voisine qui chauffait le four pour y faire cuire son pain. «Ah! vous voilà, Marianne! Asseyez-vous et ne pleurez pas tant. Ce qui est fait est fait, nous n'y pou- vons rien. — Ah! que je suis malheureuse?
hi! hi! hi!----Non, jamais jene
l'oublierai!
hi! hi! hi.» Et tout en pleurant la
pauvre femme s'assit sur une galette toute chaude que l'on venait de retirer du four. Mais tout à coup sentant la chaleur qui la péné-
10
COMTES
PICARDS
trait: «Ah! mon Dieu! qu'est-ce que
je disais donc que jamais je ne l'oublierais! il
LE COUP DE CORNES DE LA VACHE
Un femme avait des relations intimes
Bâfl avec le curé du village. Toutes les nuits la femme faisait coucher son mari dans le fond du lit contre la muraille et, quant à elle, elle se tenait au bord le cul tourné à l'opposé de son marL L'homme s'endormait et à minuit le curé arrivait et travaillait dur et ferme. A la fin, le mari fut étonné de voir toujours sa femme dans la même position et lui en demanda la rai- son. «Tu ne vois pas, espèce de sot, que c'est pour que la vache me lèche le cul ! — C'est donc bien bon? En ce cas, ce soir je prendrai ta place.» La femme prévint le curé. Le soir venu, homme et femme se couchèrent, mais pas à leur place habituelle.
le faudra bien: je sens déjà s'échauffe !»
cul qui
XVI
CONTES PICARDS
*9
Minuit arriva. Le curé entra sans
bruit, armé d'un gourdin, et pan! en asséna un coup sur le derrière de 1' homme qui poussa un cri: «Grand Dieu! s'écria-t-il, je ne me mettrai plus là. La vache m'a donné un coup de cornes qui a failli m'enlever les couilles !»
XVII
LES GENS BIEN ÉLEVÉS
ne brave paysanne s'en allait à la ville
et derrière elle marchait un curé. Tout à coup la femme lâcha un pet formi- dable. «Sors, Bienheureux! dit-elle.» Un moment après, ce fut le tour d'un second. «Sors, Délabré ! dit-elle.» Se retournant alors, elle aperçut le curé. «Depuis quand êtes-vous ici, monsieur le curé ? — Depuis que Délabré est sorti, ma bonne femme.» Le curé con- tinua sa route et sur le chemin vit un gamin qui cueillait des pommes. «Tes pommes sont-elles bonnes, mon enfant? — Aussi bonnes que de la merde! — Je vais le dire
i5o
CONTES PICARDS
à ton père, petit polisson.» Passant
devant la maison du père, savetier de son état, le curé lui raconta ce qu'avait dit son fils: «Que voulez-vous, monsieur le curé, il est comme sa mère, aussi sale que son con!» Un peu plus loin, le curé rencontra la femme et lui fit part de la réponse grossière du fils et du mari. «Qu'y faire, monsieur le curé, mon mari est aussi bête que son cul!» Le curé continua son chemin disant scan- dalisé: «A tel arbre, tel fruit!»
XVIII
l'oiseau frouc frouc ne jeune fille était malade
depuis
r^Bff longtemps, on ne savait trop de quoi. Les plus habiles médecins avaient été appelés et lui avaient ordonné toutes sortes de re- mèdes qui n'avaient produit aucun effet. La jeune fille était belle et le curé du village eût bien désiré la baiser, mais .... comment y arriver ? C'était là le difficile. Un jour, il rencontra la jolie malade se promenant
CONTES PICARDS
auprès du village et il l'aborda.
«Bonjour, mon enfant. — Bonjour, monsieur le curé. — Comment allez-vous? Vous me semblez un peu mieux portante que ces jours der- niers. — Non, monsieur le curé; je suis tou- jours aussi malade et je commence à dés- espérer, -i- N'a liez- vous donc jamais vous pro- mener au bois ? L'air de la forêt vous ferait beaucoup de bien et vous guérirait. — Vous croyez cela? — J'en suis sûr. Seulement si vous y allez, ne vous avisez pas de vous promener par les petits sentiers sous bois. Suivez la grande voie; promenez-vous bien
doucement, sans vous
fatiguer.....Ahl
j'allais oublier; dans le bois, il y
a un grand oiseau nommé frouc froucà cause de son cri et qui cherche à arracher les yeux des personnes qu'il rencontre. Sitôt que dans les buissons vous entendrez frouc! frouc! vous vous cacherez les yeux avec soin et l'oiseau s'en ira aussitôt. — Je vous remercie de votre conseil ? dès demain matin j'irai au bois.» Le curé s'en alla en se frottant les mains. Le lendemain mann, la jeune fille s'en alla se promener dans la grande allée solitaire du bois. «Monsieur le curé a eu une excellente idée, pensait-elle. Il fait bien bon ici au milieu des arbres et des
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CONTES PICARDS
fleurs qui sentent si bon. J'y
reviendrai.» Mais tout à coup, elle entendit dans le fond du bois: «Frouc! frouc! frouclfrouc!
— L'oiseau!
je n'ai qu'à bien me tenir. Mais au fait, il est trop loin, et rie viendra pas jusqu'ici.» Et elle se. promena encore. «Frouc! frouc! frouc! frouc! fit l'oiseau tout près.» La jeune fille voulut s'enfuir, mais les cris devenant plus mena- çants, elle s'arrêta, releva sa robe et sa chemise et se couvrit les yeux. Notre curé
— on
a bien deviné que c'était lui qui faisait frouc! frouc! dans le taillis — ne perdit pas de temps. Vite il releva sa soutane, saisit son membre et le plaça à l'endroit voulu. Mais la jeune fille: «Mets ton bec dans mon con si tu veux, tu ne pourras pas le mettre dans mes yeux!»
CONTES PICARDS X$3
XIX
LA GRENOUILLE ET LE CRAPAUD
HWpre grenouille et un crapaud s'en al- RlaWlaient un jour à la ville. Le soir vint, et nos deux voyageurs trouvant une femme endormie au bord de la route se blottirent Fun dans son con et l'autre dans son cuL Peu après passa un berger. «La jolie fille! dit- il. Je vais la baiser!» Il releva les jupons et la chemise de la fille et par trois fois la monta. Puis il s'en alla. La femme se ré- veilla, se leva et fit tomber la grenouille et le crapaud. Quand elle fut partie : «Eh bien ! dit la grenouille. — Ah! quelle peur j'ai eue! On m'avait vu sans doute car il est venu par trois fois un é tic hoir (seringue) dont on a failli me noyer. — Et moi donc ! Un forgeron est venu me frapper des ses marteaux pendant plus d'une heure. Heu- reusement que la porte était soude!» Et grenouille et crapaud reprirent leur route.
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CONTES PICARDS
XX
LE LAVEMENT DU CURÉ
n jour une femme malade alla con-
BLa3Bsuiter
son curé qui lui donna Tor* donnance suivante: Rentrez chez vous, pre* nez telle et telle plante, et mettez-les bouillir dans cinq litres d'eau. Laissez refroidir et faites-vous donner un lavement Répétez chaque jour trois fois, et dans une semaine, vous serez guérie. — Faut-il commencer aujourd'hui, monsieur le curé ? — Certaine- ment, et même tout de suite. — Mais... c'est qu'il n'y a personne à la maison. — Eh bien... je /n'ai rien à faire pour l'in- stant, je vous aiderai. La femme ac- cepta et revint à la maison avec le curé. Les herbes furent trouvées et l'opération achevée. «Monsieur le curé, dit la paysanne; je sens que cela me fait déjà du bien. Quand devrai - je recommencer? — Dans trois heures. J'ai besoin de sortir, mais je re- viendrai au moment voulu. Adieu!» Le temps fixé s'écoula et le curé ne revint pas, La femme s'impatientait; mais tout à coup: «Que je suis sotte! j'ai là ma fille; elle saura
CONTES PICARDS
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bien m'administrer le lavement.»
Elle prit la seringue, la remplit et expliqua à sa fille ce qu'il fallait faire. Puis elle releva ses vêtements, se baissa et écarta les jambes. L'enfant, apercevant deux trous, s'écria: «Oh! ma mère, lequel est-ce des deux; si c'est celui du bas, point n'est besoin de seringue; il est si grand que je puis y verser à même le seau!»
XXI
LA FEMME COUVEUSE
ÉPiciÈRE avait une cane. Elle prit douze œufs, les mit dans un panier sans anse et les lui donna à couver. Tout allait bien quand un matin la femme trouva l'animal mort sur les œufs encore tout chauds. «Quel malheur! s'écria-t-elle. En- core un jour et les petits canards allaient naître. Si je couvais à la place de la cane, bonne idée!» Et l'épicière releva ses vête- ments et s'accroupit sur les œufs. Une heure après, un voisin entra. «Bonjour, femme.
CONTES PICARDS
Donnez-moi une livre de sucre. —
Bonjour, voisin. Je ne puis vous servir. Ma cane est morte et je couve à sa place. Je ne puis bouger. — Qu'à cela ne tienne, je couverai un instant à votre place.» L'homme fît glisser ses culottes, s'accroupit et se couvrit de sa blouse. L'épicière prépara le sucre demandé, puis, passant la main sous la blouse du voisin pour voir si les œufs étaient bien chauds, elle saisit le membre de l'homme. «Dieu ! s'exclama-t-elle. Ce ne sont point des œufs de cane que j'ai mis à couver : ils sont déjà éclos; j'en tiens un par le cou, pour sûr, ce sont des oisons!»
XXII
JEAN QUATORZE-COUPS
out près d'ici, vivait il y a déjà long-
BBtemPs une veuve dont le fils était chasse-manée, autrement dit, domestique dans un moulin. Jean — c'était le nom du jeune homme — avait vingt-quatre ans et jamais n'avait songé à se marier. On disait
CONTES PICARDS
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dans le village que c'était une
sorte d'innocent, de garçon sans esprit et je crois que l'on n'avait point tort Sa mère lui dit un jour: «Voyons, Jean, as-tu donc juré de rester fils (célibataire) ? Chacun se moque de toi dans le village; on dit que tu n'es pas comme un autre, et bientôt aucune fille ne voudra de toi pour se marier. Il faut songer sérieusement à cela. — Je vais vous dire, maman, c'est que je ne sais pas ce que c'est que se marier, ni pourquoi on le fait. — Pourquoi? grand innocent! Mais pour coucher avec une femme; si tu savais comme c'est bon! — Vraiment? Alors je me décide; je veux me marier, mais tout de suite, dans huit jours au plus tard. — Il te faut une prétendue. Tu es garçon meunier; je vais au moulin trouver ton maître. Il a une jolie fille, je la demanderai pour toi. — Oui, ma mère.» ' La mère courut au moulin et expliqua au meunier et à sa fille l'objet de sa visite. Le prétendu fut agréé et le mariage célébré quelques jours après. La première nuit des noces Jean s'endormit pour ne se réveiller que le lendemain matin et se lever aussi- tôt. Sa femme à peine habillée, courut trouver sa mère et se mit à fondre en larmes. «Eh bien ! ma fille, qu'est-il arrivé ?
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CONTES PICARDS
— Il
est arrivé que vous m'avez mariée à un homme qui n'est pas comme un autre* Cette nuit il ne m'a pas seulement touchée. A peine dans le lit, il s'endort comme une souche absolument comme s'il couchait avec un homme. — Attends, ma fille, je m'en vais le sermonner.» La vieille meunière alla au moulin et fit la leçon à son gendre. «Vous comprenez bien, Jean, que si je vous ai donné ma fille, c'est pour que vous l'a- musiez la nuit. — L'amuser, mais comment ?
— Voyons,
tout à l'heure, vous asseoirez votre femme sur le bord du lit, vous la déshabillerez et vous en ferez autant. Puis vous l'embrasse- rez, monterez et sauterez sur elle le plus de fois possible. Vous verrez comme vous serez heureux tous les deux.» A peine rentré, Jean fit ainsi qu'on venait de le lui dire, à la grande joie de sa femme qu'il coucha sur le' lit. Puis courant à l'autre bout de la chambre et revenant il sauta sur sa femme, recula, sauta, embrassa, se livrant pendant deux heures à une gymnastique effrénée. «Voyons, Jean, es-tu fou? ne cessait de lui répéter1 sa femme. De grâce, cesse de te fatiguer et de m'éreinter. — Non, non, je ne cesserai pas encore. Je sais ce qu'il faut faire maintenant. Qu'importe, le ma-
CONTES PICARDS
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riage n'est pas ce qu'on m'avait dit
f» Enfin, épuisé et n'en pouvant plus, il se coucha. Le lendemain, la belle-mère revint pour savoir comment la nuit s'était passée. La fille raconta les fatigues inutiles de la veille et se plaignit encore plus fort. «Cette fois, c'est de ta faute, dit la mère. Quand il sautait sur toi, si tu l'avais retenu et serré dans tes bras, les choses ne se seraient pas passées ainsi. Tu seras plus avisée ce soir quand Jean recommencera.» Le soir arrivé, Jean s'apprêta à recommencer les exercices de la veille. Mais sa femme l'arrêta, le re- tint dans ses bras et le serra contre elle. Le membre de Jean se leva, la femme le prit et le mit à l'endroit voulu. L'homme com- prit aussitôt, et de suite, sans s'arrêter, il tira quatorze coups. Point n'est besoin de dire si sa femme était satisfaite! Le jour venu, elle se leva et s'en
fat dire à sa mère le nombre merveilleux de foutages que son mari lui avait administrés. La bonne pièce de femme, bavarde comme toutes ses pa- reilles, n'eut rien de plus pressé que d'aller chez ses voisines porter l'étonnante nou- velle. De proche en proche, de village en village, tout le canton eut connaissance du fait, et Jean ne fut plus appelé que Jean
i6o
CONTES PICARDS
Quatorze-Coups. Le juge de paix du bourg voisin était déjà vieux et sa femme était toute jeune. Elle entendit parler des exploits de Jean et ne put s'empêcher de faire une comparaison, fâcheuse pour le juge, entre les quatorze coups du meunier et Punique par semaine du vieux juge de paix. Aussi se promit-elle de faire connaissance de Jean Quatorze-Coups et de l'amener à coucher avec elle. Comme à cette époque riches et pauvres cuisaient leur pain, les meuniers ou chasse-manées allaient de maison en maison chercher le blé à moudre. Jean Quatorze-Coups, quelques mois après son mariage, entra chez le juge. «Y a-t-il du blé? cria-t-il. — Oui, entrez, répondit la femme qui était seule à la maison.» Jean Quatorze-Coups attacha ses mulets et entra. «Asseyez-vous, Jean, et buvez ce verre de via» Jean but plusieurs verres, causa de pluie, de beau temps, de récoltes. Puis la maligne femme du juge lui demanda pour- quoi il s'appelait Jean Quatorze-Coups. «Je veux bien vous le dire, madame. Quand je me suis marié, je ne connaissais rien aux choses du mariage, et pendant les pre- mières nuits je n'ai rien fait à ma femme. Ma belle-mère m'a renseigné et j'ai fait la
CONTES PICARDS
161
chose quatorze fois sans m'arrêter.
Les femmes, sauf votre respect, sont bavardes, et la chose s'est sue. Voilà d'où me vient mon nom. — Alors, ce n'est point une plai- santerie ? — Pour cela, non, et vous pourrez le demander à ma femme. — Mais----pour- riez-vous recommencer ... avec moi, par exemple ? — Certainement ! répondit le meu- nier qui voyait où la femme voulait en venir. Je vous parie six cents francs, que je ferai les quatorze coups sans m'arrêter. —- Entendu. Mon mari est absent; couchons-nous.» Jean Quatorze-Coups et la femme du juge de paix se couchèrent et le jeune marié se mit à la besogne. «Un ! compta la femme .... Deux! . . Trois! . . Quatre! . . Cinq! . . Six !.. Douze ! .. Treize !.. plus qu'un seul!» Le dernier était en train quand la porte de la rue s'ouvrit et la clochette sonna. «Dieu! le juge! s'écria la femme en sautant en bas du lit.» Le meunier s'habilla à la hâte, sa compagne en fit autant; le lit fut remis en place et le vieux juge entra sans s'apercevoir de rien. Le meunier prit un sac de blé et l'emporta au moulin. Le lendemain il revint chez la femme. «Et mes six cents francs? — Vous n'avez rien gagné, puisque le quatorzième n'a pas été
KcimTaSia. h. ii
x62
CONTES PICARDS
achevé. — Nous plaiderons s'il en
est ainsi.» Jean Quatorze-Coups fit citer la femme devant le juge de paix. «Qu'avez-vous, plaignant? demanda l'homme de loi. —Voici, monsieur le juge. J'ai parié avec votre femme d'abattre quatorze noix à votre noyer d'un seul coup de gaule. J'ai abattu les quatorze noix mais parmi elles, il s'en trou- vait une qui n'était pas bonne et votre femme refuse de me payer les six cents francs de la gageure. Comme je n'avais pas garanti les noix pour la qualité mais pour la quan- tité, je pense avoir gagné. — Est-ce vrai, cela? demanda le juge à sa femme. — Oui, c'est vrai. — Alors, je te condamne à payer six cents francs au plaignant; les frais et charges de l'affaire étant en plus à tes dé- pens!»
contes picards
XXIII
LE PARI DU DOMESTIQUE
In
certain domestique
courtisait la fer- mière et la pressait depuis longtemps de se donner à lui. «Écoute, lui dit un jour celle-ci. Voici ce que je te propose. Mon mari est absent. Nous allons nous mettre tout nus et nous coucher ensemble. Si tu restes une heure sans que ton membre se redresse, tu gagneras cent écus et tu feras avec moi tout ce qu'il te plaira dans la suite. Acceptes-tu? — Entendu, entendu 1» Le domestique sortit pour un instant et s'at- tacha entre les jambes la pinne avec un petit cordon. Puis il revint se coucher avec la fermière. Celle-ci aussitôt se mit à le caresser tant et si bien que le lacet se cassa et que la pinne se redressa plus vigoureuse que jamais. «Tu as perdu! dit la fermière* — j'ai
gagné au contraire. Vous me devez cent écus. — Nous plaiderons alors.» On alla devant le juge et là le domestique dit: «j'ai
parié avec ma patronne d'attacher un jeune poulain à un piquet. Le licou a cassé parce qu'il n'était pas solide. Mais j'ai at-
ii*
164
CONTES PICARDS
taché le poulain. — Est-ce vrai,
madame? — C'est vrai, monsieur le juge. —- Alors, vous avez perdu. Payez votre domestique!»
XXIV
LES FILLES A CONFESSE
[ne jeune fille s'en vint à l'église pour
se confesser. Elle se mit à genoux sur le petit banc du confessionnal et com- mença sa confession. «Mon père, dit-elle, j'ai beaucoup péché. Je mens fort souvent ;
je n'assiste pas toujours aux
offices.....»
Et la jeune fille continua ainsi
réservant pour la fin un autre péché bien plus grand et qu'elle n'osait avouer à son confesseur. En- fin, il fallut y venir. «Mon père, l'autre soir j'ai rencontré mon amoureux au coin de la grande place : nous avons bavardé long- temps; il m'a pris la main et l'a mise dans son pantalon. J'ai senti sa pinne je me suis jouée avec. — Ma fille, votre main est im- pure. En sortant de vous confesser vous la plongerez dans le bénitier pendant deux
CONTES PICARDS
l65
heures.» La jeune fille toute
confuse alla au bénitier et y plongea sa main. Une de ses amies vint à passer pour aller se con- fesser. «Que fais-tu la main dans l'eau bénite ? — Ne m'en parle pas ; c'est la pénitence que m'a imposée monsieur le curé parceque mon amoureux m'a mis la pinne dans ma main? — Jour de Dieu! Et moi donc? Quelle pénitence vais-je avoir, puisque mon amoureux m'a mis la sienne dans mon cul ?»
XXV
LE VOYAGEUR EMBOURBÉ
kr voyageur revenait un soir de la
ßS^B ville. La voiture était
lourdement chargée; aussi dans un chemin creux, elle s'embourba tellement que l'homme eut beau encourager, crier, frapper, taire tous ses efforts, il ne put sortir du mauvais pas où il se trouvait. Voyant une ferme à côté, le voyageur prit parti de laisser là sa voiture et d'aller demander l'hospitalité dans cette maison. On le reçut fort bien et, comme on
i66
CONTES PICARDS
allait souper, on le fit mettre à
table. La . femme était fort jolie et notre voyageur eut bientôt perdu sa mauvaise humeur en cau- sant avec la paysanne. La femme étant descendue à la cave pour y chercher du cidre, le mari la suivit. «Ce voyageur a l'air comme il finit, nous ne pouvons pas le mettre coucher dans la^ grange. — J'y pensais et je n'osais pas t'en parler. Nous n'avons qu'un lit, c'est vrai, mais il est assez large pour nous trois. Nous le mettrons coucher avec nous. — Bonne idée, François; tu as bon cœur!» Le souper achevé, l'homme invita le voyageur à se coucher avec eux, et bien entendu ce dernier accepta. On se coucha et le mari s'endormit dans un coin du lit. L'étranger sentant contre son corps celui de la jeune femme n'y put bientôt plus tenir. Il passa la main sous les jambes de la femme, et la chatouilla au bon endroit. Puis il prit sa pinne et commença à travailler ferme. Alors, criant comme s'il rêvait, il se mit à dire! «Oh! Dia! Hiu! Ohi! Ohi!» Le mari se réveilla. «Entends-tu, femme, notre voya- geur. Le pauvre homme se croit encore embourbé et il excite ses chevaux. — Oh oui! il se croit embourbé et il a raison; le trou dans lequel il est arrêté est si profond
CONTES PICARDS
167
qu'il n'en sortira pas sans
décharger!» Et k mari se rendormit tandis que le voyageur bourrait la femme.
vabiantb
: Le voyageur est un Anglais qui ne com- prend pas le français. On se couche, la femme au milieu. L'Anglais bourre la femme par derrière. Le mari se re- veille et s'en
aperçoit. «Je crois qu'il te baise! dit-il. — Moi aussi, je le pense. — Dis-lui donc de
cesser. — Dis-lui toi ! Tu sais bien
qu'il ne comprend pas le fran- çais. Ce n'est pas la peine de le lui dire.» Le mari convaincu se rendort et l'étranger et la femme continuent leur manège.
XXVI
LE CURÉ ET LE SACRISTAIN
Ie
curé et le sacristain
courtisaient tous deux la même fille. Profitant de ce que les parents étaient aux champs, le sacristain s'en alla voir sa prétendue* Au moment où il arrivait à la maison de celle- ci, il aperçut le curé qui entrait. Le sacristain resta aux écoutes près de la porte et il en- tendit le curé qui demandait à la jeune fille d'aller avec lui dans la grange. Vite le
l68 CONTES
PICARDS
sacristain y courut et se cacha sous
quelques bottes de paille. Un instant après le curé y entrait avec la fille, la jetait sur le tas de gerbes et la baisait Quand ce fut fini, la fille dit: «Mais, monsieur le curé, si jamais il arrivait que vous m'ayez fait un enfant, que ferais-je? — Une chose bien simple, tu le mettrais sur le dos du sacristain. Tout le monde le croirait!» Mais le sacristain se relevant et sortant de sa cachette : «Vrai- ment, monsieur le curé, il ne manquerait plus que cela! M'a voir fait l'enfant sur le ventre et vouloir me le mettre sur le dos!»
TABLE
dbs
CONTES PICARDS.
pages.
I. L'Esprit conjuré......... 1x5
II. La Malin serviteur........ 1x7
III. Les
trois Noms du domestique ... 1x9
IV. Le
Mendiant marchand d'Esprit . . . xsx V. Le
Chariot dans le ventre du Curé . . 123
VI. Le Curé péteur.......... xa6
VU. Le Pape dans Rome........ xa8
VIII. Le Planton du
Colonel....... 139
IX. Le Soldat au Couvent....... 133
X. Les
deux Frères et leur Femmes ... 135
XI. Les Écrevisses du Curé....... 137
XIL Le
Jeune homme qui ne voulait pas se
marier ............ 139
XIII. Le
Curé faiseur d'Oreilles ..... 141
XIV. Le
Cochon du Curé........ 143
XV. La Veuve inconsolable....... 147
XVL Le
Coup de Cornes de la Vache ... 148
XVII. Les Gens bien élevés....... x49
XVIII. L'Oiseau Frouc
frouc....... 150
XIX. La
Grenouille et le Crapaud .... xs3
XX. Le Lavement du Curé....... x54
TABLE
XXI. La Femme Couveuse....... 155
XXII. Jean Quatorze.Coups ....... 156
XXIII. Le
Pari du Domestique....... i93
XXIV. Les
Filles à Confesse....... 164
XXV. Le Voyageur embourbé ...... 165
XXVI. Le Curé et le
Sacristain...... 167
TTÎT
SCHWEDISCHE
SCHWANKE UND ABERGLAUBEN
aus
NORLAND.
I
DIE DREI WIRTOSTÖCHTER
In
war einmal eine Wittwe mit
einem Sohn, der durchaus nicht arbeiten wollte. Er kümmerte sich um nichts und nährte sich bloss von Bettelei. Während er sich nun einmal auf dem Lande um- hertrieb, kam er zu einem Gastwirth, bei dem er auch wirklich in Dienst trat und so viel arbeitete, dass er ein Pfund Mehl ab
17*
SCHWEDISCHE SCHWANKE
Lohn bekam. Dass er soviel bekam,
war allerdings ein grosses Wunder. Als er nun seinen Lohn erhalten hatte, sagte der Wirth zu ihm : «Mach dich jetzt nach Hause, damit deine Mutter auch etwas davon hat» So begab er sich denn auch auf den Weg, aber es ging verdammt langsam; doch langte er endlich bei der Mutter an, die über das Mehl sehr froh war und sich alsbald daran machte, einen Brei zu kochen. Ja, aber es war kein Wasser zu Hause und sie selbst war alt und gebrechlich und konnte nicht nach dem Fluss gehen, um welches zu holen, so dass sie den Sohn bat, er möchte doch nach einem Eimer Wasser gehen. Zwar . meinte er, das wäre unmöglich; er könne nicht gehen, da er so fleissig gearbeitet hätte ; aber am Ende musste er doch an den Fluss und Wasser holen. Als er nun dort- hin kam und den Eimer ins Wasser tauchte, so zog er in demselben einen Hecht heraus, der aber heftig schrie und fort wollte : «Nein, dachte der Bursche; es wäre doch gar zu hübsch, wenn wir zu dem Mehlbrei etwas zum Zuessen hätten ;» und deshalb wollte er den Hecht nicht wieder ins Wasser lassen. Dieser hörte jedoch nicht auf zu bitten und versprach endlich, dass wenn er freigelassen
UND ABERGLAUBEN
173
würde und wieder in den Fluss käme,
so solle der Junge drei Wünsche1 frei haben, die sämmtlich in Erfüllung gehen würden. Da konnte letzterer nicht länger widerstehen, ging auf das Anerbieten ein und that folgende drei Wünsche. Erstens sollte er soviel Geld bekommen, dass er zu Hause die Banknoten packetweise vorfände ; zweitens sollte er bei den drei Töchtern des Gastwirths schlafen dürfen ; und drittens sollte die Maus einer jeden mit Sprache begabt sein.8
Der Hecht versprach, dass alles dies
ge- schehen würde, und wirklich auch fand der Bursche zu Hause überall grosse Packete Bankanweisungen, mit denen er sich die Taschen vollstropfte und nach dem Wirths- hause begab, woselbst er ein Fässchen Brannt- wein verlangte. Als der Wirth dies hörte, fuhr er auf und fragte, womit er denn den Branntwein bezahlen wolle, er, der ein so armer Teufel wäre. Der Bursche wurde über diese Frage wie toll und warf ein grosses Packet Papiergeld auf den Tisch, so dass nun die Reihe der Beschämung an den Wirth kam und er gern wissen wollte, wie jener zu so viel Geld gekommen wäre. Dieser aller wollte es ihm nicht auf die Nase binden, sondern sagte bloss, dass er zu Hause
174
SCHWEDISCHE SCHWANKE
noch mehr hätte, und bekam in Folge
dessen so viel Branntwein zu trinken, wie er nur irgend wollte. Der Wirth setzte sich dann zu dem mit Geld gespickten Gaste und trank mit demselben, bis es Abend wurde und als dieser zur Bettzeit meinte, er möchte wo mit einer von des Wirthes Töchtern zu- sammenschlafen, hatte Letzterer auch nichts dagegen, vielmehr geschah was der .Gast wünschte, und er schlief bei einer von den Mädchen.
Als es Morgen wurde, wollte der
Wirth wissen, wie das Mädchen sich bei Nacht er- wiesen, worauf der Gast erwiderte, sie hätte sich zwar ganz wacker benommen', doch möchte er wol auch die zweite Schwester probiren. Darauf wollte der Vater sich nicht einlassen, hatte jedoch nichts dagegen mit seinem Gaste bis zum Abend zu trinken. Da endlich bewilligte er dessen Begehren und jener durfte sich mit dem zweiten Mäd- chen zu Bette begeben, worauf der Wirth am folgenden Morgen wiederum wissen wollte, wie es dem Gaste ergangen wäre und dieselbe Antwort erhielt, wie am vorigen Tage, mit dem Zusätze, dass der Bursche nun auch mit der dritten Tochter die Nacht zubringen wollte. Obwoi nun dieser An-
UND ABERGLAUBEN 175
trag mit grosser Bestimmtheit
abgeschlagen wurde, ging es doch schliesslich wie die beiden ersten Male ; der Wirth trank mit dem Gast bis zum Abend, und dieser durfte das dritte Mädchen zu Bette begleiten. Am nächsten Morgen fragte denn auch der Wirth seinen Gast, wie es ihm überhaupt mit den Mädchen ergangen wäre, «Ja, erwiderte dieser, sie haben sich ganz brav benommen, aber sie Hessen sich doch 'knüllen'.» Da wurde der Wirth ganz aufgebracht über die Aeusserung des Burschen und forderte ihn darüber vor Gericht, wo der Richter den Beklagten fragte, ob er beweisen könne, was er gesagt. Ja, das könne er, antwortete der Bursche, und das älteste Mädchen wurde hereingerufen. Dieser schlug der Beklagten auf die Maus und fragte : «Wieviel mal hast du dich knüllen lassen?» — «Dreimal!» ant- wortete der befragte Theil. Darauf wurde das zweite Mädchen herein gerufen und die Antwort lantete: «Zweimal.» Als nun das älteste Mädchen hinaus ging, sagte sie zu der jüngsten, sie solle in ihre Maus einen kleinen Strohhalm stecken. Diese that also, und als sie hereingerufen wurde, liess ihre Maus kein Wort vernehmen, so dass der Richter zu dem Beklagten sagte, mit seiner
SCHWEDISCHE SCHWANKE
Sache stünde es schlecht. «O,
erwiderte jener, noch lange nicht,» und als der Richter das Mädchen hinausgehen liess, gab ihr der Bursche, wie sie an die Thüre kam, einen so derben Fusstritt vor den Hintern mit den Worten: «Wie oft hast du dich knüllen lassen?», dass der Strohhalm zu Boden fiel und die Maus mit lauter Stimme antwortete: «Einmal und da war ich nicht bei Sinnen» Der Richter hörte nun, dass der Beklagte die Wahrheit geredet und sprach ihn frei.
# II
«BOLLSASSA,* DRAUF LOS!»
s war einmal ein Mädchen, die viele Freier hatte, aber keinen davon zu ihrem Bräutigam erwählen wollte und zwar deswegen, weil sie sehr liebesüchtig war und es für am besten hielt, von je mehr Lieb- habern sie geknülltt wurde. Dies ahnte einer derselben und beschloss sich an ihr zu rächen,
* Boll sa ss a ist ein
unbekanntes Wort.
UND ABERGLAUBEN 177
und zwar hatte er sagen hören, dass
wenn man einen Mann und eine Frau bei der Liebesarbeit sähe und dabei sagte: «Boll- sas sa, drauf los!» so sollten sie nicht auf- hören können, ehe derselbe Zuschauer sagte : «Komm just ins Horn!»* Dies wollte er nun an dem Mädchen versuchen.
Er schlich sich daher eines Abends
in ihre Stube und kroch unter das Bett, so dass, als das Mädchen kam, sie ihn nicht merkte. Bald nachher kam einer von den Freiern und legte sich zu ihr: sie hatten aber nicht lange gelegen, so veranlasste das Mädchen ihren Liebhaber, das Liebesspiel zu beginnen, weshalb der unter dem Bett es für Zeit hielt zu sagen: «Bolls a s sa, drauf los 1» in Folge wovon die im Bett Be- findlichen ihre Arbeit ununterbrochen fort- setzten. Als jener jedoch zuletzt merkte, dass Letzteren beinahe das Leben ausging, sagte er: «Komm just ins Horn!» und da hörten sie auf, worauf sie sich endlich er- holten. Das Mädchen aber wollte von Stund an niemals mehr als einen Freier haben.
* Ko m pass i hornet; gleichfalls
Unverstand« liehe Worte.
12
■78
SCHWEDISCHE SCHWANKE
m
DER WÄCHTER *
?» Student war einmal unterwegs und
Bauernhöfe kam, der sehr unreinlich
und tmbehaglieh aussah. Die Bäuerin säss am Heerde und krämpefte Werg, wahrend die Kinder in der Stube umher lärmten und witthschafteten. Ein Junge, Namens Pelle, ' stand am Fenster und sah wie der Student auf den Hof zukam, so dass er der Mutter zurieft «Mämme, da kommt ein Mann!» Nun war es aber so, dass die Kinder sich auf dem Tische ausgemacht hatten und die Excremente auf demselben in einem Haufen zusammenlagen ; daneben aber stand eine Schüssel Damit nun nicht die Bescheerung gesehen würde, sagte die Bäuerin: «Pelle, decke die Schüssel Über den Haufen,» und
* Gramus tuet due; vgl. Ztschf
ft. f. Ethnöl. fcerKn. 1874.
S.
75.
*• Viaticum heisst die
freiwillige Unterstützung, welche Studierende auf der Reise von Hof zu Hof ein- sammeln, wenn sie sich zum ersten Mal nach der Aka- demie begeben. Man nennt dies viaticieren.
