Kryptadia Vol. 2 (1884)

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KPÏIITÀAIÀ

VOL. II


Tiré à 135 exemplaires numérotés.


o

KPYIITA AI A

RECUEIL DE DOCUMENTS POUR SERVIR

À L'ÉTUDE
DES TRADITIONS POPULAIRES

—— • .

VOL. II

CHEILBRONN
HENNINGER FRÈRES, ÉDITEURS

1884

Tous droits réservés


UNIVER

WAY 29 ttfeb

Imprimerie de G. Otto à Darmstadt.


FOLK-LORE

DB LA

HAUTE - Bft ÉT A G N E.

I

LA FRÊNOLLE

Pili était une fois un petk garçon qui
B9 voulait apprendre l'état de forgeron.
Il quitta son village et alla se louer comme
apprenti chez un maréchal-ferrant Son
patron avait beaucoup d'ouvrage, et tous ses
lits étaient pris par ses ouvriers. Lé soir
venu, il fut bien embarrassé pour savoir où
il coucherait son apprenti. Il réfléchit long-
temps, mais à la fin il se dit: «Il y a plu-

KçvuTaàia. IL I


2

FOLK-LORE DE LA

sieurs personnes dans chacun des lits; il n'y a
que ma fille qui soit seule dans le sien. Je
vais mettre le garçon à coucher avec elle :
ses parents étaient de braves gens et je Tai
connu tout petit; il n'y a aucun danger.»
Quand ils furent tous deux couchés en-
semble, le garçon se mit à caresser la fille
qui approchait de ses dix-huit ans, et comme
elle ne le repoussait point, il ne tarda pas
à lui montrer comment on fait l'amour. La
fille trouvait la chose fort à son gré, et
Pierre —- c'était le nom de l'apprenti — lui
donna plusieurs leçons de ce joli jeu. Elle
ne se lassait point, et aurait bien voulu que
cela durât toute la nuit; mais Pierre qui
était fatigué voulut dormir. Comme il com-
mençait à s'assoupir, elle le pinça et s'ap-
procha de lui; mais il ne répondait point à
ses agaceries. «Pierre, lui dit-elle, tu ne joues
plus de ton instrument? — Non, répondit-
il; il est usé. — Ah! dit la fille, c'est bien
dommage; pourquoi n'est-xl pas plus solide?
Cela coûterait-il bien cher pour en avoir
un autre ? — Oui, répondit Pierre, au moins
trois ou quatre cents francs. — Je ne les ai
pas à moi; mais je sais où mon père met
son argent, et demain je te donnerai avec
quoi en avoir un neuf. Comment cela s*ap-


H A UTE-BRETAGNE

3

pelle-t-il ? — C'est une frênolle.» * Le matin,
la fille prit l'argent de son père et le donna
à l'apprenti, qui alla jusqu'au bourg et fit
mine d'acheter un nouvel instrument. La
nuit venue, il en joua encore, à la grande
satisfaction de la fille. Le lendemain, l'ap-
prenti reçut une lettre où on lui disait que
sa mère était malade, et qu'elle désirait le
voir. Il se mit aussitôt en route ; peu après
la fille rentra, et comme elle ne le voyait
pas: «Où est Pierre? demanda-t-elle. — Il
est parti, et il ne reviendra plus.» Elle se
mit à courir après lui, et du plus loin qu'elle
l'aperçut, elle lui cria : «Pierre, Pierre, laisse-
moi au moins la frênolle !» Pierre, qui était
dans un champ, arracha un gros navet, et
le jeta dans une mare aux pieds de la fille,
en lui disant: «Tiens, la voilà.» Et pendant
que la fille cherchait, il continua sa route.
Elle regardait de tous ses yeux; mais elle
ne voyait point l'instrument de Pierre. Elle
s'assit sur le bord de la mare et se mit à
pleurer à chaudes larmes. Le curé qui passait
par là, lui demanda pourquoi elle avait tant

* C'est probablement un mot de fantaisie; ce n'est
pas sous ce nom que l'instrument de Pierre est ccnnu
dans le pays.

I*


4

FOLK-LORE DE LA

de chagrin: «Ah! monsieur le Recteur,
répondit-elle, la frênoile est tombée dams la
mare, et je ne peux la retrouver. C'est bien
dommage, car c'est un instrument précieux :
il coûte trois ou quatre cents francs. — Cher-
chons tous les deux, dit le Recteur, je vais
t'aider.» Il se retroussa et tous deux se
mirent à chercher dans la mare qui était
assez profonde. A un moment elle se re-
tourna, et, voyant le recteur troussé jusque
par dessus les hanches, elle s'écria: «Ah!
monsieur le Recteur, ce n'est pas la peine
de chercher plus longtemps, c'est vous qui
avez la frênoile entre les jambes.»

Recueilli en Haute-Bretagne en 1880.

Cf. dans les Contes secrets traduits du russe, le no.
„XLVI, la variante de la page 146, pour l'épisode du
navet dans la rivière : dans le conte russe il s'agit d'ua
peigne. Un passage du Moyen de parvenir, p. 60
éd. Charpentier, rappelle l'épisode de l'outil usé. «Le bon-
homme Hauteroue disait en travaillant sa première
femme — Que j'enhane, ma mie ! — Je ne m'en ébahis
pas, dit-elle, vous travaillez d'un méchant outil. — J'en
aurais bien un autre, si j'avais de l'argent.— Qu'à cela
ne tienne, je vous en baillerai demain.» Quand il eut
ses écus, il va se réjouir, puis coucha avec la femme qu'il
traita bien : «Ho ! dit-elle, mon ami, celui-ci est aussi
bon que celui que vous aviez. Mais, mon ami, qu'avez
vous fait de l'autre ? — Je l'ai jeté là, ma mie. — Endà,
vous avez eu grand tort, il eut été bon pour ma mère.»

Cf. aussi pour l'outil usé: le Parangon des nou-


5

II

LA FILLE BIEN GARDÉE

PBl t avait une fois une fille que sa
BEB mère surveillait avec le plus grand
soin, de peur que quelque garçon ne vînt
à la mettre à mal, et elle l'avait élevée dans
l'innocence de tout Quand elle lui deman-
dait à aller aux assemblées comme les autres
filles de son âge, elle lui répondait: «Non,
ma fille, tu n'iras pas, car on est trop ex-
posé à perdre son pucelage.» Un jour pour-
tant, Pierre, son amoureux, qui était un bon
garçon bien tranquille, vint la chercher pour
la conduire à une assemblée, et ils sup-
plièrent tous les deux la bonne femme de
les laisser y aller. Celle-ci finit par y con-
sentir, pensant en elle-même que Pierre était
trop honnête pour mettre sa fille à mal, et
elle lui recommanda de bien veiller sur elle.
Les voilà qui se mettent en route, et tout
en cheminant la fille disait : «Ma mère m'a

veil es nouvelles p. 154 éd. Emile MabilleBibl. elzév.,
Les chefs d*«e*vres des conteurs français 17«
siècle, éd. Charpentier p. 198, et les Contes à rire et
aventures plaisantes de ce temps, Beau vais 1818 in 16,
p. 4a.


6

folk-lore de la

bien recommandé de prendre garde à mon
pucelage: il paraît qu'aux assemblées on est
exposé à le perdre. Comment faire pour le
conserver ? — Est-ce que ta mère ne t'a pas
enseigné un moyen ? — Si, répondit-elle, elle
m'a recommandé de bien serrer les cuisses.»
En devisant de la sorte, ils entrèrent dans
un bois, et au milieu il y avait plusieurs
ruisseaux qu'on franchissait sur des planches.
Au moment où la fille était sur la planche,
Pierre qui marchait derrière elle, jeta une
pierre dans l'eau, juste au dessous d'elle.
«Ah ! s'écria-t-elle, que dira ma mère ! voilà
mon pucelage tombé dans l'eau et perdu. —
— Ne crains rien, répondit le gars ; heu-
reusement que je suis là, je vais te le re-
mettre. Viens avec moi sous le bois, et ne
dis rien si cela te fait un peu mal; car c'est
pour ton bien.» Pierre le lui remit en effet,
et à quelques instants de là ils arrivèrent à
la deuxième planche. Au moment où la
fille était dessus, deux ou trois grenouilles
qui sommeillaient sur le bord furent effrayées
et s'élancèrent dans l'eau, qui rejaillit en-
core au dessous de la fille. «Ah! Pierre,
s'écria-t-elle; le voilà reperdu; il paraît
qu'il n'était pas solide ; c'est bien mal à toi
de ne pas me l'avoir rattaché plus solide-


haute.bretagne

7

ment. — Ne dis rien, répondit Pierre, je vais
encore te le remettre.» Après que le puce-
lage eut été remis pour la seconde fois, ils
arrivèrent à l'assemblée où ils se divertirent
comme les autres. Au retour, comme le
jeune fille passait sur la planche, Pierre jeta
à Peau une pomme qu'il avait dans sa poche.

— Que dira ma mère? s'écria-t-elle; voilà
la troisième fois que je le perds aujourd'hui!

— Ne crains rien, je vais te le recoudre.»
Quand le pucelage eut été recousu, 'la fille
qui prenait goût à cette couture, dit à Pierre:
«Il n'est pas cousu assez solidement. —
Mais si. — Non. — C'est que je n'ai plus
de fil. — Ah! s'écria-t-elle, le vilain men-
teur : il dit qu'il n'en a plus et il lui en reste
encore deux gros pelotons!»

Recueilli en Haute-Bretagne en 1880.

Dans le Moyen de Parvenir, p. 90 éd. Charpen-
tier, se trouve un conte assez analogue : un cousin invite
à venir danser sa cousine à laquelle sa mère a recom-
mandé de bien prendre garde à son honneur. «Je
n'oserais, dit-elle, de peur de perdre mon honneur. —
N'est-ce que cela? venez, cousine, en cette petite chambre,
je vous le coudrai si bien qu'il ne cherra pas.» La fille
prend goût au jeu, et après trois reprises, elle pria
son cousin de lui recoudre un peu son honneur. «En dà l
dit*il, je ne saurais; je n'ai plus de fil. — Hé, hé, ce dit*
elle, et qu'avez vous donc fait de ces deux petits pelo-
tons qui vous pendaient entre les jambes!»


8

folk-lore de la

III

LA CHERCHEUSE DESPRIT

h était autrefois un Recteur qui avait

IKÜ5M pour servante une nièce assez jeune
encore, mais qui était bien une des créa-
tures les plus sottes et les plus simples que
l'on pût rencontrer. Un jour qu'elle venait
de faire une bêtise plus grosse que les autres,
son maître lui dit: «Vous devriez bien
acheter de l'esprit, ma pauvre fille. — Je n'y
manquerai pas, monsieur le Recteur, si l'oc-
casion s'en présente.» Peu après le Recteur
fit tuer son cochon, et quand on l'eut dépecé
en quatre morceaux, il dit à sa servante que
l'un des quartiers serait pour Janvier, l'autre
pour Février, le troisième pour Mars et le
quatrième pour Avril, comptant que son lard
lui durerait quatre mois. Le Recteur devait
être absent pendant trois semaines, et le bou-
cher qui avait tué le cochon, voyant la mer-
veilleuse simplicité d'esprit de la servante,
conçut le projet de s'emparer du lard pen-
dant qu'elle serait seule au logis. U fit part
de son projet à trois de ses compères, qui
résolurent de tenter l'aventure dès que le


haute-bretagne

9

prêtre serait parti. Le lendemain matin, le
boucher, déguisé en chercheur de pain, se
présenta à la porte du presbytère. «Bon*
jour, dit-il, donnez moi la charité pour l'amour
de Dieu. — Vous n'êtes pas d'ici, comment
vous appelez-vous? — Janvier, répondit-il.

— Ah! j'ai justement un morceau de lard
que monsieur le Recteur a mis de côté pour
Janvier, et je vais vous le remettre puisque
c'est vous qui vous nommez ainsi.» Le jour
suivant un autre compère entra au presby-
tère, et dit qu'il s'appelait Février, et la ser-
vante lui donna le second morceau de lard.
Un troisième se présenta le lendemain sous
le nom de Mars, et la nièce lui remit en-
core un morceau de lard, quoique, observa-
t-elle, elle n'eût jamais cru que les mois
fussent venus ainsi en personne. Le qua-
trième jour un autre compère vint encore à
la porte, et comme elle lui demandait son
nom: «Je m'appelle Avril, marchand d'esprit.

— Tenez, dit la bonne personne, voici en-
core un morceau de lard qui est pour vous;
mais puisque vous êtes marchand d'esprit,
voulez-vous m'en vendre pour quinze francs ?
Monsieur le Recteur m'a bien recommandé
d'en acheter quand l'occasion s'en présen-
terait. — Je veux bien, dit le compère ; mais


io

folk-lore de la

il faut pour cela une opération, et je ne puis
la faire que la nuit Je coucherai avec vous,
et quand je vous aurai débouchée avec mon
instrument, vous aurez de l'esprit. Cela vous
fera un peu mal au commencement; mais
on n'en meurt pas pour tout autant. — Qu'à
cela ne tienne, répondit la servante: je suis
prête à tout endurer pour n'être plus si sotte.
Mais il ne faudra pas me prendre trop cher;
car je n'ai pour tout bien que quinze francs.

— Donnez-les, dit le compère, je vous four-
nirai de l'esprit pour votre argent, bonne
mesure.» Ils souperent tous les deux en-
semble, puis ils se mirent au lit. Le compère
se coucha sur Jeanne et lui plaça son in-
strument entre les cuisses. «Ah! dit-elle,
qu'est-ce que c'est que ce bout de saucisse
que tu as là? j'en ai senti de plus chauds;
mais jamais d'aussi durs. Ah ! le crasseux, il
veut le fourrer dans le trou par où je pisse ï

— Ne dis rien, Jeanne, ce n'est pas un bout
de saucisse, mais l'instrument pour donner
de l'esprit aux filles. Écarte les cuisses,
et si ça te fait un petit de mal, n'y fais pas
attention.» La fille se prêta de son mieux;
et pendant toute la nuit, le compère lui donna
de l'esprit, en veux-tu en voilà, et au matin,
il lui assura qu'elle en avait autant qu'on


HAUTE.BRETAGNE

ii

pouvait s'en procurer pour quinze francs.
Quelques jours après, le Recteur revint; et
quand il demanda où était son lard, la ser-
vante lui répondit: «J'ai fait comme vous
m'aviez dit; j'en ai donné un morceau à
Janvier, un autre à Février, un autre à Mars,
et un autre à Avril, comme vous me l'aviez
ordonné. Ils sont venus chercher chacun
leur part dès que vous avez été parti. —
«Ah! mon Dieu, me pauvre fille, que tu es
pauvre d'esprit! — Oh! que nenni, mon-
sieur le recteur, j'en ai acheté pour quinze
francs l'autre jour.» Le Recteur se mit à
rire en l'entendant; mais à quelque temps
de là, il vit que le ventre de sa servante
grossissait à vue d'œil: «Qu'est-ce que cela?
lui demanda-t-il ; pourquoi as-tu le ventre
aussi gros? — Ma foi, répondit-elle, depuis
que j'ai acheté de l'esprit, toute la nourri-
ture que je prends me profite, et j'engraisse.

Recueilli en Haute-Bretagne en 1S7Ç.

Dans le Moyen de Parvenir (p. 278 éd. Char-
pentier) une femme dit à sa servante de mettre un jam-
bon dans la cheminée pour Pâques. Un clerc qui la
sait simple vient chercher le jambon en disant qu'il se
nomme Pâques, et il ajoute : cil faut que je voie si c'est


12 folk-lore de la

IV

JEANNE ET LE COUTURIER

l y avait une fois un couturier, ou

md si vous aimez mieux un tailleur,
qui était à coudre dans une ferme, et il
préparait les habits de noces de la jeune
fille qui devait se marier le lendemain.
Quand le soir fut arrivé, le couturier n'avait
pas encore terminé sa besogne. Comment
faire? Il avait envie de s'en aller, et de re-
venir le lendemain de bonne heure. Il le
dit à la fille, qui se nommait Jeanne; mais
celle-ci qui pensait que cela ne faisait pas
grand' chose de garder son pucelage un jour
de plus ou de moins, lui dit de rester à
coucher avec elle. Jeanne qui couchait dans
la buanderie au dessus de l'étable des vaches
alla préparer le lit, puis elle vint chercher
tout doucement le couturier et lui montra

ci mon jambon. Si ce l'est, j'ai on esprit qui me le
dira.» 11 tira son chouart vif et glorieux. «Qu'est-ce ?
— C'est mon esprit. — Je tous en prie, donnes m'en
un pe* ; ma maltresse me me fiait que t*noer et dire que
je »*ai point d'eftprit*


H a UTE-BRETAGNE

le lit: «Couche-toi le premier, dit-elle, je
vais me coucher après.» Mais en entrant
dans le Ht, le couturier fit tout écrouler sous
lui et il tomba dans l'étable aux vaches. Il
fit peur à celles-ci qui se mirent à braire.
La bonne femme les entendit, et elle courut
à rétable, car il y avait une de ses bêtes
qui était sur le point de vêler. C'était juste-
ment auprès d'elle que le couturier était
tombé. Elle se mit à chercher à tâtons, et
ayant touché le couturier, elle cria : «Jeanne,
Jeanne, lève-toi, la Noire a vêlé.» En tâtant,
elle rencontra le membre du couturier, et elle
s'écria: «Jeanne, c'est un petit tore (un
petit toreau.).

Recueilli en /88a.

V

LES PUCELAGES

l était une fois des fermiers riches
qui n'avaient qu'une fille. Elle était
jolie comme tout ; aussi, bien qu'elle ne fût
pas des plus fines, la maison ne désemplis-
sait pas de galants, Un jour qu'elle devisait


14

folk-lore de la

avec un garçon de ferme qui lui faisait
la cour, elle lui dit: «Mon pauvre Jean,
celui qui se mariera avec moi aura de le
chance : je suis tout à fait riche ; car maman
m'a dit que j'avais trois pucelages, le sien,
celui de papa et le mien. — Ma foi, dit le
gars, si tu avais encore le mien, tu serais
bien plus riche : si tu veux, je vais te le don-
ner.» La fille y consentit, puis elle re-
tourna chez sa mère, toute joyeuse: «Ma-
man, lui dit-elle, vous m'aviez toujours dit
que j'avais trois pucelages; maintenant je
suis bien plus riche; car j'en ai quatre: le
gars Jean vient de me donner le sien. —
Que tu es sotte, ma fille; ce garçon-là s'est
moqué de toi, répondit la mère.» Elle re-
tourna trouver son galant et lui dit: «Jean,
ce n'est pas bien de ta part de me tromper,
car ma mère m'a dit que tu t'étais moqué
de moi. — Ma foi, dit le garçon, si tu veux
je vais t'enlever le pucelage que je t'ai donné,
il ne t'en restera plus que trois et tu seras
comme auparavant.» La fille répondit
qu'elle ne demandait pas mieux et quand
Jean lui eut repris ce qu'il lui avait donné,
elle retourna le raconter à sa mère. La
bonne femme leva les bras au ciel et s'écria :
«Ciel adorable! voilà une fille qui est si


HAUTE.bretagne

15

sotte qu'on lui ferait croire que les nues
sont de peaux de veau. Il n'est que temps
de la marier, ou elle nous fera arriver de
la honte.»

LA NUIT DE NOCES DE JEAN LE DIOT

a mère, dit Jean le Diot, je voudrais

G&SJ me marier. — Te marier! toi, pauvre
innocent : que ferais-tu d'une femme ? Et qui
voudrait de toi ? Pour se marier, il faut
avoir le culterrous (on appelle ainsi à la
campagne ceux qui possèdent du bien au
soleil), et tu n'as rien. Et puÎ6, il faut aller
faire la cour aux filles et tu es trop diot (sot)
pour savoir comment t'y prendre. — Com-
ment fait-on quand on va voir les filles ? —
On va chez elles quand il y a veillée, on
leur fait toutes sortes de farces, on les pince,
on leur tire sur leur mouchoir quand elles
se mouchent, on leur haie leurs cotillons,
et on rit. — Bien, se dit Jean,» et il s'en va.
En passant dans un chemin creux rempli
de boue, il s'y assit, et quand il se crut

VI


i6

folk-lore de la

devenu suffisamment culterrous, il alla
à une ferme où il y avait veillée. Les gars
et les filles, en voyant entrer Jean le Dk>t
tout boueux, se reculaient pour lui faire
place et ne pas être salis par lui. Il finit
par trouver dans le foyer un escabeau où il
s'assit auprès d'une des filles, qu'il se mit
à regarder fixement. Celle-ci se recule;
Jean la pince, lui ôte violemment son mou-
choir quand elle s'apprête à s'en servir et
rit comme un fou. La fille jette les hauts
cris; Jean croyant réussir auprès d'elle, tire
sur son cotillon avec tant de violence qu'il
arrache les cordons qui le retenaient attaché.
La fille, à moitié déshabillée, devint furieuse,
et Jean fut mis à la porte à grands coups
de pieds, au milieu des huées et des ricane-
ments de toute la compagnie. A partir de
ce moment, Jean le Diot ne voulut plus
faire la cour aux filles ; mais sa mère qui se
sentait vieillir et avait besoin d'une bru
pour l'aider, lui dit un jour: «Jean, il faut
te marier. — Nem», ma mère, j'ai été trop
attrapé quand j'ai été voir les filles. — C'est
pourtant bon d'être marié; ta femme te
donnera du poulet à manger.» Voilà Jean
qui consent, et on le marie. Quand il fut
couché avec sa femme, il crut qu'elle allait


HAUTE-BRETAGNE

17

lui servir du poulet, et il lui dit: «Donne-
moi n'en. — Prends, répondit la mariée. —
Donne-moi n'en, que je te dis. — Prends, va.»
La nuit se passa ainsi, et le lendemain Jean
le Diot vint dire en pleurnichant à sa mère:
«Maman, je lui en ai demandé, et elle n'a
pas voulu m'en donner. — Il ment, s'écria
la mariée, je lui ai dit d'en prendre s'il
voulait.» Et elle alla se plaindre à sa mère
de l'avoir mariée à un diot qui passait toute
la nuit à dire «donne moi n'en» sans rien
faire autre chose. La bonne femme vit bien
que son gendre était un niais, et elle lui dit
que la nuit suivante, il fallait monter sur sa
femme et pousser, où il sentirait du poil;
Jean fit ce qui lui avait été recommandé,
mais au lieu de s'allonger, il se mit en tra-
vers sur sa femme, et commença à pousser
de toutes ses forces, mais sans succès, comme
on le pense bien, les femmes n'étant pas
percées dans le même sens que les bouches.
Ce ne fut que la troisième nuit que Jean le
Diot finit par apprendre comment il fallait
s'y prendre pour avoir du poulet, et il le
trouva fort à son goût et la mariée aussi.

Recueilli en Haute-Bretagne en iSÔÇ.

Cf. sur un épisode analogue au poulet, les Contes
secrets traduits du russe : le Mariage du Benêt no. xiv.

XovnTciSia. II.

2


i8

FOLK-LORE DE LA

vn

LA FERMIÈRE ET SON DOMESTIQUE
Bl y avait une fois une fermière qui

BQalla à la foire avec son domestique;
en revenant, comme il faisait chaud, ils s'ar-
rêtèrent à boire dans les auberges, et quand
ils rentrèrent à la maison, ils étaient tous
les deux un peu chauds de boire. La fer-
mière alla pour se coucher dans une pièce
où elle demeurait et comme elle était grise
et fatiguée, elle s'endormit sur la met
(huche) qui est devant le lit et sert à
monter dessus. Le garçon qui était allé
soigner ses chevaux passa par là en revenant,
et il vit la fermière couchée sur le dos, le
cotillon retroussé jusque par dessus les
cuisses qui étaient écartées, le con bâillait
même un peu; le garçon entendant la maî-
tresse ronfler, se pencha sur elle. Il était
déjà entré et se trémoussait de son mieux,
quand la fermière lui cria: «Jean! — Hau!
(c'est ainsi qu'on répond quand on est à
quelque distance, et qu'on veut dire qu'on
a entendu). — Je crois qu'ous me l'mettez
vJe crois que vous me le mettez). — Non


HAUTE-BRET A G ne

'9

fait (Non certes). — Si fait, je Fsens ben ;
et qu'ous remuez tant qu'ous pouez (et que
vous remuez tant que vous pouvez). — Faut-i'
Ttirer? — Non, pisqu'il y est; mais faut pas
r'commencer.»

Cf. dans le Moyen de Parvenir p. 989 éd. Char-
pentier, le conte du jardinier qui trouva sa maîtresse en-
dormie. «Qui vous a fait si hardi, dit-elle. — Je m'ôterai,
s'il vous platt, Madame. — Je ne vous dit pas cela ; je
vous demande qui vous a fait si hardi 1*

Cf. aussi pour la première partie : Noël du Fail éd.
Assézat t. ii. p. 279.

vin

LA CHANDELLE QUI FOND

II y avait une fois un cordonnier qui

pLH était toujours agacé par les filles d'une
ferme: elles lui prenaient ses alênes, lui
cachaient ses formes, et ne savaient quels
tours lui jouer ; il y en avait surtout une qui
était plus acharnée que les autres, et qui
ne passait jamais devant lui sans l'appeller
eu-de paï (cul de poix). Il résolut de s'en
venger: un soir que la pluie tombait à seaux,

Hante-Bretagne.


20

FOLK-LORE DE LA

il se déguisa en bonne sœur et vint à la
ferme. Les filles prièrent la sœur d'entrer,
et comme le mauvais temps continuait, elles
lui dirent de rester à coucher. La fausse
bonne sœur ne se fit pas prier, et elle alla
justement dans le lit de la fille qui avait
coutume de le faire agacer. Quand ils furent
couchés tous les deux, elle s'approcha de la
fille et lui dit : «Au couvent, je couche avec
une des sœurs, et avant de dormir nous nous
amusons toutes les deux. — A quel jeu ? — Au
jeu de la chandelle qui fond. Tiens, voici ma
chandelle. — Ahl dit-elle, comme vos chan-
delles sont dures, à vous autres bonnes sœurs;
c'est pire que de la résine. Il faut un bon
feu pour la faire fondre. — Relève ta chemise,
dit la fausse bonne sœur. — Non, cela n'est
pas propre. — Hé bien! si tu ne veux pas7
je vais t'y faire un trou avec ma chandelle.»
La fille releva sa chemise, et la bonne sœur
lui mit sa pinne entre les cuisses. «Ah I ma
sœur, votre chandelle me fait mal. — Écarte
les cuisses, ou elle te percera.» La fille
écarta les cuisses et bientôt la chandelle
fondit, et comme la bonne sœur la retirait,
la fille dit : «Elle est bien fondue cette fois,
j'ai des gouttes de suif tout plein sur le ventre.»

Haute-Bretagne.


HAUTE-BRETAGNE 21

IX

0

le bossu

DDl y avait une fois un petit bossu qui
était amoureux d'une jeune fille ; mais
elle ne voulait pas se marier avec lui. Un
jour il dit au frère de sa bonne amie: «Si
vous voulez, nous allons partir tous les deux
pour faire notre tour de France. — Je veux
bien, répondit le garçon. — Oui, dit le bossu;
mais si vous voulez faire le voyage sans
accident, il faudra m'obéir en tout et me
laisser agir à ma guise. — Cela me va, ré-
pondit le garçon.» Il alla annoncer à sa
mère qu'il partait avec le petit bossu: à
cette nouvelle, elle se mit dans une si grande
colère, qu'elle s'en roulait par la place.
Quand le lendemain son fils partit, elle lui
donna des pâtés empoisonnés, et une petite
bouteille qui contenait, à ce qu'elle disait,
un cordial ; mais c'était du poison. Le bossu,
qui était censément le domestique de l'autre,
vint le trouver, et tous les deux montèrent
à cheval. Ils voyagèrent quelque temps,
puis le garçon dit qu'il avait bien faim. —
Attendons à être près d'un château que je


22

FOLK-LORE DE LA

connais, dit le bossu. — Y a-t-il encore loin?
— Pas beaucoup, répondit le bossu, mais
peu importe, je vous ai dit de m'obéir.» En
arrivant près du château, le jeune garçon
voulait goûter .aux pâtés que sa mère lui
avait donnés; mais le petit bossu lui défen-
dit d'y toucher, et ayant pris la bouteille,
il en versa quelques gouttes sur le foin des
chevaux. Ils n'y eurent pas plus tôt touché
qu'ils crevèrent tous les deux. «Les pâtés
sont faits avec le poison qui est dans la
bouteille, dit le bossu ; si vous y aviez goûté
vous seriez à cette heure mort comme eux.»
Le garçon se contenta de manger du pain,
et voyant que le petit bossu était si fin, il
résolut de se laisser guider par lui. Ils
cheminè/ent encore ce jour-là, et après avoir
passé la nuit à l'auberge, ils se remirent
en route le lendemain ; ils marchèrent long-
temps et vers midi, ils arrivèrent au milieu
d'une forêt, et ils se mirent à manger. Au-
près d'eux étaient les deux pâtés empoi-
sonnés; mais ils se gardaient bien de les
entamer. Pendant qu'ils étaient à dîner, ils
virent arriver deux brigands à cheval qui
leur demandèrent la bourse ou la vie. Le
petit bossu leur dit: «Il n'y a pas gras dans
notre bourse; mais si vous voulez manger,


HAUTE-BRETAGNE

voilà deux excellents pâtés qui vous feront
tout le bien du monde.» Les voleurs descen-
dirent de cheval et goûtèrent aux pâtés;
mais aussitôt ils tombèrent morts. Le petit
bossu et son compagnon s'emparèrent de
leur argent, et montèrent sur leurs chevaux
qui étaient bien meilleurs que les leurs. Ils
continuèrent leur voyage et finirent par
arriver à la ville de Paris; et ils descen-
dirent dans le meilleur hôtel, parceque l'ar-
gent ne leur manquait pas. Tous les jours
à la même heure, on venait bannir quel-
que chose au son du tambour sous les
fenêtres de leur hôtel. Ils finirent par y
prêter attention, et ils surent que le roi pro-
mettait de donner sa fille en mariage à celui
qui lui aurait conté une devina il le qu'elle
n'aurait pu deviner. Beaucoup de gens
avaient déjà essayé; mais la princesse avait
toujours deviné. Le petit bossu dit à son
compagnon: «Laissez-moi faire: je vais lui
dire quelque chose; si elle devine, je veux
bien que le diable m'enlève.» Il alla au
palais et quand il fut en présence de la prin-
cesse, il lui dit: «Voici la devinaille:

Partis à quatre,

Quittés deux,

Partis deux,


34 ( FOLK-LORE DE LA

Rentrés quatre,
Trouvé six,
Perdu deux,

Et nous sommes encore quatre.
La princesse réfléchit longtemps; mais
elle fut obligée de renoncer à deviner l'é-
nigme. Elle était bien marrie, et elle disait
à sa première chambrière: «Est-ce que je
serai forcée de prendre ce petit bossu qui
a si mauvaise mine ? Tâche de savoir de lui
par ruse, ce que signifie sa devinaille. Si
tu y réussis, ta fortune est faite.» Le cham-
brière alla trouver le bossu, elle lui promit
de l'argent et s'y prit de toutes manières pour
connaître la devinaille; mais le petit bossu
lui déclara qu'il ne la lui dirait que si elle
venait coucher avec lui. La chambrière s'en
alla raconter à sa maîtresse que le bossu
avait été insolent avec elle, et qu'il lui avait
proposé de coucher avec lui. «Il faut y aller
pour l'amour de moi, dit la princesse ; s'il te
prend ton pucelage, je te donnerai une si
belle dot que tu ne manqueras pas de mari,
quand même on saurait l'aventure.» Le
bossu avait prévenu son maître de venir au
logis un peu après sept heures, et de faire
beaucoup de bruit en rentrant A sept
heures voilà la chambrière arrivée; elle fit


HÄUTE.BRETAGNE 2$

d'abord bien des cérémonies pour se dés-
habiller: elle finit tout de même par ôter
ses vêtements, et il ne lui restait plus
que sa chemise; mais le petit bossu déclara
qui si elle ne rotait pas, il ne lui dirait rien.
Elle se décida à la tirer, et alla coucher
toute nue avec le petit bossu, qui serra la
chemise sous son matelas. Quelque temps
après qu'ils furent couchés ensemble, le com-
pagnon du bossu rentra en faisant beau-
coup de bruit : «Ah ! s'écria le bossu, sauve-
toi bien vite, voici mon maître.» La cham-
brière n'osait s'en aller toute nue; mais
comme le bruit augmentait, elle finit par
s'en aller au palais, en se couvrant du
mieux qu'elle pouvait. Le lendemain le roi
fit venir le bossu et son maître et leur dit:
«Ma fille ne peut deviner votre devinaille.
— Je vais encore vous la redire:

Partis à quatre,

Quittés deux,

Partis deux,

Rentrés quatre,

Trouvé six,

Perdu deux

Et nous sommes encore quatre.
Je donne encore deux jours à la prin-
cesse pour la deviner.» La princesse avait


26

FOLK-LORE DE LA

beau réfléchir, elle ne pouvait savoir ce que
cela signifiait Elle décida sa seconde cham-
brière à aller trouver le bossu et à coucher
avec lui s'il le fallait. Elle se déshabilla
comme l'autre et ôta même sa chemise que
le petit bossu cacha sous sa paillasse. Peu
après le maître rentra et la chambrière fut
forcée comme l'autre de s'en aller sans sa
chemise. Le lendemain la princesse vint
elle-même pour savoir le mot de la devinaille ;
mais au Heu du petit bossu elle trouva
son maître qui lui dit aussi de se déshabiller.
Quand elle n'eut plus que sa chemise, elle
voulut se mettre au lit; mais le garçon dé-
clara qu'il ne dirait rien si elle gardait sa
chemise; elle l'ôta et le garçon fourra aussi
sa chemise sous son matelas. Il y avait
quelque temps qu'ils étaient ensemble, lors-
que le petit bossu rentra en faisant grand
bruit: «Comment faire? dit le garçon à la
princesse; sauve-toi bien vite, ou le petit
bossu qui est si méchant va nous tuer tous.»
La princesse se leva aussi, et se cachant du
mieux qu'elle put, elle retourna toute nue
au palais. Le lendemain le roi fit venir le
bossu et son maître à sa cour, et leur dit:
«Ma fille n'a pu deviner votre devinaille;
c'est une blague, pour le sûr. — Non, sire,


HAUTE.BRETAGNE

et la voici: Nous sommes partis quatre,
chacun de nous était monté sur un cheval,
Les chevaux ont crevé, et nous n'étions plus
que deux; il est survenu deux brigands à
cheval: alors nous étions six; mais ils ont
mangé du pâté empoisonné; nous avons
pris leurs chevaux, et nous nous sommes
trouvés quatre. Voici encore une autre
devinaille :

J'ai tiré trois coups,
J'ai tué trois perdrix,
Les perdrix se sont envolées,
Et j'ai leurs plumes dans mon sac.»
Le roi et la princesse essayèrent encore
de deviner celle-là, mais ils ne purent y ar-
river. Alors le bossu dit: «J'ai tiré trois coups
et j'ai tué trois perdrix; ces trois perdrix sont
les deux chambrières de la princesse et la prin-
cesse à qui j'ai prjs leur pucelage. — Ce
n'est pas vrai, s'écria la princesse ; ce n'était
pas toi, vilain bossu. — C'était mon maître,
c'est tout comme. Les trois perdrix, ayant
entendu du bruit, sont parties du lit; mais
comme je leur avais fait quitter leurs
chemises, les voici dans mon sac et c'est la
plume des perdrix.» Le roi était bien en
colère d'être obligé de donner sa fille au
petit bossu ; mais celui-ci déclara qui si son


28

maître consentait lui donner sa sœur en
mariage il renoncerait à la princesse. Cet
arrangement fut du goût de tout le monde:
ils firent de belles noces: les petit cochons
couraient par les rues, tout rôtis tout bouillis,
la fourchette sur le dos et la moutarde au
eu, et qui voulait en coupait un morceau.

Recueilli en Haut-Bretagne en 187c.

X

LE COUVRE-SOT

Hl était une fois une jeune fille qui
avait un galant; il était sur le point
de l'épouser quand il entendit dire qu'un
jeune homme tout à fait riche devait venir
la demander à ses parents. Comme il savait
que ce garçon était d'un pays assez éloigné,
il alla dans une auberge sur la route que le
galant devait prendre, et quand celui-ci y
arriva, ils se mirent à causer ensemble, et
l'autre lui dit qu'il venait pour se marier.
«Connaissez-vous le langage du pays? lui
demanda le jeune homme. — Non. — Cela
vous serait pourtant bien utile. — Hé bienl


HAUTE.BRETAGNE

29

apprenez-le moi. — Savez-vous comment
s'appelle cette fenêtre? — Non. — Cela
s'appelle une cuisse. — C'est singulier; et
comment nomme-t-on un chapeau? — Un
couvre-sot Et ce que la bonne femme est
en train de suspendre. (C'était une petite cas-
serole.) — Je n'en sais * rien. — C'est un eu.
— Très bien, dit-il, comme je vous remer-
cie!» Il monta dans son carrosse, et quand
le père de la jeune fille le vit, il vint le
recevoir le chapeau à la main. «Ah! mon
ami, lui dit le jeune homme, remettez
votre couvre-sot» Le père était mécontent
et ne le trouvait guère poli. La fille était
malade au lit; le galant demanda à la voir
tout de même, et on le fit monter dans sa
chambre dont les deux fenêtres étaient
ouvertes. «Ah! mademoiselle, lui dit-il, ce
n'est pas étonnant si vous êtes malade; vous
avez les deux cuisses ouvertes.» Le père
pensait: «Ce garçon ne vient ici que pour
nous insulter, il m'a dit de mettre mon
couvre-sot, et maintenant il dit que ma fille
a les cuisses ouvertes; c'est un mal élevé!»
Comme le gars descendait, il vit une femme
qui essayait d'atteindre une casserole pour
faire de la bouillie à son petit enfant.
«Attendez, lui dit-il, je vais vous attraper


30

FOLKLORE DE LA

votre eu. — Ah î c'est trop fort, s'écria le père.»
H mit le galant à la porte, et l'autre épousa
la fille.

Recueilli en Haute-Bretagne en 188t.

XI

LE COUVREUR EN PAILLE

air couvreur ew paille qui était déjà
vieux, avait épousé une femme jeune
et gentille. Elle fit envie au Recteur de sa
paroisse: «Quel dommage, pensait-il, qu'un
vieux couvreur en paille ait une si belle
femme!» Et il disait à sa paroissienne: «Si
tu veux que je couche avec toi, je te don-
nerai bien de quoi.» Elle y consentit, et
comme le bonhomme allait couvrir dans
les villages, et qu'il y restait parfois à cou-
cher, elle convint avec lui d'un signal: «Je
mettrai, dit-elle, un os sur le bout du mur
de l'aire; quand il aura le bout viré vers
chez nous, mon mari sera là; s'il est viré
par ailleurs, vous pourrez venir sans crainte.»
Un soir le bonhomme était arrivé sans être
attendu, et il s'était couché avec sa femme.


HAUTE.BRETAGNE

3l

Elle avait oublié de virer l'os en dedans.
Tout d'un coup elle entendit frapper, pan,
pan! à la porte. «Qui est là, dit le mari.
— Ah! s'écria la femme d'un ton plaintif;
que je suis malade! que je suis malade! J'ai
manqué à virer l'os, je vais mourir.» Le
Recteur qui était à la porte l'entendait bien;
eue se débattait tant et faisait si grand
bruit, que son bonhomme ne pouvait dor-
mir. «Ah ! s'écriait-elle, j'empire, il faut aller
me chercher le prêtre.» Le bonhomme y
alla en toute hâte, et quand le recteur ar-
riva, la femme se plaignait bien haut: «Ah!
s'écriait-elle, j'ai manqué à virer l'os. — Je
crains qu'elle n'ait la fièvre cérébrale, dit le
recteur. — Croyez-vous, demandait le pauvre
homme, qu'il y ait du danger? — Laissez-
moi avec elle, je vais la confesser.» Et, tout
en la confessant, il lui disait : «Où pourrions-
nous bien envoyer le bonhomme pour être
à notre aise ? — Envoyez-le, dit-elle, à Mont-
pellier pour chercher Y eau de santé ! Il
restera deux ou trois jours en route, et nous
pourrons faire bombance pendant qu'il y
sera.» Le vieux couvreur prit son bâton et
mit dans la poche de son tout-rond une bou-
teille pour rapporter l'eau de santé. Quand
il fut parti, un coquetier vint à la maison


32

FOLK-LORE DE LA

de la femme qui lui dit, sachant qu'elle lui
avait jadis joué des tours : «Reviens ce soir,
et tu auras ta part de fricot. — Volontiers,
répondit-il.» Le coquetier en se promenant
rencontra le pauvre bonhomme qui s'était
adiré (égaré): «Où vas-tu comme cela bon-
homme ? — Je vais à Montpellier chercher
l'eau de santé pour ma femme qui est bien-
tôt morte, et j'en ai bien du chagrin. —
Ahl vieux couvreur, elle t'a envoyé pro-
mener pour faire bombance avec le curé
tout à son aise: ne sais-tu pas qu'il couche
avec elle toutes les nuits que tu restes de-
hors ? Ils font un grand repas ce soir, et ils
m'y ont invité; je te mettrai dans ma jaille
(hotte) si tu veux, et tu verras tout ce qui
va se passer.» Le bonhomme monta dans
la jaille, et il arriva sur le dos du coquetier
au moment où ils allaient se mettre à table.
Il y avait dans le foyer un canard à la
broche. «Le canard n'est pas cuit, dit la
servante qui avait nom Perrine ; si j'avais su,
je l'aurais mis de meilleure heure. — Passons
à table, dit la femme, nous allons boire un
verre de vin en attendant.» Dit le Recteur :
«Il faut dire chacun sa petite chanson pour
rire; nous ne pourrions bien manger sans
cela. —- Commencez, monsieur le Recteur.


V

HAUTE-BRETAGNE 33

— Non, répondit-il, à vous, madame. —
Et elle dit:

Mon mari est à Montpellier,
Chercher de l'eau pour ma santé,
Pour la santé de ma maison,
Kyrie eleison.

— Le Recteur à son tour:

J'ai un bon canard pour souper,
Une jolie femme pour mon coucher,
Kyrie!

— A vous, coquetier. — Je ne sais trop
ce que je vais dire ; mais voici ma chanson :

J'ai un coq dans ma jaille,
Qui n'a pas encore chanté
Mais qui va crier: Kyrie!

— C'est très-bien; mais vous, Perrine,
il faut aussi dire votre conte comme les
autres. — Ahï non, dit-elle, je n'en sais
point. — Si, si, il faut en dire un :

Elle commença ainsi:

J'ai bien compris dans vos chansons
Que mon maître était à la maison,
Kyrie eleison.

Le bonhomme sauta alors hors de la
jaille, saisit un bâton, et se mit à en frapper
sa femme et le recteur, puis il s'enferma

KçvnràSia. n. 3


34

FOLK-LORE DE LA

avec le coquetier et Perrine, et ils man-
gèrent le canard. J'allai aussi pour y entrer,
mais je m'en fus quand j'entendis tant de
coups de bâton rouler.

Recueilli eu Haute-Bretagne en i<SàO.

(Variante angevine)

Il y avait une fois un bonhomme que sa
femme envoya chercher une cruche à la
ville; sur son chemin il rencontra un co-
quetier qui lui dit: «Ah! mon pauvre bon-
homme, le curé esc en train de fricoter chez
toi. — Ce n'est pas vrai. — Que veux-tu
parier ? — Si tu as raison, je te donnerai la
récolte de blé qui est dans mon grenier. —
Monte dans ma hotte et tu verras.» Le co-
quetier arrive à la maison dont la porte
était fermée, et il y frappe. — Qui est là?
— C'est moi, le coquetier. — Ah ! c'est vous,
coquetier, venez avec nous, vous allez être
de la fête.» Et elle le fit asseoir à côté du
curé. Quand ils eurent bien mangé, on
convint que chacun aurait dit une histoire.
Ce fut la bonne femme qui commença:


HAUTE.BRETAGNE

35

J'ai envoyé mon mari
A la fontaine devers midi,
Chercher de l'eau pour me guéri' ;
Monsieur l'curé me guérira,
Alleluia !

Le coquetier chanta à son tour:

J'ai un vieux coq dans mon panier,
l'y a longtemps qu'i' n'a chanté,
Quand i' chantera on s'étonnera.
Alleluia.

Le bonhomme qui était dans la hotte
chanta aussi:

Fermez les portes, tournez les clés:
Le coquetier a gagné mon blé;
Cest le curé qui le paiera.
Alleluia.

Quand le curé entendit cette voix qui
sortait on ne sait d'où, il s'écria:
Vade, vade retro, Satana.


36

folk-lore de la

XII

JEAN LE MATELOT
I

RHl t avait une fois trois jeunes gens
IBfl qu* allaient voir une jeune fille ; Tun
d'eux s'appelait Jean le Matelot, et des deux
autres Tun était perruquier et l'autre bou-
langer, et c'est par le nom de leur pro-
fession qu'on les désignait généralement.
Depuis un an ils passaient régulièrement leur
soirée chez leur bonne amie, et sa mère
leur dit qu'il y avait déjà longtemps qu'ils
courtisaient sa fille, qu'elle les trouvait ai-
mables tous les trois ; mais que comme sa fille
ne pouvait en épouser qu'un seul, celui qui
le lendemain montreraient les mains les plus
blanches deviendrait le mari de la fille.
Jean le Matelot était bien désolé de cette
décision, car il n'espérait guère être choisi
comme mari de sa bonne amie, lui qui avait
toujours les mains dans la brai et le goudron;
et les deux galants disaient en se moquant
du marin : «A coup sûr, ce ne sera pas Jean
le Matelot qui aura la fille!» Le perruquier


haute-bretagne

37

disait: «J'ai plus de cent personnes aux-
quelles je dois couper les cheveux et faire
la barbe, et je me savonnerai si bien que
c'est moi qui aurai les mains les plus
blanches. — Je les aurai, répondait le bou-
langer, encore plus blanches que toi: j'ai
à cuire deux fournées de pain dont je bou-
langerai la pâte; je me laverai les mains à
l'eau douce et à l'eau tiède, et nous verrons
demain soir qui aura les mains les plus
blanches.» Jean le Matelot s'en alla tout
désespéré chez son armateur. «Qu'avez-vous
donc, Jean le Matelot? vous avez la mine
bien triste ce soir. — Oui, répondit-il, et ce
n'est pas sans raison; car la mère de ma
bonne amie a dit à ses galants qu'elle don-
nerait sa fille à celui qui aurait les mains
les plus blanches, et c'est demain soir que
doit avoir lieu l'épreuve. — Va t'en demain
au navire travailler comme à l'ordinaire, dit
l'armateur ; puis, ton ouvrage fini, prends tes
habits des dimanches et viens me trouver;
je te donnerai de quoi blanchir tes mains,
et sois sûr que c'est toi qui auras la fille.»
Au soir, l'armateur mit dans une des mains
de Jean une poignée de pièces de cinq
francs, et dans l'autre une poignée de louis
d'or. Les trois jeunes gens se rencontrèrent


3$ folk-lore de la

sur le chemin qui conduisait chez la fille,
et le perruquier et le boulanger, tout en
gouaillant Jean le Matelot, l'invitèrent à venir
boire sa part d'une bouteille de vin. — Ah l
dit Jean le Matelot quand il en eut bu un
verre, voilà du bon vin de Champagne. —
C'est, répondirent les deux compères, du vin
de cinq francs la bouteille.» Jean alla trou-
ver la maîtresse du café, et lui demanda
combien coûtait en effet ce vin. — Cinq
francs, dit-elle. — Et en avez-vous qui coûte
vingt francs le litre ? — Oui, il est facile de
vous en servir. — Apportez-en un litre, dit
Jean.» Tout en buvant le vin que Jean
avait fait venir, le perruquier se moquait de
lui, en disant: «Voilà du vin qui ne pique
pas la langue, il veut bien trois francs cin-
quante ou quatre francs. — De quel prix est
votre vin, demanda Jean à l'hôtesse. — De
vingt francs, répondit-elle.—Tenez, les voilà.»
Le perruquier disait au boulanger : «Moi qui
croyais qu'il n'avait pas d'argent, et il semble
en avoir plus que nous.» Les voilà tous
trois qui frappent à la porte du logis de
leur bonne amie, et qui y entrent. La mère
avait préparé un petit repas, et elle invita
les galants à s'asseoir, ce que le boulanger
et le perruquier firent sans se laisser prier,


39

mais Jean n'osait se mettre arec les autres
parcequ'il avait les mains sales. A la fin,
il vint pourtant s'asseoir à côté de la jeune
fille, et les deux autres galants l'épiaient
pour voir s'il ne lui faisait pas la cour.
Quand ils eurent bien soupe, la bonne femme
pria ses invités de venir se chauffer dans le
foyer, car on était en hiver et il faisait froid.
«Maintenant, dit-elle, je vais voir qui a les
mains les plus blanches. Qui va montrer
les siennes le premier ?» Ce fut le perruquier
qui commença à subir l'examen: «Vous
avez les mains blanches, bien blanches, dit
la mère ; mais il vous est resté un poil sous
Fongle. — Ah! c'est vrai, répondit le perru-
quier, je ne l'avais pas vu. —' Cela ne les
empêche pas d'être blanches tout de même.»
Quand vint le tour du boulanger: «Vos
mains, dit la mère, sont encore plus blanches
que celles du perruquier, mais il vous est
resté un peu de pâte sous l'ongle.» Jean le
Matelot vint à son tour, et au lieu de mon-
trer ses mains, il attira de sa poche une
poignée de pièces de cinq francs et une
poignée de louis d'or. «Ah ! s'écria aussitôt
la bonne femme, voilà celui qui a les mains
les plus blanches, et c'est celui-là qu'il nous
faut» Jean le Matelot fixa le jour de ses


4o

FOLK-LORE DE LA

noces à quinze jours de là, pour avoir le
temps de prier ses amis. Le perruquier et
le boulanger voyant que leur bonne amie
allait se marier, résolurent dès le lendemain
d'aller demander chacun une fille en mariage.
Huit jours avant la noce, Jean dit à sa fu-
ture: «J'ai oublié d'inviter à notre mariage
le perruquier et le boulanger. — Il est en-
core temps de les prier, va les trouver tous
les deux.» Jean arrive chez le perruquier
et lui dit: «Voulez-vous venir à mes noces?
Volontiers, répondit-il, quand sont-elles ? —
Mardi prochain. — Ah ! c'est ce jour là que
je me marie aussi moi, ce qui fait que je ne
peux accepter.» Jean alla ensuite chez le
boulanger pour l'inviter à ses noces : «Quand
ont-elles lieu ? — Mardi prochain. — Et les
miennes aussi, et je ne peux y aller.» Les
trois paires de noces arrivèrent dans le
bourg même temps, et ils se marièrent à la
mairie et à l'église.