UND ABERGLAUBEN
179
der Junge that also. Die Kinder
aber hatten auch auf andere Stellen in der Stube ihre Nothdurft verrichtet, und als der Student über die Schwelle schritt, trat er gerade mitten in einen solchen Haufen. Ueberrascht blieb der Student stehen, sah sich seine Stiefel an und sagte: «Meiner Treue, so etwas habe ich doch noch nimmer gesehen 1» Pelle, der auf dem Tische sass, hörte dies und hob die Schüssel von dem Haufen, wobei er ausrief: «Ja, hier sollt Ihr wol so etwas zu sehen bekommen 1»
IV
DIE ZWEI STUDENTEN AUF DER REISE
In
waren einmal zwei
Studenten auf der Reise, und als es eines Tages spilt wurde, mussten sie ein Nachtquartier suchen, konnten aber nirgend welches finden ; denn sie wurden überall abgewiesen. Da nun nichts anders zu thun war, sahen sie sich gezwungen, List anzuwenden. So gingen sie denn in den letzten Bauernhof, der noch
12*
l8o
SCHWEDISCHE SCHWANKE
übrig war, hinein, uud da sie wieder
den Bescheid erhielten, dass kein Platz für sie vorhanden wäre, so 'äusserten sie, dass wenn man nur wüsste, was für Leute sie wären, würde man ihnen sicherlich ein Nachtlager nicht abschlagen. «Nun, meinte der Bauer, was seid ihr denn für Leute?» — «Ja, hiess es, wir sind Propheten, und sind aus, den Menschen zu verkünden, welch grosse Dinge heute Nacht geschehen sollen.» Als der Bauer dies hörte, so änderie er bald den Ton und nahm sie in sein Haus auf, worauf er von den Studenten erfuhr, dass in der Nacht eine grosse Sündflut kommen würde, so dass sie ihre Wirtsleute aufforderten, sich vor aller Gefahr wol zu hüten. Diese zeigten sich sehr dankbar und trafen alle Anstalt, um in der Wassernot nicht zu er- trinken; sie machten den Backtrog unter dem Dache fest und legten sich hinein schlafen. Die Studenten bekamen ihre Schlafstelle in der Kammer angewiesen, und damit die Haustochter gegen alle Gefahr gesichert wäre, wurde sie zu ihnen hineingelegt
Da geschah es nun, dass der Liebste
des Mädchens bei Nacht ans Fenster klopfte und zu ihr hineinwollte, dass aber einer von den Studenten statt ihrer antwortete, sie wäre
UND ABERGLAUBEN l8l
so krank, dass sie alle Augenblick
fürchtete, ihr ginge die Seele aus. «Ja, erwiderte der Liebste, bist du so krank, so lass mich doch wenigstens dich noch einmal küssen, ehe du stirbst». — «Ja, das soll geschehen,» lautete die Antwort und der Student schlich sich ans Fenster. Es war aber eine ganz finstere Nacht und der Himmel mit dunkeln Wolken bedeckt, so dass man keine Hand vor den Augen sehen konnte. Der Student steckte daher den Hintern zum Fenster hinaus, und der Liebste des Mädchens zögerte nicht denselben zu küssen.8 «Du hast ein ge- schwollenes Gesicht, und riechst auch stark aus dem Munde,» meinte der Bursche, der in Folge davon von Mitleid ergriffen wurde und fragte, ob das Mädchen etwas zu sich nehmen wolle; er würde dann nach Hause gehen und etwas Gutes holen. Nun hatte der Student im Laufe des Tages nicht son- derlich viel in den Magen bekommen und antwortete daher, das solle der Liebste nur immerhin thun; was denn auch geschah. Er brachte von Hause einen ganzen Eimer voll Speise ans Fenster und reichte diesen hinein, welchen auch der Student bereit- willig entgegennahm und nach einiger Zeit wieder zurückgab; doch war er da fast
IÔ2 SCHWEDISCHE SCHWANKE
ebenso schwer wie vorher. «Ja,
dachte der Liebste, es muss mit ihr wirklich sehr übel bestellt sein, da sie so wenig isst,» und ging dann ganz traurig nach Hause. Dort an* gelangt, wollte er seiner Mutter zeigen, wie wenig sein Schatz gegessen hatte; aber als sie in den Eimer guckten, sahen sie nichts anderes, als was der Student durch die hin- tere Ocffhung von sich gegeben hatte. Da wurde Mutter und Sohn höchst erbittert, und der letzte beschloss sich zu rechen. Er steckte das Schüreisen ins Feuer, machte es gltthroth und begab sich cur IJebste*, die er von ganzem Herzen bat, steh vor ihrem Tode doch noch einmal von ihm küssen zu lassen ; und wirklich auch schleppte sich der Student unter Jammern und Klagen mis Fenster, wo er, wie er früher gethaa, tien Hintern hinaussteckte. Aber statt den- selben zu küssen, stiess der Bursche das glühende Schüreisen dem Studenten in des After, so dass er auf das heftigste schrie: «Wasser, Wasser 1»
Der Bauer und seine Frau, welche
unter dem Dache kgen, horten das Geschrei ; sie -glaubten, dass nun die Flut kirne, und schnit- ten die Stricke •durch, woran der Trog hing,
UJfP ABEft0LAU»Elf IÄJ
worauf dieaer, sowie sit seifest
euf den Fuss- bod-en fielen und fast dit» Genick brachen.
WER EINFACH GIERT, PEM $OU* ZEHN- FACH VERHOLTE** WERPES4
« war einmal ein Laodpfarrer, der
Bi^&j über den Text predigte,
dass d*n% der einfach gäbe, zehnfach vergolten werden »olle, und über diese Worte grübelte d*r Küster so lange noch, feis *r endlich jm dem Schlüsse Jkam, wenn er dem Pfarrer seine Kuli gäbe, so bekftme er dafür £*hn mim wieder. Er nahm daher seine Kuh uni brachte sie dem Pfarrer mit der Bitte
mit «denselben vorlieb
gm -nehme*»; er g*be wtas «r könne. Oer P&rrer war *ehr froh über •das hübsche Thier, jpahm estera und
daalkm «dafür bestens; doch bat
der Küster rum «ine Ktewigkeit. «Meine Kuh ist gewannt Glwkt zu trage», sagte er; wird ihr >nu» •diese genommen, so wird sie sicherlich vf&v tammea;» «r bitte daher scböwrte*M,
V
l84
SCHWEDISCHE SCHWANKE
sie vor wie nach die Glocke trüge
und des Pfarrers Leitkuh würde. Der Letztere hatte nichts dagegen und hiess deshalb seine Magd, des Küsters Kuh die Glocke umzu- hängen. Dies geschah, und die andern Kühe folgten derselben zur Weide. Als es nun am ersten Tage Abend wurde, fing das Vieh an heimwärts zu gehen, und nach alter Ge- wohnheit ging die Leitkuh nach ihrem frühe- ren Stalle, wobei die andern Kühe ihr folgten, und auch der Küster nichts dagegen hatte, vielmehr glaubte, dass alles so in der Ord- nung wäre.
Da also die Leute des Pfarrers ihr
Vieh nicht nach Hause kommen sahen, mussten sie hinaus, um es zu suchen, wobei sie er- fuhren, dass es im Stalle des Küsters wäre, und dies berichteten sie alsbald ihrem Herrn. Dieser liess sogleich den Küster holen, um ihn zu befragen, wie er zu seinen (des Pfarrers) Kühen gekommen wäre ; und nach einiger Zeit erschien jener gut gelaunt wie gewöhnlich, denn obgleich der Pfarrer sehr böse war, wollte ér es doch nicht sein. «Wie kommt es denn, dass ihr alle meine Kühe an euch gebracht habt?» fragte der Pfarrer. «Ja, schauen's, antwortete der andere, der Herr Pastor sagte ja vorigen Sonntag, dass
UND ABERGLAUBEN 185
wer einfach gebe, der solle zehnfach
wieder- bekommen, und da ich dem Herrn Pastor meine einzige Kuh gegeben habe, so ist es wol recht, dass mir dafür seine zehn Kühe zu Theil geworden sind.» Zwar wollte der Pfarrer auf diese Rede nicht eingehen, aber der Küster Hess nicht davon ab und bestand darauf, die Kühe wären sein. Endlich kamen sie Überein, dass derjenige von ihnen, der dem andern zuerst einen guten Morgen böte, der solle alle Kühe bekommen; und dabei blieb es.
Als es nun am Sonnabend Abend dunkel wurde, begab sich der Küster nach der Hof- stätte des Pfarrers und kletterte auf eine hohe Eberesche, die auf dem Hofe stand und blieb da sitzen, bis es zu tagen anfing. Da kam bei Nacht der Pfarrer aus dem Hause und ging zu einer von den Mägden, die in der Scheune schlief; er blieb bei ihr eine Zeit lang und kam dann mit ihr heraus auf die Scheunenbrückc,* weil sie ihr Wasser lassen wollten. Als dies geschehen war, griff er ihr unter die Röcke ans Gemächt und fragte: «Was ist das für ein Ding?» — «Aegypten», antwortete sie und fragte zu-
* s. Kmunr. Bd. 1,
s.
33a. No. 16.
£6 SCHWEDISCHE SCHWANKE
gleich, indem sie ihm in die
Hosen fasttt; «Was ist das fur ein Ding?» — «Moses», y er- setzte er, und lasse Moses durch Aegypten stehen I» Sie hatte dagegen nichts einzu- wenden, und so gingen sie beide wieder hinein. Nachdem der Pfarrer ziemlich lange in der Scheune geblieben war, begab er sich in sein Wohnhaus und erschien bald darauf in seinem Sonntagsornat mit ganz ernst- hafter Miene. Indem er alsdann an der Eber- esche vorüberging, rief der Küster: «Guten Morgen, guten Morgen, Herr Pastor!» — Ueberrascht sah dieser empor in den Baum und erblickte dem Küster, worauf er ihn fragte: «Wie lange habt ihr da gesessen ?~~ «Seitdem Moses durch Aegypten zog,» lautete die Antwort, worauf der Pastor sagte: «Still, still, die Kühe gehören euch.»
Variante /.
In dieser Wendung treffen der
Pfarrer und der Küster zur Schlichtung ihres Zwiste? dasselbe Uebereinkommen wie das im Haupt- teste mitgetheilte, wobei jedoch der Küster sich Abends in des Pfarrers Stube schleicht, unter sein Bett kriecht, und sich dort ver-
UND ABERGLAUBEN t$7
steckt hält. Und so geschieht es
denn, dass, sobald der Pfarrer zu Bett gegangen ist, gleich darauf seine Haushälterin nachkommt und sich zu ihm legt. Es dauert nicht lange so fängt der Pfarrer an, das Mädchen zu betasten und nach dem Namen jedes ein- zelnen KÖrpertbeils zu fragen* Die Brüste nannte sie «die himmlischen Glocken», den Magen «den Berg Tabor» und. ihre Heim- Hchkeit «Josuae Grab», worauf der Pfarrer bemerkte: «dann muss ich dorthin meinen Stab pflanzen!» Dies alles und noch mehr hörte der Küster, jedoch ohne sich zu rühren, bis es Morgen wurde und der Pfar- rer aufstand, um dem Küster Guten Morgen zu wünschen. Demnächst kroch auch der Küster unter dem Bette hervor und begab sich zur Kirche, so dass, als der Pfarrer dorthin kam, er den Küster singen hörte: «ich veraahm das Lauten mit den himm- lischen Glocken» und mehres andere noch» dessen aber der Erzähler sich nicht mehr erinnert. Der Schluss hierauf wie 1a der Haupteczählung.
l88
SCHWEDISCHE SCHWANKE
Variante II.
Hier wird erzählt, dass, als der
Pfarrer und die Magd auf die Scheunenbrücke hinaustraten, um ihr Wasser zu lassen, der Pfarrer die Magd fragte: «Wie heisst das, womit du pissest ?» — «Aegypten», antwortet sie und fragte dann : «Wie heisst das, womit du pissest ?» — «Moses», antwortete er, und da Moses so nahe ist, so lass ihn einziehen in das Land Aegypten u. s. w. u. s. w.»
Variante III.
Als Fortsetzung dieses Schwankes
wird zuweilen auch noch hinzugefügt:
Da der Pfarrer nun, wie vorbetnerkt, seine Kühe verloren hatte, blieb ihm blos noch ein Mastschwein übrig, dessen er aber gleichfalls verlustig ging, weil der Küster es ihm stal und es schlachtete. Der Pfarrer merkte, dass der Küster, der sonst wenig zu beissen und zu brocken hatte, einen guten Vorrath von Speck besass, und roch alsbald Lunte. Er fragte daher eines Tags des Küsters Jungen, woher denn bei ihnen der viele Speck käme. «Ja, antwortete dieser,
UND ABERGLAUBEN 189
Vater hat das Schwein von Pfarrers
geholt und hat's geschlachtet Das hat gewiss viel Speck abgegeben.» — «Kinder sprechen immer die Wahrheit,» dachte der Pfarrer und wollte an dem Küster eine besondere Rache üben wegen des begangenen Dieb- stahls. Am nächsten Sonntag also hiess er Küsters Jungen auf die Kanzel steigen und der Gemeinde ausführlich erzählen, wie es mit dem Mastschwein zugegangen wäre, so dass alle hören sollten, was für einen präch- tigen Küster sie besässen. Aber es ging anders, als der Pfarrer dachte; der Junge sagte kein Wort von des Pfarrers Schwein, sondern zog blos über ersteren her. «Wenn Vater von Hause ist, sagte er unter anderm, pflegt der Pfarrer zu uns zu kommen und bei Mutter zu schlafen.» Der Pfarrer gerieth darüber ganz ausser sich und schmiss den armen Jungen von der Kanzel herab, so dass er sich den Schädel spaltete, der Pfarrer aber davon laufen musste; und so endete die Geschichte.
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SCHWEDISCHE SCHWANKE
VI
die bischofsvisitation
s hatte einmal eine Gemeinde einen gar kläglichen Pfarrer, mit dem es aber am allerschlimmsten ging, wenn er pre- digen sollte, so dass die Leute sich endlich keinen anderen Rath wussten, als dass sie sich an den Bischof wandten und ihn um Abhilfe baten. Dieser versprach ihnen auch wirklich, dass er selbst zu ihnen kommen und nachsehen würde, wie es mit dem Pfarrer stünde. Und so langte er denn auch in der That eines Sonnabends in dem Pfarr- hof an, fand jedoch den Priester schwer er- krankt, so dass er dalag, als wäre er mause« todt. Der Bischof war allerdings sehr er- schrocken und wollte zusehen, ob sich m dem Pfarrer noch etwas Leben regte oder er wirklich das Zeitliche gesegnet hätte. So zündete er ihm den Bart an, vermeinend, dass er sich wol rühren würde, wenn sich in ihm noch eine lebendige Ader fände. Aber umsonst; er lag bewegungslos. Da versuchte es der Bischof auf andere Weise und tropfte ihm heissen Talg auf die Brust; jedoch auch
UND ABERGLAUBEN lOt
dies blieb ohne Erfolg. Endlich gab
ihm der Bischof einen tiefen Schnitt in die grosse Zehe; allein auch das war vergeblich, und sah dann der Bischof, dass es mit dem Priester vorbei war.
Wahrend nun der Bischof so mit dem Priester diese verschiedenen Experimente machte, brach der Abend herein und er musste die Nacht im Pfarrhause zubringen, da ihm natürlich oblag, am nächsten Tage für den verstorbenen Pfarrer zu predigen; wobei aber der Umstand eintrat, dass er in der Frau Pastorin eine gar junge und schöne Person fand. Da nun ihr Mann tot war, so machte sich der Bischof viel mit ihr zu schaffen, und es kam am Ende so weit, dass sie mit einander zu Bett gingen, und der Bischof benahm sich ganz wie andere Men- schen ; er betastete sie von allen Seiten und griff ihr an die Brüste, wobei er sie fragte, wie man diehiesse: «Jesaiae Glocken!» ant- wortete sie. Dann griff er ihr an den Bauch und fragte, wie man den hi esse. «Berg Tabor!» versetzte sie. Hierauf fasste er ihr an eine andere Stelle, die ich nicht nennen mag, und fragte, wie man d i e hiesse. «Mose Grab!» erwiderte sie und dabei blieb es dann. Die rnuthmassliche Wittwe war wo!
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SCHWEDISCHE SCHWANKE
anfänglich ziemlich verschämt, aber
am Ende fing sie doch an zu fragen, nahm des Bi- schöfe Quoniam in die Hand und fragte, wie man den hiesse: «Papst», antwortete jener, indem er hinzufügte; «Lasse den Papst in Mose Grab ruhn!» und so geschah es auch. Der Papst ruhte die ganze Nacht in Mose Grab und wachte nicht eher auf, als bis am Sonntag Morgen die Sonne hoch am Himmel stand und die Glocke bereits die Gemeinde zusammenrief. Da sprang der Bischof in höchster Eile aus dem Bette, warf rasch den Ornat über und eilte in die Kirche, wo er zu seiner grössten Ueber- raschung den Gemeindepfarrer vor dem Altar stehen fand und hörte wie er sang: «Gestern kam ein Priester zu mir, der mir den Bart verbrannte, der mir heissen Talg auf die Brust tropfte und mir in die grosse Zehe einen tiefen Schnitt gab.» Der Küster, mit dem der Pfarrer sich verabredet hatte, fragte ihn hierauf singend: «Und wann ge- schah das?» worauf der Pfarrer fortfuhr: «Als er Jesaiae Glocken läutete, über den Berg Tabor zog und dann den Papst in Mose Grab ruhen liess.»
Der Bischof hörte natürlich diesem
Ge- sang still und andächtig zu, und als dann
UND ABERGLAUBEN 193
die Predigt geschlossen war, sagte
er zu der Gemeinde, dass sie einen wackeren Pfarrer hätten und einen besseren könnten sie nimmer bekommen; worauf er seinen Ab- zug nahm.
VII
DER PFARRER, DER NIEMALS GESEHEN
HATTE5
8
war einmal zur Weihnachtszeit, und auf dem Pfarrhofe war man damit beschäftigt, das Weihnachtsbier zu brauen. Eines Abends aber schlich sich der Käthner des Pfarrers nach der Braustube, um etwas Würze zu stehlen, welche dort in einem Bottich stand. Kaum aber war er in der Stube, so hörte er Leute, die hinter ihm her kamen, so dass er voll Schrecken zu den Stubenbalken 6
emporkletterte, um sich dort zwischen denselben zu verstecken. Kaum sass er fest, so kam der Pfarrer mit der Frau herein, um das Bier zu kosten und zu- zusehen, ob es genug gegohren habe; es war schon dunkel und sie hatten eine La-
KovnrctStet. H. 13
194
SCHWEDISCHE SCHWANKE
terne mit sich. Als sie nun ihre
Absicht ausgeführt und wieder gehen wollten, sagte der Pfarrer zu seiner Frau: «Oft habe ich gegriffen, aber niemals gesehen,» worauf letztere meinte, wenn es weiter nichts wäre, was ihm fehle, so wäre es ja nur eine Klei- nigkeit, und zugleich hob sie sich die Röcke auf und liess ihn sehen. Der Käthner aber, der sich auf dem Balken ganz stille ver- halten hatte, war gleichfalls der Meinung, dass es ganz ergötzlich sein müsse, der Frau Pastorin einmal unter die Röcke zu gucken, und streckte sich vor, so weit er konnte, bewirkte aber nichts weiter, als dass er, Par- dauz! in den Braubottich stürzte. Erschrack der Käthner, so erschrack der Pfarrer und seine Frau tausendmal mehr, und über Hals und Kopf eilten sie aus der Stube, als wäre der leibhaftige Gottseibeiuns hinter ihnen her.
Den Tag nachher kam der Käthner auf den Pfarrhof, um seine Arbeit zu verrichten, und die Frau hiess ihn das Bier in die Ställe zu bringen und dem Vieh zu geben, was der Käthner durchaus nicht zu begreifen vermochte, wie er sagte. «Ja, meinte jene, es ist etwas in das Bier gefallen, so dass wir es unmöglich gebrauchen können. Wolle er es haben, so könne er es herzlich gern
UND ABERGLAUBEN
195
bekommen.» — «I freilich, lautete
die Ant- wort, das will ich bestimmt,» und so trug er das Bier zu sich nach Hause, und es war ein ganz vorzügliches Getränk.
s war einmal ein Pfarrer, der hatte
Ke9 eme Frau,
Namens Maus, und einen Knecht, Namens Pint, An einem Sonntag Morgen schickte der Pfarrer seinen Knecht zum Schlächter, um Fleisch für Mittag zu holen; der Schlächter aber hiess David. Der Knecht that zwar wie ihm geheissen war, kam aber ohne Fleisch zurück ; denn der Schlächter wollte erst für das bezahlt sein, was er bisher auf Credit gegeben hatte. Als der Knecht nun nach Hause kam, war der Pfarrer bereits mit seiner Frau nach der Kirche fort, wohin auch der Knecht sich begab, weil er ihm doch berichten musste, wie es ihm gegangen war. Der Pfarrer stand bereits auf der Kanzel und predigte und
VIII
DIE FIDELE MAUS7
I96
SCHWEDISCHE SCHWANKE
donnerte los gegen alle Sünde. Just
wie der Knecht in die Kirchenthür trat, rief der Prediger mit lauter Stimme der Gemeinde zu : «Was sagte David ?» Der Knecht glaubte» dass die Frage ihm gelte, und ehe Jener in seiner Rede fortfahren konnte, unterbrach ihn der Knecht mit den Worten : «Er sagte, dass der Herr Pfarrer kein Fleisch mehr be- kommen solle, ehe er die alte Schuld bezahlt habe.» Der Pfarrer geriethbei diesen Worten ganz ausser sich und schrie aus allen Kräften : «Wer den Pint Vausbringt, bekommt einen Scheffel Roggen !». Nun herrschte zu der Zeit eine grosse Theuerung im Lande, und es war nicht leicht einen Scheffel Roggen zu ver- dienen; deshalb dachten die männlichen Mitglieder der Gemeinde nicht lange über die Sache nach, sondern erhoben sich von ihren Plätzen, knöpften die Hosen auf und nahmen den Pint heraus. Es wäre nicht möglich zu schildern, wie sehr alle Bauern- weiber und Dirnen sich schämten! Sie sassen da und schlugen die Augen nieder oder wussten vielmehr nicht, wo sie hin- sehen sollten; am schlimmsten aber schien die Pastorin daran zu sein, welche ganz vorn am Altar auf der Pastoratsbank sass. Aber weit gefehlt! Die Pastorin meinte,
UND ABERGLAUBEN 197
das wäre etwas ganz Lustiges; sie
stieg auf die Bank und sah sich die Geschichte mit grossem Ergötzen an, so dass der Pfarrer überlaut von der Kanzel rief: «Schaut ein- mal wie fidel die Maus ist!»
IX
PRIESTER UND KÜSTER AUF DER
PFERDE- SUCHE 8
er Pfarrer und der Küster einer Land- gemeinde sollten einmal des ersteren Pferde aufsuchen,* und er wusste nicht recht, ob es nöthig wäre, Lebensmittel mit- zunehmen, während der Küster dies für ganz unnöthig hielt. Der Pfarrer Hess also die Speisetasche zu Hause, während der Küster alle Taschen vollstopfte. Als sie nun zwei Tage lang vergeblich gesucht hatten, wurde der Pfarrer gar sehr hungrig, glaubte
* Im Sommer werden die Pferde in
den Wald auf die Weide gelassen, wo sie ohne irgend welchen Hirten bleiben. Der Pfarrer sollte nun die seinen aufsuchen.
I98
SCHWEDISCHE SCHWANKE
aber, dass der Küster, welcher
voraus ging, etwas knapperte und fragte ihn, was das wäre, das er da ässe. «O, antwortete jener, es sind ein paar Rossäpfel, die ich da esse.» Von dieser Speise gab es genug auf dem Wege, und der Pfarrer klaubte welche auf und ass davon. Als sie aber noch zwei Tage weiter gegangen waren, kamen sie an einen Bauernhof und baten um Nachtquar- tier, was sie auch bekamen, so wie nicht minder Speise und Trank, obwol der Pfarrer bei Nacht noch immer grossen Hunger em- pfand. Nun hatte aber die Hausfrau einen Brotkuchen* angemacht und diesen in einem grossen Topfe zum Backen in die Heerd- grube gesetzt. Das hatte der Küster ge- merkt, und als er nun hörte, dass der Pfarrer noch hungrig war, sagte er zu ihm: «Dort auf dem Heerde steht ein Brotkuchen in einem Topfe; gehet dorthin Herr Pastor, und esset so viel ihr wollet mit dem Koch- löffel und dann bringet mir auch einen Löffel voll hierher.» Hierbei ist zu bemer- ken, dass es in der Stube pechfinster war . und der Bauer mit seiner Frau in einem andern Bette schlief, das auch in der Stube
* Diese Art dicken Brotkuchens
heisst söt-bulle.
4
UND ABERGLAUBEN 199
stand. Der Küster that nun, als
besorgte er, der Pfarrer käme, wenn er gegessen hätte, zum unrechten Bett, und bat ihn daher, an sein Bett eine Schnur anzuknüpfen und vermittelst derselben vom Heerde aus wieder zurück- zukehren, um sich nicht zu irren. Der Pfarrer folgte dem Rath, knüpfte die Schnur an und ging zum Heerd, während der Küster, sobald der Pfarrer aufgestanden war, sich beeilte, die Schnur von seinem Bette los und an das der Eheleute festzu- binden. Sobald nun der Pfarrer sich satt gegessen, ging er an der Schnur mit der vollen Kelle nach seinem Bette, wie er glaubte, kam aber an das des Bauern und sprach : «Hier bin ich, Küster, mit dem vollen Kochlöffel, nehmet und esset nun auch !» er bekam aber keine Antwort.
Inzwischen hatte die Bauersfrau,
weil ihr zu heiss war, die Bettdecke von sich ge- schoben und lag im Hemde mit dem blossen Hintern zum Bette heraus, wobei sie einen tüchtigen Fist streichen Hess, während der Pfarrer glaubte, der Küster hielte den Brot- kuchen für zu heiss und bliese deshalb da- rauf, so dass er leise bemerkte, es wäre Überflüssig zu blasen, der Kuchen wäre kalt genug. Da der Pfarrer nichts weiter hörte*
200
SCHWEDISCHE SCHWANKE
so verlor er endlich die Geduld und
sagte: «Wollet ihr nicht essen, dann schmeisse ich es euch ins Gesicht,» und zugleich warf er den Inhalt der^ Kelle der Bauersfrau mitten auf den Hintern. Schliesslich kam er doch zu seinem Bette zurück, hatte sich aber die Hände so besudelt, dass ihn der Küster bat, sie sich zu waschen, da sich in einem Fässchen in der Stube Wasser be- fände. Der Pfarrer suchte dasselbe, ging jedoch im Finsteren irre und fuhr mit den Händen in einen tiefen Syrupnapf, so dass er bitter zu jammern anfing, der Küster aber ihn die Hände in der danebenstehenden Tonne reinigen hiess. Der Pfarrer wollte dies thun und steckte die Hände hinein, kam indess noch übler an, denn in der Tonne waren Daunfedern! Am Ende fand der Pfarrer das rechte Gefäss und konnte sich waschen, fühlte jedoch bald das Bedürfhiss sein Wasser zu lassen und hörte von dem Küster, dass vor der Thür sich ein Stein befände, auf den er sein Wasser abschlagen sollte. Aber auch dieser Nachweis war nur eine Bosheit des Küsters; denn vor der Thür befand sich kein solcher Stein, son- dern da sass die Bäuerin, welche eben ihre Leibesbürde ablegte. Der Pfarrer ahnte
UND ABERGLAUBEN
20I
kein Arg, sondern, des Küsters Rath
folgend, pisste er der Frau gerade auf den Hintern, und in Folge davon sowol wie seines sonsti- gen Benehmens wurde er mitsammt dem Küster aus dem Hause gejagt, was auch gar nicht zu verwundern war.
in Propst hatte einmal einen Knecht
jgLgS) und eine Magd, die er
gern miteinan- der verheirathen wollte, was auch geschah. Als sie nun eine Zeit lang verheirathet waren, wurde die junge Frau schwanger, und dies bemerkte der Propst. Während daher der Mann jener einst abwesend war, ging der Propst zu ihr und «belehrte» sie, dass ihr Mann vergessen hätte, dem Kinde, das sie trüge, einen Kopf zu machen, «und, fügte er hinzu, es bleibt ein schrecklich miss- gestaltetes Geschöpf, wenn du ihm nicht einen Kopf machen lassest und zwar so bald wie möglich; am besten wäre es freilich,
X
DER VERSTELLTE DOKTOR
ê
202 SCHWEDISCHE SCHWANKE
wenn der Mann einer Andern das thun wollte.» Die junge Ehefrau wurde ganz angstlich und ging den Propst mit Bitten an, ihr in dieser dringenden Noth beizu- stehen, brachte aber nichts zu wege ; er liess sich nicht dazu bringen. Endlich jedoch gab er nach, indess nur unter der Bedingung, dass er für seine Bemühung einen Ochsen als Ersatz bekäme, worauf die Frau sehr gern einging und ihm seine Forderung be- willigte; der Propst aber machte hierauf dem Kinde den Kopf auf dieselbe Weise wie man den ganzen Leib zu machen pflegt, nahm dann den Ochsen und begab sich nach Hause.
Als der junge Ehemann wieder zurück- kam und das Vorgefallene vernahm, gerieth er in grossen Zorn, und man darf sich nicht wundern, dass er darüber nachsann, wie er dem Propst den ihm gespielten Streich ver- gelten könne ; und dies fing er so an. Eines Tages war der Propst abwesend und sein früherer Knecht, jetzt sein Käthner, ver- kleidete und maskirte sich, bis er nicht wiederzuerkennen war, worauf er sich in die Propstei begab und sich für den klugen Doktor mit der langen Nase ausgab, der alle Uebel und alle Gebrechen zu heilen
UND ABERGLAUBEN 2o3
verstände; ob man nicht vielleicht
seiner Dienste bedürfe. Da nahm ihn die Pröpstin in ihre Kammer und fragte ihn, ob er ihr wol zu sagen vermöge, woher es käme, dass ihr Mann sich im Bette gar nicht um sie bekümmere. Der Doktor mùsste sie also untersuchen und hiess sie mit einem Beine auf einen Stuhl steigen, damit er nachsehen könne, ob etwa da unten nicht alles in Ordnung wäre. Die Frau that, wie der Doktor sagte, und dieser sah nach; worauf er sich dahin äusserte, dass er den Fehler genau erkannt hätte, diesem auch abzuhelfen vermöge, wenn sie sich auf den Fussboden hinlegen wolle. Dies geschah; sie legte sich hin, und der Doktor, der ihr die Röcke aufhob, steckte ihr ein Ei, welches er bei sich hatte, in die Fut, wobei er hin- zufügte: «Lieget jetzt ganz stille, bis ich wiederkomme; ich muss einmal fortgehen, komme aber bald wieder.» Der Doktor begab sich dann in die Küche und fragte die Magd, ob ihr irgend etwas fehle. «Ja, sagte sie, es thäte ihr weh im Magen.» Er hiess sie sich auf den Fussboden nieder- legen, zog ihr die Röcke in die Höhe, und nach genauer Betrachtung des Leibes ver- sprach er ihr Heilung. Er packte nämlich
204
SCHWEDISCHE SCHWANKE
die Katze, die auf dem Heerde sass,
schnitt ihr den Kopf ab und setzte ihn auf des Mädchens Bauch, worauf er sie mit derselben Weisung verliess, die er der Pröpstin ge- geben hatte.
Nun war die Zeit da, wo der Propst
nach Hause kommen sollte; das wusste der vor- gebliche Doktor und ging ihm entgegen, wo- bei er einen Hut in der Hand hielt, den er mit weichem Koth angefüllt und worüber er einen Bogen Papier gedeckt hatte. Als er nun mit dem Propst zusammentraf, fragte er ihn, ob er den Hut kaufen wolle« Er koste allerdings zehn Thaler, hätte aber die besondere Eigenschaft, dass wenn man sich irgendwie in einer unangenehmen Lage be- fände, so brauche man ihn nur aufzusetzen, dann wäre alles wieder gut. Ja, das wäre ein herrlicher Hut, meinte der Propst und kaufte ihn trotz des theuren Preises. Da- rauf schieden sie, und jeder ging seines Weges.
Als nun der Propst nach Hause kam, traf er auf einen absonderlichen und gräu- lichen Anblick. Seine Frau war dabei, Eier zu legen, und die Magd junge Katzen zu werfen; denn sie lagen beide noch immer . so wie der Doktor sie gelegt hatte. Hierüber
UND ABERGLAUBEN 205
gerieth der Propst natürlich ganz
ausser sich vor Entsetzen, erinnerte sich jedoch wozu der Hut gut ware und drückte ihn sich auf den Kopf. Aber nun wurde es noch schlimmer: der Koth lief ihm über die Backen und stank so gräulich, dass er acht Tage lang keinen Bissen herunterbringen konnte.
Da sah der Propst, dass er gründlich gebüsst hatte und machte niemals mehr an- dern Kindern einen Kopf.
206
SCHWEDISCHE SCHWANKE
XI
DAS SELTSAME GESPANN 10
1 1*B!IN9T war em armer Bauersmann,
w3m Der quälte immer sich am
Pflug; Doch harr* er nie zu essen g'nug. Den trat der Böse einstens an:
s «Guten Tag, du Ehrenmann, wie
mag's
dir gehn?»
— «Für
güt'ge Nachfrag, spricht jener,
dank ich schön. «Ich habe just nu grosse Beschwer, «Dass in so theurer Zeit ich mich ernähr', «Und immer fehlt's bald dort, bald hier.» io — «Ei was, sprach Stöpke, ich helfe dir: «Doch dienst du mir alsdann; dies ist
mein Beding.»
— «Ja
wol, sagt jener, die Forderung ist
gering ;
«Doch wüssf ich gern, wo Ew. Gnaden
wohnt,
«Ob Euer Rang sich in die Höhe fügt, is «Und ob mein Lohn für mich und Frau
genügt.»
Flugs einen Sack Dukaten er bekam, Den er nach Hause auf dem Rücken
nahm.
UND ABERGLAUBEN
Original.
R'flniet
var en gang en fattig bonde, %SÊÂ som ständigt ledsnats vid
sin plog och aldrig hade föda nog. Fick en g&ng möte af hin onde : «God dag, du heders man, hur
star nu
tili?» -
«Jag tacker er,» sa7
bonn, «som därom
fr&ga vill. Jag hafver just nu mycken möda art mig i derma dyra ârstid föda, och aldrig vill det räcka tili.» — «Â, bagatell», sa' fan; «jag detta hjelpa vill, men med det förbehäll, att du mig se'n
skall tjäna.» — «Â, ja!» sa' bonn, «om Gud mig hälsa
vill forläna; men f&r jag fr&ga först, hvar gunstig
herren bor, och om dess karaktär är mycket hög och stor, och om den Ion, jag fär, är nog för mig
och mor?» — Hvarutan bonn af fan en sack dukater fick, och den p& ryggen tog och hem at garden
gick.