II

Jean le Matelot passa quelques jours à
se réjouir comme c'est l'usage ; puis il dit à
sa femme: «Voilà trois jours que je suis
marié, il est temps que je retourne travailler


HAUTE.BRETAGNE

41

à bord de mon navire. A midi, tu viendras
m'apporter à manger.» Jean le Matelot
s'en alla à bord, tout joyeux d'avoir une jolie
petite femme. A midi, elle lui mit son dîner
dans un panier, et comme elle le portait, elle
rencontra le perruquier qui lui dit: «Bon-
jour, ma petite dame, comment allez-vous?
— Pas mal, je vous remercie. — Votre mari
va-t-il rentrer ce soir à la maison? — Je
n'en sais rien ; mais pourquoi me demandez-
vous cela? — Parceque je voudrais bien
coucher avec vous ce soir; si vous y con-
sentez, je vous donnerai mille francs. — Je
vous dirai cela en repassant.» Un peu plus
loin, elle vit venir le boulanger qui lui tint
le même propos et elle lui fit la même
réponse. Elle arriva au navire et dit à
Jean le Matelot: «Tiens, voilà ta soupe, ta
viande et ton cidre que je t'apporte.» Jean
l'embrassa pour sa peine, et elle lui dit: «J'ai
rencontré en venant ici le perruquier et le
boulanger qui m'ont tous les deux demandé
si tu reviendrais ce soir à la maison. —
Qu'as-tu répondu? — J'ai dit que je n'en
savais rien et qu'à mon retour je leur don-
nerais une réponse ; ils m'ont dit que si je
voulais coucher avec eux, ils me donneraient
mille francs chacun. — Il faudra dire au


42 FOLK-LORE DE LA

perruquier de venir à sept heures et demie,
et au boulanger d'arriver à huit; tu leur
apprêteras un petit repas ; mais tu auras soin
de ne pas te coucher avant neuf heures.»
Les deux galants qui voulaient faire cocu le
pauvre Jean de Matelot arrivèrent à l'heure
dite, et se mirent à souper. Ils finirent par
tirer à la courte-paille pour savoir celui qui
aurait couché le premier avec la femme, et
le sort désigna le boulanger. Le perruquier
dit que le lit était bien assez large pour
trois, et les deux galants comptèrent l'argent,
que la femme enferma à clé dans son ar-
moire, en faisant résonner son trousseau. Le
boulanger et le perruquier se déshabillèrent
et ils étaient en chemise lorsqu'on entendit
frapper à la porte. «Qui est-ce qui est là?
— C'est moi, Jean le Matelot. — Ah! dit-
elle, c'est mon mari. Où vous cacherai-je
donc bien? tenez voilà un grand panier à
coulisse qu'on suspend au plancher avec
une corde; mettez-vous dedans, je vous re-
monterai, et .l'on ne s'apercevra pas que
vous êtes là. — As-tu fini de me faire
attendre! — Je vais tout de suite, je suis à
mettre mon cotillon de dessous.» Quand
le mari fut entré, il ne fit pas mine de sa-
voir que les deux galants étaient là. «Comme


H A UTE-BRETAGNE

43

tu as du fricot ce soir. — Cest pour toi que
l'ai fait et je t'attendais. — Qui a mis ces
belles pâtisseries-là?» Le boulanger qui les
avait apportées et entendait tout du panier
se gardait de répondre, et ainsi fit aussi le
perruquier quand on parla des belles poires
qui étaient sur la table. — «Ma foi, dit Jean,
puisque nous avons tant de bien ce soir, j'ai
envie d'inviter le perruquier et le boulanger
à venir en manger leur part avec leurs
femmes. Va t'en les chercher.» Elle partit
et arriva chez la femme du boulanger qu'elle
invita: «Je ne sais pas, dit-elle, où est mon
mari ; il est peut-être au cabaret à jouer aux
cartes, mais je vais aller avec vous.» La
femme du perruquier dit la même chose, et
les trois femmes arrivèrent à la maison de
Jean le Matelot. Quand ils eurent bien
soupe, Jean dit: «Je boirais bien un peu de
thé, va t'en en chercher, Marie. — Je vais
aller avec vous, dit la femme du boulanger.»
Quand les deux femmes furent parties, Jean
le Matelot se mit à serrer de près la femme
du perruquier et il la coucha sur le lit, et
joua avec elle le jeu de la chandelle
qui fond, pendant que le perruquier qui
voyait tout de son panier, disait tout cha-
grin: «Je voulais le faire cocu, mais c'est moi


44 folk-lore de la

qui le suis par lui et à ma barbe.» Les femmes
qui étaient à chercher le thé revinrent;
mais elles avaient oublié le sucre ; la femme
du perruquier s'offrir à accompagner Marie
jusque chez l'épicier, et Jean le Matelot resta
seul avec la femme du boulanger: il la
coucha sur le lit, et pendant qu'il la baisait,
le boulanger disait: «Nous voulions le faire
cocu, et c'est lui qui nous le fait, et devant
nous encore.» En buvant le thé, la femme
du boulanger et celle du perruquier qui
étaient de belle humeur, demandèrent à Jean
le Matelot de leur montrer comment il fai-
sait en mer quand arrivait un grain : «Je ne
peux pas mieux vous le faire voir qu'à l'aide
de ce panier qui est en l'air. Supposez que
ce soit un hunier, et que la brise ne soit
pas très forte, on l'amène en douceur ; si le
grain devient plus violent, on l'amène en
pagaie.» Voilà le panier par terre avec les
deux gaillards en chemise qui se sauvaient
de leur mieux, mais non assez à temps pour
éviter des coups 4e bâton que leur donna
Jean le Matelot «Qu'est ce que cela ? disaient
les femmes. — Ce sont des voleurs, répon-
dait Jean.» Elles coururent après les deux
hommes qui se sauvaient: «Ah! dit la
femme du boulanger, c'est mon mari! —


H A UTE-BRETAGNE

45

Cest le mien aussi, criait la femme du per-
ruquier. Si j'avais su cela, je ne serais pas
venue ici.»

Recueilli en Haute-Bretagne en 1S7Ç.

C£ dans les Contes secrets traduits du russe: La
Femme rusée no. LXV, et JeanCatornoix conte
picard p. 339 des KçvnraSia, t. i. Ce thème était du
reste très-populaire au Moyen-Age.

XIII

LE GARDEUR DE LIÈVRES
l y avait une fois un Roi dont la fille

BUBI était en âge d'etre mariée. Il fit pu-
blier au son du tambour qu'il donnerait la
princesse en mariage à celui qui apporterait
au château les plus belles pommes d'orange.
Une bonne femme qui avait des oranges
dans son jardin en cueillit trois des plus
belles qui se pussent voir, les mit dans un
panier et dit à son fils aîné de les porter
au château. C'était un garçon grand et fort,
qui ne craignait personne, mais qui avait
l'habitude de parler aux gens comme à ses
chevaux, c'est-à-dire avec peu de politesse.


46

FOLK-LORE DE LA

A quelque distance de la ferme, il rencontra
une vieille chercheuse de pain qui marchait
péniblement en s'appuyant sur un bâton; en
entendant le pas délibéré du jeune gars, elle
se retourna et lui dit: «Que portez-vous
dans ce panier ? — Des patates, la vieille.

— Hé bien! je souhaite qu'elles soient de
la plus belle espèce qu'on ait jamais vue.»
Quand le gars découvrit son panier en pré-
sence du roi, au lieu de contenir des pommes
d'orange, il était rempli de pommes de terre.
«Va t'en, insolent, s'écria le Roi; ce que tu
m'apportes est à peine bon pour mes co-
chons.» Le garçon s'enfuit en toute hâte,
et il se garda bien de raconter sa mésaven-
ture à sa mère; il dit seulement qu'on
n'avait pas voulu le laisser entrer. Le len-
demain, la bonne femme cueillit encore des
pommes d'orange, et dit à son second fils
de les porter au château, et d'avoir soin
d'être bien poli en y entrant; car elle pen-
sait que c'était la grossièreté et l'insolence
de son aîné qui l'avaient empêché de réussir.
Il rencontra à son tour la vieille qui lui de-
manda ce qu'il avait dans son panier. «Des
œufs de coucou, répondit-il en se moquant.

— Amen, dit la pauvresse.» Quand le Roi
ouvrit le panier, et qu'il le vit rempli des


HAUTE.BRETAGNE

47

œufs de cet oiseau de mauvais présage, il
se coléra encore plus que la veille, et or-
donna à ses domestiques de mettre à la porte
celui qui osait ainsi se moquer de son seigneur.
Les gens du château ne se le firent pas dire
deux fois, et le malheureux garçon revint à
la maison, les habits en désordre, tout écloppé
et tout penaud.

Il y avait à la ferme un troisième enfant
qui était tout petit et n'avait point la grosse
santé de ses frères ; mais il était fin comme
la pointe d'une aiguille, et son bon caractère
le faisait aimer de tout le monde. Il pensa
que ses aînés avaient fait quelque sottise,
et il se promit de se conduire de manière à
parvenir sans encombre jusqu'au roi. Il prit
ses habits des dimanches, et demanda à sa
mère la permission d'aller porter au roi des
pommes d'orange. Elle refusa d'abord de
lui en cueillir, en lui disant que ses frères
avaient mal réussi, mais il la supplia telle-
ment, il fut si câlin et si boudet, qu'elle
finit par lui donner de belles pommes d'o-
ranges, et il partit avec son petit panier au
bras. Il trouva aussi la vieille mendiante qui
lui dit: «Bonjour, mon jeune gars: que
portes-tu dans ton panier? — Des pommes
d'oranges pour épouser la fille du roi. — Tu


48

FOLK-LORE DE LA

voudrais donc bien te marier avec la prin-
cesse? — Ah! oui, car je serais riche, et je
pourrais faire du bien à ma mère sur ses
vieux jours. — Hé bien! si le souhait d'une
pauvre vieille peut fêtre utile, je désire que
tes oranges soient les plus belles qu'on ait
jamais vues.» Les domestiques du château
ne voulurent point d'abord le laisser entrer;
car ils pensaient que le roi serait très-irrité
si on lui jouait encore une farce; mais le
jeune gars leur parla d'un ton si doux et si
poli, qu'ils allèrent demander au monarque
s'il voulait voir les pommes d'oranges qu'on
lui apportait. «J'y consens, dit-il; mais si
ce garçon a l'audace de vouloir me trom-
per, et se moquer de moi comme les autres,
il sera pendu.» Ses oranges furent trouvées
belles et chacun se récriait sur leur grosseur
et leur bonne mine. Mais quand la prin-
cesse vit ce petit garçon maigriot et assez
mal vêtu, elle refusa de l'épouser, et dit à
son père de chercher un prétexte pour éluder
sa promesse. «Tu veux épouser ma fille,
dit le Roi; mais auparavant il faut que tu
subisses une épreuve. Tu vas aller dans la
forêt avec un lièvre; tu le garderas pen-
dant trois jours, en ayant soin de le ra-
mener ici tous les soirs, et le troisième


H A UTE-BRETAGNE 49

jour, il faudra que tu rapportes une pa-
nérée de vérités.

♦ *
*

On lâcha le lièvre à la lisière de la forêt,
et il s'enfuit à toutes jambes: le pent gars
s'assit sur une pierre, et il se mit à pleurer.
Comme il s'essuyait les yeux, il vit devant
lui la bonne femme qui lui demanda pour-
quoi il était affligé. «Ah! dit-il, j'ai porté
les pommes d'oranges au roi; mais on n'a
pas voulu me donner la princesse, à moins
que je ne puisse garder pendant trois jours
un lièvre. Et comment le pourrai-je, puis-
qu'il vient de s'échapper sitôt qu'il a été
lâché! — Tiens, petit gars, voici une
baguette: quand tu voudras que le lièvre
revienne à toi, tu en frapperas trois coups
et il accourra aussitôt Mais on va venir
te demander à l'acheter: ne le cède à per-
sonne qui vive, à moins qu'en échange, il
ne consente à te donner un morceau de sa
peau.» Le petit gars se hâta de frapper
trois coups, et aussitôt le lièvre accourut, et
quand il fut bien sûr de pouvoir le faire
revenir à sa guise, il le laissa se promener
dans la forêt. Bientôt, il arriva un seigneur

JCcunraom. IT. 4


5o

FOLK-LORE DE LA

qui voyant le jeune garçon avec une petite
baguette à la main, lui demanda ce qu'il
faisait là. «Je garde un lièvre, répondit-
il, en sifflant comme pour appeler; mais
en même temps il frappait trois coups sans
faire mine de rien, et le lièvre accourut —
Vends-moi ton lièvre, dit le Seigneur; je t'en
donnerai autant d'argent que tu voudras.
— Je ne désire point d'argent, répondit le
gars, je ne veux qu'un petit morceau de
peau pris dans la peaume de votre main.»
Le seigneur se récria, mais comme le roi
l'avait envoyé pour tâcher d'avoir le lièvre,
il finit par consentir, et laissa le gars lui
tailler une petite bande de peau avec son
couteau. Il prit ensuite le lièvre, et le gar-
çon ramassa la peau dans un coin de son
mouchoir auquel il fit un nœud. Quand le
seigneur eut le dos tourné, il frappa trois
coups, et aussitôt le lièvre accourut, et le
soir en rentrant au château il le montra an
roi.

*

Le lendemain, il retourna à la forêt avec
son lièvre, et pour passer le temps, il se mit
à ramasser des lucets. Vers midi, il vit
venir le carosse du roi, qui s'arrêta à quelque


H A UTE-BRETAGNE 5t

distance, et le prince vint seul lui demander
à acheter son lièvre. Il s'était déguisé, mais
le petit gars le reconnut bien. «Je ne le
vendrai, dit-il, ni pour or ni pour argent ; mais
il est à vous si vous voulez me donner un
morceau de votre peau. — Comment! s'écria
le roi — Ah ! peu m'importe l'endroit où il
sera pris: si vous voulez, ce sera sur vos
fesses, cela vous fera moins de mal et on
ne s'en apercevra pas.» Le roi finit par con-
sentir, et le gars fit un nœud à son mou-
choir et y serra la peau royale, puis il
donna le lièvre au prince qui le mit lui-
même dans le coffre de sa voiture. Le petit
gars, quand vint le soir, frappa trois coups; à
ce moment même on ouvrait le coffre de
la voiture, et le lièvre se sauva sans qu'on
pût l'arrêter; et en rentrant, le petit garçon
le ramena avec lui.

* *

Le lendemain la princesse alla à la forêt
et demanda à son tour à acheter le lièvre.
«Je ne le vends pas, répondit le petit gars,
et vous ne l'aurez ni pour or ni pour argent,
mais je vous en ferai cadeau si vous voulez
me donner votre pucelage.» La princesse

4*


5*

folk-lore de la

fut sur le point de se fâcher; mais voyant
qu'il n'y avait personne aux environs., elle
suivit le petit gars dans un coin de la forêt II
lui enleva son pucelage et le serra dans son
mouchoir à côté de la peau du roi et de
celle du seigneur, puis il lui donna le lièvre.
Elle le ramassa dans son tablier, mais il
n'y resta pas longtemps, car le gars frappa
trois coups de baguette et il revint aussi-
tôt. Au soir, il ramena le lièvre au château
et réclama la main de la princesse. «Il te
reste, dit le roi, à accomplir la seconde
partie de l'épreuve; où est ta panerée de
vérités ? — La voici, dit le garçon en défai-
sant un des coins de son mouchoir. Or-
donnez à ce seigneur d'ouvrir la main.....

— Oui, oui, c'est vrai! s'écria le Seigneur.

— J'ai encore un morceau de peau, et il
serait facile de voir où il a été pris.... —
Ne dis rien, s'écria le roi. — Voici, con-
tinua le gars, une petite peau que j'ai prise
à une belle demoiselle que j'jai dépucelée
dans la forêt. — Ahl coquin, s'écria la prin-
cesse, si j'avais su que tu le dirais.... —
Comment c'était toi, dit le roi — Oui, mon
père. — Alors, épouse ce garçon : il est aussi
fin qu'un vieux sorcier.» Ils se marièrent
et ils firent de belles noces, et moi qui y


haute-bretagne

53

étais, on me mit à m'en aller au soir, et
c'est tout ce que j'en vis.

Recueilli eu Haute-Bretagne en t$7ç.

Cf. dans les Contes secrets traduits du russe : 1 e
Chalumeau merveilleux no. LIV.

XIV

LE DIABLE DUPÉ

HHp gros fermier menait boire ses bœufs,
|RBm| et il était assis sur l'un d'eux. Il ren-
contra un diable qui lui dit : «Tu as de bien
beaux bœufs: que leur as-tu fait pour les
rendre si gras et si luisants ? — Je les ai fait
couper (châtrer) et leur ai donné à manger
de la piétinure de chanvre. — Et si on m'en
faisait autant, est-ce que je deviendrais
comme tes bœufs ? — Probablement oui. —
Alors traite-moi comme tes bœufs.» Quand
Thomme eut châtré le diable, celui-ci lui
dit: «Comment f appelles-tu ? — Moi-même,
répondit le fermier.» Le diable retourna
avec ses compagnons, et comme sa blessure


54

FOLK-LORE DE LA

le faisait souffrir, il leur disait: «Ah! j'ai
bien mal à mon eu. — Pourquoi ? — Parce-
que je suis châtré comme les bœufs, pour
devenir aussi gras et aussi luisant qu'eux.
— Et qui t'a coupé? — C'est Moi-même.»
Les autres diables éclatèrent de rire, et le
petit diable furieux revint trouver le fermier
en lui disant qu'il se vengerait de lui s'il
voyait qu'il l'avait trompé, et il déclara qu'il
reviendrait bientôt. Le fermier raconta à
sa femme les menaces du diable: celle-ci
qui était fine, lui dit: «Laisse-moi faire,
je me charge de tout» Elle changea d'ha-
bits avec son mari, et alla à l'endroit où le
diable devait venir. Celui-ci ne tarda pas à
arriver et il s'écria: «Toi, Moi-même, es-tu
coupé aussi? montre si tu t'es moqué de
moi.» La femme ôta ses culottes et montra
son con au diable; quand celui-ci l'eut vu,
il s'écria: «Ah! tu es encore coupé plus
ras que moi.» (

Recueilli en 1878 en Haute-Bretagne.

CL pour l'énorme solution de continuité, et la ruse
de la femme, le diable de Papcfiguière de Rabelais, liv.
IV ch. XLVII.


HAUTE-BRET AGN E 55

XV

LA CHIQUE

l t avait une fois un matelot qui s'ap-
pelait la Chique; il demanda à son
capitaine la permission de descendre à terre*
Pendant qu'ü s'y promenait, une belle dame
l'appela par la croisée; «Venez ici, dit-elle,
je veux vous parler.» Il ne se fit pas prier ;
la dame l'invita à souper, et lui dit de rester
jusqu'au lendemain matin puisqu'il avait une
permission. Le lendemain, il arriva à son
bord deux heures après la fin de sa per-
mission. «Pourquoi es-tu en retard ? lui de-
manda son commandant. — C'est une dame
qui m'a appelé, et je suis resté à coucher
avec elle. — Raconte-moi cela, la Chique.»
Le matelot fit le récit de point en point et
décrivit l'appartement et la dame, si bien
que le capitaine reconnut sa maison et sa
femme. «Retourneras-tu, dit-il, Lchez cette
belle dame? —- Oui, répondit la Chique;
elle m'a fait promettre de revenir. — Je te
donne encore permission, et voici vingt
francs pour r*amuser, dit le capitaine.»
Comme la Chique était couché avec la


56 FOLK-LORE DE LA '

dame, la commandant arrive et frappe à la
porte. «Ah! dit-elle, c'est mon mari: où te
cacher ?» Elle le fit se mettre dans une sta-
tue qui était creuse, puis elle alla ouvrir au
capitaine. «Tu m'as fait bien attendre, dit-il
en dégainant son sabre ; il y avait quelqu'un
avec toi, je vais le tuer.» Il fouilla partout
et ne trouva personne; quand il fut parti,
la Chique sortit de sa cachette et retourna
à bord: «Qu'as-tu fait cette nuit? demanda
le capitaine. — Ah ! dit le Chique, je suis
retourné chez la dame, mais cette fois, je
n'ai pas été tranquille. Le mari est venu,
il a tiré son sabre, et fait le tremblement;
mais j'étais bien caché dans une statue creuse,
et il n'a pu me trouver. — Iras-tu encore
chez la dame? — Tant que vous voudrez,
capitaine, je ne demande que cela. — lié
bien! je te donne permission et voici vingt
francs pour faire le garçon.» A peine était?
il couché avec la dame, que le commandant
frappe à la porte: «Ah! voici encore mon
mari : où te cacher ? tiens, mets-toi derrière
ce grand manteau.» Le commandant de-
gaine son sabre, frappe la statue et la met
en pièces, puis il cherche partout, mais ne
songe pas au manteau. Quand la Chique
fut de retour à bord, le commandant lui


HAUTE.BRETAGNE 57

demanda des nouvelles de sa nuit «Le
mari est encore revenu, il a fait du ta-
page, et sabré la statue, mais j'étais der-
rière un manteau, et il ne m'a pas vu. —
— Retourne encore demain, dit le comman-
dant. — Ça n'est pas de refus, capitaine.»
Le capitaine vint encore frapper à la pprte,
le marin se sauva en grimpant par la
cheminée, et le capitaine se précipita l'épée
à la main sur le manteau qui était dans la
croisée, et le transperça; mais il n'y avait
personne derrière. Le lendemain matin, le
capitaine dit à la Chique: «Comment cela
s'est-il passé cette nuit? — Ah! mon homme
est encore revenu, il a juré et tempêté, et a
passé son épée à travers son manteau, mais
j'étais dans la cheminée, bien en sûreté. —
Retourne ce soir, dit le commandant en lui
donnant vingt francs.» Pendant la journée,
le commandant fit apporter des fagots tout
autour du château, et en mit aussi dans les
chambres et dans la cheminée. Au milieu
de la nuit, on entendit encore frapper à la
porte de la chambre. «C'est mon mari: où
te fourrer ? Tiens, je vais te mettre dans ce
grand coffre, ses papiers sont dedans, et il
aura soin de l'emporter; quand à moi, il ne
me brûlera pas.» Le capitaine entra, et


,58

FOLK-LORE DE LA

après avoir cherché partout sans succès, il
commanda à deux matelots de porter Je
coffre à bord; puis il mit le feu au château,
après avoir placé tout autour des sentinelles
auxquelles il avait donné Tordre de tirer sur
ceux qui sortiraient du château. Quand la
Chique fut un peu éloigné, il cria : «Ohé !
les gars, ouvrez donc un peu la malle.» Il
sortit et la referma, puis il alla prendre son
fusil et son sabre, et vint prendre son rang
parmi les matelots qui faisaient le guet, et
il disait tout haut: «Si quelqu'un sort du
château, je ne le manquerai pas.» Quand
le capitaine le vit à son poste, il lui dit;
«Tiens voilà cent francs, fous-moi le camp,
et que je ne te revoie jamais.»

Cf. Jean Ça tor noix conte picard t. i, p. 339

des KpvTTTctfiia.


ha ute.bretagne

59

XVI

la sauce

DVl y avait une fois un domestique qui

IQE1 cherchait à se gager ; il rencontra un
monsieur qui lui dit: «De quel état es-tu?

— Je suis de tous états? que vous4faut-il ?

— Un cuisinier. — Je suis cuisinier.» Le mon-
sieur ne lui demanda pas son nom ; et quand
il arriva à la maison, il dit à sa femme qu'il
avait loué un domestique. — Gpmment s'ap-
pelle-t-il ? — Ma foi, ie n'ai pas pensé à lui
demander son nom.» Quand la dame vit
le domestique, elle lui demanda comment
il se nommait : «Je m'appelle le Rideau, ma-
dame.» Le monsieur rentra et lui dit:
«Comment vous nommez/Srous, mon ami,?
Ah ! monsieur, répondit;-il, j'ai un bien drôle
de nom ; j'ai nom : J'enrage.» La demoiselle
vint à son tour et lui dit: «Quel est votre
nom ? — Ah ! répondit-il, je. l'ai dit à votre
papa et à votre maman; mais je ne vous le
dirai pas. — Si, si. — Je m'appelle la Sauce.»
Au dîner on servit un plat où il y avait de
la sauce ; la demoiselle qui la trouvait à son
gré, disait à chaque instant: «Ah! la bonne


60 FOLK-LORE DE LA

sauce! ah! la bonne sauce! — Tu en manges
trop, tu seras malade!» Après le souper le
cuisinier alla à la chambre de la demoiselle
pour druger; il se coucha sur elle, et
comme il la pressait, elle criait : «Maman, la
Sauce me gêne! la Sauce me gêne! — Je
t'avais Wen dit que tu en mangeais trop.»
Mats comme elle continuait de se plaindre, sa
mère monta, et elle cria à son mari. «Viens
vite,' le Rideau est au lit de mon enfant! —
Est-ce que ce n'est pas là sa place? répon-
dit-il.» Il monta à son tour, et quand le
domestique le vit, il s'enfuit, et le monsieur
courait après lui en criant: «J'enrage! J'en-
rage!» Ses domestiques le saisirent, et il
leur dit: «Mais ce n'est pas moi qu'il fallait
arrêter, mais mon cuisinier. — Ah! notre
maître, vous criiez: «J'enrage, et vous croyions
que vous enragiez:»

Recueilli en Haute-Bretagne en 1S81.

Dans une autre version, le domestique dit à son
maître qu'il se nomme «Attrape mes couilles par derrière»,
ce qui donne lieu aussi à l'équivoque finale.


ha ute-bretagne

6l

XVII
COMME VOUS

n bourgeois rencontra un jeune gar-
çon à la mine éveillée, et il lui de-

manda s'il voulait entrer à son service:
«Volontiers, monsieur, dit-il. — Comment
fapelles-tu ? — Comme vous voyez. — C'est
bien, va au logis, présente-toi de ma part
et on te dira ce qu'il y a à faire.» Le gar-
çon dit à la cuisinière qu'il se nommait le
Chat, au garçon qu'on l'appelait Moi-même,
et quand la maîtresse de la maison lui de-
manda son nom. «Embrasse-la, répondit-il.
— Va, dit la dame, te présenter à ma fille
qui est dans sa chambre.» La demoiselle
lui demanda son nom: «La Goutte, répon-
dit-il, en l'embrassant. — Maman, dit la
jeune fille, la Goutte me tient. — Allonge-
toi, et te remue un peu.» Un moment après,
elle cria : Embrasse-la ! pour appeler son
garçon. — Vous voyez bien, mademoiselle,
que je ne fais qu'obéir aux ordres de votre
mère.» Et il continua à presser la fille de
se laisser faire et elle se laissa baiser, croyant
que sa mère le lui ordonnait. Quand il descen-


6a folk-lore de la

dit à la cuisine, il y prit tout ce qu'il y avait
de meilleur, et comme la cuisinière criait
qu'on la volait : «Qui est-ce, dit sa maîtresse ?
— C'est le Chat. — Mets-le à la porte.» L'autre
garçon en voyant le voleur s'enfuir, courut
après, et l'atteignit sur le bord de l'étang;
mais le rusé compère le poussa si adroite-
ment qu'il tomba à l'eau. Il se mit à pousser
les hauts cris, et son maître arrivé au bruit,
lui demanda qui l'avait jeté là. — Moi-même,
répondit-il. — Alors, restes-y.

Recueilli en Haute-Bretagne en 1878.

L'équivoque sur les noms se retrouve en un grand
nombre de contes populaires ; pour ne parler que de
ceux qui rentrent dans le cadre des JCçv7ZTaôiaf on en
trouve des exemples dans les «Contes secrets traduits du
russe» no. LXXV, LXXVI et dans les contes no, XIV,
XVI et XIX (variante) du présent recueil.

XVIII
LE MAHI-MAHA

Hl y avait une fois dans une ville ca-
pitale un homme qui était orfèvre de
son état Comme il avait la réputation d'être
habile et de pouvoir faire tout ce qu'il vou-


haute.bretagne

63

lait, le roi le fit un jour appeler et lui dit:
«Orf èvre, il faut que tu me fasses un Mahi-
Maha. — Comment voulez-vous que je le
puisse? je ne sais ce que c'est. — Arrange-
toi comme tu voudras, xlit le roi ; si d'ici un
mois je n'ai pas le Mahi-Maha, je te fais
chasser de mon royaume et je publierai par-
tout que tu ne sais pas ton métier.» L'or-
fèvre rentra à la maison bien affligé, et il
dit à sa femme; «Le roi m'a commandé un
Mahi-Maha, et m'a menacé, si je ne pouvais
le lui donner d'ici un mois, de me chasser
de son royaume. Comme je ne sais ce qu'il
me demande, je pense qu'il vaut mieux que
j'aille m'établir ailleurs, que d'être chassé à
ma honte de ce pays-ci. Reste à garder la
boutique, et quand j'aurai trouvé un bon
établissement, je reviendrai te chercher;» Il
se mit en route, et il marcha longtemps : un
jour qu'il était fatigué, il fit la rencontre
d'une Fête (fée) qui lui dit: «Où vas-tu
comme cela, mon brave homme ? — Je n'en
sais rien; je suis orfèvre, et je suis parti
pour chercher un établissement. — Tu pa-
rais bien lassé ? — Oui, car il y a longtemps
que je marche; mais ce qui me gêne le plus,
c'est que j'ai soif, et je ne trouve pas d'eau.
— Tiens, lui dit la Fête, voici une baguette;


64

folk-lore de la

tu en frapperas trois coups sur le premier
rocher que tu trouveras, et par sa vertu, il
en jaillira une fontaine. Voici de plus un
verre d'argent pour boire dedans.» L'or-
fèvre frappa le premier rocher qu'il ren-
contra, et par la vertu de sa baguette, il en
sortit une fontaine qui était claire comme
on ne peut pas voir. Il emporta avec lui
sa baguette, pour s'en servir pendant son
voyage. Il y avait bien du temps qu'il était
parti de chez lui, quand il rencontra une
autre Fête qui lui dit : «Te voilà qui voyages,
et ta femme se marie demain. Mais tu peux,
par la vertu de la baguette que tu as, être
rendu chez toi demain soir, et tu pourras
punir ta femme si tu le désires. Sous quelle
forme veux-tu rentrer chez toi ? En chien
ou en chat ? — En chat, répondit l'orfèvre,
je serai plus libre de mes mouvements. —
Hé bien, que ce soit en chat, dit la fée.»
L'orfèvre arriva dans son pays, et le soir
au moment où les nouveaux mariés allaient
se coucher, il se cacha sous leur lit, et il
était sous la forme d'un chat. Quand sa
femme fut à moitié déshabillée, elle prit à
la main son pot de chambre, et se mit dessus
pour pisser; aussitôt l'orfèvre dit: «Par la
vertu de ma baguette, attache-là.» Aussitôt


h au te-bretagne

65

elle fut collée si dur qu'elle ne pouvait re-
• tirer sa main ni changer de position. Elle
appela son nouveau mari à son secours, et
il essaya de la décoller; mais l'orfèvre dit
encore: «Par la vertu de ma baguette, at-
tache-là.» Et le nouveau marié resta les
deux mains collées sur le pot La femme
se mit à crier au secours : il vint des voisins
et des amis en foule; mais à mesure qu'ils
s'approchaient du pot de chambre, ils y
étaient collés par la baguette de l'orfèvre,
et quand il n'y eut plus de place, ils restaient
collés les uns aux autres. La chambre fut
bientôt remplie; il y en avait tout au long
de l'escalier et jusque dans la rue. Alors
l'orfèvre descendit et reprit sa forme na-
turelle. «Voilà, dit-il, un commencement
de Mahi-Maha; je vais mener tout ce
monde au roi et savoir s'il sera content.»
Par la vertu de la baguette tout ce monde
fut contraint de le suivre, et le nouveau
marié et sa femme étaient devant, elle
assise, lui, les mains collées sur le pot de
chambre. Comme ils passaient par une
plaine, un des hommes du cortège eut be-
soin de s'arrêter: tous furent obligés de
rester à la même place jusqu'à ce qu'il eût

JCçimTctâta. h. 5


66

folklore de la

fini. Il prit une poignée d'herbe pour se
torcher le cul; mais sa main resta, par la
Vertu de la baguette, attachée à ht poignée
d'herbe. Il y avait là une vache qui pâ-
turait; dès qu'elle vit cette belle poignée
d'herbe, elle accourut pour la manger; mais
orsqufelle l'eut dans la bouche, l'orfèvre dit:
«Par la vertu de ma baguette, attache-là*»
Ét la vache fat réunie au cortège qui se re-
mit en marche. Un peu plus loin, un tau-
reau crut la vache en chaleur; et il grimpa
éesstts; mais dès qu'il y fut, l'orfèvre dit:
«Par la vertu de ma baguette, attache-là.»
Ils se remirent en route, et comme äs
passaient par l'aire d'une ferme, un homme
qui était à chauffer son four voulut frapper
le taureau avec sa patôuille. «Par la vertu
de ma baguette, attache-là, dit l'orfèvre.»
Le cortège arriva à la cour, et il dit an roi :
«Sire, voici le Mnhi-Maha que vous m'aviez
demandé? le trouvez*vdus à votre goût?»
Le roi se mit à rire, et il dît à l'orfèvre de
lui demander ce qu'il voudrait. L'orfèvre
de contenta de reprendre sa boutique, et il
etmriena sa femme qui put cesser de chevau-
cher son pot de chambre, et tous ceux qui
étaient collés les uns au* autres cessèrent


haute-bretagne

«7

d'être attachés. Et moi quand je les vis de
barrasses, je m'en revins.

Recueilli en Haute-Bretagne en 1S80.

XIX

LES LOUIS b'OR

l était une fois un homme et une

EJSfemme qui avaient deux enfants; ils
n'étaient guère riches, et la femme n'était
pas des plus fines. Un jour l'homme alla tra-
vailler aux champs, et en remuant la terre
avec sa bêche, il trouva deux boites remplies
de louis d'or. Il les emporta à la maison,
et les donna à sa femme sans lui dire ce
que c'était, car il savait qu'elle aurait été
le conter partout; puis il retourna à son
ouvrage. La femme, qui ne connaissait pas
l'or, prit une poignée de louis et les donna
aux enfants pour s'amuser. Ils les portèrent
sur la grande route, et pendant qu'ils jouaient
avec, un grand monsieur passa, qui dit aux
enfants: «Vous avez là de jolis petits bé-
bets. — Oui, monsieur, répondirent-ils, et


68

folk-lore de la

et notre maman en a encore deux boité es
dans son armoire.» Le monsieur se fit
montrer où était la maison, puis il y entra
et dit à la mère : «Madame, ces enfants m'ont
dit que vous aviez deux boites pleines de
petits bébets comme ceux-là; voulez-vous
me les vendre? — Oui, répondit-elle. —
Combien? — Dix francs, dit-elle à tout ha-
sard.» Le monsieur donna les dix francs,
et se hâta de s'éloigner, en emportant les
louis d'or. Quand l'homme revint des champs,
sa femme lui dit toute joyeuse : «Mon pauvre
homme, je viens de faire une bonne journée:
tu sais bien les petites amusettes que tu
avais apportées? hé bien! je les ai ven-
dues dix francs.» L'homme qui avait perdu
sa fortune dit: «Puisque tu es si folle, je
veux divorcer;* je vais prendre un des
enfants et tu garderas l'autre.» La pauvre
femme prit sur son dos un des enfants, et
courut à la poursuite du monsieur qui
venait de partir. Elle l'aperçut qui venait
de passer une rivière et montait' la vallée
de l'autre bord. Elle traversa la rivière et le
poursuivit jusqu'à un village où ils cou-
chèrent dans la même chambre. Le mon-

* me séparer


haute.bretagne

69

sieur lui demanda comment elle s'appelait.
«Monsieur, répondit-elle, je me nomme Ma-
dame Je Chie, et mon petit garçon que voilà
se nomme monsieur J'ai Chié.» Le mon-
sieur se coucha, et madame Je Chie aussi;
mais quand il fut bien endormi, elle se leva,
prit les louis d'or que le monsieur avait mis
sur la table dans un petit sac, et se remit
aussitôt en route. Quand le monsieur s'é-
veilla, il ne vit plus les louis, et comme la
dame était partie, il pensa qu'elle les avait
pris, et il se mit à sa poursuite. En arrivant
sur le bord de la rivière, il vit la femme qui
montait la vallée de l'autre côté de l'eau.
Il voulut traverser, mais la mer était haute,
et il ne put passer. H se mit à crier après
la femme, et un homme vint lui demander
ce qu'il avait. «Ah! répondit-il, c'est cette
femme qui m'a pris mon or, et je ne peux
passer la rivière. — Si vous voulez monter
sur mon dos, je connais le gué, et je vous
passerai. — Volontiers, répondit-iL» Il monta
sur le dos du passeur, et quand il fut dans
la rivière, il criait: «Madame Je Chic! Ma-
dame Je Chie ! — Ne chiez pas toujours sur
moi, disait le passeur; attendez un peu.» Le
monsieur continuait de crier après la femme;
mais comme elle ne lui répondait pas, il se


FOLK-LORE DE LA

mit à crier après le petit garçon: «Monsieur
J'ai Chié I Monsieur J'ai Chié !» Le passeur,
croyant que le monsieur avait fait comme il
le disait, le jeta dans la rivière où il se noya.
La femme revint à la maison, et dit à son
mari: «J'ai eu bien de la misère; mais je
rapporte les louis d'or.» Alors il se récon-
cilia avec elle, et ils vécurent très-heureux.

Recueilli en Haute-Bretagne en 1SS1,

La même équivoque sur les noms; mais avec des
épisodes différents, se retrouve dans les «Contes secrets
traduits du russe» cf. le no. LXX1I Les noms
étranges p. 270.

(Variante)

le passage du guildo

Il y avait une fois un marchand de

wBKm Matignon qui s'en revenait de Saint
Malo chargé d'argent. Sur sa route, il ren-
contra deux bons sujets qui suivaient le
même chemin que lui. Ils marchèrent en-
semble et le marchand, tout en causant, leur
demanda comment ils se nommaient: «Je


haute-bretagne

71

m'appelle Je Chie, répondit l'un deux. —
Et vous ? dit-il à l'autre. — Moi, je me nomme
J'ai Chié.» Tout en devisant, ils arrivèrent
au Guildo, où Pon franchissait le gué à dos
d'homme. Ils hélèrent le passeur et le
marchand monta sur son dos, après avoir
confié sa valise à Fun des compères. Quand
il fut sur k dos du passeur, il vit le cama-
rade qui se sauvait à toutes ïambes avec la
valise : «Je Chie, Je Chie! s'écria-t-il. — Ahl
monsieur, dit le passeur, attendee un peu,
— Je Chie! Je Chie! répétait le marchand»
Mais comme le camarade s'enfuyait de plus
belle, le marchand dit à l'autre d'un ton
dolent: «Ahl J'ai Chie J — Alors, dit le pas-
seur, déoarbouiMez-vous dans la rivière.»

Ce toute était jadis très-populaire aux environs de

Dinan.


folk-lore de la

XX

LA FILLE ATTRAPÉE

M Ml t avait une fois une fille qui était
EJSriche: elle avait tant de bons amis
qu'elle ne savait lequel prendre. Son père lui
dit : «Écoute, ma fille, celui qui te mettra à
bout de conter, en trois paroles, celui-là tu le
prendras.» On fit publier cela dans le pays,
et de tous côtés, il vint des amoureux au
jour fixé : il y en avait de pauvres, de riches,
et même quelques-uns étaient plus riches
qu'elle. Ils étaient assemblés dans une grande
cour, et pendant qu'ils étaient tous en-
semble, il y en eut un qui fut pris d'un
besoin pressant, et qui ne savait comment
le satisfaire. Il avait un bonnet sur la tête,
et les autres lui dirent: «Mets-toi dans un
coin et fais dans ton bonnet, puis tu le por-
teras sous ton bras, et personne ne s'aper-
cevra de rien.» Il suivit le conseil des
autres ; tous les amoureux pendant ce temps
passaient devant la fille, et aucun ne put la
mettre à bout de conter en trois paroles. Il
ne restait plus que le gars au bonnet, et elle
se disait : «Il n'y a plus que cet innocent-là ;


haute-bretagne

73

je vais me débarrasser facilement de lui»
Quand il fut devant elle, il lui dit : «Bon-
jour, ma vilaine belle demoiselle. — Bonjour,
mon vilain beau monsieur. — Vous êtes bien
rouge? — Cela ne m'étonne pas, j'ai le feu
au eu. — Voulons me kaire (cuire) deux
œufs? — De la merde, mon foutu sot! —
Tenez en v'ia, tout fin plein mon bonnet.»
La fille resta à bout de conter, et elle épousa
l'innocent.

ReceniUi en IUe-et-Vilaine.

XXI
jean cupi

Heak cupi s'en alla chez un fermier qui
avait une vache malade. «Elle va en
crever, dit-il ; si vous voulez, je vais servir de
boucher.—Oui, répondit le fermier, abattez-la
et la pelez. — Volontiers ; mais je me réserve
la peau.» U la mit sur son dos et grimpa
dans un chêne au dessous duquel on avait
servi un banquet Les invités se mettent à
table, et comme le fricot était sec, un des


74

folk-lore db la

dîneurs s'écria: «Si le bon Dieu voulait nous
envoyer de la sauce!» A peine avait-il
achevé ces mots, que Jean Cupi se mit à
pisser sur le plat — Que le bon Dieu est
bon enfant, disaient les invités ; si maintenant
il voulait nous envoyer de la moutarde.»
Jean Cupi ôta sa culotte et se mit à chier
sur la table, puis il lâcha sa peau de vache
et tout le monde s'enfuit, croyant voir le
diable. Alors il descendit, et se mit à man-
ger le repas.

l y avait une fois un apothicaire qui

5J9 avait un commis appelé Janvier, qui
était rusé et subtil. Comme le beurre était
cher, et que l'apothicaire s'en plaignait. Jan-
vier dit à son maître: «Laissez-moi faire, et
je vous aurai du beurre qui ne vous coû-
tera guère.» Janvier alla au marché, et avec
une grosse épingle, goûta à plusieurs mottes

Recueilli en 187c*

XXII

LE BEURRE À BON MARCHÉ


haute.bretagne

75

de beurre ; il finit par acheter celui que por-
tait une vieille femme à laquelle il dit d'aller
à la maison pour porter son beurre et se
faire payer. Il en acheta ensuite à une jeune
fille, la plus jolie qui fût au marché, et lui
dit pareillement de se rendre chez son maître.
Il enferma la bonne femme dans un cellier,
et la jeune fille dans une chambre. U y
avait des clients chez l'apothicaire, et ils en-
tendaient la bonne femme crier: «Donnez-
moi ce que vous me devez ! — Tout à l'heure,
ma brave femme, tout à l'heure vous serez
servie, disait l'apothicaire. — Qu'a-t-elle
donc à crier? disaient les clients. — C'est
une folle qu'on nous a donnée à soigner. —
Donnez-moi ce que vous me devez, répétait
la bonne femme. — Tout â l'heure, l'eau
est à chauffer sur le feu.» Quand l'eau fut
chaude, l'apothicaire arriva avec une belle
seringue, et administra de force à la femme
cinq ou six crystères de suite; puis il lui
ouvrit la porte, et elle s'en alla sans deman-
der son reste. En quittant la maison, elle
vit à la fenêtre la jeune fille qui criait de son
côté, et demandait à sortir. «Saute par la
fenêtre, ma fille, s'ils te font comme à moi
les crottes que tu feras demain ne seront
pas dures.» L'apothicaire monta à la


76

folk-lore de la

chambre où était la fille qui lui dit: «Pour-
quoi m'avez-vous enfermée comme cela ? —Je
n'ai pas pu faire autrement; car la maison
était pleine de monde.» Et il lui voulut
aussi administrer un clystère; mais la fille
demanda pour toute grâce la permission de
s'en aller, ce qu'elle fit sans réclamer le prix
de son beurre.

Recueilli en Haute-Bretagne en 1S7Ç»

XXIII

bjbhl_

les pommes cuites

bonne femme qui demeurait seule
dans une maison isolée mit un soir
trois pommes à cuire sur le feu; il y avait
justement trois voleurs qui étaient par là et
guettaient la bonne femme pour la voler;
et l'un deux était tout près de la porte. Au
bout de quelque temps l'une des pommes
éclata, et la bonne femme dit: «Déjà un!»
Le voleur qui l'entendit vint trouver ses
camarades: «M'est avis que la vieille est
avertie que nous sommes ici, elle vient de


ha ute-bretagne

77

dire: «Déjà un.» — Je vais aller à ta place,
dit le second voleur.» La seconde pomme
creva: «Déjà deux, dit la bonne femme.»
Le voleur revint aux autres: «Elle vient de
dire «Déjà deux», pour sûr, elle est sorcière,
elle devine tout. —Je vais voir, dit le troi-
sième, si elle saura me deviner, moi.» Il se
mit à chier à la porte, et même instant, la
dernière pomme éclatait: «En voilà trois,
dit la bonne femme: tu n'as qu'à chier, je
mangerai tout, merde et tout.» Le voleur
revint trouver ses compagnons, et leur dit:
«C'est vrai qu'elle est sorcière, elle a deviné
ce que je faisais: allons-nous en.»

Recueilli en Haute-Bretagne en fêSo.

h y avait une fois un bonhomme et

BS11116 bonne femme qui se disputaient.
La bonne femme à bout de raisons, s'écria:
«Où es-tu donc, le Diable, que tu ne viens
point enlever ce cocu-là ?» Le diable arriva

XXIII

LE COCU EN ENFER


78

folk-lore de la

aussitôt, mit le bonhomme dans un sac et le
chargea sur son dos. Comme il passait près
d'un doué (lavoir) où des lavandières se dispu-
taient, il pensa en lui-même : «Les voilà bien
attaînées (excitées), si je pouvais les faire
se battre.» Pour être plus à Taise, il déposa
le sac dans un creux de fossé, et alla au
doué. Pendant que le diable était éloigné,
le bonhomme dit à quelqu'un qui passait
par là: «Ah! par pitié, tirez-moi du sac où
le diable m'a mis pour m'emporter!» Le
passant ouvrit le sac, et pour que le sac
n'eût pas l'air vide, il enferma dedans un
gros chien. Le diable n'ayant pas réussi à
faire les lavandières se battre, reprit son sac,
et ne tarda pas à arriver en enfer. Les
autres démons se pressèrent autour de lui,
en lui demandant s'il avait fait une bonne
journée: «Ma foi, répondit-il; je suis passé
auprès d'un mari et d'une femme qui se
disputaient. La bonne femme m'a dit de
prendre un cocu, et je l'ai dans mon sac.»
Les diables étaient très-curieux de le voir,
et il se pressèrent autour du sac pour ré-
regarder ce qui en sortirait. Quand il rat
ouvert, le chien s'élança hors du sac, et se
mit à mordre les diables qui fuyaient de
tous côtés en criant: «Ne rapportez plus


haute.bretagne

79

jamais de cocus en enfer !» Et je pense qu'il
n'en est point retourné depuis.

Rtaiêilli en Haute- Bretagne en /#fot

XXV

l'eVÊQUE et le recteur
lü temps jadis, le Recteur de Saint

PmH Remy qui n'était pas des plus riches,
allait après sa messe couper de la bruyère
pour la litière de sa vache. Un jour qu'il
y était, le grand'vicaire du diocèse qui fai-
sait sa tournée, entra au presbytère: «Bon-
jour, dit-il à la servante: où est le Recteur?
— A couper de la bruyère pour notre vache,
«auf votre respect.» Le grand' vicaire visita
les appartements, et ne voyant qu'un fit,
û dit: «Où couche le Recteur? — Je vais
me coucher la première: un peu après, il
vient se coucher près de mod, et je le ré-
veille an matin.» Deux ou trois jours après,
arrive au Recteur un ordre d'aller à l'évêché :
«N'est-il point passé quelqu'un par ici? <te-
manda-t-ü à sa servante. — Si, il est venu


8o

folk-lore de la

un gros monsieur prêtre qu'avait bien bonne
mine; il m'a demandé pourquoi il n'y avait
ici qu'un lit, et je lui ai raconté que je me
couchais la première et qu'ensuite vous
veniez à côté de moi.» Le Recteur se mit
en route pour l'évêché, bien penaud: au
moment où il allait entrer chez l'évêque, il
rencontra un autre grand' vicaire qui avait
été au séminaire avec lui, ef qui lui dit:
«Ton affaire n'est pas bonne: l'autre grand'
vicaire a été l'autre jour en tournée dans
ta paroisse, et il n'a vu qu'un lit chez toi.
— Comment faire pour me tirer de là? —
Ma foi, répondit-ü, l'évêque est encore
couché, et sa grande cuisinière est auprès
de lui dans son lit, tâche de trouver moyen
de la faire parler. — Comment? —- Dis lui
que ta servante fait bien des compliments
à sa dame.» Le Recteur arrive dans la
chambre de l'évêque qui lui dit: «Mon pauvre
Recteur, on m'a dit que vous aviez une
femme qui couchait avec vous. — Oui, mon-
seigneur, répondit-il, elle fait bien des com-
pliments à la vôtre. — D'où me connaît-elle,
cette putain-là ? cria une voix qui venait du
fond du lit.» L'évêque renvoya le Recteur,
et ne lui parla plus de sa servante.

Recueilli en Haute-Bretagne en i88ot


haute.bretagne

8l

XXVI

LA REDEVANCE

m ml était une fois un fermier qui alla
(23 pour louer une métairie. Le bour-
geois (maître de la terre) la lui afferma
moyennant cent écus et la moitié d'un pet,
le tout payable à la Saint Michel de chaque
année. Au bout d'un an, le fermier vint
chez son bourgeois qui l'invita à dîner à sa
table. Le fermier mangea de son mieux,
puis il passa au salon pour régler ses affaires
avec son bourgeois. Il lui compta les cent
écus, puis il demanda une quittance. Le
maître fit sonner l'argent, puis il dit : «L'ar-
gent est de poids; mais vous me devez en-
core quelque chose. — Quoi, notre maître?
est-ce que je ne viens pas de vous bailler
cent écus? — Si, mais vous me devez la
moitié d'un pet.» Le fermier qui avait bien
dîné ne se fit pas prier, et desserrant les
fesses, il fit entendre un tel pet que les vitres
en tremblèrent. «Oh! oh! dit le bourgeois;
il est trop gros celui-là.» Le fermier s'y prit
cette fois avec plus de douceur, et il fit un
pet de bonne sœur, si faible qu'on l'entendit

KçVTTTCtdut. n. 6


82

folklore de la

à peine. «Celui-ci est trop petit, dit le bour-
geois, ce n'est pas même un quart de pet»
Le fermier essaya encore plusieurs fois, mais
ses pets étaient, ou comme des coups de
tonnerre ou comme des soupirs. Son maître
lui dit: «Mon pauvre homme, vous n'y arri-
verez pas aujourd'hui ; je vous fais crédit jus-
qu'à demain.» Le fermier revint chez lui, et il
dit à sa femme: «Je viens de payer notre
maître; mais je lui redois encore quelque
chose. — Est-ce que tu ne lui avais pas
porté cent écus ? — Si, et je les lui ai payés ;
mais je lui dois de plus la moitié d'un pet
J'ai bien essayé de m'acquitter de cette re-
devance ; mais tous ceux que je faisais étaient
ou trop gros ou trop petits, et il m'a fait
crédit jusqu'à demain. — J'irai avec toi, dit
la femme, et je parie bien que je finirai de
le payer.» Le lendemain elle accompagna
son mari chez son maître; il les invita tous
deux à dîner, et la fermière mangea de son
mieux. A la fin du repas, elle lui dit:
«Comment, notre maître, est-ce que nous
yous sommes encore redevables? — Oui,
vous me devez la moitié d'un pet. — Hé
bien, dit-elle en retroussant son cotillon,
fourrez votre couteau dans mon eu.» Le
bourgeois ht ce que lui recommandait la fer-


h a ute-bretagne

83

mière qui ajouta : «Maintenant, écoutez bien.»
Elle lâcha un pet, puis elle dit à son maître :
«Vous avez été à même de choisir: je vous
ai servi un pet que votre couteau a coupé
en deux, et vous avez pu prendre la moitié
qui vous convenait le mieux.» Le bour-
geois vit que sa fermière était une fine
- mouche; il lui donna quittance, et depuis il
ne demanda plus que le paiement des cent
écus.

Recueilli en Haute-Bretagne en 1881.

xxvn

LE PET PRIS A LA COURSE

BHl était une fois dans une ville un
monsieur qui voulait se moquer d'un
petit garçon. «Cours-tu bien, petit gars ? lui
demanda-t-il. — Oui, monsieur. — Hé bien,
si tu m'apportes ce qui va sortir de mes
culottes, je te donnerai cinq francs.» Le
monsieur fit un gros pet et dit au petit gars.
— Cours après celui là.» Le petit garçon
se mit à courir de toutes ses forces et dix

6*


*4

folk-lore DE la

minutes après, il revint trouver le monsieur,
et lui dit: «Tendez-votre chapeau, je vais
vous le rendre, j'ai eu bien du mal à l'at-
traper.» En même temps, il péta, et le
monsieur croyant que le pet du petit garçon
était le sien qu'il lui apportait, lui donna les
cent sous.

Recueilli en Haute-Bretagne en 1880.

XXVIII

LE PÉCHÉ D'ADULTÈRE

l était une fois une fille qui alla à

confesse, et, comme elle attendait son
tour auprès du confessionnal, elle entendit
sa voisine qui s'accusait d'avoir commis le
péché d'adultère. Son confesseur lui en fit
des reproches; la jeune fille se confessa, puis
elle se mit en route avec sa voisine pour
retourner à son village. Chemin faisant,
elle lui demanda ce que c'était que le péché,
d'adultère: «C'est, lui répondit la voisine,
de pisser entre la grand' messe et les vêpres.
— Ah! mon Dieu, dit le jeune fille; moi


haute.bret acne

»5

qui Tai commis tant de fois sans le savoir !»
Quand la jeune fille retourna à confesse, elle
s'accusa d'avoir commis le péché d'adultère.
«Vous avez eu tort, dit le confesseur; mais
il faut me promettre de ne pas le commettre
de nouveau> Elle le fit, bien résolue à tenir
sa promesse; mais un dimanche, au sortir
de la grand' messe, elle se sentit tellement
pressée, qu'elle fut obligée de pisser. Quand
elle retourna à confesse, elle s'accusa encore
d'avoir commis le péché d'adultère. «Vous
le commettez souvent, ce péché-là? mais»
dites-moi, qu'appelez-vous péché d'adultère?
— Cest pisser entre la grand' messe et les
vêpres. — Hé bien, quand vous ne le com-
mettrez que de cette manière-là, il n'y aura
pas grand' mal. Commettez-le tant que vous
voudrez et que ce soit votre plus grand
péché.» La jeune fille s'en retourna bien
contente, et dit à sa voisine: «Vous m'avez
trompée: ce n'est pas un péché de pisser
entre la grand' messe et les vêpres.»

Haute-Bretagne 1881,


86

folk-lore de la

XXIX

la bonne femme et son drole

l y avait une fois une bonne femme

|BJ2| qui allait à confesse. Comme elle
passait par la route, elle vit un chasseur qui
ajustait un lièvre; le lièvre fut atteint, et,
ayant fait deux ou trois bonds, il tomba mort
sur la route à côté de la bonne femme.
Celle-ci ramassa le lièvre, et le mit sous son
cotillon, entre sa jupe et sa chemise. Au
moment où elle finissait de rattacher, le
chasseur arriva tout essoufflé et lui dit : «Vous
n'avez pas vu un lièvre? — Non, répondit-
elle; mais j'ai sous mon cotillon un drôle
qui a le poil tout gris. — Je n'en veux pas
de ton drôle, vieille salope, va-t-en au diable
avec lui.» La bonne femme continua sa
route, et arriva à l'église. Quand elle fut
dans le confessionnal, elle dit à son con-
fesseur: «Monsieur le Recteur, j'ai sous mon
cotillon un drôle qui a le poil tout gris. —
Retirez-vous, insolente, répondit le recteur.»
La bonne femme en sortant de l'église ren-
contra le vicaire, et lui dit: «Monsieur le
vicaire, j'ai sous mon cotillon un drôle qui


haute-bretagne

»7

a le poil tout gris. — Faites-le voir, répon-
dit-il.» Elle lui montra la tête du lièvre, et
le vicaire lui dit: «Chit! Chit! allez m'at-
tendre dans la sacristie.» La bonne femme
y alla, et donna le lièvre au vicaire qui le
lui paya comme il faut. Quand les deux
prêtres furent à table, le recteur dit: «Il
m'est venu ce matin à confesse une bonne
femme qui m'a dit qu'elle avait sous son
cotillon un drôle qui avait le poil tout gris.
Je l'ai mise à la porte, comme bien vous
pensez. — Et moi, monsieur le recteur, j'ai
taté le poil gris de son drôle. — Ah! mon-
sieur le vicaire, ceci est un cas de conscience.
— Ce n'est pas ce que vous croyez, et je
vous en ferai manger. — Par exemple!
s'écria le recteur» Mais le vicaire sortit, et
montra le lièvre au recteur qui se gratta
l'oreille et dit: «Ah! si j'avais su!» Quand
la bonne femme fut de retour à son village,
elle raconta à ses commères ce qu'elle avait
fait, et l'une d'elles alla trouver le recteur
comme il sortait de la sacristie, et elle lui
dit : «Monsieur le Recteur, je vous ai envoyé
un lièvre ce matin. — C'est bon, répondit-il,
voici pour vous.» Et il lui donna une pièce
de quarante sous. Quand le recteur fut de
retour au presbytère, il demanda à sa ser-


88

folklore de la

vante où était le lièvre de la bonne femme ;
mais la servante jura ses grands dieux que
personne n'avait apporté de lièvre. Le di-
manche d'après, il vit la bonne femme qui
l'avait dupé, et lui dit: «Ah! bonne femme,
vous m'avez trompé; je n'ai pas vu votre
lièvre. — Ma foi, monsieur le recteur, ce
n'est pas de ma faute, j'avais rencontré ,ce
lièvre sur la lande, et je lui avais dit d'aller
chez vous; s'il ne l'a pas fait, je n'y suis
pour rien.»

Recueilli en Haute-Bretagne en i88».

XXX

propos équivoques

IB'MIl y avait une fois une fille qui alla à
BLE| confesse, et elle dit à son prêtre :
«Mon père, je m'accuse de trois péchés : j'ai
tué ma mère, empoisonné mon père et livré
mon corps aux garçons. — Ah! ma fille,
depuis vingt ans que je confesse, jamais je
je n'avais entendu d'aussi grands péchés.
Comment, à votre âge avez-vous pu les


haute-bretagne

89

commettre? — Ma mère est morte en cou-
ches, et c'est ainsi que je l'ai tuée ; j'ai pété
au nez de mon père, et je l'ai empoisonné ; et
un jour que j'étais à jouer avec des garçons
et qu'ils me tenaient par le corps (corsage)
je le leur ai laissé aller pour qu'ils ne con-
tinuent pas à drug er avec moi.»

* *

*

H y avait une fois une fille qui alla à
confesse et elle dit à son prêtre : «Mon père,
je m'accuse d'avoir berquigné avec les
garçons. — Berquigné! qu'est-ce que c'est?

— Je me suis laissé enfiler par eux. — Ah I
ma fille, c'est un grand péché. — Pas si
grand que vous croyez; venez dans la
sacristie, et je vous montrerai comment cela
se fait.» Le prêtre y alla; la fille se mit
courbée à terre comme on fait quand on
joue à saute-mouton; puis elle dit au prêtre:
«Retroussez votre soutane. — Ah! ma fille...

— Retroussez votre soutane et sautez par
dessus moi: c'est ce qu'on appelle enfiler.»

Haute-Bretagne.


9o

folk-lore de la

XXXI

le repas du seigneur

l y avait une fois un seigneur qui ne
se plaisait qu'à jouer des tours aux

pauvres gens. Un jour qu'il se promenait
par les champs, il vit un soldat qui avait
posé culottes au pied d'un talus pour chier
plus à l'aise, comme nous disons nous autres ;
il prit le sabre du soldat, et, lui mettant la
pointe sur la poitrine, il lui dit: «Si tu ne
manges pas ton étron, je vais te tuer.» Le
soldat, voyant qu'il n'y avait pas moyen de
faire autrement, se mit à manger son étron,
mais bien qu'il fût tout chaud, il n'allait pas
des plus vite en besogne comme bien vous
pensez. Pendant qu'il s'exécutait, et que
le seigneur le regardait, on entendit tout
d'un coup un grand bruit ; le seigneur grimpa
sur le fossé pour voir ce que c'était, le sol-
dat interrompit son repas, reprit son sabre,
et en mettant le pointe sur la poitrine du
seigneur, il lui dit: «Si vous ne mangez pas
le reste du repas que vous m'avez offert, je
vais vous tuer.» Le seigneur, voyant qu'il
fallait manger la merde ou mourir, s'exécuta


haute.bretagne

bien qu'à regret, puis il dit au soldat: «Tu
es un brave; si tu veux rester avec moi, je
te rendrai heureux.» Le soldat accepta, et
depuis ils vécurent tous les deux en bons
camarades, comme deux frères de merde
qu'ils étaient.

Haute-Bretagne 1883*

XXXII

le recteur en mal ^enfant

DDl y avait une fois dans une petite pa-
bQS) roisse de Bretagne un recteur qui vivait
seul avec sa servante dans un presbytère qui
n'était ni grand ni cossu. Comme il n'avait
pas le moyen d'avoir une horloge et qu'en
ce temps-là les almanachs coûtaient cher,
il comptait les jours à sa manière. Il avait
une poule qui tous les jours lui pondait un
œuf, et quand il y en avait six dans le nid,
le Recteur savait que le lendemain il devait
dire sa messe du dimanche. Il fut longtemps
sans se tromper; mais un jour le diable
tenta sa servante, et elle s u p a un des œufs.


92

folk-lore de la

Le samedi le Recteur alla au nid de sa poule
pour savoir à quel jour il était, et comme
il n'y trouva que cinq œufs, il se dit: «Boni
c'est aujourd'hui vendredi; dimanche n'arri-
vera qu'après-demain, et j'ai le temps de
raccommoder mes pauvres souliers, qui en
ont grand' besoin.» Le lendemain de bonne
heure, le Recteur, qui avant d'être prêtre
avait appris l'état de cordonnier, prit sur ses
genoux son soulier le plus malade, et se
mit à tirer le ligneul, bien tranquillement,
pensant avoir toute sa journée devant lui.
Cependant ses paroissiens étaient arrivés à
l'église à l'heure de la grand' messe ; mais
la cloche ne sonnait point, et il n'y avait
point de prêtre à l'autel. Après avoir at-
tendu un bon bout de temps, ils s'impatien-
tèrent, et l'un des fabriciens fut envoyé au
presbytère pour savoir si par hasard Mon-
sieur le Recteur ne serait pas malade. Il le
vit qui tirait tranquillement le ligneul en
sifflant un air d'église. «Bonjour, monsieur
le Recteur, lui dit-il; est-ce que vous ne
voulez pas dire la grand' messe? — Mais si,
répondit-il, je la chanterai demain comme
d'habitude. — Demain I mais c'est aujourd'-
hui dimanche, à preuve que tous vos pa-
roissiens sont dans l'église à vous attendre.


haute.bretagne

93

— En vérité I Je croyais être au samedi.
C'est ma coquine de poule qui m'a trompé;
je vais la faire tuer.» Il remit vivement le
soulier qu'il était en train de raccommoder,
sans prendre garde à un long bout de
ligneul qui trainait après, et il se rendit en
toute hâte à la sacristie où il se revêtit des
ornements sacerdotaux. La messe com-
mença; mais en faisant autour de l'église la
promenade de l'Asperges me, le bout
de ligneul qui trainait par terre se prit dans
les sabots d'une bonne femme, et le pauvre
recteur tomba à faix-mort sur le pavé de
l'église, entraînant la bonne femme dans sa
chute. Comme il avait le ventre gros, il se
fit grand' mal et fut obligé de se mettre au
lit. Il envoya chercher les médecins, mais
ils avaient beau lui donner des remèdes, son
ventre le faisait toujours souffrir, et il ne
trouvait aucun soulagement. Il entendit
parler d'un médecin qui rien qu'à voir l'u-
rine des gens, connaissait tout de suite leurs
maladies. Il remplit de son eau une bou-
teille et la donna à sa servante qui se nom-
mait Chonne, ou si vous aimez mieux Fran-
çoise. «Ecoute, Chonne, tu vas aller porter
cette bouteille au médecin des eaux: il
demeure loin d'ici, et tu ne pourrais t'y


94

folk-lore de la

rendre en une journée: mais je connais sur
la route une maison de bien braves gens;
tu iras les voir de ma part, et tu leur de-
manderas à coucher.» La servante se mit
en route, et au soir elle arriva à la mai-
son que M. le Recteur lui avait indiquée. Les
gens la reçurent de leur mieux, et elle leur
dit pourquoi elle s'était mise en voyage. La
dame du logis était mariée depuis cinq ans ;
mais elle n'avait point d'enfant, et pourtant
son plus grand bonheur aurait été d'en
avoir un. Comme depuis quelque temps,
elle se sentait mal à l'aise, elle pensa que
le médecin pourrait lui dire si oui ou non
elle était grosse. Elle se leva doucement
pendant la nuit, et ayant vidé la bouteille
qui contenait «les eaux» du Recteur, elle la
remplit avec son urine, et la mit à la place
où elle l'avait prise. Le lendemain quand
la servante se remit en route, elle lui dit:
«Ne manquez pas surtout de repasser par
ici afin que nous sachions quelle maladie a
Monsieur le Recteur.» Cependant Chonne
arriva au médecin des eaux; il examina la
bouteille et dit: «Le cas n'est pas bien grave:
votre malade accouchera d'un garçon et
renflure lui passera aussitôt» En entendant
ces mots, la servante faillit tomber de son


haute-bretagne

95

haut; elle s'en revint toute triste, et en
passant elle entra chez la jeune femme. «Hé
bien, lui demanda celle-ci, quelle est la ma-
ladie de Monsieur le Recteur? — Ah! ré-
pondit-elle, je n'ose pas vous le dire; non,
jamais je n'aurais cru chose pareille. Le
médecin a regardé les eaux, et il a dit que
M. le Recteur accoucherait d'un garçon.»
La dame fut bien contente; toutefois elle
consola de son mieux la servante. Celle-ci
se remit en route, et elle finit par arriver au
presbytère, plus triste que si elle venait d'en-
terrer sa mère. «Hé bien! Chonne, lui de-
manda le Recteur, qu'est-ce que le médecin
t'a dit? — Ah! monsieur, répondit-elle, ja-
mais je n'oserai vous le répéter. — Que je
meure ou que je vive, dit le prêtre, je veux
le savoir et je te commande de parler. —
Mon pauvre Monsieur le Recteur, le médecin
a regardé la bouteille que je lui portais, et
a dit que vous alliez avoir un enfant. Ciel
adorable! est-ce possible? — Ah! s'écria le
Recteur; c'est la faute de la malheureuse
femme sur laquelle je suis tombé à l'As-
perges, quand je me suis pris le pied dans
mon ligneul! Jamais je n'aspergerai plus.»
Depuis ce temps, loin de se guérir, le Recteur
ne faisait qu'empirer, et il lui semblait que


96

folk-lore de la

son ventre grossissait à vue d'oeil. Il fut
obligé de demander à son évêque un autre
prêtre pour l'aider à remplir ses fonctions.
Souvent ils allaient se promener dans les
champs, et le jeune prêtre réconfortait de
son mieux le malade. Un jour qu'ils étaient
tous deux dans un verger, le Recteur se
sentit pris d'une grande douleur au ventre,
et en même temps son besoin était si pres-
sant, qu'il n'eut que le temps de relever sa
soutane et de s'accroupir le long d'une haie.
L'opération fut longue et difficile ; mais tout
à coup le Recteur se soulagea copieusement
et juste à ce moment il sentit un objet velu
qui lui passait entre les jambes et qui s'en-
fuyait si vite, qu'il n'eut pas le temps de voir
ce que c'était. Or c'était un lièvre qui, cou-
ché dans la haie, s'était réveillé au bruit
que faisait le Recteur, et s'enfuyait à toutes
jambes. «Ah! s'écria le Recteur, mon en-
fant, reviens que je te baptise ! Quel malheur,
monsieur le vicaire, mon enfant qui est
parti sans baptême!» Le vicaire et lui fai-
saient de tels cris que les gens du bourg se
rassemblèrent pour savoir ce qu'il y avait:
«Ah! répondit-il; c'est un malheur sans
pareil! l'enfant de mes entrailles s'est enfui
sans avoir été baptisé.»


$1

Il prit un si grand fond de chagrin qu'A
mourut peu de temps après, et le vicaire
resta triste jusqu'à la fin de ses jours.

Recueilli en Haute-Bretagne en iSSl.

(Variante)

Un bonhomme dont la vache était ma-
lade se mit un jour en route pour aller con-
sulter le devin. Sur son chemin il ren-
contra le curé qui lui dit: «Ou vas-tu? —
Chez le devin, pour savoir de quoi notre
vache, sauf votre respect, est malade. — Ma
foi, dit le curé; depuis quelque temps je
ne me sens pas bien, tu devrais lui deman-
der aussi quelle est ma maladie. Attends,
je vais te donner de mes eaux.» Le curé
remplit une bouteille de son urine et la re-
mit au bonhomme qui continua sa route et
arriva à l'auberge, où, tout en mangeant,
iî raconta sori voyage à la servante. La fille
prit la bouteille qui contenait «les eaux» du
curé, et la remplit elle-même sans que le
bonhomme s'ert aperçût1. Arrivé chez le
devin, le paysan raconta d'abord la maladie

KovTiTttôta n. 7


98 folk-lore de la

de sa vache, puis il présenta la bouteille
qui renfermait, à ce qu'il croyait, l'urine du
curé. «Quelle est la maladie de cette per-
sonne ? — Elle est enceinte, s'écria le devin
après avoir regardé.» Le bonhomme fut
bien un peu étonné; toutefois comme il
avait confiance dans le devin, il raconta mot
pour mot au curé ce que «le médecin des
eaux» lui avait dit. Le curé était un de ces
vieux prêtres d'autrefois, bonnes pâtes assez
crédules; il avait confiance dans le devin,
sans pouvoir toutefois s'imaginer comment
il se trouvait dans la position qu'il avait
dite. Cependant l'arrêt du devin lui trottait
par la tête, et il se disait: «C'est tout de
même vrai que depuis quelque temps je
grossis, je grossis, et j'éprouve dans les en-
trailles de violentes douleurs.» Un jour
qu'il se promenait dans son verger en lisant
son bréviaire, il se sentit pris de coliques
si intenses qu'il fut obligé de s'arrêter dans
un coin. Ses efforts furent longs et labo-
rieux, la sueur lui découlait du front, et il
se sentait prêt à rendre l'âme. A la fin, son
supplice se termina et juste à cet instant il
sentit quelque chose qui lui passait entre les
jambes; c'était un lièvre qui venait de la
plaine et qui se sauva vitement. Et le curé


haute-bretagne

99

se releva et regarda; mais au lieu d'aper-
cevoir quelque chose auprès de lui; il vit
un objet lointain qui fuyait, et qui déjà
n'avait plus qu'une forme vague. Il crut,
ainsi que le devin le lui avait dit, avoir ac-
couché, et il s'écria: «Enfant, reviens à ton
père; attends au moins que je te baptise.»

a) Un grand monsieu qu'entère (entre) dans

Avec sa grand' qualibranle,
Qui demande du tondu
Pour son pelu,
Et la journée d'un eu
Pour lu (lui).

b) Un monsieur qui monte dans sa
chambre ; son tirli qui lui pend ; il demande
du blanc d'entre les jambes et la journée
d'un eu pour lui.

devinettes

I

sa chambre,

7*


too

folk-lore de la

— Cest un gendarme; son tirli qui li
pend, c'est son sabre, il demande du lait de
Tache qui est blanc, et la journée d'un ce;
c'est-à-dire un œuf.

c) Bonjour, madame, avec vos grands
virlidondaine. — Permettez-moi de mettre
mon Tonton Penard dans vor* touz* d'f nard ;
Un peu d'eau pour le rafraîchi', et une
journée d'eu pour mon souper.

— C'est un homme qui demande la per-
mission de mettre son cheval dans un pré,
et un œuf pour son souper.

d) Bonjour madame !
Voul'ous me permettre de mettre un grand
tourlipendard dans vor* touzé pénard ?

— Oui, mon brave homme, il est touzé
péné, il n'y a pas longtemps.

— C'est un homme qui demande à une
femme la permission de mettre un cheval
dans son pré, touzé, c.-à-d, fauché depuis peu.


haute-bretagne

ioi

e) Un monsieur entre dans une maison, la
quoue li branle, demande du d'entre les
caisses (cuisses), et une journée de eu.

— C'est un homme qui entre dans une
maison et demande du lait et un œuf.

n

Un homme s'en va dans une maison, i'
va au let (lit), lève ça, fait ça, i' rabat ça
et s'en va au sa' ? (soir).

— Un médecin qui vient saigner une
femme*

m

La femme se trousse,
Et l'homme qui pousse,
Et elle s'en vient: Ah! monsieur que

vous me faites mal!

— Ne dites rien, madame, c'est dedans.

— C'est une femme à qui un cordonnier
apporte un soulier neuf.


I02

folk-lore de la

IV

a) Allons nous coucher pour la besogne
que nous savons bien, peillu (poilu) sur peülu,
et cacher notre petit eu tout nu.

— Aller dormir.

b) Allez vous coucher vous serez bien,
Vous mettrez barbu contre barbu
Vous jouerez un petit jeu que vous savez

bien ;

Et vous enfermerez le petit saint tout nu.

— En allant vous coucher vous serez
bien, vous jouerez le petit jeu de dormir;
vous mettrez barbu contre barbu; c'est-à-
dire les deux paupières à se toucher; le
petit saint tout nu qu'on renferme, c'est le
christ (globe) de l'œil.

c) Poilu contre poilu
Qui couvre un p'tit bonhomme tout nu. (D).

— Les yeux.


haute.bretagne

V

Pertus cru (trou mouillé), morcé (mor-
ceau) cru,
Ventre à ventre et mène à eu.

— C'est un fût de cidre.

VI

J'accroupis mon bonhomme,

Et j'assis ma bonne femme,

Tout ce qui passe entre les jambes de

mon bonhomme
Fait du bien à ma bonne femme.

— Le trépied et la marmite.

vn

Une main au eu

La pouche (poche) pleine

Et morceau cru

Une femme allaitant son enfant


104

VIII

IX

Qui est-ce qui a du poil avant l's os?
— La merde.

X

Quand est-ce que la brebis est plus lai-
neuse ?

— Quand le bélier est dessus.

La commère, est sur le compère : ce qui
sort d'entre les jambes du compère fait du
bien au eu de la commère : ce qui est dans
le ventre de la commère fait du bien au
genre humain.

— La commère, c'est la marmite; le feu
qui est entre les jambes du trépied, com-
père de la marmite, la fait bouillir et ce qui
cuit dedans fait du bien au genre humain.


haute-bretagne

105

XI

Si ma tante en avait (des couilles), com-
ment l'appelerais-tu ?

— Mon pncle.

XII

Si tous tes amoureux étaient dans le
haut d'un chêne et qu'il y eût des clochettes
à toutes les branches, comment ferais-tu
pour aller les chercher sans que rien f en-
tende ?

— Si les clochettes étaient de merde,
elles ne sonneraient pas et personne ne m'en-
tendrait.

XIII

Qu'est-ce qu'il y a de plus rare au monde ?
— De la merde de pape.


i06 folk-lore de la

FORMULE INITIALE DE CONTE DE MATELOT

Quand les Terre - neuvats sont dans
l'entrepont, ils racontent souvent des contes,
dont quelques-uns sont fort longs.

Voici le préambule qu'emploient les Con-
teurs pour obtenir l'attention et le silence
avant de commencer leur récit.

Le Conteur. Cric!

Les Auditeurs. Crac!

C. — Sabot

A. — Cuiller à pot!

C. — Soulier de Dieppe.

A. — Marche avec.

C, — Marche aujourd'hui, marche de-
main, à force de marcher on fait beaucoup
de chemin. Pourvu qu'on ne tombe pas le
nez dans la poussière, on n'a pas besoin de
se débarbouiller. Quand on tombe sur le
dos, on ne se casse pas le nez.

Je traverse une forêt où il n'y avait pas
de bois, je passe par un étang où il n'y avait
d'eau, je passe par un village où il n'y avait
pas de maison. Je tape à la porte, et ma-
dame me répond. Je lui demande ce qu'il
y a à manger. — Du bouilli. — Comment,
il n'y a jamais de rôti:


haute.bretagne

Trousse ta cotte,
Que je te bistoque
Avec ma carotte,

Si je te manque, je te casse la cuisse.

— Il a passé trois petits gringadiers, *
qui m'ont embrassée, et qui ne m'ont point
payée.

— Par où sont-ils allés?

— Par la rue saint Honoré.

Où's qu'il y plus d'putains que d'pavés.

Rencontre mes trois gringadiers qui se
foutaient des petits pâtés chauds par la
gueule :

— C'est donc vous, mes trois gringadiers,
qui ez (avez) embrassé ma petite Fanchette
et n' l'avez point payée?

— Oui, c'est nous, et nous nous en fou-
tons.»

J'attrape mes trois gringadiers dans une
poignée, je les colle sur la porte de paysans
comme du papier mâché, j'arrive à dix-sept
cents lieues où il fallait un homme et un
caporal pour faire se lever le soleil à coups
de trique et la lune à coups de perche.

* coureurs.


io8

folk-lore de la

Le silence étant obtenu, le Conteur com-
mence :

— Il était une fois, par une bonne fois etc.

Lorsque le héros se trouve en présence
d'un roi, le narrateur lui fait s'adresser ainsi
au roi:

Bonjour, sire,

Que le trou du eu vous déchire,
Tant que votre majesté pétera,
Le trou du eu vous déchirera.

-^

formulette ou fragment de chanson

Les couilies de mon grand' père
Sont pendues au plancher.
Ma grand' mère

Eist marrie de les voir à sécher.

Haute-Bretagne.


ioo

dictons et proverbes

— Laisse-moi pousser, l'homme pousse
toujours.

Ce sont les filles qui dans les gre-
niers ou dans les champs adressent
aux garçons ces paroles à double sens.

— Tout ce qui est fendu
N'est pas défendu.

— N'y a point de fourché sans fente.

Le fourché est l'endroit où se ré-
unissent les cuisses.

— Amer comme la merde du diable.

— Il a les cuisses près du eu. = Il est
mal à l'aise.

— Les vênes (vesses) ne li restent point
sous le cotillon = c'est une personne active.

— Un arbre qui ne fleurit plus ne peut
plus rapporter = une femme qui n'a plus
ses règles ne peut pas avoir d'enfants.


no

folk-lore de la

— N'y a pas besoin de tant tortiller du
eu pour chier dret. = 11 n'est pas besoin de
faire tant de cérémonies.

-----^

coutumes

Dans les greniers à foin ou à blé, une
facétie habituelle aux garçons est de se décu-
lotter et de montrer aux filles leur pinne.
Celles-ci poussent de hauts cris, traitent les
garçons de cochons et leur disent : «C u t e z
(cachez) cela, crassous (malpropre).»

Lorsque filles et garçons sont ensemble
à fauder, c'est-à-dire à fouler le foin, ils
se bousculent, se chatouillent et luttent ;
les garçons prennent les seins des filles et
même leur mettent la main sur le ventre;
tant qu'ils opèrent par dessus les vêtements,
les filles crient bien un peu; mais elles ne
se fâchent pas; car, dit-on, «le dessus du
sa' (sac)» c'est-à-dire ce qui se fait par dessus


haute-bretagne

III

les vêtements, ne compte pas; si un garçon
essayait de fourrer sa main en dessous, il
se ferait inévitablement calotter par toutes
les filles.

Les paysans prétendent que chérir une
femme, c'est-à-dire coïter, a la propriété de
délasser ceux qui sont fatigués.

Un des rendez-vous favoris des garçons
et des filles pour se chérir — c'est-à-dire
coïter — c'est la sou (étable) aux cochons.
Il est probable que l'odeur forte de la merde
des vêtus de soie agit sur les sens des gens
de campagne, comme les odeurs d'écurie et
de lessive sur ceux des héros de l'école na-
turaliste.


TABLE.

CONTES

pages.

I. La Frênoile........... z

IL La Fille bien gardas ....... 5

III. La Chercheuse d'esprit ....... 8

IV. Jeanne et le Couturier....... 12

V. Les Pucelages.......... 13.

VL La Nuit de noces de Jean le Diot . . 15

VIL La Fermière et son Domestique ... z8

VIII. La Chandelle qui fond ...... 19

IX. Le Bossu ............ 21

X. Le Couvre-sot.......... 28

XI. Le Couvreur en paille....... 30

XII. Jean le Matelot ......... 36

XIII. Le Gardeur de Lièvres ...... 45

XIV. Le Diable dupé ......... 55

XV. La Chique ........... 55

XVI. La Sauce............ 59,

XVII. Comme vous........... 61

XV1TL Le Mahi-Maha.......... 6a

XDX. Les Louis d'Or.......... 67

(Variante): Le Passage du Guildo . . 7a

XX. La Fille attrapée......... 72

XXI, Jean Cupi............ 73.


table Il3

XXII. Le Beurre à bon Marché...... 74

XXIIL Les Pommes cuites........ 7*

XXIV. Le Cocu en enfer......... 77

XXV. L'Évêque et le Recteur...... 79

XXVI. La Redevance.......... 8i

XXVII. Le Pet pris à la Course...... 83

XXVIII. Le Péché d'adultère........ 84

XXIX. La bonne Femme et son Drôle ... 86

XXX. Propos équivoques ........ 88

XXXI. Le Repas du Seigneur....... 90

XXXII. Le Recteur en mal d'Enfant..... 91

(Variante)........... 97

DEVINETTES, FORMULETTES ET DICTONS

Devinettes ............... 99

Formule initiale de conte de Matelot..... 106

Formulette ou Fragment de Chanson..... to8

Dictons et Proverbes........... »09

Coutumes................ "o

KqvnràSia. TL.

8



CONTES PICARDS.

seconde série.

l/ESPRIT CONJURÉ
n meunier avait une femme fort jolie.

GJ3 Notre homme, obligé de passer une
partie de ses nuits au moulin, était loin de
combler les désirs de sa femme; aussi
celle-ci avait accepté les propositions du
percepteur. Comme le mari restait certaines
nuits à la maison, tandis qu'il passait les
autres au moulin, la femme avait ima-
giné de prévenir son amant par une com-
binaison assez simple. Une tête de cheval


ii6

contes picards

toute décharnée était dans la cour auprès
du poulailler; lorsque le meunier était
absent, la tête était tournée vers l'entrée de
la cour; au contraire, quand il était à la
maison, Pos (ainsi la femme appelait ce
fragment de squelette) était placé en sens
inverse. De la sorte, nos deux amoureux
n'étaient pas inquiétés, et passaient des nuits
fort agréables. Un soir, le meunier sortit
disant qu'il resterait toute la nuit au mou-
lin. Vite la femme courut à la tête de
cheval pour prévenir le percepteur. Peu
après, le meunier revint. «Comment, lui dit
sa femme, tu ne restes pas au moulin? —
Non, le vent est tombé et je ne saurais tra-
vailler cette nuit. Allons nous coucher. —
Déjà ? — Oui, tout de suite.» La femme dut
se coucher avec son mari et ne put aller
changer le signal. Une heure après, le per-
cepteur vint frapper trois coups à la porte,
puis deux coups et enfin un seul. «Qui vient
frapper ainsi? s'écria le meunier. Attends
je vais lui en donner 1 — Tais-toi donc.
C'est l'esprit de la nuit! — L'esprit
de la nuit! — Oui. Il revient ainsi fort
souvent et cherche à entrer pour nous tuer.
Seulement, j'ai appris une conjuration qui
va le forcer à s'en aller. Ecoute:


contes picards

117

Esprit de nuit,

Retourne dans ton lit;

Prends ton repos,

J'ai oublié de retourner Pos.»
Le percepteur comprit et se hâta de dé-
guerpir, tandis que le meunier se rendor-
mait tranquillement

II

LE MALIN SERVITEUR

D* homme vint un jour dans un château
pour y demander une place de do-
mestique. Le seigneur le prit à son service.
«Dis-moi quel est ton nom. — Je n'ose pas
vous le dire. Mes parents étaient si sots
qu'ils m'ont donné un nom ridicule. — Dis-
le toujours. — Je m'appelle Attrape-mes-
couilles-par-d errière! — En effet, le
nom n'est guère propre; mais cela ne fait
rien.» Un instant après, la châtelaine lui de-
manda également son nom. «Je me nomme
Le Chien.» Puis ce fut le tour de la fille
du seigneur, «Mademoiselle, mon nom est


ii8

contes picards

fort vulgaire; je m'appelle La Sauce.» Au
souper de ce jour-là, la cuisinière avait ac-
commodé un poulet avec une sauce déli-
cieuse qui plut tant à la jeuue fille qu'elle
en redemanda plusieurs fois, malgré les
observations de sa mère. Puis les châtelaines
allèrent se coucher. Dès qu'il crut tout le
monde endormi, le domestique pénétra dans
la chambre à coucher. La femme l'entendit
et dit à son mari. «Le Chien est ici; dis-
lui de s'en aller. — Tu sais bien, dit le
seigneur à moitié endormi, que je veux qu'il
reste ici. Laisse moi tranquille et dors.» La
femme se rendormit et le valet se coucha
avec la jeune fille. Puis aussitôt, il se mit
en devoir de la caresser. La fille se prit
à gémir, elle était vierge encore et elle
souffrait beaucoup. «Maman, cria-t-elle, La
Sauce me fait mal! — Je te l'avais bien
dit ! Tant pis pour toi !» Et la châtelaine
se remit à ronfler, tandis que le valet con-
tinuait sa besogne. Le matin venu, il se
rhabilla et sortit de la chambre, mais pas
assez doucement pour ne pas réveiller le
seigneur. «Oh ! le misérable, s'écria-t-il !»
Et il se mit à sa poursuite, tout en chemise,
à travers la cour en criant de toutes ses
forces; «Attrappe —mes — couilles —


contes picards

119

par— derrière! Attrappe — mes —
couilles—par—derrière!» Les autres
domestiques se précipitèrent sur leur maître
et le retinrent par l'endroit dont il parlait.
Pendant ce temps le rusé valet s'enfuit et
jamais plus on ne le revit.

LES TROIS NOMS DU DOMESTIQUE

In curé qui vivait avec ses deux sœurs

Bjggeut un jour besoin d'un domestique.
Un mendiant qui vint à passer par le presby-
tère fut engagé par le curé à rester à la
maison comme valet. L'homme y consentit
moyennant trente francs par mois payables
d'avance. Le curé donna les gages du pre-
mier mois, habilla le mendiant et lui de-
manda son nom. «Monsieur le curé, mes
parents m'ont donné un nom fort vilain,
je m'appelle Dominus vobiscum! —
Dominus vobiscum est un nom fort
joli au contraire. Ne vous en plaignez pas.
Tenez, voilà ma sœur aînée dans le jardin,

m


120 contes picards

allez vous mettre à ses ordres. — Tout de
suite, monsieur le curé.» Le curé laissa là
le domestique et s'en alla à l'église. «Quel
est votre nom, mon ami? demanda la sœur
du curé. — Mon nom, mademoiselle? Je
n'oserais jamais vous le dire tant il est
grossier. — Qu'importe: Il est nécessaire
que je le connaisse, destiné que vous êtes
à vivre longtemps avec nous, -r- Puisque
vous y tenez, je m'appelle J'ai trois poils
au con! — En effet, le nom n'est guère
convenable. Mais à tout prendre il pourrait
encore être plus grossier. Voici ma jeune
sœur qui revient de chez une amie; allez
vous présenter à elle.» Le valet courut à
la rencontre de la jeune fille et dit qu'il
était le nouveau domestique. «Fort bien,
mon ami. Comment vous appelez-vous ? —
Je me nomme Çà me démange! — Çà
medémange! Autant ce nom qu'un autre !»
Et la sœur du curé rentra au presbytère.
Tout alla bien ce jour-là. Mais la nuit venue,
le valet enleva l'argent et les bijoux du curé
et s'enfuit du village. A son réveil, le curé
devint furieux.*. C'était un dimanche et il
» alla dire sa messe. Tout à coup se retour-

nant, il aperçut le domestique. «Dominus
vobiscum! Dominus vobiscum! cria-


contes picards

121

t-il aux chantres. — Et cum spiritu tuo!
répondirent ceux-ci.» La vieille sœur voyant
le valet cria: «J'ai trois poils au con!
J'ai trois poils au con! — Tais-toi
donc, salope! cria le curé.» Et la jeune
fille, à son tour: «Çà me démange! Çà
me démange!» — Gratte-toi donc, si ça
te démange! lui dirent les vieilles dévotes
scandalisées.» Pendant ce temps, le valet
faisait un pied de nez au curé et à ses
sœurs et disparaissait de l'église et du
village.

IV

LE MENDIANT MARCHAND d ESPRIT

brtatn curé avait acheté à la ville un

_plein panier d'andouilles, de saucissons

et de saucisses. Rentré au presbytère, il dit
à sa servante. «Portez ce panier à la cave.
Ce sera pour Pâques. — Bien, monsieur le
curé, je vais le ranger pour Pâques.» La
servante porta le panier à la cave et le
curé s'en alla à l'église pour y faire le ca-
téchisme. Tout à coup un mendiant étranger


122

CONTES PICARDS

entra dans la maison. «La charité s'il vous
plaît I dit-il à la servante.» Celle-ci prit un
morceau de pain et le donna au pauvre.
«Rien que cela! vous n'êtes guère charitable.
— Qu'est-ce que vous voulez, je n'ai que
cela à vous donner. Il y a bien ici un
panier d'andouilles et de saucisses, mais
monsieur le curé a dit que c'était pour
Pâques. — Eh bien! pourquoi ne me les
donnez-vous, puisque c' est moi qui me
nomme Pâques? — Oh! alors, c'est durè-
rent!» Elle courut à la cave et en rapporta
le panier qu'elle donna au mendiant. Le
pauvre portait un mauvais pantalon tout de
loques et de morceaux et par les trous on
apercevait son membre. «Dites donc, Pâques,
demande la servante, qui est-ce que vous
portez-là entre les jambes ? — Cela, ma fille,
de l'esprit. — De l'esprit! vous tombez bien;
monsieur le curé dit toujours que je n'en
ai pas; voulez-vous m'en vendre pour dix
sous ? — Avec plaisir. Couchez-vous sur le
lit, relevez vos jupons et votre chemise et
laissez-moi faire.» La servante fit ainsi qu'on
lui disait et le mendiant lui servit pour
dix sous d'esprit. «Ah! mon Dieu! qu'il
est bon votre esprit! Donnez-m'en encore
pour dix sous.» Le mendiant recommença


CONTES PICARDS

i»3

et ayant achevé, il prit les vingt sous et le
panier et se hâta de déguerpir. Le curé
rentra de l'église peu après et alla voir à la
cave si le panier était bien rangé. Ne l'y
trouvant pas, il remonta furieux: «Où avez-
vous mis les andouilles et les saucisses? —
N'avez-vous point dit que c'était pour
Pâques? Le mendiant Pâques est venu il
n'y a qu'un instant, et je les lui ai données. —
— Sotte ! y ai bien raison de dire que vous
n'avez pas d'esprit! — Pas d'esprit! Pas
d'esprit, monsieur le curé! Eh bien! sachez
que j'ai plus d'esprit dans mon con que
vous n'en avez dans la tête!»

LE CHARIOT DANS LE VENTRE DU CURÉ

mEffl le parti de consulter une remégeuse
qui demeurait en un endroit nommé Frise.
Comme cette femme jugeait de la nature
des maladies par l'inspection de l'urine, notre
curé en remplit une bouteille de verre. Puis

V

longtemps prit


CONTES PICARDS

il appela sa servante: «Catherine, voici une
bouteille d'urine. Tu vas l'emporter et aller
consulter la femme de Frise. Si elle t'or-
donne quelque drogue tu la prendras en
passant chez le pharmacien d'Albert. La
servante munie de la bouteille prit le chemin
de Frise. En traversant le dernier village,
la pauvre femme butta dans une pierre et
tomba si malheureusement qu'elle cassa la
' bouteille. «Jésus! Maria! que faire? Que
dira monsieur le Curé ?» Et la servante était
près de s'arracher les cheveux de désespoir
lorsqu'elle eut une inspiration. Elle entra
dans une maison et raconta son aventure
à la femme qui se trouvait être enceinte.
«Vous seriez bien bonne, madame, si vous
vouliez me donner une autre bouteille et
pisser dedans. Monsieur le curé n'en saurait
rien et ne me mettrait pas à la porte. —
C'est chose bien facile. Je vais faire ce que
vous me demandez.» La chose faite, la ser-
vante prit la bouteille et fut bientôt chez la
remégeuse. «Monsieur le curé est malade
depuis quelque temps et il m'a envoyée
vous consulter. Voici vingt francs, qu'il m'a
donnés pour vous.» La femme examina la
bouteille. «Mais ce n'est pas de l'urine
d'homme ceci — Comment donc ? Mais c'est


CONTES PICARDS 135

bien celle de monsieur le curé. — Impos-
sible ! — Quand je vous dis que si! Rien
n'est plus vrai. — En ce cas, Monsieur le
curé a un chariot dans le ventre. — Un
chariot, vous plaisantez! — Pas du tout.
Mais c'est facile de le guérir. Vous prendrez
en passant chez le pharmacien d'Albert pour
deux sous de la graisse que je vais écrire
sur ce papier; rentrée au presbytère vous
direz à monsieur le curé de s'en frotter le
bas-ventre au moyen d'un morceau de laine
et il sera guéri.» La servante s'en retourna.
En passant par la ville, elle ne manqua pas
d'entrer chez le droguiste et d'y prendre
pour deux sous de graisse. Rentrée au
presbytère, le curé lui dit: «Eh bien, Ca-
therine, qu'a dit la femme de Frise? — Ne
m'en parlez pas, monsieur le curé, elle a
dit une chose si extraordinaire que je n'y
puis rien comprendre. — Et quoi donc! —
Que vous aviez un chariot dans le ventre!
— Ce n'est pas possible ! — Si, si, si ! Et j'ai
pris chez le pharmacien pour deux sous
d'une graisse qui doit chasser ce maudit
chariot. Vous allez prendre un tampon de
laine et vous frotter le bas-ventre avec cette
graisse.» Le curé releva sa soutane, débou-
tonna ses culottes et s'apprêta à user du


126

CONTES PICARDS

remède. Mais se ravisant : «Catherine, viens
donc me frotter avec la graisse. — Oh!
monsieur le curé, vous n'y pensez pas! —
— Mais si, il ne faut pas être gênée. Du
reste cela sera mieux fait.» La servante
se mit en devoir de frotter le ventre de son
maître. Tout à coup, le membre du curé
se releva: «Ahl monsieur le curé; est-ce que
je ne vous disais pas que vous aviez un
chariot dans le ventre ? Ne voyez-vous pas
que voilà déjà le timon qui sort?»

VI

LE CURÉ PÉTEUR

k curé avait trouvé moyen d'avoir

im^des servantes sans les payer. Il les
engageait pour un mois sous condition
qu'au bout de ce temps si la servante pétait
plus fort que lui, elle aurait des gages fort
élevés, mais dans le cas contraire, qu'elle
ne resterait pas à son service et ne serait
pas payée de son mois. Il était venu des
femmes de tous les côtés, mais aucune


CONTES PICARDS

127

n'avait pu réussir à battre notre curé. Une
femme arriva un jour au presbytère. «Que
voulez-vous, demande le curé? — La place
de la servante que vous avez renvoyée. —
C'est bien, mais ... il y a des conditions ...
— Je les connais; c'est pour péter, n'est-ce
pas? J'accepte. -- En ce cas, nous allons
mettre de la farine en égale quantité dans
deux assiettes et nous nous essaierons
de suite. — Soit, monsieur le curé.» Les
assiettes préparées, le curé se plaça sur l'une
et ... brrr ,.. souffla la moitié de la farine.
Alors la femme, faisant de même souffla
toute la farine et brisa l'assiette. Le curé
étonné voulut voir le cul de la femme. «Ce
n'est pas étonnant, dit-il, vous avez deux
trous à votre soufflet, et je n'en ai qu'un!»

[Dans une variante de la Lorraine les assiettes de
farine sont remplacées par des assiettes de son et le
conte se termine par ces paroles du curé : cela n'est pas
étonnant, vous avez un fusil à deux coups 1]


128

contes picards

vn

LE PAPE DANS ROME
\s curé avait dans son jardin un poirier

BJjJI chargé de fruits. On venait régulière-
ment les lui voler pendant la nuit Sa ser-
vante interrogée sur ce qu'il y avait à faire
lui donna le conseil suivant: «Monsieur le
curé prenez quelques vieilles sonnettes et
attachez-les aux menues branches de l'arbre.
Les voleurs les feront tinter et vous serez
averti. — Ton avis est excellent; je vais le
mettre en pratique.» Ce qui fut fait. La
nuit venue, les voleurs passèrent à travers
la cloture du jardin et montèrent sur l'arbre.
Mais aussitôt les clochettes de carillonner
et les maraudeurs de s'enfuir abandonnant
les poires qu'ils avaient cueillies. Le curé
se réveilla et put voir les voleurs qui se
sauvaient au plus vite. «Ce n'est pas la
peine de me lever, pensa-t-il. Demain je
ramasserai les poires tombées.» Le matin,
le curé et sa servante allèrent au poirier. La
femme releva son jupon pour y mettre les
fruits et le curé lui vit le con. «Ma fille, qu'est-
ce que vous avez donc entre les jambes ? —


CONTES PICADRS

129

Monsieur le curé, c'est Rome. — Très-
bien, très-bien.» Au bout d'un instant, le
jupon de la servante fut rempli et le curé,
relevant sa soutane pour y mettre aussi
des poires, laissa voir son membre. «Mon-
sieur le curé, qu'est-ce qui vous pend
donc entre les jambes ? - Ma fille, cela c'est
le Pape. — LePape? — Oui, mon enfant.
Et tu sais que le Pape reste dans Rome,
aussi, couche-toi sur le gazon; nous re-
mettrons le Pape dans sa ville. — Une
bonne idée, monsieur le curé; vite, vite,
mettons le Pape dans Rome.»

VIII

LE PLANTON DU COLONEL

Certain colonel marié avait à sa porte
un planton, toujours le même, auquel
il tenait beaucoup. Mais chaque fois que la
bonne sortait pour faire ses courses, le plan-
ton lui présentait les armes et lui disait: «Oh!
quelle bonne soupe aux choux je te trem-
perais! La bonne finit par s'impatienter de

KJQvnrââia. H. 9


130

CONTES PICARDS

ce manège et se promît d'avertir sa maî-
tresse. Un jour rentrant du marché, le plan-
ton lui présenta encore les armes lui re-
disant pour la centième fois: «Oh! quelle
bonne soupe aux choux je te tremperais!

— Cela ne peut durer plus longtemps, se
dit la jeune fille. Je vais prévenir Ma-
dame.» Elle arriva essoufflée et furieuse chez
la colonelle. «Qu'y a-t-il ma fille? qu'est-
il arrivé ? — Il y a que je n'ose plus passer
devant le planton. — Et pourquoi donc ? —
Que je sorte ou que je rentre il présente
les armes et me dit qu'il me tremperait bien
une soupe aux choux. — Vraiment. Sors
encore une fois et viens me prévenir s'il
recommence.» La bonne sortit et bien en-
tendu le planton lui redit sa phrase favorite.
«Madame, courut dire la jeune bonne, il a
recommencé. Si vous ne l'empêchez pas,
je ne reste plus ici. — Va lui dire de venir
me parler.» La servante descendit prévenir
le soldat «Oh I quelle bonne.... — Taisez-
vous, imbécile, et venez parler à Madame.

— On y val on y va!» Et le soldat suivit
la bonne dans le salon de la femme du
colonel. «Vous en faites de belles, monsieur
le planton! Qu'avez-vous donc contre ma
bonne ? — Ce que j'ai contre votre bonne,


CONTSS PICARDS

mais rien du tout Au contraire, je lui dis
que je lui tremperais une bonne soupe aux
choux, et je ne mens pas. Je suis tout
disposé à le faire. — Vous êtes un imper-
tinent Suivez-moi dans ma chambre.» Le
planton suivit la colonelle qui ferma la porte
à double tour. «Vous dites que vous trem-
periez une bonne soupe aux choux à ma
bonne. Est-ce bien vrai? — Oui, madame.
— Et à moi? — Avec encore plus de plai-
sir! — Eh bien alors, couchons-nous et
trempez-m'en une bien salée.» Vite le soldat
enleva képi, veste, pantalon et souliers et se
coucha avec la femme. Au bout d'un instant:
«Ta soupe est très bonne. M'en tremperais-
tu bien une deuxième ? — Avec plaisir, ma-
dame, allons-y pour une deuxième.» Après
le deuxième coup, colonelle et planton se
reposèrent un instant Puis la femme:
«Donne-m'en une troisième, je ne m'en ras-
sasie pas. — Tout de suite, tout de suite,
madame.» Après le troisième, il fallut en-
core y aller une quatrième, Le planton
était cette fois épuisé. Il avait beau faire,
son membre persistait à faire le mort.
«Ecoute, tu vas me servir une dernière
soupe! lui dit la colonelle! — Sacré Nom
de Dieu de putain! s'écria le planton; est-ce

9*


CONTES PICARDS

que tu croirais par exemple que mes couilles,
c'est la marmite du régiment?»

(Variante)

A la porte d'un colonel était un jour
d'hiver un planton qui grelottait et se mou-
rait de froid. Tout auprès était la cuisine
d'où s'échappait une délicieuse odeur de
soupe aux choux. «Un bouillon et un bon
coup par dessus, s'écria le soldat, ça ferait
la joie du pauvre planton!» La femme du
colonel entendit l'exclamation et dit à sa
bonne de faire monter dans sa chambre le
pauvre planton. «Qu'est-ce que tu disais
tout à l'heure, soldat ? — Oh rien, madame !
— Si, je veux que tu le répètes. — Je disais
qu'un bouillon et un bon coup par dessus
ça ferait bien ma joie. — Eh bien! je veux

te rendre heureux .___Marie, apportez un

bouillon au soldat et retirez-vous.» Le soldat
avala la soupe au choux. «Maintenant que
tu as le bouillon, viens coucher avec moi.»
Le soldat eut bientôt fait de satisfaire son
désir. La colonelle appela encore la bonne :
«Marie, une soupe aux choux pour le soldat»
Le potage avalé, le soldat recommença.


CONTES PICARDS

*33

Puis ce fut un troisième bouillon et un troi-
sième coup; un quatrième bouillon et un
quatrième coup. Et comme la femme ap-
pelait une cinquième fois la bonne : «Sacrée
peau de chien! s'écria -1 - il; crois-tu par
hasard qu'il y a autant de foutre dans mes
couilles que de bouillon dans la marmite du
colonel ?»

IX

LE SOLDAT AU COUVENT

soldat passait un jour auprès d'un
couvent de filles. En regardant par-
dessus de la muraille, il aperçut une nonne
charmante. «La jolie fille! dit-il.» Et d'un
bond il fut auprès d'elle. «Ah! mon Dieu,
qui êtes-vous? — Taisez-vous, je suis un
soldat. Je vous ai vue par-dessus la mu-
raille et je vous ai trouvée si belle que je
n'ai pu me retenir et que j'ai couru jusqu'ici.
— Mais si l'on vous voyait, savez-vous qu'on
vous jetterait en prison? — Je le sais bien,
aussi laissez-moi vous embrasser et je m'en
vais.» Le soldat embrassa la nonne et fit


134

CONTES PICARDS

mine de vouloir franchir à nouveau le mur
du couvent. «Je ne puis y arriver, dit-il.
Comment vais-je sortir d'ici ? Je suis perdu
si vous ne me cachez pas quelque part. —
Mais où vous mettre, je ne sais. — Mettez-
moi dans votre chambre et la nuit venue je
m'en irai.» La jeune fille se laissa persuader
et ils passèrent la nuit ensemble. Le lende-
main matin, des nonnes vinrent frapper à
la porte. «Où me cacher, demanda le soldat ?
— Voici> une malle, mettez-vous dedans.»
Le soldat se cacha dans la malle et la nonne
ouvrit. Mais tout à coup, le pauvre soldat
eut une forte envie d'éternuer et lâcha un
atchi! épouvantable. «Qu'est-ce qu'on
entend dans cette malle? demandèrent les
nonnes.» Et elles ouvrirent la caisse dans
laquelle elle trouvèrent le soldat tout nu.
«Jésus! Marie! qu'est ce que cela? — C'est
un nouveau saint pour la chapelle.» Les
nonnes se mirent à promener la main sur
le saint Son membre excité se releva subite-
ment «Ah! la jolie invention 1 dirent elles.
Nous pourrons y suspendre nos chapelets
entre les offices!»


CONTES PICARDS

«35

X

LES DEUX FRÈRES ET LEURS FEMMES

eux frères, bûcherons de leur état.

mSA avaient épousé deux sœurs. L'une,
la femme de l'aîné était belle, l'autre était
laide. Un jour, les bûcherons étant dans la
forêt, un étranger vint à passer devant la
maison de la plus belle, et l'aperçut à la
fenêtre. «La jolie femme, dit-il, je donnerais
bien cent pistoles pour coucher avec elle!»
La femme l'entendit et, courant à la porte,
dit: «Etranger, dites-vous vrai? — Si je dis
vrai? Je le pense bien. Je donnerais mille
francs pour coucher rien qu'une heure avec
vous. — Eh bien ! c'est chose facile. Mon mari
est absent. Entrez et nous nous amuserons.»
L'étranger entra, se déshabilla, se coucha
avec la femme et en prit pour son argent
Au bout d'une heure, il prit cinquante louis
et les donna à la femme. Puis il continua sa
route. «Ces mille francs viennent bien à
propos, se dit la bûcheronne. Il y a long-
temps que je désirais faire un bon dîner.
Allons acheter tout ce qu'il faut pour un
bon repas.» C'est ce qu'elle fit. A l'heure


136

CONTES PICARDS

de midi, les bûcherons rentrèrent de la
forêt «Mes amis, dit la femme, il m'est
arrivé une aventure ; j'ai reçu beaucoup d'ar-
gent et j'en ai profité pour vous préparer
un excellent diner. Le frère voudra bien
me faire le plaisir de rester avec nous pour
en prendre sa part — J'accepte.» L'on se
mit à table et l'on fit bombance. Le dîner
terminé, le mari demanda à sa femme:
«D'où vient cet argent qui t'a permis d'ache-
ter toutes ces bonnes choses? — Tu vas
sans doute me gronder? — Je te jure que
non! dis. — Voici: Un étranger, un prince,
le roi peut-être, m'a aperçue à la fenêtre et
a dit qu'il donnerait bien cent pistoles pour
coucher avec moi, je l'ai appelé et en une
heure de temps j'ai gagné cet argent. Es-
tu mécontent? — Non, non. S'il repasse
par ici, mets-toi à la fenêtre !» Le frère prit
congé et retourna à sa maison. «Charogne!
laidasse! femelle crapaud! s'écria-1-il en
rentrant. — Mais qu'y a-t-il, François? —
Ce qu'il y a, vieille toupie ! Ce n'est pas toi
qui gagnerais, comme ta sœur, mille francs
à coucher avec un étranger h Et le bûche-
ron raconta à sa femme ce qui était arrivé.
«Qu'est-ce que tu veux, mon pauvre .Fran-
çois! ce n'est pas ma faute; le maire et


CONTES PICARDS

le curé couchent chacun deux fois par
semaine avec moi et jamais ils ne m'ont rien
donné !»

LES ÉCREVISSES DU CURÉ

n cure acheta un jour des écrevisses.

ly^SI«Tiens, dit-il en rentrant à sa mê-
le ai n e (servante); mets cuire ces écrevisses
pour mon souper. — Mais, monsieur le curé,
je n'ai jamais fait cuire de pareilles bêtes;
comment saurais-je quand il faudra les re-
tirer de l'eau ? — Lorsqu'elles seront rouges.
Du reste tu ne les enlèveras pas avant de
m'avoir demandé si elles sont cuites à point.
Ne l'oublie pas!» La servante prit les écre-
visses et les mit sur le fourneau. Pendant
ce temps, le curé s'était mis à écrire dans
son cabinet de travail. Au bout d'un quart-
d'heure, la servante apporta la casserole.
«Voilà que les écrevisses rougissent. Sont-
elles assez cuites, monsieur le curé ? — Non,
ma fille, pas encore.» La servante remit les

XI


138

CONTES PICARDS

écrevisses sur le feu, attendit quelque temps
et les voyant plus rouges, revint trouver son
maître. «Et maintenant, monsieur le curé?
— Pas encore, pas encore.» Une troisième
fois elle revint. «Enfin cette fois, elles sont
cuites à point, je crois? — Non, non, ce
n'est pas encore le moment. — Alors, que
le diable enlève ces écrevisses de malheur.
Elles ne seront donc jamais cuites!» Le curé
relevant sa soutane et montrant son membre
tout dressé, lui dit: «Tiens, ma fille, quand
elles seront aussi rouges que la tête de ma
pinne tu pourras les enlever. — Et vous,
monsieur le curé, dit la servante en relevant
ses jupons et en montrant son con, quand
vous aurez une gueule aussi grande que
celle-là, vous pourrez manger vos écrevisses
toutes crues!»


CONT1S PICARDS

139

XII

LE JEUNE HOMME QUI NE VOULAIT PAS

SE MARIER

ne femme avait un grand garçon bénet

r^Ejfl qui ne voulait pas se marier par la
raison qu'il ne savait rien des choses du
mariage. «Mon fils, lui répétait sa mère, te
voilà déjà vieux. Tous les jeunes gens de
ton âge ont pris femme, et tu restes tou-
jours célibataire, il est temps que cela finisse.
Mais ma mère, à quoi sert de me marier?