208
SCHWEDISCHE SCHWANKE
«Juchhe, rief er, heut belux' ich
Stöpke
g'nug;
«Doch, Mutter, du musst ziehen 'mal
den
Pflug,
ao
«Und Liese auch; und bin ich gut be-
rathen,
«So full1 ich euch die
Hände mit Dukaten.»
Der Bauer dann zum Acker geht; Der Pflug dort mit zwei Sielen steht, An welche Weib und Magd er spannt, 25
Ganz anders, als man sonst wol sieht, Auf allen Vieren zwar, doch Steiss voran, Und um den Kopf 'nen Pferdeschwanz
er band.
Als Satankam, um das Gespann zu
sehen, .Blieb mehr und mehr verblüfft er dorten
stehen,
30
«Wo du die beiden fandst, musst du mir
sagen.»
— «Im
Walde, gnäd'ger Herr, wie kannst
du fragen ?»
— «Das,
sprach der Böse, kann ich nicht
versteh'n.
«Doch mÖcht* ich wol sie füttern
seh'a» Der Bauer zog die Hosen ab und nahm
den Pint heraus, 35
Und gab der Liese dann zuerst; der
war's
ein prächtiger Schmaus;
UND ABERGLAUBEN
209
* «Topp opp !» sa' bonn, «i dag
skall satan
fâ att klaga; och du miq kära mor, du mäste plogen
drag a,
20
och Lisa äfVensä, ty bara jag far rä, skall ni för ert besvär af mig dukater fä.»
Bonden sig ät âkern vände och hade da till reds tvä selar och en
plog>
och dem väl före spände, 25
men icke som man tror,
ty hufvud gjorde han tili ande och band därom en svans af tagel ganska
stor. — Satan kom att dem beskäda; han stannade, blef flat, ju mer han säg
derpä.
30
«Hvar tog du dessa bäda?» —
«Pä skogen, gunstig fan, «hur kan du
frâga sa?» — «Ha, ha,» sa* fan, «det sofvel intet
ratar ;
lät mig se, hur du nu matar.» —
Bonn strök sina byxor ned och tog
sä fram en bit 35
och gaf ät Lisa först, som ät med god
aptit.
KQvnràSiu. TL '
■ • l4
2io
SCHWEDISCHE SCHWANKE
Jedoch die Frau fing an zu brummen. «Oho, sprach Satan; die Kost schmeckt
nicht ; ich hör die andre stöhnen.» Und sicher kann man's glauben, dass es
nicht schmeckt, Wenn man verkehrt am Pfluge treckt, 4o
Den Kopf zur Erde niedergewandt, So dass der Steiss und was dazu gehört Sich unverhüllt zur Sonne kehrt.
Der Böse ging, war gar nicht hold, Denn jenem blieb ja all1 das Gold, 45 Und dumm verbleibt der Teufel tr^tz
allem Geist, Wie diese Geschichte uns klar beweist Dass StÖpke keine Fran ist, wusst' der
Bauer gut
Und dass er nie ein solches Loch ge- schaut;
Und keine Kunst war's, ihn zu ver- blüffen,
so Wenn er vor Augen sah die blosse
Weiberfut.
UND ABERGLAUBEN 211
HärÖfver karingen börjar mucka.
«Â, det var hund !» sa' fan», jag
hör den
andra sucka.» Nu kan man näppligt tro, att det vist
kostar pâ bakfram for en plog att stâ, 4p med hufVud ner mot jorden vandra, sä att de bäda röfvarna ock det andra dylikt emot solen stod. —
Satan gick sin väg helt fiater och lemna' bonn i frid att vexla bort
dukater.
45 «Var icke Satan dum, för alt geni han
ager ?»
tror jag helt vist, I alla säger, ty bonden viste yäl, att satan ej är fru, och att han ej har sett et sâdant nil
forr'n nu.
Det var just ingen konst att uppä
saken
hitta,
5* nä> han for ögat s&g
en Oppen quinno-
fitta.
212 SCHWEDISCHE SCHWANKE
xn
DER SÜNDIGE PAUL
s war einmal ein junger Bursche, der I hiess Paul und hatte rothes Haar. Er
war ein Taugenichts und beging
lauter heil- • lose Streiche. Den Pastor prügelte er ein- mal ganz jämmerlich durch, und fast alle Frauenzimmer wurden von ihm geschwängert. Das allerärgste jedoch war, dass er eines Sonntags sich in der Kirche eines lauten Windes entledigte.
Voller Tücke wie der Bursche war,
be- gab er sich eines Samstags zu dem Pastor und stellte sich sehr demüthig und buss- fertig an. Er verlangte nun nach Vergebung aller seiner Sünden, und um des Pastors Herz recht zu erweichen, hatte er eine grosse prächtige Wurst mitgebracht, die er bat, ihm schenken zu dürfen. Der Pastor war wie alle andern Pfaffen; «Pfaffensack hat keinen Boden», wie das Sprichwort sagt. Doch wurde der Pastor gar übel angeführt ; denn der verwetterte Bursche hatte die Wurst- haut mit kleinen Steinen angefüllt, und als der Pastor beim Abendbrot die stattliche
UND ABERGLAUBEN 213
Wurst kosten wollte, bekam er die
Schelme- rei zu sehen.
Der Tag darauf war ein Sonntag ;
auch Paul ging zur Kirche, um zu hören was der Pastor sagen wurde, und als dieser ihn er- blickte, wurde er von Zorn ergriffen und rief aus:
«Du sündiger Paul,
du Lästermaul
du Priesterwichser
du Mädchenschänder
du Farzer im Gotteshaus,
deine Sünden werden nimmer vergeben,
und alle RothkÖpfigen werden sicher in die Hölle kommen! — Einige, aber nicht alle», be- eilte sich der Pastor hinzuzufügen, indem er sich erinnerte, dass er selbst rothes Haar hatte.
214
SCHWEDISCHE SCHWANKE
xni
ein liedchen
mBter
Mann, er kam heim, und
besoffen JgjSLÈ war
er,
Er schlug mit dem Pint auf den
Tisch; Die Frau aber fragte, was Teufel er thät, Und fluchte und donnerte schwer; «Und schlägst du entzwei gar den Pint dir. Was kriege ich dann in die Fut mir ?
Hurra, ja mir!
Das sage ich dir, Den Tag, den vergesse ich nimmer!»
0 r ig in a l
ubben kom hem, och drucken var han, han slog sin ball (scrotum) i bole ; käringa kom ut och dundra* och svor ä fragte, hvad fan han gjole. «Och slâr du nu sonder ballen pâ dej, hvad skall jag fâ i ritten pâ mej? Hurra för mej, det säger jag dej, den dagen glommes aldrig.»
und aberglauben 215
XIV
HOCHZEITSREDE
or ungefähr fünfzig Jahren noch pfleg
HIB ten Spielmänner
oder ähnliche Per- sonen bei Hochzeiten zu der Gäste Belustigung folgende Rede zu halten.
«Der Kukuk hole den, der allein
bleibt, d. h. soviel wie Pfui und Verdammniss über den, der sich nicht verheirathet. Heirath fehlet nimmermehr; Sie zieht die ganze Welt umher. Heirathen ist nützlich bei Tage und er- götzlich bei Nacht; es ist lustig bei Tisch und gut im Bett.
Zwei sind besser als eins, und zwei
können eins machen ; und so wie ein gut zusammen- gedrehtes Tau nicht leicht auseinander geht, so ist es auch nicht leicht, zwei Liebende zu scheiden, die bei einander liegen.
Diese unsere Lehre hat unser
ehrsamer Bräutigam stets in seinem Sinn gehabt und wolbeachtet, weil er es gewagt hat, in der ganzen Welt umherzuziehen und nach Hei- rath auf die Suche zu gehen. Und obschon er ein brennendes Verlangen und stetes Be-
2l6
SCHWEDISCHE SCHWANKE
streben danach gehabt hat sich zu
verhei- rathen, geradeso wie die Katze nach der Maus und der Fuchs nach der Gans, ist er doch nicht darauf losgestürzt wie ein dummer Hund auf ein Stück Fleisch, auch nicht wie ein Frosch, der in die erste beste Koth- grube springt, oder wie die Schlange, die in das erste beste Loch kriecht, das sie an- trifft; sondern er hat gehandelt wie ein Bauer, der eine Färse kaufen will. Erst nimmt er sie in Augenschein von vorn und von hinten, und dann befühlt er sie an der Brust, am Bauch und an den Weichen ; und dann probirt er sie, und dann macht' er ein Angebot und dann schliesst er den Kauf ab und führt sie nach Hause und macht ihr eine Streu im Stalle zurecht und macht sie zur Kuh; denn eine Kuh ist auf einem Bauern- hof ein nützliches Ding.
Also auch hat unser ehrsamer
Bräutigam mit seiner herzallerliebsten, allerneischlichsten und ehrsamen Braut gethan.
Der aber, der ein Mann sein will,
soll sein mannbar und muss die Ohren steif halten und muss sein
steifgesinnt
und steif im Pint
UND ABERGLAUBEN 21J
und steif im Feld und steif im Bett und steif im Gang und steif im Sack.
Aber die Frau dagegen soll sein wie
die Katze im Monat März. Sie soll nicht bos- haft und listig sein wie eine alte Katze, die in den Winkeln sitzt und murrt und knurrt und bissig aussieht, sondern sie soll sein wie ein Spanferkel, das, wenn man es an dem einen Bein kraut, das andere empor- hebt und dann still liegt und schniebt und am Ende einschläft. Sie soll nicht sein wie ein knorriger Klotz sondern wie ein sich grade spaltender, der wenn der Keil kommt, sich gerade in zwei Theile spaltet.»
2l8
SCHWEDISCHE SCHWANKE
XV FEUERSEGEN
m das Feuer d. h. die glühenden Kohlen
£jü unter der darüber geschütteten
Asche bis zum nächsten Morgen im Heerde lebendig zu erhalten, sagt man am Abend beim Auf- schütten derselben folgenden Spruch her: Mus, mas bolltas
meder i askan teder i taskan boll in och boll ut
aldrig skall min eld lockna, förän
dagen
d. h. Mus, mas — bolltas — meder in der Asche — teder in der Tasche — Hodensack 'rein und Hodensack raus — nimmer soll mein Feuer ausgehen, ehe der Tag hell ist (anbricht). —
Die hier und in den folgenden
Sprüchen unübersetzten Wörter sind unbekannter Be- deutung oder vielleicht verdreht. Taska, Tasche, bedeutet auch scrotum. Bolltas ist vielleicht zusammengesetzt aus boll (scro- tum) und taska; vgl. den folgenden Spruch:
är ljus.
219
Nisch, smiske smisk, smaske ball, taske, skinn, fitte ball, stut
aldrig skal din ord min eld slockna. d. h. Nisch, smiske— smisk, smaske — Hodensack, Tasche — Haut, Fut — Hodensack, stut — Nimmer soll dein Wort mein Feuer löschen (ball ist eine andere Form von boll).
ANMERKUNGEN
ZU DEN
SCHWEDISCHEN SCHWÄNKEN UND ABER- GLAUBEN
1. Ein
Wünsche gewährender Fisch findet sich auch bei Grimm, Märchen No. 19 ; s. auch die Anmerk. dazu ; ferner Gött. Gel. Anz. 1868, S. 110 (zu Radioff S. 313) ; Imbriani, Novellaja
Milanese. Bologna 1872, p. 105, No. 25.
2. Maus,
schwed. mus. Beide Wörter bedeuten auch, wie hier, cunnus. In Betreff des ersteren s. z. B. Sanders, Deutsches Wb. s. v. — Eine mit Sprache be- gabte Fut auch bei v. d, Hagen Ges. ab. No. 53 «Der weisse Rpsendorn.»
8. Aehnliche Scene in einer von
Chaucer's Canter- bury Tales ; doch ist es da die Liebste selbst, welche bei Nacht ihr Hintertheil durchs Fenster dem Liebsten zum Küssen darbietet.
4. S.
Oesterley zu Pauli Schimpf und Ernst Cap. 324 (Stuttgart. Liter.
Verein).
5. Vgl.
Cent Nouv. Nouv. no. 12 «Le veau».
6. Stubenbalken,
schwed. rinkor ; zwei unter der Stubendecke parallel befestigte Balken ; auf welche» Bauholz getrocknet wird.
ANMERKUNGEN 221
7. Vgl.
Kçunr. I, 393.
8. Vgl.
Bishop Percy's Folio Manuscript. London 1867 (Vol. IV). Loose and Humorous Songs
; p. 61 ff. «Panche.» In dem Nachtrag (ebendas. p. 128) wird be- merkt, dass dieser Schwank auch auf Island umlaufe.
9. S.
Bonaventure Desperiers, Contes et joyeux devis ; nouv. 9: «De celui qui acheva l'oreille de
l'enfant à la femme de son voisin.» S. ferner die Nachweise von Leroux de Lincy zu No. III «La Pêche de l'Anneau» der Cent Nouv. Nouv. ; füge hinzu Cintio dei Fabrizii, nov. 16 «Chi non ha Ventura, non vada a
pescar» in Ebert's Jahrb. für rom. u. engl. Liter. 1, 315 ; Wickram, Rollwagen No. 79.
10. Vgl.
Eva Wigström, Folkdikting. Andra Sam- lingen, Göteborg (1881) S. 113 (Bartsch's German. 28,108 f.) ; August Bondeson, Halländska
Sagor. Lund 1880, p. 72 no. 18: «Bonnen, som paokkta mä skam.»
INHALT.
I. Die
drei Wirthstöchter....... 171
II. «Bollsaasa,
drauf los !»....... 176
III. Der
Wächter........... 178
IV. Die
zwei Studenten auf der Reise ... 179 V. Wer einfach giebt, dem
soll zehnfach ver- golten werden......... x$3
Variante I......... 186
— II......... 188
- III......... 188
VI. Die
Bischofsvisitation........ 19°
VII. Der Pfarrer, der niemals
gesehen hatte . 193
VIII. Die fidele Maus.......... J95
IX. Priester
und Küster auf der Reise . . . 197
X. Der
verstellte Doktor ....... 201
XI. Das seltsame Gespann....... 206
Original • «......• 207
XII. Der
sündige Paul......... 2x2
XIII. Ein
Liedchen.......... 214
Original ......... 2x4
XIV. IJochzeitsrede
,.......... 2x5
XV. Feuersegen............ 218
Anmerkungen.......... 220
LITERATURA POPULAR EROTICA
i. -L/e
los muchachos andaluces, cuando andan desavenidos:
— Er
cono e tu madre.
— Er
de la tuya, que son iguales.
Acerca de la mala co&tumbre infantil
de mentar la madre, V. Rodriguez Marin, Cantos pop. espaftoles,
t. i, pâg. 181 (Sevilla, 1882).
de
ANDALUCIA.
formulas
224 LITERATURA
POPULAR
2. En algunos pueblos, las mujeres de los campesinos suelen ir de puerta en puerta vendiendo espârragos. Al pregonar su mer- cancia en casas en que hay algun bromista, suelen entablar el siguiente diâlogo :
— <Compra
'sté espârragos?
— i
Estân guisaos ?
— Y
en er co5o e tu madre sancochaos.
3. Cuando las campesinas jôvenes salen al campo a coger la aceituna, los mucha- chos les cantan:
Asitunera
Der pîo pîo,
Ebajo e las naguas
Yebais un nîo
De gorrïones
Medio pelones,
Medio bestîos.
4. Al que esta orinando se le suele decir :
En acabando er jilo, Corta er pabilo.
A lo cual contesta aquél: Si tu culo es tijera, Bén y corta por don de quieras.
DE ANDALUCIA
225
5. Al que déjà escapar el aire por cierta parte:
Por donde saliô er peo Er diablo meta er deo, El âguila er pico
Y er
sipote un borrico.
Cipote, uno de los nombres vulgares del miembro viril.
Otra version;
Por donde saliô er peo Meta er diablo er deo, El alaclan er pico, La bîbora er josico, Er rabo la sorra
Y er
burro la porra.
6. Formula mnemotécnica de los solda- dos (cazadores), para aprender uno de los toques de corneta:
Los deos de las manos, Los deos de los pies, La picha y los güebos Son bentitres.
-----
KçvnTadttt. II. 15
226 LITERATUR
A POPULAR
REFRANES
1. Del
enemigo, el cönsejo; — y de
la mujer, el conejo.
G one jo, uno de los nombres
vulgares de las partes pudendas de la mujer.
2. A
la primas, — se le arrima; — y a las primas hermanas, — con mâs gana.
Se les arrima (el pene): elîptico.
3. El
buen engendrador, — poca
picha y buen cojon.
4. Quien
buen carajo tiene, — seguro ba y seguro biene.
5. Mâs
puéen dos tetas — que dos car- retas.
En los Refranes 6 proverbios espaftoles tradufidos en lengua francesa,
par Cesar Oudin, Bruxelles, 1612, se halla este refran, en la siguiente forma:
Mâs tiran tetas que sogas caSameras {6 que exes ni carretas).
Poco ântes, en la misma coleccion:
Mâs tiran nalgas en lecho quebueyes
en barbecho.
de andalucia
227
6. Cama
dura, picha tiesa.
7. Er
que mea y no hase espuma — no tiene fuersa en la pluma.
8. Picha
espafiola — no mea sola.
9. Entre
er culo y er cofio — no cabe un rear de â ocho.
10. —
1 Que distansia hay entre er coSo y er culo? — Er canto e un duro.
11. Er
mucho joer escompone er cuerpo.
12. A
poco dinero, — poco meneo.
Es refran de putas.
13. A
los cincuenta — ya no hay cuenta.
Esto es: â los cincuenta afios no
hay menstruacion.
14. Mucho
ba de los cojones â corné trigo.
Fûndase este refran en el siguiente sucedido. Entrôse un burro a
corner en una sementera de trigo y el duefio de esta, que estaba léjos, gritô al
de aquél para que le hiciera salir del sembrado. Respondiôle el dueno del burroj: — ; No hay que temer:
15*
228
LITERATURAPOPULAR
es capon! A lo cual objetô
enfurecido el labrador: — Y i que tienen que ver los cojones con comer trigo ?
15. Con
lo que Dios manda y el rey ofrece — no hay mas que joerse.
Es decir : no hay mas remedio que
fasti- diarse y tener paciencia.
16. San
Joerse no tiene bigilia.
17. A
uso e tropa: câa uno se joe cuando le toca.
___^__
AD1VINANZAS
1. Suborne
en tf, Tû te meneas, Gusto me da, Lèche te quea.
— El
hombre â la higuera.
2. Largo,
largo, Seco, seco,
Y tiene los güebos En er pescueso.
— La
mata de coco y su fruto.
DE AND ALUCIA
229
3. Si quieres saber. seBora, De la rais que desiendo, Lebântame er jarapin, Berâs que singuango tengo.
— El
racimo de uvas en la cepa.
4. Tamafio como un napoleon
Y tiene
pelos alreor.
— La
cebolla.
5. Tan largo como un boyo de chocolate, Y tiene pelos en el remate.
— La
mazorca de maiz.
6. Corchon de pluma, Cama de pelo; Debajo de la poya Tengo los giiebos.
— La
gallina clueca.
La poya es uno de los nombres
vulgares del miembro viril.
7. Una cuarta e carne biba,
Y â
media noche se empina.
— El
gallo.
LITERATURA POPULAR
8. Gordo
lo tengo; Mas lo quisiera,
Que entre las piernas No me cupiera.
— El
caballo.
9. En
un calabozo oscuro Meto lo mio peludo.
— El
zapato y la media.
10. Una
cuarta 6 poco mas, Sin güeso ni coyuntura; Todos los hombres lo tienen, Y tambien er padre cura.
— El
cuello de la camisa.
11. Sobre
ti me pongo; La punta te meto; Por ti quedarâ
Si no te lo entro.
— El
hombre al zapato.
12. Toda
la noche me tienes Con la boca jâsia arriba, Esperando que me metas Una cuarta e carne biba.
— El
zapato al hombre.
DE AND ALUCIA
13. Recorguin que le recorgaba; Entre las piernas le andaba; La nifia lo cogiô, Y en er bujerito se lo metiô.
— La cuerda del corpino.
14. Duri-blando lo tiene la dama; Por su gusto le rompen er belo; Derecho se lo meten y derecho se lo
sacan.
— La oreja y el zarcillo.
15. Lo tomo flojo, Le unto saliba, Después lo endereso, Y por el ojito Se lo meto tieso.
— El hilo y la aguja: preliminares
para ensartarla.
1$. Très perendengues Tengo en la mano; Uno le meto, Y dos recorgando.
— La hebra doble del hilo, y la
aguja.
232 LITERATURA
POPULAR
17. Con er pico pica, Con er culo aprieta Y con lo que cuerga tapa la grieta.
— La aguja.
18. Arsa, nina, er cobertô, No me seas temerosa, Y aprebén er bujeriyo, Que traigo tiesa la cosa.
— La enfermera â la enferma, para
jerin- garla.
19. Mario mio,
Un hombre ha benio
Y me l'ha metio;
Sangre me ha hecho;
Pidele â Dios que me haga probecho.
— El
sangrador y la lanceta.
20. Coloradito y goti-goteando; Métolo duro y sâcolo blando.
— La
sopa en vino.
21. Yo soy el ârbo de la Naturalesa
Y me
se arruga la cortesa; Echo er fruto â rempujones,
Y atrâs
tengo los tolondrones.
— El
fuelle de la fragua.
DE AND ALUCIA 233
22. Cuando güeno g Ueno, Tieso como un lefio; Cuando malo malo, Tieso como un palo; Te lo jise dose beses Y me queö la porra pâ partir nueses.
— El
reloj de pesa.
23. Arrimate tu, Yo me arrimaré, Y una cuarta que tengo Te la metere.
— El cerrojo â la argolla por donde entra.
24. Estando la negreta Sentada en su silleta, Llego el negrete Y le metiô el zoquete.
— La olla sobre el anafe, y el cazo.
25. Entre las piernas lo tengo Pelao y â trasquilones, Y tiene la boca abierta, Como cueba de ratones.
— El
pellejo de vino.
a34 LITERATURA
POPULAR
26. Delante
de una ma dama De roiyas me jinqué;
Si tiesa se la med, Mas tiesa se la saqué.
— El
area y la Have.
27. Dona
Bianca esta tendida; Don Pedro le baila encima: Mientras Don Pedro va y viene, Dona Bianca abierto lo tiene.
— La
artesa y el cedazo.
28. Acertajon,
acertajeta,
i Que tiene el rey en la bragueta ?
— Dos
balas y una escopeta.
29. Crese
y mengua, y no es la mar; Tiene capucha, y no es sacristan; Tiene serquiyo, y no es monaguiyo; Tiene bigotes, y no es granaero,
Y en
la punta tiene un abujero.
— El
miembro viril.
30. Nase
en un monte espeso,
Y tôo
se buerbe pescueso; Crese y mengua como er mar,
Y no
es langostino ni calamar;
DE ANDALUCIA
Tiene un abujero en la frente,
Y ar
que lo asierte, que le entre.
— El miembro viril.
-----
COPLAS
Bendito sea Noé,
Que le jiso er pico ar grajo,
A las mujeres er cono
Y â
los nombres er carajo.
San Migué lo comparo Con el ombligo, Porque debajo tiene El enemigo.
Todas las mujeres tienen En er pecho dos membriyos,
Y mâs
abajito tienen La baina de mi cuchiyo.
Todas las mujeres tienen Junto ar culo una laguna, Donde se ajogan los nombres. Sin tener agua ninguna.
236 LITERATURA
POPULAR
5. Todas
las mujeres tienen Debajo der delantâ
Un sordado con bigotes,
Y enmedio
una pufialâ.
6. La
mujé der jerrero Tiene que tiene
Por delante el ayunque
Y atrâs
er fueye.
7. Una
bieja muy rebieja, Mas bieja que San Anton, Tenia las ufias negras, De rascarse el abion.
8. 'Staba
una bieja meando Debajo de una jiguera,
Y los
jigos se reian
De berle er suyo â la bieja.
9. Una
bieja en una benta Estaba asando un conejo, Le sartô una chispa ar suyo,
Y mandé
tocar â fuego.
10. Una bieja muy rebieja Se lo miraba y desia: — Este candi, cuando nuebo, Chupaba mucha torsia.
DE AND ALUCIA
11. Cuando
me pariô mi madré, Ar punto dijo mi agiiela:
— Este
nino es bailaô, Segun tiene castanuelas.
12. Me
yebaron â la carse, Me sacaron sinco duros, Porque le dije â una nifia:
— Atienta
y berâs que duro.
13. Ar
reborber de una esquina Un siego estaba meando,
Y en
artas boses desia:
— jEr
premio tengo en la mano
14. Las
mujeres cuando paren Se acuerdan de San Ramon,
Y no
se acuerdan der santo Cuando estân en la funsion.
15. Écheme
usté â ese fraile Por la gâtera;
Que me biene pidiendo La friolera.
16. Un
fraile carmelita Diô en bisitarme,
Y, si yo me descuido,
238 LITER
A TUR A POPULAR
l Birgen der Carmen... ! Era su intento Haserme un frailesito Para er conbento.
17. Esta
casa güele â cono; jCarajo! {Quién bibe aqui? Tu padre jodiô â tu madré; Yo bengo â joerte â ti.
18. —
1 Que
tienes en ese pecho Que tanto gusto me da?
— Dos mansanitas camuesas Mete la mano y berâs.
19. iQuién
fuera ribetito De tu sapato,
Para berle er bigote Ar tio Macaco! De tu chinela, Para berle er bigote Ar puchinela!
20. Tropesé
en tu zapato, Caî en tu media,
Me agarré de tu liga... j Arriba pierna!
239
21. En
tus nagtiitas blancas Tengo yo parte;
Si me das argun trapo, Que sea er de alante. Porque er trasero, Si me lo das de barde, Yo no lo quiero.
22. Sefiora,
me atrebo â darte Cuatro gorpes de for tuna En ese lunar que tienes Entre coluna y coluna.
23. Chiquiya,
te lo jasia.... Un puente pâ que pasaras De tu camita â la mia.
24. Echemos
la despedîa
La que er gayo echô â la sorra;
Si te piyara debajo,
No te quearas machorra.
25. Son
tus piernas colunas De rear palasio;
Mâs arriba esta er monte Donde yo caso.
Y tiré
un tiro,
La liebre saliô herida
Y yo
rendido.
240 LITERATURA
POPULAR
26. Te
cogi con el arate: Me pusistes er muneco Como sopa en chocolate.
27, Tu
te acordarâs, serrana; Mi capa sirbiô e corchon; Mi braso, de cabesera; Mi cuerpo, de cobertô.
-^--
El tanlarinlaron.
(Para canto.)
Ayer tarde recibi en mi casa
A una nifia para costurera ;
Pero esta nifia del tan 1 arin 1
arera.
Me ha parecido del tanlarinlaron.
Le pregunto que estado tenia Y ella dice: — Mocita soltera; — Pero la facha del tanlarinlarera Me ha parecido del tanlarinlaron.
Ella dice que no tiene â nâdie,
Sin6 â un primo que la ama de véras;
DE AND ALUCIA
241
Pero ese primo del tanlarinlarera Sera primo del tanl arinlaron.
Cuando habla, retuerce el hocico; Cuando anda, menea la trasera; Movimientos del tanlarinlarera Que son propios del tanlarinlaron.
Ayer tarde al salir de la casa
Y al
pasar por los cafios de Herrera, Con el susto del tanlarinlarera Se le ha ido el tanlarinlaron.
Yo me acuerdo, cuando era muchacho Dibujaba de varias maneras;
Y con
el lâpiz del tanlarinlarera Dibujaba el tanlarinlar on.
MISCELANEA
Decîa una pénitente al confesor:
— Acûsome,
padre, que tengo dos bocas; por la una como carne y por la otra sopas.
— Bueno,
hija, y < cuâles son esas bocas?
KqvTttàôtu. ii. l6
«42 literatura
popular
— Padre,
esta es una (sefialando â la boca) y esta es otra (se&alando al cono.). Por aquélla como sopas y por esta como carne.
— Pues
bien, hi ja, te impongo por peni- tencia que por la boca con que cornes sopas comas carne, y por la otra sopas.
Retirôse la pénitente, y en cuanto
Uegô â su casa preparô una sarten de sopas; y sin dejar que se enfriasen, tomô una cucha- rada, que introdujo en su cono. Incontinenti soltô un pedo mayusculo, y dijo:
— iQué!
<Estân frias y soplas? Pues volverâs â la carne y dejarâs las sopas.
*
Cuando Dios criô el mundo, puso
nombres â todos los animales. Al caracol le llamo cara. El nombre dijo al SeSor:
— Senor,
â ese animal que lleva su casa â cuestas y saca los cuernos al sol, le has puesto el mismo nombre que â mi rostro: cara. Esto va â ocasionar confusion.
— Para
evitarlo, mudémosle el nombre. Sal é bttscar â ese animal, y aâade al nombre
DE AND ALUCIA 243
que yo le he puesto el de la planta
en que lo encuentres.
Saliô el hombre â buscarlo, y le
hallo sobre una col, por lo cual
le Uamô y se llama c ara col.
{Si llega â en contrarie sobre un
ajo, bonito nombre hubiera tenido!
» »
— <Por
que tiene V. asi las orejas? — preguntô cierta sefiorita â un sujeto que las tenia contrahechas y desfigura das.
— Mucha
curiosidad es, — contestô, — pero va V. â saberlo. Cuando yo tenia siete û ocho anos, contrajo matrimonio una de mis hermanas. En la reunion de boda oi que decian al novio algunos amigos:
— i
Que buena noche vas â pasar !...
— î
Que dichoso vas â ser cuando apa- gues la luz !...
— i
Que buen bocado te vas â comer I.. Estas frases excitaron mi curiosidad, y
resolvi enterarme de todo. Cuando mi
her- mana y su marido se fueron â acostar y la casa quedô en silencio, yo, muy quedito, me encaminé hâcia el dormitorio de los novios. La puerta estaba cerrada, pero tenia una
16*
244
LITERATURA POPULAR
gâtera, por donde, aunque con
dificultad, pude meter la cabeza. La habitacion estaba completamente â oscuras; yo no oia mâs que suspiros. De pronto, oigo la voz de mi hermana, que decia:
— jAnda, anda; ya esta dentro la ca- beza I
Yo, creyendo que se referîa â la
mia, y que mi cunado iba â castigar mi curiosi- dad, saqué la cabeza de pronto, nô sin des- figurarme grandemente las orejas.
Desde entônces las tengo como V. las
ve.
JUEGOS DE VENDIMIA.
^Istos
juegos — â que tambien se
llama _j en Andalucia juegos decortijo, se-
gun que en los cortijos 6 en las
vinas se veri- fican, — son unas representaciones teatrales cuyo asunto esta de antemano convenido; pero cuya forma y cuyos accidentes son siempre improvisados, con arreglo â la lo- cuacidad é ingenio de los interlocutores. Por lo general, tales diâlogos, que guardan
DE AND ALUCIA
245
mucha analogîa con los pasos 6
pasillos de los albores de nuestro teatro, suelen rayar en verde, y â poco trabajo se conoce que son manifiestas reminiscencias de las civili- zaciones gentüicas.
A la representacion del juego
precede invariablemente una escenilla suelta, que se llama la entra der juego, y que, como la tercera campanada en los teatros, tiene por objeto advenir al auditorio que debe prestar atencion, porque va â comenzar el espectâculo. Si â ésto anadimos que los actores son campesinos, que entre los especta- dores suele estar la familia del dueno de la heredad, que el escenario es la cocina de la finca 6 alguna explanada al aire libre, y que los trajes de los actores son general- mente los ordinarios, amamarrachados con grotescos aditamentos de trapos, esportillas etc., habremos dado de estas diversiones una ligera idea general, que aclararân los siguientes apuntes.
Véanse unas muestras de las entras de juego. -
1. Salen dos hombres, apuntando cada uno con un palo, por via de escopeta, y en- tablan este diâlogo:
LITERATURA POPULAR
Apunto... Apunto...
IA
que apunta usté, compaâero ?
A aqueya teja. < Y usté ?
A las tetas d'aqueya bieja.
(Apuntando
de las espectadoras).
Y i â que biene ésto ? A nâ.
Pos pâ er juego esta es la entra.
— Ay...
ay... ay !
— {Que
le pasa â usté?
— Que
estaba cagando y me la pisé.
— j
Si la tiene usté encogîa !
— Pues
no me la pisaria.
— Y
i â que biene ésto ? Etc.
Variante :
— Ay...
ay... ay... !
— «jQué
t'ha pasao?
— Qu'estaba
cagando y me la he pisao. Etc.
— i
Juego! j Juego 1 j Juego
I
— Compaâero.
— ^Qué?
o* andàlucia
247
— i
Be usté este granito e
trigo ?
— Si.
— Pos
aqueya mujé lo tenia en er jigo.
Hecha la entra de juego, empieza este. Véase la descripcion del ûnico que, por hoy, nos proponemos dar â conocer.
ER LABRAÔ Y ER RECOBERO.
acto 1 Escena unie a.
Sale un hombre con un escardillo,
6 un palo, y, 6gu- rando labrar la tierra, dice:
— Pos sefiô, esta tierresiya que
m'ha costao una copia, es mesté be de que la sembramos, pâ que mos saque de probes, Aqui ni er trigo ni la sebâ puén criarse bien, porque hay munchas piedras. Quic esî que sembraré artamuses, que por mar nombre le yaman chochos. OgaSo s'ha ben- dio muy bien esta semiya.
(Figura sembw.) 1 Ea, ya esta ! Quiea Dios
qu'er tiempo benga bien, y er peujaliyo no me se güerba sar y agua. (Vase.)
248 LITERATURA
POPULAR
ACTO II. Es c e n a x*« El labrador, escardando.
— Ya estân los artamuses nasios y es mesté no esapartarse d'eyos, no sea que me los estrose er ganao que pasa por er
Ca- mino. Aquî, en cuantito uno
se escudia, I ya ! {No lo digo ? Po ayî biene un recobero.
E s c e n a 2**
r
El labrador. — El recobero% figurando guiar con
una
cana a sus polios»
Lahr. — j Oiga 'sté... !