— Que tu es simple! Si une fois tu avais
goûté d'une femme tu ne voudrais plus
faire autre chose! — C'est donc bon à
manger, la femme ! — Non, mais ,... tout
à l'heure je te ferai voir!» La bonne femme
prit des confitures bien sucrées et s'en rem-
plit le con, puis elle revint vers son fils et
lui dit: «Tiens, tu vois ce grand trou en-
touré de poils? — Oui, c'est un rat. —
Mais non; mets-y le doigt et suce-le. — Ah!
comme c'est bon; cela a le goût de con-
fitures. Est-ce que les jeunes filles en ont?

— Certainement, grand bénet, et encore de
meilleures. — Alors, je veux me marier.


i4o

CONTES PICARDS

Cherche-moi une femme.» La mère, alla
trouver la fille d'une de ses voisines et la
décida à se marier avec son fils. Le soir
des noces on se coucha. L'innocent n'eut
rien de plus pressé, aussitôt couché que de
chercher le trou aux confitures. «On le
disait simple d'esprit, pensa la mariée, ce
n'est pourtant pas vrai» Enfin le marié
trouva le petit trou si cherché, il y fourra
le doigt et vite, il le porta à sa bouche.
«Brrrr! fit-il. La maudite femme que j'ai
làl Ses confitures sont loin d'être aussi
bonnes que celles de ma mère!»

( Variante)

Cette fois, c'est un pigeon bien rôti et
accommodé aux oignons que la mère a
caché dans son con et qu'elle fait trouver
à son fils. «L'excellent pigeon, ma mère!
Vite qu'on me marie avec ma voisine!» La
bonne femme est toute heureuse et le mariage
se célèbre. La soir venu, les mariés se
couchent et le jeune homme se met en
devoir de chercher l'oiseau rôti. «Enfin,
nous allons nous amuser, pense la jeune
femme!» Mais le marié arrivant à l'endroit


CONTES PICARDS

et sentant les poils : «Ah ! mon Dieu ! Tes
pigeons ne valent rien ; ils ne sont pas rôtis
comme ceux de ma mère : ils sont encore à
plumer !»

LE curé faiseur d'oreilles
n curé alla un jour rendre visite à

une de ses paroissiennes mariée dépuis
quelque mois, choisissant avec intention une
heure où le mari était absent. Tout en
causant elle lui fit connaître qu'elle était
enceinte. Il lui dit: «Je m'en suis bien
aperçu en entrant et même j'ai remarqué
une chose qui m'a fait beaucoup de peine.

— Quoi donc, monsieur le curé? —,'Oh! si
je n'étais pas entré ici en passant, tout était
perdu, oui, perdu sans rémission. — Vous
me faites peur, parlez, je vous en supplie.

— Voici ce qu'il y a. Votre mari vous a
fait un enfant sans oreilles qui sera l'objet
de la risée générale. — Un enfant sans
oreilles ? — Oui, oui. Mais heureusement j'ai
là d'une certaine graisse qui peut lui en faire

XIII


142

CONTES PICARDS

pousser aussitôt. — De grâce, mon bon mon-
sieur, hâtez-vous de faire ce qu'il faut pour
que mon enfant ne soit pas ridicule. — C'est
que c'est difficile. Enfin, je ferai cela pour
vous. Couchez-vous sur le ventre dans votre
lit, fermez bien les yeux sans essayer de
voir et laissez-moi faire.» La femme s'em-
pressa de se mettre dans la position indiquée,
et vite le curé lui releva les vêtements, et
lui fourra son membre à l'endroit voulu.
Au bout d'un instant: «Tout va à souhait,
mon enfant; ma graisse fait son effet, voici
une oreille de faite. Ne bougez pas, je vais
faire l'autre.» Et le curé recommença l'ap-
plication de sa graisse. «Maintenant c'est
fait, mon enfant, vous pouvez vous relever.
Grâce à Dieu, votre enfant sera comme tout
le monde. Adieu 1» Quand le mari revint
le soir, sa femme l'accabla d'injures. «Misé-
rable! monstre! tu ne m'aimes pas, tu veux
faire de moi la plus malheureuse des femmes !
— Voyons, voyons, qu'y a-t-il donc ? — Ah !
que suis malheureuse! Comment oses-tu te
présenter ici? Faire un enfant sans oreilles,
grand Dieu! Sans monsieur le curé, qu'au-
rait-on pensé de moi dans le village ?» En-
fin, le mari se fit raconter en détails l'histoire
des oreilles. Sans dire un mot, il courut


CONTES PICARDS

i43

au presbytère, pénétra dans l'étable du curé
et coupa les oreilles de tous les cochons
qui s'y trouvaient. On juge de la fureur du
curé quand le lendemain il s'aperçut de
cette mutilation. Le dimanche suivant dans
son sermon il se plaignit amèrement du
tour qu'un de ses paroissiens lui avait joué.
«Ah! mes frères; je croyais n'avoir ici que
des amis, mais je me suis trompé. Quel-
qu'un m'en veut et l'on est venu couper la
nuit les oreilles de mes cochons....!» En
cet instant, le mari trompé cria tout haut:
«Ne vous désolez pas, monsieur le curé.
Celui qui sait faire des oreilles aux enfants
qui n'en ont pas, saura bien en rendre à
ses cochons!»

KBTAiN curé avait un cochon qu'il

|£B| élevait pour la fete du village. Cette
époque arrivée, il alla consulter lemarister
(m a gis ter, maître d'école) pour savoir ce
qu'il avait à faire. «Tu connais bien, Jean,

XIV

LE COCHON DU CURÉ


144

CONTES PICARDS

quelle est la coutume du pays. Celui qui
tue un cochon doit envoyer un morceau de
choix à ses amis qui lui ont fait semblable
cadeau dans le courant de l'année. Il n'est
aucun de mes paroissiens envers qui je ne
sois redevable, et si je fais suivant la cou-
tume, il ne me restera rien de mon cochon.
Pourtant, comment faire autrement? On ne
m'inviterait plus à aucune tripée. Il n'y a
que toi qui puisses me donner un bon con-
seil à ce sujet. «C'est bien simple, faites
tuer votre cochon et à la nuit tombante
suspendez-le à votre porte, en dehors. Une
heure après, sans qu'on vous voie, rentrez-
le et mettez-le au saloir. Puis demain faites
courir le bruit qu'on vous l'a volé. On vous
plaindra fort et vous n'en recevrez que plus
de saucisses et de côtelettes à l'avenir. —
Je te remercie de ton avis.» Et le curé fit
tuer son cochon et le fit suspendre en de-
hors de la porte du presbytère. «Le beau
cochon qu'a monsieur le curé, se disaient
les paysans. Demain il y aura soupe fraîche
dans tout le village.» Mais le malin maître
d'école n'eut rien de plus pressé à la nuit
close que d'aller décrocher l'animal, de l'em-
porter à sa maison et de le mettre au saloir.»
Le lendemain tout au matin, le curé était


CONTES PICARDS

H5

chez le magister. «Ah ! mon Dieu ! quel vol
abominable! quelle profanation! quel sacri-
lège ! le cochen de l'homme de Dieu î —
Eh bien, quoi, monsieur le curé ? — On m'a
volé mon cochon hier soir! — Dites tou-
jours ainsi, monsieur le curé! — Mais je
t'assure qu'on me l'a volé! — Soutenez-le
toujours, vous avez raison; on vous croira
d'autant mieux! — Quand je te dis que je
ne plaisante pas ! — Vous avez raison, vous
avez raison!» Voyant qu'il perdait son
temps, le curé prit le parti de se taire.
Quelque temps après, il entendit le fils du
maître d'école qui disait: «Le cochon de
monsieur le curé est bien bon avec nos
choux!» Le curé s'approcha et dit à l'en-
fant: «Pourrais-tu bien répéter ce que tu
viens de dire ? Tu auras vingt sous. — Par-
faitement. Je disais: Le cochon de mon-
sieur le curé est bien bon avec nos choux!

— Si tu veux répéter ce que tu viens de
dire, à la messe de dimanche, tu auras en-
core vingt sous. — Donnez-les moi d'avance.

— Les voilà. A dimanche!» Le dimanche
suivant, le curé monta en chaire et com-
mença par se plaindre d'un de ses paroissiens
qu'il ne nomma pas et qui, disait-il, l'avait
volé indignement. «Et mes frères, le bon

Kçvnraâia. U. 10


146 CONTES PICARDS

Dieu qui voit tout, continua-t-il, ne permet
pas que les crimes restent impunis. Un ins-
tant on peut espérer se soustraire à sa ven-
geance, mais l'heure arrive où la vérité se
fait place. Il choisit, s'il lui plaît même, la
bouche d'un enfant pour la faire paraître
au grand jour. En voulez-vous un exemple

éclatant. Écoutez la parole de vérité.....

Pierre, dis-nous ce que tu sais !» Mais l'en-
fant, qui avait reçu la leçon de son père, se
leva de sa place et cria à haute voix: «J'ai
dit que l'autre jour monsieur le curé avait
voulu baiser ma mère dans les choux?»

Ce conte se retrouve tel quel ou à peu près dans
un petit ouvrage intitulé Le Facétieux Réveil-
matin ou Histoires récréatives (Nouv. édition) à Lille,
chex Pillot, me des Prêtres, sans date d'impression. In-ia.
(milieu do XVID> siècle).


CONTEà PICARDS

Ï47

XV

LA VEUVE INCONSOLABLE

ne bonne femme venait de conduire

ff^PI son mari à sa dernière demeure. Elle
pleurait tant et sa douleur était telle que des
voisines furent obligées de la prendre par
le bras et de la ramener chez elle. «Mon
pauvre homme! disait-elle. Faut-il que je
le perde si tôt! lui si bon, si aimable, si
prévenant! Jamais on ne le vit au cabaret;
toujours il était à son travail ou auprès de
moi! Hi! hi! hi! Non, non, jamais je ne
l'oublierai! jamais, jamais, jamais!» Rentrée
chez elle, tout en pleurant elle remit en
ordre son ménage, et ensuite se rendit
chez sa voisine qui chauffait le four pour
y faire cuire son pain. «Ah! vous voilà,
Marianne! Asseyez-vous et ne pleurez pas
tant. Ce qui est fait est fait, nous n'y pou-
vons rien. — Ah! que je suis malheureuse?

hi! hi! hi!----Non, jamais jene l'oublierai!

hi! hi! hi.» Et tout en pleurant la pauvre
femme s'assit sur une galette toute chaude
que l'on venait de retirer du four. Mais
tout à coup sentant la chaleur qui la péné-

10


COMTES PICARDS

trait: «Ah! mon Dieu! qu'est-ce que je
disais donc que jamais je ne l'oublierais! il

LE COUP DE CORNES DE LA VACHE

Un femme avait des relations intimes

Bâfl avec le curé du village. Toutes les
nuits la femme faisait coucher son mari
dans le fond du lit contre la muraille et,
quant à elle, elle se tenait au bord le cul
tourné à l'opposé de son marL L'homme
s'endormait et à minuit le curé arrivait et
travaillait dur et ferme. A la fin, le mari
fut étonné de voir toujours sa femme dans
la même position et lui en demanda la rai-
son. «Tu ne vois pas, espèce de sot, que
c'est pour que la vache me lèche le cul !
— C'est donc bien bon? En ce cas, ce soir
je prendrai ta place.» La femme prévint le
curé. Le soir venu, homme et femme se
couchèrent, mais pas à leur place habituelle.

le faudra bien: je sens déjà
s'échauffe !»

cul qui

XVI


CONTES PICARDS

*9

Minuit arriva. Le curé entra sans bruit, armé
d'un gourdin, et pan! en asséna un coup
sur le derrière de 1' homme qui poussa un
cri: «Grand Dieu! s'écria-t-il, je ne me
mettrai plus là. La vache m'a donné un
coup de cornes qui a failli m'enlever les
couilles !»

XVII

LES GENS BIEN ÉLEVÉS

ne brave paysanne s'en allait à la ville

et derrière elle marchait un curé.
Tout à coup la femme lâcha un pet formi-
dable. «Sors, Bienheureux! dit-elle.» Un
moment après, ce fut le tour d'un second.
«Sors, Délabré ! dit-elle.» Se retournant alors,
elle aperçut le curé. «Depuis quand êtes-vous
ici, monsieur le curé ? — Depuis que Délabré
est sorti, ma bonne femme.» Le curé con-
tinua sa route et sur le chemin vit un gamin
qui cueillait des pommes. «Tes pommes
sont-elles bonnes, mon enfant? — Aussi
bonnes que de la merde! — Je vais le dire


i5o

CONTES PICARDS

à ton père, petit polisson.» Passant devant
la maison du père, savetier de son état, le
curé lui raconta ce qu'avait dit son fils:
«Que voulez-vous, monsieur le curé, il est
comme sa mère, aussi sale que son con!»
Un peu plus loin, le curé rencontra la femme
et lui fit part de la réponse grossière du
fils et du mari. «Qu'y faire, monsieur le
curé, mon mari est aussi bête que son cul!»
Le curé continua son chemin disant scan-
dalisé: «A tel arbre, tel fruit!»

XVIII

l'oiseau frouc frouc
ne jeune fille était malade depuis

r^Bff longtemps, on ne savait trop de quoi.
Les plus habiles médecins avaient été appelés
et lui avaient ordonné toutes sortes de re-
mèdes qui n'avaient produit aucun effet. La
jeune fille était belle et le curé du village
eût bien désiré la baiser, mais .... comment
y arriver ? C'était là le difficile. Un jour,
il rencontra la jolie malade se promenant


CONTES PICARDS

auprès du village et il l'aborda. «Bonjour,
mon enfant. — Bonjour, monsieur le curé.
— Comment allez-vous? Vous me semblez
un peu mieux portante que ces jours der-
niers. — Non, monsieur le curé; je suis tou-
jours aussi malade et je commence à dés-
espérer, -i- N'a liez- vous donc jamais vous pro-
mener au bois ? L'air de la forêt vous ferait
beaucoup de bien et vous guérirait. — Vous
croyez cela? — J'en suis sûr. Seulement
si vous y allez, ne vous avisez pas de vous
promener par les petits sentiers sous bois.
Suivez la grande voie; promenez-vous bien

doucement, sans vous fatiguer.....Ahl

j'allais oublier; dans le bois, il y a un grand
oiseau nommé frouc froucà cause de son
cri et qui cherche à arracher les yeux des
personnes qu'il rencontre. Sitôt que dans
les buissons vous entendrez frouc! frouc!
vous vous cacherez les yeux avec soin et
l'oiseau s'en ira aussitôt. — Je vous remercie
de votre conseil ? dès demain matin j'irai
au bois.» Le curé s'en alla en se frottant
les mains. Le lendemain mann, la jeune
fille s'en alla se promener dans la grande
allée solitaire du bois. «Monsieur le curé a
eu une excellente idée, pensait-elle. Il fait
bien bon ici au milieu des arbres et des


15»

CONTES PICARDS

fleurs qui sentent si bon. J'y reviendrai.»
Mais tout à coup, elle entendit dans le fond
du bois: «Frouc! frouc! frouclfrouc!

— L'oiseau! je n'ai qu'à bien me tenir. Mais
au fait, il est trop loin, et rie viendra pas
jusqu'ici.» Et elle se. promena encore.
«Frouc! frouc! frouc! frouc! fit
l'oiseau tout près.» La jeune fille voulut
s'enfuir, mais les cris devenant plus mena-
çants, elle s'arrêta, releva sa robe et sa
chemise et se couvrit les yeux. Notre curé

— on a bien deviné que c'était lui qui faisait
frouc! frouc! dans le taillis — ne perdit
pas de temps. Vite il releva sa soutane,
saisit son membre et le plaça à l'endroit
voulu. Mais la jeune fille: «Mets ton bec
dans mon con si tu veux, tu ne pourras pas
le mettre dans mes yeux!»


CONTES PICARDS X$3

XIX

LA GRENOUILLE ET LE CRAPAUD

HWpre grenouille et un crapaud s'en al-
RlaWlaient un jour à la ville. Le soir vint,
et nos deux voyageurs trouvant une femme
endormie au bord de la route se blottirent
Fun dans son con et l'autre dans son cuL
Peu après passa un berger. «La jolie fille! dit-
il. Je vais la baiser!» Il releva les jupons
et la chemise de la fille et par trois fois la
monta. Puis il s'en alla. La femme se ré-
veilla, se leva et fit tomber la grenouille et
le crapaud. Quand elle fut partie : «Eh bien !
dit la grenouille. — Ah! quelle peur j'ai
eue! On m'avait vu sans doute car il est
venu par trois fois un é tic hoir (seringue)
dont on a failli me noyer. — Et moi donc !
Un forgeron est venu me frapper des ses
marteaux pendant plus d'une heure. Heu-
reusement que la porte était soude!» Et
grenouille et crapaud reprirent leur route.


»54

CONTES PICARDS

XX

LE LAVEMENT DU CURÉ

n jour une femme malade alla con-

BLa3Bsuiter son curé qui lui donna Tor*
donnance suivante: Rentrez chez vous, pre*
nez telle et telle plante, et mettez-les bouillir
dans cinq litres d'eau. Laissez refroidir et
faites-vous donner un lavement Répétez
chaque jour trois fois, et dans une semaine,
vous serez guérie. — Faut-il commencer
aujourd'hui, monsieur le curé ? — Certaine-
ment, et même tout de suite. — Mais...
c'est qu'il n'y a personne à la maison. —
Eh bien... je /n'ai rien à faire pour l'in-
stant, je vous aiderai. La femme ac-
cepta et revint à la maison avec le curé.
Les herbes furent trouvées et l'opération
achevée. «Monsieur le curé, dit la paysanne;
je sens que cela me fait déjà du bien. Quand
devrai - je recommencer? — Dans trois
heures. J'ai besoin de sortir, mais je re-
viendrai au moment voulu. Adieu!» Le
temps fixé s'écoula et le curé ne revint pas,
La femme s'impatientait; mais tout à coup:
«Que je suis sotte! j'ai là ma fille; elle saura


CONTES PICARDS

'55

bien m'administrer le lavement.» Elle prit
la seringue, la remplit et expliqua à sa fille
ce qu'il fallait faire. Puis elle releva ses
vêtements, se baissa et écarta les jambes.
L'enfant, apercevant deux trous, s'écria:
«Oh! ma mère, lequel est-ce des deux;
si c'est celui du bas, point n'est besoin de
seringue; il est si grand que je puis y verser
à même le seau!»

XXI

LA FEMME COUVEUSE

ÉPiciÈRE avait une cane. Elle prit
douze œufs, les mit dans un panier
sans anse et les lui donna à couver. Tout
allait bien quand un matin la femme trouva
l'animal mort sur les œufs encore tout
chauds. «Quel malheur! s'écria-t-elle. En-
core un jour et les petits canards allaient
naître. Si je couvais à la place de la cane,
bonne idée!» Et l'épicière releva ses vête-
ments et s'accroupit sur les œufs. Une heure
après, un voisin entra. «Bonjour, femme.


CONTES PICARDS

Donnez-moi une livre de sucre. — Bonjour,
voisin. Je ne puis vous servir. Ma cane est
morte et je couve à sa place. Je ne puis
bouger. — Qu'à cela ne tienne, je couverai
un instant à votre place.» L'homme fît
glisser ses culottes, s'accroupit et se couvrit
de sa blouse. L'épicière prépara le sucre
demandé, puis, passant la main sous la blouse
du voisin pour voir si les œufs étaient bien
chauds, elle saisit le membre de l'homme.
«Dieu ! s'exclama-t-elle. Ce ne sont point
des œufs de cane que j'ai mis à couver : ils
sont déjà éclos; j'en tiens un par le cou,
pour sûr, ce sont des oisons!»

XXII

JEAN QUATORZE-COUPS

out près d'ici, vivait il y a déjà long-

BBtemPs une veuve dont le fils était
chasse-manée, autrement dit, domestique
dans un moulin. Jean — c'était le nom du
jeune homme — avait vingt-quatre ans et
jamais n'avait songé à se marier. On disait


CONTES PICARDS

157

dans le village que c'était une sorte d'innocent,
de garçon sans esprit et je crois que l'on
n'avait point tort Sa mère lui dit un jour:
«Voyons, Jean, as-tu donc juré de rester fils
(célibataire) ? Chacun se moque de toi dans le
village; on dit que tu n'es pas comme un
autre, et bientôt aucune fille ne voudra de toi
pour se marier. Il faut songer sérieusement
à cela. — Je vais vous dire, maman, c'est que
je ne sais pas ce que c'est que se marier,
ni pourquoi on le fait. — Pourquoi? grand
innocent! Mais pour coucher avec une
femme; si tu savais comme c'est bon! —
Vraiment? Alors je me décide; je veux me
marier, mais tout de suite, dans huit jours
au plus tard. — Il te faut une prétendue.
Tu es garçon meunier; je vais au moulin
trouver ton maître. Il a une jolie fille, je
la demanderai pour toi. — Oui, ma mère.» '
La mère courut au moulin et expliqua au
meunier et à sa fille l'objet de sa visite. Le
prétendu fut agréé et le mariage célébré
quelques jours après. La première nuit des
noces Jean s'endormit pour ne se réveiller
que le lendemain matin et se lever aussi-
tôt. Sa femme à peine habillée, courut
trouver sa mère et se mit à fondre en
larmes. «Eh bien ! ma fille, qu'est-il arrivé ?


158

CONTES PICARDS

— Il est arrivé que vous m'avez mariée à
un homme qui n'est pas comme un autre*
Cette nuit il ne m'a pas seulement touchée.
A peine dans le lit, il s'endort comme une
souche absolument comme s'il couchait avec
un homme. — Attends, ma fille, je m'en
vais le sermonner.» La vieille meunière
alla au moulin et fit la leçon à son gendre.
«Vous comprenez bien, Jean, que si je vous
ai donné ma fille, c'est pour que vous l'a-
musiez la nuit. — L'amuser, mais comment ?

— Voyons, tout à l'heure, vous asseoirez votre
femme sur le bord du lit, vous la déshabillerez
et vous en ferez autant. Puis vous l'embrasse-
rez, monterez et sauterez sur elle le plus de
fois possible. Vous verrez comme vous serez
heureux tous les deux.» A peine rentré,
Jean fit ainsi qu'on venait de le lui dire, à la
grande joie de sa femme qu'il coucha sur
le' lit. Puis courant à l'autre bout de la
chambre et revenant il sauta sur sa femme,
recula, sauta, embrassa, se livrant pendant
deux heures à une gymnastique effrénée.
«Voyons, Jean, es-tu fou? ne cessait de lui
répéter1 sa femme. De grâce, cesse de te
fatiguer et de m'éreinter. — Non, non, je
ne cesserai pas encore. Je sais ce qu'il
faut faire maintenant. Qu'importe, le ma-


CONTES PICARDS

»59

riage n'est pas ce qu'on m'avait dit f» Enfin,
épuisé et n'en pouvant plus, il se coucha.
Le lendemain, la belle-mère revint pour
savoir comment la nuit s'était passée. La
fille raconta les fatigues inutiles de la veille
et se plaignit encore plus fort. «Cette fois,
c'est de ta faute, dit la mère. Quand il
sautait sur toi, si tu l'avais retenu et serré
dans tes bras, les choses ne se seraient pas
passées ainsi. Tu seras plus avisée ce soir
quand Jean recommencera.» Le soir arrivé,
Jean s'apprêta à recommencer les exercices
de la veille. Mais sa femme l'arrêta, le re-
tint dans ses bras et le serra contre elle. Le
membre de Jean se leva, la femme le prit
et le mit à l'endroit voulu. L'homme com-
prit aussitôt, et de suite, sans s'arrêter, il
tira quatorze coups. Point n'est besoin de
dire si sa femme était satisfaite! Le jour
venu, elle se leva et s'en fat dire à sa mère
le nombre merveilleux de foutages que son
mari lui avait administrés. La bonne pièce
de femme, bavarde comme toutes ses pa-
reilles, n'eut rien de plus pressé que d'aller
chez ses voisines porter l'étonnante nou-
velle. De proche en proche, de village en
village, tout le canton eut connaissance du
fait, et Jean ne fut plus appelé que Jean


i6o

CONTES PICARDS

Quatorze-Coups. Le juge de paix du
bourg voisin était déjà vieux et sa femme
était toute jeune. Elle entendit parler des
exploits de Jean et ne put s'empêcher de
faire une comparaison, fâcheuse pour le juge,
entre les quatorze coups du meunier et
Punique par semaine du vieux juge de paix.
Aussi se promit-elle de faire connaissance
de Jean Quatorze-Coups et de l'amener à
coucher avec elle. Comme à cette époque
riches et pauvres cuisaient leur pain, les
meuniers ou chasse-manées allaient de
maison en maison chercher le blé à moudre.
Jean Quatorze-Coups, quelques mois après
son mariage, entra chez le juge. «Y a-t-il
du blé? cria-t-il. — Oui, entrez, répondit la
femme qui était seule à la maison.» Jean
Quatorze-Coups attacha ses mulets et entra.
«Asseyez-vous, Jean, et buvez ce verre de
via» Jean but plusieurs verres, causa de
pluie, de beau temps, de récoltes. Puis la
maligne femme du juge lui demanda pour-
quoi il s'appelait Jean Quatorze-Coups. «Je
veux bien vous le dire, madame. Quand
je me suis marié, je ne connaissais rien
aux choses du mariage, et pendant les pre-
mières nuits je n'ai rien fait à ma femme.
Ma belle-mère m'a renseigné et j'ai fait la


CONTES PICARDS

161

chose quatorze fois sans m'arrêter. Les
femmes, sauf votre respect, sont bavardes,
et la chose s'est sue. Voilà d'où me vient
mon nom. — Alors, ce n'est point une plai-
santerie ? — Pour cela, non, et vous pourrez
le demander à ma femme. — Mais----pour-
riez-vous recommencer ... avec moi, par
exemple ? — Certainement ! répondit le meu-
nier qui voyait où la femme voulait en venir.
Je vous parie six cents francs, que je ferai
les quatorze coups sans m'arrêter. —- Entendu.
Mon mari est absent; couchons-nous.» Jean
Quatorze-Coups et la femme du juge de paix
se couchèrent et le jeune marié se mit à
la besogne. «Un ! compta la femme ....
Deux! . . Trois! . . Quatre! . . Cinq! . .
Six !.. Douze ! .. Treize !.. plus qu'un
seul!» Le dernier était en train quand la
porte de la rue s'ouvrit et la clochette
sonna. «Dieu! le juge! s'écria la femme
en sautant en bas du lit.» Le meunier
s'habilla à la hâte, sa compagne en fit
autant; le lit fut remis en place et le vieux
juge entra sans s'apercevoir de rien. Le
meunier prit un sac de blé et l'emporta au
moulin. Le lendemain il revint chez la femme.
«Et mes six cents francs? — Vous n'avez
rien gagné, puisque le quatorzième n'a pas été

KcimTaSia. h. ii


x62

CONTES PICARDS

achevé. — Nous plaiderons s'il en est ainsi.»
Jean Quatorze-Coups fit citer la femme
devant le juge de paix. «Qu'avez-vous,
plaignant? demanda l'homme de loi. —Voici,
monsieur le juge. J'ai parié avec votre
femme d'abattre quatorze noix à votre noyer
d'un seul coup de gaule. J'ai abattu les
quatorze noix mais parmi elles, il s'en trou-
vait une qui n'était pas bonne et votre femme
refuse de me payer les six cents francs de
la gageure. Comme je n'avais pas garanti
les noix pour la qualité mais pour la quan-
tité, je pense avoir gagné. — Est-ce vrai,
cela? demanda le juge à sa femme. — Oui,
c'est vrai. — Alors, je te condamne à payer
six cents francs au plaignant; les frais et
charges de l'affaire étant en plus à tes dé-
pens!»


contes picards

XXIII

LE PARI DU DOMESTIQUE

In certain domestique courtisait la fer-
mière et la pressait depuis longtemps
de se donner à lui. «Écoute, lui dit un jour
celle-ci. Voici ce que je te propose. Mon
mari est absent. Nous allons nous mettre
tout nus et nous coucher ensemble. Si tu
restes une heure sans que ton membre se
redresse, tu gagneras cent écus et tu feras
avec moi tout ce qu'il te plaira dans la
suite. Acceptes-tu? — Entendu, entendu 1»
Le domestique sortit pour un instant et s'at-
tacha entre les jambes la pinne avec un
petit cordon. Puis il revint se coucher avec
la fermière. Celle-ci aussitôt se mit à le
caresser tant et si bien que le lacet se cassa
et que la pinne se redressa plus vigoureuse
que jamais. «Tu as perdu! dit la fermière*
— j'ai gagné au contraire. Vous me devez
cent écus. — Nous plaiderons alors.» On
alla devant le juge et là le domestique dit:
«j'ai parié avec ma patronne d'attacher un
jeune poulain à un piquet. Le licou a cassé
parce qu'il n'était pas solide. Mais j'ai at-

ii*


164

CONTES PICARDS

taché le poulain. — Est-ce vrai, madame?
— C'est vrai, monsieur le juge. —- Alors,
vous avez perdu. Payez votre domestique!»

XXIV

LES FILLES A CONFESSE

[ne jeune fille s'en vint à l'église pour

se confesser. Elle se mit à genoux
sur le petit banc du confessionnal et com-
mença sa confession. «Mon père, dit-elle,
j'ai beaucoup péché. Je mens fort souvent ;

je n'assiste pas toujours aux offices.....»

Et la jeune fille continua ainsi réservant pour
la fin un autre péché bien plus grand et
qu'elle n'osait avouer à son confesseur. En-
fin, il fallut y venir. «Mon père, l'autre soir
j'ai rencontré mon amoureux au coin de la
grande place : nous avons bavardé long-
temps; il m'a pris la main et l'a mise dans
son pantalon. J'ai senti sa pinne je me suis
jouée avec. — Ma fille, votre main est im-
pure. En sortant de vous confesser vous la
plongerez dans le bénitier pendant deux


CONTES PICARDS

l65

heures.» La jeune fille toute confuse alla
au bénitier et y plongea sa main. Une de
ses amies vint à passer pour aller se con-
fesser. «Que fais-tu la main dans l'eau bénite ?
— Ne m'en parle pas ; c'est la pénitence que
m'a imposée monsieur le curé parceque
mon amoureux m'a mis la pinne dans ma
main? — Jour de Dieu! Et moi donc?
Quelle pénitence vais-je avoir, puisque mon
amoureux m'a mis la sienne dans mon cul ?»

XXV

LE VOYAGEUR EMBOURBÉ

kr voyageur revenait un soir de la

ßS^B ville. La voiture était lourdement
chargée; aussi dans un chemin creux, elle
s'embourba tellement que l'homme eut beau
encourager, crier, frapper, taire tous ses
efforts, il ne put sortir du mauvais pas où
il se trouvait. Voyant une ferme à côté, le
voyageur prit parti de laisser là sa voiture
et d'aller demander l'hospitalité dans cette
maison. On le reçut fort bien et, comme on


i66

CONTES PICARDS

allait souper, on le fit mettre à table. La .
femme était fort jolie et notre voyageur eut
bientôt perdu sa mauvaise humeur en cau-
sant avec la paysanne. La femme étant
descendue à la cave pour y chercher du
cidre, le mari la suivit. «Ce voyageur a l'air
comme il finit, nous ne pouvons pas le mettre
coucher dans la^ grange. — J'y pensais et je
n'osais pas t'en parler. Nous n'avons qu'un
lit, c'est vrai, mais il est assez large pour
nous trois. Nous le mettrons coucher avec
nous. — Bonne idée, François; tu as bon
cœur!» Le souper achevé, l'homme invita
le voyageur à se coucher avec eux, et bien
entendu ce dernier accepta. On se coucha
et le mari s'endormit dans un coin du lit.
L'étranger sentant contre son corps celui de
la jeune femme n'y put bientôt plus tenir.
Il passa la main sous les jambes de la femme,
et la chatouilla au bon endroit. Puis il prit
sa pinne et commença à travailler ferme.
Alors, criant comme s'il rêvait, il se mit à
dire! «Oh! Dia! Hiu! Ohi! Ohi!» Le mari
se réveilla. «Entends-tu, femme, notre voya-
geur. Le pauvre homme se croit encore
embourbé et il excite ses chevaux. — Oh
oui! il se croit embourbé et il a raison; le
trou dans lequel il est arrêté est si profond


CONTES PICARDS

167

qu'il n'en sortira pas sans décharger!» Et
k mari se rendormit tandis que le voyageur
bourrait la femme.

vabiantb : Le voyageur est un Anglais qui ne com-
prend pas le français. On se couche, la femme au milieu.
L'Anglais bourre la femme par derrière. Le mari se re-
veille et s'en aperçoit. «Je crois qu'il te baise! dit-il.
— Moi aussi, je le pense. — Dis-lui donc de cesser. —
Dis-lui toi ! Tu sais bien qu'il ne comprend pas le fran-
çais. Ce n'est pas la peine de le lui dire.» Le mari
convaincu se rendort et l'étranger et la femme continuent
leur manège.

XXVI

LE CURÉ ET LE SACRISTAIN

Ie curé et le sacristain courtisaient
tous deux la même fille. Profitant
de ce que les parents étaient aux champs,
le sacristain s'en alla voir sa prétendue* Au
moment où il arrivait à la maison de celle-
ci, il aperçut le curé qui entrait. Le sacristain
resta aux écoutes près de la porte et il en-
tendit le curé qui demandait à la jeune fille
d'aller avec lui dans la grange. Vite le


l68 CONTES PICARDS

sacristain y courut et se cacha sous quelques
bottes de paille. Un instant après le curé
y entrait avec la fille, la jetait sur le tas de
gerbes et la baisait Quand ce fut fini, la
fille dit: «Mais, monsieur le curé, si jamais
il arrivait que vous m'ayez fait un enfant,
que ferais-je? — Une chose bien simple, tu
le mettrais sur le dos du sacristain. Tout
le monde le croirait!» Mais le sacristain
se relevant et sortant de sa cachette : «Vrai-
ment, monsieur le curé, il ne manquerait
plus que cela! M'a voir fait l'enfant sur le
ventre et vouloir me le mettre sur le dos!»


TABLE

dbs

CONTES PICARDS.

pages.

I. L'Esprit conjuré......... 1x5

II. La Malin serviteur........ 1x7

III. Les trois Noms du domestique ... 1x9

IV. Le Mendiant marchand d'Esprit . . . xsx
V. Le Chariot dans le ventre du Curé . . 123

VI. Le Curé péteur.......... xa6

VU. Le Pape dans Rome........ xa8

VIII. Le Planton du Colonel....... 139

IX. Le Soldat au Couvent....... 133

X. Les deux Frères et leur Femmes ... 135

XI. Les Écrevisses du Curé....... 137

XIL Le Jeune homme qui ne voulait pas se

marier ............ 139

XIII. Le Curé faiseur d'Oreilles ..... 141

XIV. Le Cochon du Curé........ 143

XV. La Veuve inconsolable....... 147

XVL Le Coup de Cornes de la Vache ... 148

XVII. Les Gens bien élevés....... x49

XVIII. L'Oiseau Frouc frouc....... 150

XIX. La Grenouille et le Crapaud .... xs3

XX. Le Lavement du Curé....... x54


TABLE

XXI. La Femme Couveuse....... 155

XXII. Jean Quatorze.Coups ....... 156

XXIII. Le Pari du Domestique....... i93

XXIV. Les Filles à Confesse....... 164

XXV. Le Voyageur embourbé ...... 165

XXVI. Le Curé et le Sacristain...... 167

TTÎT


SCHWEDISCHE

SCHWANKE UND ABERGLAUBEN

aus

NORLAND.

I

DIE DREI WIRTOSTÖCHTER

In war einmal eine Wittwe mit einem
Sohn, der durchaus nicht arbeiten
wollte. Er kümmerte sich um nichts und
nährte sich bloss von Bettelei. Während
er sich nun einmal auf dem Lande um-
hertrieb, kam er zu einem Gastwirth, bei
dem er auch wirklich in Dienst trat und so
viel arbeitete, dass er ein Pfund Mehl ab


17* SCHWEDISCHE SCHWANKE

Lohn bekam. Dass er soviel bekam, war
allerdings ein grosses Wunder. Als er nun
seinen Lohn erhalten hatte, sagte der Wirth
zu ihm : «Mach dich jetzt nach Hause, damit
deine Mutter auch etwas davon hat» So
begab er sich denn auch auf den Weg, aber
es ging verdammt langsam; doch langte er
endlich bei der Mutter an, die über das
Mehl sehr froh war und sich alsbald daran
machte, einen Brei zu kochen. Ja, aber es
war kein Wasser zu Hause und sie selbst
war alt und gebrechlich und konnte nicht
nach dem Fluss gehen, um welches zu holen,
so dass sie den Sohn bat, er möchte doch
nach einem Eimer Wasser gehen. Zwar .
meinte er, das wäre unmöglich; er könne
nicht gehen, da er so fleissig gearbeitet
hätte ; aber am Ende musste er doch an den
Fluss und Wasser holen. Als er nun dort-
hin kam und den Eimer ins Wasser tauchte,
so zog er in demselben einen Hecht heraus,
der aber heftig schrie und fort wollte : «Nein,
dachte der Bursche; es wäre doch gar zu
hübsch, wenn wir zu dem Mehlbrei etwas
zum Zuessen hätten ;» und deshalb wollte er
den Hecht nicht wieder ins Wasser lassen.
Dieser hörte jedoch nicht auf zu bitten und
versprach endlich, dass wenn er freigelassen


UND ABERGLAUBEN

173

würde und wieder in den Fluss käme, so
solle der Junge drei Wünsche1 frei haben,
die sämmtlich in Erfüllung gehen würden.
Da konnte letzterer nicht länger widerstehen,
ging auf das Anerbieten ein und that folgende
drei Wünsche. Erstens sollte er soviel Geld
bekommen, dass er zu Hause die Banknoten
packetweise vorfände ; zweitens sollte er bei
den drei Töchtern des Gastwirths schlafen
dürfen ; und drittens sollte die Maus einer
jeden mit Sprache begabt sein.8

Der Hecht versprach, dass alles dies ge-
schehen würde, und wirklich auch fand der
Bursche zu Hause überall grosse Packete
Bankanweisungen, mit denen er sich die
Taschen vollstropfte und nach dem Wirths-
hause begab, woselbst er ein Fässchen Brannt-
wein verlangte. Als der Wirth dies hörte,
fuhr er auf und fragte, womit er denn den
Branntwein bezahlen wolle, er, der ein so
armer Teufel wäre. Der Bursche wurde
über diese Frage wie toll und warf ein
grosses Packet Papiergeld auf den Tisch,
so dass nun die Reihe der Beschämung an
den Wirth kam und er gern wissen wollte,
wie jener zu so viel Geld gekommen wäre.
Dieser aller wollte es ihm nicht auf die Nase
binden, sondern sagte bloss, dass er zu Hause


174 SCHWEDISCHE SCHWANKE

noch mehr hätte, und bekam in Folge dessen
so viel Branntwein zu trinken, wie er nur
irgend wollte. Der Wirth setzte sich dann
zu dem mit Geld gespickten Gaste und trank
mit demselben, bis es Abend wurde und als
dieser zur Bettzeit meinte, er möchte wo
mit einer von des Wirthes Töchtern zu-
sammenschlafen, hatte Letzterer auch nichts
dagegen, vielmehr geschah was der .Gast
wünschte, und er schlief bei einer von den
Mädchen.

Als es Morgen wurde, wollte der Wirth
wissen, wie das Mädchen sich bei Nacht er-
wiesen, worauf der Gast erwiderte, sie hätte
sich zwar ganz wacker benommen', doch
möchte er wol auch die zweite Schwester
probiren. Darauf wollte der Vater sich nicht
einlassen, hatte jedoch nichts dagegen mit
seinem Gaste bis zum Abend zu trinken.
Da endlich bewilligte er dessen Begehren
und jener durfte sich mit dem zweiten Mäd-
chen zu Bette begeben, worauf der Wirth
am folgenden Morgen wiederum wissen
wollte, wie es dem Gaste ergangen wäre und
dieselbe Antwort erhielt, wie am vorigen
Tage, mit dem Zusätze, dass der Bursche
nun auch mit der dritten Tochter die Nacht
zubringen wollte. Obwoi nun dieser An-


UND ABERGLAUBEN 175

trag mit grosser Bestimmtheit abgeschlagen
wurde, ging es doch schliesslich wie die
beiden ersten Male ; der Wirth trank mit dem
Gast bis zum Abend, und dieser durfte das
dritte Mädchen zu Bette begleiten. Am
nächsten Morgen fragte denn auch der Wirth
seinen Gast, wie es ihm überhaupt mit den
Mädchen ergangen wäre, «Ja, erwiderte
dieser, sie haben sich ganz brav benommen,
aber sie Hessen sich doch 'knüllen'.» Da
wurde der Wirth ganz aufgebracht über
die Aeusserung des Burschen und forderte
ihn darüber vor Gericht, wo der Richter
den Beklagten fragte, ob er beweisen könne,
was er gesagt. Ja, das könne er, antwortete
der Bursche, und das älteste Mädchen wurde
hereingerufen. Dieser schlug der Beklagten
auf die Maus und fragte : «Wieviel mal hast
du dich knüllen lassen?» — «Dreimal!» ant-
wortete der befragte Theil. Darauf wurde
das zweite Mädchen herein gerufen und die
Antwort lantete: «Zweimal.» Als nun das
älteste Mädchen hinaus ging, sagte sie zu
der jüngsten, sie solle in ihre Maus einen
kleinen Strohhalm stecken. Diese that also,
und als sie hereingerufen wurde, liess ihre
Maus kein Wort vernehmen, so dass der
Richter zu dem Beklagten sagte, mit seiner


SCHWEDISCHE SCHWANKE

Sache stünde es schlecht. «O, erwiderte
jener, noch lange nicht,» und als der Richter
das Mädchen hinausgehen liess, gab ihr der
Bursche, wie sie an die Thüre kam, einen
so derben Fusstritt vor den Hintern mit den
Worten: «Wie oft hast du dich knüllen
lassen?», dass der Strohhalm zu Boden fiel
und die Maus mit lauter Stimme antwortete:
«Einmal und da war ich nicht bei Sinnen»
Der Richter hörte nun, dass der Beklagte
die Wahrheit geredet und sprach ihn frei.

# II

«BOLLSASSA,* DRAUF LOS!»

s war einmal ein Mädchen, die viele
Freier hatte, aber keinen davon zu
ihrem Bräutigam erwählen wollte und zwar
deswegen, weil sie sehr liebesüchtig war und
es für am besten hielt, von je mehr Lieb-
habern sie geknülltt wurde. Dies ahnte einer
derselben und beschloss sich an ihr zu rächen,

* Boll sa ss a ist ein unbekanntes Wort.


UND ABERGLAUBEN 177

und zwar hatte er sagen hören, dass wenn
man einen Mann und eine Frau bei der
Liebesarbeit sähe und dabei sagte: «Boll-
sas sa, drauf los!» so sollten sie nicht auf-
hören können, ehe derselbe Zuschauer sagte :
«Komm just ins Horn!»* Dies wollte er nun
an dem Mädchen versuchen.

Er schlich sich daher eines Abends in
ihre Stube und kroch unter das Bett, so
dass, als das Mädchen kam, sie ihn nicht
merkte. Bald nachher kam einer von den
Freiern und legte sich zu ihr: sie hatten
aber nicht lange gelegen, so veranlasste das
Mädchen ihren Liebhaber, das Liebesspiel
zu beginnen, weshalb der unter dem Bett
es für Zeit hielt zu sagen: «Bolls a s sa,
drauf los 1» in Folge wovon die im Bett Be-
findlichen ihre Arbeit ununterbrochen fort-
setzten. Als jener jedoch zuletzt merkte,
dass Letzteren beinahe das Leben ausging,
sagte er: «Komm just ins Horn!» und da
hörten sie auf, worauf sie sich endlich er-
holten. Das Mädchen aber wollte von Stund
an niemals mehr als einen Freier haben.

* Ko m pass i hornet; gleichfalls Unverstand«
liehe Worte.

12


■78 SCHWEDISCHE SCHWANKE

m

DER WÄCHTER *

?» Student war einmal unterwegs und

Bauernhöfe kam, der sehr unreinlich und
tmbehaglieh aussah. Die Bäuerin säss am
Heerde und krämpefte Werg, wahrend die
Kinder in der Stube umher lärmten und
witthschafteten. Ein Junge, Namens Pelle,
' stand am Fenster und sah wie der Student
auf den Hof zukam, so dass er der Mutter
zurieft «Mämme, da kommt ein Mann!»
Nun war es aber so, dass die Kinder sich
auf dem Tische ausgemacht hatten und die
Excremente auf demselben in einem Haufen
zusammenlagen ; daneben aber stand eine
Schüssel Damit nun nicht die Bescheerung
gesehen würde, sagte die Bäuerin: «Pelle,
decke die Schüssel Über den Haufen,» und

* Gramus tuet due; vgl. Ztschf ft. f. Ethnöl. fcerKn.
1874. S. 75.

*• Viaticum heisst die freiwillige Unterstützung,
welche Studierende auf der Reise von Hof zu Hof ein-
sammeln, wenn sie sich zum ersten Mal nach der Aka-
demie begeben. Man nennt dies viaticieren.


UND ABERGLAUBEN

179

der Junge that also. Die Kinder aber hatten
auch auf andere Stellen in der Stube ihre
Nothdurft verrichtet, und als der Student
über die Schwelle schritt, trat er gerade
mitten in einen solchen Haufen. Ueberrascht
blieb der Student stehen, sah sich seine
Stiefel an und sagte: «Meiner Treue, so etwas
habe ich doch noch nimmer gesehen 1» Pelle,
der auf dem Tische sass, hörte dies und
hob die Schüssel von dem Haufen, wobei
er ausrief: «Ja, hier sollt Ihr wol so etwas
zu sehen bekommen 1»

IV

DIE ZWEI STUDENTEN AUF DER REISE

In waren einmal zwei Studenten auf
der Reise, und als es eines Tages spilt
wurde, mussten sie ein Nachtquartier suchen,
konnten aber nirgend welches finden ; denn
sie wurden überall abgewiesen. Da nun
nichts anders zu thun war, sahen sie sich
gezwungen, List anzuwenden. So gingen
sie denn in den letzten Bauernhof, der noch

12*


l8o SCHWEDISCHE SCHWANKE

übrig war, hinein, uud da sie wieder den
Bescheid erhielten, dass kein Platz für sie
vorhanden wäre, so 'äusserten sie, dass wenn
man nur wüsste, was für Leute sie wären,
würde man ihnen sicherlich ein Nachtlager
nicht abschlagen. «Nun, meinte der Bauer,
was seid ihr denn für Leute?» — «Ja, hiess
es, wir sind Propheten, und sind aus, den
Menschen zu verkünden, welch grosse Dinge
heute Nacht geschehen sollen.» Als der
Bauer dies hörte, so änderie er bald den
Ton und nahm sie in sein Haus auf, worauf
er von den Studenten erfuhr, dass in der
Nacht eine grosse Sündflut kommen würde,
so dass sie ihre Wirtsleute aufforderten,
sich vor aller Gefahr wol zu hüten. Diese
zeigten sich sehr dankbar und trafen alle
Anstalt, um in der Wassernot nicht zu er-
trinken; sie machten den Backtrog unter dem
Dache fest und legten sich hinein schlafen.
Die Studenten bekamen ihre Schlafstelle in
der Kammer angewiesen, und damit die
Haustochter gegen alle Gefahr gesichert wäre,
wurde sie zu ihnen hineingelegt

Da geschah es nun, dass der Liebste des
Mädchens bei Nacht ans Fenster klopfte und
zu ihr hineinwollte, dass aber einer von den
Studenten statt ihrer antwortete, sie wäre


UND ABERGLAUBEN l8l

so krank, dass sie alle Augenblick fürchtete,
ihr ginge die Seele aus. «Ja, erwiderte der
Liebste, bist du so krank, so lass mich doch
wenigstens dich noch einmal küssen, ehe
du stirbst». — «Ja, das soll geschehen,» lautete
die Antwort und der Student schlich sich
ans Fenster. Es war aber eine ganz finstere
Nacht und der Himmel mit dunkeln Wolken
bedeckt, so dass man keine Hand vor den
Augen sehen konnte. Der Student steckte
daher den Hintern zum Fenster hinaus, und
der Liebste des Mädchens zögerte nicht
denselben zu küssen.8 «Du hast ein ge-
schwollenes Gesicht, und riechst auch stark
aus dem Munde,» meinte der Bursche, der
in Folge davon von Mitleid ergriffen wurde
und fragte, ob das Mädchen etwas zu sich
nehmen wolle; er würde dann nach Hause
gehen und etwas Gutes holen. Nun hatte
der Student im Laufe des Tages nicht son-
derlich viel in den Magen bekommen und
antwortete daher, das solle der Liebste nur
immerhin thun; was denn auch geschah.
Er brachte von Hause einen ganzen Eimer
voll Speise ans Fenster und reichte diesen
hinein, welchen auch der Student bereit-
willig entgegennahm und nach einiger Zeit
wieder zurückgab; doch war er da fast


IÔ2 SCHWEDISCHE SCHWANKE

ebenso schwer wie vorher. «Ja, dachte der
Liebste, es muss mit ihr wirklich sehr übel
bestellt sein, da sie so wenig isst,» und ging
dann ganz traurig nach Hause. Dort an*
gelangt, wollte er seiner Mutter zeigen, wie
wenig sein Schatz gegessen hatte; aber als
sie in den Eimer guckten, sahen sie nichts
anderes, als was der Student durch die hin-
tere Ocffhung von sich gegeben hatte. Da
wurde Mutter und Sohn höchst erbittert,
und der letzte beschloss sich zu rechen. Er
steckte das Schüreisen ins Feuer, machte
es gltthroth und begab sich cur IJebste*,
die er von ganzem Herzen bat, steh vor
ihrem Tode doch noch einmal von ihm
küssen zu lassen ; und wirklich auch schleppte
sich der Student unter Jammern und Klagen
mis Fenster, wo er, wie er früher gethaa,
tien Hintern hinaussteckte. Aber statt den-
selben zu küssen, stiess der Bursche das
glühende Schüreisen dem Studenten in des
After, so dass er auf das heftigste schrie:
«Wasser, Wasser 1»

Der Bauer und seine Frau, welche unter
dem Dache kgen, horten das Geschrei ; sie
-glaubten, dass nun die Flut kirne, und schnit-
ten die Stricke •durch, woran der Trog hing,


UJfP ABEft0LAU»Elf IÄJ

worauf dieaer, sowie sit seifest euf den Fuss-
bod-en fielen und fast dit» Genick brachen.

WER EINFACH GIERT, PEM $OU* ZEHN-
FACH VERHOLTE** WERPES4

« war einmal ein Laodpfarrer, der

Bi^&j über den Text predigte, dass d*n% der
einfach gäbe, zehnfach vergolten werden
»olle, und über diese Worte grübelte d*r
Küster so lange noch, feis *r endlich jm dem
Schlüsse Jkam, wenn er dem Pfarrer seine
Kuli gäbe, so bekftme er dafür £*hn mim
wieder. Er nahm daher seine Kuh uni
brachte sie dem Pfarrer mit der Bitte mit
«denselben vorlieb gm -nehme*»; er g*be wtas
«r könne. Oer P&rrer war *ehr froh über
•das hübsche Thier, jpahm estera und daalkm
«dafür bestens; doch bat der Küster rum «ine
Ktewigkeit. «Meine Kuh ist gewannt
Glwkt zu trage», sagte er; wird ihr >nu»
•diese genommen, so wird sie sicherlich vf&v
tammea;» «r bitte daher scböwrte*M,

V


l84 SCHWEDISCHE SCHWANKE

sie vor wie nach die Glocke trüge und des
Pfarrers Leitkuh würde. Der Letztere hatte
nichts dagegen und hiess deshalb seine
Magd, des Küsters Kuh die Glocke umzu-
hängen. Dies geschah, und die andern Kühe
folgten derselben zur Weide. Als es nun
am ersten Tage Abend wurde, fing das Vieh
an heimwärts zu gehen, und nach alter Ge-
wohnheit ging die Leitkuh nach ihrem frühe-
ren Stalle, wobei die andern Kühe ihr folgten,
und auch der Küster nichts dagegen hatte,
vielmehr glaubte, dass alles so in der Ord-
nung wäre.

Da also die Leute des Pfarrers ihr Vieh
nicht nach Hause kommen sahen, mussten
sie hinaus, um es zu suchen, wobei sie er-
fuhren, dass es im Stalle des Küsters wäre,
und dies berichteten sie alsbald ihrem Herrn.
Dieser liess sogleich den Küster holen, um
ihn zu befragen, wie er zu seinen (des
Pfarrers) Kühen gekommen wäre ; und nach
einiger Zeit erschien jener gut gelaunt wie
gewöhnlich, denn obgleich der Pfarrer sehr
böse war, wollte ér es doch nicht sein. «Wie
kommt es denn, dass ihr alle meine Kühe
an euch gebracht habt?» fragte der Pfarrer.
«Ja, schauen's, antwortete der andere, der
Herr Pastor sagte ja vorigen Sonntag, dass


UND ABERGLAUBEN 185

wer einfach gebe, der solle zehnfach wieder-
bekommen, und da ich dem Herrn Pastor
meine einzige Kuh gegeben habe, so ist es
wol recht, dass mir dafür seine zehn Kühe
zu Theil geworden sind.» Zwar wollte der
Pfarrer auf diese Rede nicht eingehen, aber
der Küster Hess nicht davon ab und bestand
darauf, die Kühe wären sein. Endlich kamen
sie Überein, dass derjenige von ihnen, der
dem andern zuerst einen guten Morgen böte,
der solle alle Kühe bekommen; und dabei
blieb es.