Ree. —- j Osss... ! j Osss... !
Lahr. — | Eh... ! {Aônde ba 'sté, cris- tiano? {S'ha pensao usté qu'esta jasienda no tié amo?
Ree. — {OSSS ... ! j OSSS ... ! (Sin
hacer caso, y avanzando).
Lahr. — jTio joio! Eche usté pâjuera con sus poyos 6 sus pun et as. {No be usté qu'ésto esta sembrao d'artamuses?
Ree. — Como si no lo estubiera. Toa la bia e Dios ha sîo ésto berea.
Lahr. — \ Que
berea, ni que carajo ! Esta tierra es mia ligitima, que pâ eso m'ha costao beinte oblones.
DE AND ALUCIA
249
Ree. — Esto es berea, y basta que yo lo diga. 1 Pos no tié que be er demonîo der tio!
Lahr. — Ea, pos s'acabô la présente historia; ô echa 'sté por otro lao con su recoba, 6 me jago la pufieta en usté.
Ree. — iEn mi... ? |Bamos â berlo, so tio lèche !
(Se dan de palos y canaxos.)
E s c e n a 3*»
Dichos y el cura, envuelto en una manta, con una esportilla de palma por bonete y una ristra de ajos
por rosario.
Cura. — Gloria patri er filio.....
i Que es ésto?.., jPas, cabayeros!
(Los sé- para.) 1A
que biehe toa esa grimpola ?
Lahr. — A que este tio dise que ésto es berea y quié meté por aqui su recoba, y yo digo que esta tierra es mia, que pâ eso m'ha costao beinte oblones â tocateja.
Cura. — Y 1 por éso andan ustés â bujios, cacho e brutos? Teneis mâs que di por un meiô y por el arcarde pâ que traiga er libro bereero y se bea por dönde ban las lindes?
Los dos. — Es berdâ, pae cura; no ha- biamos caîo en eyo.
Cura, — i Ea, pos bamos ayâ !
%5o LITERATURA
POPULAR
acto in.
Escena ünica*
Dichos. — El alcalde, con una aijada de bueyes à una pimpollera, en lugar de vara. —
El alguetcil, con una alb arda en las tnanos, figurando un gran Ubio. —
El agrimensor y su ayudante, este con una cuerda, y un servi ci o
6
bacin colgado a la espalda.
Lahr. — Esta es la tierra. Ale. — Pos bamos â la meîa.
(El agrimensor y su ayudante figuran medir con la cuerda, cuidando este de pasar el bacin cérea de las na rices de las personas mas pulcras que hay en la reunion. )
Agr. — Senor arcarde, por aqui ba la linde.
Aie. — Bamos â be lo que dise er libro.
(Coge la al barda, haciendo como
que le* y pasa hojas. Todos prestan la mayor atencion.)
Aie — Capitulo uno : De las mujeres que le ponen los cuernos â sus marios.
Todos. — Eso no es.
Aie. — Capitulo dos: De toas las putas que hay en er pueblo, con sus nombres y apeyios.
Todos, — Tampoco es eso.
Aie. — Capitulo très: Delama der cura.
Cura. — Eso. es der, capitulo dos.
DE AND ALUCIA
251
Ale. — Capitulo cuatro: De los capones y las arcagüetas.
Agr. — Päse usté hojas, jasta er capitulo ocho.
Ale. — Ya esta aquî lo que busco. La ley esta muy terminante,
j
Por bia e los de- monches ! A tî te toca perde.
(Dirigiéndose ai
abr ador).
Todos. — <jC6mo dise? Lahr. — Lea 'sté pronto.
Ale. — (Pausadamente y con la mayor
solemni-
dad).
Capitulo ocho: que pasen las poyas por medio e los chochos.
SOME EROTIC FOLK-LORE
good deal of the courtship of the
j^^j working - classes in the
country was and still is carried on at night. The lover sets out generally after bed-time for the abode of his lady-love. On arriving he knocks gently on the window of her sleeping apart- ment, and asks admission. This is given, and both often go to bed together. The older songs allude at times to this custom. Thus: —
FROM
SCOTLAND.
courtship
»54 some erotic folk-lore
«Janet's awa' to her chamber,
As fast as she could go.
Wha's the first ane that tapped
there
But sweet Willie, her jo.»
The chorus of another ditty is:
«Hey for Andrew, Andrew, Hey for Andrew Car! He gaed (went) to bed to the lass, And forgot to bar the door;»
And the result was: —
«0 it was Andrew Car,
O it was him indeed:
O it was Andrew Car,
Wha gat (got) my maidenhead.*
A song represents the lady-love as
re- fusing to admit her lover as her father and mother would hear her open the door. Her lover asks her to get from bed and: —
«Oil the bands till they be weeu
and than he says: —
«And PH come slippin' etc.»
The girl took the hint and the lover
tells the sequel:
«She oUed the bands till they were
weet, And I geed (went) slippin' eto
FROM SCOTLAND
*55
and: —
«We dreeve the bottom oot o'the bed The lassie leuked as her nose had bled Till her mother heard the din etc.»
ig up the roots of the orchis, that
prB^i goes in some
districts by the name of «bills baags» (bull's testicles), and to find out which is the new root, called love, the old one being called hatred, put them into water. The new root sinks. Let it be taken, dried, ground into fine powder and given in any convenient way to the person whose love is wished to be gained, and strong love is soon conceived for the one that ad- ministered the powder. If through over- sight the old root is ground and used hatred is gendered.
Take two lozenges, cover them with perspiration and stick them together. Let them dry till they adhere. In this form let them be given to the one whose love is sought and the desired result will follow in due time.
LOVE CHARMS ETC.
256
SOME EROTIC FOLK-LORE
If a man wishes a woman to become attached to him. he has to put on his hand some of his
semen, and then shake hands with her so that part of it touches her hand. She will follow him to the world's end.
When a man is wholly careless of wo- man's love or even averse to it, his heart can be won by mixing some of the woman's menses with beer and giving the potion to him. The draught had to be given, in a dark coloured «cap» (a wooden bowl) to prevent the colour from leading to the su- spicion that there was anything amiss. Hence arose the saying regarding a man marrying a woman to whom he was known at one time to have been averse: «He's gotten a drink oot o' (out of) the black cap.»
These charms must be performed
without the knowledge of those whose love is sought The love gained by these charms or by any kind of charms is dissipated by
jouissance de mariage.
The streaks of a reddish colour that appear in the skin of the face of some women are looked upon as indication of their having enjoyed the embraces of a man before fully ripened womanhood.
FROM SCOTLAND 257
The flattening of the grisle of the
nose is regarded as proof that virginity has been lost.
Skate (R a i a) is believed to
excite sexual desire as well as strengthen the generative powers. The writer of this article was pre- sent at a marriage among a fishing com- munity when a fisherman went up to the bridegroom and presented him with a piece of the tail of a dried skate to the great amusement of the marriage guests. Hence the saying: «Skate to make you wanton.»
A small quantity of the powder of
canthar- ides given to a woman excites an incontrô- lable desire for sexual pleasure.
If a man carrries on his breast the
dried tongue of a toad no woman whom he so- licits has she power to resist him.
Men and women with «red» or yellow hair are believed to be fonder of the de- lights of Venus than those of other com- plexions.
Men and women having thick necks are also believed to incline strongly to sexual pleasures.
Such a neck is called a «bull neck».
K(fU7TT<xSia.
ii. 17
SOME EROTIC FOLK-LORE
Thick lips in a woman is supposed to indicate desire for the male sex.
A large mouth in a female is
indicative of a large vagina.1
If thé privy parts of a man are
larger man usual, he is said to be «horse-hung»« Such a lact is looked upon as a sign of strong sexual passion. .
It is believed that certain kinds of
food and drink tend to increase both the desire for and the pleasure in sexual intercourse, such as milk, and oat-meal porridge.
Euphorbia helioscopia bears the name of pintle* wort, and is used by boys in rubbing the m em bru m to make it grow.
1 [The same prognostication is
also found i& a medieval distich :
Noscitur e labris quantum sit
virginis antrum: Noscitur e noso quanta sit hasta viro. Edit&rJ\
* The word is used in old Danish, cltem Vt tua mulier non possit cum alio adulterari. Om thu wilt, at thijn quinnae tachaer aeyannen man; Tac barbe itiuia os, oc sm0r thin *pintel thaer math, oc
FROM SCOTLAND
THE BEGETTING OF CHILDREN
HF
a woman after enjoying the
em- braces of her husband turns and lies on the right side, she will conceive a male child, and if she turns and lies on the left, the child will be a female.
If the seed is left near the mouth
of the womb, the offspring is a male; if the seed falls farther into the womb it is a female; and if the seed falls far into the womb there is no conception.
It is believed that some women have
the power of throwing the discomforts of child- bearing on their husbands, but this is known only to themselves.
One mode is believed to be if the
hus- band at the time of conception has heen s u c c u b a.
When a woman has conceived, she at times longs for certain things to eat, and
lig thaghaer math thijn quinnae, oe
thaer aefter, maethaen thu leuaer, tha ma hun aey annen man nytae.»
Det arnaniagnseanske hSndskrift
Nr. 167 i oktav; indholdende en dansk laegebog udgivet og forsynet med en ordbog af Viggo Sftby p. 94.
Kgbenhavn, Thieles Bogtrykeri, 1883.
17*
2ÔO SOME EROTIC FOLK-LORE
she is said to «green» for them.
Unless her longing is gratified, the child when born cannot keep its mouth shut, and saliva runs continually from its mouth. The mother must" call to mind what it was she longed for but did not get. She then mentions it, and it is at once procured, and put into the infants mouth. Thus the malady is cured.
It is a common belief that a woman
so long as she gives suck to her child will not conceive. It is not unusual for mothers to continue to suckle their children for many months hoping thus to avoid conception.
It is the belief that each woman is
destined to have a certain number of children. If an unmarried woman has a child, it is not unusual to hear it said she «cudna win by't» i. e. she could not avoid it.
Great-care was always used to place
food in such a position as to prevent cats from jumping across it. This was done in case a male cat should spring over it and drop semen upon it, for it was the belief that every time a male cat sprang he emitted semen. If one eat the food with the semen in it, there was the risk of cats being bred in the belly of the eater. There are cases on record in which women that have fallen
FROM SCOTLAND
26l
.vâth child out of wedlock have stoutly per- sisted that they were not with child, but had «cats in their belly.»
STORIES
man and a woman were in each others embraces. The man was succuba. His yard began to enlarge and enlarge and lift the woman. When she was nearly reaching the roof she exclaimed:
«Fareweil freens, farewell foes For Pm awa to heaven On a pinteFs nose.»
A woman was dissatisfied with her
hus- band's powers. She complained to some of her female married friends. They agreed to examine into the matter. The man was told he must exhibit what he had to a few matrons. He remonstrated, but in vain. He was however to be allowed to stand behind a screen and shew his symbol of manhood
2Ô2
SOME EROTIC FOLK-LORE
through a hole in the screen. The
man in his difficulty asked the counsel of his clergy- man. The clergyman undertook to get him out of the difficulty by presenting himself. Accordingly on the day fixed the matrons placed themselves on one side of the screen and the minister on the other. He put his virility through the hole, when one of the matrons cried out «That*s the minister's; I ken*t by the wart o' the point o*t.»
A mistress was suspicious of her two sons casting an eye on her fair and fas- cinating maid. One day the two were busy at some work in company. The mistress became quite confidential and gracious with the maid, and at last asked her which of her sons she liked the best. The lassie in her simplicity answered: «I like baith the laddies weel enough; but commend me for a straucht (straight) stroke to your ain man (own husband).*
FROM SCOTLAND 368
PROVERBES
Hf
wishes were horses, beggars
would ridé;
If castocks were pintels, maidens
would
stride.
A mouse can tak a ruck (a stack of oats, etc.) on its back: spoken of a small woman under a big man.
Daughters and dead fish are kittle
keep- ing wares.
Do as the lasses do — say No — but tak it.
Greening wives are aye greedy.
He that has a bonnie wife needs mair than twa een.
Lassies and glasses are brukle ware.
Lassies are like lambs legs; they
'11 neither saut nor keep.
Light maidens mak langing lads.
0
ttÔ4
SOME EROTIC FOLK-LORE
Nearer the bone the sweeter.
He that woos a maid must seldom see her, but he that woos a widow maun (must) doon (down) wi's breeks and at her; or:
He that woos a maiden maun come sel-
He that woos a widow maun ply her
day
She's a maiden as the man left her.
dorn in her sight
and night.
DICTONS ET FORMULETTES
de la
BASSE-BRETAGNE.
RETOUR A LA SANTÉ
I'oun
ket evit chomm mui da
vervel, Rak ma baz n' ra ken 'met sevel.
Je ne suis plus près de mourir,
Car mon bâton ne fait plus que se
dresser.
DICTONS
Or voéz a pe uè mèu. Golla en aihué ag i rèù.
266 DICTONS ET FORMULETTES
Ebria millier Clavem cunni perdit.
Diesa tra a zo er bed,
Choari ur plac'h gant ul lost kouët.
La chose la pins malaisée qui soit
au monde, (Cest de) jouer d'une fille avec une queue
tombée.
Tri zoull e deuz va mamm:
Toull ann tamm,
Toull ar bramm
Ha toull ann bibil kämm.
Trois trous a ma mère: Le trou du morceau, Le trou du pet
Et le trou de la cheville recourbée.
Wesk! eme ar Fustek,
Pa voa trouc'het lost he gazek:
— N'euz drouk e-bet, eme he c'hrek, Pa ne ket ho hini 'zo trouc'het.
DE LA BASSE-BRETAGNE
267
Crac! dit le Fustec,
Après avoir coupé la queue de sa
jument :
— Point de mal n'y a, répond sa
femme. Puisque ce n'est la vôtre qui est coupée.
L'AMOUR AU VILLAGE
Gwechal, pa voan bihannik, Me ' vouche da Annettik, Ha brema, pa oun deut bras, E raon un hanter muioc'h c'hoas.
Me o vont da toi va boutou ' kreiz
ann ti, Lammet er gwele davet-hi, D'ober un eÛk da Zoue Pe ur c'havalier d'ar roue.
Autrefois, quand j'étais tout petit,
Je becquetais la petite Annette,
Et, maintenant que je suis devenu
grand,
Je le fais moitié plus encore.
Je vais jeter mes sabots au milieu
de la
maison
Et sauter dans le lit auprès d'elle,
268
DICTONS ET FORMULETTES
Pour faire un petit ange à Dieu Ou un cavalier au roi.
DEVINETTE-CHANSON
Ann I gant ann oac'h,
O Maria lonla, Ann O gant ar vreg,
Lan Iura . . . Ar vreg a astenn,
O Maria lonla, Ann oac'h a blant,
Lan Iura.
L'I avec le mari,
Q Maria lonla, L'O avec la femme,
Lan Iura . . . La femme étend,
O Maria lonla, Le mari enfonce,
Lan Iura.
L'I, c'est une pelle de
boulanger, l'O, un pain ; la femme étend le pain sur la pelle et le mari l'enfourne.
DE LA BASSE-BRETAGNE
269
LE CHANT DU ROSSIGNOL
Me 'zo bet, bet, bet, bet e park al
lueou; me 'm euz gwel't, gwePt, gwel't, gwePt toull ar vatez a ioa du, du, du, du, foutouillek, foutouillek.
J'ai été, été, été, été dans le
champ des veaux; j'ai vu, vu, vu, vu le trou de la ser- vante qui était noir, noir, noir, noir, frisé, frisé.
CRITIQUE DES DEMANDES EN MARIAGE
R1MÉES
(Au lieu de s'escrimer pendant
deux heures pour ne rien dire, comme le font les discoureurs, ne serait-il pas plus simple d'aller droit au but et d'appeler les choses par
leur nom ?)
Me 'zo deut d'ho koulenn Abalamour d'ho moudenn, Ha c'houi 'zeuio d'am heul Abalamour d'am peul.
Je suis venu vous demander A cause de votre motte.
%J0 DICTONS ET FORMULETTES
Et vous vous déciderez à me suivre A cause de mon pieu.
PROPOS DE COUTURIÈRE à marier
Tanfoultr! biken marichal Na foueto war va stall; Eur c'hemener martreze a vo, Mar na sko ket, heon a vrocho.
Le diable m'emporte! jamais marécha Ne daubera sur ma marchandise; Un tailleur peut-être le fera, S'il ne frappe pas, il embrochera.
AN EROTIC ENGLISH DICTIO- NARY.
Abbess, or Lady A. A bawd. Academy, or pushing
school. A brothel. Ankle. A girl who is got with chad is
said
to have sprained her ankle. Armour, to fight in.
To use a condom. Aunt A bawd.
Back gammon player. A sodomite. Usher or gentleman of the back door.
The same.
To Bagpipe — a lascivious practice too in- decent for explanation [irrumare].
Basketmaking. Copulation* Bawbles. Testicles.
Beard splitter — aman much given to, wench- ing^
272
AN EROTIC ENGLISH DICTIONARY
Beast with two backs. Man and woman in coitu.
Bite, pudend. muliebr.
Blower. A whore.
Bobtail. A whore — an eunuch.
Box the Jesuit and get cock roaches.
A
sea term for masturbation. Brim. A whore.
Brother Starling. One who lies with the same woman.
Brush, to have a, with a woman.
Coitus. Buck-fitch. A lecherous old man. Bumbo. A negro name for pudend. muliebr.
Buttered bun. One lying with a woman that
has fust lain with another man
is said
to have a buttered bun. Buttock. A whore. — Buttock ball.
Coitus.
Cat Whore.
Cauliflower, pudend. muliebr. Clicket. Coitus.
Cockalley or Cocklane. pudend muliebr. Coffeehouse. To make a
coffeehouse of a
woman's cunt; to go in and out and
spend nothing. Cooler. A woman. Commodity, pud. muliebr.
Corporal — to mount a
corporal and 4 =
AN EROTIC ENGLISH DICTIONARY
273
onanism — corporal = thumb —- 4 fingers
= privates. Crack. A whore. Crinkums. Pox.
Cundum. Dried gut of sheep, worn in
coitu.
Dock. Futuere. Doodle. Penis pueri. Dripper.
Gleet. Dry bob. Coitus sine emissio. Dumb glutton.
Pudendum muliebre. „ watch. Bubo on groin.
Face making. Coitus. Fen. Bawd or whore. Fireship.
Woman with pox. Flyer. To enjoy a woman without going to bed.
Frig, to. Masturbare. Fuck. Futuere*
Game. Whores.
Gap stopper. Whore master.
Gigg. à°udendum muliebre.
To join giblets. Futuere.
Gingambobs. Testiculi.
Goats gigg. Coitus.
Gobble prick. A lustful woman.
KcvTrradia. II. I&
274
AN EROTIC ENGLISH DICTIONARY
Old Hat. Pudendum muliebre.
Hooks, cunt. Fingers.
Horn colick. Priapism.
Huffle. 'A piece of beastialüy — too
filthy
for explanation'. Hump, to. Once fashionable word for
futuere.
Indorser. Sodomite.
Jock or Jockum cloy. Futuere.
Kettle drums. Mammae. Knock. Futuere.
Ladybirds. Whores.
Larking. lA lascivious
practice' that will not
bear explanation'. Lobcock. lA large relaxed
penis'.
Machine = cundum.
Madge. Pudendum muliebre.
Madge Culls. Sodomites.
Mantrap. Pudendum muliebre.
Mettle. Semen. — To fetch mettle, onanism.
Molly. Sodomite.
Mow. Futuere (Scotch).
Muff. Pudendum muliebre.
AN EROTIC ENGLISH DICTIONARY
275
Nigling. Futuere. Notch. Pudendum muliebre. Nub.
Coitus. Nutmegs. Testiculi.
Peppered. Infected with lues venerea. Plug tail. Penis.
Prick. id.
Prigging. Coitus.
Riding St. George. Coitus with woman up- permost. Roger,
penis : to roger, futuere. Running horse or nag.
Lues venerea.
Screw. Futuere. Strapping. Coitus. Stroke, to take a.
Futuere. Strum. Futuere. *
Sunburnt. Clapped. Swive. Futuere.
Tally wags or tarry wags. Testiculi. Thingumbobs. „
Thomas, Man. Penis. Tiffing. Coitus. Token.
Lues venerea. Touch up. Futuere.
18*
276
AN EROTIC ENGLISH DICTIONARY
Wap. Futuere.
Whiffles. A relaxation of scrotum. Whirligigs. Testicles.
Windwind passage, one who uses or
navi gates the. A sodomite.
From 4A Classical
Dictionary of the Vulgar Tongue* — By F. Grose, F. S. A.
1785.
TROIS CONTES ALSACIENS.
I
NIX YWWER Ä GUTE N* ANFANG
^'létscht
synn d'r H'ârr Kyrchen'Yn- _schpUkter au wydder ä mol ywwer
Land g'synn, unn hänn dann au
d'Dorfschuel g'ynschpaktyrt Noch dä n'érschte Kratz- fyss, hét d'r Ynschpäkter d'à Schuelmaischter ufg'fordert 'mm dä béschte vunn sine Schyler * ze présadyre. Dar losst glich dä dyke Jéri vormarschyre, unn do saht d'r Harr Yn- schpäkter zuem Jéri: «Nun, mein Lieber, wenn du Morgen's in der Frühe aufge- standen, was ist da wohl dein erster Ge- danke und dein erstes Thun?» DV Jéri macht ä gross Paar Aue unn kratzt sich hinter de n'Ohre, schnüft awwer kain Wort.
278 trois contes alsacien6
Um ne n* uff da Wäi ze brynge ,
«Nicht war, saht d'r Ynschpäkter, da ist es dein erstes Gott deinem Herrn zu danken und dein Gebet zu verrichten ? — Näi, saht ändli d'r Jéri, do géw'i hinger t* Schier unn schiss.» Vor dissmol h ét d'r Schuelmaischter da Schtärne noch nytt kryjt
(Traduction.) LE TOUT EST DE BIEN
COMMENCER
Ia
dernière fois messire
l'Inspecteur ecclésiastique étant de nouveau en campagne, vint aussi à inspecter l'école du village. Après les premiers salamalecs, il demande au maître d'école de lui présenter le meilleur de ses élèves. Le magister fait aussitôt avancer le gros George et l'Inspecteur dit à George: «Eh bien, mon ami, quand tu t'es levé le matin de bonne heure, quelle est bien ta première pensée, ta première action?» George roule de gros yeux, se gratte les oreilles, et ne souffle mot. Pour le mettre sur la voie, «n'est-il pas vrai, re-
TROIS CONTES ALSACIENS
279
prend l'Inspecteur, que ton premier
soin est alors de remercier le Seigneur, ton Dieu, et de faire ta prière? — Non, répond enfin George, je vais droit derrière la grange et me mets à chier.» Ce n'est pas cette fois encore que le magister aura attrapé la croix.
II
BEGÄHR NYT YWWER D* NOTH
DHflR NEJ Pfarer vunn Sankt Péter hét nyt
^SÂ nur d'Pfaréj vunn sim Vorgänger an- geträtte, er hét au z'glich sini Wydfrau owe- drin genumme. Déss wysse n'r schunn.
Wass'r awwer nyt wysse, ysch wie's zuegange ysch wo's druff unn dran ysch kumme, unn déss wyll ich i verzähle. Wo d'Frau also ym Bétt ysch g'schtäkt unn d'r Paschtor schunn fHosse liss gezeuje hét g'hét,
hetY ang'fange, é'wV
zueYe ysch g'schlupft, ains erunder ze batte: «Herr, stärke mich ! Herr, lenke mich!» Do hét sin Wiwel dä Kopf zuem Getych herüss g/schtrékt unn hét'm zuegeruefe: «Batt nun* er soll d'r nä sterke; ich wurr d'r nä
28o
TROIS CONTES ALSACIENS
schunn l'ânke.» Unn so ysch's dann
au g'sch'àhn; unnvunn do kummt s' Sprichwort: begähr nyt ywwer d'Noth.
(7 raduction) NE DEMANDE PAS AU-DELA DU NÉCESSAIRE
Ie
nouveau pasteur de St.
Pierre n'a pas seulement succédé à la cure de son prédécesseur ; il a encore pris sa veuve par-dessus le marché. Cela, vous le savez ; mais ce que vous ne savez pas et ce que je vais vous apprendre, c'est comment la chose s'est passée quand il fallut en découdre. Pour lors donc, la femme étant déjà fourrée au lit, le pasteur, après avoir ôté ses cu- lottes et avant de se glisser auprès d'elle, commence à défiler ses prières: «Seigneur, fortifie moii Seigneur, dirige moi!» Mais aussitôt sa petite femme, sortant la tête des draps, lui crie: «Prie seulement qu'il te le fortifie; je me charge de te le diriger.» Et ainsi fut-il fait, et de là le proverbe : ne de- mande pas au-delà du nécessaire.
TROIS CONTES ALSACIENS
281
m
WAS YSCH RELIGION ?
'létscht kummt s'Nochber's sin Schan- gele — ä DéifePs Krott, die ywweral
d'Näs muess hann, wo sie nix ze duen
hét — myr nix dyr nix durch t'Schlofschtub ge- rannt, wo grad s'Lüwisel, sini Schwéschter, so ä Bachfyschel yn dä Vyrzéh, s'Hämt schanschyre duet unn blutt naket do schtéht. S'Maidel losst a Schrai üss: d'r Schangele kauft au glich päch; lauft awwer schnuer- schtrax zue sinere Maeter, unn, ym haisse n' Ifer, so wit'r sie erblyckt : «Awwer Marne, waisch? Dänck numme wass i gsähn habt s'Lüwisel hét Hör am Büch!» Sie, um'm ébs ze saue, bryngt nix erüss als: «Fréili, waisch, s' Lüwisel hét halt jetzt Religion be- kumme», wass yn yrer Sproch, sie ysch üss'm Owerland, so viel haisse wyll als «s'ysch komfermyrt worre». Dt
Schangele mérckt sich s' Ding, dann bi dämm geht nix verlöre. De Da druff, y m Exame, freujt d'r Pfarer: «Wass ysch Religion?»
Kainer vun dä Buewe schnürt ä Wort. Min Schangele awwer, dar g'schéiter ysch, lupft glich dä
282
TROIS CONTES ALSACIENS
Finger yn t*hé. «Ze sah dü's dann,
saht d'r Pfarer, wann d'äs waisch: Wass ysch Reli- gion? — «Harr Pfarer, Hör am
Büch!» — Ob do d'Buewe g*schmolt harm, freujt sich nytt. Ball hätt d'r Pfarer sälwer g'schmolt, hätt au gärn dämm Ding nochg'schpürt, hét awwer g'schéiter gethon unn glich ä n'anderi Kschicht angfange.
( 1 raduction)
AVOIR DE LA RELIGION
'autre jour, Jeannot, le petit du voisin — un diable de crapaud qui met tou- jours le nez où il n'a que faire — se jette, sans crier gare, dans leur chambre à cou- cher, juste au moment ou sa sœur, la petite Louise, une fillette sur ses quatorze ans, était en train de changer de chemise et se trouvait nue comme la main. La fillette pousse un cri, et Jeannot décampe. Mais du pas il court tout droit auprès de sa mère et, encore tout chaud, du plus loin qu'il l'aperçoit! «Maman, tu sais! Pense donc ce
TROIS CONTES ALSACIENS
283
que je viens de voir! Louise a du
poil au ventre!» Elle, ne sachant que répondre, ne trouve rien à dire que: «Eh oui! tu sais, Louise a maintenant de la religion,» ce qui dans son langage, elle est du Haut-Rhin, revient à dire, que Louise a été confirmée, qu'elle a fait sa première communion. Jeannot se tient la chose pour dite, car ce n'est pas lui qui laissera rien se perdre. Le lende- main, au catéchisme, le pasteur demande: «qu'est-ce qu'avoir de la religion?» Per- sonne ne souffle mot. Mais Jeannot lui, qui en sait plus long, lève aussitôt le doigt. «Eh bien, réponds, toi, dit le pasteur, si tu le sais. Qu'est-ce qu'avoir de la religion? — Mr. le pasteur, c'est avoir du poil au ventre.» Si les gamins ont ri, il ne faut pas le demander. Un peu plus et le pasteur riait lui-même. Volontiers aussi il eût été au fond de l'histoire; mais il fit plus sage- ment et passa à d'autres propos.
a
A fa
LE POSKOCNICA,*
SORTE DE KOLO OU RONDE DES
SERBES.
ette danse est toujours accnmpagnée
fiSBI de chants plus ou moins
obscènes, mais comme la chose est admise par suite d'une longue tradition, personne ne songe à la proscrire. Il va dans dire que les jeunes filles qui entendent ces couplets font sem- blant de ne pas comprendre et il est caracté- ristique que les parents, qui assistent parfois à ces jeux, n'ont que des sourires pour ces
* Vuk dans son Dictionnaire
traduit ce mot par Cantussaltatorius. C'est, dit.il, une
série de couplets que le jeunes gens chantent à haute voix en dansant le Kolo.
LE POSKOCNICA, SORTE DE KOLO
285
bizarres et licencieuses chansons;
leur vigi- lante prudence, si prompte à s'alarmer pour bien moins en toute autre circonstance, se laisse alors imposer par l'usage une trêve de quelques instants. — La licence a même été, à une époque, jusqu'à la témérité; car il fut un temps où les begs turcs, alors seigneurs des villages où les danses avaient lieu, hono- raient le Kolo de leur présence; or il n'était pas rare qu'ils entendissent de la bouche des jeunes chanteurs des couplets injurieux pour leur personne; non seulement ils ne s'en formalisaient pas, mais il eût même été contraire à l'usage et au bon ton de garder le souvenir de paroles qu'en toute autre occasion, les audacieux chanteurs auraient peut-être payées de leur tête.
Vuk déclare, dans le passage cité,
avoir entendu lui-même à Jadar, les couplets ir- révérencieux que voici, chantés en dansant par des Serbes, en présense des Turcs assis autour d'eux: «Upa cupa, aujourd'hui demain «Nos pieds sont à nous, la terre est aux
Turcs;
«De cela les Turcs se soucient bien
peu. «Les puissants pachas mangent de lamerde* «Et les vice-pachas se pavanent.»
286
LE POSKOCNICA, SORTE DE KOLO
Outre ces couplets cités par Vuk, je possède, parmi mes manuscrits, un cahier contenant une centaine, au moins, de strophes du Kolo et d'autres du même genre, cahier provenant, soit dit en passant, des collections inédites de Vuk. N'ayant pas ce manuscrit sous la main, je cite les couplets qui m'ont été communiqués ici par une personne qui les a entendus en Serbie dans son jeune âge.
En voici le texte accompagné d'une
tra- duction aussi littérale que possible:
I
S one strane Save Dve devojke same Jedna drugu pita Svrbi li te pica: Niti svrbi nit boli, Veé se uzegla pa gori.
I
De l'autre côté de la Save, il y a
deux filles seules; l'une demande à l'autre: «Est- ce que le con te démange? — Je n'y sens ni démangeaison ni douleur ; mais il est en- flammé, il brûle I»
OU RONDE DES SERBES 287
II
S one strane Kolubare Sve su pice ko subare
n
De Pautre côté de la Kolubara
Tous les cons sont larges comme des
bonnets —--—
III
fcisti baba ulicu Napruéîla guzicu Zalece se tica kos Te odgrize pici nos.
IU
«La vieille balaie la rue; en se
baissant, son derrière s'est trouvé tellement exposé, qu'un mâle est venu et a, d'un coup de bec, enlevé le nez à son con.
288
LE POSKOCNICA, SORTE DE KOLO
IV
Sve se cudim i kamenim Kako pica vodu drzi Nigde èepa ni obruôa Strmo glavu okrenula.
IV
«Je demeure pétrifié d'étonnement
quand je vois le con retenir le liquide (l'urine); il n'a ni cercles ni bouchon et, par-dessus le marché son orifice regarde la terre.*
* Dans le Théâtre des Boulevards,
Paris, 1751, il y a une énigme qui a
quelquee analogie avec ce couplet: Qui a le ventre fendu et dont les tripes ne sortent pas? — Réponse: Les filles.
GLOSSAIRE CRYPTOLOGIQUE DU BRETON.
Aie'houe, clef. L'expression Ar bank enn tan na laker ket Dre ma ve ami aie*houe kollet
«on ne jette pas
le coffre au feu pour en avoir perdu la clef», qui s'applique au second mariage d'une femme (Sauvé, *Pro- verbes et dictons de la Basse - Bretagne', No. 409) est entendue dans un sens ob- scène par l'interlocutrice du «Clerc de Rohan» (Barzaz-Breiz), puisqu'elle lui ré- pond : «Ta langue est gangrenée par l'im- pudicité». Mais l'allégorie n'a pas besoin d'être prise ainsi. Ce que le clerc ajoute dans le même passage «Une clef neuve, à mon avis, vaut bien mieux qu'une vieille clef» rappelle les paroles de la belle-mère jalouse de sa bru, dans la «Tour d'Armor» (Barz.-Br.): «Les clefs nouvelles, on les
Kçvntâôia. ii. 19
39°
GLOSSAIRE CRYPTOLOGIQUE
aime, ... pourtant les vieilles
clefs sont les plus commodes.» De même dans 'Ar mar- vailler brezounek' . .. contes bretons re- ceillis par MM. Troude et Milin, Brest 1870, p. 256, un prince, parlant en ligures, dé- signe sa première amante par «une vieille clef», et la jeune fille qu'il était sur le point d'épouser par «une clef neuve».
Baleandès coureuse, prostituée, P. Grég.
Baf,
membre viril: ma ba\ ha ma
fadh, Tréguier, littéralement
«mon bâton et mon sac». Cf. KçvnTaSux, II, p. 265 ; «le baston à un bout...», Rabelais, 'Pantagruel', L lu c. 18 ; «du pacquet et baston», 1. III c.
8.
Bek pointe, par allusion au membre viril, *Prov. et diet, de la Basse-Bret.', No. 67; cf. l'épithète de Priape,
povo-oTÔç&vyt.
Bibich, membre viril' Trég.
Bit ouvert ou bitousien (3 syll.) fem., membre viril (Le Gonidec, Le Pelletier; cf.
JCçtmrâSux I
360). Ce mot semble venir du v. fr. vit= vectis; cf. babouf, bave, du haut breton
bavoux, baveux.
Bonbelen (eur —) verge des chevaux. Trég. ; proprement, «battant d'une cloche».
Bon et Dougen ar — fordhegy
porter le bonnet fourchu, être cocu.*
Canaouennou grèt gant eur C'hernevod, p. 23.