Als es nun am Sonnabend Abend dunkel
wurde, begab sich der Küster nach der Hof-
stätte des Pfarrers und kletterte auf eine
hohe Eberesche, die auf dem Hofe stand
und blieb da sitzen, bis es zu tagen anfing.
Da kam bei Nacht der Pfarrer aus dem
Hause und ging zu einer von den Mägden,
die in der Scheune schlief; er blieb bei ihr
eine Zeit lang und kam dann mit ihr heraus
auf die Scheunenbrückc,* weil sie ihr Wasser
lassen wollten. Als dies geschehen war,
griff er ihr unter die Röcke ans Gemächt
und fragte: «Was ist das für ein Ding?» —
«Aegypten», antwortete sie und fragte zu-

* s. Kmunr. Bd. 1, s. 33a. No. 16.


£6 SCHWEDISCHE SCHWANKE

gleich, indem sie ihm in die Hosen fasttt;
«Was ist das fur ein Ding?» — «Moses», y er-
setzte er, und lasse Moses durch Aegypten
stehen I» Sie hatte dagegen nichts einzu-
wenden, und so gingen sie beide wieder
hinein. Nachdem der Pfarrer ziemlich lange
in der Scheune geblieben war, begab er sich
in sein Wohnhaus und erschien bald darauf
in seinem Sonntagsornat mit ganz ernst-
hafter Miene. Indem er alsdann an der Eber-
esche vorüberging, rief der Küster: «Guten
Morgen, guten Morgen, Herr Pastor!» —
Ueberrascht sah dieser empor in den Baum
und erblickte dem Küster, worauf er ihn
fragte: «Wie lange habt ihr da gesessen ?~~
«Seitdem Moses durch Aegypten zog,» lautete
die Antwort, worauf der Pastor sagte: «Still,
still, die Kühe gehören euch.»

Variante /.

In dieser Wendung treffen der Pfarrer
und der Küster zur Schlichtung ihres Zwiste?
dasselbe Uebereinkommen wie das im Haupt-
teste mitgetheilte, wobei jedoch der Küster
sich Abends in des Pfarrers Stube schleicht,
unter sein Bett kriecht, und sich dort ver-


UND ABERGLAUBEN t$7

steckt hält. Und so geschieht es denn, dass,
sobald der Pfarrer zu Bett gegangen ist,
gleich darauf seine Haushälterin nachkommt
und sich zu ihm legt. Es dauert nicht lange
so fängt der Pfarrer an, das Mädchen zu
betasten und nach dem Namen jedes ein-
zelnen KÖrpertbeils zu fragen* Die Brüste
nannte sie «die himmlischen Glocken», den
Magen «den Berg Tabor» und. ihre Heim-
Hchkeit «Josuae Grab», worauf der Pfarrer
bemerkte: «dann muss ich dorthin meinen
Stab pflanzen!» Dies alles und noch mehr
hörte der Küster, jedoch ohne sich zu
rühren, bis es Morgen wurde und der Pfar-
rer aufstand, um dem Küster Guten Morgen
zu wünschen. Demnächst kroch auch der
Küster unter dem Bette hervor und begab
sich zur Kirche, so dass, als der Pfarrer
dorthin kam, er den Küster singen hörte:
«ich veraahm das Lauten mit den himm-
lischen Glocken» und mehres andere noch»
dessen aber der Erzähler sich nicht mehr
erinnert. Der Schluss hierauf wie 1a der
Haupteczählung.


l88 SCHWEDISCHE SCHWANKE

Variante II.

Hier wird erzählt, dass, als der Pfarrer
und die Magd auf die Scheunenbrücke
hinaustraten, um ihr Wasser zu lassen, der
Pfarrer die Magd fragte: «Wie heisst das,
womit du pissest ?» — «Aegypten», antwortet
sie und fragte dann : «Wie heisst das, womit
du pissest ?» — «Moses», antwortete er, und
da Moses so nahe ist, so lass ihn einziehen
in das Land Aegypten u. s. w. u. s. w.»

Variante III.

Als Fortsetzung dieses Schwankes wird
zuweilen auch noch hinzugefügt:

Da der Pfarrer nun, wie vorbetnerkt,
seine Kühe verloren hatte, blieb ihm blos
noch ein Mastschwein übrig, dessen er aber
gleichfalls verlustig ging, weil der Küster es
ihm stal und es schlachtete. Der Pfarrer
merkte, dass der Küster, der sonst wenig
zu beissen und zu brocken hatte, einen guten
Vorrath von Speck besass, und roch alsbald
Lunte. Er fragte daher eines Tags des
Küsters Jungen, woher denn bei ihnen der
viele Speck käme. «Ja, antwortete dieser,


UND ABERGLAUBEN 189

Vater hat das Schwein von Pfarrers geholt
und hat's geschlachtet Das hat gewiss viel
Speck abgegeben.» — «Kinder sprechen
immer die Wahrheit,» dachte der Pfarrer
und wollte an dem Küster eine besondere
Rache üben wegen des begangenen Dieb-
stahls. Am nächsten Sonntag also hiess er
Küsters Jungen auf die Kanzel steigen und
der Gemeinde ausführlich erzählen, wie es
mit dem Mastschwein zugegangen wäre, so
dass alle hören sollten, was für einen präch-
tigen Küster sie besässen. Aber es ging
anders, als der Pfarrer dachte; der Junge
sagte kein Wort von des Pfarrers Schwein,
sondern zog blos über ersteren her. «Wenn
Vater von Hause ist, sagte er unter anderm,
pflegt der Pfarrer zu uns zu kommen und
bei Mutter zu schlafen.» Der Pfarrer gerieth
darüber ganz ausser sich und schmiss den
armen Jungen von der Kanzel herab, so
dass er sich den Schädel spaltete, der Pfarrer
aber davon laufen musste; und so endete
die Geschichte.


190 SCHWEDISCHE SCHWANKE

VI

die bischofsvisitation

s hatte einmal eine Gemeinde einen
gar kläglichen Pfarrer, mit dem es
aber am allerschlimmsten ging, wenn er pre-
digen sollte, so dass die Leute sich endlich
keinen anderen Rath wussten, als dass sie
sich an den Bischof wandten und ihn um
Abhilfe baten. Dieser versprach ihnen auch
wirklich, dass er selbst zu ihnen kommen
und nachsehen würde, wie es mit dem
Pfarrer stünde. Und so langte er denn auch
in der That eines Sonnabends in dem Pfarr-
hof an, fand jedoch den Priester schwer er-
krankt, so dass er dalag, als wäre er mause«
todt. Der Bischof war allerdings sehr er-
schrocken und wollte zusehen, ob sich m
dem Pfarrer noch etwas Leben regte oder
er wirklich das Zeitliche gesegnet hätte. So
zündete er ihm den Bart an, vermeinend,
dass er sich wol rühren würde, wenn sich
in ihm noch eine lebendige Ader fände. Aber
umsonst; er lag bewegungslos. Da versuchte
es der Bischof auf andere Weise und tropfte
ihm heissen Talg auf die Brust; jedoch auch


UND ABERGLAUBEN lOt

dies blieb ohne Erfolg. Endlich gab ihm
der Bischof einen tiefen Schnitt in die grosse
Zehe; allein auch das war vergeblich, und
sah dann der Bischof, dass es mit dem
Priester vorbei war.

Wahrend nun der Bischof so mit dem
Priester diese verschiedenen Experimente
machte, brach der Abend herein und er
musste die Nacht im Pfarrhause zubringen,
da ihm natürlich oblag, am nächsten Tage
für den verstorbenen Pfarrer zu predigen;
wobei aber der Umstand eintrat, dass er in
der Frau Pastorin eine gar junge und schöne
Person fand. Da nun ihr Mann tot war,
so machte sich der Bischof viel mit ihr zu
schaffen, und es kam am Ende so weit, dass
sie mit einander zu Bett gingen, und der
Bischof benahm sich ganz wie andere Men-
schen ; er betastete sie von allen Seiten und
griff ihr an die Brüste, wobei er sie fragte,
wie man diehiesse: «Jesaiae Glocken!» ant-
wortete sie. Dann griff er ihr an den Bauch
und fragte, wie man den hi esse. «Berg
Tabor!» versetzte sie. Hierauf fasste er ihr
an eine andere Stelle, die ich nicht nennen
mag, und fragte, wie man d i e hiesse. «Mose
Grab!» erwiderte sie und dabei blieb es
dann. Die rnuthmassliche Wittwe war wo!


192 SCHWEDISCHE SCHWANKE

anfänglich ziemlich verschämt, aber am Ende
fing sie doch an zu fragen, nahm des Bi-
schöfe Quoniam in die Hand und fragte,
wie man den hiesse: «Papst», antwortete
jener, indem er hinzufügte; «Lasse den Papst
in Mose Grab ruhn!» und so geschah es
auch. Der Papst ruhte die ganze Nacht in
Mose Grab und wachte nicht eher auf, als
bis am Sonntag Morgen die Sonne hoch am
Himmel stand und die Glocke bereits die
Gemeinde zusammenrief. Da sprang der
Bischof in höchster Eile aus dem Bette,
warf rasch den Ornat über und eilte in die
Kirche, wo er zu seiner grössten Ueber-
raschung den Gemeindepfarrer vor dem
Altar stehen fand und hörte wie er sang:
«Gestern kam ein Priester zu mir, der mir
den Bart verbrannte, der mir heissen Talg
auf die Brust tropfte und mir in die grosse
Zehe einen tiefen Schnitt gab.» Der Küster,
mit dem der Pfarrer sich verabredet hatte,
fragte ihn hierauf singend: «Und wann ge-
schah das?» worauf der Pfarrer fortfuhr:
«Als er Jesaiae Glocken läutete, über den
Berg Tabor zog und dann den Papst in Mose
Grab ruhen liess.»

Der Bischof hörte natürlich diesem Ge-
sang still und andächtig zu, und als dann


UND ABERGLAUBEN 193

die Predigt geschlossen war, sagte er zu der
Gemeinde, dass sie einen wackeren Pfarrer
hätten und einen besseren könnten sie
nimmer bekommen; worauf er seinen Ab-
zug nahm.

VII

DER PFARRER, DER NIEMALS GESEHEN

HATTE5

8 war einmal zur Weihnachtszeit, und
auf dem Pfarrhofe war man damit
beschäftigt, das Weihnachtsbier zu brauen.
Eines Abends aber schlich sich der Käthner
des Pfarrers nach der Braustube, um etwas
Würze zu stehlen, welche dort in einem
Bottich stand. Kaum aber war er in der
Stube, so hörte er Leute, die hinter ihm
her kamen, so dass er voll Schrecken zu
den Stubenbalken 6 emporkletterte, um sich
dort zwischen denselben zu verstecken. Kaum
sass er fest, so kam der Pfarrer mit der
Frau herein, um das Bier zu kosten und zu-
zusehen, ob es genug gegohren habe; es
war schon dunkel und sie hatten eine La-

KovnrctStet. H. 13


194

SCHWEDISCHE SCHWANKE

terne mit sich. Als sie nun ihre Absicht
ausgeführt und wieder gehen wollten, sagte
der Pfarrer zu seiner Frau: «Oft habe ich
gegriffen, aber niemals gesehen,» worauf
letztere meinte, wenn es weiter nichts wäre,
was ihm fehle, so wäre es ja nur eine Klei-
nigkeit, und zugleich hob sie sich die Röcke
auf und liess ihn sehen. Der Käthner aber,
der sich auf dem Balken ganz stille ver-
halten hatte, war gleichfalls der Meinung,
dass es ganz ergötzlich sein müsse, der Frau
Pastorin einmal unter die Röcke zu gucken,
und streckte sich vor, so weit er konnte,
bewirkte aber nichts weiter, als dass er, Par-
dauz! in den Braubottich stürzte. Erschrack
der Käthner, so erschrack der Pfarrer und
seine Frau tausendmal mehr, und über Hals
und Kopf eilten sie aus der Stube, als wäre
der leibhaftige Gottseibeiuns hinter ihnen her.

Den Tag nachher kam der Käthner auf
den Pfarrhof, um seine Arbeit zu verrichten,
und die Frau hiess ihn das Bier in die Ställe
zu bringen und dem Vieh zu geben, was
der Käthner durchaus nicht zu begreifen
vermochte, wie er sagte. «Ja, meinte jene,
es ist etwas in das Bier gefallen, so dass
wir es unmöglich gebrauchen können. Wolle
er es haben, so könne er es herzlich gern


UND ABERGLAUBEN

195

bekommen.» — «I freilich, lautete die Ant-
wort, das will ich bestimmt,» und so trug
er das Bier zu sich nach Hause, und es war
ein ganz vorzügliches Getränk.

s war einmal ein Pfarrer, der hatte

Ke9 eme Frau, Namens Maus, und einen
Knecht, Namens Pint, An einem Sonntag
Morgen schickte der Pfarrer seinen Knecht
zum Schlächter, um Fleisch für Mittag zu
holen; der Schlächter aber hiess David.
Der Knecht that zwar wie ihm geheissen
war, kam aber ohne Fleisch zurück ; denn
der Schlächter wollte erst für das bezahlt
sein, was er bisher auf Credit gegeben hatte.
Als der Knecht nun nach Hause kam, war
der Pfarrer bereits mit seiner Frau nach
der Kirche fort, wohin auch der Knecht sich
begab, weil er ihm doch berichten musste,
wie es ihm gegangen war. Der Pfarrer stand
bereits auf der Kanzel und predigte und

VIII

DIE FIDELE MAUS7


I96 SCHWEDISCHE SCHWANKE

donnerte los gegen alle Sünde. Just wie
der Knecht in die Kirchenthür trat, rief der
Prediger mit lauter Stimme der Gemeinde
zu : «Was sagte David ?» Der Knecht glaubte»
dass die Frage ihm gelte, und ehe Jener in
seiner Rede fortfahren konnte, unterbrach
ihn der Knecht mit den Worten : «Er sagte,
dass der Herr Pfarrer kein Fleisch mehr be-
kommen solle, ehe er die alte Schuld bezahlt
habe.» Der Pfarrer geriethbei diesen Worten
ganz ausser sich und schrie aus allen Kräften :
«Wer den Pint Vausbringt, bekommt einen
Scheffel Roggen !». Nun herrschte zu der Zeit
eine grosse Theuerung im Lande, und es war
nicht leicht einen Scheffel Roggen zu ver-
dienen; deshalb dachten die männlichen
Mitglieder der Gemeinde nicht lange über
die Sache nach, sondern erhoben sich von
ihren Plätzen, knöpften die Hosen auf und
nahmen den Pint heraus. Es wäre nicht
möglich zu schildern, wie sehr alle Bauern-
weiber und Dirnen sich schämten! Sie
sassen da und schlugen die Augen nieder
oder wussten vielmehr nicht, wo sie hin-
sehen sollten; am schlimmsten aber schien
die Pastorin daran zu sein, welche ganz
vorn am Altar auf der Pastoratsbank sass.
Aber weit gefehlt! Die Pastorin meinte,


UND ABERGLAUBEN 197

das wäre etwas ganz Lustiges; sie stieg auf
die Bank und sah sich die Geschichte mit
grossem Ergötzen an, so dass der Pfarrer
überlaut von der Kanzel rief: «Schaut ein-
mal wie fidel die Maus ist!»

IX

PRIESTER UND KÜSTER AUF DER PFERDE-
SUCHE 8

er Pfarrer und der Küster einer Land-
gemeinde sollten einmal des ersteren
Pferde aufsuchen,* und er wusste nicht
recht, ob es nöthig wäre, Lebensmittel mit-
zunehmen, während der Küster dies für
ganz unnöthig hielt. Der Pfarrer Hess also
die Speisetasche zu Hause, während der
Küster alle Taschen vollstopfte. Als sie nun
zwei Tage lang vergeblich gesucht hatten,
wurde der Pfarrer gar sehr hungrig, glaubte

* Im Sommer werden die Pferde in den Wald auf
die Weide gelassen, wo sie ohne irgend welchen Hirten
bleiben. Der Pfarrer sollte nun die seinen aufsuchen.


I98 SCHWEDISCHE SCHWANKE

aber, dass der Küster, welcher voraus ging,
etwas knapperte und fragte ihn, was das
wäre, das er da ässe. «O, antwortete jener,
es sind ein paar Rossäpfel, die ich da esse.»
Von dieser Speise gab es genug auf dem
Wege, und der Pfarrer klaubte welche auf
und ass davon. Als sie aber noch zwei
Tage weiter gegangen waren, kamen sie an
einen Bauernhof und baten um Nachtquar-
tier, was sie auch bekamen, so wie nicht
minder Speise und Trank, obwol der Pfarrer
bei Nacht noch immer grossen Hunger em-
pfand. Nun hatte aber die Hausfrau einen
Brotkuchen* angemacht und diesen in einem
grossen Topfe zum Backen in die Heerd-
grube gesetzt. Das hatte der Küster ge-
merkt, und als er nun hörte, dass der
Pfarrer noch hungrig war, sagte er zu ihm:
«Dort auf dem Heerde steht ein Brotkuchen
in einem Topfe; gehet dorthin Herr Pastor,
und esset so viel ihr wollet mit dem Koch-
löffel und dann bringet mir auch einen
Löffel voll hierher.» Hierbei ist zu bemer-
ken, dass es in der Stube pechfinster war
. und der Bauer mit seiner Frau in einem
andern Bette schlief, das auch in der Stube

* Diese Art dicken Brotkuchens heisst söt-bulle.

4


UND ABERGLAUBEN 199

stand. Der Küster that nun, als besorgte er,
der Pfarrer käme, wenn er gegessen hätte,
zum unrechten Bett, und bat ihn daher, an sein
Bett eine Schnur anzuknüpfen und vermittelst
derselben vom Heerde aus wieder zurück-
zukehren, um sich nicht zu irren. Der
Pfarrer folgte dem Rath, knüpfte die Schnur
an und ging zum Heerd, während der
Küster, sobald der Pfarrer aufgestanden
war, sich beeilte, die Schnur von seinem
Bette los und an das der Eheleute festzu-
binden. Sobald nun der Pfarrer sich satt
gegessen, ging er an der Schnur mit der
vollen Kelle nach seinem Bette, wie er
glaubte, kam aber an das des Bauern und
sprach : «Hier bin ich, Küster, mit dem vollen
Kochlöffel, nehmet und esset nun auch !» er
bekam aber keine Antwort.

Inzwischen hatte die Bauersfrau, weil ihr
zu heiss war, die Bettdecke von sich ge-
schoben und lag im Hemde mit dem blossen
Hintern zum Bette heraus, wobei sie einen
tüchtigen Fist streichen Hess, während der
Pfarrer glaubte, der Küster hielte den Brot-
kuchen für zu heiss und bliese deshalb da-
rauf, so dass er leise bemerkte, es wäre
Überflüssig zu blasen, der Kuchen wäre kalt
genug. Da der Pfarrer nichts weiter hörte*


200 SCHWEDISCHE SCHWANKE

so verlor er endlich die Geduld und sagte:
«Wollet ihr nicht essen, dann schmeisse
ich es euch ins Gesicht,» und zugleich warf
er den Inhalt der^ Kelle der Bauersfrau
mitten auf den Hintern. Schliesslich kam
er doch zu seinem Bette zurück, hatte sich
aber die Hände so besudelt, dass ihn der
Küster bat, sie sich zu waschen, da sich in
einem Fässchen in der Stube Wasser be-
fände. Der Pfarrer suchte dasselbe, ging
jedoch im Finsteren irre und fuhr mit den
Händen in einen tiefen Syrupnapf, so dass
er bitter zu jammern anfing, der Küster aber
ihn die Hände in der danebenstehenden
Tonne reinigen hiess. Der Pfarrer wollte
dies thun und steckte die Hände hinein,
kam indess noch übler an, denn in der Tonne
waren Daunfedern! Am Ende fand der
Pfarrer das rechte Gefäss und konnte sich
waschen, fühlte jedoch bald das Bedürfhiss
sein Wasser zu lassen und hörte von dem
Küster, dass vor der Thür sich ein Stein
befände, auf den er sein Wasser abschlagen
sollte. Aber auch dieser Nachweis war nur
eine Bosheit des Küsters; denn vor der
Thür befand sich kein solcher Stein, son-
dern da sass die Bäuerin, welche eben ihre
Leibesbürde ablegte. Der Pfarrer ahnte


UND ABERGLAUBEN

20I

kein Arg, sondern, des Küsters Rath folgend,
pisste er der Frau gerade auf den Hintern,
und in Folge davon sowol wie seines sonsti-
gen Benehmens wurde er mitsammt dem
Küster aus dem Hause gejagt, was auch gar
nicht zu verwundern war.

in Propst hatte einmal einen Knecht

jgLgS) und eine Magd, die er gern miteinan-
der verheirathen wollte, was auch geschah.
Als sie nun eine Zeit lang verheirathet
waren, wurde die junge Frau schwanger,
und dies bemerkte der Propst. Während
daher der Mann jener einst abwesend war,
ging der Propst zu ihr und «belehrte» sie,
dass ihr Mann vergessen hätte, dem Kinde,
das sie trüge, einen Kopf zu machen, «und,
fügte er hinzu, es bleibt ein schrecklich miss-
gestaltetes Geschöpf, wenn du ihm nicht
einen Kopf machen lassest und zwar so bald
wie möglich; am besten wäre es freilich,

X

DER VERSTELLTE DOKTOR

ê


202 SCHWEDISCHE SCHWANKE

wenn der Mann einer Andern das thun
wollte.» Die junge Ehefrau wurde ganz
angstlich und ging den Propst mit Bitten
an, ihr in dieser dringenden Noth beizu-
stehen, brachte aber nichts zu wege ; er liess
sich nicht dazu bringen. Endlich jedoch
gab er nach, indess nur unter der Bedingung,
dass er für seine Bemühung einen Ochsen
als Ersatz bekäme, worauf die Frau sehr
gern einging und ihm seine Forderung be-
willigte; der Propst aber machte hierauf
dem Kinde den Kopf auf dieselbe Weise
wie man den ganzen Leib zu machen pflegt,
nahm dann den Ochsen und begab sich nach
Hause.

Als der junge Ehemann wieder zurück-
kam und das Vorgefallene vernahm, gerieth
er in grossen Zorn, und man darf sich nicht
wundern, dass er darüber nachsann, wie er
dem Propst den ihm gespielten Streich ver-
gelten könne ; und dies fing er so an. Eines
Tages war der Propst abwesend und sein
früherer Knecht, jetzt sein Käthner, ver-
kleidete und maskirte sich, bis er nicht
wiederzuerkennen war, worauf er sich in
die Propstei begab und sich für den klugen
Doktor mit der langen Nase ausgab, der
alle Uebel und alle Gebrechen zu heilen


UND ABERGLAUBEN 2o3

verstände; ob man nicht vielleicht seiner
Dienste bedürfe. Da nahm ihn die Pröpstin
in ihre Kammer und fragte ihn, ob er ihr
wol zu sagen vermöge, woher es käme,
dass ihr Mann sich im Bette gar nicht um
sie bekümmere. Der Doktor mùsste sie
also untersuchen und hiess sie mit einem
Beine auf einen Stuhl steigen, damit er
nachsehen könne, ob etwa da unten nicht
alles in Ordnung wäre. Die Frau that, wie
der Doktor sagte, und dieser sah nach;
worauf er sich dahin äusserte, dass er den
Fehler genau erkannt hätte, diesem auch
abzuhelfen vermöge, wenn sie sich auf den
Fussboden hinlegen wolle. Dies geschah;
sie legte sich hin, und der Doktor, der ihr
die Röcke aufhob, steckte ihr ein Ei, welches
er bei sich hatte, in die Fut, wobei er hin-
zufügte: «Lieget jetzt ganz stille, bis ich
wiederkomme; ich muss einmal fortgehen,
komme aber bald wieder.» Der Doktor
begab sich dann in die Küche und fragte
die Magd, ob ihr irgend etwas fehle. «Ja,
sagte sie, es thäte ihr weh im Magen.» Er
hiess sie sich auf den Fussboden nieder-
legen, zog ihr die Röcke in die Höhe, und
nach genauer Betrachtung des Leibes ver-
sprach er ihr Heilung. Er packte nämlich


204 SCHWEDISCHE SCHWANKE

die Katze, die auf dem Heerde sass, schnitt
ihr den Kopf ab und setzte ihn auf des
Mädchens Bauch, worauf er sie mit derselben
Weisung verliess, die er der Pröpstin ge-
geben hatte.

Nun war die Zeit da, wo der Propst nach
Hause kommen sollte; das wusste der vor-
gebliche Doktor und ging ihm entgegen, wo-
bei er einen Hut in der Hand hielt, den er
mit weichem Koth angefüllt und worüber
er einen Bogen Papier gedeckt hatte. Als
er nun mit dem Propst zusammentraf, fragte
er ihn, ob er den Hut kaufen wolle« Er
koste allerdings zehn Thaler, hätte aber die
besondere Eigenschaft, dass wenn man sich
irgendwie in einer unangenehmen Lage be-
fände, so brauche man ihn nur aufzusetzen,
dann wäre alles wieder gut. Ja, das wäre
ein herrlicher Hut, meinte der Propst und
kaufte ihn trotz des theuren Preises. Da-
rauf schieden sie, und jeder ging seines
Weges.

Als nun der Propst nach Hause kam,
traf er auf einen absonderlichen und gräu-
lichen Anblick. Seine Frau war dabei, Eier
zu legen, und die Magd junge Katzen zu
werfen; denn sie lagen beide noch immer
. so wie der Doktor sie gelegt hatte. Hierüber


UND ABERGLAUBEN 205

gerieth der Propst natürlich ganz ausser
sich vor Entsetzen, erinnerte sich jedoch
wozu der Hut gut ware und drückte ihn
sich auf den Kopf. Aber nun wurde es
noch schlimmer: der Koth lief ihm über
die Backen und stank so gräulich, dass er
acht Tage lang keinen Bissen herunterbringen
konnte.

Da sah der Propst, dass er gründlich
gebüsst hatte und machte niemals mehr an-
dern Kindern einen Kopf.


206 SCHWEDISCHE SCHWANKE

XI

DAS SELTSAME GESPANN 10

1 1*B!IN9T war em armer Bauersmann,
w3m Der quälte immer sich am Pflug;
Doch harr* er nie zu essen g'nug.
Den trat der Böse einstens an:

s «Guten Tag, du Ehrenmann, wie mag's

dir gehn?»

— «Für güt'ge Nachfrag, spricht jener,

dank ich schön.
«Ich habe just nu grosse Beschwer,
«Dass in so theurer Zeit ich mich ernähr',
«Und immer fehlt's bald dort, bald hier.»
io — «Ei was, sprach Stöpke, ich helfe dir:
«Doch dienst du mir alsdann; dies ist

mein Beding.»

— «Ja wol, sagt jener, die Forderung ist

gering ;

«Doch wüssf ich gern, wo Ew. Gnaden

wohnt,

«Ob Euer Rang sich in die Höhe fügt,
is «Und ob mein Lohn für mich und Frau

genügt.»

Flugs einen Sack Dukaten er bekam,
Den er nach Hause auf dem Rücken

nahm.


UND ABERGLAUBEN

Original.

R'flniet var en gang en fattig bonde,
%SÊÂ som ständigt ledsnats vid sin plog
och aldrig hade föda nog.
Fick en g&ng möte af hin onde :
«God dag, du heders man, hur star nu

tili?» -

«Jag tacker er,» sa7 bonn, «som därom

fr&ga vill.
Jag hafver just nu mycken möda
art mig i derma dyra ârstid föda,
och aldrig vill det räcka tili.» —
«Â, bagatell», sa' fan; «jag detta hjelpa vill,
men med det förbehäll, att du mig se'n

skall tjäna.» —
«Â, ja!» sa' bonn, «om Gud mig hälsa

vill forläna;
men f&r jag fr&ga först, hvar gunstig

herren bor,
och om dess karaktär är mycket hög och stor,
och om den Ion, jag fär, är nog för mig

och mor?» —
Hvarutan bonn af fan en sack dukater fick,
och den p& ryggen tog och hem at garden

gick.


208 SCHWEDISCHE SCHWANKE

«Juchhe, rief er, heut belux' ich Stöpke

g'nug;

«Doch, Mutter, du musst ziehen 'mal den

Pflug,

ao «Und Liese auch; und bin ich gut be-

rathen,

«So full1 ich euch die Hände mit Dukaten.»

Der Bauer dann zum Acker geht;
Der Pflug dort mit zwei Sielen steht,
An welche Weib und Magd er spannt,
25 Ganz anders, als man sonst wol sieht,
Auf allen Vieren zwar, doch Steiss voran,
Und um den Kopf 'nen Pferdeschwanz

er band.

Als Satankam, um das Gespann zu sehen,
.Blieb mehr und mehr verblüfft er dorten

stehen,

30 «Wo du die beiden fandst, musst du mir

sagen.»

— «Im Walde, gnäd'ger Herr, wie kannst

du fragen ?»

— «Das, sprach der Böse, kann ich nicht

versteh'n.

«Doch mÖcht* ich wol sie füttern seh'a»
Der Bauer zog die Hosen ab und nahm

den Pint heraus,
35 Und gab der Liese dann zuerst; der war's

ein prächtiger Schmaus;


UND ABERGLAUBEN

209

* «Topp opp !» sa' bonn, «i dag skall satan

fâ att klaga;
och du miq kära mor, du mäste plogen

drag a,

20 och Lisa äfVensä, ty bara jag far rä,
skall ni för ert besvär af mig dukater fä.»

Bonden sig ät âkern vände
och hade da till reds tvä selar och en

plog>

och dem väl före spände,
25 men icke som man tror,

ty hufvud gjorde han tili ande
och band därom en svans af tagel ganska

stor. —
Satan kom att dem beskäda;
han stannade, blef flat, ju mer han säg

derpä.

30 «Hvar tog du dessa bäda?» —

«Pä skogen, gunstig fan, «hur kan du

frâga sa?» —
«Ha, ha,» sa* fan, «det sofvel intet

ratar ;

lät mig se, hur du nu matar.» —

Bonn strök sina byxor ned och tog

sä fram en bit
35 och gaf ät Lisa först, som ät med god

aptit.

KQvnràSiu. TL ' ■ • l4


2io

SCHWEDISCHE SCHWANKE

Jedoch die Frau fing an zu brummen.
«Oho, sprach Satan; die Kost schmeckt

nicht ; ich hör die andre stöhnen.»
Und sicher kann man's glauben, dass es

nicht schmeckt,
Wenn man verkehrt am Pfluge treckt,
4o Den Kopf zur Erde niedergewandt,
So dass der Steiss und was dazu gehört
Sich unverhüllt zur Sonne kehrt.

Der Böse ging, war gar nicht hold,
Denn jenem blieb ja all1 das Gold,
45 Und dumm verbleibt der Teufel tr^tz

allem Geist,
Wie diese Geschichte uns klar beweist
Dass StÖpke keine Fran ist, wusst' der

Bauer gut

Und dass er nie ein solches Loch ge-
schaut;

Und keine Kunst war's, ihn zu ver-
blüffen,

so Wenn er vor Augen sah die blosse

Weiberfut.


UND ABERGLAUBEN 211

HärÖfver karingen börjar mucka.

«Â, det var hund !» sa' fan», jag hör den

andra sucka.»
Nu kan man näppligt tro, att det vist

kostar pâ
bakfram for en plog att stâ,
4p med hufVud ner mot jorden vandra,
sä att de bäda röfvarna ock det andra
dylikt emot solen stod. —

Satan gick sin väg helt fiater
och lemna' bonn i frid att vexla bort

dukater.

45 «Var icke Satan dum, för alt geni han

ager ?»

tror jag helt vist, I alla säger,
ty bonden viste yäl, att satan ej är fru,
och att han ej har sett et sâdant nil

forr'n nu.

Det var just ingen konst att uppä saken

hitta,

5* nä> han for ögat s&g en Oppen quinno-

fitta.


212 SCHWEDISCHE SCHWANKE

xn

DER SÜNDIGE PAUL

s war einmal ein junger Bursche, der
I hiess Paul und hatte rothes Haar. Er

war ein Taugenichts und beging lauter heil- •
lose Streiche. Den Pastor prügelte er ein-
mal ganz jämmerlich durch, und fast alle
Frauenzimmer wurden von ihm geschwängert.
Das allerärgste jedoch war, dass er eines
Sonntags sich in der Kirche eines lauten
Windes entledigte.

Voller Tücke wie der Bursche war, be-
gab er sich eines Samstags zu dem Pastor
und stellte sich sehr demüthig und buss-
fertig an. Er verlangte nun nach Vergebung
aller seiner Sünden, und um des Pastors
Herz recht zu erweichen, hatte er eine grosse
prächtige Wurst mitgebracht, die er bat,
ihm schenken zu dürfen. Der Pastor war
wie alle andern Pfaffen; «Pfaffensack hat
keinen Boden», wie das Sprichwort sagt.
Doch wurde der Pastor gar übel angeführt ;
denn der verwetterte Bursche hatte die Wurst-
haut mit kleinen Steinen angefüllt, und als
der Pastor beim Abendbrot die stattliche


UND ABERGLAUBEN 213

Wurst kosten wollte, bekam er die Schelme-
rei zu sehen.

Der Tag darauf war ein Sonntag ; auch
Paul ging zur Kirche, um zu hören was der
Pastor sagen wurde, und als dieser ihn er-
blickte, wurde er von Zorn ergriffen und
rief aus:

«Du sündiger Paul,

du Lästermaul

du Priesterwichser

du Mädchenschänder

du Farzer im Gotteshaus,

deine Sünden werden nimmer vergeben, und
alle RothkÖpfigen werden sicher in die Hölle
kommen! — Einige, aber nicht alle», be-
eilte sich der Pastor hinzuzufügen, indem
er sich erinnerte, dass er selbst rothes Haar
hatte.


214 SCHWEDISCHE SCHWANKE

xni

ein liedchen

mBter Mann, er kam heim, und besoffen
JgjSLÈ war er,

Er schlug mit dem Pint auf den Tisch;
Die Frau aber fragte, was Teufel er thät,
Und fluchte und donnerte schwer;
«Und schlägst du entzwei gar den Pint dir.
Was kriege ich dann in die Fut mir ?

Hurra, ja mir!

Das sage ich dir,
Den Tag, den vergesse ich nimmer!»

0 r ig in a l

ubben kom hem, och drucken var han,
han slog sin ball (scrotum) i bole ;
käringa kom ut och dundra* och svor
ä fragte, hvad fan han gjole.
«Och slâr du nu sonder ballen pâ dej,
hvad skall jag fâ i ritten pâ mej?
Hurra för mej,
det säger jag dej,
den dagen glommes aldrig.»


und aberglauben 215

XIV

HOCHZEITSREDE

or ungefähr fünfzig Jahren noch pfleg

HIB ten Spielmänner oder ähnliche Per-
sonen bei Hochzeiten zu der Gäste Belustigung
folgende Rede zu halten.

«Der Kukuk hole den, der allein bleibt,
d. h. soviel wie Pfui und Verdammniss über
den, der sich nicht verheirathet.
Heirath fehlet nimmermehr;
Sie zieht die ganze Welt umher.
Heirathen ist nützlich bei Tage und er-
götzlich bei Nacht; es ist lustig bei Tisch
und gut im Bett.

Zwei sind besser als eins, und zwei können
eins machen ; und so wie ein gut zusammen-
gedrehtes Tau nicht leicht auseinander geht,
so ist es auch nicht leicht, zwei Liebende zu
scheiden, die bei einander liegen.

Diese unsere Lehre hat unser ehrsamer
Bräutigam stets in seinem Sinn gehabt und
wolbeachtet, weil er es gewagt hat, in der
ganzen Welt umherzuziehen und nach Hei-
rath auf die Suche zu gehen. Und obschon
er ein brennendes Verlangen und stetes Be-


2l6 SCHWEDISCHE SCHWANKE

streben danach gehabt hat sich zu verhei-
rathen, geradeso wie die Katze nach der
Maus und der Fuchs nach der Gans, ist er
doch nicht darauf losgestürzt wie ein dummer
Hund auf ein Stück Fleisch, auch nicht wie
ein Frosch, der in die erste beste Koth-
grube springt, oder wie die Schlange, die
in das erste beste Loch kriecht, das sie an-
trifft; sondern er hat gehandelt wie ein
Bauer, der eine Färse kaufen will. Erst
nimmt er sie in Augenschein von vorn und
von hinten, und dann befühlt er sie an der
Brust, am Bauch und an den Weichen ; und
dann probirt er sie, und dann macht' er ein
Angebot und dann schliesst er den Kauf ab
und führt sie nach Hause und macht ihr eine
Streu im Stalle zurecht und macht sie zur
Kuh; denn eine Kuh ist auf einem Bauern-
hof ein nützliches Ding.

Also auch hat unser ehrsamer Bräutigam
mit seiner herzallerliebsten, allerneischlichsten
und ehrsamen Braut gethan.

Der aber, der ein Mann sein will, soll
sein mannbar und muss die Ohren steif
halten und muss sein

steifgesinnt

und steif im Pint


UND ABERGLAUBEN 21J

und steif im Feld
und steif im Bett
und steif im Gang
und steif im Sack.

Aber die Frau dagegen soll sein wie die
Katze im Monat März. Sie soll nicht bos-
haft und listig sein wie eine alte Katze, die
in den Winkeln sitzt und murrt und knurrt
und bissig aussieht, sondern sie soll sein
wie ein Spanferkel, das, wenn man es an
dem einen Bein kraut, das andere empor-
hebt und dann still liegt und schniebt und
am Ende einschläft. Sie soll nicht sein wie
ein knorriger Klotz sondern wie ein sich
grade spaltender, der wenn der Keil kommt,
sich gerade in zwei Theile spaltet.»


2l8

SCHWEDISCHE SCHWANKE

XV
FEUERSEGEN

m das Feuer d. h. die glühenden Kohlen

£jü unter der darüber geschütteten Asche
bis zum nächsten Morgen im Heerde lebendig
zu erhalten, sagt man am Abend beim Auf-
schütten derselben folgenden Spruch her:
Mus, mas
bolltas

meder i askan
teder i taskan
boll in och boll ut

aldrig skall min eld lockna, förän dagen

d. h. Mus, mas — bolltas — meder
in der Asche — teder in der Tasche —
Hodensack 'rein und Hodensack raus —
nimmer soll mein Feuer ausgehen, ehe der
Tag hell ist (anbricht). —

Die hier und in den folgenden Sprüchen
unübersetzten Wörter sind unbekannter Be-
deutung oder vielleicht verdreht. Taska,
Tasche, bedeutet auch scrotum. Bolltas
ist vielleicht zusammengesetzt aus boll (scro-
tum) und taska; vgl. den folgenden Spruch:

är ljus.


219

Nisch, smiske
smisk, smaske
ball, taske,
skinn, fitte
ball, stut

aldrig skal din ord min eld slockna.
d. h. Nisch, smiske— smisk, smaske
— Hodensack, Tasche — Haut, Fut —
Hodensack, stut — Nimmer soll dein Wort
mein Feuer löschen (ball ist eine andere
Form von boll).


ANMERKUNGEN

ZU DEN

SCHWEDISCHEN SCHWÄNKEN UND ABER-
GLAUBEN

1. Ein Wünsche gewährender Fisch findet sich auch
bei Grimm, Märchen No. 19 ; s. auch die Anmerk. dazu ;
ferner Gött. Gel. Anz. 1868, S. 110 (zu Radioff S. 313) ;
Imbriani, Novellaja Milanese. Bologna 1872, p. 105,
No. 25.

2. Maus, schwed. mus. Beide Wörter bedeuten
auch, wie hier, cunnus. In Betreff des ersteren s. z. B.
Sanders, Deutsches Wb. s. v. — Eine mit Sprache be-
gabte Fut auch bei v. d, Hagen Ges. ab. No. 53 «Der
weisse Rpsendorn.»

8. Aehnliche Scene in einer von Chaucer's Canter-
bury Tales ; doch ist es da die Liebste selbst, welche
bei Nacht ihr Hintertheil durchs Fenster dem Liebsten
zum Küssen darbietet.

4. S. Oesterley zu Pauli Schimpf und Ernst Cap. 324
(Stuttgart. Liter. Verein).

5. Vgl. Cent Nouv. Nouv. no. 12 «Le veau».

6. Stubenbalken, schwed. rinkor ; zwei unter der
Stubendecke parallel befestigte Balken ; auf welche»
Bauholz getrocknet wird.


ANMERKUNGEN 221

7. Vgl. Kçunr. I, 393.

8. Vgl. Bishop Percy's Folio Manuscript. London
1867 (Vol. IV). Loose and Humorous Songs ; p. 61 ff.
«Panche.» In dem Nachtrag (ebendas. p. 128) wird be-
merkt, dass dieser Schwank auch auf Island umlaufe.

9. S. Bonaventure Desperiers, Contes et joyeux devis ;
nouv. 9: «De celui qui acheva l'oreille de l'enfant à la
femme de son voisin.» S. ferner die Nachweise von
Leroux de Lincy zu No. III «La Pêche de l'Anneau»
der Cent Nouv. Nouv. ; füge hinzu Cintio dei Fabrizii,
nov. 16 «Chi non ha Ventura, non vada a pescar» in
Ebert's Jahrb. für rom. u. engl. Liter. 1, 315 ; Wickram,
Rollwagen No. 79.

10. Vgl. Eva Wigström, Folkdikting. Andra Sam-
lingen, Göteborg (1881) S. 113 (Bartsch's German.
28,108 f.) ; August Bondeson, Halländska Sagor. Lund
1880, p. 72 no. 18: «Bonnen, som paokkta mä skam.»


INHALT.

I. Die drei Wirthstöchter....... 171

II. «Bollsaasa, drauf los !»....... 176

III. Der Wächter........... 178

IV. Die zwei Studenten auf der Reise ... 179
V. Wer einfach giebt, dem soll zehnfach ver-
golten werden......... x$3

Variante I......... 186

— II......... 188

- III......... 188

VI. Die Bischofsvisitation........ 19°

VII. Der Pfarrer, der niemals gesehen hatte . 193

VIII. Die fidele Maus.......... J95

IX. Priester und Küster auf der Reise . . . 197

X. Der verstellte Doktor ....... 201

XI. Das seltsame Gespann....... 206

Original • «......• 207

XII. Der sündige Paul......... 2x2

XIII. Ein Liedchen.......... 214

Original ......... 2x4

XIV. IJochzeitsrede ,.......... 2x5

XV. Feuersegen............ 218

Anmerkungen.......... 220


LITERATURA POPULAR
EROTICA

i. -L/e los muchachos andaluces, cuando
andan desavenidos:

— Er cono e tu madre.

— Er de la tuya, que son iguales.

Acerca de la mala co&tumbre infantil de
mentar la madre, V. Rodriguez Marin,
Cantos pop. espaftoles, t. i, pâg. 181 (Sevilla,
1882).

de

ANDALUCIA.

formulas


224 LITERATURA POPULAR

2. En algunos pueblos, las mujeres de
los campesinos suelen ir de puerta en puerta
vendiendo espârragos. Al pregonar su mer-
cancia en casas en que hay algun bromista,
suelen entablar el siguiente diâlogo :

— <Compra 'sté espârragos?

 i Estân guisaos ?

— Y en er co5o e tu madre sancochaos.

3. Cuando las campesinas jôvenes salen
al campo a coger la aceituna, los mucha-
chos les cantan:

Asitunera

Der pîo pîo,

Ebajo e las naguas

Yebais un nîo

De gorrïones

Medio pelones,

Medio bestîos.

4. Al que esta orinando se le suele
decir :

En acabando er jilo,
Corta er pabilo.

A lo cual contesta aquél:
Si tu culo es tijera,
Bén y corta por don de quieras.


DE ANDALUCIA

225

5. Al que déjà escapar el aire por cierta
parte:

Por donde saliô er peo
Er diablo meta er deo,
El âguila er pico

Y er sipote un borrico.

Cipote, uno de los nombres vulgares
del miembro viril.

Otra version;

Por donde saliô er peo
Meta er diablo er deo,
El alaclan er pico,
La bîbora er josico,
Er rabo la sorra

Y er burro la porra.

6. Formula mnemotécnica de los solda-
dos (cazadores), para aprender uno de los
toques de corneta:

Los deos de las manos,
Los deos de los pies,
La picha y los güebos
Son bentitres.

-----

KçvnTadttt. II. 15


226 LITERATUR A POPULAR

REFRANES

1. Del enemigo, el cönsejo; — y de la
mujer, el conejo.

G one jo, uno de los nombres vulgares
de las partes pudendas de la mujer.

2. A la primas, — se le arrima; — y a
las primas hermanas, — con mâs gana.

Se les arrima (el pene): elîptico.

3. El buen engendrador, — poca picha
y buen cojon.

4. Quien buen carajo tiene, — seguro
ba y seguro biene.

5. Mâs puéen dos tetas — que dos car-
retas.

En los Refranes 6 proverbios espaftoles
tradufidos en lengua francesa,
par Cesar
Oudin, Bruxelles, 1612, se halla este refran,
en la siguiente forma:

Mâs tiran tetas que sogas caSameras {6
que exes ni carretas).

Poco ântes, en la misma coleccion:

Mâs tiran nalgas en lecho quebueyes en
barbecho.


de andalucia

227

6. Cama dura, picha tiesa.

7. Er que mea y no hase espuma — no
tiene fuersa en la pluma.

8. Picha espafiola — no mea sola.

9. Entre er culo y er cofio — no cabe
un rear de â ocho.

10. — 1 Que distansia hay entre er coSo
y er culo? — Er canto e un duro.

11. Er mucho joer escompone er cuerpo.

12. A poco dinero, — poco meneo.

Es refran de putas.

13. A los cincuenta — ya no hay cuenta.

Esto es: â los cincuenta afios no hay
menstruacion.

14. Mucho ba de los cojones â corné trigo.

Fûndase este refran en el siguiente
sucedido. Entrôse un burro a corner en
una sementera de trigo y el duefio de esta,
que estaba léjos, gritô al de aquél para que
le hiciera salir del sembrado. Respondiôle
el dueno del burroj: — ; No hay que temer:

15*


228

LITERATURAPOPULAR

es capon! A lo cual objetô enfurecido el
labrador: — Y i que tienen que ver los cojones
con comer trigo ?

15. Con lo que Dios manda y el rey
ofrece — no hay mas que joerse.

Es decir : no hay mas remedio que fasti-
diarse y tener paciencia.

16. San Joerse no tiene bigilia.

17. A uso e tropa: câa uno se joe
cuando le toca.

___^__

AD1VINANZAS

1. Suborne en tf,
Tû te meneas,
Gusto me da,
Lèche te quea.

— El hombre â la higuera.

2. Largo, largo,
Seco, seco,

Y tiene los güebos
En er pescueso.

— La mata de coco y su fruto.


DE AND ALUCIA

229

3. Si quieres saber. seBora,
De la rais que desiendo,
Lebântame er jarapin,
Berâs que singuango tengo.

— El racimo de uvas en la cepa.

4. Tamafio como un napoleon

Y tiene pelos alreor.

— La cebolla.

5. Tan largo como un boyo de chocolate,
Y tiene pelos en el remate.

— La mazorca de maiz.

6. Corchon de pluma,
Cama de pelo;
Debajo de la poya
Tengo los giiebos.

— La gallina clueca.

La poya es uno de los nombres vulgares
del miembro viril.

7. Una cuarta e carne biba,

Y â media noche se empina.

— El gallo.


LITERATURA POPULAR

8. Gordo lo tengo;
Mas lo quisiera,

Que entre las piernas
No me cupiera.

— El caballo.

9. En un calabozo oscuro
Meto lo mio peludo.

— El zapato y la media.

10. Una cuarta 6 poco mas,
Sin güeso ni coyuntura;
Todos los hombres lo tienen,
Y tambien er padre cura.

— El cuello de la camisa.

11. Sobre ti me pongo;
La punta te meto;
Por ti quedarâ

Si no te lo entro.

— El hombre al zapato.

12. Toda la noche me tienes
Con la boca jâsia arriba,
Esperando que me metas
Una cuarta e carne biba.

— El zapato al hombre.


DE AND ALUCIA

13. Recorguin que le recorgaba;
Entre las piernas le andaba;
La nifia lo cogiô,
Y en er bujerito se lo metiô.

— La cuerda del corpino.

14. Duri-blando lo tiene la dama;
Por su gusto le rompen er belo;
Derecho se lo meten y derecho se lo

sacan.

— La oreja y el zarcillo.

15. Lo tomo flojo,
Le unto saliba,
Después lo endereso,
Y por el ojito
Se lo meto tieso.

— El hilo y la aguja: preliminares para
ensartarla.

1$. Très perendengues
Tengo en la mano;
Uno le meto,
Y dos recorgando.

— La hebra doble del hilo, y la aguja.


232 LITERATURA POPULAR

17. Con er pico pica,
Con er culo aprieta
Y con lo que cuerga tapa la grieta.

— La aguja.

18. Arsa, nina, er cobertô,
No me seas temerosa,
Y aprebén er bujeriyo,
Que traigo tiesa la cosa.

— La enfermera â la enferma, para jerin-
garla.

19. Mario mio,

Un hombre ha benio

Y me l'ha metio;

Sangre me ha hecho;

Pidele â Dios que me haga probecho.

— El sangrador y la lanceta.

20. Coloradito y goti-goteando;
Métolo duro y sâcolo blando.

— La sopa en vino.

21. Yo soy el ârbo de la Naturalesa

Y me se arruga la cortesa;
Echo er fruto â rempujones,

Y atrâs tengo los tolondrones.

— El fuelle de la fragua.


DE AND ALUCIA 233

22. Cuando güeno g Ueno,
Tieso como un lefio;
Cuando malo malo,
Tieso como un palo;
Te lo jise dose beses
Y me queö la porra pâ partir nueses.

— El reloj de pesa.

23. Arrimate tu,
Yo me arrimaré,
Y una cuarta que tengo
Te la metere.

— El cerrojo â la argolla por donde
entra.

24. Estando la negreta
Sentada en su silleta,
Llego el negrete
Y le metiô el zoquete.

— La olla sobre el anafe, y el cazo.

25. Entre las piernas lo tengo
Pelao y â trasquilones,
Y tiene la boca abierta,
Como cueba de ratones.

— El pellejo de vino.


a34 LITERATURA POPULAR

26. Delante de una ma dama
De roiyas me jinqué;

Si tiesa se la med,
Mas tiesa se la saqué.

— El area y la Have.

27. Dona Bianca esta tendida;
Don Pedro le baila encima:
Mientras Don Pedro va y viene,
Dona Bianca abierto lo tiene.

— La artesa y el cedazo.

28. Acertajon, acertajeta,

i Que tiene el rey en la bragueta ?

— Dos balas y una escopeta.

29. Crese y mengua, y no es la mar;
Tiene capucha, y no es sacristan;
Tiene serquiyo, y no es monaguiyo;
Tiene bigotes, y no es granaero,

Y en la punta tiene un abujero.

— El miembro viril.

30. Nase en un monte espeso,

Y tôo se buerbe pescueso;
Crese y mengua como er mar,

Y no es langostino ni calamar;


DE ANDALUCIA

Tiene un abujero en la frente,

Y ar que lo asierte, que le entre.

— El miembro viril.

-----

COPLAS

Bendito sea Noé,

Que le jiso er pico ar grajo,

A las mujeres er cono

Y â los nombres er carajo.

San Migué lo comparo
Con el ombligo,
Porque debajo tiene
El enemigo.

Todas las mujeres tienen
En er pecho dos membriyos,

Y mâs abajito tienen
La baina de mi cuchiyo.

Todas las mujeres tienen
Junto ar culo una laguna,
Donde se ajogan los nombres.
Sin tener agua ninguna.


236 LITERATURA POPULAR

5. Todas las mujeres tienen
Debajo der delantâ

Un sordado con bigotes,

Y enmedio una pufialâ.

6. La mujé der jerrero
Tiene que tiene

Por delante el ayunque

Y atrâs er fueye.

7. Una bieja muy rebieja,
Mas bieja que San Anton,
Tenia las ufias negras,
De rascarse el abion.

8. 'Staba una bieja meando
Debajo de una jiguera,

Y los jigos se reian

De berle er suyo â la bieja.

9. Una bieja en una benta
Estaba asando un conejo,
Le sartô una chispa ar suyo,

Y mandé tocar â fuego.

10. Una bieja muy rebieja
Se lo miraba y desia:
— Este candi, cuando nuebo,
Chupaba mucha torsia.


DE AND ALUCIA

11. Cuando me pariô mi madré,
Ar punto dijo mi agiiela:

— Este nino es bailaô,
Segun tiene castanuelas.

12. Me yebaron â la carse,
Me sacaron sinco duros,
Porque le dije â una nifia:

— Atienta y berâs que duro.

13. Ar reborber de una esquina
Un siego estaba meando,

Y en artas boses desia:

— jEr premio tengo en la mano

14. Las mujeres cuando paren
Se acuerdan de San Ramon,

Y no se acuerdan der santo
Cuando estân en la funsion.

15. Écheme usté â ese fraile
Por la gâtera;

Que me biene pidiendo
La friolera.

16. Un fraile carmelita
Diô en bisitarme,

Y, si yo me descuido,


238 LITER A TUR A POPULAR

l Birgen der Carmen... !
Era su intento
Haserme un frailesito
Para er conbento.

17. Esta casa güele â cono;
jCarajo! {Quién bibe aqui?
Tu padre jodiô â tu madré;
Yo bengo â joerte â ti.

18. — 1 Que tienes en ese pecho
Que tanto gusto me da?

— Dos mansanitas camuesas
Mete la mano y berâs.

19. iQuién fuera ribetito
De tu sapato,

Para berle er bigote
Ar tio Macaco!
De tu chinela,
Para berle er bigote
Ar puchinela!

20. Tropesé en tu zapato,
Caî en tu media,

Me agarré de tu liga...
j Arriba pierna!


239

21. En tus nagtiitas blancas
Tengo yo parte;

Si me das argun trapo,
Que sea er de alante.
Porque er trasero,
Si me lo das de barde,
Yo no lo quiero.

22. Sefiora, me atrebo â darte
Cuatro gorpes de for tuna
En ese lunar que tienes
Entre coluna y coluna.

23. Chiquiya, te lo jasia....
Un puente pâ que pasaras
De tu camita â la mia.

24. Echemos la despedîa

La que er gayo echô â la sorra;

Si te piyara debajo,

No te quearas machorra.

25. Son tus piernas colunas
De rear palasio;

Mâs arriba esta er monte
Donde yo caso.

Y tiré un tiro,

La liebre saliô herida

Y yo rendido.


240 LITERATURA POPULAR

26. Te cogi con el arate:
Me pusistes er muneco
Como sopa en chocolate.

27, Tu te acordarâs, serrana;
Mi capa sirbiô e corchon;
Mi braso, de cabesera;
Mi cuerpo, de cobertô.

-^--

El tanlarinlaron.

(Para canto.)

Ayer tarde recibi en mi casa

A una nifia para costurera ;

Pero esta nifia del tan 1 arin 1 arera.

Me ha parecido del tanlarinlaron.

Le pregunto que estado tenia
Y ella dice: — Mocita soltera; —
Pero la facha del tanlarinlarera
Me ha parecido del tanlarinlaron.

Ella dice que no tiene â nâdie,

Sin6 â un primo que la ama de véras;


DE AND ALUCIA

241

Pero ese primo del tanlarinlarera
Sera primo del tanl arinlaron.

Cuando habla, retuerce el hocico;
Cuando anda, menea la trasera;
Movimientos del tanlarinlarera
Que son propios del tanlarinlaron.

Ayer tarde al salir de la casa

Y al pasar por los cafios de Herrera,
Con el susto del tanlarinlarera
Se le ha ido el tanlarinlaron.

Yo me acuerdo, cuando era muchacho
Dibujaba de varias maneras;

Y con el lâpiz del tanlarinlarera
Dibujaba el tanlarinlar on.

MISCELANEA

Decîa una pénitente al confesor:

— Acûsome, padre, que tengo dos bocas;
por la una como carne y por la otra sopas.

— Bueno, hija, y < cuâles son esas bocas?

KqvTttàôtu. ii. l6


«42 literatura popular

— Padre, esta es una (sefialando â la
boca) y esta es otra (se&alando al cono.).
Por aquélla como sopas y por esta como
carne.

— Pues bien, hi ja, te impongo por peni-
tencia que por la boca con que cornes sopas
comas carne, y por la otra sopas.

Retirôse la pénitente, y en cuanto Uegô
â su casa preparô una sarten de sopas; y
sin dejar que se enfriasen, tomô una cucha-
rada, que introdujo en su cono. Incontinenti
soltô un pedo mayusculo, y dijo:

— iQué! <Estân frias y soplas? Pues
volverâs â la carne y dejarâs las sopas.

*

Cuando Dios criô el mundo, puso nombres
â todos los animales. Al caracol le llamo
cara. El nombre dijo al SeSor:

— Senor, â ese animal que lleva su casa
â cuestas y saca los cuernos al sol, le has
puesto el mismo nombre que â mi rostro:
cara. Esto va â ocasionar confusion.

— Para evitarlo, mudémosle el nombre.
Sal é bttscar â ese animal, y aâade al nombre


DE AND ALUCIA 243

que yo le he puesto el de la planta en que
lo encuentres.

Saliô el hombre â buscarlo, y le hallo
sobre una col, por lo cual le Uamô y se
llama c ara col.

{Si llega â en contrarie sobre un ajo,
bonito nombre hubiera tenido!

» »

— <Por que tiene V. asi las orejas? —
preguntô cierta sefiorita â un sujeto que las
tenia contrahechas y desfigura das.

— Mucha curiosidad es, — contestô, —
pero va V. â saberlo. Cuando yo tenia siete
û ocho anos, contrajo matrimonio una de
mis hermanas. En la reunion de boda oi
que decian al novio algunos amigos:

— i Que buena noche vas â pasar !...

— î Que dichoso vas â ser cuando apa-
gues la luz !...

— i Que buen bocado te vas â comer I..
Estas frases excitaron mi curiosidad, y

resolvi enterarme de todo. Cuando mi her-
mana y su marido se fueron â acostar y la
casa quedô en silencio, yo, muy quedito, me
encaminé hâcia el dormitorio de los novios.
La puerta estaba cerrada, pero tenia una

16*


244

LITERATURA POPULAR

gâtera, por donde, aunque con dificultad,
pude meter la cabeza. La habitacion estaba
completamente â oscuras; yo no oia mâs
que suspiros. De pronto, oigo la voz de
mi hermana, que decia:

— jAnda, anda; ya esta dentro la ca-
beza I

Yo, creyendo que se referîa â la mia,
y que mi cunado iba â castigar mi curiosi-
dad, saqué la cabeza de pronto, nô sin des-
figurarme grandemente las orejas.

Desde entônces las tengo como V. las ve.

JUEGOS DE VENDIMIA.

^Istos juegos — â que tambien se llama
_j en Andalucia juegos decortijo, se-

gun que en los cortijos 6 en las vinas se veri-
fican, — son unas representaciones teatrales
cuyo asunto esta de antemano convenido;
pero cuya forma y cuyos accidentes son
siempre improvisados, con arreglo â la lo-
cuacidad é ingenio de los interlocutores.
Por lo general, tales diâlogos, que guardan


DE AND ALUCIA

245

mucha analogîa con los pasos 6 pasillos
de los albores de nuestro teatro, suelen rayar
en verde, y â poco trabajo se conoce que
son manifiestas reminiscencias de las civili-
zaciones gentüicas.

A la representacion del juego precede
invariablemente una escenilla suelta, que se
llama la entra der juego, y que, como
la tercera campanada en los teatros, tiene
por objeto advenir al auditorio que debe
prestar atencion, porque va â comenzar el
espectâculo. Si â ésto anadimos que los
actores son campesinos, que entre los especta-
dores suele estar la familia del dueno de la
heredad, que el escenario es la cocina de
la finca 6 alguna explanada al aire libre,
y que los trajes de los actores son general-
mente los ordinarios, amamarrachados con
grotescos aditamentos de trapos, esportillas
etc., habremos dado de estas diversiones
una ligera idea general, que aclararân los
siguientes apuntes.

Véanse unas muestras de las entras
de juego. -

1. Salen dos hombres, apuntando cada
uno con un palo, por via de escopeta, y en-
tablan este diâlogo:


LITERATURA POPULAR

Apunto... Apunto...

IA que apunta usté, compaâero ?

A aqueya teja. < Y usté ?

A las tetas d'aqueya bieja. (Apuntando

de las espectadoras).

Y i â que biene ésto ?
A nâ.

Pos pâ er juego esta es la entra.

— Ay... ay... ay !

— {Que le pasa â usté?

— Que estaba cagando y me la pisé.

— j Si la tiene usté encogîa !

— Pues no me la pisaria.

— Y i â que biene ésto ?
Etc.

Variante :

— Ay... ay... ay... !

— «jQué t'ha pasao?

— Qu'estaba cagando y me la he pisao.
Etc.

 i Juego! j Juego 1 j Juego I

— Compaâero.

— ^Qué?


o* andàlucia

247

 i Be usté este granito e trigo ?

— Si.

— Pos aqueya mujé lo tenia en er jigo.

Hecha la entra de juego, empieza
este. Véase la descripcion del ûnico que,
por hoy, nos proponemos dar â conocer.

ER LABRAÔ Y ER RECOBERO.

acto 1
Escena unie a.

Sale un hombre con un escardillo, 6 un palo, y, 6gu-
rando labrar la tierra, dice:

— Pos sefiô, esta tierresiya que m'ha
costao una copia, es mesté be de que la
sembramos, pâ que mos saque de probes,
Aqui ni er trigo ni la sebâ puén criarse
bien, porque hay munchas piedras. Quic
esî que sembraré artamuses, que por mar
nombre le yaman chochos. OgaSo s'ha ben-
dio muy bien esta semiya. (Figura sembw.)
1 Ea, ya esta ! Quiea Dios qu'er tiempo benga
bien, y er peujaliyo no me se güerba sar y
agua. (Vase.)


248 LITERATURA POPULAR

ACTO II.
Es c e n a x*«
El labrador, escardando.

— Ya estân los artamuses nasios y es
mesté no esapartarse d'eyos, no sea que me
los estrose er ganao que pasa por er Ca-
mino. Aquî, en cuantito uno se escudia,
I ya ! {No lo digo ? Po ayî biene un recobero.

E s c e n a 2**

r

El labrador. — El recobero% figurando guiar con una

cana a sus polios»

Lahr. — j Oiga 'sté... !

Ree. —- j Osss... ! j Osss... !

Lahr. — | Eh... ! {Aônde ba 'sté, cris-
tiano? {S'ha pensao usté qu'esta jasienda
no tié amo?

Ree. — {OSSS ... ! j OSSS ... ! (Sin hacer caso,
y avanzando).

Lahr. — jTio joio! Eche usté pâjuera
con sus poyos 6 sus pun et as. {No be usté
qu'ésto esta sembrao d'artamuses?

Ree. — Como si no lo estubiera. Toa la
bia e Dios ha sîo ésto berea.

Lahr. \ Que berea, ni que carajo !
Esta tierra es mia ligitima, que pâ eso m'ha
costao beinte oblones.


DE AND ALUCIA

249

Ree. — Esto es berea, y basta que yo
lo diga. 1 Pos no tié que be er demonîo
der tio!

Lahr. — Ea, pos s'acabô la présente
historia; ô echa 'sté por otro lao con su
recoba, 6 me jago la pufieta en usté.

Ree. — iEn mi... ? |Bamos â berlo, so
tio lèche !

(Se dan de palos y canaxos.)

E s c e n a 3*»

Dichos y el cura, envuelto en una manta, con una
esportilla de palma por bonete y una ristra de ajos

por rosario.

Cura. — Gloria patri er filio.....

i Que es ésto?.., jPas, cabayeros! (Los sé-
para.) 1A que biehe toa esa grimpola ?

Lahr. — A que este tio dise que ésto
es berea y quié meté por aqui su recoba, y
yo digo que esta tierra es mia, que pâ eso
m'ha costao beinte oblones â tocateja.

Cura. — Y 1 por éso andan ustés â bujios,
cacho e brutos? Teneis mâs que di por un
meiô y por el arcarde pâ que traiga er libro
bereero y se bea por dönde ban las lindes?

Los dos. — Es berdâ, pae cura; no ha-
biamos caîo en eyo.

Cura, — i Ea, pos bamos ayâ !


%5o LITERATURA POPULAR

acto in.

Escena ünica*

Dichos. — El alcalde, con una aijada de bueyes à una
pimpollera, en lugar de vara. — El alguetcil, con una
alb arda en las tnanos, figurando un gran Ubio. — El
agrimensor
y su ayudante, este con una cuerda, y un
servi ci o 6 bacin colgado a la espalda.

Lahr. — Esta es la tierra.
Ale. — Pos bamos â la meîa.

(El agrimensor y su ayudante figuran medir con
la cuerda, cuidando este de pasar el bacin cérea de
las na rices de las personas mas pulcras que hay en la
reunion. )

Agr. — Senor arcarde, por aqui ba la
linde.

Aie. — Bamos â be lo que dise er libro.

(Coge la al barda, haciendo como que le* y pasa
hojas. Todos prestan la mayor atencion.)

Aie — Capitulo uno : De las mujeres que
le ponen los cuernos â sus marios.

Todos. — Eso no es.

Aie. — Capitulo dos: De toas las putas
que hay en er pueblo, con sus nombres y
apeyios.

Todos, — Tampoco es eso.

Aie. — Capitulo très: Delama der cura.

Cura. — Eso. es der, capitulo dos.


DE AND ALUCIA

251

Ale. — Capitulo cuatro: De los capones
y las arcagüetas.

Agr. — Päse usté hojas, jasta er capitulo
ocho.

Ale. — Ya esta aquî lo que busco. La
ley esta muy terminante, j Por bia e los de-
monches ! A tî te toca perde. (Dirigiéndose ai

abr ador).

Todos. — <jC6mo dise?
Lahr. — Lea 'sté pronto.

Ale. — (Pausadamente y con la mayor solemni-

dad). Capitulo ocho: que pasen las
poyas por medio e los chochos.



SOME EROTIC FOLK-LORE

good deal of the courtship of the

j^^j working - classes in the country was
and still is carried on at night. The lover
sets out generally after bed-time for the
abode of his lady-love. On arriving he knocks
gently on the window of her sleeping apart-
ment, and asks admission. This is given,
and both often go to bed together. The
older songs allude at times to this custom.
Thus: —

FROM

SCOTLAND.

courtship


»54 some erotic folk-lore

«Janet's awa' to her chamber,

As fast as she could go.

Wha's the first ane that tapped there

But sweet Willie, her jo.»

The chorus of another ditty is:

«Hey for Andrew, Andrew,
Hey for Andrew Car!
He gaed (went) to bed to the lass,
And forgot to bar the door;»

And the result was: —

«0 it was Andrew Car,

O it was him indeed:

O it was Andrew Car,

Wha gat (got) my maidenhead.*

A song represents the lady-love as re-
fusing to admit her lover as her father and
mother would hear her open the door. Her
lover asks her to get from bed and: —

«Oil the bands till they be weeu

and than he says: —

«And PH come slippin' etc.»

The girl took the hint and the lover tells
the sequel:

«She oUed the bands till they were weet,
And I geed (went) slippin' eto


FROM SCOTLAND

*55

and: —

«We dreeve the bottom oot o'the bed
The lassie leuked as her nose had bled
Till her mother heard the din etc.»

ig up the roots of the orchis, that

prB^i goes in some districts by the name of
«bills baags» (bull's testicles), and to find
out which is the new root, called love, the
old one being called hatred, put them into
water. The new root sinks. Let it be
taken, dried, ground into fine powder and
given in any convenient way to the person
whose love is wished to be gained, and strong
love is soon conceived for the one that ad-
ministered the powder. If through over-
sight the old root is ground and used hatred
is gendered.

Take two lozenges, cover them with
perspiration and stick them together. Let
them dry till they adhere. In this form let
them be given to the one whose love is
sought and the desired result will follow
in due time.

LOVE CHARMS ETC.


256 SOME EROTIC FOLK-LORE

If a man wishes a woman to become
attached to him. he has to put on his hand
some of his semen, and then shake hands
with her so that part of it touches her hand.
She will follow him to the world's end.

When a man is wholly careless of wo-
man's love or even averse to it, his heart
can be won by mixing some of the woman's
menses with beer and giving the potion to
him. The draught had to be given, in a
dark coloured «cap» (a wooden bowl) to
prevent the colour from leading to the su-
spicion that there was anything amiss. Hence
arose the saying regarding a man marrying
a woman to whom he was known at one
time to have been averse: «He's gotten a
drink oot o' (out of) the black cap.»

These charms must be performed without
the knowledge of those whose love is sought
The love gained by these charms or by any
kind of charms is dissipated by jouissance
de mariage.

The streaks of a reddish colour that
appear in the skin of the face of some
women are looked upon as indication of
their having enjoyed the embraces of a man
before fully ripened womanhood.


FROM SCOTLAND 257

The flattening of the grisle of the nose
is regarded as proof that virginity has been
lost.

Skate (R a i a) is believed to excite sexual
desire as well as strengthen the generative
powers. The writer of this article was pre-
sent at a marriage among a fishing com-
munity when a fisherman went up to the
bridegroom and presented him with a piece
of the tail of a dried skate to the great
amusement of the marriage guests. Hence
the saying: «Skate to make you wanton.»

A small quantity of the powder of canthar-
ides given to a woman excites an incontrô-
lable desire for sexual pleasure.

If a man carrries on his breast the dried
tongue of a toad no woman whom he so-
licits has she power to resist him.

Men and women with «red» or yellow
hair are believed to be fonder of the de-
lights of Venus than those of other com-
plexions.

Men and women having thick necks are
also believed to incline strongly to sexual
pleasures.

Such a neck is called a «bull neck».

K(fU7TT<xSia. ii. 17


SOME EROTIC FOLK-LORE

Thick lips in a woman is supposed to
indicate desire for the male sex.

A large mouth in a female is indicative
of a large vagina.1

If thé privy parts of a man are larger
man usual, he is said to be «horse-hung»«
Such a lact is looked upon as a sign of
strong sexual passion. .

It is believed that certain kinds of food
and drink tend to increase both the desire
for and the pleasure in sexual intercourse,
such as milk, and oat-meal porridge.

Euphorbia helioscopia bears the
name of pintle* wort, and is used by boys
in rubbing the m em bru m to make it grow.

1 [The same prognostication is also found i& a
medieval distich :

Noscitur e labris quantum sit virginis antrum:
Noscitur e noso quanta sit hasta viro. Edit&rJ\

* The word is used in old Danish,
cltem Vt tua mulier non possit cum alio adulterari.
Om thu wilt, at thijn quinnae tachaer aeyannen man;
Tac barbe itiuia os, oc sm0r thin *pintel thaer math, oc


FROM SCOTLAND

THE BEGETTING OF CHILDREN

HF a woman after enjoying the em-
braces of her husband turns and lies
on the right side, she will conceive a male
child, and if she turns and lies on the left,
the child will be a female.

If the seed is left near the mouth of the
womb, the offspring is a male; if the seed
falls farther into the womb it is a female;
and if the seed falls far into the womb there
is no conception.

It is believed that some women have the
power of throwing the discomforts of child-
bearing on their husbands, but this is known
only to themselves.

One mode is believed to be if the hus-
band at the time of conception has heen
s u c c u b a.

When a woman has conceived, she at
times longs for certain things to eat, and

lig thaghaer math thijn quinnae, oe thaer aefter, maethaen
thu leuaer, tha ma hun aey annen man nytae.»

Det arnaniagnseanske hSndskrift Nr. 167 i oktav;
indholdende en dansk laegebog udgivet og forsynet med
en ordbog af Viggo Sftby p. 94. Kgbenhavn, Thieles
Bogtrykeri, 1883.

17*


2ÔO SOME EROTIC FOLK-LORE

she is said to «green» for them. Unless her
longing is gratified, the child when born
cannot keep its mouth shut, and saliva runs
continually from its mouth. The mother
must" call to mind what it was she longed
for but did not get. She then mentions it,
and it is at once procured, and put into the
infants mouth. Thus the malady is cured.

It is a common belief that a woman so
long as she gives suck to her child will not
conceive. It is not unusual for mothers to
continue to suckle their children for many
months hoping thus to avoid conception.

It is the belief that each woman is destined
to have a certain number of children. If
an unmarried woman has a child, it is not
unusual to hear it said she «cudna win by't»
i. e. she could not avoid it.

Great-care was always used to place food
in such a position as to prevent cats from
jumping across it. This was done in case
a male cat should spring over it and drop
semen upon it, for it was the belief that
every time a male cat sprang he emitted
semen. If one eat the food with the semen
in it, there was the risk of cats being bred
in the belly of the eater. There are cases
on record in which women that have fallen


FROM SCOTLAND

26l

.vâth child out of wedlock have stoutly per-
sisted that they were not with child, but had
«cats in their belly.»

STORIES

man and a woman were in each others
embraces. The man was succuba.
His yard began to enlarge and enlarge and
lift the woman. When she was nearly
reaching the roof she exclaimed:

«Fareweil freens, farewell foes
For Pm awa to heaven
On a pinteFs nose.»

A woman was dissatisfied with her hus-
band's powers. She complained to some of
her female married friends. They agreed
to examine into the matter. The man was
told he must exhibit what he had to a few
matrons. He remonstrated, but in vain. He
was however to be allowed to stand behind
a screen and shew his symbol of manhood


2Ô2

SOME EROTIC FOLK-LORE

through a hole in the screen. The man in
his difficulty asked the counsel of his clergy-
man. The clergyman undertook to get him
out of the difficulty by presenting himself.
Accordingly on the day fixed the matrons
placed themselves on one side of the screen
and the minister on the other. He put his
virility through the hole, when one of the
matrons cried out «That*s the minister's;
I ken*t by the wart o' the point o*t.»

A mistress was suspicious of her two
sons casting an eye on her fair and fas-
cinating maid. One day the two were busy
at some work in company. The mistress
became quite confidential and gracious with
the maid, and at last asked her which of
her sons she liked the best. The lassie in
her simplicity answered: «I like baith the
laddies weel enough; but commend me for
a straucht (straight) stroke to your ain man
(own husband).*


FROM SCOTLAND 368

PROVERBES

Hf wishes were horses, beggars would
ridé;

If castocks were pintels, maidens would

stride.

A mouse can tak a ruck (a stack of
oats, etc.) on its back: spoken of a small
woman under a big man.

Daughters and dead fish are kittle keep-
ing wares.

Do as the lasses do — say No — but
tak it.

Greening wives are aye greedy.

He that has a bonnie wife needs mair
than twa een.

Lassies and glasses are brukle ware.

Lassies are like lambs legs; they '11
neither saut nor keep.

Light maidens mak langing lads.

0


ttÔ4 SOME EROTIC FOLK-LORE

Nearer the bone the sweeter.

He that woos a maid must seldom see
her, but he that woos a widow maun (must)
doon (down) wi's breeks and at her; or:

He that woos a maiden maun come sel-

He that woos a widow maun ply her day

She's a maiden as the man left her.

dorn in her sight

and night.


DICTONS ET FORMULETTES

de la

BASSE-BRETAGNE.

RETOUR A LA SANTÉ

I'oun ket evit chomm mui da vervel,
Rak ma baz n' ra ken 'met sevel.

Je ne suis plus près de mourir,

Car mon bâton ne fait plus que se dresser.

DICTONS

Or voéz a pe uè mèu.
Golla en aihué ag i rèù.


266 DICTONS ET FORMULETTES

Ebria millier
Clavem cunni perdit.

Diesa tra a zo er bed,

Choari ur plac'h gant ul lost kouët.

La chose la pins malaisée qui soit au monde,
(Cest de) jouer d'une fille avec une queue

tombée.

Tri zoull e deuz va mamm:

Toull ann tamm,

Toull ar bramm

Ha toull ann bibil kämm.

Trois trous a ma mère:
Le trou du morceau,
Le trou du pet

Et le trou de la cheville recourbée.

Wesk! eme ar Fustek,

Pa voa trouc'het lost he gazek:

— N'euz drouk e-bet, eme he c'hrek,
Pa ne ket ho hini 'zo trouc'het.


DE LA BASSE-BRETAGNE 267

Crac! dit le Fustec,

Après avoir coupé la queue de sa jument :

— Point de mal n'y a, répond sa femme.
Puisque ce n'est la vôtre qui est coupée.

L'AMOUR AU VILLAGE

Gwechal, pa voan bihannik,
Me ' vouche da Annettik,
Ha brema, pa oun deut bras,
E raon un hanter muioc'h c'hoas.

Me o vont da toi va boutou ' kreiz ann ti,
Lammet er gwele davet-hi,
D'ober un eÛk da Zoue
Pe ur c'havalier d'ar roue.

Autrefois, quand j'étais tout petit,

Je becquetais la petite Annette,

Et, maintenant que je suis devenu grand,

Je le fais moitié plus encore.

Je vais jeter mes sabots au milieu de la

maison

Et sauter dans le lit auprès d'elle,


268 DICTONS ET FORMULETTES

Pour faire un petit ange à Dieu
Ou un cavalier au roi.

DEVINETTE-CHANSON

Ann I gant ann oac'h,

O Maria lonla,
Ann O gant ar vreg,

Lan Iura . . .
Ar vreg a astenn,

O Maria lonla,
Ann oac'h a blant,

Lan Iura.

L'I avec le mari,

Q Maria lonla,
L'O avec la femme,

Lan Iura . . .
La femme étend,

O Maria lonla,
Le mari enfonce,

Lan Iura.

L'I, c'est une pelle de boulanger, l'O, un pain ; la
femme étend le pain sur la pelle et le mari l'enfourne.


DE LA BASSE-BRETAGNE 269

LE CHANT DU ROSSIGNOL

Me 'zo bet, bet, bet, bet e park al lueou;
me 'm euz gwel't, gwePt, gwel't, gwePt toull
ar vatez a ioa du, du, du, du, foutouillek,
foutouillek.

J'ai été, été, été, été dans le champ des
veaux; j'ai vu, vu, vu, vu le trou de la ser-
vante qui était noir, noir, noir, noir, frisé,
frisé.

CRITIQUE DES DEMANDES EN MARIAGE

R1MÉES

(Au lieu de s'escrimer pendant deux heures pour ne rien
dire, comme le font les discoureurs, ne serait-il pas plus
simple d'aller droit au but et d'appeler les choses par

leur nom ?)

Me 'zo deut d'ho koulenn
Abalamour d'ho moudenn,
Ha c'houi 'zeuio d'am heul
Abalamour d'am peul.

Je suis venu vous demander
A cause de votre motte.


%J0 DICTONS ET FORMULETTES

Et vous vous déciderez à me suivre
A cause de mon pieu.

PROPOS DE COUTURIÈRE à marier

Tanfoultr! biken marichal
Na foueto war va stall;
Eur c'hemener martreze a vo,
Mar na sko ket, heon a vrocho.

Le diable m'emporte! jamais marécha
Ne daubera sur ma marchandise;
Un tailleur peut-être le fera,
S'il ne frappe pas, il embrochera.


AN EROTIC ENGLISH DICTIO-
NARY.

Abbess, or Lady A. A bawd.
Academy, or pushing school. A brothel.
Ankle. A girl who is got with chad is said

to have sprained her ankle.
Armour, to fight in. To use a condom.
Aunt A bawd.

Back gammon player. A sodomite.
Usher or gentleman of the back door. The
same.

To Bagpipe — a lascivious practice too in-
decent for explanation [irrumare].
Basketmaking. Copulation*
Bawbles. Testicles.

Beard splitter — aman much given to, wench-
ing^


272 AN EROTIC ENGLISH DICTIONARY

Beast with two backs. Man and woman in
coitu.

Bite, pudend. muliebr.

Blower. A whore.

Bobtail. A whore — an eunuch.

Box the Jesuit and get cock roaches. A

sea term for masturbation.
Brim. A whore.

Brother Starling. One who lies with the same
woman.

Brush, to have a, with a woman. Coitus.
Buck-fitch. A lecherous old man.
Bumbo. A negro name for pudend. muliebr.
Buttered bun. One lying with a woman that

has fust lain with another man is said

to have a buttered bun.
Buttock. A whore. — Buttock ball. Coitus.

Cat Whore.

Cauliflower, pudend. muliebr.
Clicket. Coitus.

Cockalley or Cocklane. pudend muliebr.
Coffeehouse. To make a coffeehouse of a

woman's cunt; to go in and out and

spend nothing.
Cooler. A woman.
Commodity, pud. muliebr.
Corporal — to mount a corporal and 4 =


AN EROTIC ENGLISH DICTIONARY 273

onanism — corporal = thumb —- 4 fingers

= privates.
Crack. A whore.
Crinkums. Pox.

Cundum. Dried gut of sheep, worn in coitu.

Dock. Futuere.
Doodle. Penis pueri.
Dripper. Gleet.
Dry bob. Coitus sine emissio.
Dumb glutton. Pudendum muliebre.
„ watch. Bubo on groin.

Face making. Coitus.
Fen. Bawd or whore.
Fireship. Woman with pox.
Flyer. To enjoy a woman without going to
bed.

Frig, to. Masturbare.
Fuck. Futuere*

Game. Whores.

Gap stopper. Whore master.

Gigg. à°udendum muliebre.

To join giblets. Futuere.

Gingambobs. Testiculi.

Goats gigg. Coitus.

Gobble prick. A lustful woman.

KcvTrradia. II. I&


274 AN EROTIC ENGLISH DICTIONARY

Old Hat. Pudendum muliebre.

Hooks, cunt. Fingers.

Horn colick. Priapism.

Huffle. 'A piece of beastialüy — too filthy

for explanation'.
Hump, to. Once fashionable word for futuere.

Indorser. Sodomite.

Jock or Jockum cloy. Futuere.

Kettle drums. Mammae.
Knock. Futuere.

Ladybirds. Whores.

Larking. lA lascivious practice' that will not

bear explanation'.
Lobcock. lA large relaxed penis'.

Machine = cundum.

Madge. Pudendum muliebre.

Madge Culls. Sodomites.

Mantrap. Pudendum muliebre.

Mettle. Semen. — To fetch mettle, onanism.

Molly. Sodomite.

Mow. Futuere (Scotch).

Muff. Pudendum muliebre.


AN EROTIC ENGLISH DICTIONARY 275

Nigling. Futuere.
Notch. Pudendum muliebre.
Nub. Coitus.
Nutmegs. Testiculi.

Peppered. Infected with lues venerea.
Plug tail. Penis.
Prick. id.

Prigging. Coitus.

Riding St. George. Coitus with woman up-
permost.
Roger, penis : to roger, futuere.
Running horse or nag. Lues venerea.

Screw. Futuere.
Strapping. Coitus.
Stroke, to take a. Futuere.
Strum. Futuere. *

Sunburnt. Clapped.
Swive. Futuere.

Tally wags or tarry wags. Testiculi.
Thingumbobs. „

Thomas, Man. Penis.
Tiffing. Coitus.
Token. Lues venerea.
Touch up. Futuere.

18*


276 AN EROTIC ENGLISH DICTIONARY

Wap. Futuere.

Whiffles. A relaxation of scrotum.
Whirligigs. Testicles.

Windwind passage, one who uses or navi
gates the. A sodomite.

From 4A Classical Dictionary of the Vulgar
Tongue* — By F. Grose, F. S. A. 1785.


TROIS CONTES ALSACIENS.

I

NIX YWWER Ä GUTE N* ANFANG

^'létscht synn d'r H'ârr Kyrchen'Yn-
_schpUkter au wydder ä mol ywwer

Land g'synn, unn hänn dann au d'Dorfschuel
g'ynschpaktyrt Noch dä n'érschte Kratz-
fyss, hét d'r Ynschpäkter d'à Schuelmaischter
ufg'fordert 'mm dä béschte vunn sine Schyler *
ze présadyre. Dar losst glich dä dyke Jéri
vormarschyre, unn do saht d'r Harr Yn-
schpäkter zuem Jéri: «Nun, mein Lieber,
wenn du Morgen's in der Frühe aufge-
standen, was ist da wohl dein erster Ge-
danke und dein erstes Thun?» DV Jéri
macht ä gross Paar Aue unn kratzt sich
hinter de n'Ohre, schnüft awwer kain Wort.


278 trois contes alsacien6

Um ne n* uff da Wäi ze brynge , «Nicht
war, saht d'r Ynschpäkter, da ist es dein
erstes Gott deinem Herrn zu danken und
dein Gebet zu verrichten ? — Näi, saht ändli
d'r Jéri, do géw'i hinger t* Schier unn schiss.»
Vor dissmol h ét d'r Schuelmaischter da
Schtärne noch nytt kryjt

(Traduction.)
LE TOUT EST DE BIEN COMMENCER

Ia dernière fois messire l'Inspecteur
ecclésiastique étant de nouveau en
campagne, vint aussi à inspecter l'école du
village. Après les premiers salamalecs, il
demande au maître d'école de lui présenter
le meilleur de ses élèves. Le magister fait
aussitôt avancer le gros George et l'Inspecteur
dit à George: «Eh bien, mon ami, quand
tu t'es levé le matin de bonne heure, quelle
est bien ta première pensée, ta première
action?» George roule de gros yeux, se
gratte les oreilles, et ne souffle mot. Pour
le mettre sur la voie, «n'est-il pas vrai, re-


TROIS CONTES ALSACIENS 279

prend l'Inspecteur, que ton premier soin est
alors de remercier le Seigneur, ton Dieu, et
de faire ta prière? — Non, répond enfin
George, je vais droit derrière la grange et
me mets à chier.» Ce n'est pas cette fois
encore que le magister aura attrapé la croix.

II

BEGÄHR NYT YWWER D* NOTH

DHflR NEJ Pfarer vunn Sankt Péter hét nyt
^SÂ nur d'Pfaréj vunn sim Vorgänger an-
geträtte, er hét au z'glich sini Wydfrau owe-
drin genumme. Déss wysse n'r schunn. Wass'r
awwer nyt wysse, ysch wie's zuegange ysch
wo's druff unn dran ysch kumme, unn déss
wyll ich i verzähle. Wo d'Frau also ym
Bétt ysch g'schtäkt unn d'r Paschtor schunn
fHosse liss gezeuje hét g'hét, hetY ang'fange,
é'wV zueYe ysch g'schlupft, ains erunder ze
batte: «Herr, stärke mich ! Herr, lenke mich!»
Do hét sin Wiwel dä Kopf zuem Getych
herüss g/schtrékt unn hét'm zuegeruefe: «Batt
nun* er soll d'r nä sterke; ich wurr d'r nä


28o TROIS CONTES ALSACIENS

schunn l'ânke.» Unn so ysch's dann au
g'sch'àhn; unnvunn do kummt s' Sprichwort:
begähr nyt ywwer d'Noth.

(7 raduction)
NE DEMANDE PAS AU-DELA DU NÉCESSAIRE

Ie nouveau pasteur de St. Pierre n'a
pas seulement succédé à la cure de
son prédécesseur ; il a encore pris sa veuve
par-dessus le marché. Cela, vous le savez ;
mais ce que vous ne savez pas et ce que je
vais vous apprendre, c'est comment la chose
s'est passée quand il fallut en découdre.
Pour lors donc, la femme étant déjà fourrée
au lit, le pasteur, après avoir ôté ses cu-
lottes et avant de se glisser auprès d'elle,
commence à défiler ses prières: «Seigneur,
fortifie moii Seigneur, dirige moi!» Mais
aussitôt sa petite femme, sortant la tête des
draps, lui crie: «Prie seulement qu'il te le
fortifie; je me charge de te le diriger.» Et
ainsi fut-il fait, et de là le proverbe : ne de-
mande pas au-delà du nécessaire.


TROIS CONTES ALSACIENS 281

m

WAS YSCH RELIGION ?

'létscht kummt s'Nochber's sin Schan-
gele — ä DéifePs Krott, die ywweral

d'Näs muess hann, wo sie nix ze duen hét
— myr nix dyr nix durch t'Schlofschtub ge-
rannt, wo grad s'Lüwisel, sini Schwéschter,
so ä Bachfyschel yn dä Vyrzéh, s'Hämt
schanschyre duet unn blutt naket do schtéht.
S'Maidel losst a Schrai üss: d'r Schangele
kauft au glich päch; lauft awwer schnuer-
schtrax zue sinere Maeter, unn, ym haisse
n' Ifer, so wit'r sie erblyckt : «Awwer Marne,
waisch? Dänck numme wass i gsähn habt
s'Lüwisel hét Hör am Büch!» Sie, um'm
ébs ze saue, bryngt nix erüss als: «Fréili,
waisch, s' Lüwisel hét halt jetzt Religion be-
kumme», wass yn yrer Sproch, sie ysch
üss'm Owerland, so viel haisse wyll als
«s'ysch komfermyrt worre». Dt Schangele
mérckt sich s' Ding, dann bi dämm geht nix
verlöre. De Da druff, y m Exame, freujt d'r
Pfarer: «Wass ysch Religion?» Kainer vun
dä Buewe schnürt ä Wort. Min Schangele
awwer, dar g'schéiter ysch, lupft glich dä


282 TROIS CONTES ALSACIENS

Finger yn t*hé. «Ze sah dü's dann, saht d'r
Pfarer, wann d'äs waisch: Wass ysch Reli-
gion? — «Harr Pfarer, Hör am Büch!» —
Ob do d'Buewe g*schmolt harm, freujt sich
nytt. Ball hätt d'r Pfarer sälwer g'schmolt,
hätt au gärn dämm Ding nochg'schpürt, hét
awwer g'schéiter gethon unn glich ä n'anderi
Kschicht angfange.

( 1 raduction)

AVOIR DE LA RELIGION

'autre jour, Jeannot, le petit du voisin
— un diable de crapaud qui met tou-
jours le nez où il n'a que faire — se jette,
sans crier gare, dans leur chambre à cou-
cher, juste au moment ou sa sœur, la petite
Louise, une fillette sur ses quatorze ans,
était en train de changer de chemise et se
trouvait nue comme la main. La fillette
pousse un cri, et Jeannot décampe. Mais
du pas il court tout droit auprès de sa mère
et, encore tout chaud, du plus loin qu'il
l'aperçoit! «Maman, tu sais! Pense donc ce


TROIS CONTES ALSACIENS 283

que je viens de voir! Louise a du poil au
ventre!» Elle, ne sachant que répondre, ne
trouve rien à dire que: «Eh oui! tu sais,
Louise a maintenant de la religion,» ce qui
dans son langage, elle est du Haut-Rhin,
revient à dire, que Louise a été confirmée,
qu'elle a fait sa première communion. Jeannot
se tient la chose pour dite, car ce n'est pas
lui qui laissera rien se perdre. Le lende-
main, au catéchisme, le pasteur demande:
«qu'est-ce qu'avoir de la religion?» Per-
sonne ne souffle mot. Mais Jeannot lui, qui
en sait plus long, lève aussitôt le doigt.
«Eh bien, réponds, toi, dit le pasteur, si tu
le sais. Qu'est-ce qu'avoir de la religion?
— Mr. le pasteur, c'est avoir du poil au
ventre.» Si les gamins ont ri, il ne faut pas
le demander. Un peu plus et le pasteur
riait lui-même. Volontiers aussi il eût été
au fond de l'histoire; mais il fit plus sage-
ment et passa à d'autres propos.

a A fa


LE POSKOCNICA,*

SORTE DE KOLO OU RONDE DES

SERBES.

ette danse est toujours accnmpagnée

fiSBI de chants plus ou moins obscènes,
mais comme la chose est admise par suite
d'une longue tradition, personne ne songe à
la proscrire. Il va dans dire que les jeunes
filles qui entendent ces couplets font sem-
blant de ne pas comprendre et il est caracté-
ristique que les parents, qui assistent parfois
à ces jeux, n'ont que des sourires pour ces

* Vuk dans son Dictionnaire traduit ce mot par
Cantussaltatorius. C'est, dit.il, une série de couplets
que le jeunes gens chantent à haute voix en dansant le
Kolo.


LE POSKOCNICA, SORTE DE KOLO 285

bizarres et licencieuses chansons; leur vigi-
lante prudence, si prompte à s'alarmer pour
bien moins en toute autre circonstance, se
laisse alors imposer par l'usage une trêve de
quelques instants. — La licence a même été,
à une époque, jusqu'à la témérité; car il
fut un temps où les begs turcs, alors seigneurs
des villages où les danses avaient lieu, hono-
raient le Kolo de leur présence; or il n'était
pas rare qu'ils entendissent de la bouche
des jeunes chanteurs des couplets injurieux
pour leur personne; non seulement ils ne
s'en formalisaient pas, mais il eût même
été contraire à l'usage et au bon ton de
garder le souvenir de paroles qu'en toute
autre occasion, les audacieux chanteurs
auraient peut-être payées de leur tête.

Vuk déclare, dans le passage cité, avoir
entendu lui-même à Jadar, les couplets ir-
révérencieux que voici, chantés en dansant
par des Serbes, en présense des Turcs assis
autour d'eux:
«Upa cupa, aujourd'hui demain
«Nos pieds sont à nous, la terre est aux

Turcs;

«De cela les Turcs se soucient bien peu.
«Les puissants pachas mangent de lamerde*
«Et les vice-pachas se pavanent.»


286 LE POSKOCNICA, SORTE DE KOLO

Outre ces couplets cités par Vuk, je
possède, parmi mes manuscrits, un cahier
contenant une centaine, au moins, de strophes
du Kolo et d'autres du même genre, cahier
provenant, soit dit en passant, des collections
inédites de Vuk. N'ayant pas ce manuscrit
sous la main, je cite les couplets qui m'ont
été communiqués ici par une personne
qui les a entendus en Serbie dans son jeune
âge.

En voici le texte accompagné d'une tra-
duction aussi littérale que possible:

I

S one strane Save
Dve devojke same
Jedna drugu pita
Svrbi li te pica:
Niti svrbi nit boli,
Veé se uzegla pa gori.

I

De l'autre côté de la Save, il y a deux
filles seules; l'une demande à l'autre: «Est-
ce que le con te démange? — Je n'y sens
ni démangeaison ni douleur ; mais il est en-
flammé, il brûle I»


OU RONDE DES SERBES 287

II

S one strane Kolubare
Sve su pice ko subare

n

De Pautre côté de la Kolubara

Tous les cons sont larges comme des

bonnets —--—

III

fcisti baba ulicu
Napruéîla guzicu
Zalece se tica kos
Te odgrize pici nos.

IU

«La vieille balaie la rue; en se baissant,
son derrière s'est trouvé tellement exposé,
qu'un mâle est venu et a, d'un coup de bec,
enlevé le nez à son con.


288 LE POSKOCNICA, SORTE DE KOLO

IV

Sve se cudim i kamenim
Kako pica vodu drzi
Nigde èepa ni obruôa
Strmo glavu okrenula.

IV

«Je demeure pétrifié d'étonnement quand
je vois le con retenir le liquide (l'urine);
il n'a ni cercles ni bouchon et, par-dessus
le marché son orifice regarde la terre.*

* Dans le Théâtre des Boulevards, Paris, 1751,
il y a une énigme qui a quelquee analogie avec ce
couplet: Qui a le ventre fendu et dont les tripes ne
sortent pas? — Réponse: Les filles.


GLOSSAIRE CRYPTOLOGIQUE
DU BRETON.

Aie'houe, clef. L'expression Ar bank enn
tan na laker ket Dre ma ve ami aie*houe
kollet
«on ne jette pas le coffre au feu pour
en avoir perdu la clef», qui s'applique au
second mariage d'une femme (Sauvé, *Pro-
verbes et dictons de la Basse - Bretagne',
No. 409) est entendue dans un sens ob-
scène par l'interlocutrice du «Clerc de
Rohan» (Barzaz-Breiz), puisqu'elle lui ré-
pond : «Ta langue est gangrenée par l'im-
pudicité». Mais l'allégorie n'a pas besoin
d'être prise ainsi. Ce que le clerc ajoute
dans le même passage «Une clef neuve, à
mon avis, vaut bien mieux qu'une vieille
clef» rappelle les paroles de la belle-mère
jalouse de sa bru, dans la «Tour d'Armor»
(Barz.-Br.): «Les clefs nouvelles, on les

Kçvntâôia. ii. 19


39° GLOSSAIRE CRYPTOLOGIQUE

aime, ... pourtant les vieilles clefs sont les
plus commodes.» De même dans 'Ar mar-
vailler brezounek' . .. contes bretons re-
ceillis par MM. Troude et Milin, Brest 1870,
p. 256, un prince, parlant en ligures, dé-
signe sa première amante par «une vieille
clef», et la jeune fille qu'il était sur le
point d'épouser par «une clef neuve».

Baleandès coureuse, prostituée, P. Grég.

Baf, membre viril: ma ba\ ha ma fadh,
Tréguier, littéralement «mon bâton et mon
sac». Cf. KçvnTaSux, II, p. 265 ; «le baston
à un bout...», Rabelais, 'Pantagruel', L lu
c. 18 ; «du pacquet et baston», 1. III c. 8.

Bek pointe, par allusion au membre viril,
*Prov. et diet, de la Basse-Bret.', No. 67;
cf. l'épithète de Priape, povo-oTÔç&vyt.

Bibich, membre viril' Trég.

Bit ouvert ou bitousien (3 syll.) fem.,
membre viril (Le Gonidec, Le Pelletier;
cf. JCçtmrâSux I 360). Ce mot semble venir
du v. fr. vit= vectis; cf. babouf, bave, du
haut breton bavoux, baveux.

Bonbelen (eur —) verge des chevaux.
Trég. ; proprement, «battant d'une cloche».

Bon et Dougen ar — fordhegy porter le
bonnet fourchu, être cocu.* Canaouennou
grèt gant eur C'hernevod,
p. 23.


DU BRETON

29I

Bo rdell, lupanar, 'Catholicon' (XVe siècle) ;
du français.

Bordeller, «scortator», <Çath.,; plur. bor-
delerienn evel chass,
luxurieux comme des
chiens, 'Prov. et diet/ No. 964; du vieux
français bordelier.

Bouc'h bouc Eut Koj, un vieux dé-
bauché. Proux, 'Bombard Kerne' p. 64;
plur. er bouhétt, déuêhatt de losquem «les
boucs qu'on n'a pas encore brûlés», diction-
naire vannetais dit de L'Armery, au mot
sodomie.

Bouchon, masc. femme qui se laisse toucher
indiscrètement, Trég. Cf. ar bouchonnerez
hac ar jeuHo daouarn,
les attouchements
et les jeux de mains, 'Explication an doctrin
christen', Guingamp i838, p. 190.

B ouf on. Ober-gant, ou boufonih eurplac'h,
toucher une femme d'une manière incon-
venante, Trég. Cf. ar jeuio daouarn hac
an oll bouffoneref,
les jeux de mains et
toutes sortes d'attouchements, 'Expl. an
d. chr.' p. 179; ar boufounerien vrasa, les
plus grands débauchés, Introduction d'ar
vuez devot'Quimper chez Derrien, 243.

B ou II en, prostituée, Le Pell.

Bram masc, pet, mot commun à toutes
les langues celtiques, sauf une légère mo-

19*


292 GLOSSAIRE CRYPTOLOGIQUE

edification de la voyelle. C'est à tort que
M. d'Arbois de Jubainville, 'Etudes gram-
maticales* 1881 p. 59 le tire d'une racine
bram murmurer; ce mot, qui est en gaé-
lique d'Ecosse braim, breim, bram (Diction-
naire de 'Neil M'AlphV), au mot fart) est
dérivé du verbe vieil irlandais braigim, gl.
pedo ('Grammatica celtica* 2e édit. p. 429).
U est possible que bram soit identique au
latin fragment cf. fragorf et en allemand
ausbrechen, faire explosion ; Brechen, vo-
missement. Le 'Cathoiicon' donne le dé-
rivé briminyat péteux, qui a conservé l'w
du suffixe, comme le pluriel comique
bremmyn. — Epithètes: fec'A, sec; iach,
sain;Vofir'/e/r = foerellek, foireux, Trég.;
sugell [aussi long que] la corde qui sert
à amarrer le foin sur la charrette (Troude).
On dit en pétant ou à quelqu'un qui pète :
Naohtek! dix-neuf; Dapou ket hi vreur
henan,
il n'attrappera pas son frère aîné ;
lapet 'teuf er gwenn? As-tu atteint le
but ? (le blanc, ici pour la chemise). Trég.
... hep na rea\ f o - ken na bramm na klem-
madenn
(il fut tué raide) sans pousser ni
pet ni plainte, 'Ar marvailler brez.' p. 166.
Proverbes: Da heul ar bramm Eteu ann
tamm,
après le pet vient le morceau; Gond


DU BRETON

293

ar bramm f o tné{, G and al louf fo c'houéf,
litt, avec le pet est honte, avec la vesse
est odeur. Trég.
Brenn, merde; terme honnête (P.Grégoire).
Brem signifie aussi du son (gallois bran,
anglais bran). En vieux français bren,
bran,
avait les deux sens: «pet de bou-
langer, car le bran vient après». Ce mot
semble celtique. Brennecq, merdeux, P.
Greg. cf. brenoux, Rabelais.

Kac'hout, kac'het, cacare; mot commun
aux langues celtiques. De là en haut bre-
ton l'expression : il a fait cahet de bragotte,
cf.
*Revue celtique' V, 219, 220. On a en
breton le composé kac'h-moudenn, pro-
digue, litt, chie-motte; d'où kac'h-mou-
derma,
prodiguer; litt, réduire (son bien)
en mottes, Troude. 'Nn hini 'neu\ c'hoant
da derc'hen hi ihet, Zévet hi vri enn avel
pe ha de gac'het.
Celui qui a envie de
garder sa santé, qu'il lève le nez en l'air
quand il ch.., Trég.

Kae\ourenn, diminutif Kaeçourennik, les
parties.

Cale h membre viril \penn an calch, prépuce,
'Cath.', gall, caly, = irL calg, épée (Stokes).

Kall, kell, fém. testicule, irl. caull, gaU
caill; 'Cath.' quell.


394 GLOSSAIRE CRYPTOLOGIQUE

Kall oc1 h adj., (cheval) entier; écrit cal-
/oatcA dans le 'Cathoiicon1; cf. irL caullachr
gl porcus.

Kaoc'k, koc'k, merda .... a ioa eur peç
bern kaoc'h tomm erm he vrageç,
qui avait
un morceau de m .... chaude dans sa
culotte (qui avait peur), *Ar marvailler br/
p. ioo. Kaoc'h ourtn ganeç, je suis de la
m.... avec toi = je ne suis rien à côté de
toi (pour le travail), ibid. p. ioo. Lorc'h
gant koc%
de la vanité pour de la m....,
pour rien, Trég. Roc'ha ou" koc'h-keçeka,
aller chercher du crottin de cheval; /roc'Àor,
celui qui y va; homme de rien.

Karman hi skouarn curer son oreille, =
cacare, Trég.

Caymantes, Calimantes, Vann. cou-
reuse, prostituée, P. Grég.

Kleu^enn. Ko? —, vieille péteuse, Trég.;
de kleuf creux.

Kliant, un débauché. Canaouermou....

eur c'hern. p. 23, 26, 33.
Cl un fesse. 'Cath.'
Ko at at, faire la cour; coire. Trég.
Konfitur, synonyme de Kaoc'h (dans un

pot), Trég.

Korf. Eu\ ma c'horf n'on ket pec'heres

\


DU BRETON

je ne suis pas pécheresse de mon corps
'Gwerziou Breiz-Izel' II, 74.
Komauk (avel —) vent d'ouest; vesse,
Troude.

Korniec, cornu (cqcu) — evel eur çharo,
comme un cerf. Canaouermou.. . eur c'htm,
p. 12, 16; cf. dougen ar c'hernio> porter
les cornes, p. i4.

Çorqès, coureuse, prostituée, P. Grég.

Kou kau, Mirei ko neuf deu% ar goukou, gar-
dez votre nid contre le coucou (Barzaz-
Breiz, La tour d'Armor) ; expression qui
rappelle les vers élégants de Delille sur
ce sujet.

Çourç, cunnns, 'Cathol.' En gall, croth;
M. Stokes a rapproché ces mots du grec

xçvnroç caché, d'où JCavnrâSia ; cf. KoUCaq

xXi&e(ç = Ventris obstruso
recubans cubili
(Hymne à S4- J. Baptiste),
ynXTfoay . . • rov daßta, exhibet.. . Suere
Du Plan, Paris 1786, p. 170.

Kosf-v iret:... diloueded merc'hedkof-vireX
(le chemin de fer a) démoisi bien des
vieilles filles, 'Bombard Kerne' p. 44.

Krochen, f. (peau), prostituée, Trég.

Charlesenn, pl. ed, courtisane, P. Grég.;
vesse (Troude).

Chataléreç, bestialité, P, Grég.


296 GLOSSAIRE CRYPTOLOGIQUE

Chaus (sauce), m.... Trég.

C'hoant plac'h, litt, «désir (d'une) fille».
Te '%o 'c'hoant plac'h bete gwertno da daou-
lagad,
litt, «tu es en désir de fille jusqu'aux
blancs de tes yeux». Baraill a naonf ba-
raill a fec'het, Baraill 'c'hoant plac'h da
gousket
«bâiller de faim, bâiller de soif,
bâiller de désir d'une fille pour dormir»,
Trég. On dit de même c'hoant potr «désir
de garçon» en parlant des femmes galantes;
ces expressions triviales sont imitées de
celles qui désignent les animaux en cha-
leur (cf. 'Rev. Celt,' IV 149).

Oho art eur plac'h, jouer d'une fille,
Kçimrââia I 266, cf. c'hoorieres (joueuse),
courtisane, 'Rev. Celt.' IV 149.

Chouistell, «membre viril», litt «flûte»,
Trég.; cf. sutell.

Dameséle-public, courtisane, L'A. (fille
publique).

Daoulagad, yeux. Ha c'houi beteg ho
taoulagad Brades deus eur c'hokin bertnag.
Et vous, jusqu'à vos yeux enceinte du fait
de quelque coquin ('Gwerziou Breiz Izel').
Voy. c'hoant plac'h et reor.

Debocher merc^hed, débaucheur de
filles, 'Gwerziou Br. Iz.' 11; le P. Greg, donne


DU BRETON

297

dibaucher, Vann. dibauchour, féru, dtbau-
cherès.

Des dean Ua; des dei 'ta, litt, «viens à
lui, donc! viens à elle, donc!» cris pour
exciter deux amoureux, 'Explication an
doctrin christen' p. 180. Zello deudik re-
gards engageants, Trég. Ce mot deud-ik
est un impératif pluriel au diminutif (cf.
'Rev. Celt. IV. 157), qu'on peut rendre
approximativement par «venez, petite», ou
«petit».

Diadre, diadren, etc., le derrière; plur.
diadreyou, P. Grég. On dit aussi ar penn
adren,
«le bout de derrière», Trég.

Dig oc'* her s août, — Ke\ec, litt, «dé-
merdeur» de vaches, de chevaux ('Chanson
an dançou' chez Lédan, p. 4).

Direoret = é-culé. Eur pot —, un pot
défoncé, KçvnrâSia I 362. Ma n'en eus
ket
f e, 'tirerou (il en a tant d'envie que)
s'il ne l'a pas, il perdra son c.., Trég.

Dishonest, déshonnête; dishohnestq, dis-
hohnested,
P. Grég., impudicité.

Dog an, pl. ~ed, cocu; dogani, coeufier,
*Mélusine' I 551. Dans le 'Catholicon' dogan,
verbe doganaff. On trouve ce mot écrit
daougan, par exemple chez D. Le Pelletier,
mais peut-être par suite d'une préoccu-


39$ GLOSSAIRE CRYPTO LOGIQUE

pation étymologique. Neb fo dogan hag
a oar A ielo d'or baradof raktal
celui qui
est cocu et qui le sait, ira au paradis
tout droit, Trég. Cf. J. B. Rousseau, épi-
gramme 38 du livre IV: «Epousons donc
puisqu'il faut, dit le peintre, Etre cocu
pour gagner paradis»; et Sauvé, <Prov. et
diet, de la Basse Bret.', No. 456.
Douma terésiou, attouchements. Le
Gonidec, 'Katekiz historüV p. 85.