DU BRETON
29I
Bo rdell, lupanar, 'Catholicon' (XVe
siècle) ; du français.
Bordeller, «scortator», <Çath.,;
plur. bor- delerienn evel chass, luxurieux comme des chiens, 'Prov. et diet/ No.
964; du vieux français bordelier.
Bouc'h bouc Eut
— Koj, un vieux dé- bauché. Proux, 'Bombard Kerne' p. 64; plur.
er bouhétt, déuêhatt de losquem
«les boucs qu'on n'a pas encore brûlés», diction- naire vannetais dit de L'Armery, au mot
sodomie.
Bouchon, masc. femme qui se laisse toucher indiscrètement, Trég. Cf.
ar bouchonnerez hac ar jeuHo daouarn, les attouchements et les jeux de mains, 'Explication an doctrin christen', Guingamp i838, p.
190.
B ouf on. Ober-gant, ou boufonih eurplac'h, toucher une femme d'une
manière incon- venante, Trég. Cf. ar
jeuio daouarn hac an oll bouffoneref, les
jeux de mains et toutes sortes d'attouchements, 'Expl. an d. chr.' p. 179;
ar
boufounerien vrasa, les plus grands débauchés, Introduction d'ar vuez devot'Quimper chez Derrien, 243.
B ou II en, prostituée, Le Pell.
Bram masc, pet, mot commun à toutes les langues celtiques, sauf une légère mo-
19*
292
GLOSSAIRE CRYPTOLOGIQUE
edification de la voyelle. C'est à
tort que M. d'Arbois de Jubainville, 'Etudes gram- maticales* 1881 p. 59 le tire d'une racine
bram murmurer; ce mot, qui est en gaé- lique d'Ecosse braim,
breim, bram (Diction- naire de 'Neil M'AlphV), au mot
fart) est dérivé du verbe vieil irlandais
braigim, gl. pedo ('Grammatica celtica* 2e
édit. p. 429). U est possible que bram soit identique au latin fragment
cf. fragorf et en allemand ausbrechen,
faire explosion ; Brechen, vo- missement. Le 'Cathoiicon' donne le dé- rivé
briminyat péteux, qui a conservé l'w du suffixe, comme le pluriel comique
bremmyn. — Epithètes: fec'A, sec; iach, sain;Vofir'/e/r =
foerellek, foireux, Trég.; sugell [aussi long que] la corde qui sert à amarrer le foin sur la charrette (Troude). On dit en pétant ou à quelqu'un qui pète :
Naohtek! dix-neuf; Dapou ket hi vreur henan, il n'attrappera
pas son frère aîné ; lapet 'teuf er gwenn? As-tu atteint le but ? (le blanc, ici pour la chemise). Trég.
... hep na rea\ f o - ken na bramm na klem- madenn (il fut tué
raide) sans pousser ni pet ni plainte, 'Ar marvailler brez.' p. 166. Proverbes:
Da heul ar bramm Eteu ann tamm, après le pet vient
le morceau; Gond
DU BRETON
293
ar bramm f o
tné{, G and al louf fo
c'houéf, litt, avec le pet est
honte, avec la vesse est odeur. Trég. Brenn, merde; terme honnête (P.Grégoire).
Brem signifie aussi du son (gallois bran, anglais
bran). En vieux français bren, bran, avait les deux
sens: «pet de bou- langer, car le bran vient après». Ce mot semble celtique.
Brennecq,
merdeux, P. Greg. cf. brenoux, Rabelais.
Kac'hout, kac'het, cacare; mot commun aux langues celtiques. De là en haut bre- ton l'expression : il a fait
cahet de bragotte, cf. *Revue celtique' V,
219, 220. On a en breton le composé kac'h-moudenn, pro- digue, litt, chie-motte; d'où
kac'h-mou- derma, prodiguer; litt,
réduire (son bien) en mottes, Troude. 'Nn
hini 'neu\ c'hoant da derc'hen hi ihet, Zévet hi vri enn avel pe ha de gac'het.
Celui
qui a envie de garder sa santé, qu'il lève le nez en l'air quand il ch.., Trég.
Kae\ourenn, diminutif Kaeçourennik, les parties.
Cale h membre viril \penn an calch, prépuce, 'Cath.', gall,
caly, = irL calg, épée (Stokes).
Kall, kell, fém. testicule, irl. caull, gaU caill;
'Cath.' quell.
394
GLOSSAIRE CRYPTOLOGIQUE
Kall oc1 h adj., (cheval) entier; écrit cal-
/oatcA dans le
'Cathoiicon1; cf. irL caullachr gl porcus.
Kaoc'k, koc'k, merda .... a ioa eur peç bern kaoc'h tomm erm he vrageç,
qui avait un morceau de m .... chaude dans sa culotte (qui avait peur), *Ar marvailler br/ p. ioo.
Kaoc'h ourtn
ganeç, je suis de la m.... avec toi = je ne suis rien à côté de toi (pour le travail), ibid. p. ioo.
Lorc'h gant koc% de la vanité
pour de la m...., pour rien, Trég. Roc'ha
ou" koc'h-keçeka, aller chercher du
crottin de cheval; /roc'Àor, celui qui y va; homme de rien.
Karman hi skouarn curer son oreille, = cacare, Trég.
Caymantes, Calimantes, Vann. cou- reuse, prostituée, P. Grég.
Kleu^enn. Ko? —, vieille péteuse, Trég.; de kleuf
creux.
Kliant, un débauché. Canaouermou....
eur c'hern. p. 23, 26, 33. Cl un fesse. 'Cath.'
Ko at at, faire la cour; coire. Trég. Konfitur,
synonyme de Kaoc'h (dans un
pot), Trég.
Korf. Eu\ ma c'horf n'on ket
pec'heres
\
DU BRETON
je ne suis pas pécheresse de mon
corps 'Gwerziou Breiz-Izel' II, 74. Komauk (avel —) vent
d'ouest; vesse, Troude.
Korniec, cornu (cqcu)
— evel eur çharo, comme un cerf. Canaouermou.. . eur c'htm, p. 12, 16; cf.
dougen ar c'hernio> porter les cornes, p. i4.
Çorqès, coureuse, prostituée, P. Grég.
Kou kau, Mirei ko neuf deu% ar
goukou, gar- dez votre nid contre le coucou (Barzaz- Breiz, La tour d'Armor) ; expression qui rappelle les vers élégants de Delille sur ce sujet.
Çourç, cunnns, 'Cathol.' En gall, croth; M. Stokes a rapproché
ces mots du grec
xçvnroç caché, d'où JCavnrâSia ; cf. KoUCaq
xXi&e(ç = Ventris obstruso recubans cubili (Hymne à
S4- J. Baptiste), ynXTfoay . . • rov daßta, exhibet.. . Suere Du Plan, Paris 1786,
p. 170.
Kosf-v
iret:... diloueded
merc'hedkof-vireX (le chemin de fer a)
démoisi bien des vieilles filles, 'Bombard Kerne' p. 44.
Krochen, f. (peau), prostituée, Trég.
Charlesenn, pl. ed, courtisane, P. Grég.; vesse (Troude).
Chataléreç, bestialité, P, Grég.
296
GLOSSAIRE CRYPTOLOGIQUE
Chaus (sauce), m.... Trég.
C'hoant plac'h, litt, «désir (d'une) fille». Te '%o 'c'hoant plac'h
bete gwertno da daou- lagad, litt, «tu es en
désir de fille jusqu'aux blancs de tes yeux». Baraill a naonf ba- raill a fec'het, Baraill 'c'hoant plac'h da gousket
«bâiller de
faim, bâiller de soif, bâiller de désir d'une fille pour dormir», Trég. On dit de même
c'hoant potr «désir de garçon» en parlant des femmes galantes; ces expressions triviales sont imitées de celles qui désignent les animaux en cha- leur (cf. 'Rev. Celt,' IV
149).
Oho art eur plac'h, jouer d'une fille, Kçimrââia I 266, cf.
c'hoorieres (joueuse), courtisane, 'Rev. Celt.' IV
149.
Chouistell, «membre viril», litt «flûte», Trég.; cf. sutell.
Dameséle-public, courtisane, L'A. (fille publique).
Daoulagad, yeux. Ha c'houi beteg ho taoulagad Brades deus eur c'hokin bertnag.
Et vous, jusqu'à vos
yeux enceinte du fait de quelque coquin ('Gwerziou Breiz Izel'). Voy. c'hoant plac'h
et reor.
Debocher merc^hed, débaucheur de filles, 'Gwerziou Br. Iz.'
11; le P. Greg, donne
DU BRETON
297
dibaucher, Vann. dibauchour, féru, dtbau- cherès.
Des dean Ua; des dei 'ta, litt, «viens à lui, donc! viens à elle, donc!» cris pour exciter deux amoureux, 'Explication an doctrin christen' p. 180.
Zello deudik re- gards engageants, Trég. Ce mot
deud-ik est un impératif pluriel
au diminutif (cf. 'Rev. Celt. IV. 157),
qu'on peut rendre approximativement par «venez, petite», ou «petit».
Diadre, diadren, etc., le derrière; plur. diadreyou,
P. Grég. On dit aussi ar penn adren, «le bout de
derrière», Trég.
Dig oc'* her s août, — Ke\ec,
litt, «dé- merdeur» de vaches, de chevaux ('Chanson an dançou' chez Lédan, p. 4).
Direoret = é-culé. Eur pot —, un pot défoncé, KçvnrâSia
I 362. Ma n'en eus ket f e, 'tirerou (il en a tant d'envie que) s'il ne l'a pas, il perdra son c.., Trég.
Dishonest, déshonnête; dishohnestq, dis- hohnested,
P. Grég.,
impudicité.
Dog an, pl. ~ed, cocu; dogani, coeufier, *Mélusine' I 551. Dans le 'Catholicon'
dogan, verbe doganaff. On trouve ce mot écrit
daougan, par exemple chez D. Le Pelletier, mais peut-être par suite d'une préoccu-
39$
GLOSSAIRE CRYPTO LOGIQUE
pation étymologique. Neb fo dogan hag a oar A ielo d'or baradof raktal
celui qui est cocu et qui le sait, ira au paradis tout droit, Trég. Cf. J. B. Rousseau, épi- gramme 38 du livre IV: «Epousons donc puisqu'il faut, dit le peintre, Etre cocu pour gagner paradis»; et Sauvé,
<Prov. et diet, de la Basse Bret.', No. 456. Douma
terésiou,
attouchements. Le Gonidec, 'Katekiz historüV p. 85.
Each, excrément, terme honnête, P. Gré& C'est un mot enfantin, qui répond à «caca» et qui se prononce
ec'h
en Trég. Le Gonidec donne aussi la forme
ac%
Failhançç, excrément, t. honnête,P.Grég. Probablement du franc,
faillir, cf. dé- faillance* Voy. feU.
Fall y mauvais, dans les expressions
adou- cies plac'h fall, plur. en Vann. fall-virhiet, mauvaise fille;
leac'h fou, mauvais lieu (*Ar c'henta miz Mari', 2*
éd. p. 48).
Far de II, membre viril, Trég. Du français fardeau,
qui s'emploie en ce sens dans les mêmes localités.
Fell, excrément, t. honnête, P. Grég. cf. failhançf
et le br. fellell, faillir.
DU BRETON
F es kenn 9 f. fesse; du français. Pour
le k inorganique, cf. lousken, féminin de tous, sale. Vann.
fêsseem, L'A,
Feumeulenn, plur. -o, (femelle) «porte» en terme de couturière, objet dans lequel entre le crochet appelé
mal, Trég.
F eur de gas, foire, colique, Trég., litt, «foire à mener», c'est-à-dire «qui fait aller, qui fait courir»?
Fief glaç (figues vertes), crottin de cheval. 'Bombard Kerne' p. 30,
Les bouses de vaches s'appellent mouded-glaç, mottes vertes, Troude.
Fleriadenn, courtisane, litt, puanteur ou femme puante, cf.
louvigef.
F lut er ik ann douar, vesse-de-loup (P. Grég., Troude), mot-à-mot, probablement, «petit vesseur de la terre». La syllabe
flut, avec quelques variantes,
a en breton des sens fort divers : i°-
flud, sottises ou men- songes ('Mari beg a rog\ 3e
couplet); v/k- tach, contes, choses
insignifiantes; vlutafi koheho, faire des contes
('Rev. Gelt.' IV 169), cf. Piou *neus fluted ar \on never. Qui a fait ce chant nouveau, 'Bombard Kerne* p. 44;
fleuden, femme qui a une mauvaise langue, fleudema
médire, etc., D. Le Pellet. ; 2* bastarded,.. fluted e
3<X>
GLOSSAIRE CRYPTOLOGIQUE
Gall, bâtards mis bas en pays français, 'Bomb. p. 4, cf. 72; 3°-
e ver flutet digueneoc'h ar peç o p'eus goune\et, on vous enlève, on vous soutire ce que vous avez gagné ('Ar virion es d'an artizanef, Landerneau 1849, p. 13) ; 4°-
fluterik ann douar; 5°- c^hoari flut jeu de cartes assez semblable au vingt-et-un, Troude; on dit en Trég.
cyhoari
flu, sorte de brelan ; 6
<>• flaut sonde à beurre, Troude; vluten bec de cruche, Trég. Cf. français
flûte, an- ciennement flaute;
fluterik ann douar rappelle fort le mot
flatuosité qui dérive de la même racine que flûte. Foeltr et
foultr «fouldre, lat. fulgur», 'Catholicon*. Ces mots
s'employant dans des jurons, ont été, je croi *, confondus avec foutraff,
du franc, foutre, lat. futuere, 'Cath.'; il en est
résulté une classe de mots hybrides qui tiennent de
fulgur pour la forme et de futuere ou plutôt de foutre
pour le sens: foultr a var 0 gueno «leur foutre sur la gueule»,
Canaouetmou gret gant eur dhemevod, St.
Brieuc, 1838, p. 6; foultra Pocquo dar voeren, poquo dar mer- c'het,
«foutre des
baisers au verre, des baisers aux filles», ibid. p.
18 ; foeltra e gorf ac e fillad, abîmer son
corps et ses
DU BRETON
30I
habits, ibid. p. 4; divoeltraû, déchirer, Trég.: foeltr-boellou,
grand gésier, 'Bomb. K.' 64; foelt-biken,
tan-foeltr-biken, du diable si jamais (avec un futur); Na fe- brjent birviken foeltr tamm krampoeç fritet
ils ne mangeraient
jamais aucun morceau de crêpe frite ('Al louarn castizet', par Yves Tanguy);
tanfo'éltra
jeter violemment, foutre par terre, 'Can. ... eur c'h.' 13; hanval deus bordoueur pot cambr eo he diou foeltren mu\el
ses deux
énormes lèvres ressemblent à des rebords de pot de chambre, ibid. 12; eur pes
foultren asied, une énorme assiette,
'Mari beg a rog\ chez la veuve Le Goffic, Lannicn, 2e coup- let;
eur foeltrennik
gougad, un sapristi de coup de gueule, Trég. etc.
Fons, le fondement, le derrière; du franc, fonds. Le P. Grég. donne à
ce mot un pluriel en ou, Vannetais eu.
Foutraff du franc, foutre, 'Cam.', voy. foeltr.
Foutraillefenl sorte de juron, ('Sermon Michel M or in', chez Lédan, p.
43); du fr. foutre.
Foutu e, il est fichu, il est perdu, Trég.;
terme moins bas en breton qu'en
français. Fouçaff, du lat. futuere, 'Cath.'
302
GLOSSAIRE CRYPTOLOGIQUE
Fr me s, le derrière, en bas Léon (P. Grég.)
Fraskell, i. pet foireux, traînant, Troude.
Friponell, £ coquette, Varai., Troude.
Friçenn, f. (crevasse d'un mur), fille de mauvaise vie, Troude.
Fréta, frotter. Pa frète eur plac'h ail, quand il caressait une
autre fiUe, 'Can ... eur c'h.' p. 24.
Frouguein%
fronguein, pisser, en
par- iant des animaux; frougadeil, frugadett, frigadeU, pissat, et,
improprement, urine de l'homme. Vann. P. Grég. M. Troude donne froug, freuk,
m., urine, pissat; frougadeil, f., trou où tombent les urines des bestiaux, Vann.
G ad al, adj., luxurieux, obscène ; gadales, «folle femme», *Cath.\
plur. ei, P. Grég.; plac'h gadal, id., P. Grég.; gadalere^ £,
lubricité, 'Kanaoueimou
santel' St Brieuc 1842, p. 196; gadêle\, impudicité, P. Grég. Cf.
gadalej, 'Cath.' ; gadalus, 'Cath.', luxu- rieux.
Gagn et kagn, f. (charogne), prostituée: map-kagn,
fils de p. ; plur. ou.
Gast,
f.; plur. gisti, prostituée; mab eur c'hast, plur. mipien gisti,
fils de p. En gallois gast, plur. geist, chienne; en ir-
DU BRETON
303
landais gast, vieille femme, sorcière (glos- saire d'O'Cléry).
Honnef
fo gast lahn hi e'kroc'hen, elle est
garce plein sa peau, Trég. Le P. Grég. donne le composé hybride gast-puteen
et l'expression mîl-gast, double p., litt, mille
p. On forme de ce tnot les dérivés gastach,
minauderies, ma- nières affectées, Trég.; gàstaoui, putasser;
gastaouer, Vann. gastaottr, putassier; ces derniers supposent à côté de
gisti un autre pluriel *gastott; Vann. gosiereah,
prosti- tution, L'A.
Gedon penn-gwenn, lièvres à tête blanche, ==• jeunes filles dans les champs (en terme de chasseur) 'Bomb. K.' 52
; cf. eur cfhadik penn-gwenn, un petit
lièvre à tête blanche, 'Barzaz Breiz', La filleule de Du Guesclin, § m, et voy.
glujeri.
Gloc'horenno, pour Klogoremto, ampoules, désigne une maladie secrète, 'Can ... eur c'h.' 30.
Glujeri koef et, perdrix coiffées, = jeûnes filles dans les champs, en terme de chas- seur 'Bomb. K.' 52.
Glujeri est pour Klu- jeri Cette expressiori
se dit en français.
-G ou hin, plur. ou, courtisane, P. Grég.; du franc,
gouirie, cf. provençal godmeta, dont on a rapproché le gallois
godmeb forni-
3<H
GLOSSAIRE CRYPTOLOGIQUE
cation et le vieil irlandais goithimm, futuo (Grammatica celtica' 2e
éd. p. 13).
G oui s, pL i (truie), putain, Trég. (P. Grég.); d'où
goiäsaer, putassier, ibid. ; voy. tourdh.
Goujardès, pL ed, une gouge, P. Grég. Cest le féminin de
goujard, goujat.
Groillenn (l mouillée), femme de mau- vaise vie, Troude.
Groll (truie qui a des petits), femme dé- braillée, prostituée, Troude.
Gruec foll^ femme folle [de son corps], Cath.'
Hadrêr, «faux-cul», tournure des dames, Trég.
Haillebodenn, prostituée, Troude; Le P. Grég. écrit cailheboderm,
pl. ed C'est le féminin de haül eb od,
haîllevod, mauvais sujet, Troude.
Hey f è s (biche), femme impudique, P. Grég.
Hibil cheville, par allusion au membre viril:
— Kamm,
— recourbée, Kçvnrâdta I 266 ;
— soun,
dressée, Sauvé, 4Prov.
et diet', No. 479.
Hillig a he morqed S eur
plac'h, litt, cha- touiller la cuisse d'une fille, Troude; cf. e c'harlinquas din ma
mordet, il me cha- touilla la cuisse, 'Can... eur c'h.', p. 28.
DU BRETON
305
Hou Ii er, franc, id., lat. leno 'Cath,'; plur. -lien, fém.
houlyerès pl. ed, P. Grég.
I ale'h, bourse, scrotum, Kçvnrâdta I 361.
Iann, Iann-Iann, Iannik-Iann (Jean,
Jeannot), sobriquet des cocus.
Sauvé,
'Prov. et diet.' No. 451. Impudicationou, impudicités, 'Chanson
an dançou' chez Lédan, p. 4. Insolantach, chose
inconvenante, 'Explic.
an doctr. chr.' 180. Jalgaudétt effrontées, femmes débraillées
(L'A., s. v. débrailler). Janeik, membre viril,
Trég.; diminutif du
franc. Jean. Jufere, chufere (hydromel), podad —, pot
plein de m.... Trég.
Landr eg er, le derrière, Trég., litt. «Tré- guier».
Liboudenn-, f. «fille ou femme coquette, en mauvaise part», Troude; cf.
libouden 'Guiziou ar vro',
Landerneau, s. d., p. 9: plur. -et. Le sens premier semble «chiffon, guenille», cf. 'Rev. Celt.' IV
161.
Li bo us, «m. V(ann.) Noir de fumée dé- trempé, et par extension, salope, terme injurieux pour une femme», Troude. En
KovnraSta. fi. 20
3o© glossaire cryptologiqu*:
Trég. libouf et liboust ont d'autres sens analogues ('Rev. Celt.' IV
161); c'est aussi le liquide épais que rend une vache qui vêle; = Cath. liuoes,
mousse d'eau ou d'arbre.
Lik, adj., lubrique.
Loeniach,m. bestialité, Troude; loëçnyaich, P. Grég.
Lost, queue, dans le sens du 'caudamque salacem* d'Horace:
eul lost kouët, une queue tombée; — trouc'het,
— coupée,
K^vuràSia II, 266.
Loudour enn,
courtisane ; proprement, salope, Le Gonidec; plur. -et.
Lou/, Vann. lou, vesse; loufat, Vann. louein,
vesser, ki louferik, chien de dame, litt, petit vesseur;
loufadenn, f., vesse.
Cf. loufce, «vapeur qui s'échappe de l'estomac,» 'Dictionnaire rouchi - franc.' par G. A. — J. H., 2« edit. Paris 1826.
Kemener, Pik ki vif, louver; Tailleur, pique-son-doigt, vesseur ! Trég. ;
loufaorchen, qui vesse
sur son coussin, sobriquet des tailleurs, Trég. De là aussi en Vann. louvec,
un fat, plur. louviguet ; louviguès, prostituée, louviguiah,
prostitution ; louviguiahem,
prostituer ; louvidiguiaJu fadaise, L'A.
du breton
Lukan penn-pignon, le derrière, Trég.; litt, «la lucarne du bout du pignon.»
Mal plur. o, m., (mâle), petit crochet qui s'adapte dans la «porte», en terme de cou- turière, Trég.; Voy.
feumelem.
M am (mère): Vann. er vam à goff er fu- mœll, f., vulve, L'A.; en
Léon, mammou, matrice, P. Grég.
Marc? h s ailler, m. antier, m. jervich, cheval entier, étalon,
Trég., par opposition à marc*h labour, cheval de travail. Voy. kallodh*
Mard est donné par le P. Grég. comme ayant signifié mer da ;
il viendrait du fran- çais. Le même auteur donne aussi comme usité
fouilh-mard, escarbot, ou fouille- merde; et il tire de mard
le mot mardos «saleté d'argile qui, au
temps de pluie, coule le long d'un parois blanchi», cf. 'Rev. Celt.' IV, 162. Ce mot
mardos, en certaines localités de Léon quelquefois mordof,
suie, paraît plutôt identique au gallois marwydos, cendres chaudes; mais il a porté la peine de sa ressemblance fortuite avec
mer da; de là l'emploi de mar do f dans le sens de
Kaodh ('Feiz ha Breiz' du 26 avril 1884, p. 131); cf. mar-
20*
3o8
GLOSSAIRE CRYPTOLOGIQUE
dosi, salir de merde, mardosus. merdeux, P. Grég.
M armons (singe), et mowncqa (guenon), personne impudique, P. Grég.
Martinik, petit Martin, mot local syno- nyme de Janeik?
'Rev. CehV IV 66.
Merc^heta, courir les filles; merdhetaer, coureur des filles, =
potr ar mere net, 4Prov.' No.
5o2.
Mil in, prostituée; milintric, fornication, v. bret
Mon, merde, terme honnête, P. Grég.
Morik (petite mer): ober—, faire pipi: t. enfantin, Trég.
Mou denn (motte), cunmis, KçvnraSut 1360; II 269. Cest probablement une figure du même genre que celle qui a lieu dans le proverbe
Kentoc'h e skuùf ar freill evit al leur, le fléau se fatigue
plus tôt que Paire (en parlant des rapports conjugaux) *Prov. et diet* p. 10.
Atours, m. Vann. merde, P. Grég.; étron, Troude.
Mouf, m., Vann. vesse; Léon. moue\, mauvaise odeur;
moufein, Vann., vesser, Léon, moue fa, sentir mauvais, Troude.
Munudeik (menu): ober — cteur pladh, «coire cum muliere», Trég.
Probablement
DU BRETON 309
analogue à l'expression enfantine
«faire son mince» = uriner, par opposition à «faire son gros».
Nap lès y mal vénérien, P. Grég., D. Le Pellet., litt, mal de Naples.
Ne u denn ein y pisser, litt, lancer un filet (d'eau), Treg., 'Rev. Celt.' IV i63.
A'of, arc*hard goneet en —, argent gagné la nuit, pretium stupri
; on dit d'un enfant : Ne ket gret vally 'vit tam
labour nof, ce n'est pas mal fait, pour un travail de nuit, Trég. Cf. dans les œuvres de Shakspeare
Pêriclès, acte IV, se. 6, 'do the deeds of darkness'.
Ober, faire. Gred fou dei fvel ve gred dar re all,
on lui a fait ce
qu'on fait aux autres, se dit d'une femme enceinte, Trég.
Ob H je t. Da bed ac'hanoc'h 'vin —? A combien d'entre vous serai-je obligée? demande une jeune fille prisonnière, 'Gwer- ziou Breiz-Izel', I, p. 350.
Off icy al pl. ou, urinai, pot de chambre, P. Grég.
Orach (orage), bean en —, être en humeur
galante, Trég. Orged, m. amour luxurieux; d'oùorgeder,
un débauché ; orgedere%y
femme débauchée,
3IO GLOSSAIRE CRYPTO LOGIQUE
Troude; oriad, pl. ed, débauché; fém. oriadès,
pl. ed; oriadef, débauche, P. Greg. Or in, urine;
ormal urinai, 'Cath'.
Pabor, chardonneret: nos quentâ e kenret Digoret franq dor ar gaouet Ac éd ar Pabor gant al laêr,
cCan...
eur c'h.' 23. cf. L'époux, quelle
disgrâce! De IVoiseau» qu'il cherchait N'a trouvé que la place (Béranger).
Paillart , 'Cath.', paillard; pailhardyaich, paUkardyeq,
Vann. pailhardtah, paillardise; pailhardi, Vann.
paithardein, paillarder, etc. P. Grég.
Paner ok adj., débauché, mot ancien, selon Troude.
Park, champ. Bed e 'park rog hi lein, elle a été au champ avant
son déjeuner, se dit d'une femme qui accouche d'un enfant venu à terme, avant neuf mois de mariage, Trég.
Pastel hi rer, ou pastel toull hi rer, m., sa fesse, Trég.
Pau très, pl. ed, courtisane, P. Grég.; fém. de
pautr, garçon; il est arrivé à ce mot la même mésaventure qu'au franc,
garce. Mais poutres n'est pas toujours pris en mauvaise part.
DU breton
Paf (toux), pet, en t. honnête; avec
l'article, ar pas et ar bof, P. Grég.
Péan hi ôtro, aller à la selle, litt, payer son maître, Trég.
Pelletenn, coureuse, prostituée, P. Grég.
Penn-pautr, garçonnière, P. Grég., litt, tête de garçon.
Pens fesse, du français; c'est, par con- séquent, un doublet de
fesken. Il semble que cette forme pens vienne d'une fausse analogie: d'après
ma fenn, ma tête, de penn, on aura formé pens
à cause de ma fens, ma fesse. Pour la
nasalisation, com- parez befis, de la vesse.
Peul (pieu), membre viril, K^vnraSia II 269 (cf. les comparaisons, ibid.
I 48, 86).
Pef pièce; Teus ked a vef, Gwelet da rer
en daou be\l Tu n'as pas de honte, De voir ton derrière en deux morceaux! Trég. Per
1er, prostituée, litt pièce de cuir (peau, cf. scortum).
On dit par euphé- misme : Ar re %e fou di... pef a jonjan,
ces personnes sont deux ....
ce que je pense (suffit, je m'entends), Trég.
Pik, pie. Ar bik a grog enn he skouam, la pie lui pince l'oreille,
= il (ou elle) a envie de se marier ; cf. 'Bomb. K.' 90.
Pi den ou biden, f., pl. ou. Le Gonidec,
312
GLOSSAIRE CRYPTOLOGIQUE
membre viril. Selon le P. Grég., ce
nom ne s'appliquait qu'aux petits garçons. D. Le PelL ajoute (s. v. pit
ou pid) qu'on ne l'employait pas pour les bœufs; il cite le gall,
pidyn, «mentula», d'après Davies.
Pis et, pisser, Trég.; Vann. picçet, en par- lant des animaux, P. Grég.
Eur pod piser, un pot de chambre,
bokedo pis-toutou des fleurs de pissenlit, Trég.
Pitou, m., débauché, 'Can... eur ch.' 11; écrit avec une majuscule p.
29. Pitaouer, id. p. 30; cf. 'Rev. Celt.' IV 165.
Porc1 hel lovr, impudique, litt, pourceau ladre, P. Grég.; cf.
tourc'h.
Praticien 'Can... eur c'h.' p. 30, syno- nyme de pilou;
mot souligné probable- ment parce qu'il est tout-à-fait français.
Puff er icq an doüar, vesse-de-loup, P.
Grég, cf. fr. pouffer, gall, pwffio. Pu te en, pl.
putened, P. Grég. ; Vann. pu-
téne, pl. puténéfétt, L'A. (s. v. garce), du
franc, putain.
Qyès lupr, qyès sautr (chienne en chaleur); qyès-vley{
(chienne de loup) et blejrçès (louve), femme
impudique, P. Grég. voy. ki et gast, et cf. latin lupa, d'où
lupanar.
DU BRETON
313
Rampennet y co\ —, vieilles bégueules,
'Can... eur c'h.' 4,11; de rampa, glisser?
Voy. riskla. Rahgouill, coq à
demi-châtré; rahgouilli,
châtrer à demi, Troude. Ras-paotr, m:, garçonnière, Troude.
Rebeutenn, double putain P. Grég.; du
fr. rebut?
Rederès ar bautred, coureuse de gar- çons, P. Grég.; Vann.
rideréss,
ridouréss, coureuse, garce, L'A.
Reor, revr, refr, rer, cul; quelquefois cunnus. Rer brein
cul pourri, injure à un péteur. On dit aux péteuses : Mam goj ann avel gré Hag hi rer adré,
grand- mère de l'orage, qui a le cul par derrière. Pour les excuser :
Le{ 'nei de vramet,
p'en e gwir 'man hi rer ganthi; n'a ket d'an- prestein rer den ebetl Laisse-la péter, son cul est à elle, elle ne va pas emprunter celui d'un autre.
Krog e bram 'n hirer, -le pet est pris dans son
cul, = il a grande hâte, ou grande émotion. On dit encore dans le même sens:
'bad ket hi rer, son cul ne dure pas; dond rei hi rer
(ou hi fondamant) oar am tu gin vel eur c'houe- fegel,
ou vel eur bouton koko, son derrière va se détourner comme une vessie, ou
3H
GLOSSAIRE CRYPTOLOGIQUE
comme un bouton de coco (= nombril). Fenn e gant me rer klevet ânout,
ce que tu dis fait rire mon cul, expression de dédain qui rappelle celle desHauts-Bretonse «Tu me fats ch...».
Bean daou benn daou rer, litt être deux têtes
deux culs, se dit, par exemple, de deux animaux qui sont cou- chés en sens inverse Tun près de l'autre. Ail
bonjour, na bonsoir, na fri ma rer
(il est parti sans dire) ni bonjour ni bonsoir, ni (mets ton) nez (dans) mon c.. ; l'ex- pression complète est
bout da fri 'n em rer, beaucoup de
Hauts-Bretons ne savent que cela en fait de celtique. Eur week 'oa unan Hag hi rer enn tan; Penôf e padje Med daou rer 'n ije?
Il y avait une fois quelqu'un qui avait le cul dans le feu; comment aurait-il duré, à moins d'avoir deux culs ?
Daoulagad glas Ha da gousket 'rer ar c'has (ou Vous
eur was); Daou- lagad rou\ Ha da gousket er baradowç; Daoulagad gwenn Ha da gousket 'rer 'rnenn.
Yeux bleus vont
coucher dans le cul du chat (ou au fond du ruisseau); yeux roux vont coucher au paradis; yeux .blancs vont coucher dans le cul du .chevreau. Dérivés:
rer ad, plein le cul; — koc'h, de merde, Trég. ; reoraich,
merde
DU BRETON
315
(burlesque) P Grég.; adj. reorek, de cul, 'Rev. Celt/ IV 70.
Rèu, Vann. cunnus (Kovnrâêia II 265).
Riband, fern, ès, ribaud, ribaude P.Grég.
Risk la (glisser, risquer): Ar verc'harisgo he c'hroëhen,
la fille
aventurera sa peau, 'Can... eur c'h.' p. 30; risqla, p. 22 ;
risqa p. 24, absolument, tomber, en parlant d'une femme; eur risquerez co{
p. 23. une vieille débauchée.
Sac1 h (sac), scrotum. Voy. ba\.
Sav aie h, sauvage; an avyel — (l'évangile sauvage), paroles impudiques, P. Grég.
Skign monstre qui naît d'une femme et va aussitôt se cacher sous le lit; il ne faut pas se faire scrupule de le tuer, disent les Bretons (Trég.). Cf. Vann.
skignan, chignon, grenouille.
Sklokeres (glousseuse), vieille péteuse.Trég.
S er c'h pl. ed et 0, Trég.; concubine, P. Grég.
Serch, «concubinarius», 'Cath.* M. Troude donne serc'here?,
concubinage, serc'hm vivre en concubinage; Davies,cité par D. Le Pelletier, bret.
serch% «concu- bina, concubinarius». On trouve
sercfheg, l'amant, dans le 'Barzaz
Breiz' (La sub-
3l6
GLOSSAIRE CRYPTOLOGIQUE
mersion de Keris). Vieil irlandais
serc,
amour, Cf. aréçyta.
So do m ad pl. sodomidy, sodomite, P. Grég. ; fém.
sodoménn, mœrh à Sodom, tribade, L'A.; sodomyaich, pec'hed Sodoma,
sodo- mie, P. Grég.