Each, excrément, terme honnête, P. Gré&
C'est un mot enfantin, qui répond à «caca»
et qui se prononce ec'h en Trég. Le
Gonidec donne aussi la forme ac%

Failhançç, excrément, t. honnête,P.Grég.
Probablement du franc, faillir, cf. dé-
faillance*
Voy. feU.

Fall y mauvais, dans les expressions adou-
cies plac'h fall, plur. en Vann. fall-virhiet,
mauvaise fille; leac'h fou, mauvais lieu
(*Ar c'henta miz Mari', 2* éd. p. 48).

Far de II, membre viril, Trég. Du français
fardeau, qui s'emploie en ce sens dans
les mêmes localités.

Fell, excrément, t. honnête, P. Grég. cf.
failhançf et le br. fellell, faillir.


DU BRETON

F es kenn 9 f. fesse; du français. Pour le
k inorganique, cf. lousken, féminin de tous,
sale. Vann. fêsseem, L'A,

Feumeulenn, plur. -o, (femelle) «porte»
en terme de couturière, objet dans lequel
entre le crochet appelé mal, Trég.

F eur de gas, foire, colique, Trég., litt,
«foire à mener», c'est-à-dire «qui fait aller,
qui fait courir»?

Fief glaç (figues vertes), crottin de cheval.
'Bombard Kerne' p. 30, Les bouses de
vaches s'appellent mouded-glaç, mottes
vertes, Troude.

Fleriadenn, courtisane, litt, puanteur ou
femme puante, cf. louvigef.

F lut er ik ann douar, vesse-de-loup (P.
Grég., Troude), mot-à-mot, probablement,
«petit vesseur de la terre». La syllabe flut,
avec quelques variantes, a en breton des
sens fort divers : i°- flud, sottises ou men-
songes ('Mari beg a rog\ 3e couplet); v/k-
tach, contes, choses insignifiantes; vlutafi
koheho,
faire des contes ('Rev. Gelt.' IV
169), cf. Piou *neus fluted ar \on never.
Qui a fait ce chant nouveau, 'Bombard
Kerne* p. 44; fleuden, femme qui a une
mauvaise langue, fleudema médire, etc.,
D. Le Pellet. ; 2* bastarded,.. fluted e


3<X> GLOSSAIRE CRYPTOLOGIQUE

Gall, bâtards mis bas en pays français,
'Bomb. p. 4, cf. 72; 3°- e ver flutet
digueneoc'h ar peç o p'eus goune\et,
on
vous enlève, on vous soutire ce que vous
avez gagné ('Ar virion es d'an artizanef,
Landerneau 1849, p. 13) ; 4°- fluterik ann
douar;
5°- c^hoari flut jeu de cartes assez
semblable au vingt-et-un, Troude; on dit
en Trég. cyhoari flu, sorte de brelan ; 6 <>•
flaut sonde à beurre, Troude; vluten bec
de cruche, Trég. Cf. français flûte, an-
ciennement flaute; fluterik ann douar
rappelle fort le mot flatuosité qui dérive
de la même racine que flûte.
Foeltr
et foultr «fouldre, lat. fulgur»,
'Catholicon*. Ces mots s'employant dans
des jurons, ont été, je croi *, confondus
avec foutraff, du franc, foutre, lat. futuere,
'Cath.'; il en est résulté une classe de
mots hybrides qui tiennent de fulgur pour
la forme et de futuere ou plutôt de foutre
pour le sens: foultr a var 0 gueno «leur
foutre sur la gueule», Canaouetmou gret
gant eur dhemevod,
St. Brieuc, 1838, p. 6;
foultra Pocquo dar voeren, poquo dar mer-
c'het,
«foutre des baisers au verre, des
baisers aux filles», ibid. p. 18 ; foeltra e gorf
ac e fillad,
abîmer son corps et ses


DU BRETON

30I

habits, ibid. p. 4; divoeltraû, déchirer,
Trég.: foeltr-boellou, grand gésier, 'Bomb.
K.' 64; foelt-biken, tan-foeltr-biken, du
diable si jamais (avec un futur); Na fe-
brjent birviken foeltr tamm krampoeç fritet
ils ne mangeraient jamais aucun morceau
de crêpe frite ('Al louarn castizet', par
Yves Tanguy); tanfo'éltra jeter violemment,
foutre par terre, 'Can. ... eur c'h.' 13;
hanval deus bordoueur pot cambr eo he diou
foeltren mu\el
ses deux énormes lèvres
ressemblent à des rebords de pot de
chambre, ibid. 12; eur pes foultren asied,
une énorme assiette, 'Mari beg a rog\
chez la veuve Le Goffic, Lannicn, 2e coup-
let; eur foeltrennik gougad, un sapristi
de coup de gueule, Trég. etc.

Fons, le fondement, le derrière; du franc,
fonds. Le P. Grég. donne à ce mot un
pluriel en ou, Vannetais eu.

Foutraff du franc, foutre, 'Cam.', voy.
foeltr.

Foutraillefenl sorte de juron, ('Sermon
Michel M or in', chez Lédan, p. 43); du fr.
foutre.

Foutu e, il est fichu, il est perdu, Trég.;

terme moins bas en breton qu'en français.
Fouçaff, du lat. futuere, 'Cath.'


302 GLOSSAIRE CRYPTOLOGIQUE

Fr me s, le derrière, en bas Léon (P. Grég.)

Fraskell, i. pet foireux, traînant, Troude.

Friponell, £ coquette, Varai., Troude.

Friçenn, f. (crevasse d'un mur), fille de
mauvaise vie, Troude.

Fréta, frotter. Pa frète eur plac'h ail,
quand il caressait une autre fiUe, 'Can ...
eur c'h.' p. 24.

Frouguein% fronguein, pisser, en par-
iant des animaux; frougadeil, frugadett,
frigadeU,
pissat, et, improprement, urine
de l'homme. Vann. P. Grég. M. Troude
donne froug, freuk, m., urine, pissat;
frougadeil, f., trou où tombent les urines
des bestiaux, Vann.

G ad al, adj., luxurieux, obscène ; gadales,
«folle femme», *Cath.\ plur. ei, P. Grég.;
plac'h gadal, id., P. Grég.; gadalere^ £,
lubricité, 'Kanaoueimou santel' St Brieuc
1842, p. 196; gadêle\, impudicité, P. Grég.
Cf. gadalej, 'Cath.' ; gadalus, 'Cath.', luxu-
rieux.

Gagn et kagn, f. (charogne), prostituée:
map-kagn, fils de p. ; plur. ou.

Gast, f.; plur. gisti, prostituée; mab eur
c'hast,
plur. mipien gisti, fils de p. En
gallois gast, plur. geist, chienne; en ir-


DU BRETON

303

landais gast, vieille femme, sorcière (glos-
saire d'O'Cléry). Honnef fo gast lahn hi
e'kroc'hen,
elle est garce plein sa peau,
Trég. Le P. Grég. donne le composé
hybride gast-puteen et l'expression mîl-gast,
double p., litt, mille p. On forme de ce
tnot les dérivés gastach, minauderies, ma-
nières affectées, Trég.; gàstaoui, putasser;
gastaouer, Vann. gastaottr, putassier; ces
derniers supposent à côté de gisti un autre
pluriel *gastott; Vann. gosiereah, prosti-
tution, L'A.

Gedon penn-gwenn, lièvres à tête blanche,
==• jeunes filles dans les champs (en terme
de chasseur) 'Bomb. K.' 52 ; cf. eur cfhadik
penn-gwenn,
un petit lièvre à tête blanche,
'Barzaz Breiz', La filleule de Du Guesclin,
§ m, et voy. glujeri.

Gloc'horenno, pour Klogoremto, ampoules,
désigne une maladie secrète, 'Can ... eur
c'h.' 30.

Glujeri koef et, perdrix coiffées, = jeûnes
filles dans les champs, en terme de chas-
seur 'Bomb. K.' 52. Glujeri est pour Klu-
jeri
Cette expressiori se dit en français.

-G ou hin, plur. ou, courtisane, P. Grég.; du
franc, gouirie, cf. provençal godmeta, dont
on a rapproché le gallois godmeb forni-


3<H GLOSSAIRE CRYPTOLOGIQUE

cation et le vieil irlandais goithimm, futuo
(Grammatica celtica' 2e éd. p. 13).

G oui s, pL i (truie), putain, Trég. (P. Grég.);
d'où goiäsaer, putassier, ibid. ; voy. tourdh.

Goujardès, pL ed, une gouge, P. Grég.
Cest le féminin de goujard, goujat.

Groillenn (l mouillée), femme de mau-
vaise vie, Troude.

Groll (truie qui a des petits), femme dé-
braillée, prostituée, Troude.

Gruec foll^ femme folle [de son corps],
Cath.'

Hadrêr, «faux-cul», tournure des dames,
Trég.

Haillebodenn, prostituée, Troude; Le
P. Grég. écrit cailheboderm, pl. ed C'est
le féminin de haül eb od, haîllevod, mauvais
sujet, Troude.

Hey f è s (biche), femme impudique, P. Grég.

Hibil cheville, par allusion au membre viril:

 Kamm, — recourbée, Kçvnrâdta I 266 ;

 soun, dressée, Sauvé, 4Prov. et diet',
No. 479.

Hillig a he morqed S eur plac'h, litt, cha-
touiller la cuisse d'une fille, Troude; cf.
e c'harlinquas din ma mordet, il me cha-
touilla la cuisse, 'Can... eur c'h.', p. 28.


DU BRETON

305

Hou Ii er, franc, id., lat. leno 'Cath,'; plur.
-lien, fém. houlyerès pl. ed, P. Grég.

I ale'h, bourse, scrotum, Kçvnrâdta I 361.
Iann, Iann-Iann, Iannik-Iann (Jean,

Jeannot), sobriquet des cocus. Sauvé,

'Prov. et diet.' No. 451.
Impudicationou, impudicités, 'Chanson

an dançou' chez Lédan, p. 4.
Insolantach, chose inconvenante, 'Explic.

an doctr. chr.' 180.
Jalgaudétt effrontées, femmes débraillées

(L'A., s. v. débrailler).
Janeik,
membre viril, Trég.; diminutif du

franc. Jean.
Jufere, chufere
(hydromel), podad —, pot

plein de m.... Trég.

Landr eg er, le derrière, Trég., litt. «Tré-
guier».

Liboudenn-, f. «fille ou femme coquette,
en mauvaise part», Troude; cf. libouden
'Guiziou ar vro', Landerneau, s. d., p. 9:
plur. -et. Le sens premier semble «chiffon,
guenille», cf. 'Rev. Celt.' IV 161.

Li bo us, «m. V(ann.) Noir de fumée dé-
trempé, et par extension, salope, terme
injurieux pour une femme», Troude. En

KovnraSta. fi. 20


3o© glossaire cryptologiqu*:

Trég. libouf et liboust ont d'autres sens
analogues ('Rev. Celt.' IV 161); c'est aussi
le liquide épais que rend une vache qui
vêle; = Cath. liuoes, mousse d'eau ou
d'arbre.

Lik, adj., lubrique.

Loeniach,m. bestialité, Troude; loëçnyaich,
P. Grég.

Lost, queue, dans le sens du 'caudamque
salacem* d'Horace: eul lost kouët, une
queue tombée; — trouc'het, — coupée,

K^vuràSia II, 266.

Loudour enn, courtisane ; proprement,
salope, Le Gonidec; plur. -et.

Lou/, Vann. lou, vesse; loufat, Vann. louein,
vesser, ki louferik, chien de dame, litt,
petit vesseur; loufadenn, f., vesse. Cf.
loufce, «vapeur qui s'échappe de l'estomac,»
'Dictionnaire rouchi - franc.' par G. A. —
J. H., 2« edit. Paris 1826. Kemener, Pik
ki
vif, louver; Tailleur, pique-son-doigt,
vesseur ! Trég. ; loufaorchen, qui vesse sur
son coussin, sobriquet des tailleurs, Trég.
De là aussi en Vann. louvec, un fat, plur.
louviguet ; louviguès, prostituée, louviguiah,
prostitution ; louviguiahem, prostituer ;
louvidiguiaJu fadaise, L'A.


du breton

Lukan penn-pignon, le derrière, Trég.;
litt, «la lucarne du bout du pignon.»

Mal plur. o, m., (mâle), petit crochet qui
s'adapte dans la «porte», en terme de cou-
turière, Trég.; Voy. feumelem.

M am (mère): Vann. er vam à goff er fu-
mœll,
f., vulve, L'A.; en Léon, mammou,
matrice, P. Grég.

Marc? h s ailler, m. antier, m. jervich,
cheval entier, étalon, Trég., par opposition
à marc*h labour, cheval de travail. Voy.
kallodh*

Mard est donné par le P. Grég. comme
ayant signifié mer da ; il viendrait du fran-
çais. Le même auteur donne aussi comme
usité fouilh-mard, escarbot, ou fouille-
merde; et il tire de mard le mot mardos
«saleté d'argile qui, au temps de pluie,
coule le long d'un parois blanchi», cf.
'Rev. Celt.' IV, 162. Ce mot mardos, en
certaines localités de Léon quelquefois
mordof, suie, paraît plutôt identique au
gallois marwydos, cendres chaudes; mais
il a porté la peine de sa ressemblance
fortuite avec mer da; de là l'emploi de
mar do f dans le sens de Kaodh ('Feiz ha
Breiz' du 26 avril 1884, p. 131); cf. mar-

20*


3o8 GLOSSAIRE CRYPTOLOGIQUE

dosi, salir de merde, mardosus. merdeux,
P. Grég.

M armons (singe), et mowncqa (guenon),
personne impudique, P. Grég.

Martinik, petit Martin, mot local syno-
nyme de Janeik? 'Rev. CehV IV 66.

Merc^heta, courir les filles; merdhetaer,
coureur des filles, = potr ar mere net,
4Prov.' No. 5o2.

Mil in, prostituée; milintric, fornication, v.
bret

Mon, merde, terme honnête, P. Grég.

Morik (petite mer): ober—, faire pipi: t.
enfantin, Trég.

Mou denn (motte), cunmis, KçvnraSut 1360;
II 269. Cest probablement une figure du
même genre que celle qui a lieu dans le
proverbe Kentoc'h e skuùf ar freill evit
al leur,
le fléau se fatigue plus tôt que
Paire (en parlant des rapports conjugaux)
*Prov. et diet* p. 10.

Atours, m. Vann. merde, P. Grég.; étron,
Troude.

Mouf, m., Vann. vesse; Léon. moue\,
mauvaise odeur; moufein, Vann., vesser,
Léon, moue fa, sentir mauvais, Troude.

Munudeik (menu): ober — cteur pladh,
«coire cum muliere», Trég. Probablement


DU BRETON 309

analogue à l'expression enfantine «faire
son mince» = uriner, par opposition à
«faire son gros».

Nap lès y mal vénérien, P. Grég., D. Le
Pellet., litt, mal de Naples.

Ne u denn ein y pisser, litt, lancer un filet
(d'eau), Treg., 'Rev. Celt.' IV i63.

A'of, arc*hard goneet en —, argent gagné
la nuit, pretium stupri ; on dit d'un enfant :
Ne ket gret vally 'vit tam labour nof, ce
n'est pas mal fait, pour un travail de nuit,
Trég. Cf. dans les œuvres de Shakspeare
Pêriclès, acte IV, se. 6, 'do the deeds of
darkness'.

Ober, faire. Gred fou dei fvel ve gred
dar re all,
on lui a fait ce qu'on fait aux
autres, se dit d'une femme enceinte, Trég.

Ob H je t. Da bed ac'hanoc'h 'vin —? A
combien d'entre vous serai-je obligée?
demande une jeune fille prisonnière, 'Gwer-
ziou Breiz-Izel', I, p. 350.

Off icy al pl. ou, urinai, pot de chambre,
P. Grég.

Orach (orage), bean en —, être en humeur

galante, Trég.
Orged, m. amour luxurieux; d'oùorgeder,

un débauché ; orgedere%y femme débauchée,


3IO GLOSSAIRE CRYPTO LOGIQUE

Troude; oriad, pl. ed, débauché; fém.
oriadès, pl. ed; oriadef, débauche, P. Greg.
Or in, urine; ormal urinai, 'Cath'.

Pabor, chardonneret: nos quentâ e kenret
Digoret franq dor ar gaouet Ac éd ar
Pabor gant al laêr,
cCan... eur c'h.' 23.
cf. L'époux, quelle disgrâce! De IVoiseau»
qu'il cherchait N'a trouvé que la place
(Béranger).

Paillart , 'Cath.', paillard; pailhardyaich,
paUkardyeq,
Vann. pailhardtah, paillardise;
pailhardi, Vann. paithardein, paillarder, etc.
P. Grég.

Paner ok adj., débauché, mot ancien, selon
Troude.

Park, champ. Bed e 'park rog hi lein,
elle a été au champ avant son déjeuner,
se dit d'une femme qui accouche d'un
enfant venu à terme, avant neuf mois de
mariage, Trég.

Pastel hi rer, ou pastel toull hi rer, m.,
sa fesse, Trég.

Pau très, pl. ed, courtisane, P. Grég.; fém.
de pautr, garçon; il est arrivé à ce mot
la même mésaventure qu'au franc, garce.
Mais poutres n'est pas toujours pris en
mauvaise part.


DU breton

Paf (toux), pet, en t. honnête; avec l'article,
ar pas et ar bof, P. Grég.

Péan hi ôtro, aller à la selle, litt, payer
son maître, Trég.

Pelletenn, coureuse, prostituée, P. Grég.

Penn-pautr, garçonnière, P. Grég., litt,
tête de garçon.

Pens fesse, du français; c'est, par con-
séquent, un doublet de fesken. Il semble
que cette forme pens vienne d'une fausse
analogie: d'après ma fenn, ma tête, de
penn, on aura formé pens à cause de ma
fens,
ma fesse. Pour la nasalisation, com-
parez befis, de la vesse.

Peul (pieu), membre viril, K^vnraSia II 269
(cf. les comparaisons, ibid. I 48, 86).

Pef pièce; Teus ked a vef, Gwelet da rer
en daou be\l Tu n'as pas de honte, De
voir ton derrière en deux morceaux! Trég.
Per 1er, prostituée, litt pièce de cuir
(peau, cf. scortum). On dit par euphé-
misme : Ar re %e fou di... pef a jonjan,
ces personnes sont deux .... ce que je
pense (suffit, je m'entends), Trég.

Pik, pie. Ar bik a grog enn he skouam,
la pie lui pince l'oreille, = il (ou elle)
a envie de se marier ; cf. 'Bomb. K.' 90.

Pi den ou biden, f., pl. ou. Le Gonidec,


312 GLOSSAIRE CRYPTOLOGIQUE

membre viril. Selon le P. Grég., ce nom
ne s'appliquait qu'aux petits garçons. D.
Le PelL ajoute (s. v. pit ou pid) qu'on ne
l'employait pas pour les bœufs; il cite le
gall, pidyn, «mentula», d'après Davies.

Pis et, pisser, Trég.; Vann. picçet, en par-
lant des animaux, P. Grég. Eur pod piser,
un pot de chambre, bokedo pis-toutou des
fleurs de pissenlit, Trég.

Pitou, m., débauché, 'Can... eur ch.' 11;
écrit avec une majuscule p. 29. Pitaouer,
id. p. 30; cf. 'Rev. Celt.' IV 165.

Porc1 hel lovr, impudique, litt, pourceau
ladre, P. Grég.; cf. tourc'h.

Praticien 'Can... eur c'h.' p. 30, syno-
nyme de pilou; mot souligné probable-
ment parce qu'il est tout-à-fait français.

Puff er icq an doüar, vesse-de-loup, P.

Grég, cf. fr. pouffer, gall, pwffio.
Pu te en,
pl. putened, P. Grég. ; Vann. pu-

téne, pl. puténéfétt, L'A. (s. v. garce), du

franc, putain.

Qyès lupr, qyès sautr (chienne en chaleur);
qyès-vley{ (chienne de loup) et blejrçès
(louve), femme impudique, P. Grég. voy.
ki et gast, et cf. latin lupa, d'où lupanar.


DU BRETON

313

Rampennet y co\ —, vieilles bégueules,

'Can... eur c'h.' 4,11; de rampa, glisser?

Voy. riskla.
Rahgouill,
coq à demi-châtré; rahgouilli,

châtrer à demi, Troude.
Ras-paotr, m:, garçonnière, Troude.
Rebeutenn, double putain P. Grég.; du

fr. rebut?

Rederès ar bautred, coureuse de gar-
çons, P. Grég.; Vann. rideréss, ridouréss,
coureuse, garce, L'A.

Reor, revr, refr, rer, cul; quelquefois
cunnus. Rer brein cul pourri, injure à
un péteur. On dit aux péteuses : Mam goj
ann avel gré Hag hi rer adré,
grand-
mère de l'orage, qui a le cul par derrière.
Pour les excuser : Le{ 'nei de vramet, p'en
e gwir 'man hi rer ganthi; n'a ket d'an-
prestein rer den ebetl
Laisse-la péter, son
cul est à elle, elle ne va pas emprunter
celui d'un autre. Krog e bram 'n hirer,
-le pet est pris dans son cul, = il a grande
hâte, ou grande émotion. On dit encore
dans le même sens: 'bad ket hi rer, son
cul ne dure pas; dond rei hi rer (ou hi
fondamant) oar am tu gin vel eur c'houe-
fegel,
ou vel eur bouton koko, son derrière
va se détourner comme une vessie, ou


3H GLOSSAIRE CRYPTOLOGIQUE

comme un bouton de coco (= nombril).
Fenn e gant me rer klevet ânout, ce que
tu dis fait rire mon cul, expression de
dédain qui rappelle celle desHauts-Bretonse
«Tu me fats ch...». Bean daou benn daou
rer,
litt être deux têtes deux culs, se dit,
par exemple, de deux animaux qui sont cou-
chés en sens inverse Tun près de l'autre.
Ail bonjour, na bonsoir, na fri ma rer (il
est parti sans dire) ni bonjour ni bonsoir,
ni (mets ton) nez (dans) mon c.. ; l'ex-
pression complète est bout da fri 'n em
rer,
beaucoup de Hauts-Bretons ne savent
que cela en fait de celtique. Eur week
'oa unan Hag hi rer enn tan; Penôf e
padje Med daou rer 'n ije?
Il y avait une
fois quelqu'un qui avait le cul dans le feu;
comment aurait-il duré, à moins d'avoir
deux culs ? Daoulagad glas Ha da gousket
'rer ar c'has
(ou Vous eur was); Daou-
lagad rou\ Ha da gousket er baradowç;
Daoulagad gwenn Ha da gousket 'rer
'rnenn.
Yeux bleus vont coucher dans le
cul du chat (ou au fond du ruisseau);
yeux roux vont coucher au paradis; yeux
.blancs vont coucher dans le cul du
.chevreau. Dérivés: rer ad, plein le cul;
— koc'h, de merde, Trég. ; reoraich, merde


DU BRETON

315

(burlesque) P Grég.; adj. reorek, de cul,
'Rev. Celt/ IV 70.

Rèu, Vann. cunnus (Kovnrâêia II 265).

Riband, fern, ès, ribaud, ribaude P.Grég.

Risk la (glisser, risquer): Ar verc'harisgo
he c'hroëhen,
la fille aventurera sa peau,
'Can... eur c'h.' p. 30; risqla, p. 22 ; risqa
p. 24, absolument, tomber, en parlant
d'une femme; eur risquerez co{ p. 23.
une vieille débauchée.

Sac1 h (sac), scrotum. Voy. ba\.

Sav aie h, sauvage; an avyel — (l'évangile
sauvage), paroles impudiques, P. Grég.

Skign monstre qui naît d'une femme et va
aussitôt se cacher sous le lit; il ne faut
pas se faire scrupule de le tuer, disent
les Bretons (Trég.). Cf. Vann. skignan,
chignon,
grenouille.

Sklokeres (glousseuse), vieille péteuse.Trég.

S er c'h pl. ed et 0, Trég.; concubine, P.
Grég. Serch, «concubinarius», 'Cath.* M.
Troude donne serc'here?, concubinage,
serc'hm vivre en concubinage; Davies,cité
par D. Le Pelletier, bret. serch% «concu-
bina, concubinarius». On trouve sercfheg,
l'amant, dans le 'Barzaz Breiz' (La sub-


3l6 GLOSSAIRE CRYPTOLOGIQUE

mersion de Keris). Vieil irlandais serc,

amour, Cf. aréçyta.

So do m ad pl. sodomidy, sodomite, P. Grég. ;
fém. sodoménn, mœrh à Sodom, tribade,
L'A.; sodomyaich, pec'hed Sodoma, sodo-
mie, P. Grég.

Sot, adj., impudique, en parlant des choses;
sotonyou (sottises), choses impudiques, P.
Grég.

Soudardès pl. ed, ou gast soudarded, une
gouge, P. Grég.; fém. de soudard, soldat.

Spaç, châtré ; spaça, Vann.spahem,spaouein,
châtrer; du lat. spado.

Stal: Pak da stal, ferme ta brayette, litt,
ramasse ta marchandise, Trég.

Staut, pissat; stautet, pisser, 'Cath.' En par-
lant des animaux: staut se dit impropre-
ment de l'urine de l'homme, P. Grég.
Lousaouen - stauter, bokedou stauter, le
pissenlit; sa fleur. P. Grég. Stautiguetm,
pissat; stautiguell, creux plein de pissat;
stautiguellat, pissoter, P. Grég. M. Stokes
a comparé avec raison l'anglais to stale.

Strakl, pet; t. honnête, P. Grég.; strakal
péter; cf. 'Bomb. K.' 36, où l'auteur tra-
duit «crépiter» et prend la précaution de
dire, resped dhoc'h, sauf votre respect.

Stréhein, étrécir. «Ce mot et ses dérivés


DU BRETON

317

sont obscènes dans le bas-Vannetois», L'A.
Cf. starda costou ar merc'het serrer les
côtes des filles, 'Can.... eur ch.* 8, et
simplement starda merc'het p. 18.
Streieres (éternuement), colique, Trég.
Voy. pa?.

Stroden (boue; souillon), prostituée; mot
cornouaillais (Troude).

Stroillachy parties sexuelles de l'homme,
Trég., de strouill, ordure, d'où strouilletm
Corn, fille de mauvaise vie, Troude.

Strohk, strounk, m., excrément humain,
Troude, cf. v. franc, stronc, = étron.

Sütel (sifflet), membre viril: va — ha va
ialc'h,
mon sifflet et ma bourse, KçvnraSia
I 361. Voy. c'houistel, qui en est probable-
ment un doublet.

Tal ter, tailler, croupe, croupion. Zoudard
(resped dhoc'h) arm tôlier,
soldat, sauf
votre respect, du croupion, 'Bomb. K.' 32 ;
distroit aman ho tôlier, p. 62 = «tournez-
vous, de grâce,» La Fontaine; cf. p. 96,
102. Meur a blac'h a lacqpilhau da rontad
e feutrin, Brofiou d'ober un tailher,
Bien
des filles mettent des chiffons pour s'ar-
rondir la poitrine, des jupes pour se faire
une croupe, 'Can.... eur c'h.', 11.


3l8 GLOSSAIRE CRYPTOLOGIQUE

Tarj, pet, tar\a, péter, îm. éclater.

Ter s y fesse; tersek fessu; nom de famille.
Troude.

Tifoc, eunuque, 'Cath.'

To m m y chaud. Rer tomm, ou rer poas,
fille galante, litt, cul chaud ; Trég.

Toull y trou. Toull ar revr, — du cul; —
ar foncfy du fondement; — al lost, de la
queue, P. Grég. Toull de doull! litt, trou
de ton trou, interjection d'impatience, pour
toull de rer! Sko de vri ba\ pevar c'hom
toull me rer!
Frappe ton nez dans les
quatre coins du trou de mon cul. Birvtn
a ra toull he rer gant c'hoant 'n eus de...
Le trou de son cul bout, tant il (ou elle)
a envie de (telle ou telle chose), Trég.
Voyez direoret. On dit aussi Birvtn a ra
ar c'hoc'h 'n hi rèr gant c'hoant,
litt. La
merde bout dans son cul, tant il désire
(telle ou telle chose), Trég. On dit à
quelqu'un qui pète, la nuit: Biet dann
toull, pe ra hi dever Kenkouls en tewal
hag en skier,
Santé au trou puisqu'il fait
son devoir aussi bien dans l'obscurité
qu'au jour. Le diminutif toullëik, petit
trou, est un synonyme enfantin de rer;
le même mot s'emploie familièrement pour
«le dernier»; cf. en franc, le culot, et en


3*9

gallois tin y nyih, le dernier de la couvée,
de tin, «podex».

Tour c'h, (pourceau), prononcé souvent
toute'h en Trég., se dit d'un homme dé-
bauché. Toulc'h vel ma cMk, luxurieux
comme mon chien, Trég.; tourc'h an
barrés
(le pourceau de la paroisse), putassier
par excès, P. Grég.

Toupet, tondu; tra dowçet, chose tondue,
par allusion obscène 'Rev. Gelt.* IV 70:
cf. Touçeik, toujeik, deuj daveton, Nan euf
den er ger nemerdon Hag ar cfhof diaoul
a varichal A ve
wor pe art 'n hi stal,
Petit tondu, petit tondu, viens vers moi,
il n'y a personne à la maison que moi, et
le vieux diable de maréchal n'arrive à sa
boutique qu'à la nuit, Trég.

Treo lous, choses sales, ou ann treo ce,
ces choses-là = les règles des femmes.
On raconte que les garçons avaient autre-
fois cette incommodité, mais qu'ils n'avaient
pas la pudeur de s'en cacher, ce qui fit
que Dieu passa la chose aux femmes, Trég.

Troaç, urine Vann. troeh, treaht et dëur
treah%
litt eau d'urine ; troaja, uriner,
troajiguellai, pissoter, P. Grég. Ces mots
s'appliquent spécialement aux personnes;
cependant en Trég. troaçah se dit aussi


320 GLOSSAIRE CRYPTOLOGIQUE

des animaux. En gall, trwyth, urine.
Bret. troa\ ruf, urine (rouge), échauffée,
P. Grég.

Tronsan vit (ann —), la colique, Trég.,
de tronsan, trousser, et vit, franc, vite?
L'A. donne vitt, f., courante; et M. Troude
vit, vid, m.

Vil (vilain), impudique (des choses); vil-
tancfou,
paroles ou actions impudiques,
P. Grég.; vilgemt, prostituée, litt, vilaine
peau? M. Troude donne aussi à ce mot,
en cornouaillais, le sens de crasse du
corps.

Von s, le fondement; eur gof dtvonset, une
vieille défoncée (péteuse), Trég.

V ovo au, 2 syll., mal vénérien? 'Can...
eur c'h.' 11.

SUPPLÉMENT.

Baskarin, hermaphrodite (île de Batz).

Belek, prêtre. On dit en Basse-Bretagne
que quand le femme est sur l'homme m
coitu,
l'enfant qu'elle met au jour sera
prêtre.


DU BRETON

321

Bout ebarç, mets dedans, éveille la même
idée obscène que le nom géographique
Méfidon, connu pour cette raison en Haute-
Bretagne.

Gad, lièvre. Taped e hi gad d?ei, son lièvre
a été attrape, se dit d'une femme enceinte,

Trég.

21



WELSH jEDŒOLOGY.

[he object of the following Articles is

BLHh to bring together all the elsewhere
inaccessible aedœological data that we have
been able to collect in Wales, which may
in any way interest the Students of Folk-
Lore and Anthropology, or of Celtic Philo-
logy, Literature, and Lexicography. They
have been put together by an Englishman;
but their accuracy may be relied on, as he has
both made himself acquainted, more or less,
with the Welsh Language and Literature, and
has spent several vacations in visiting the Prin-
cipality, and attempting to penetrate into the
innermost life of its peasantry; and these
notes are based, partly on information eli-

21*


324 WELSH jEDŒOLOGY

cited by his enquiries on the spot, and
partly on what he has learnt by correspon-
dence with Welsh Bards and Scholars, to
whose kindness and readiness to assist him
he is indebted not only for most of the ma-
terials he has put together, but also for many
etymological remarks which he now reprodu-
ces. Notwithstanding, the Welsh reader will at
once perceive that the different Parts of his
Country have been very unequally examined.
To us the localities most thoroughly explored
appear to be the Skirts of Nanconwy and
those of Cardiganshire1; but we trust that
at some future time an equal flood of light
may be shed on the Penetralia of other Parts
of the Principality, from Porth Ysgewin in
Gwent to Porth Wygyr in Mona.

It will be seen that the various contri-
butions have been somewhat loosely strung
together with no attempt to distinguish the
sources whence each quota has been derived,
the only order adopted being the alphabetical

1 Abbreviated 'Card.'; and the North and South
of that county 'N. Card.' and 'S. Card.' respectively.
Of these divisions, separated by the river Wyre, and
differing much in dialect, the latter is called «Godre'r
Sir», 'the Skirts of the Shire', by the natives of the
former.


WELSH jEDŒOLOGY 3*5

sequence of the Latin equivalents for the
Welsh words under discussion: and, more-
over, that no violent effort has been made
to couch either translations or comments
in that circumlocution so eminently calcu-
lated to stimulate the prurient imagination of
modern civilized humanity.

No nation can, perhaps, appear to the
best advantage when looked at from an
aedœological point of view. It is only the
seamy side of its character that presents
itself to the aedceologisfs enquiring eye.
But the writer, judging from his acquain-
tance with England, France, and other
countries, fearlessly affirms that the Princi-
pality comes off second to none of them
in point of propriety and sense of decency.

An drogy n u s.

In dictionaries we find the words «mab-
ferch», ('lad-lass'), «gwr-gwraig», ('man-wo-
man'), and «catwrwraig» *, but we have never
heard any of these used. The last looks to us
like an old book-word concocted to trans-
late the Greek 'Amazon', and compounded
either of «cad», 'battle, war', and «gwrwraig»

1 Evans, Eng.-Welsh Diet., Carmarthen, r8ia, s. t.
• Hermaphrodite'.


326

WELSH jEDŒOLOGY

(=«gwr-gwraig», the initial «g»'s being elided
in the second component of Welsh 'proper
compounds'), or else of «cadwr»,'warrior', and
«gwraig».

In Nanconwy1 a general word applicable
to 'humans' and beasts is «gwrryw-banyw»
(Carnarvonshire*1 for «benyw»), 'male-female';
but its natives have, we are told, nicer
distinctions between different classes of human
hermaphrodites. The kind most inoperative
(from the feminine point of view) is called
«gwrry w-gydiwr», which (see under *Fu-
tuere')
properly means 'a sodomite', though
we think that in this case 4a catamite' (='pathi-
cus') is rather meant, as the reason adduced
for the opprobrious name is that, 'they say,
they will never do anything with females,
nor will they ever leave a male bedfellow
alone;' whilst «fïwl» ('a fool', of course from
the English), and its compound «catffwl» (a
word also applied to half-witted persons in
the same district) there designate a class

1 This (abbrev. «Nan,') is the Welsh name for the
district of the Vale of Conway, which river forms for
most of its course the boundary between Denbigh- and

2 Carnarvon-shires (abbrev. 'Den.' and 'Carn.'). Our
observations apply chiefly to the centre of the Vale,
and the Carn. side.


WELSH «flSDŒOLOGY 327

somewhat superior to the «g-g.», but yet by
no means up to the proper standard of manly
vigour; it was defined by a native as com-
prising men similar to those alluded to by
Twm o'r Nanfs young women when they
said1

«Dyna imi ffwl tin lipa,
Ni wiw ini ddisgwyl, yn ddigon siwr,
Fawr lawenydd gan wr fei yna.»

'There's a fellow I call a limp-tailed ninny;
it's no good, sure enough, our looking for
much pleasure from a man like that!'

An adjectival form from a fern. «*catffol»,
viz. «catfïolog», is used in the same district for
a hoydenish, intractable romp of a girl; and
the «cat-» in these words is possibly the same
as the word «càt»*, 'a piece', borrowed from
English, and used in the expression «cat

1 «Cyfoeth a Thylodi», p. 8. Our quotations from
this poet's works are from the uncastrated or Merthyr
Editions (1848—1850) never from the emasculated Liver-
pool one (1874). His «Cyfoeth a Thylodi» is called
«C. a T.' ; «Y Farddoneg Fabilonaidd», 'F. F.' ; «Pedair
Colofn Gwladwriaeth», «P. C. G.' ; «Tri Chryfion Byd,
«T. C. ß.' ; «Pleser a Gofid», «P. a G.'

2 The grave accent denotes that the vowel is quite
short, which may be also indicated by the doubling of
the following consonant.


3*8

WELSH jEDŒOLOGY

o ddyn», 'a good bit of a roan' ; whence the
dim1, «cetyn», 'a short piece of anything',
especially 'a short black stumpy pipe', (as
in «cetyn cwtta», 'a cutty pipe*); Pughe* also
gives a plural of «cat» in «Tori'n gatiau»
(a phrase common in Wales) 'to break in
pieces', and the derivative «catiad» (elsewhere
«catted», which would be written «catiaid»)
is used in Nan. for 'a pipeful of tobacco' *.

The history of this word is curious.
Halliwell, in his 'Diet of Archaic and Pro-
vincial Words' (ed. 1855), s. v. 'Cat', informs
us that 'The Trap at the game of Trap
and Ball was formerly called a 'cat', and
the game itself also went under this name,

1 L e. «Diminutive'.

2 Welsh-English Dictionary. i»* ed. (under name
of 'Owen') London, 1803 ; sad ed. Denbigh, 1833. He is
hereafter abbrev. 'P.' He was much given to concocting
imaginary 'primary words' from which, according to
the phonetic laws prevalent in Welsh, existing wofds
might be derived as 'secondaries', in order to fill up
gaps in his visionary linguistic edifice. Hence the great
importance of pre-Pughese Welsh Diets., since the poste-
rior ones, as a rule, copy and reeopy these purely imagi-
nary words from the pages of the great Lexicographer.

3 «Er ys cetyn», 'a little while ago', is also found
m P. s. v. «cetyn», and «ys cetyn» is still common in
the same sense.


WELSH iBDŒOLOGY 329

or, according to Howell, 'Cat and Trap' ;
......but the game of 'cat* is more pro-
perly that played with sticks, and a small
piece of wood, rising in the middle, so as
to rebound when struck on either side....
It is also called 'Cat and Dog/.' And we
learn from Nares' Glossary (ed. 1882), s. v.
'Cat', where further references and particu-
lars are given, that the game is now known
as «tip-cat», and that it is the small piece of
wood that is called 'the Cat'. Now this is
just the meaning retained by «cat» in parts
of Wales, e. g. N. Card., where the game
is still popular, and to play at it is called
«hware* cat» (see P. s. v. «Cat», also s. v.
«clwpa», where he says the game is also
called «Dau wr a chlwpa», 'Two men with a
knobstick'). Hence «cat» must have had
its signification extended so as to mean 'a
piece of any kind', and possibly «catflfwl»
may mean 'a fool who is only a bit of a
man' and «catftblog» (like French 'horaasse')
'a girl who is half a man' (metaphorically).
As to animals, the old Gwentians1 seem

1 'Gwent* now only includes Monmouthshire. It
formerly also embraced most of Herefordshire west of
the Wye, and the 'Gwentian Code' no doubt prevailed


33o

WELSH jEDŒOLOGY

to have had a very singular notion about
hares, for it is said in their code (Welsh
Laws1 I, 734) that 'they are not assessable
by law, inasmuch as they are males for
one month and females for another'. A
mule is termed «Bastard Mul» 'a mule
bastard1, and in N. Card, the expression
«ceiliogiar», 'a cock-hen', is used for fowls
supposed to be of neither sex (not capons,
which are there unknown), and is metapho-
rically applied to stupid, boyish-looking girls ;
but the human monster is in that district
more particularly described by a word that
may be written «hifir», «hifyr», or «hufyr»
in the accepted orthography, as «i», «y», and
«u» are, in the S.W.2 dialects, so confused,
as to be quite identical in sound in certain
positions. It occurs in the following popular
rhyme :

«Hifyr di hafar,

Nid bwch nid gafar.»

over the whole of the diocese of Llandaff, which in the
ix th century comprised, besides Gwent, Glamorgan-
shire and parts of Brecon- and Carmarthen-shires.

1 Abbrev. «W. L,' The work cited is «Ancient Laws
and Institutes of Wales' etc, by Aneurin Owen. Printed
for the Record Commissioners. London, 1841 (2 vols.).

2 «W.' = Welsh. «N. W.' = North Welsh : «S. W.' =
South Welsh.


33i

'A «hifyr» without (a) «hafar», Neither he-
nor she-goat* ; which, put into the standard
orthography, ought to run : «Hifr di hafr, Nid
bwch nid gafr», but the words «hifr» and
«hafr» present some difficulty.

We find a word «hyfr» given, together
with «bwch» and «hyfr-fwch», as the equi-
valent of 'caper' in the Latin-Welsh part
of Dr. Davies' Diet.1, whilst in the W.-Latin
part he gives «hafr» and «hyfr» as equivalents,
though he explains neither. Lluyd* (p. 46,
s. v. 'caper') gives «hyvr»5 (his orthography
for «hyfr») as 'a gelt goat', but «haur» (i. e.
«hafr»), a word to which we will return
further on, only (p. 217) in the sense of
'sluggish'. Jones*, Richards5, P., Walters6,
and others, follow LI, in so far as they all

1 Abbrev. 'D'. 'Antiquae Linguae Britannica: etc.,
et Latinse Dktionarium Duplex', London, 1632.

2 Abbrev. 'LI.' 'Archseologia Britannica', by Edward
Lluyd, Oxford, 1707.

3 The sound of English *v' is in mediaeval W. written
generally *u', sometimes «fu\ V, or f ; but always 'f
in modern W. except by certain would.be reformers of
W. orthography.

4 Diet, of W. and Eng. Shrewsbury, 1760.

5 Thomas Richards' W.-E. Diet., i«t ed., Bristol,
*753-

G E.-W. Diet. (2nd ed.) Dolgelleu 1815.


332

give «hyfr» as 'a gelt or wether goat', but
D. in so far as they give «hafr» as syno-
nymous with «hyfr».

Pughe also gives what seems to be an
adjective from «hafr», viz. «hefrin», (should it
not be «hefryn»?), which he ridiculously defines
as meaning 'that is spread out, or incom-
pact' (he was thinking of «hafr», 'sluggish'),
but he explains it as meaning 'gelt' in the
phrase «hydd hefrin», 'a gelt stag', occurring
in the following Triad1: «Tri chaled byd:
maen callestr, corn hydd hefrin, a chalon
mab y crinwas», which he translates, 'The
three hardest things in the world, a flint
stone, the horn of a gelt stag, and the heart
of the miser.' There is another word from
which «hefrin» might come, viz. «hefr», used
in Nan. as an exact equivalent of «catffdlog»
(see p. 327); from which is formed a word
«hefrio», 'to romp', used especially of a girl
being 'hugged and tumbled' by young men.
We cannot explain «hefr» as borrowed from

•1 This Triad answers to No. a of the «Triodd Mab y
Crinwas» ('Miser's Triads') in Myvyrian Archaiology
III. 246, but it is there given differently: «Tri chaled
byd: dur naw gwyniast maen cellt, a chalon mab y
crinwas.» The work mentioned is abbrev. *M. A.' (3 vols.,
London, i8ox).


WELSH iEDŒOLOGY

333

the Eng. 'heifer', which makes, all over
Wales, «heffer» or «hether», though it might
come from some Eng. word like the Scotch
«hâver», 'silly talk', Icelandic «hefer», 'gar-
rulus'.

The word «hyfr» is still understood in
Nan. as 'a gelt goaf, and is there often ap-
plied ('significantly', says a native) to simple-
looking, unsprightly fellows, and (more meta-
phorically), in the phrase «yr hen hyfr wirion !»
'You silly old wether goat!' to foolish, slo-
venly, girlish young women, especially with
reference to their doing some silly thing
from simplicity of mind, or neglecting to
catch a windfall that tumbles into their
laps. In Arfon1 we have often heard «hyfr»
applied to a giddy romp of a girl, but
there they have forgotten the meanings of
the terms of abuse with which they inter-
lard their objurgations.

Here, it will be seen, is some confusion.
It is very likely that «hyfr» may (like «myha-
ran» of a sheep), in some parts of Wales

1 This is the W. name of, roughly speaking, the
coast and «versant» of Cam. immediately opposite
«Mon» or Anglesey. The «f» is of course pronounced
as an Eng. «v».


334 WELSH jBDŒOLOGY

have meant an entire, in others a gelt, goat :
but how harmonize «hyfr», «hafr» (both in
sense of 'a gelt goaf), and «hefr» ? We can
make nothing of «hefr», but are inclined to
think that «hafr», though long obsolete, is a
genuine word in that sense, perhaps etymo-
logically distinct from «hyfr», and identical
with «hafr», 'sluggish', specialized into the
sense of 'an animal rendered sluggish, i. e.
unfrisky and non-performing, by castration'.
Note that it is fern., whilst «hyfr» is (and
«* hefryn», if there is such a word as a subst.,
must from its termination be) masc; hence
probably the last two words meant 'a male
gelt goat', and «hafr», 'a spayed she goat',
i. e. one on which an operation analogous
to gelding had been performed.

In Nan. we have heard a variant of the
first line of the rhyme applied at Llanrwst (in
Nan.) to a girl supposed to be a boy, viz. «hyfri
afren». The expression comes, we believe,
from the Den. side of that town, as it
seems unknown on the Carn. side, where,
moreover, they would say «afran», not
«afren». Here «hyfri» is very puzzling, and
we do not quite understand what relation it
bears to «hyfr». «Afren», as it stands, can
only be the 'middle* form of «gafren» (dim.


335

of «gafr», 'a she-goat'). Now, to enable it
to take this form, «hyfri» must either be an
adj. agreeing with it, or a subst. after
which it is used attributively or adjectivally :
or else «hyfri» is a corruption of «hyfr i».
If the last, the words might mean 'a gelt
he-goat for (i. e. to match) a spayed she-
goat'. This idea is confirmed by the ex-
pression «hifyn i ha fan», 'a hermaphrodite',
which was common in the mouths of Arfon
school-children about 25 years ago, as com-
pared with its modern equivalent «hifyn di
hafan», now used in the same district ; which
forms (fully discussed below) bear much the
same relation to one another as would do
«*hyfr i afren» and «*hyfr di hafr».

This brings us back to the N. Card,
rhyme, and reminds us that there is a diffi-
culty in the way of equating «hifyr» with
the Arfon «hyfr», which ought in the Card,
dialect to become «hyfyr» (as «liyfr», ca
book, there becomes «Hyfyr»). Yet possibly
the inconsistency is merely in the spelling;
for if the right spelling of «hyfr» were «hufr»,
(and the two would be pronounced alike
in the North) «hifyr» is just what we would
expect it to become in the Southern ver-
nacular. On the other hand, it will be


336

WELSH jEDŒOLOGY

seen below that the S. Card, version has
«-hyfir».

The «di» in «di hafar» should mean
'without*, and we thus get as a possible ren-
dering of the first line, 'a gelt he-goat with-
out a spayed she-goat to match1. It must
be remembered, however, that in O.-W^
«di», representing in fact two different pre-
positions, meant indifferently 'from' (some-
times 'of, partitively or even possessively)
and 'to1, and though in the former sense it
is obsolete as a prep., and in the latter has
now become, as such, «i» (through an inter-
mediate form «* ddi» = C1 «dhe» or «dha» ;
the B.1 is «da», in V. B. «de», pronounced
like Fr. 'de*; and the O.-B. «do») yet, in com-
position, «di-» and «dy-» are still used in-
differently as prefixes, either (from the sense
of 'to') as strengthened, or (in that of
'from1) as privatives: we may add that in such
words as «diblant», ('childless'), «didraul»,
'expenseless'), «di» is still really a preposition
(= 'without1), for they are not regularly ac-
cented, viz. on the penult, but on the ult., syl-
lable; each word being, in fact, pronounced

1 «Cornish» is abbrev. *C«\ and «Breton», 'B.' : «01d*>
«0\ «Vannetais», *V.\ and « French », 'Fr.'


WELSH jEDŒOLOGY 337

as though it were two separate words *. Now
the archaic «di» (= 'to' or 'for') might have
been retained in a jingle whose meaning had
been lost, and «hifyr di» thus have meant
the same as the possible «hyfr i» of Nan.
(see above). Or «di» might have been de-
signed to intensify «hafar» ?

The following related version is current
in S. Card. Here «di» is replaced by «mi»,
and the «mi» repeated before «hyfir»:

«Mihyfir mihafar,
Nid bwch nid gafar.»

or «Na Uwdwn na da fad.»

Neither he- nor she-goat.'
or 'Neither male sheep nor ewe/
(«Llwdwn» is Card, for «llwdn».)

1 In composition either «di-> or «dy-» (the latter
pronounced with an 'obscure* «y>) may occur in either
sense (though «dy-» is rare as a privative, as in «dybryd») ;
but the 'new' school of Welsh orthography, founded by
Pughe, has succeeded in confusing alike philologists
and learners by writing invariably, or nearly so, «dy-»
for the strengthening, and «di» for the privative, prefix :
hence such barbarisms as «dygwydd» for «digwydd»,
cdyben» for cdiben», etc: and the 'improvement' of
W. orthography by writing a sound «dy-» which is pro-
nounced «di-».

Kçvjirâdia. IL 22


338 WELSH ADŒOLOGY

It is possible that the words «hyfr» and
«hafr» have here become mixed up with the
word «myharan», in parts of S. Wales mea-
ning 'a wether-sheep', though in Merthyr
(under the form «mynaran»*) it means ca
ram*, its usual sense in Mon and Arfon.

We will now proceed to the Arfon ver-
sion of the jingle, which has «hifyn» for
«hyfir» and «hafan» for «hafar» in the first
line:

«Hifyn di hafan

Un gont ag un aran.»

= 'A — without a —
One cunt and one ball.'

In discussing the possible senses of the
first line, we will first give the meanings of
which it (and its variants) are susceptible
as they stand; and then suggest an
explanation which will, we believe, shew
what were the archetypes from which this
and the Card, rhymes (with their respective
variants) were developed.

«Hafan» would be the S.W. pronon-
ciation of the word properly written «hafh»,

1 For this curious insertion of «n», compare the Card,
«rcwtanu», 'to shorten', from *cwta», *short' : and «hind-
danu», 'to become fine* from «hindda», 'fine werthet*.


WELSH ADŒOLOGY 339

and it is possible that even in N. Wales, «hafn»
might have been made into «hafan» in order
to rhyme with «aran» (the Cam. for «aren», 'a
ball' = 'testicle*). Now «hafn» (putting aside
its meanings of 'a port, harbour, or «haven»',
in which senses it is obviously borrowed from
Eng.) is in common use in Nan. for 'an
«agen» (or 'rift' on a large scale), a narrow
cleft between two rocks', with or without
water, and 'even at the top of a mountain
or pass'. It is also there applied to the*deep,
generally waterless, rifts on the side of a
mountain,1 or those in alluvial land scooped
out or deepened by a flood2. So it is

1 In this sense it is synonymous with the N. Anglian
'rake', and a precipitous 'cirque', seamed round with
these, is called «Taren» in S.-West Merionethshire.

2 In this last sense «hafn» and «cafn» are used in-
differently in Nan. There a «hafn» formed by a stream
differs from a «ceunant» in that the former appears
open at both ends, the latter closed at one by a preci-
pice or transverse gorge: «cornant» there means a
brook tumbling (often in a bed of no depth) down the
steep side of a declivity. «Corbwll» (= the N. Anglian
«linn», called sometimes in N.Wales «llyn» or «llyn tro»,
'turning pool', in S.Wales «cerwyn», lit. 'mash-tub', and
in both «pair», 'cauldron') is the deep pool below a
«hafn», rapid, or waterfall. None of these words are
properly explained in Dictionaries, nor have they any
equivalents in ordinary English.


340

WELSH jEDŒOLOGY

used by Mynyddog, a native of the Vale of
Dovey, who ('Caneuon', p. 123) speaks of a
«cornant» thus:

«O mae hi 'n dlws mewn creigiog hafn,
Yn berwi fei rhyw bair!»

*How fair it is in its rocky gorge, boiling
like a cauldron!'

Now as to «hifyn». This is a singulative
or dim. of «hif», which we seem to have in
the Hook of Taliesin1, in the sense of
'(defenceless) skin*:

«Gorua6r y gynnif.
6rth awyryohif
katwaladyr g6eith heinif.»

'Very mighty his conflict, against him who
wounds (?) the skin of Cadwaladr, the nimble
in war*. «Hifyn» is explained by P. to mean

1 Skene's 'Four Ancient Books of Wales', Edin-
burgh, 1865. vol. II. p. 2x3 (abbrev. 'Skene'). This passage,
we may remark, is there translated (the translator took
cawyryo» as = the modern «awyrio», 'to air', instead
of what it probably is, «a fyrio», the rel. pron. with
the 3 *d per*, sing. pres. subj. of «bwrw», 'to cast*
throw'), as follows (vol. I. p. 446), 'Immense his battle*
By airing the skin of Cadwaladyr, an active work' ! I
This 'translation* inevitably suggests a method of 'airing
the skin' not unknown in our public schools !