Sot, adj., impudique, en parlant des choses; sotonyou
(sottises), choses impudiques, P. Grég.
Soudardès pl. ed, ou gast soudarded, une gouge, P. Grég.; fém. de
soudard, soldat.
Spaç, châtré ; spaça, Vann.spahem,spaouein,
châtrer; du lat. spado.
Stal: Pak da stal, ferme ta brayette, litt, ramasse ta marchandise, Trég.
Staut, pissat; stautet, pisser, 'Cath.' En par- lant des animaux:
staut se dit impropre- ment de l'urine de l'homme, P. Grég.
Lousaouen - stauter, bokedou stauter,
le pissenlit; sa fleur. P. Grég. Stautiguetm, pissat; stautiguell,
creux plein de pissat; stautiguellat, pissoter, P. Grég. M. Stokes a comparé avec raison l'anglais
to
stale.
Strakl, pet; t. honnête, P. Grég.; strakal péter; cf. 'Bomb. K.' 36,
où l'auteur tra- duit «crépiter» et prend la précaution de dire, resped dhoc'h,
sauf votre respect.
Stréhein, étrécir. «Ce mot et ses dérivés
DU BRETON
317
sont obscènes dans le
bas-Vannetois», L'A. Cf. starda costou ar merc'het serrer les côtes des filles, 'Can.... eur ch.* 8, et simplement
starda merc'het p. 18. Streieres (éternuement), colique, Trég. Voy.
pa?.
Stroden (boue; souillon), prostituée; mot cornouaillais (Troude).
Stroillachy parties sexuelles de l'homme, Trég., de strouill,
ordure, d'où strouilletm Corn, fille de mauvaise vie,
Troude.
Strohk, strounk, m., excrément humain, Troude, cf. v. franc,
stronc, = étron.
Sütel (sifflet), membre viril: va — ha va ialc'h,
mon sifflet et ma
bourse, KçvnraSia I 361. Voy. c'houistel, qui en est probable- ment un doublet.
Tal ter, tailler, croupe, croupion. Zoudard (resped dhoc'h) arm tôlier,
soldat, sauf votre respect, du croupion, 'Bomb. K.' 32 ;
distroit aman ho tôlier, p. 62 = «tournez- vous, de grâce,» La Fontaine; cf. p. 96, 102.
Meur a blac'h a lacqpilhau da
rontad e feutrin, Brofiou d'ober un tailher, Bien des filles mettent des chiffons pour s'ar- rondir la poitrine, des jupes pour se faire une croupe, 'Can.... eur c'h.', 11.
3l8
GLOSSAIRE CRYPTOLOGIQUE
Tarj, pet, tar\a, péter, îm. éclater.
Ter s y fesse; tersek fessu; nom de famille. Troude.
Tifoc, eunuque, 'Cath.'
To m m y chaud. Rer tomm, ou rer poas,
fille galante, litt, cul
chaud ; Trég.
Toull y trou. Toull ar revr, — du cul; — ar foncfy
du fondement; — al lost, de la queue, P. Grég. Toull de doull!
litt, trou de ton trou, interjection d'impatience, pour
toull de rer! Sko de vri ba\ pevar c'hom toull me rer! Frappe ton nez
dans les quatre coins du trou de mon cul. Birvtn a ra toull he rer gant c'hoant 'n eus de...
Le trou de son cul bout,
tant il (ou elle) a envie de (telle ou telle chose), Trég. Voyez direoret.
On dit aussi Birvtn a ra ar c'hoc'h 'n hi rèr gant c'hoant,
litt. La merde bout dans son cul, tant il désire (telle ou telle chose), Trég. On dit à quelqu'un qui pète, la nuit:
Biet dann toull, pe ra hi dever Kenkouls en tewal hag en skier,
Santé au trou
puisqu'il fait son devoir aussi bien dans l'obscurité qu'au jour. Le diminutif
toullëik, petit trou, est un synonyme enfantin de rer;
le même mot s'emploie
familièrement pour «le dernier»; cf. en franc, le culot,
et en
3*9
gallois tin y nyih, le dernier de la couvée, de tin,
«podex».
Tour c'h, (pourceau), prononcé souvent toute'h en Trég., se dit d'un homme dé- bauché.
Toulc'h vel ma cMk,
luxurieux comme mon chien, Trég.; tourc'h an barrés (le pourceau de la
paroisse), putassier par excès, P. Grég.
Toupet, tondu; tra dowçet, chose tondue, par allusion obscène 'Rev. Gelt.* IV 70: cf.
Touçeik, toujeik, deuj daveton, Nan euf den er ger nemerdon Hag ar cfhof diaoul a varichal A ve
wor pe art 'n hi stal, Petit tondu, petit tondu,
viens vers moi, il n'y a personne à la maison que moi, et le vieux diable de maréchal n'arrive à sa boutique qu'à la nuit, Trég.
Treo lous, choses sales, ou ann treo ce, ces choses-là = les règles
des femmes. On raconte que les garçons avaient autre- fois cette incommodité, mais qu'ils n'avaient pas la pudeur de s'en cacher, ce qui fit que Dieu passa la chose aux femmes, Trég.
Troaç, urine Vann. troeh, treaht et dëur treah%
litt eau
d'urine ; troaja,
uriner, troajiguellai, pissoter, P. Grég. Ces mots s'appliquent spécialement aux personnes; cependant en Trég.
troaçah se dit aussi
320
GLOSSAIRE CRYPTOLOGIQUE
des animaux. En gall, trwyth, urine. Bret. troa\ ruf,
urine (rouge), échauffée, P. Grég.
Tronsan vit (ann —), la colique, Trég., de tronsan,
trousser, et vit, franc, vite? L'A. donne vitt,
f., courante; et M. Troude vit, vid, m.
Vil (vilain), impudique (des choses);
vil- tancfou, paroles ou actions
impudiques, P. Grég.; vilgemt, prostituée, litt, vilaine peau? M. Troude donne aussi à ce mot, en cornouaillais, le sens de crasse du corps.
Von s, le fondement; eur gof dtvonset, une vieille défoncée (péteuse), Trég.
V ovo au, 2 syll., mal vénérien? 'Can... eur c'h.' 11.
SUPPLÉMENT.
Baskarin, hermaphrodite (île de Batz).
Belek, prêtre. On dit en Basse-Bretagne que quand le femme est sur l'homme
m coitu, l'enfant qu'elle met
au jour sera prêtre.
DU BRETON
321
Bout ebarç, mets dedans, éveille la même idée obscène que le nom géographique
Méfidon, connu pour cette raison en Haute- Bretagne.
Gad, lièvre. Taped e hi gad d?ei, son lièvre a été attrape, se dit d'une femme enceinte,
Trég.
21
WELSH jEDŒOLOGY.
[he object of the following Articles is
BLHh to bring together all the elsewhere inaccessible aedœological data that we have been able to collect in Wales, which may in any way interest the Students of Folk- Lore and Anthropology, or of Celtic Philo- logy, Literature, and Lexicography. They have been put together by an Englishman; but their accuracy may be relied on, as he has both made himself acquainted, more or less, with the Welsh Language and Literature, and has spent several vacations in visiting the Prin- cipality, and attempting to penetrate into the innermost life of its peasantry; and these notes are based, partly on information eli-
21*
324 WELSH
jEDŒOLOGY
cited by his enquiries on the spot,
and partly on what he has learnt by correspon- dence with Welsh Bards and Scholars, to whose kindness and readiness to assist him he is indebted not only for most of the ma- terials he has put together, but also for many etymological remarks which he now reprodu- ces. Notwithstanding, the Welsh reader will at once perceive that the different Parts of his Country have been very unequally examined. To us the localities most thoroughly explored appear to be the Skirts of Nanconwy and those of Cardiganshire1; but we trust that at some future time an equal flood of light may be shed on the Penetralia of other Parts of the Principality, from Porth Ysgewin in Gwent to Porth Wygyr in Mona.
It will be seen that the various
contri- butions have been somewhat loosely strung together with no attempt to distinguish the sources whence each quota has been derived, the only order adopted being the alphabetical
1
Abbreviated 'Card.'; and the North
and South of that county 'N. Card.'
and 'S. Card.' respectively. Of these divisions, separated by the river Wyre, and differing much in dialect, the latter is called «Godre'r Sir», 'the Skirts of
the Shire', by the natives of
the former.
WELSH jEDŒOLOGY 3*5
sequence of the Latin equivalents
for the Welsh words under discussion: and, more- over, that no violent effort has been made to couch either translations or comments in that circumlocution so eminently calcu- lated to stimulate the prurient imagination of modern civilized humanity.
No nation can, perhaps, appear to
the best advantage when looked at from an aedœological point of view. It is only the seamy side of its character that presents itself to the aedceologisfs enquiring eye. But the writer, judging from his acquain- tance with England, France, and other countries, fearlessly affirms that the Princi- pality comes off second to none of them in point of propriety and sense of decency.
An drogy n u s.
In dictionaries we find the words
«mab- ferch», ('lad-lass'), «gwr-gwraig», ('man-wo- man'), and «catwrwraig» *, but we have never heard any of these used. The last looks to us like an old book-word concocted to trans- late the Greek 'Amazon', and compounded either of «cad», 'battle, war', and «gwrwraig»
1 Evans, Eng.-Welsh Diet.,
Carmarthen, r8ia, s. t. • Hermaphrodite'.
326
WELSH jEDŒOLOGY
(=«gwr-gwraig», the initial «g»'s
being elided in the second component of Welsh 'proper compounds'), or else of «cadwr»,'warrior', and «gwraig».
In Nanconwy1 a general
word applicable to 'humans' and beasts is «gwrryw-banyw» (Carnarvonshire*1 for «benyw»), 'male-female'; but its natives have, we are told, nicer distinctions between different classes of human hermaphrodites. The kind most inoperative (from the feminine point of view) is called «gwrry w-gydiwr», which (see under
*Fu- tuere') properly means 'a
sodomite', though we think that in this case 4a catamite' (='pathi- cus') is rather meant, as the reason adduced for the opprobrious name is that, 'they say, they will never do anything with females, nor will they ever leave a male bedfellow alone;' whilst «fïwl» ('a fool', of course from the English), and its compound «catffwl» (a word also applied to half-witted persons in the same district) there designate a class
1 This
(abbrev. «Nan,') is the Welsh name for the district of the Vale of Conway, which river forms for most of its course the boundary
between Denbigh- and
2 Carnarvon-shires
(abbrev. 'Den.' and 'Carn.'). Our observations apply chiefly to the centre of the Vale, and the Carn. side.
WELSH «flSDŒOLOGY 327
somewhat superior to the «g-g.», but
yet by no means up to the proper standard of manly vigour; it was defined by a native as com- prising men similar to those alluded to by Twm o'r Nanfs young women when they said1
«Dyna imi ffwl tin lipa, Ni wiw ini ddisgwyl, yn ddigon siwr, Fawr lawenydd gan wr fei yna.»
'There's a fellow I call a
limp-tailed ninny; it's no good, sure enough, our looking for much pleasure from a man like that!'
An adjectival form from a fern.
«*catffol», viz. «catfïolog», is used in the same district for a hoydenish, intractable romp of a girl; and the «cat-» in these words is possibly the same as the word «càt»*, 'a piece', borrowed from English, and used in the expression «cat
1 «Cyfoeth
a Thylodi», p. 8. Our quotations from this poet's works are from the uncastrated or Merthyr Editions (1848—1850) never from the emasculated Liver- pool one (1874). His «Cyfoeth a Thylodi» is called «C. a T.' ; «Y Farddoneg Fabilonaidd», 'F. F.' ; «Pedair Colofn Gwladwriaeth», «P. C. G.' ; «Tri Chryfion Byd, «T. C. ß.' ; «Pleser a Gofid», «P. a G.'
2 The
grave accent denotes that the vowel is quite short, which may be also indicated by the doubling of the following consonant.
3*8
WELSH jEDŒOLOGY
o ddyn», 'a good bit of a roan' ;
whence the dim1, «cetyn», 'a short piece of anything', especially 'a short black stumpy pipe', (as in «cetyn cwtta», 'a cutty pipe*); Pughe* also gives a plural of «cat» in «Tori'n gatiau» (a phrase common in Wales) 'to break in pieces', and the derivative «catiad» (elsewhere «catted», which would be written «catiaid») is used in Nan. for 'a pipeful of tobacco' *.
The history of this word is curious. Halliwell, in his 'Diet of Archaic and Pro- vincial Words' (ed. 1855),
s. v. 'Cat', informs us that 'The Trap at the game of Trap and Ball was formerly called a 'cat', and the game itself also went under this name,
1 L
e. «Diminutive'.
2 Welsh-English
Dictionary. i»* ed. (under name of 'Owen') London, 1803 ; sad ed. Denbigh, 1833. He is hereafter abbrev. 'P.' He was much given to concocting imaginary 'primary words' from which, according to the phonetic laws prevalent in Welsh, existing wofds might be derived as 'secondaries', in order to fill up gaps in his visionary linguistic edifice. Hence the great importance of pre-Pughese Welsh Diets., since the poste- rior ones, as a rule, copy and reeopy these purely imagi- nary words from the pages of the great Lexicographer.
3 «Er
ys cetyn», 'a little while ago', is also found m P. s. v. «cetyn», and «ys cetyn» is still common in the same sense.
WELSH iBDŒOLOGY 329
or, according to Howell, 'Cat and
Trap' ; ......but the game of 'cat* is more pro- perly that played with sticks, and a small piece of wood, rising in the middle, so as to rebound when struck on either side.... It is also called 'Cat and Dog/.' And we learn from Nares' Glossary (ed.
1882), s. v. 'Cat', where further references and particu- lars are given, that the game is now known as «tip-cat», and that it is the small piece of wood that is called 'the Cat'. Now this is just the meaning retained by «cat» in parts of Wales, e. g. N. Card., where the game is still popular, and to play at it is called «hware* cat» (see P. s. v. «Cat», also s. v. «clwpa», where he says the game is also called «Dau wr a chlwpa», 'Two men with a knobstick'). Hence «cat» must have had its signification extended so as to mean 'a piece of any kind', and possibly «catflfwl» may mean 'a fool who is only a bit of a man' and «catftblog» (like French 'horaasse') 'a girl who is half a man' (metaphorically). As to animals, the old Gwentians1 seem
1 'Gwent* now only includes
Monmouthshire. It formerly also embraced most of Herefordshire west of the Wye, and the 'Gwentian Code' no doubt prevailed
33o
WELSH jEDŒOLOGY
to have had a very singular notion
about hares, for it is said in their code (Welsh Laws1 I, 734) that 'they are not assessable by law, inasmuch as they are males for one month and females for another'. A mule is termed «Bastard Mul» 'a mule bastard1, and in N. Card, the expression «ceiliogiar», 'a cock-hen', is used for fowls supposed to be of neither sex (not capons, which are there unknown), and is metapho- rically applied to stupid, boyish-looking girls ; but the human monster is in that district more particularly described by a word that may be written «hifir», «hifyr», or «hufyr» in the accepted orthography, as «i», «y», and «u» are, in the S.W.2 dialects, so confused, as to be quite identical in sound in certain positions. It occurs in the following popular rhyme :
«Hifyr di hafar,
Nid bwch nid gafar.»
over the whole of the diocese of
Llandaff, which in the ix th century comprised, besides Gwent, Glamorgan- shire and parts of Brecon- and Carmarthen-shires.
1 Abbrev.
«W. L,'
The work cited is «Ancient Laws and Institutes of Wales' etc, by Aneurin Owen. Printed for the Record Commissioners. London, 1841 (2 vols.).
2 «W.'
= Welsh. «N. W.' = North Welsh : «S. W.' = South Welsh.
33i
'A «hifyr» without (a) «hafar»,
Neither he- nor she-goat* ; which, put into the standard orthography, ought to run : «Hifr di hafr, Nid bwch nid gafr», but the words «hifr» and «hafr» present some difficulty.
We find a word «hyfr» given,
together with «bwch» and «hyfr-fwch», as the equi- valent of 'caper' in the Latin-Welsh part of Dr. Davies' Diet.1, whilst in the W.-Latin part he gives «hafr» and «hyfr» as equivalents, though he explains neither. Lluyd* (p. 46, s. v. 'caper') gives «hyvr»5 (his orthography for «hyfr») as 'a gelt goat', but «haur» (i. e. «hafr»), a word to which we will return further on, only (p. 217) in the sense of 'sluggish'. Jones*, Richards5, P., Walters6, and others, follow LI, in so far as they all
1 Abbrev.
'D'. 'Antiquae Linguae Britannica: etc., et Latinse Dktionarium Duplex', London, 1632.
2 Abbrev.
'LI.' 'Archseologia Britannica', by Edward Lluyd, Oxford, 1707.
3 The
sound of English *v' is in mediaeval W. written generally *u', sometimes «fu\ V, or f ; but always 'f in modern W. except by certain would.be
reformers of W. orthography.
4 Diet,
of W. and Eng. Shrewsbury, 1760.
5 Thomas
Richards' W.-E. Diet., i«t ed., Bristol, *753-
G E.-W. Diet. (2nd ed.) Dolgelleu 1815.
332
give «hyfr» as 'a gelt or wether
goat', but D. in so far as they give «hafr» as syno- nymous with «hyfr».
Pughe also gives what seems to be an adjective from «hafr», viz. «hefrin», (should it not be «hefryn»?), which he ridiculously defines as meaning 'that is spread out, or incom- pact' (he was thinking of «hafr», 'sluggish'), but he explains it as meaning 'gelt' in the phrase «hydd hefrin», 'a gelt stag', occurring in the following Triad1: «Tri chaled byd: maen callestr, corn hydd hefrin, a chalon mab y crinwas», which he translates, 'The three hardest things in the world, a flint stone, the horn of a gelt stag, and the heart of the miser.' There is another word from which «hefrin» might come, viz. «hefr», used in Nan. as an exact equivalent of «catffdlog» (see p. 327); from which is formed a word «hefrio», 'to romp', used especially of a girl being 'hugged and tumbled' by young men. We cannot explain «hefr» as borrowed from
•1 This Triad answers to No. a of
the «Triodd Mab y Crinwas» ('Miser's Triads') in Myvyrian Archaiology III. 246, but it is there given differently:
«Tri chaled byd: dur naw gwyniast maen cellt, a chalon mab y crinwas.» The work mentioned is abbrev. *M. A.' (3 vols., London, i8ox).
WELSH iEDŒOLOGY
333
the Eng. 'heifer', which makes, all
over Wales, «heffer» or «hether», though it might come from some Eng. word like the Scotch «hâver», 'silly talk', Icelandic «hefer», 'gar- rulus'.
The word «hyfr» is still understood
in Nan. as 'a gelt goaf, and is there often ap- plied ('significantly', says a native) to simple- looking, unsprightly fellows, and (more meta- phorically), in the phrase «yr hen hyfr wirion !» 'You silly old wether goat!' to foolish, slo- venly, girlish young women, especially with reference to their doing some silly thing from simplicity of mind, or neglecting to catch a windfall that tumbles into their laps. In Arfon1 we have often heard «hyfr» applied to a giddy romp of a girl, but there they have forgotten the meanings of the terms of abuse with which they inter- lard their objurgations.
Here, it will be seen, is some
confusion. It is very likely that «hyfr» may (like «myha- ran» of a sheep), in some parts of Wales
1 This is the W. name of, roughly
speaking, the coast and «versant» of Cam. immediately opposite «Mon» or Anglesey. The «f» is of course
pronounced as an Eng. «v».
334 WELSH
jBDŒOLOGY
have meant an entire, in others a
gelt, goat : but how harmonize «hyfr», «hafr» (both in sense of 'a gelt goaf), and «hefr» ? We can make nothing of «hefr», but are inclined to think that «hafr», though long obsolete, is a genuine word in that sense, perhaps etymo- logically distinct from «hyfr», and identical with «hafr», 'sluggish', specialized into the sense of 'an animal rendered sluggish, i. e. unfrisky and non-performing, by castration'. Note that it is fern., whilst «hyfr» is (and «* hefryn», if there is such a word as a subst., must from its termination be) masc; hence probably the last two words meant 'a male gelt goat', and «hafr», 'a spayed she goat', i. e. one on which an operation analogous to gelding had been performed.
In Nan. we have heard a variant of
the first line of the rhyme applied at Llanrwst (in Nan.) to a girl supposed to be a boy, viz. «hyfri afren». The expression comes, we believe, from the Den. side of that town, as it seems unknown on the Carn. side, where, moreover, they would say «afran», not «afren». Here «hyfri» is very puzzling, and we do not quite understand what relation it bears to «hyfr». «Afren», as it stands, can only be the 'middle* form of «gafren» (dim.
335
of «gafr», 'a she-goat'). Now, to
enable it to take this form, «hyfri» must either be an adj. agreeing with it, or a subst. after which it is used attributively or adjectivally : or else «hyfri» is a corruption of «hyfr i». If the last, the words might mean 'a gelt he-goat for (i. e. to match) a spayed she- goat'. This idea is confirmed by the ex- pression «hifyn i ha fan», 'a hermaphrodite', which was common in the mouths of Arfon school-children about 25
years ago, as com- pared with its modern equivalent «hifyn di hafan», now used in the same district ; which forms (fully discussed below) bear much the same relation to one another as would do «*hyfr i afren» and «*hyfr di hafr».
This brings us back to the N. Card, rhyme, and reminds us that there is a diffi- culty in the way of equating «hifyr» with the Arfon «hyfr», which ought in the Card, dialect to become «hyfyr» (as «liyfr»,
ca book, there becomes «Hyfyr»). Yet possibly the inconsistency is merely in the spelling; for if the right spelling of «hyfr» were «hufr», (and the two would be pronounced alike in the North) «hifyr» is just what we would expect it to become in the Southern ver- nacular. On the other hand, it will be
336
WELSH jEDŒOLOGY
seen below that the S. Card, version
has «-hyfir».
The «di» in «di hafar» should mean 'without*, and we thus get as a possible ren- dering of the first line, 'a gelt he-goat with- out a spayed she-goat to match1. It must be remembered, however, that in O.-W^ «di», representing in fact two different pre- positions, meant indifferently 'from' (some- times 'of, partitively or even possessively) and 'to1, and though in the former sense it is obsolete as a prep., and in the latter has now become, as such, «i» (through an inter- mediate form «* ddi» = C1 «dhe» or «dha» ; the B.1 is «da», in V. B. «de», pronounced like Fr. 'de*; and the O.-B. «do») yet, in com- position, «di-» and «dy-» are still used in- differently as prefixes, either (from the sense of 'to') as strengthened, or (in that of 'from1) as privatives: we may add that in such words as «diblant», ('childless'), «didraul», 'expenseless'), «di» is still really a preposition (= 'without1), for they are not regularly ac- cented, viz. on the penult, but on the ult., syl- lable; each word being, in fact, pronounced
1 «Cornish» is abbrev. *C«\ and
«Breton», 'B.' : «01d*> «0\ «Vannetais», *V.\ and « French », 'Fr.'
WELSH jEDŒOLOGY 337
as though it were two separate words
*. Now the archaic «di» (= 'to' or 'for') might have been retained in a jingle whose meaning had been lost, and «hifyr di» thus have meant the same as the possible «hyfr i» of Nan. (see above). Or «di» might have been de- signed to intensify «hafar» ?
The following related version is
current in S. Card. Here «di» is replaced by «mi», and the «mi» repeated before «hyfir»:
«Mihyfir mihafar, Nid bwch nid gafar.»
or «Na Uwdwn na da fad.»
Neither he- nor she-goat.' or 'Neither male sheep nor ewe/ («Llwdwn» is Card, for «llwdn».)
1 In composition either «di-> or
«dy-» (the latter pronounced with an 'obscure* «y>) may occur in either sense (though «dy-» is rare as a privative, as in «dybryd») ; but the 'new' school of Welsh orthography, founded by Pughe, has succeeded in confusing alike philologists and learners by writing invariably, or nearly so, «dy-» for the strengthening, and «di» for the privative, prefix : hence such barbarisms as «dygwydd» for «digwydd», cdyben» for cdiben», etc: and the 'improvement' of W. orthography by writing a sound «dy-» which is pro- nounced «di-».
Kçvjirâdia. IL 22
338 WELSH
ADŒOLOGY
It is possible that the words «hyfr»
and «hafr» have here become mixed up with the word «myharan», in parts of S. Wales mea- ning 'a wether-sheep', though in Merthyr (under the form «mynaran»*) it means
ca ram*, its usual sense in Mon and Arfon.
We will now proceed to the Arfon
ver- sion of the jingle, which has «hifyn» for «hyfir» and «hafan» for «hafar» in the first line:
«Hifyn di hafan
Un gont ag un aran.»
= 'A — without a — One cunt and one ball.'
In discussing the possible senses of
the first line, we will first give the meanings of which it (and its variants) are susceptible as they stand; and then suggest an explanation which will, we believe, shew what were the archetypes from which this and the Card, rhymes (with their respective variants) were developed.
«Hafan» would be the S.W. pronon- ciation of the word properly written «hafh»,
1
For this curious insertion of «n»,
compare the Card, «rcwtanu», 'to shorten', from *cwta», *short' : and «hind- danu», 'to become fine* from «hindda», 'fine werthet*.
WELSH ADŒOLOGY 339
and it is possible that even in N.
Wales, «hafn» might have been made into «hafan» in order to rhyme with «aran» (the Cam. for «aren», 'a ball' = 'testicle*). Now «hafn» (putting aside its meanings of 'a port, harbour, or «haven»', in which senses it is obviously borrowed from Eng.) is in common use in Nan. for 'an «agen» (or 'rift' on a large scale), a narrow cleft between two rocks', with or without water, and 'even at the top of a mountain or pass'. It is also there applied to the*deep, generally waterless, rifts on the side of a mountain,1 or those in alluvial land scooped out or deepened by a flood2. So it is
1 In
this sense it is synonymous with the N. Anglian 'rake', and a precipitous 'cirque', seamed round with these, is called «Taren» in S.-West Merionethshire.
2 In
this last sense «hafn» and «cafn» are used in- differently in Nan. There a «hafn» formed by a stream differs from a «ceunant» in that the former appears open at both ends, the latter closed at one by a preci- pice or transverse gorge: «cornant» there means a brook tumbling (often in a bed of no depth) down the steep side of a declivity. «Corbwll» (= the N. Anglian «linn», called sometimes in N.Wales «llyn» or «llyn tro», 'turning pool', in S.Wales «cerwyn», lit. 'mash-tub', and in both «pair», 'cauldron') is the deep pool below a «hafn», rapid, or waterfall. None of these words are properly explained in Dictionaries, nor have they any equivalents in ordinary English.
340
WELSH jEDŒOLOGY
used by Mynyddog, a native of the
Vale of Dovey, who ('Caneuon', p.
123) speaks of a «cornant» thus:
«O mae hi 'n dlws mewn creigiog
hafn, Yn berwi fei rhyw bair!»
*How fair it is in its rocky gorge,
boiling like a cauldron!'
Now as to «hifyn». This is a
singulative or dim. of «hif», which we seem to have in the Hook of Taliesin1, in the sense of '(defenceless) skin*:
«Gorua6r y gynnif. 6rth awyryohif katwaladyr g6eith heinif.»
'Very mighty his conflict, against
him who wounds (?) the skin of Cadwaladr, the nimble in war*. «Hifyn» is explained by P. to mean
1 Skene's 'Four Ancient Books of
Wales', Edin- burgh, 1865. vol. II. p. 2x3 (abbrev. 'Skene'). This passage, we may remark, is there translated (the translator took cawyryo» as = the modern «awyrio», 'to air', instead of what it probably is, «a fyrio», the rel. pron. with the 3 *d per*, sing. pres. subj. of
«bwrw», 'to cast* throw'), as follows (vol. I. p. 446),
'Immense his battle* By airing the skin of Cadwaladyr, an active work' ! I This 'translation* inevitably suggests a method of 'airing the skin' not unknown in our public schools !
WELSH iEDŒOLOGY 341
'a skin, a piece of skin*, to which
he adds, as a Mon expression, «hifyn hafog», a 'her- maphrodite', with which we may compare the Nan. expression, «hifyn hafen», fully explained further on. D. gives a deri- vative «hifio», as a synonym of «ginio», which he explains as meaning 'lanam vel pilos evellere, glubere, glabrere', adding «gwlan ginn» 'lana evulsa'. In N. Card, «ginnio» is pronounced «cinnio»,1 and is in common use. A little before shearing time women walk the mountains to «gwlana», i. e. to gather the wool lost by the sheep: but they are sometimes convicted and often suspected of plucking the wool off the backs of any weak sheep they can catch, and this is called «cinnio defaid», 'plucking the sheep'.
In Nan. «hifio» itself is the term
always used for plucking the wool off dead sheep,
t The B. equiv. is «kifiat»,
*écorcher\ «Ginnio» 's the S. Card, form. From «ein» and «croen» (skin) is formed «cingroen», a kind of large peeling fungus found in woods (the 'Stinkhorn' or 'Phallus impudi- eus', so called from its exactly resembling an erect penis, and springing from a sort of bulb very like the scrotum) proverbial for its stench all over Wales. This name suggests that «cinnio» may have a 'parti- cular' sense, like Lat. 'glubere'.
34* WELJ5H
ADŒOLOGY
it being considered the most heinous
crime to pluck them before they are quite dead («hifio dafad cyn iddi farw»). There «hifio» is also used for 'cutting, sawing, or mowing anything with a blunt instru- ment so as only to «effleurer» its sur- face': and a field closely cropped by beasts is described as «wedi ei hifio», 'cropped to the skin', «hif» being defined by the natives as exactly equivalent to «glasgroen», 'the outer skin of anything*. All this would lead one to suppose that in its application to a hermaphrodite it refers to the abdominal skin, stripped of or without the hair of puberty.
To return to «hifyn hafen», two
farmers from Upper Nan. were lately talking in Llanrwst market about a pig which one had sold the other, and the seller said to the buyer, «Ni wyddwn i ddim pan yn ei werthu mai hifyn hafen oedd o.» ('I did not know when I sold it that it was a «hifyn hafen»'. He explained further, that the ani- mal had only a hole far back under the belly, between the hams, by which it pissed, and that «yr oedd yn gofyn baedd o hyd, ond fedrai o wneyd dim byd hefo hi» ('She always was wanting the boar, but he
WELSH iBDŒOLOGY 343
couldn't manage to do anything what- ever with her'); and finally that the usual name for such creatures was «hifyn hafen* The connecting link between this and «hifyn dihafan» seems supplied by the already mentioned old Ârfon phrase for 'a herma- phrodite', «hifyn i hafen». To these ex- pressions we will return, adding meanwhile that «hifyn» (alone) is used (we may compare «hen groen», 'old skin', which means 'an old shif) as a term of abuse by the prudish natives of Arfon (who do not or will not understand its meaning), which may be either an abbreviation of the compound expression, or (by extension) have meant (by itself) simply 'a hermaphrodite'; the transition from the peculiar 'pellicle' to the creature which it characterized being easy and natural.
Assuming, then, «hafan» to be taken
as = «hafn», 'a chink or furrow', the rhyme might thus be rendered as it stands:
'A chinkless skin
One ball and one quim\
and the «hafn» may refer either to
the «rhych y din», 'sillon du cul' (see under 'Anus*), or to the crater of the Möns Ve- neris. In the former case we may compare
344 WELSH
jBDŒOLOGY
the old Eng. words 'nock',
'nockandro', (= 'arse') from «nock», *a notch', and in the latter the Welsh expressions for the cunnus such as «hacoll» or «hollt»1, 'a chink', and the Basque «emaztearen erreka»*, 'sulcus muliebris'. It is also possible that «hafan» may be simply the Eng. 'haven', the appropriateness of which word to the vagina is obvious at a glance.
But by far the most likely
hypothesis seems to us to be that the enigmatical first verses of all these rhymes have been much altered from their original form, the cause of such alterations being the obsolescence of the words «hafen», «hafr», and (in parts) «hafren», in their original senses, and its
1 This
phrase occurs in a quatrain where the evi- dence of an eyewitness to a rape is versified thus:
«Hyn alia' ddweyd yn rhagor Fod cluniau'r ferch yn agor,
A chala'r mab yn myn'd fel bollt Trwy ganol hollt ei chedor.»
'This I can say, too, that the
lass's thighs were opening, and the lad's prick flying like a bolt through the centre of her fledge-chink'.
2 Silvain
Pouvreau, Diet. MS. Basque, Bibl. Royale No. 7700; «qui ne le traduit pas, est-ce par
pruderie?» Voyez Van Eys, 'Diet. Basque1, s. v. «erreka».
WELSH ADŒOLOGY 345
motive, the desire partly to mend
the metre or jingle, partly to infuse a quasi-sense into semi-meaningless formulae. And we believe that we are to find the key to the original meanings in the pair of Nan. phrases for 'a neuter creature', viz. «hifyn hafen»1 of a beast, and «hyfri afren» of a 'human', together with the old Arfon one, «hifyn i hafan» (= «hafen»), . 'a hermaphrodite' ; that the original phrases were (in the standard orthography), i) «hifyn hafen» (Arfon and Den.), 'a lazy one's (i. e. an inoperative) pellicle', or (taking «hafen» adjectivally)
4a lazy pellicle', or (by extension of «hifyn» from the parts to the whole) 'an inoperative neuter'; and 2)
«hyfr hafren» (Nan.) and «hyfr hafr»2 (Card.), = either 'a lazy or slatternly wether goat' or 'a he-she-
1 The
district where «hifyn hafen» occurs (but it may occur in others too) is indicated to us by the parishes of Penmachno, Yspytty Ifan, and Cerrig y Drudion. P. is the border parish between Cam. and Den., Y. I., just on the Den. side of the border, and C. y D. some way into Den., in which county final «•en» is not changed into «-an», as it always is in the true Cam. dialect.
2 The
fact of «hafr» and «hafren» being here syno- nymous, and «hafren» being a fern., strengthens our conjecture (see above) as to «hafr» meaning a spayed •he-goat.
34<> WXLSH
ADŒOLOGY
wether goat1; mat
«hafren», on becoming: ob- solete in Nan., was changed to «aérea» ('middle' of «gafren»), the most similar known word; that «hafren» meant just the same as «hafr» (of which it is a fern, dim.) the latter to be equated with U/s «hafr», 'sluggish'; and that «hafen» is synonymous with «hafren» in the sense of 'slattern or lazy', and formed from an obsolete «*haf», lazy7, just as «hafren» is from «hafr». Further, we believe mat, on thé second word of the phrases becoming meaningless, «i» was prefixed to it, perhaps in the sense of 'to' or for', in order to im- prove either sense, or metre, or both ; hence the forms «hyfri afren» (= «hyfr i afren» = «hyfr i hafren»), and «hifyn i hafan», and that «i» was then changed, in some parts to the quasi-prep. «di», 'without', (compare «nagen di hag», under
lCunnus\
to suit some other imaginary senses which it was conceived the words should bear, and in other parts to a meaningless «mi», sub- sequently repeated before the first word for the sake of uniformity.
We will now enumerate the words,
from the bases «haf» and «hafr», a comparison of which has led us to the above conclusions.
WELSH iEDŒOLOCY
347
In LI. «hafr», 'sluggish1,
is given as a word omitted in D/s Diet., and on the au- thority of 'the MS. Diet, of Henry Saisbury' *. We find the words «hafar» and «afar» in William Salesbury's Diet, (published 1547
s) but unfortunately without
any English equi- valents, and perhaps by the former «hafar» (from «haf» and «ar» = 'a summer fallow'), and by the latter «afar», 'grief, may have been meant. In B. we find the word «havrek», also written «haorek» and «awrek», 'guerêt, novale', i. e. 'a fallow', and this word must have come from a base «*havr» (= W. «hafr») and have primarily meant 'a piece of land lying idle'*. Now there is an exact W. equiv. of «havrek», viz. «hafrog», ex- plained by P. as 'a trollop', and which we have heard in Eglwysbach (on the Den. side of Nan.) in the phrase «hafrog fudr !», 'dirty slut !' applied to an old, slovenly, rough- shod sort of a woman. The idea of 'slo-
1 This
authority is designated below *L1. (H.S)'.
2 A
new ed. was published by the Cymmrodorion Society in 1877. Abbrev. •W.S.'
3 The
last part of «Tre - haverock» in Endellion, Cornwall (now locally called 'Treharrock', and, by Hals, 'Trearike') shews that the same word, probably in the same sense, existed in C.
34^ WELSH
iEDŒOLOGY
venliness' comes well enough from
that of laziness', and in N. Card, and Arfon we have often heard «yr hen hafar»! 'You old «h.»!', and in the former «yr hen hafrenU too, applied to a rough, boisterous kind of a woman ; moreover P. gives «hafren» in the sense of 'a loose woman, a s trollop, a strum- pet', though we have never heard it used with any reference to unchastity. The Glam.1
expression «Yr 'en afarU, you old bitch!' is only, we believe, a dialectic variation for «yr 'en afr !», 'you old goat!', the word «gafr» having been used in Wales from time im- memorial for an unchaste woman, as indeed it still is in English slang of a man (see our quotation from M. Dwygraig under
'Anus1); but the S. Card. «yr hen
afar» is merely a term of reproach applied to both sexes, but especially to a silly, laughing, babbling old woman, without any imputation of unchastity, and we therefore equate it with the N. Card. «yr hen hafar», supposing that the dropping of the «h» (which never takes place in Card, without a cause, as it does in Gwent and Glam) was owing to a belief that «hafar»
1 = Glamorganshire.
WELSH 2EDŒ0L0GY 349
ought to be «afar» = «afr», from
«gafr», 'a goaf.
P. gives «hafhen», 'a trollop', and
«hafhai», *a slattern'. These seem to be simple va- riants of «hafren» and «* hafrai», just as the W. stem «gwna-»1 'make' has in the cognate dialects «r» instead of«n», and W, «gwni-»*, 'sew* is in Vannetais B. «gouri-» (Trégorois «groui-»and in ordinary B.«gri-» or «gry-»). P. can have had no motive to invent «hafnen» and «hafhai», as they explain nothing; on the contrary, we think he invented the meanings other than 'haven', that he gives to «hafn», viz. 'that extends out or that is flat, a still place, (and perhaps the verb «hafhu» too) in order to explain «hafhen» and «hafhai» as deriva- tives from «hafn» in the sense of 'a still haven', which he no doubt conceived to be
1 «Gurag-»
may have been the stem in very old W., for «guragun» would seem to = Mod.-W. «gwnawn» in «imguodant irdegion guragun tage», 'the «optimates» [of the belligerent tribes] say (??) to one another, Let us make peace'. B. of St. Chad in L.L., p.
371,
where «tage» is misread «tage» in the so-called 'facsimile*. 'L. L.' is our abbrev. for the 'Liber Landavensis* (Lland- overy, 1840). Our readings of the Bk. of St. C.
are from photographs of the original.
2 Here
the «w» is a semivowel in N., a vowel in S. Wales.
35° WELSH
jfiDŒOLOGY
a true Welsh word, as he admits into
his Diet, few or no words which he supposed to be of English origin.
Now the origin of all these words is «samr», a secondary form of the simpler root «sam». The original meaning of both was 'quiet", whence the secondary meanings of 'sluggishness', and 'summer', were derived. The curious thing is, that whilst the Irish1
adopted the primary form «sam», meaning in O.-Ir. 'rest or ease', for the primary idea, and formed their wont for the secondary idea, «samrad», 'summer* (a word to be equated with «samr») from the secondary form «samr», the W. did exactly the con- verse, seeing that «haf» (O.-W. «harn»*) is their word tor 'summer' and «hafr» for 'sluggish', whilst the forms «hafrog» and (ß.) «havrek» seem to postulate a subst (as well as an adj.) «hafr».
The W. seem, however, to have used the simple root in the sense of O.-Ir.
1 Abbrev.
'Ir.'
2 In
cdottceint torth ha maharuin in irham ha dou- ceint torth in irgaem.»
'200 loaves and a sheep
in the summer, and 200
loaves in the winter*. Bk. of
St C. in L. L. p. 37a,
(where one «doueeint» is misread
cdu- ceinU).
WELSH JBDŒOLOGY
35*
«satn» to form derivatives, and we
have already explained the form «hafen» as equi- valent to «hafren». The first part of «hafiug» 'plenty' (subst.) or 'abundant' (adj.) is surely from «haf», the termination (though we cannot explain it) being the same as that of «haerllug» 'urgent, saucy' from «haer» *urgent'. (See P. s. v. «hafiug» for an example of both these words). «Hafiug», moreover, is used in Arfon as a term of abuse (like «hafren»,«hafrog» and «hafr»), but to designate more persons than one, in «yr hen hafiug», which seems to mean something like 'a' (or 'you') 'seedy lot!' There is also the hither- to unexplained word «hafög», the following senses of which, given by P. (s. v. «ha- fewg») cannot possibly come from the «ha- feg» that is borrowed from the Eng. 'havock', viz. «yn hafog i bawb» [= '«hafog» to every- body'], *a common strumpef; «hifyn hafog», 'a hermaphrodite' [see above]; «tir hafog», 'common land'; «gwneyd yn bur hafog», 'to *ct very bountifully'.*
This word is explicable either a) as having originally meant i) 'summery land', L e. 'land over which a right of common existed in summer', 2) common to all; 3) "common to both sexes, or
neuter' : or b) as
352 WELSH
JKDŒOLOGY
derived directly from «haf» in the
sense of laziness', which view is countenanced by the fact that «hafog» in Mon, and «hafen» in Nan., mean, with «hifyn» prefixed, exactly the same thing; viz. 'a hermaphrodite'1.
«Hafen» and «hafog» thus form an
exactly symmetrical pair with «hafren» and «hafrog», and the primary idea common to both stems and their derivatives seems to be that of'lazi- ness'; whence their secondary senses of i) the repose of Nature in summer,
2) *the effect of laziness, viz. slovenliness',
3) 'sluggishness consequent on deprivation of vigour, caused by emasculation or imperfect sexual deve- lopment': — and possibly the notion of a human being or animal so characterized being 'a non-reproductive member of society' may also have been present to the native mind in Wales.
1
The same «hafog» surely occurs in
the name of the manor of «Tre-hauoc» in 'Domesday Book for Corn- wall' (Southampton, x86z) 5A;
which should be syno- nymous with «Trehaverock» (above, p, 343) and mean 'the fallow farm or township': though «havoc» might also mean 'fruitful'. «Trehauoc» is now 'Trehawke' in Menheniot. In B, the corresponding form should be «hahvec» which we have in «Hanffvec», a'paroisse* near Chateaulin in Finistère, mentioned in 'Cartulaire de Redon', p. 536, and in «Bren hanvec» Revue Celtique, I. 233.
WELSH JEDŒOLOGY
353
We would equate «samr» and «hafr»
with the Gr. aßcoc, 'tender, delicate, luxurious'; but one of the chief interests of these words is that from them the river-name «Sabrina» or «Severn», in W. «Hafren» (O.-W. «Habren»1), has been derived. We seem to have the same word in «Sabrann», the old name of the river Lee in the county of Cork, the oblique form of which possibly occurs in «Cul Sibrinne» («Leabhar na h-Uidhre», folio
56 • and 56b), which appears later as «Cûil
Siblinne» and «Cüil Silinne», i. e. 'the Recess of Sibrenn', the name of a parish in the Barony and County of Roscommon. Several related forms occur elsewhere; and one of the passages where «Cüil Sibrinne» occurs in the above MS. is glossed to the effect that it is the place 'where Loch Carrcin is now'; whilst in the other passage it is very curiously glossed thus : «hl Cûil Sibrinne .i. loch Carrcin agus o silind ingine Madchair roainmniged», 'i. e. Loch Carrcin, and it is from the «silind» (piss) of Madchar's daughter that is was (so) called.' 2
1 In
«Dou rig Habren», 'The two Kings of Severn', Stevenson's Nennius (London, 1838),
p. 56.
2 There
is also a stream called «Hafrëna» which
KcvTtTaSia, IL
23
354
WELSH JEDŒOLOGY
In the same MS. an account is given
of a magic horse making the source of Lough Neagh in the same way; and we may compare some Welsh Lake-Legends, e. g. that of the muddy, yellowish lake of «Llyn Trigraienyn» (Mer. *) being made by the giant Idris as he stood with one foot on Craig-y-Llam, the other on Geugraig (a spur of Cadair Idris), and pissed into the hollow below, after he had first eased his lower extremities by shaking out of his shoe the 'three pebbles' (in reality huge boulders) from which the lake has its name.
We cannot say whether the name of
the Severn was derived from some lazy, luxurious, or slatternly goddess, or from the great sluggishness of the river (compared with the neighbouring mountain streams) for most of its course. There is a brook tributary to the Upper Conwy called «Hafhant», which may- flows into the Irfon in
Llanafan fechan (Breconshire) ; made into «Hafren» (more suo) by the Ordnance Sur- veyors on their one-inch Map, who have similarly altered a «Blaen Gafren» in Eglwys Wrw (Pembrokeshire) into «B. Hafren». In Cornwall are a «Goonhavern» («gûn», «a moor') near a stream in
Perran2«ibuloe, and also
a Bosavern.
1 = Merionethshire,
WELSH JEDŒOLOGY
355
mean 'the sluggish brook', if the
name does not simply indicate 'a brook that runs strongly in summer (as well as in winter)', 'a brook where animals pasture in summer', or some- thing of the kind.
A Cornish word «gur-a-vau» is given
by Borlase in the Vocabulary appended to his 'Antiquities etc. of Cornwall'
(1769), and ex- plained as 'a hermaphrodite, vulvatus homo' ; but we can make nothing of this. C, however, was not extinct when he wrote, and he also had access to many written materials even now unpublished. We suppose that he 'divided' «gur-a-vau» thus through an idea that its parts should mean respectively 'homo-cum- vulvâ', but the only Cornish word that would change into «vau» is «mau» («u» «= W. «w»),
4a. boy'. It is possible, however,
that «avau» is a mistake in transcribing «*avan», = W. «hafan», «hafen», for which see above. Or can the word have meant 'man-and-woman' («gur ha ben», «benen», or «benow»); the last part («vau») being a mistake, either for some not-recorded «*ban», or for a form like the W. «bun»?
Anus.
One W. word is «rhefr», used, e. g.,
by
23*
356 WELSH
JEDŒOLOGY
Madawg Dwygraig1 (M.
1,489b) in «Sothach oi refr a saetha», 'He shoots rubbish from his bum*. This word is still occasionally used for 'the arse-hole* in Nan., where the older inhabitants used to explain it as pro- perly meaning (in animals, of which it is used as well as of human beings) the «per- feddyn bisweüio» or
<bumgut\ (For other meanings see under'Diarrhœa.*)
This word is the usual one in Brittany, where it takes the forms «refr», «revr», «reeur», and (especially) «reor», but is not commonly used in Wales, Another word is «cwthr», similar in its ap- plication to «rhefr». For its better known sense of Vagina1 see under
lCunnus' : P., however, intimates that it means in some places the 'intestinum rectum' (= 'bumgut% though it is not clear to which perfo- ration (in mares and cows respectively) he alludes in his examples of «cwthr caseg» and «c. buwch». But the usual W. word for 'bottom, bum, backside, arse, or fundament* is «tin», fem., of the same origin and appli- cation as the Ir. «toin»: used, (e. g.) in W„
1 This
W. Martial lived about 1290—1340 (M. A., I, xxviii).
2 For
the verb «rhefrio» and crhefren* see under La* civ ire.'
WELSH JEDŒOLOGY
357
L.,L, 754, where it is said of a man who 'elects' to compensate a woman he has deserted: «talet geinha6c
idi kyflet ae thin», 'let him pay her a penny as broad as her arse'; — rather an inconvenient medium of exchange! With the article prefixed, it be- comes «y din»; and the Eng. 'arse-hole* is thus in W. either «twll (y)
din» or «twll tin», which occurs (e. g.) in the following Triad1, current once among the Afvonian youth: «Tri rhyfeddod a welodd y
Diawl : Cont yn dal dwr a'i gwyneb i lawr, cal yn codi heb ddim burym, twll tin yn crychu heb ddim llinyn!» 'Three wonders that the Devil saw: a cunt holding its water with its face down : a prick rising without any barm : an arse- hole puckering up without any string (to draw it together)' ; of which the S. Card, version is :
«Tri pheth y s/n rhyfeddod mawr; Cont yn dal dwr a'i phen i lawr; Cala'n codi 'i phen heb asgwrn ynddi; Twll tin yn cau heb un llinyn crychu.»
'Three things are a great wonder : a
cunt
1 It was evidently once meant to
be a rhyming quatrain, in which assonances were substituted for true rhymes, for which see exx. under
'Ming-erf and 'Fu- tuere'.
35«
WELSH jEDŒOLOGY
holding its water with its end down
; a prick rising without a bone in it; an arse-hole shutting up without a puckering-string/ (The last metaphor is taken from bags whose orifice is closed by pulling a string or tape tightly.) The phrase also occurs in a myste- rious Merthyr 'nursery rhyme* (it was so termed to us) that runs:
«Nani gôt a Bily gôt a naw twll tin, Esgid a hosson a'r na'll heb uni»
*A Nanny-goat and a Billy-goat with
nine arse-holes, (one with) a shoe and a stocking, and the other without any!7 We cannot explain these truly unsavoury - sounding beasts, but may add that in Glam. «Twll dy din yn wingco!»
eThy arse-hole a-wink- ing !' means 'Don't you wish you may get it ?*; and it was in this sense that an old Glam. woman, who had been fined for some mis- demeanour, on leaving the court turned round and said sardonically to the Judge «Twll 'y n'in i!»,
cMy arse-hole I* Here an Englishman, desirous of firing such a Parthian shot at his oppressor, would of course have said 'Kiss (or suck) my arse!' or'Arse-hole 1 — and suck it!!*; but the exacter W. equriv. of the first of these phrases is «Dod» (S. W.)
W ES LH iEDŒOLOGY
359
or «Rho1» (N. W.) «dy
drwyn yn 'y n'in» (or «i'm tin») «i» (or «yn dy din di I» or «i'th din di!»), 'Put thy nose up my (or thy) arse P So common are such expressions in vulgar lan- guage, that an interpreter on the S.W. circuit — a class whose chief qualification is to know both languages equally vilely — is recorded once, when the worse for liquor, to bave said to a unilingual witness to whom he was administering the oath (and to whom he should have said, in W., The truth, the whole truth, and nothing but the truth ! Kiss the book!') — «Y Din, y Twlldin, a dim ond y Din ! Cusanwch fy nhin i ! !» 'The Arse, the Arse-(w)hole, and nothing but the Arse! Kiss my arse!!': but we are not told whether the last direction was carried out in open court.
The Welsh, being mostly doomed from
1
«Dyro dy d.» etc. is also used in
Nan. where the following «pennill» is well known:
«Nid i garu do'is i yma,
Nag i roi 'nhroed i lawr yn ara',
Na chwaith i gyffwrdd wrth yr
ysgub ;
Rho dithau *th drwyn yn nhin dy
fodryb!»
'It wasn't to court that I came
here, nor to put my foot down gently, nor yet to touch the broom: You go and put your nose up your aunt's arsel'
300
WELSH JEDŒOLOGY
their baptism to bear the name 'John
Jones' and some half-a-dozen other equally dismal and as-oft-repeated names, are simply driven to make nicknames, and some of these are very curious. We remember a Carn. man called 'Sion Gutto', who walked with a peculiar jerky gait, and from its supposed cause was invariably known as «Sion twll tin uchel», *High-arseholed Jack*. Now there were some English residents in the neigh- bourhood, who of course plumed them- selves (more suo) on their total ignorance of the language from which this singular agnomen was formed : and they thus almost succeeded in raising it to the dignity of a surname under the form ToltinickeP, which finally succeeded in driving out of the field the hybrid variant 'Hightultorf (== 'High «twlltin»'), previously used by those English who had a slight smattering of the W. ver- nacular. The word «tin» is used without much hesitation in parts of N. Wales, where it is in- deed (generally speaking) considered much less in the light of a low word than in the S.1, though the N. Card, rustics continually
1 See Silvan Evans' note in his
edition of Ellis Wynne's 'Bardd Cwsc* (Carmarthen,
r87$), p. 93, where
WELSH ADŒOLOGY
361
speak of «tin y gert» (in Mon «tin y
drol»), just as Eng. peasants talk of *the arse of a cart*. So the N. W. say «Tin y clawdd1» for 'the side of a hedge or fence', but the S. W. «ochr y» (or «bola'r») «c.», 'the side (or belly) of the h. or f.'; the N. W. for 'in the shade of a bush' is «yn nhin y llwyn», whilst the S. W. is «ynghysgod» (or «dan») «y 11.» ('in its shelter* or 'under it'). In the literal sense of «tin», too, the N. W. say «ar ei din» for 'in a sitting posture', the S. W. «ar ei eistedd», *on his seat'; the N. W. «rhowch eich tin i lawr», 'put your bum down', where the S. W. substitute the word «clun», 'thigh' (for «clun» and «eistedd» see below). The Glam. «dod dy din danad !», 'put thy bum under thee!' (i. e. sit down!*) is no exception to the rule, for it is meant to be a vulgar phrase; but the expression
he refers to the free use of
«tin» in the Bible, e, g. in Isaiah 20. 4,
where the Eng. version has
'buttocks' ; and the Revd. Dr. Briscoe of Holyhead (a N. W. man) has even used it there in his new translation of Isaiah (1853).
1 This expression is also given us
from N. and even S. Card.: it must be remembered that this county is a border one, and that the N. Card, dialect (see note, p. 334) resembles in some respects that of
Mer. spoken to the NM and in some the Dimetian, spoken to the S. of its area.
362 WELSH
JBDŒOLOGY
«iste* ar i din», exactly equiv. to
the War- wickshire expression *to sit on one's arse', and to the vulgar Eng. ones *to sit on one's bottom' or to arse it', which all mean *to
sit lazily*, may be heard almost anywhere
in Wales. It is well illustrated by the following passage in F. F., p. 2.
«Fy anwyl bleser inne' Ymhob man lie caffwy' i gyfle,
Ydyw yfed cwrw, ag eiste7
ar fy nhin, A chwidyr1 drin merchede\»
'My beloved pleasure, is, wherever I
may get the chance, to drink beer, sit on my arse, and erratically roger the wenches'.
«Tindoll», 'holey-arsed', and
«tinagored», 'open-arsed', seem the ordinary words for 'a medlar'2; why, anyone who has seen that fruit will at once perceive ; and a com- • mon compound of «tin» is «tinrwth», 'gape- arsed' or 'open-tailed'
(=Gr. xavrônçiaxToç*), used, as is also
«tinagored», in the sense of
1 «Hen
chwidryn» means what is called at Oxford •an old piffler', i. e. 'a fellow who won't stick to any- thing', 'a rolling stone that gathers no moss.'
2 In
provincial Eng. called 'a rotten-arse'.
8 Ou Irtfi jTcitfo, jrat/roTrfCiMrr,
*Iaçraiu Aristo- phanes, 'Acharnians', 104.
WELSH JEDŒOLOGY
363
'open, full of holes'; thus Dafydd*
ab Gwilym (p. 279) uses the former in his poem «IV murddyn» of a yawning ruin. Moreover, some out-of-the-way places in Wales are called «Twll tin (y) byd» or 'The World's Arse-hole', especially a narrow pass between and under rocks on the ascent of the pre- cipitous sides of Llyn Dulyn near the Conwy ; at least, it is so called by the men, for the women (and perhaps the clergymen) of the district speak of the same place as «Llygad Nodwy' ddur», 'the Needle's eye'. A part of the road between Aberystwyth and Tal y Bont (N. Card.) is also called «T. t. b.»; the reason here being that owing to the sudden turn of the road and de- pression of the ground nothing can be seen from the spot but the sky overhead. The Liverpool Welsh call the lowest part of that place by the like opprobrious name, much as in English slang the slums of a town are designated its 'arse end'; and the celebrated W. poet of the 15th
century,
1 Abbrev. «IX G.' 'Barddoniaeth D. ab
Gwilym', Lon- don, 1789. He was born about 1340, and was living in
1399-
364 WELSH
JSDŒOLOGY
Lewis Glyn Cothi,1 lived
at a place then and still called «Pwll Tinbyd» 2 'The World's arse hollow (or pool?)' near Cynwyl Caio in Carm.1; but the word is not nearly so com- mon in the local nomenclature of Wales, as its congener «tôin» is in that of Ireland.
It happens that «y din» and «y dyn»,
'the man*, are pronounced alike in parts of Wales, so that care must be taken by the unwary, would they avoid ridiculous
bévues in using the latter expression. The Welsh have revenged themselves on the English eccle- siastics who till quite recently were in possession of all the 'plums' of the Church in Wales, by recounting innumerable stories of the absurd situations in which their spiri- tual shepherds were placed in attempting to speak Welsh. One, for instance, is said to have been eternally preaching on«twyll dyn», 'man's (or human) deceit', but from his pronunciation of these words his harangues appeared to be addressed to the nether ori-
1 His
(incomplete) works («Gwaith Lewis Glyn Cothi*, Oxford, 1837, 2 vols.) are abbrev. by us 'L.G.C
2 Is
this a euphemism for an original «Twll tin. 3>yd»?
3 =
Carmarthenshire.
WELSH jEDŒOLOGY 365.
fices rather than to the ears of the
large congregation which the subject invariably attracted to his ministrations. It is related, of a Dean in N., of a Bishop in S., Wales, how he commenced his parochial visitations by looking into an old woman's cottage and asking her point-blank 'how that old bum of hers was?' for he said «Sut» (or «Siwt») «ma' dy hen din di?» instead of «Sut ma' dy hen ddyn di ?» 'How's thy old man ?' — with the natural result of having the door promptly slammed in his face. We may add, parenthetically, that even what he meant to say would have given great offence, as «gwr» (= 'vir'), not «dyn» (= 'homo'), was of course the proper word to use in such a connection, if he didn't wish to insult the old dame. A third story relates how a Bishop, learning W^ from a rough Northwallian curate, was reading aloud St. John's Gospel, and made his preceptor coldly smile by making «Mab y Dyn» 'the Son of Man', into «Mab y din» ! On learning the cause of such un- seasonable mirth, that dignitary is recorded^ there and then, to have given up ail further attempts to learn a language that lent itself to such appalling blasphemies!
366 WELSH
ADŒOLOGY
In N. Card, the process of anal
friction undergone by a man when riding is always designated «hogi ei din» orSvhetting his arse', while the result is called «y bildin» (from «pil- din»), 'the arse-peeling'; and we may add that a married couple who do not live very peace- fully together are said in N. Wales to «don- dio a chysgu'n dindin», *to scold and sleep arse to arse* — a position adopted by Pwyll and the Lady of 'Annwfh* in the Mabinogion,1
(III, 7,8) though Lady C. Guest is as prudish with this Platonic Prince and intangible damsel as Byron was with Don Juan2 and Catherine the Great, and declines 'to follow them beyond the drawing-room* at p. 42. The contrary position for
close operations is denoted by a word similarly formed (from «tor», 'belly'), viz., «dordor», *belly to belly', occuring in the following passage from a MS. Interlude»:
«Ond gwell oedd geni nag ymladd blin Gael chware dewrdin dordor.»
1 Abbrev.
<Mab.' Llandovery & London, 1838—49 (3 vols.) edited and
translated by Lady Charlotte Guest.
2 Canto
X, Stanza 5.
3 Abbrev.
«MS. Int. (i).' 'Enterliwt ar Gronicl y Cymry o amser Brutus hyd Sior y trydydd.'
WELSH JEDŒOLOG Y 367
*But I would rather play at doughty
tails belly to belly, than engage in the bitter fight/ D.G. has «groengroen» (from «croen», 'skin') in the same sense, as in «g. ar ddyn» ('skin to skin with the fair one'), p. 281.
We may here add the similarly-formed words «drwyndrwyn» (from «trwyn», 'nose'), used of persons having a «tête-à-tête»; and the verbal equivalent of that Fr. expression, «benben», which, however, is only used of hostile encounter. The word «tin» occurs very commonly in «tindrosben» or «dimbendrosben», lit. *arse over head', but answering in usage not to the vulgar Eng. 'arse over tip' (or 'tit') but simply to 'topsy- turvy* (in describing a fall). We may mention that «Dinorben», the name of a well- known district and
château in Den. was, some time ago, adopted as a title by the head of one of the chief N. Welsh families; who, to his consternation, was assured by his Welsh-speaking friends (sic fama) that his title might be Englished 'Lord Arse- over-tit' («Arglwydd Din o'r ben»). Now this phrase should («pen» being masc.) be either «Din o ben» or «Din o'r pen» ; we do not believe that it exists, but «Si non è vero,
è ben trovato». «Tin» is likewise used in
quite a colourless way (like the Eng. 'bottom') in
368 WELSH
UDŒOLOGY
such words as «tincwd» (or «tin
cwd»), 'the bottom of a bag*, or the plant-name «y dinll- wyd», 'the hoary-bottom', i. e. the 'silver- weed' ('Potentilla anserina'), so called from the white under-side of its leaves. «Tin» is also used for the private parts, like «cynffon» (see below) and the Eng. 'tail'; but for this see under
'Penis' and 'Cwwnws'.
Of the more 'proper' words for the
part, «eistedd» has been mentioned; it answers exactly to the Eng. 'seat', except that it seems to be more of a colloquial expression. «Cyfeis- tedd», «eisteddfa» («Meddygon Myddfai1» p. 202, § 533), «cyfeisteddfod» and
«eisteddfod», i. e. 'seat', are also used in books, but not in common language, in which «Pen oU,
1
Abbrev. «M. M.\ The title means «The
Physicians of Myddvai', and the work was pubd. at Llandovery in 1861. The first part (to p. 34) is copied from an old MS. of early 13th century date in the Red Book of Her- gest (col. 928) ,* the remainder consists of a much
longer and later treatise transcribed in
1743. That celebrated MS# Book (abbrev. 'R. B.'), an indifferent catalogue of whose contents is given in 'The Cambro - Briton', II, 7s»
xo6, (London. 1821), is in the Library of Jesus College, Oxford; Skene (II, 423) ascribes its contents as far as col. 999
to the earlier, and from thence to
col. 1x43 to the later, part of the 14th cent,, the remainder to the 15t«.
WELSH JEDŒOLOGY
369
*the back end* (answering to the
Eng. 'nether end' or 'backside'), is an ordinary euphemistic term. There is a place called «Pennal» in the Vale of Dovey, and English visitors there will insist on turning themselves into a jape by pronouncing it as though it were written in Eng. «Penawl», which to a Welshman's ear sounds just like «Pen ol». «Bon» (i. e. 'the stem, trunk, or lower part of anything' ; Ir. «bon», «bun») is often used by the poets for 'the bottom': we find, e. g„ in M. Dwy- graig (M. A., I,
488b)
«Gafr hyfram fawtgam fwytgais fon
llommach No llumman Llanferrais»
'Fartous, crook-thumbed,
food-hunting bitch, with bum barer than Llanferres Beacon*!' «Bon» is also occasionally thus used with qualifying words; as in the following from C. a T. p. 14, which serves to explain its particular application to the 'bottom'2 :
1 Probably
one of the 2 bare rounded hills now known as «Moel Fa m mau* and «Moel FenlH» respec- tively , close to Llanferres on the borders of Den. and Flintshire. Compare as a mountain-name «Pum- lumon», 'The five Beacons', corruptly written 'Plynlim- mon' by the English and renegade Welsh.
2 For
exx. of «bon» see G. Glyn's poem printed at the end of 'Penis' and the «Englyn» there
subjoined.
RçvTiTâiïuz. 11. 24
370
WELSH 2BDŒOLOGY
«Fe deimliff y dyn gan wasgfa ti ei wyn, A nesu tua 'r bennod rhwng bon eich dwy
glun»,
'The man will feel you, squeezing
you in his lust, as he gets near the (end of the) chapter at the base of your two
hips'. («Clun», by the way, in B. means 'fesse', and the C. «duklyn» in M.1 I.
3312, 'deux fesses', but
the W. «Clun», in spite of the phrase given above at p. 361, line 15, means 'the hip, the haunch', rather looked at laterally than a posteriori, as is shewn by the literary expression «wrth ei glun», 'at his hip', said of a sword hanging, or a companion walking, by a man's side.) The compound «bondew», 'fat-arsed', will be found in the Cywydd of Tudur Penllyn, given at the end of
iCunnus\
but the word is also used in the quite innocent sense of "thick', as in «gwair bondew», said of a 'thick' crop of 'hay'. Lastly, the Welsh term «coch a bonddu», 'red and black-bottomed', is in in- cessant use by English anglers to designate a favourite (fishing) fly, under the form «cock- abondy» or «cockabundy»2. «Bon» also bears
1 See
note, p, 379.
2 Tom
Hughes in 'Gossiping Guide to Wales', by Askew Roberts, p. 184 (ed. Oswestry, 1882).
WELSH 2BDŒOLOGY 3/1
the secondary sense of the Latin
'stirps' and Latinized 'stemma' ; and «bonedd» thus means cthe having of a stem, i. e. gentility', «boneddwr» (i. e. 'one with «bonedd»'), 'a gentleman', etc.
From «bon» and «tin» together, the
but- tocks, in Germ, 'hinterbacken' (or 'hinder' cheeks'), and in popular Eng. 'the cheeks of the arse\ are called «bontinau», the singu- lar of which occurs in «A oes gont dan dy fontin di?», 'Ya-t-il un con sous ta fesse1?' The term, however, answering best to the Latin 'natis' is perhaps «ffolen», a word of obscure origin, used in I. Sam. VI. 4, where the English Bible has 'haunches' (in 'five haunches of gold') and the Vulgate ^anos' : it is still used in Nan. in the poe- tical phrase «Aift* i lwyn ei ffolenau». 'He '11 go to the bush of her buttocks', but is especially common in S.Wales. Another word, «pedrain» (G. «pedren») also occurs in litera- ture for 'the buttocks' or *a buttock'. It is evidently a subst. made by the addition of a termination to «pedr-», the form
1 The «cynghanedd sain» between «gont»
and «fon- tin» makes us think that this comes, in its original form, from some poem. For a curious ex. of «bontin», see •under
'Testiculus'.
372
often assumed by «pedwar», fem.
«pedair», •four', in composition ; as in «pedryal», «pedryfan», 'four-square* (cf. C. «pedrevan», 'newt, lizard'), and «pedrongl» (from «ongl»), 'four-cornered', etc. «Pedrain» thus origi- nally would have meant 'a quarter of an animal', then have been narrowed to the sense of a 'hind quarter' or 'buttock', and thence subsequently extended so as to mean 'both buttocks' or 'the rump*. In the poem of Gutto'r Glyn's quoted at the end of
lPeni$\ and in W. L., I, 452, 780 (in all of which passages human beings are spoken of) it has the collective sense, whilst D.
(1632) and P. (1803) give it in both senses : but W. S. (1547) only explains it as a 'buttocke'. P.
gives «Pedrain march», 'a horse's crupper', whilst the plural «pedreineu» occurs in exactly the same sense as early as 1300, in 'Historical Triad' No. 43 (See 'Y Cymmrodor', ill, 59). The hollow between the
«bontinau» is called «rhych y din», 'sulcus podicis', occurring in the following line by a modern Bard :
«O rych ei din pe rhechai diawl», 'If the Devil farted from the furrow of his Arse'.
In the case of animals, especially
the horse, the tail (considered as apart from the
WELSH JEDŒOLOGY
373.
«rhawn» or hair on it) is sometimes
called «cloren», a dim. from «clawr» 'a board or lid'1, and meaning 'a little shutter' : but the general word for *a tail' is «cynfFon», the latter part of which appears to come from «bon». Other words for 'a tail' are «c\vt», used in Glam., from the Eng. ; «llosgwrn», occurring in the W. L. (e.g. 1,516); and a much rarer word, «Jlost», (which in C. and B., however, is the common one), whence the old word for a beaver', «llostllydan» or 'broad tail' (see W.L., I; e. g. p. 288), with which we may compare the G. «lostec», 'a fox'. From «bon» and «Host» was formed the word «bonllost», and both this and «Host» seem early to have become specialized into the sense of
4a cock'. (See under
'Penis').2
1 For
another use of «clawr» see under
'Cunnus',
2 Stokes,
in his *C. Glossary' (abbrev. 'C. Gl'. ; Lon- don, 1870)
explains «Lost» as a local term in
the name of the C. town «Lostwithiel», (quasi 'the end of the irrigated land'), citing the following passage in L.L.
70 for a similar use of the
W. word: 'Finis ejus, «or nant dylicat nant yr eguic, o nant ir eguic cehitinant di- rheith tir rud ini perued ir coit behit pan a nir hal melen behet pan cuid in lost ir mis o lost ir mis hit bronn ir alt»', where the 'Hart's Brook' is said to 'fall' from 'the yellow moor' 'into the «lost» (or 'tail') of the Mis'; and his conjecture is supported by the expression «llosgwrn
374 WELSH
iEDŒOLOGY
In C. «kyl» (= W. «cil», 'a recess,
the back part of anything', Ir. «Cul», «Cüil») is said in C. GL to mean 'cuius', but its usual sense is 'neck' («Chil», 'cervix', C. Voc; cf. B. «chouc ar c'hil», 'nuque', Gael, «cul», 'oc- ciput'), and in one of the passages cited in C. Gl. (s. v. «Kyl») viz. P.1 Stanza 165. 4, «war bol y hyll», the phrase is «pol cyl», which we know from LI. to have meant 'the back of the neck'. The same sense is probably borne by the «eil» in the other passage cited (O. 1781) and by the
an a} leyôunov «cylban» (C. W.2 1114,
end of line), also said to mean 'cuius' by Stokes and Wms., but for which
y traeth» ('the end of the
sands') occurring in a poem, ascribed to Casnodyn, and taken from the 'Iolo MSS.'» printed in «Yr Haul», No. 333 (November 1883), p. 523. We think that the «lost»
of L. L. means either a narrow coombe, extending up into the moorlands, or else 'a waterfall', like the
«Cynffbn y Gaseg wen» (also known as «Rhaiadr y Parc», 'the Park Waterfall') at Llanrwst, the name of which exactly corresponds to that of the 'Grey Mare's Tail' Fall, near Moffat in Scotland.
1 I.
e. The Passion, a Middle Cornish Poem' (other- wise called 'Mount Calvary'), ed. by Stokes for the Philo- logical Society, London, 1862.
2 I.
e. '«Gwreans an Bys», The Creation of the World, a Cornish Mystery.' Ed. by Stokes for Phil. Soc 1864. It is of the 16 th cent., the 'Passion' of the 14
th.
WELSH jEDŒOLOGY
375
the former would read «kylbyn» and
the latter (Diet.1 s. v.) «kylbah», in order to make it rhyme with lines that precede* and follow respectively ; but in any case the termination seems obscure. The common C. words were «tyn», the same as W. «tin», and «gwen», an obscure word, both occurring in the following passage (R. 2355,
of course para- phrased by Norris*, II. 177),
supposed to be spoken by a tailed Devil:
«Ye re gymmy toi ow guen
rak yn mes yma y pen
sur pur hyr aves thu'm tyn.»
'Yea, may you kiss my arse-hole, for
its end (i. e. my tail) is indeed pretty far out of my bum.' «Gwen» is, we think, to be equated
1 See
note, p. 379.
2 An
examination of the original MS. in the Bod. leian Library, Oxford («Bodley MSS.' 219) shews that the line cannot possibly have been meant to rhyme with the two immediately preceding lines. In the British Museum copy ('Harleian MSS'. 1867) Keigwin translates it «mid dock'.
3 'Ancient
Cornish Drama', by Edwin Norris ;
2
vols. Oxford, 1859. The 14th cent, plays in these volumes are so designated : 'Origo Mundi', 'O.' ; 'Passio Domini', *D.'; 'Resurrectio', 'R.\ At the end of vol. 2 is printed the C. Vocabulary of the 13th cent, (abbrev. *C. Voc.')
from 'Cottonian MSS.', 'Vespasian, A.
14.'
37Ö WELSH
JEDŒOLOGY
with the B. «c'hwen», existing only
in such phrases as «a c'hwen» or «a c'hwen he groc'hen», 'sur le dos, à la renverse', and «a c'hwen ma c'horf», 'étan trenversé'; also in- the compound «c'hwenia», 'coucher, se rouler sur le dos (comme font les animaux)', also 'renverser sur le dos\ So we have in W. «gwysigen», 'a blister', side by side with «chwysigen» 'a bladder' ; «gwaen» or «gwaun», 'a meadow, moor', becomes «chwaen»1 in several Mon place names; whilst 'to play', in Mod. W. «chwareu», is in O. W. «gwareu», and in C. «gware», but in B. «c'hoari».
Abdomen see 'Ingucri.
Cacare.
The ordinary word is «cachu»,
occurring (e. g.) in the following lines: (F. F. p.
24),
«Ni wn i pa fodd bydde rhai mor syth Yn plygu fyth i gachu.»
1 can't make out how such stiff
people can ever stoop to shyte'. It occurs in an old proverb redolent of rustic observation : «Cos
1
«Ch» before consonantal »w» is
pronounced as a guttural in N. W., but as an «h» in S.W. (except in a few words). It was often written «h» in S.W. literature, and in <J. the combination is written «wh».
WELSH ifcDŒOLOGY
377
din y taea6c ynteu a gach yth voss»,
'Stroke a boor's arse and he will shyte into thy palm.' This looks as if it ought to be a rhymed couplet, but it is so old in the form given that the unrecorded word «bos», which means the 'hand' (probably 'the open hand', = Ir. «boss», 'hand, claw, palm') was un- intelligible even to D.7 who in the list of Proverbs appended to his Diet, substitutes «dwrn», *a fist', for it: but «uos» is the word in the R. B. (col. 1061) and «voss» in the list of Proverbs at the end of Hengwrt MS. No. 202.1 «Cachu» is also used as a subst., and forms the colloquial word for 'excrement', as in the following effusion by a Glam. bard:
«Ma' Betsi o'r City yn 'yswi' o lew; Ma'n cwiro i menyn trwy V baw a thrwy V
blew ;
Myn'd ag e i'r Llwyni yn itha'
dehe', Gan ddweyd, 'Dvma foddion net gvda
the*!'
A V men'wod yn d'wedyd, gan gwrlo i
min, Ma'n debvg i gachu yn dod o dy din!» Siarns o'r Bettws a'i cant.
1
Pubd. in »Y Cymmrodor' for
1884.
The latter MS. is of about 1300;
the part of the former where
the pro- verb occurs was written
1376—1400.
WELSH
jEDŒOLOGT
Bot the old noun is «cach»; from
which, com- pounded with «ci», ca
dog1, 'a coward' (other- wise termed «cachadur»'a shitter') is catted «cachgU. This word is frequently, however, especially in S. Wales, used far more op- probiously. In this respect it somewhat answers to die old Eng. word
ctomturd"y (from «turd» = 'excrement/) ; and a man who in Eng. would be called 'an old shif would in W. be called «yr hen gachgi», or (more simply) «yr hen gachu» *, with the epithets «sal» or «gwaeU, 'mean, miserable', often added. «Cachast» («gast», 'a bitch*) would be used of a woman, and the stronger «cachgi diawl !», 'you coprolitic dog-fiend !' or (more idiomatically) 'you bloody shit!' may- be frequently heard used in quarrels (even by women) in some S. W. towns known to us, on Market or Pair days.
1 We
presume from the supposed effect of fear on the bowels. 'Ita sunt commota viscera mea, ut ego fere facerem totum in caligis roeis', dit Beze dans son Passavant,' 'Noei Borguignon' ; Dioni (Dijon),
1730, p.
339
[par M. De La1 Monnoye].
2 M.
de Belloguet ('Éthnogénie Gauloise ;
1**
partie, Glossaire Gaulois*, Paris, 287«, p. 87),
makes Ute cele- brated Gaulish exclamation «Cecos Caesar !» to mean something very like #('R ben) gachu Caisar !»
WELSH iEDŒOLOGY
379
The Irish word answering to «cach»
is «cacc», which occurs in many place-names: so a once-half-ruined-and-hence-much- beshitten *(«conchié») old mill has given the name 'Mullinahack* («Muilenn a* chaca», •Shit-Mill'), to one of the streets of Dublin. (Joyce, 'Irish Names of Places,
2** series', Dublin, 1875, p. 162—163).
The C. word is given by LL1540
as «câuh» («h» = W. «ch»), and in late C. the guttural was dropped ; hence the adj. «cawys», 'dirty', given by Pryce.1 The old form, «caugh»,
1
'Archaeologia Cornu-Britannica', by
Win. Prycer M. V., Sherborne, 1790. This was written by Tonkin and Gwavas, Pryce being a mere plagiarist, as disco- vered by Prince L. L. Bonaparte, the owner of the ori- ginal MS. The standard C. Diet, is one by the late Canon Williams (Llandovery, 1865;
abbrev. 'Wms.^; but he did not nearly exhaust the vocabularies of his prede- cessors, or clear away the difficulties occasioned to the student by the mistakes and the bastard words that they or the copyists of their works made and concocted. Stokes' excellent 'Glossary' (see note, p. 373) supplements this Diet, without exhausting the vocabulary. More- over, the since-discovered 'Beunans Meriasek' (abbrev. 'M.' ; The Life of St. Meriasek', a drama of the 15 th cent, ed. by Stokes, London, 1873)
has furnished hun- dreds of new words, which Wms. embodied in an inter- leaved copy of his Dice with a view to a aaA edition, never published in consequence of his denth in
t88i.
38o
WELSH iEOŒOLOGV
occurs in the compound «caughwas»1
(from «gwas», 'a servant, youth, or fellow', and answering to the W. «cachgi >) in Norris' C. Dramas. Now «caugh» (which in W. orth. would be «cawch») exactly answers to the B. «kaoch> 'shit', (explained in Ca th.* as 'ruder, cest estront de beste menue': and «caoch hoarn» as
eg. escume de fer, L ru- bigo, scoria'), in V. B. (and other B. dialects ?) «koc'h», which two forms exist side by side with «kac'h»; and so both G. and B. seem to postulate an original «* cäc», whiist «cach» and Ir. «cacc» point to a «*cacc», and the Lat. «caco» to a «* cac» ; whilst the Manx «cugh» (existing side by side with «keack»), 'filth, ordure, dung', is not easily reducible to any of these bases.
A secondary (participial ?) base «*
cact-* appears to occur in the B. «kaézour», 'filth', so unaccountably mixed up with «kézour», 'puberty' /see under
Tubes'); for we take the <<z» of the former to stand for a W. «th» (not a W. «dd» or «s») and «-our» to be an old plural termination, analogous to those
1 For
an ex. of «caughwas» sec 'Pedere'.
2 'Le
Catholicon de Jehan Lagadeuc, 1499,'
éd. par M. Le Men.
3»<
adduced under €Pubes\ so that the base of «kaézour» would in Welsh be «*caeth-» (if it there existed) for an older «*cact-» ; but no traces of such a stem, in the re- quired sense, are now to be found in W.; and it occurs to us that a word «*caeth»r
'dirty', may have been made to become obso- lete through the existence in W. of another «caeth», in the sense of'captive' (= C. «keth» 'plebs, plebeius'; B. «keaz», 'gueux, misérable';. Ir. «cacht», all possibly loan-words from Lat. *captus'). «Caeth» moreover is in S. W. pro- nounced «ca'th», very like «càth»,
ca cat'; hence an additional source of confusion.1
It is just possible, however, that a
«caeth», 'dirty', may be preserved in some W. local names. Two of the Commots (W. «Cymmy- dau»; so the old W. subdivisions of the «Cantrefi» or 'hundreds' are called) of the Vale of Glam. bore the names of «Uwch Caeth» and «Is Caeth», i. e. 'above' end 'below the «Caeth», respectively. Now several
1
The Southwallians are accused by
their Northern brethren of making a verse of a hymn that runs tRhyddid eu i enaid caeth !», 'Sweet freedom for a captive Soul !* into «Rhyddid ci i ened cath
1',
'The freedom of a Dog for the soul of a Cat!'
382
similar pairs of Commot-names occur
in Wales, the last part of them being nearly always the name of some river; and, from PugheV Map of the Ancient Divisions of Wales, the stream meant appears to be the sluggish one flowing into the «Nadawam (L. L. p. 250, now «Dawon» or «Ddawon», Anglicè «Thaw») at Penmark, and called in the'Cambro-British Saints'1 (Llandovery, 1853) p. 45, the
cRemni minor' or Lesser
Rhymni, to distinguish it from the larger Rhymni (Anglicè 'Rumney') dividing Monmouthshire from Glam. Its name is also mis-spelt there and in L. L. pp. 149, 249
(where its locality is further indicated) in various ways that all seem traceable to miscopying an old «Guo- rimni» or mediaeval «Gurimni», of which word the first part appears to come from *gwrym»*, «gworm», or «gwrm» (fem. «gorm»),
1 This
map appears in the edition of Powel's 'Hist, of Wales', published at Merthyr Tudfil in 1812 (8vo.): also in the 3rd edition of Warrington's 'Hist of
Wales', published in 1791. (London, 2 vols., 8vo.)
2 Abbrev.
«C.-B. S.'
3 «Gwrym»
occurs in the old heroic poem of the «Gododin» (ed. by Ab Ithel, Llandovery, 1852, who numbers the lines, and by Skene, op. cit., who does .not) in «gwrymseirch», 1. 339, and «gwrymde» 1. 666,
WELSH jEDŒOLOGY 383
'dusky*, and the last part perhaps
from «gne», 'colour*; and «(Afon) Wrymne» 'the Dusky^ coloured (River)*, might, the «w» being made nearly silent (as in«gwna*, mutated «wna»), be converted into «Kymni», whence (by false analogy) «Rhymni». This would confirm our etymology of «Caeth»; and, however that may be, the river referred to certainly runs mainly through liassic limestone, which al- ways discolours more or less the rivers flowing through it; we would adduce too, in support of our guess, the river-names «Bawddwr» (Gwent uwch Coed1 and Lian-
(Skene, I, 73,
84 and 105). The Dartmoor river 'Ernie' is probably from its fern. «*gwrem» (or perhaps from «*gwerm», fem. of «gwyrm») ; whence «(Afon) Wrem» (or «Wenn». It is. an impetuous and destructive stream, of .short course for its sise: hence it floods and becomes turbid more rapidly than the neighbouring rivers.—We forgot to say that a third edition of the Gododin, edited by Stephens (author of 'the Literature of the Kymry') is now being published by the Cymmrodorion Society.
1 L. L.71.
«Gwent uwch Coed» was the
old name of Gwent (see p. 339, above) N. of the forest-ridge of
«Coed Gwent», now 'Wentwood'. The Llandovery Bawddwr is called «cachlyd», 'shitty', in the following rhyme describing the streams that meet in that town :
«Bran a Gwydderig
A Thywi fynheddig
A Bawddwr fach gachlyd Yn rhedeg trwy'r dre'.» v
384 WELSH
iEUŒOLOGV
dovery), 'Dirty Water' (See on «Baw»
below), and the name «Guormuy» (L. L. pp. 42, 127} applied to a turbid stream
in «Erging» or 'Archenfield* (Welsh Herefordshire), now (for that district is Anglicized, alas!) called 'the Worm*. And we may compare the Ir. use of «cacc», in the (Anglicized) river-name 'Cockow' (i. e. 'Shitwater') in Kerry, and such place-names like «Cac-an-thôid» (Anglicè 'Cackanode'), 'the dirty part of the soiP, and the Anglicized name 'Ballycocksoost', the town of the shitty flair
(Joyce, page quoted above)1. Another word is «caca*, which is used as a nursery word just as it is in England and France; but it also occurs in the sense of 'dung* in the well-known plant-name «cacamwci», which must mean 'the bogieV (or 'boggart's') 'dung1, applied to the burdock and burweed (see under
^Pubes") just like «cedowrach». In B. we find a secondary form «kakac'h», but in C.
«cac» and the verb «caca» appear as full-blown words. In Eng. we also have the verb 'to «cack»* in Lancashire and elsewhere (which may however possibly be from the O. W. once talked there, and
1 There
is also a brook «Caethon», flowing into the Klan (Radnorshire).
WELSH iEDŒOLOGY 385
either borrowed before «*cacc» had
been made into «cach», or a corruption of the latter) ; and «cake» also occurs, as in Andrew Borde's 'Fyrst Boke of the Introduction to Knowledge', C4 (reprinted, London, 1814), where he says of Cornish ale
that eit wyll make one to kake, also to spew.* The unin- fected final «c» shews that these words are only loan ones in the British languages (C, B. and W.). The word «cachfa» is used for
cdung* in the medical MS. of the 14^ and 15th centuries preserved in the British Museum ('Additional MSS.' no. 14912, fo. 51): «Rae heint mar- chogyon dot galchua1 paun a gwreidd redyn ac ef a uyd iach.»
cFor piles apply peacock's dung and fern root to the sufferer (orcthe part'}, and it will cure him.' M. Dwygraig's«gwrthban Gwrthben2 ugain cachfa» M. A., I, 489*) may mean
ea blanket in which twenty turds have been wrapped', but the passage is obscure, as well as obscene. With this «cachfa» may- be compared «chwydfa»,
ca vomit' (from «chwyd», 'spew*), occurring in (e. g.) 3
P. C.
1 A
mistake for «gachua», i. e. «gachfa». A later copy reads: «Rhag glwy y marchogion dod wrtho gachfa pavn a gwraidd rhedyn ag ef a fydd iach.»
2 «Gwrthben»
is 'a fastening'.
3 «Yn
awr troi 'nol i'th hen ffieidd-dra Fel hwch i'r dom, neu'r ci i'w chwydfa!»
KqvnrâSia. U. 2$
386
WELSH jEDŒOLOGY
G. p. 55, «ci yn troi yn ol
i'w chwydfa», ca dog returning to his vomit.' This «-fa» comes from «ma» (originally
ea field*, later ea place', occurring in «Gwynfa», (= Ir. «Fionmagh»), 'the White Field', a district in Powys, and «Brechfa»,
cthe many-coloured field* (in Carm., Brec, Glam. and Monm.): and, in the radical form, in «Ma Mouric», 'Meyrick's* (or 'Maurice's) 'field*, L. L. p.
197, «Mathenni», now called «Llandenny» *, 'the field or church 'of Tenni', p. 198
(both near Raglan, Monm.); «Machynileth», 'the field of Cynllaith', «Mall- wyd», 'the grey field' (both in Mont.*); «Mathern» (Monm.), for «Ma Theyrn», 'the field of the king (Tewdrig'; see L. L. pp. 133—5); «Mathafarn» (Mer. and Mon; see also Skene II, 33,
1. 31; the same as «Batha- farn» in Den.), 'Ager Tabernae'; «Mathrafal» (Mont.), 'the field of Trafal' (for «Trafal» see Skene, II. 285,
1. 19): and possibly «Mechain» (Mont.) and «Machen» (Monm.),
1 See
Mr. Wakeman's excellent 'Supplementary- Notes to the Liber Landavensis\ p.
14, printed at the end of'C.B. S.', but forming an indispensable supplement to the L. L.
2 =■
Montgomeryshire. *Monm.' = Monmouthshire. •Pemb.' = Pembrokeshire. 'Brec.' = Breconshire.
WELSH ADŒOLOGY 387
both for «Ma chain*, 'the fair
field', and «Mathru» (Pemb.), 'the field of woe' (?) (from »tru»): its aspirate government is all that remains of the guttural which its Ir. equiv. «Magh», 'field*, shews it to have lost.1
«Cachfa» and «Chwydfa» must thus ori- ginally have indicated 'a place where the dung (or 'spew') was deposited'; hence
xthe dung or spew itself*: analogous is the abstract use of the word in «golygfa», lit. 'a sightplace', but meaning 'a view' (L e.
ca prospect'»), «llewygfa», 'a fainting-fit', «cnofa», 'a gnawing (of the stomach)', and «powysfa», "a resting place' in the O.-W. «poguisma deui», 'David's resting place' (in Glam.; L.L.pp. 149,
1 It
has occurred to us as just possible that we may have the old form in «Lannluit Machumur» (i. e. «Machou maur»; ='Li. of the great fields'?) now Llan- llwyd, near Monmouth (L. L.
330—i)and in
«Machynys», <= The Field Inch' ?), L. L. p. 180.
These may, how- ever, be from*bach» orcmach», 'a crook, bend', whence «Bachegraig», «Bachymbyd», etc (in Den.) and probably the «Machlas» (=«Mach» + «glais», 'a brook') that has given its name to Glanmachlas near Towyn, and «Y Fechlas» («Mechlas» or «Bechlas»), a river near Mold. There is also another «mach», 'a surety, pledge', from which «Machynys» might come.
2 'A
view' in the sense of 'an opinion' is in W. al- ways «golygiad», which never means 'a view' in the sense of «golygfa».
25*
388 WELSH
iEDŒOLOGY
249), but inC.erest\
as in «dyth a bowesva», (O. 145), 'Day of Rest', etc.
«Pridd», pro- perly meaning 'clay', is also used for 'human ordure' in parts (e. g. Merthyr), and also in M.M. 94 (§ 25) and 164 (§ 347), in the last of which passages the powdered faeces of a young boy are recommended to be drunk of white wine as a cure for the Plague. P., however, gives the word as a 'delicate (Silurian') term for the ordure of an animal.'
Of euphemisms for «cachu», we may
mention «myned wrth faes», 'to go afield', used in M. M. (e. g. p. 187), and (besides «plygu», already cited) «crymu», 'to bend', is used of a woman in «Ni chrwm heb ddyrchaif ei chrys» (in the poem quoted at end of
cPe- deret)y whilst in N. Card, a man is said to «llaesu» (in Arfon «troi») «ei glos», 'laxare' (or 'vertere') 'braccas'.
The dung of different animals is
called by various specific names.
The Nan. term for the dung of cattle
and horses is «biswail», whence a verb «bisweilio», to drop dung'.1 (See too under
cAnusy and 'Diarrhoea!). The noun is there used of dung lying in a field : -which, however, when
1
These words are usual all over N.
Wales, we be- lieve, in this sense.
WELSH iEDŒOLOUV 389
in a sufficiently dried-up state to
be used as fuel by the poorer people, is called «gleiad», plur. «gleion»; («gleuad» in Arfon, «glayad» in W.S., «glaiad» inD.=C. «glose» i. e. «glôs», C. W. 1092 ; the Eng. equivalent of this seems to be 'blake' or'blakes*). An important officer of the old W. princes was called «Maer y biswail», 'The manure Bailiff, («mayr bys- gueyl»,W. L., 1,62.
See too p. 34 et passim), whose office was to 'receive the cattle pur- veyed for the lord, and superintend the de- mesne lands'; such an extension of such a title shews the vast importance attached to ma- nure in early times. The adjective «bis- weiliog» occurs in «Dugleis bisgueiliauc», 'Dungy Dulas', a place on a river Dulas or Dulais near Llandeilo Fawr (Carm.) mentioned in L. L. 75, with which we may compare the place-name «Rhyd y Biswail», 'the Dungy' (or
lPissy') 'Ford', borne by spots inLlanwrin (Mont.) and in S. Card. In S. Wales «bis- wail» is used only of liquid farm-yard or cow-house drainage1, and in N. Card, only in the form «piswail», which probably owes its existence to an idea thai it
comes from «pis», 'piss'. Possibly some notion of this kind may have been present in the minds of
i Called «lleisw» in Nan. See
under 'Mingere\
390 WELSH
jEDŒOLOGY
the inventors of the name by which
the stranger English were once generally known in Wales, viz. «Plant y biswail», sometimes «Plant Alis» or «Plant Alis y biswail», 'children of Alis of the «b.»\ for the expression seems an analogous one to the Eng. 'piss-begotten'. D. however, gives «biswail» as simply mean- ing 'foria, onchos'; the former of which words meant 'flux in swine, diarrhoea' (hence Fr. «foire»), and is by D. elsewhere explained by «pibau» (= 'squitterings'). «Tom»1 is a generally used word; but whilst in some parts (e. g. N. Card, where «dorn», is the radical form, mutated into «ddom») it means 'cow- or horse-dung, in a dung-heap, or with reference to its proximate use as manure', and sometimes simply 'mire' or 'dirt' (the sense given by Sal. and D. ; see too the citation under «cachfa»), in Nan. it is used convertibly with «baw» of 'the droppings of cats, geese, of all poultry, and of wild fowls' (but n o t of game birds ; see below) ; and so it is used of geese and doves respectively
1 «Tom» seems originally to have meant
'a mound, heap' and, to be a loan from the Eng. 'tomb', and its dim. «tommen», in «Tommen y Bala», «Tommen y Mur» (Mer.) etc. means 'a mound for purposes of defence' ; and it also often means a true tumulus.
WELSH iEDŒOLOGY
39I
in M. M. 192 (§ 494) and 208 (§ 558). «Baw» is also there used, and so is «cachu» (see above), of the excrement of pigs, dogs, and otters, and «baw» also of dung collected into a heap1 : but the last word also bears a wider sense, thus answering much to the Eng. 'muck'; and in Carm, we have often heard the proverb «Mae 'fe wedi myn'd i'r baw», 'He's gone to the mire' (i. e. 'to the devil' or 'the dogs'). The Fr. «boue» has been equated with this word ; and the Lancashire «baw», 'alvum levare', is more certainly re- ferrible to it A quantity of dung gathered together in a heap is called in Nan. «tail» (in B. «teil» 'fient', Cath., but now = 'fumier'; «teilat»,=«cahet», 'stercorare, chier, fambreer', Cath.; C. «teil», 'fimus, stercus', LI. 59°, 1540); and this has become the
commonest word for 'manure' in Wales. We are told that some modern poet talks of a deceased person as having gone «i'r tail», i. e. «i'r dornen» or «i'r gweryd», 'to the tomb* or 'to the sod' ; but this is at least a rare use of the word.
«Cagl» in Nan. is used for the dung
of sheep, goats, hares, rabbits, grouse and
1 «Baw'r diawl», *the Devil's dung' is
the W, name for the drug 'assafœtida'.
392 WELSH
£DŒOLOGY
partridges. It seems to answer much
to the Fr. 4crotte\ as it means in N. Card, 'the mud thrown up by a walker on to his trou- sers1' (called «terig» * in Mon); but in S. Card, (at least) «cagl defaid», 'sheep's dung', is common. «Ceglyn», 'a dirty little squit' *, fem. «caglen», is used as a term of abuse in parts, and so in F. F. p. 13,
an old woman is called «hen gaglen syth !», 'you stiff old draggle-tail !' The B. is «cagal», used of the dung of small animals and also of 'personnes constipées' (Leg.4) ; and it is in this sense that we have
1 In
W. Corn vail a «crotté» person is said to be 'gaggled': which shews that a «cagl», 'mud', existed in C The B. Lexicographers derive «cagal» from «cach» and «cal» ; which last word they fancy means 'hard' (in B. «calet» = W. «caled») ! — an idea still prevalent among the philological dabblers who undertake to instruct the world on the etymology of Cornish local names: but tcal» is neither more nor less than the W. for
'■Penti, q. v.
2 They
say in N. Card, of a person or thing *in . a frightful mess', «Mae o 'n derig o ' faw», 'It's a very «terig» of dirt'; and the word is especially used there for the dirt collecting in the hollows of an unwashed skin. For quite another «terig» see under
'Lascivire'
3 We
presume that 'squit' is connected with 'squitter'. At a private school where we once were, the youngest boy there was called 'the squit of the school*.
4 Legonidec,
'Diet. B.-Fr.' par Villemarqué, St. Brieuc, 1850.
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heard the abstract «cagliad» in a
celebrated Englyn where it means 'a caking', i. e. 'constipation'; of which we regret that we can only give 2 lines. It was addressed by the (w)hole-bound Bard to A—E~, a brother Bard and a Chemist, imploring him to con- coct some 'dung-driving' pills.
«.... «Poba, fal y pibwyf ;
Un gagliad a dafad wyf.»
'Bake (the ingredients) that I may
squittcr; my caking is as bad as a sheep's': and so M. Dwygraig (M. A. I, 485»), in his amusing 'Ode to a gift calf (he didn't only look it in the mouth', but minutely inspected its «bouches d'en bas» to boot), has the adj. «cagalawc» (= «caglog»), speaking of the beast as «tin gagalawc», 'cake-arsed'; which of course refers to the usual a posteriori ap- pearance of the bovine species.
«Ebod» (M. M. p. 104) or «ebodn» is an old word for the dung of horses, interesting on account of its first part coming from «*eb», 'a horse' (= «equus» and
In 7TOÇ Or LXXO whence, too, the first part of «ebol», (O. W. «epaul»), a foal, and probably of the «Ebw» or «Ebwy» river in Gwent: the latter parts of which two words seem to come (respectively) from the same origin as Gr.
nCSXo$, 'a young animal,
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especially a foal', and the very
common river-name termination «-gui» (L. L. passim), now «*-gwy» or (in composition) «-wy», ap- parently the same as «Gwy», 'the «Wye»\ and its brethren the Derbyshire «Wye» and the Surrey «Wey». «Ebodni», the verb, is explained by Sal. with the addition of «val march*, 'like a horse', as 'donge' (i. e. 'to dung*).
«Aul» (= Gael, «aolach», 'dung,
entrails') is given by P. as a 'Silurian' word for 'dung/and D. gives (evidently its plural) «eulon», instan- cing «eulon geifr», 'goat's dung\ «Gweryd»is also used by D. G. for 'excretion', according to P., in «Garan yn bwrw ei gweryd», which he translates, however,
ca stork casting up the contents of her stomach'; but that nether excreta are meant seems likely from the Glam. use of the word for 'manure' (called «achles» in S. Card.) : possibly, however, the latter sense of the word came from its or- dinary one of 'sod, turf, sward', and indicated primarily 'turf used as manure'. We give the context of the passage quoted, which comes from D. G.'s celebrated poem to his own shadow (p. 344), that philologists may judge for themselves what it there means: for it occurs to .us that it might mean the
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slimy 'water-moss' or 'conferva', a
sense borne by the word:
«Fal gryr Uwyd yr wyd ar iâ Fewn canol a fae'n cawna: Garan yn bwrw ei gweryd, Garau'r wyll, ar gwr yr yd.» 'Thou art like a grey heron on the ice, picking at the reeds in the middle (of a pool): (or) a crane, with its goblin shanks, casting its «gweryd» on the corner of the corn (field).' (We have taken «wyll» to be put for «gwyll», for the sake of the «cyngha- nedd» or 'harmony'). — This puzzling word will be found discussed under
'Pubes1,
q. v.
«Lluyd» gives «ysgoth» as 'dung' (p.
275*), for which see under 'Diarrhoea1; also p. 221*) «ysgarth» as 'excrement', the pi. of which, «ysgarthion», is commonly used now in the sense of 'offscourings', a sense also borne by «carthion», pl. of the simpler form «carth». The last word (putting aside deriva- tives and book-words ; for the verb «carthu» see'i>
iarrhœa')'m the sing, now only means ' hemp, tow', except in the phrase given by W. S. andD. (s. v. 'Rallum') «carthbren aradr», 'a plough-staff', which exactly answers to the B. «karsbren» or «karzbrenn», 'la fourchette en bois qui sert à décharger le coutre et le soc
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iEDŒOLOGY
de la terre qui s'y est amassée',
from B. «pren», 'bois', and «karz» ; and the various senses of the latter word, viz. : 'Raclures et immondices que l'on ôte de ce qui les a contractées* (Lep.1), 'ordures' (Leg.), perfectly explain the double meaning borne by its W. equivalents «carth»,«carthion», etc., and shew the original idea to be that of 'a cleaning by scraping, raking, or combing* (Fr. «racler»): hence the senses of the words, viz. 1) 'tow, the result of such a process' and (2) (the refuse arising from other kinds of cleansing or purging).
«Liibystr» is found in diets, for
'dung'; and «ystlom» is used by M. Dwygraig in his ♦Lampoon on a woman' (M. A., 1,488b), where -he calls her «ystlom-gwthr gast», 'Dungy-arsed Bitch', as elsewhere (I,
487*0 he calls her «cwthrfaw» (from «cwthr», for which see under 'Anus1,
and «baw».). These epithets shew but too clearly that 'paper' was 'not invented' in the poet's time (at least in Wales), and that some one of the manifold, if inadequate, expedients enumerated by Gar- gantua (1.1, c. 13)
had perforce to be resorted
1 =
Lepelletier's 'Diet, de la langue Bretonne', Paris, 175*.
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jEDŒOLOGY
397
to for a certain operation. The
verb, «'sdommi», is still used in Mon for animals dropping dung ; can «ystlom» be of the same origin as B. «stlabez», 'ordure, immondice* ? We do not find in W. any word answering to Vannetais B. «mon», 'dung* (= Ir. «mûn»,
4piss' ?), except a derivative «monoch», en- trails, guts', sing, «monochen».
(To be continued in Vol. III.)
ERRATA DU PREMIER VOLUME.
Page I, titre courant, au lieu de
avis du direction, lisez avis de la direction.
— X,
ligne 9,
au lieu de intelligible au plus
grand nombre, lisez inintelligible etc.
— XI,
avant dernière ligne, au lieu de nous rap-
pellerons qu'un Russie, lisez nous rappel- lerons qu'en Russie.
— 4,
ligne 17, au lieu de zones lisez zones.
— 7,
— io, — — dites-lui, que lisez dites-
lui que
— 8,
— 23, — — le lièvre, saute lisez le
lièvre saute
— 2o,
— 12, — — repond lisez répond
— 21,
— 3, — — ou —
où
— 23,
— 12, — — marie moi lisez marie-
moi
— 32,
— 4, — — La garçon lisez Le garçon
— 38,
— 1, — — fiancées — fiancés
— 38,
— 15, — — le pauvre — la pauvre
— 39»
— 8, — — en-tète — en tète
— 39»
— 9» — — /....... —
— 39»
— «S» — — Des lapti? — Des lapti. Il
— 46»
— 4» — — petit mère — petite mère
— 54»
— 4» — — irrité — irritée
ERRATA DU PREMIER VOLUMB
399
Page 54, ligne 18, au lieu de demande nouveau lisez
demande de nouveau.
— 58,
— t8, — — le grignote lisez les
grignote
— 63,
— ao, — — de même coup lisez du
même coup
— 83,
— 26, — — petitp... lisez petite p...
— 108,
(note) 6, — — te —
et
— 138,
— 8, — — loges —
legis.
— 348,
— xi, — — des —
dans
TABLE DES MATIÈRES
Folk-lore de la
Haute-Bretagne....... t
Table.............. na
Contes picards. (Seconde
série)....... 115
Table.............. 16g
Schwedische Schwanke und
Aberglauben aus
Norland............... 171
Anmerkungen........... 220
Table ............. 222
Literatura popular erotica de
Andalucia . . . 223
Some erotic Folk-Lore from
Scotland .... 253
Dictons et formulettes de la
Basse-Bretagne . 265
An erotic English
dictionary........ 271
Trois contes alsaciens .......... 277
Le poskocnika, sorte de Kolo ou
ronde des
Serbes ............. 284
Glossaire cryptologique du breton
..... 289
Welsh ^Edœology (First
Part)....... 323
Errata du premier volume......... 398
t
|