WELSH iEDŒOLOGY 341

'a skin, a piece of skin*, to which he adds,
as a Mon expression, «hifyn hafog», a 'her-
maphrodite', with which we may compare
the Nan. expression, «hifyn hafen», fully
explained further on. D. gives a deri-
vative «hifio», as a synonym of «ginio»,
which he explains as meaning 'lanam vel
pilos evellere, glubere, glabrere', adding
«gwlan ginn» 'lana evulsa'. In N. Card,
«ginnio» is pronounced «cinnio»,1 and is in
common use. A little before shearing time
women walk the mountains to «gwlana»,
i. e. to gather the wool lost by the sheep:
but they are sometimes convicted and often
suspected of plucking the wool off the backs
of any weak sheep they can catch, and this
is called «cinnio defaid», 'plucking the sheep'.

In Nan. «hifio» itself is the term always
used for plucking the wool off dead sheep,

t The B. equiv. is «kifiat», *écorcher\ «Ginnio»
's the S. Card, form. From «ein» and «croen» (skin)
is formed «cingroen», a kind of large peeling fungus
found in woods (the 'Stinkhorn' or 'Phallus impudi-
eus', so called from its exactly resembling an erect
penis, and springing from a sort of bulb very like
the scrotum) proverbial for its stench all over Wales.
This name suggests that «cinnio» may have a 'parti-
cular' sense, like Lat. 'glubere'.


34* WELJ5H ADŒOLOGY

it being considered the most heinous crime
to pluck them before they are quite dead
(«hifio dafad cyn iddi farw»). There
«hifio» is also used for 'cutting, sawing,
or mowing anything with a blunt instru-
ment so as only to «effleurer» its sur-
face': and a field closely cropped by beasts
is described as «wedi ei hifio», 'cropped to
the skin', «hif» being defined by the natives
as exactly equivalent to «glasgroen», 'the
outer skin of anything*. All this would lead
one to suppose that in its application to a
hermaphrodite it refers to the abdominal
skin, stripped of or without the hair of
puberty.

To return to «hifyn hafen», two farmers
from Upper Nan. were lately talking in
Llanrwst market about a pig which one
had sold the other, and the seller said to
the buyer, «Ni wyddwn i ddim pan yn ei
werthu mai hifyn hafen oedd o.» ('I did
not know when I sold it that it was a «hifyn
hafen»'. He explained further, that the ani-
mal had only a hole far back under the
belly, between the hams, by which it pissed,
and that «yr oedd yn gofyn baedd o hyd,
ond fedrai o wneyd dim byd hefo hi» ('She
always was wanting the boar, but he


WELSH iBDŒOLOGY 343

couldn't manage to do anything what-
ever with her'); and finally that the usual
name for such creatures was «hifyn hafen*
The connecting link between this and «hifyn
dihafan» seems supplied by the already
mentioned old Ârfon phrase for 'a herma-
phrodite', «hifyn i hafen». To these ex-
pressions we will return, adding meanwhile
that «hifyn» (alone) is used (we may compare
«hen groen», 'old skin', which means 'an old
shif) as a term of abuse by the prudish
natives of Arfon (who do not or will not
understand its meaning), which may be either
an abbreviation of the compound expression,
or (by extension) have meant (by itself)
simply 'a hermaphrodite'; the transition from
the peculiar 'pellicle' to the creature which
it characterized being easy and natural.

Assuming, then, «hafan» to be taken as
= «hafn», 'a chink or furrow', the rhyme
might thus be rendered as it stands:

'A chinkless skin

One ball and one quim\

and the «hafn» may refer either to the
«rhych y din», 'sillon du cul' (see under
'Anus*), or to the crater of the Möns Ve-
neris. In the former case we may compare


344 WELSH jBDŒOLOGY

the old Eng. words 'nock', 'nockandro',
(= 'arse') from «nock», *a notch', and in the
latter the Welsh expressions for the cunnus
such as «hacoll» or «hollt»1, 'a chink',
and the Basque «emaztearen erreka»*,
'sulcus muliebris'. It is also possible that
«hafan» may be simply the Eng. 'haven', the
appropriateness of which word to the vagina
is obvious at a glance.

But by far the most likely hypothesis
seems to us to be that the enigmatical first
verses of all these rhymes have been much
altered from their original form, the cause
of such alterations being the obsolescence
of the words «hafen», «hafr», and (in parts)
«hafren», in their original senses, and its

1 This phrase occurs in a quatrain where the evi-
dence of an eyewitness to a rape is versified thus:

«Hyn alia' ddweyd yn rhagor
Fod cluniau'r ferch yn agor,

A chala'r mab yn myn'd fel bollt
Trwy ganol hollt ei chedor.»

'This I can say, too, that the lass's thighs were
opening, and the lad's prick flying like a bolt through
the centre of her fledge-chink'.

2 Silvain Pouvreau, Diet. MS. Basque, Bibl. Royale
No. 7700; «qui ne le traduit pas, est-ce par pruderie?»
Voyez Van Eys, 'Diet. Basque1, s. v. «erreka».


WELSH ADŒOLOGY 345

motive, the desire partly to mend the metre
or jingle, partly to infuse a quasi-sense into
semi-meaningless formulae. And we believe
that we are to find the key to the original
meanings in the pair of Nan. phrases for 'a
neuter creature', viz. «hifyn hafen»1 of a beast,
and «hyfri afren» of a 'human', together with
the old Arfon one, «hifyn i hafan» (= «hafen»),
. 'a hermaphrodite' ; that the original phrases
were (in the standard orthography), i) «hifyn
hafen» (Arfon and Den.), 'a lazy one's (i. e.
an inoperative) pellicle', or (taking «hafen»
adjectivally) 4a lazy pellicle', or (by extension
of «hifyn» from the parts to the whole) 'an
inoperative neuter'; and 2) «hyfr hafren»
(Nan.) and «hyfr hafr»2 (Card.), = either 'a
lazy or slatternly wether goat' or 'a he-she-

1 The district where «hifyn hafen» occurs (but it
may occur in others too) is indicated to us by the
parishes of Penmachno, Yspytty Ifan, and Cerrig y
Drudion. P. is the border parish between Cam. and
Den., Y. I., just on the Den. side of the border, and
C. y D. some way into Den., in which county final
«•en» is not changed into «-an», as it always is in the
true Cam. dialect.

2 The fact of «hafr» and «hafren» being here syno-
nymous, and «hafren» being a fern., strengthens our
conjecture (see above) as to «hafr» meaning a spayed
•he-goat.


34<> WXLSH ADŒOLOGY

wether goat1; mat «hafren», on becoming: ob-
solete in Nan., was changed to «aérea»
('middle' of «gafren»), the most similar known
word; that «hafren» meant just the same as
«hafr» (of which it is a fern, dim.) the latter
to be equated with U/s «hafr», 'sluggish';
and that «hafen» is synonymous with «hafren»
in the sense of 'slattern or lazy', and formed
from an obsolete «*haf», lazy7, just as «hafren»
is from «hafr». Further, we believe mat,
on thé second word of the phrases becoming
meaningless, «i» was prefixed to it, perhaps
in the sense of 'to' or for', in order to im-
prove either sense, or metre, or both ; hence
the forms «hyfri afren» (= «hyfr i afren» =
«hyfr i hafren»), and «hifyn i hafan», and
that «i» was then changed, in some parts
to the quasi-prep. «di», 'without', (compare
«nagen di hag», under lCunnus\ to suit
some other imaginary senses which it was
conceived the words should bear, and in
other parts to a meaningless «mi», sub-
sequently repeated before the first word for
the sake of uniformity.

We will now enumerate the words, from
the bases «haf» and «hafr», a comparison
of which has led us to the above conclusions.


WELSH iEDŒOLOCY

347

In LI. «hafr», 'sluggish1, is given as a
word omitted in D/s Diet., and on the au-
thority of 'the MS. Diet, of Henry Saisbury' *.
We find the words «hafar» and «afar» in
William Salesbury's Diet, (published 1547 s)
but unfortunately without any English equi-
valents, and perhaps by the former «hafar»
(from «haf» and «ar» = 'a summer fallow'),
and by the latter «afar», 'grief, may have
been meant. In B. we find the word «havrek»,
also written «haorek» and «awrek», 'guerêt,
novale', i. e. 'a fallow', and this word must
have come from a base «*havr» (= W.
«hafr») and have primarily meant 'a piece
of land lying idle'*. Now there is an exact
W. equiv. of «havrek», viz. «hafrog», ex-
plained by P. as 'a trollop', and which we
have heard in Eglwysbach (on the Den.
side of Nan.) in the phrase «hafrog fudr !»,
'dirty slut !' applied to an old, slovenly, rough-
shod sort of a woman. The idea of 'slo-

1 This authority is designated below *L1. (H.S)'.

2 A new ed. was published by the Cymmrodorion
Society in 1877. Abbrev. •W.S.'

3 The last part of «Tre - haverock» in Endellion,
Cornwall (now locally called 'Treharrock', and, by Hals,
'Trearike') shews that the same word, probably in the
same sense, existed in C.


34^ WELSH iEDŒOLOGY

venliness' comes well enough from that of
laziness', and in N. Card, and Arfon we
have often heard «yr hen hafar»! 'You old
«h.»!', and in the former «yr hen hafrenU
too, applied to a rough, boisterous kind of
a woman ; moreover P. gives «hafren» in the
sense of 'a loose woman, a s trollop, a strum-
pet', though we have never heard it used
with any reference to unchastity. The Glam.1
expression «Yr 'en afarU, you old bitch!' is
only, we believe, a dialectic variation for
«yr 'en afr !», 'you old goat!', the word «gafr»
having been used in Wales from time im-
memorial for an unchaste woman, as indeed
it still is in English slang of a man (see our
quotation from M. Dwygraig under 'Anus1);
but the S. Card. «yr hen afar» is merely a
term of reproach applied to both sexes, but
especially to a silly, laughing, babbling old
woman, without any imputation of unchastity,
and we therefore equate it with the N. Card.
«yr hen hafar», supposing that the dropping
of the «h» (which never takes place in Card,
without a cause, as it does in Gwent and
Glam) was owing to a belief that «hafar»

1 = Glamorganshire.


WELSH 2EDŒ0L0GY 349

ought to be «afar» = «afr», from «gafr», 'a
goaf.

P. gives «hafhen», 'a trollop', and «hafhai»,
*a slattern'. These seem to be simple va-
riants of «hafren» and «* hafrai», just as the
W. stem «gwna-»1 'make' has in the cognate
dialects «r» instead of«n», and W, «gwni-»*,
'sew* is in Vannetais B. «gouri-» (Trégorois
«groui-»and in ordinary B.«gri-» or «gry-»). P.
can have had no motive to invent «hafnen»
and «hafhai», as they explain nothing; on the
contrary, we think he invented the meanings
other than 'haven', that he gives to «hafn», viz.
'that extends out or that is flat, a still place,
(and perhaps the verb «hafhu» too) in order
to explain «hafhen» and «hafhai» as deriva-
tives from «hafn» in the sense of 'a still
haven', which he no doubt conceived to be

1 «Gurag-» may have been the stem in very old W.,
for «guragun» would seem to = Mod.-W. «gwnawn»
in «imguodant irdegion guragun tage», 'the «optimates»
[of the belligerent tribes] say (??) to one another, Let
us make peace'. B. of St. Chad in L.L., p. 371, where
«tage» is misread «tage» in the so-called 'facsimile*.
'L. L.' is our abbrev. for the 'Liber Landavensis* (Lland-
overy, 1840). Our readings of the Bk. of St. C. are
from photographs of the original.

2 Here the «w» is a semivowel in N., a vowel in
S. Wales.


35° WELSH jfiDŒOLOGY

a true Welsh word, as he admits into his
Diet, few or no words which he supposed
to be of English origin.

Now the origin of all these words is
«samr», a secondary form of the simpler
root «sam». The original meaning of both
was 'quiet", whence the secondary meanings
of 'sluggishness', and 'summer', were derived.
The curious thing is, that whilst the Irish1
adopted the primary form «sam», meaning in
O.-Ir. 'rest or ease', for the primary idea,
and formed their wont for the secondary
idea, «samrad», 'summer* (a word to be
equated with «samr») from the secondary
form «samr», the W. did exactly the con-
verse, seeing that «haf» (O.-W. «harn»*) is
their word tor 'summer' and «hafr» for
'sluggish', whilst the forms «hafrog» and (ß.)
«havrek» seem to postulate a subst (as
well as an adj.) «hafr».

The W. seem, however, to have used
the simple root in the sense of O.-Ir.

1 Abbrev. 'Ir.'

2 In cdottceint torth ha maharuin in irham ha dou-
ceint torth in irgaem.» '200 loaves and a sheep in the
summer, and 200 loaves in the winter*. Bk. of St C. in
L. L. p. 37a, (where one «doueeint» is misread cdu-
ceinU).


WELSH JBDŒOLOGY

35*

«satn» to form derivatives, and we have
already explained the form «hafen» as equi-
valent to «hafren». The first part of
«hafiug» 'plenty' (subst.) or 'abundant' (adj.)
is surely from «haf», the termination (though
we cannot explain it) being the same as that
of «haerllug» 'urgent, saucy' from «haer»
*urgent'. (See P. s. v. «hafiug» for an example
of both these words). «Hafiug», moreover,
is used in Arfon as a term of abuse (like
«hafren»,«hafrog» and «hafr»), but to designate
more persons than one, in «yr hen hafiug»,
which seems to mean something like 'a' (or
'you') 'seedy lot!' There is also the hither-
to unexplained word «hafög», the following
senses of which, given by P. (s. v. «ha-
fewg») cannot possibly come from the «ha-
feg» that is borrowed from the Eng. 'havock',
viz. «yn hafog i bawb» [= '«hafog» to every-
body'], *a common strumpef; «hifyn hafog»,
'a hermaphrodite' [see above]; «tir hafog»,
'common land'; «gwneyd yn bur hafog», 'to
*ct very bountifully'.*

This word is explicable either a) as
having originally meant i) 'summery land',
L e. 'land over which a right of common
existed in summer', 2) common to all; 3)
"common to both sexes, or neuter' : or b) as


352 WELSH JKDŒOLOGY

derived directly from «haf» in the sense of
laziness', which view is countenanced by
the fact that «hafog» in Mon, and «hafen»
in Nan., mean, with «hifyn» prefixed, exactly
the same thing; viz. 'a hermaphrodite'1.

«Hafen» and «hafog» thus form an exactly
symmetrical pair with «hafren» and «hafrog»,
and the primary idea common to both stems
and their derivatives seems to be that of'lazi-
ness'; whence their secondary senses of i) the
repose of Nature in summer, 2) *the effect of
laziness, viz. slovenliness', 3) 'sluggishness
consequent on deprivation of vigour, caused
by emasculation or imperfect sexual deve-
lopment': — and possibly the notion of a
human being or animal so characterized
being 'a non-reproductive member of society'
may also have been present to the native
mind in Wales.

1 The same «hafog» surely occurs in the name of
the manor of «Tre-hauoc» in 'Domesday Book for Corn-
wall' (Southampton, x86z) 5A; which should be syno-
nymous with «Trehaverock» (above, p, 343) and mean
'the fallow farm or township': though «havoc» might
also mean 'fruitful'. «Trehauoc» is now 'Trehawke' in
Menheniot. In B, the corresponding form should be
«hahvec» which we have in «Hanffvec», a'paroisse* near
Chateaulin in Finistère, mentioned in 'Cartulaire de
Redon', p. 536, and in «Bren hanvec» Revue Celtique,
I. 233.


WELSH JEDŒOLOGY

353

We would equate «samr» and «hafr» with
the Gr. aßcoc, 'tender, delicate, luxurious';
but one of the chief interests of these words
is that from them the river-name «Sabrina»
or «Severn», in W. «Hafren» (O.-W. «Habren»1),
has been derived. We seem to have the same
word in «Sabrann», the old name of the river
Lee in the county of Cork, the oblique form
of which possibly occurs in «Cul Sibrinne»
(«Leabhar na h-Uidhre», folio 56 • and 56b),
which appears later as «Cûil Siblinne» and
«Cüil Silinne», i. e. 'the Recess of Sibrenn',
the name of a parish in the Barony and
County of Roscommon. Several related forms
occur elsewhere; and one of the passages
where «Cüil Sibrinne» occurs in the above
MS. is glossed to the effect that it is the
place 'where Loch Carrcin is now'; whilst in
the other passage it is very curiously glossed
thus : «hl Cûil Sibrinne .i. loch Carrcin agus o
silind ingine Madchair roainmniged», 'i. e.
Loch Carrcin, and it is from the «silind»
(piss) of Madchar's daughter that is was (so)
called.' 2

1 In «Dou rig Habren», 'The two Kings of Severn',
Stevenson's Nennius (London, 1838), p. 56.

2 There is also a stream called «Hafrëna» which

KcvTtTaSia, IL

23


354

WELSH JEDŒOLOGY

In the same MS. an account is given of a
magic horse making the source of Lough
Neagh in the same way; and we may compare
some Welsh Lake-Legends, e. g. that of the
muddy, yellowish lake of «Llyn Trigraienyn»
(Mer. *) being made by the giant Idris as he
stood with one foot on Craig-y-Llam, the
other on Geugraig (a spur of Cadair Idris),
and pissed into the hollow below, after
he had first eased his lower extremities
by shaking out of his shoe the 'three pebbles'
(in reality huge boulders) from which the
lake has its name.

We cannot say whether the name of the
Severn was derived from some lazy, luxurious,
or slatternly goddess, or from the great
sluggishness of the river (compared with the
neighbouring mountain streams) for most of
its course. There is a brook tributary to the
Upper Conwy called «Hafhant», which may-
flows into the Irfon in Llanafan fechan (Breconshire) ;
made into «Hafren» (more suo) by the Ordnance Sur-
veyors on their one-inch Map, who have similarly altered
a «Blaen Gafren» in Eglwys Wrw (Pembrokeshire) into
«B. Hafren». In Cornwall are a «Goonhavern» («gûn»,
«a moor') near a stream in Perran2«ibuloe, and also a
Bosavern.

1 = Merionethshire,


WELSH JEDŒOLOGY

355

mean 'the sluggish brook', if the name does
not simply indicate 'a brook that runs strongly
in summer (as well as in winter)', 'a brook
where animals pasture in summer', or some-
thing of the kind.

A Cornish word «gur-a-vau» is given by
Borlase in the Vocabulary appended to his
'Antiquities etc. of Cornwall' (1769), and ex-
plained as 'a hermaphrodite, vulvatus homo' ;
but we can make nothing of this. C, however,
was not extinct when he wrote, and he also
had access to many written materials even
now unpublished. We suppose that he
'divided' «gur-a-vau» thus through an idea that
its parts should mean respectively 'homo-cum-
vulvâ', but the only Cornish word that would
change into «vau» is «mau» («u» «= W. «w»),
4a. boy'. It is possible, however, that «avau»
is a mistake in transcribing «*avan», = W.
«hafan», «hafen», for which see above. Or
can the word have meant 'man-and-woman'
(«gur ha ben», «benen», or «benow»); the
last part («vau») being a mistake, either for
some not-recorded «*ban», or for a form
like the W. «bun»?

Anus.

One W. word is «rhefr», used, e. g., by

23*


356 WELSH JEDŒOLOGY

Madawg Dwygraig1 (M. 1,489b) in «Sothach
oi refr a saetha», 'He shoots rubbish from
his bum*. This word is still occasionally
used for 'the arse-hole* in Nan., where the
older inhabitants used to explain it as pro-
perly meaning (in animals, of which it is
used as well as of human beings) the «per-
feddyn bisweüio» or <bumgut\ (For other
meanings see under'Diarrhœa.*) This word
is the usual one in Brittany, where it takes the
forms «refr», «revr», «reeur», and (especially)
«reor», but is not commonly used in Wales,
Another word is «cwthr», similar in its ap-
plication to «rhefr». For its better known
sense of Vagina1 see under lCunnus' : P.,
however, intimates that it means in some
places the 'intestinum rectum' (= 'bumgut%
though it is not clear to which perfo-
ration (in mares and cows respectively) he
alludes in his examples of «cwthr caseg»
and «c. buwch». But the usual W. word for
'bottom, bum, backside, arse, or fundament*
is «tin», fem., of the same origin and appli-
cation as the Ir. «toin»: used, (e. g.) in W„

1 This W. Martial lived about 1290—1340 (M. A., I,
xxviii).

2 For the verb «rhefrio» and crhefren* see under
La* civ ire.'


WELSH JEDŒOLOGY

357

L.,L, 754, where it is said of a man who
'elects' to compensate a woman he has
deserted: «talet geinha6c idi kyflet ae thin»,
'let him pay her a penny as broad as her
arse'; — rather an inconvenient medium of
exchange! With the article prefixed, it be-
comes «y din»; and the Eng. 'arse-hole* is
thus in W. either «twll (y) din» or «twll tin»,
which occurs (e. g.) in the following Triad1,
current once among the Afvonian youth:
«Tri rhyfeddod a welodd y Diawl : Cont yn
dal dwr a'i gwyneb i lawr, cal yn codi heb
ddim burym, twll tin yn crychu heb ddim
llinyn!» 'Three wonders that the Devil saw:
a cunt holding its water with its face down :
a prick rising without any barm : an arse-
hole puckering up without any string (to draw
it together)' ; of which the S. Card, version is :

«Tri pheth y s/n rhyfeddod mawr;
Cont yn dal dwr a'i phen i lawr;
Cala'n codi 'i phen heb asgwrn ynddi;
Twll tin yn cau heb un llinyn crychu.»

'Three things are a great wonder : a cunt

1 It was evidently once meant to be a rhyming
quatrain, in which assonances were substituted for true
rhymes, for which see exx. under 'Ming-erf and 'Fu-
tuere'.


35«

WELSH jEDŒOLOGY

holding its water with its end down ; a prick
rising without a bone in it; an arse-hole
shutting up without a puckering-string/ (The
last metaphor is taken from bags whose
orifice is closed by pulling a string or tape
tightly.) The phrase also occurs in a myste-
rious Merthyr 'nursery rhyme* (it was so
termed to us) that runs:

«Nani gôt a Bily gôt a naw twll tin,
Esgid a hosson a'r na'll heb uni»

*A Nanny-goat and a Billy-goat with nine
arse-holes, (one with) a shoe and a stocking,
and the other without any!7 We cannot
explain these truly unsavoury - sounding
beasts, but may add that in Glam. «Twll
dy din yn wingco!» eThy arse-hole a-wink-
ing !' means 'Don't you wish you may get it ?*;
and it was in this sense that an old Glam.
woman, who had been fined for some mis-
demeanour, on leaving the court turned
round and said sardonically to the Judge
«Twll 'y n'in i!», cMy arse-hole I* Here an
Englishman, desirous of firing such a Parthian
shot at his oppressor, would of course have
said 'Kiss (or suck) my arse!' or'Arse-hole 1
— and suck it!!*; but the exacter W. equriv.
of the first of these phrases is «Dod» (S. W.)


W ES LH iEDŒOLOGY

359

or «Rho1» (N. W.) «dy drwyn yn 'y n'in» (or
«i'm tin») «i» (or «yn dy din di I» or «i'th din
di!»), 'Put thy nose up my (or thy) arse P So
common are such expressions in vulgar lan-
guage, that an interpreter on the S.W. circuit
— a class whose chief qualification is to know
both languages equally vilely — is recorded
once, when the worse for liquor, to bave
said to a unilingual witness to whom he was
administering the oath (and to whom he
should have said, in W., The truth, the
whole truth, and nothing but the truth ! Kiss
the book!') — «Y Din, y Twlldin, a dim
ond y Din ! Cusanwch fy nhin i ! !» 'The
Arse, the Arse-(w)hole, and nothing but the
Arse! Kiss my arse!!': but we are not told
whether the last direction was carried out
in open court.

The Welsh, being mostly doomed from

1 «Dyro dy d.» etc. is also used in Nan. where the
following «pennill» is well known:

«Nid i garu do'is i yma,

Nag i roi 'nhroed i lawr yn ara',

Na chwaith i gyffwrdd wrth yr ysgub ;

Rho dithau *th drwyn yn nhin dy fodryb!»

'It wasn't to court that I came here, nor to put my
foot down gently, nor yet to touch the broom: You go
and put your nose up your aunt's arsel'


300

WELSH JEDŒOLOGY

their baptism to bear the name 'John Jones'
and some half-a-dozen other equally dismal
and as-oft-repeated names, are simply driven
to make nicknames, and some of these are
very curious. We remember a Carn. man
called 'Sion Gutto', who walked with a
peculiar jerky gait, and from its supposed
cause was invariably known as «Sion twll
tin uchel», *High-arseholed Jack*. Now there
were some English residents in the neigh-
bourhood, who of course plumed them-
selves (more suo) on their total ignorance
of the language from which this singular
agnomen was formed : and they thus almost
succeeded in raising it to the dignity of a
surname under the form ToltinickeP, which
finally succeeded in driving out of the field
the hybrid variant 'Hightultorf (== 'High
«twlltin»'), previously used by those English
who had a slight smattering of the W. ver-
nacular. The word «tin» is used without much
hesitation in parts of N. Wales, where it is in-
deed (generally speaking) considered much
less in the light of a low word than in the
S.1, though the N. Card, rustics continually

1 See Silvan Evans' note in his edition of Ellis
Wynne's 'Bardd Cwsc* (Carmarthen, r87$), p. 93, where


WELSH ADŒOLOGY

361

speak of «tin y gert» (in Mon «tin y drol»), just
as Eng. peasants talk of *the arse of a
cart*. So the N. W. say «Tin y clawdd1»
for 'the side of a hedge or fence', but the
S. W. «ochr y» (or «bola'r») «c.», 'the side
(or belly) of the h. or f.'; the N. W. for 'in
the shade of a bush' is «yn nhin y llwyn»,
whilst the S. W. is «ynghysgod» (or «dan»)
«y 11.» ('in its shelter* or 'under it'). In the
literal sense of «tin», too, the N. W. say «ar
ei din» for 'in a sitting posture', the S. W.
«ar ei eistedd», *on his seat'; the N. W.
«rhowch eich tin i lawr», 'put your bum
down', where the S. W. substitute the word
«clun», 'thigh' (for «clun» and «eistedd» see
below). The Glam. «dod dy din danad !»,
'put thy bum under thee!' (i. e. sit down!*)
is no exception to the rule, for it is meant
to be a vulgar phrase; but the expression

he refers to the free use of «tin» in the Bible, e, g. in
Isaiah 20. 4, where the Eng. version has 'buttocks' ; and
the Revd. Dr. Briscoe of Holyhead (a N. W. man) has
even used it there in his new translation of Isaiah (1853).

1 This expression is also given us from N. and even
S. Card.: it must be remembered that this county is a
border one, and that the N. Card, dialect (see note,
p. 334) resembles in some respects that of Mer. spoken
to the NM and in some the Dimetian, spoken to the
S. of its area.


362 WELSH JBDŒOLOGY

«iste* ar i din», exactly equiv. to the War-
wickshire expression *to sit on one's arse',
and to the vulgar Eng. ones *to sit on one's
bottom' or to arse it', which all mean *to
sit lazily*, may be heard almost anywhere in
Wales. It is well illustrated by the following
passage in F. F., p. 2.

«Fy anwyl bleser inne'
Ymhob man lie caffwy' i gyfle,

Ydyw yfed cwrw, ag eiste7 ar fy nhin,
A chwidyr1 drin merchede\»

'My beloved pleasure, is, wherever I may
get the chance, to drink beer, sit on my
arse, and erratically roger the wenches'.

«Tindoll», 'holey-arsed', and «tinagored»,
'open-arsed', seem the ordinary words for
'a medlar'2; why, anyone who has seen
that fruit will at once perceive ; and a com-
• mon compound of «tin» is «tinrwth», 'gape-
arsed' or 'open-tailed' (=Gr. xavrônçiaxToç*),
used, as is also «tinagored», in the sense of

1 «Hen chwidryn» means what is called at Oxford
•an old piffler', i. e. 'a fellow who won't stick to any-
thing', 'a rolling stone that gathers no moss.'

2 In provincial Eng. called 'a rotten-arse'.

8 Ou Irtfi jTcitfo, jrat/roTrfCiMrr, *Iaçraiu Aristo-
phanes, 'Acharnians', 104.


WELSH JEDŒOLOGY

363

'open, full of holes'; thus Dafydd* ab Gwilym
(p. 279) uses the former in his poem «IV
murddyn» of a yawning ruin. Moreover,
some out-of-the-way places in Wales are
called «Twll tin (y) byd» or 'The World's
Arse-hole', especially a narrow pass between
and under rocks on the ascent of the pre-
cipitous sides of Llyn Dulyn near the
Conwy ; at least, it is so called by the men,
for the women (and perhaps the clergymen)
of the district speak of the same place as
«Llygad Nodwy' ddur», 'the Needle's eye'.
A part of the road between Aberystwyth
and Tal y Bont (N. Card.) is also called
«T. t. b.»; the reason here being that owing
to the sudden turn of the road and de-
pression of the ground nothing can be seen
from the spot but the sky overhead. The
Liverpool Welsh call the lowest part of
that place by the like opprobrious name,
much as in English slang the slums of a
town are designated its 'arse end'; and the
celebrated W. poet of the 15th century,

1 Abbrev. «IX G.' 'Barddoniaeth D. ab Gwilym', Lon-
don, 1789. He was born about 1340, and was living in

1399-


364 WELSH JSDŒOLOGY

Lewis Glyn Cothi,1 lived at a place then and
still called «Pwll Tinbyd» 2 'The World's arse
hollow (or pool?)' near Cynwyl Caio in
Carm.1; but the word is not nearly so com-
mon in the local nomenclature of Wales, as
its congener «tôin» is in that of Ireland.

It happens that «y din» and «y dyn», 'the
man*, are pronounced alike in parts of Wales,
so that care must be taken by the unwary,
would they avoid ridiculous bévues in
using the latter expression. The Welsh have
revenged themselves on the English eccle-
siastics who till quite recently were in
possession of all the 'plums' of the Church
in Wales, by recounting innumerable stories
of the absurd situations in which their spiri-
tual shepherds were placed in attempting to
speak Welsh. One, for instance, is said to
have been eternally preaching on«twyll dyn»,
'man's (or human) deceit', but from his
pronunciation of these words his harangues
appeared to be addressed to the nether ori-

1 His (incomplete) works («Gwaith Lewis Glyn Cothi*,
Oxford, 1837, 2 vols.) are abbrev. by us 'L.G.C

2 Is this a euphemism for an original «Twll tin.
3>yd»?

3 = Carmarthenshire.


WELSH jEDŒOLOGY 365.

fices rather than to the ears of the large
congregation which the subject invariably
attracted to his ministrations. It is related,
of a Dean in N., of a Bishop in S., Wales,
how he commenced his parochial visitations
by looking into an old woman's cottage
and asking her point-blank 'how that old
bum of hers was?' for he said «Sut» (or
«Siwt») «ma' dy hen din di?» instead of
«Sut ma' dy hen ddyn di ?» 'How's thy old
man ?' — with the natural result of having
the door promptly slammed in his face.
We may add, parenthetically, that even what
he meant to say would have given great
offence, as «gwr» (= 'vir'), not «dyn»
(= 'homo'), was of course the proper word
to use in such a connection, if he didn't
wish to insult the old dame. A third
story relates how a Bishop, learning W^
from a rough Northwallian curate, was
reading aloud St. John's Gospel, and made
his preceptor coldly smile by making «Mab
y Dyn» 'the Son of Man', into «Mab y
din» ! On learning the cause of such un-
seasonable mirth, that dignitary is recorded^
there and then, to have given up ail further
attempts to learn a language that lent itself
to such appalling blasphemies!


366 WELSH ADŒOLOGY

In N. Card, the process of anal friction
undergone by a man when riding is always
designated «hogi ei din» orSvhetting his arse',
while the result is called «y bildin» (from «pil-
din»), 'the arse-peeling'; and we may add that
a married couple who do not live very peace-
fully together are said in N. Wales to «don-
dio a chysgu'n dindin», *to scold and sleep
arse to arse* — a position adopted by Pwyll
and the Lady of 'Annwfh* in the Mabinogion,1
(III, 7,8) though Lady C. Guest is as prudish
with this Platonic Prince and intangible
damsel as Byron was with Don Juan2 and
Catherine the Great, and declines 'to follow
them beyond the drawing-room* at p. 42.
The contrary position for close operations is
denoted by a word similarly formed (from
«tor», 'belly'), viz., «dordor», *belly to belly',
occuring in the following passage from a
MS. Interlude»:

«Ond gwell oedd geni nag ymladd blin
Gael chware dewrdin dordor.»

1 Abbrev. <Mab.' Llandovery & London, 1838—49
(3 vols.) edited and translated by Lady Charlotte Guest.

2 Canto X, Stanza 5.

3 Abbrev. «MS. Int. (i).' 'Enterliwt ar Gronicl y
Cymry o amser Brutus hyd Sior y trydydd.'


WELSH JEDŒOLOG Y 367

*But I would rather play at doughty tails belly
to belly, than engage in the bitter fight/ D.G.
has «groengroen» (from «croen», 'skin') in the
same sense, as in «g. ar ddyn» ('skin to skin
with the fair one'), p. 281. We may here add
the similarly-formed words «drwyndrwyn»
(from «trwyn», 'nose'), used of persons having
a «tête-à-tête»; and the verbal equivalent of
that Fr. expression, «benben», which, however,
is only used of hostile encounter. The word
«tin» occurs very commonly in «tindrosben»
or «dimbendrosben», lit. *arse over head', but
answering in usage not to the vulgar Eng.
'arse over tip' (or 'tit') but simply to 'topsy-
turvy* (in describing a fall). We may mention
that «Dinorben», the name of a well-
known district and château in Den. was,
some time ago, adopted as a title by the
head of one of the chief N. Welsh families;
who, to his consternation, was assured by
his Welsh-speaking friends (sic fama) that
his title might be Englished 'Lord Arse-
over-tit' («Arglwydd Din o'r ben»). Now
this phrase should («pen» being masc.) be
either «Din o ben» or «Din o'r pen» ; we do
not believe that it exists, but «Si non è vero,
è ben trovato». «Tin» is likewise used in quite
a colourless way (like the Eng. 'bottom') in


368 WELSH UDŒOLOGY

such words as «tincwd» (or «tin cwd»), 'the
bottom of a bag*, or the plant-name «y dinll-
wyd», 'the hoary-bottom', i. e. the 'silver-
weed' ('Potentilla anserina'), so called from
the white under-side of its leaves. «Tin» is also
used for the private parts, like «cynffon»
(see below) and the Eng. 'tail'; but for this
see under 'Penis' and 'Cwwnws'.

Of the more 'proper' words for the part,
«eistedd» has been mentioned; it answers
exactly to the Eng. 'seat', except that it seems
to be more of a colloquial expression. «Cyfeis-
tedd», «eisteddfa» («Meddygon Myddfai1»
p. 202, § 533), «cyfeisteddfod» and «eisteddfod»,
i. e. 'seat', are also used in books, but not
in common language, in which «Pen oU,

1 Abbrev. «M. M.\ The title means «The Physicians
of Myddvai', and the work was pubd. at Llandovery
in 1861. The first part (to p. 34) is copied from an old
MS. of early 13th century date in the Red Book of Her-
gest (col. 928) ,* the remainder consists of a much longer
and later treatise transcribed in 1743. That celebrated MS#
Book (abbrev. 'R. B.'), an indifferent catalogue of whose
contents is given in 'The Cambro - Briton', II, 7s» xo6,
(London. 1821), is in the Library of Jesus College,
Oxford; Skene (II, 423) ascribes its contents as far as
col. 999 to the earlier, and from thence to col. 1x43 to
the later, part of the 14th cent,, the remainder to the
15t«.


WELSH JEDŒOLOGY

369

*the back end* (answering to the Eng. 'nether
end' or 'backside'), is an ordinary euphemistic
term. There is a place called «Pennal» in
the Vale of Dovey, and English visitors there
will insist on turning themselves into a jape
by pronouncing it as though it were written in
Eng. «Penawl», which to a Welshman's ear
sounds just like «Pen ol». «Bon» (i. e. 'the
stem, trunk, or lower part of anything' ; Ir.
«bon», «bun») is often used by the poets
for 'the bottom': we find, e. g„ in M. Dwy-
graig (M. A., I, 488b)

«Gafr hyfram fawtgam fwytgais fon llommach
No llumman Llanferrais»

'Fartous, crook-thumbed, food-hunting bitch,
with bum barer than Llanferres Beacon*!'
«Bon» is also occasionally thus used with
qualifying words; as in the following from
C. a T. p. 14, which serves to explain its
particular application to the 'bottom'2 :

1 Probably one of the 2 bare rounded hills now
known as «Moel Fa m mau* and «Moel FenlH» respec-
tively , close to Llanferres on the borders of Den.
and Flintshire. Compare as a mountain-name «Pum-
lumon», 'The five Beacons', corruptly written 'Plynlim-
mon' by the English and renegade Welsh.

2 For exx. of «bon» see G. Glyn's poem printed
at the end of 'Penis' and the «Englyn» there subjoined.

RçvTiTâiïuz. 11. 24


370

WELSH 2BDŒOLOGY

«Fe deimliff y dyn gan wasgfa ti ei wyn,
A nesu tua 'r bennod rhwng bon eich dwy

glun»,

'The man will feel you, squeezing you in his
lust, as he gets near the (end of the) chapter
at the base of your two hips'. («Clun», by
the way, in B. means 'fesse', and the C.
«duklyn» in M.1 I. 3312, 'deux fesses', but the
W. «Clun», in spite of the phrase given above
at p. 361, line 15, means 'the hip, the haunch',
rather looked at laterally than a posteriori,
as is shewn by the literary expression «wrth
ei glun», 'at his hip', said of a sword hanging,
or a companion walking, by a man's side.)
The compound «bondew», 'fat-arsed', will
be found in the Cywydd of Tudur Penllyn,
given at the end of iCunnus\ but the word
is also used in the quite innocent sense of
"thick', as in «gwair bondew», said of a 'thick'
crop of 'hay'. Lastly, the Welsh term «coch
a bonddu», 'red and black-bottomed', is in in-
cessant use by English anglers to designate a
favourite (fishing) fly, under the form «cock-
abondy» or «cockabundy»2. «Bon» also bears

1 See note, p, 379.

2 Tom Hughes in 'Gossiping Guide to Wales', by
Askew Roberts, p. 184 (ed. Oswestry, 1882).


WELSH 2BDŒOLOGY 3/1

the secondary sense of the Latin 'stirps' and
Latinized 'stemma' ; and «bonedd» thus
means cthe having of a stem, i. e. gentility',
«boneddwr» (i. e. 'one with «bonedd»'), 'a
gentleman', etc.

From «bon» and «tin» together, the but-
tocks, in Germ, 'hinterbacken' (or 'hinder'
cheeks'), and in popular Eng. 'the cheeks
of the arse\ are called «bontinau», the singu-
lar of which occurs in «A oes gont dan dy
fontin di?», 'Ya-t-il un con sous ta fesse1?'
The term, however, answering best to the
Latin 'natis' is perhaps «ffolen», a word
of obscure origin, used in I. Sam. VI. 4,
where the English Bible has 'haunches' (in
'five haunches of gold') and the Vulgate
^anos' : it is still used in Nan. in the poe-
tical phrase «Aift* i lwyn ei ffolenau». 'He '11
go to the bush of her buttocks', but is
especially common in S.Wales. Another word,
«pedrain» (G. «pedren») also occurs in litera-
ture for 'the buttocks' or *a buttock'. It is
evidently a subst. made by the addition
of a termination to «pedr-», the form

1 The «cynghanedd sain» between «gont» and «fon-
tin» makes us think that this comes, in its original form,
from some poem. For a curious ex. of «bontin», see
•under 'Testiculus'.


372

often assumed by «pedwar», fem. «pedair»,
•four', in composition ; as in «pedryal»,
«pedryfan», 'four-square* (cf. C. «pedrevan»,
'newt, lizard'), and «pedrongl» (from «ongl»),
'four-cornered', etc. «Pedrain» thus origi-
nally would have meant 'a quarter of an
animal', then have been narrowed to the
sense of a 'hind quarter' or 'buttock',
and thence subsequently extended so as to
mean 'both buttocks' or 'the rump*. In the
poem of Gutto'r Glyn's quoted at the end
of lPeni$\ and in W. L., I, 452, 780 (in all
of which passages human beings are spoken
of) it has the collective sense, whilst D. (1632)
and P. (1803) give it in both senses : but W. S.
(1547) only explains it as a 'buttocke'. P. gives
«Pedrain march», 'a horse's crupper', whilst
the plural «pedreineu» occurs in exactly the
same sense as early as 1300, in 'Historical
Triad' No. 43 (See 'Y Cymmrodor', ill, 59).
The hollow between the «bontinau» is called
«rhych y din», 'sulcus podicis', occurring
in the following line by a modern Bard :

«O rych ei din pe rhechai diawl»,
'If the Devil farted from the furrow of his
Arse'.

In the case of animals, especially the
horse, the tail (considered as apart from the


WELSH JEDŒOLOGY

373.

«rhawn» or hair on it) is sometimes called
«cloren», a dim. from «clawr» 'a board or lid'1,
and meaning 'a little shutter' : but the general
word for *a tail' is «cynfFon», the latter part
of which appears to come from «bon». Other
words for 'a tail' are «c\vt», used in Glam.,
from the Eng. ; «llosgwrn», occurring in the
W. L. (e.g. 1,516); and a much rarer word,
«Jlost», (which in C. and B., however, is the
common one), whence the old word for a
beaver', «llostllydan» or 'broad tail' (see
W.L., I; e. g. p. 288), with which we may
compare the G. «lostec», 'a fox'. From
«bon» and «Host» was formed the word
«bonllost», and both this and «Host» seem
early to have become specialized into the
sense of 4a cock'. (See under 'Penis').2

1 For another use of «clawr» see under 'Cunnus',

2 Stokes, in his *C. Glossary' (abbrev. 'C. Gl'. ; Lon-
don, 1870) explains «Lost» as a local term in the name
of the C. town «Lostwithiel», (quasi 'the end of the
irrigated land'), citing the following passage in L.L. 70
for a similar use of the W. word: 'Finis ejus, «or nant
dylicat nant yr eguic, o nant ir eguic cehitinant di-
rheith tir rud ini perued ir coit behit pan a nir hal melen
behet pan cuid in lost ir mis o lost ir mis hit bronn ir
alt»', where the 'Hart's Brook' is said to 'fall' from 'the
yellow moor' 'into the «lost» (or 'tail') of the Mis'; and
his conjecture is supported by the expression «llosgwrn


374 WELSH iEDŒOLOGY

In C. «kyl» (= W. «cil», 'a recess, the back
part of anything', Ir. «Cul», «Cüil») is said
in C. GL to mean 'cuius', but its usual sense
is 'neck' («Chil», 'cervix', C. Voc; cf. B.
«chouc ar c'hil», 'nuque', Gael, «cul», 'oc-
ciput'), and in one of the passages cited in
C. Gl. (s. v. «Kyl») viz. P.1 Stanza 165. 4, «war
bol y hyll», the phrase is «pol cyl», which we
know from LI. to have meant 'the back of
the neck'. The same sense is probably borne
by the «eil» in the other passage cited
(O. 1781) and by the an a} leyôunov «cylban»
(C. W.2 1114, end of line), also said to mean
'cuius' by Stokes and Wms., but for which

y traeth» ('the end of the sands') occurring in a poem,
ascribed to Casnodyn, and taken from the 'Iolo MSS.'»
printed in «Yr Haul», No. 333 (November 1883), p. 523.
We think that the «lost» of L. L. means either a narrow
coombe, extending up into the moorlands, or else 'a
waterfall', like the «Cynffbn y Gaseg wen» (also known
as «Rhaiadr y Parc», 'the Park Waterfall') at Llanrwst,
the name of which exactly corresponds to that of the
'Grey Mare's Tail' Fall, near Moffat in Scotland.

1 I. e. The Passion, a Middle Cornish Poem' (other-
wise called 'Mount Calvary'), ed. by Stokes for the Philo-
logical Society, London, 1862.

2 I. e. '«Gwreans an Bys», The Creation of the
World, a Cornish Mystery.' Ed. by Stokes for Phil. Soc
1864. It is of the 16 th cent., the 'Passion' of the 14 th.


WELSH jEDŒOLOGY

375

the former would read «kylbyn» and the
latter (Diet.1 s. v.) «kylbah», in order to make
it rhyme with lines that precede* and follow
respectively ; but in any case the termination
seems obscure. The common C. words were
«tyn», the same as W. «tin», and «gwen»,
an obscure word, both occurring in the
following passage (R. 2355, of course para-
phrased by Norris*, II. 177), supposed to be
spoken by a tailed Devil:

«Ye re gymmy toi ow guen

rak yn mes yma y pen

sur pur hyr aves thu'm tyn.»

'Yea, may you kiss my arse-hole, for its end
(i. e. my tail) is indeed pretty far out of my
bum.' «Gwen» is, we think, to be equated

1 See note, p. 379.

2 An examination of the original MS. in the Bod.
leian Library, Oxford («Bodley MSS.' 219) shews that the
line cannot possibly have been meant to rhyme with the
two immediately preceding lines. In the British Museum
copy ('Harleian MSS'. 1867) Keigwin translates it «mid
dock'.

3 'Ancient Cornish Drama', by Edwin Norris ; 2 vols.
Oxford, 1859. The 14th cent, plays in these volumes are
so designated : 'Origo Mundi', 'O.' ; 'Passio Domini', *D.';
'Resurrectio', 'R.\ At the end of vol. 2 is printed the
C. Vocabulary of the 13th cent, (abbrev. *C. Voc.') from
'Cottonian MSS.', 'Vespasian, A. 14.'


37Ö WELSH JEDŒOLOGY

with the B. «c'hwen», existing only in such
phrases as «a c'hwen» or «a c'hwen he
groc'hen», 'sur le dos, à la renverse', and
«a c'hwen ma c'horf», 'étan trenversé'; also
in- the compound «c'hwenia», 'coucher, se
rouler sur le dos (comme font les animaux)',
also 'renverser sur le dos\ So we have in W.
«gwysigen», 'a blister', side by side with
«chwysigen» 'a bladder' ; «gwaen» or «gwaun»,
'a meadow, moor', becomes «chwaen»1 in
several Mon place names; whilst 'to play',
in Mod. W. «chwareu», is in O. W. «gwareu»,
and in C. «gware», but in B. «c'hoari».

Abdomen see 'Ingucri.

Cacare.

The ordinary word is «cachu», occurring
(e. g.) in the following lines: (F. F. p. 24),

«Ni wn i pa fodd bydde rhai mor syth
Yn plygu fyth i gachu.»

1 can't make out how such stiff people can
ever stoop to shyte'. It occurs in an old
proverb redolent of rustic observation : «Cos

1 «Ch» before consonantal »w» is pronounced as a
guttural in N. W., but as an «h» in S.W. (except in a
few words). It was often written «h» in S.W. literature,
and in <J. the combination is written «wh».


WELSH ifcDŒOLOGY

377

din y taea6c ynteu a gach yth voss», 'Stroke a
boor's arse and he will shyte into thy palm.'
This looks as if it ought to be a rhymed
couplet, but it is so old in the form given
that the unrecorded word «bos», which
means the 'hand' (probably 'the open hand',
= Ir. «boss», 'hand, claw, palm') was un-
intelligible even to D.7 who in the list of
Proverbs appended to his Diet, substitutes
«dwrn», *a fist', for it: but «uos» is the word
in the R. B. (col. 1061) and «voss» in the
list of Proverbs at the end of Hengwrt MS.
No. 202.1 «Cachu» is also used as a subst.,
and forms the colloquial word for 'excrement',
as in the following effusion by a Glam. bard:

«Ma' Betsi o'r City yn 'yswi' o lew;
Ma'n cwiro i menyn trwy V baw a thrwy V

blew ;

Myn'd ag e i'r Llwyni yn itha' dehe',
Gan ddweyd, 'Dvma foddion net gvda

the*!'

A V men'wod yn d'wedyd, gan gwrlo i min,
Ma'n debvg i gachu yn dod o dy din!»
Siarns o'r Bettws a'i cant.

1 Pubd. in »Y Cymmrodor' for 1884. The latter MS.
is of about 1300; the part of the former where the pro-
verb occurs was written 1376—1400.


WELSH jEDŒOLOGT

Bot the old noun is «cach»; from which, com-
pounded with «ci», ca dog1, 'a coward' (other-
wise termed «cachadur»'a shitter') is catted
«cachgU. This word is frequently, however,
especially in S. Wales, used far more op-
probiously. In this respect it somewhat
answers to die old Eng. word ctomturd"y
(from «turd» = 'excrement/) ; and a man who
in Eng. would be called 'an old shif would
in W. be called «yr hen gachgi», or (more
simply) «yr hen gachu» *, with the epithets
«sal» or «gwaeU, 'mean, miserable', often
added. «Cachast» («gast», 'a bitch*) would
be used of a woman, and the stronger
«cachgi diawl !», 'you coprolitic dog-fiend !' or
(more idiomatically) 'you bloody shit!' may-
be frequently heard used in quarrels (even
by women) in some S. W. towns known
to us, on Market or Pair days.

1 We presume from the supposed effect of fear on
the bowels. 'Ita sunt commota viscera mea, ut ego
fere facerem totum in caligis roeis', dit Beze dans son
Passavant,' 'Noei Borguignon' ; Dioni (Dijon), 1730,
p. 339 [par M. De La1 Monnoye].

2 M. de Belloguet ('Éthnogénie Gauloise ; 1** partie,
Glossaire Gaulois*, Paris, 287«, p. 87), makes Ute cele-
brated Gaulish exclamation «Cecos Caesar !» to mean
something very like #('R ben) gachu Caisar !»


WELSH iEDŒOLOGY

379

The Irish word answering to «cach» is
«cacc», which occurs in many place-names:
so a once-half-ruined-and-hence-much-
beshitten *(«conchié») old mill has given
the name 'Mullinahack* («Muilenn a* chaca»,
•Shit-Mill'), to one of the streets of Dublin.
(Joyce, 'Irish Names of Places, 2** series',
Dublin, 1875, p. 162—163).

The C. word is given by LL1540 as «câuh»
(«h» = W. «ch»), and in late C. the guttural
was dropped ; hence the adj. «cawys», 'dirty',
given by Pryce.1 The old form, «caugh»,

1 'Archaeologia Cornu-Britannica', by Win. Prycer
M. V., Sherborne, 1790. This was written by Tonkin
and Gwavas, Pryce being a mere plagiarist, as disco-
vered by Prince L. L. Bonaparte, the owner of the ori-
ginal MS. The standard C. Diet, is one by the late
Canon Williams (Llandovery, 1865; abbrev. 'Wms.^; but
he did not nearly exhaust the vocabularies of his prede-
cessors, or clear away the difficulties occasioned to the
student by the mistakes and the bastard words that
they or the copyists of their works made and concocted.
Stokes' excellent 'Glossary' (see note, p. 373) supplements
this Diet, without exhausting the vocabulary. More-
over, the since-discovered 'Beunans Meriasek' (abbrev.
'M.' ; The Life of St. Meriasek', a drama of the 15 th
cent, ed. by Stokes, London, 1873) has furnished hun-
dreds of new words, which Wms. embodied in an inter-
leaved copy of his Dice with a view to a aaA edition,
never published in consequence of his denth in t88i.


38o

WELSH iEOŒOLOGV

occurs in the compound «caughwas»1 (from
«gwas», 'a servant, youth, or fellow', and
answering to the W. «cachgi >) in Norris' C.
Dramas. Now «caugh» (which in W. orth.
would be «cawch») exactly answers to the
B. «kaoch> 'shit', (explained in Ca th.* as
'ruder, cest estront de beste menue': and
«caoch hoarn» as eg. escume de fer, L ru-
bigo, scoria'), in V. B. (and other B. dialects ?)
«koc'h», which two forms exist side by side
with «kac'h»; and so both G. and B. seem
to postulate an original «* cäc», whiist «cach»
and Ir. «cacc» point to a «*cacc», and the
Lat. «caco» to a «* cac» ; whilst the Manx
«cugh» (existing side by side with «keack»),
'filth, ordure, dung', is not easily reducible
to any of these bases.

A secondary (participial ?) base «* cact-*
appears to occur in the B. «kaézour», 'filth',
so unaccountably mixed up with «kézour»,
'puberty' /see under Tubes'); for we take
the <<z» of the former to stand for a W. «th»
(not a W. «dd» or «s») and «-our» to be an
old plural termination, analogous to those

1 For an ex. of «caughwas» sec 'Pedere'.

2 'Le Catholicon de Jehan Lagadeuc, 1499,' éd. par
M. Le Men.


3»<

adduced under Pubes\ so that the base
of «kaézour» would in Welsh be «*caeth-»
(if it there existed) for an older «*cact-» ;
but no traces of such a stem, in the re-
quired sense, are now to be found in W.;
and it occurs to us that a word «*caeth»r
'dirty', may have been made to become obso-
lete through the existence in W. of another
«caeth», in the sense of'captive' (= C. «keth»
'plebs, plebeius'; B. «keaz», 'gueux, misérable';.
Ir. «cacht», all possibly loan-words from Lat.
*captus'). «Caeth» moreover is in S. W. pro-
nounced «ca'th», very like «càth», ca cat';
hence an additional source of confusion.1

It is just possible, however, that a «caeth»,
'dirty', may be preserved in some W. local
names. Two of the Commots (W. «Cymmy-
dau»; so the old W. subdivisions of the
«Cantrefi» or 'hundreds' are called) of the
Vale of Glam. bore the names of «Uwch
Caeth» and «Is Caeth», i. e. 'above' end 'below
the «Caeth», respectively. Now several

1 The Southwallians are accused by their Northern
brethren of making a verse of a hymn that runs tRhyddid
eu i enaid caeth !», 'Sweet freedom for a captive Soul !*
into «Rhyddid ci i ened cath 1', 'The freedom of a Dog
for the soul of a Cat!'


382

similar pairs of Commot-names occur in
Wales, the last part of them being nearly
always the name of some river; and, from
PugheV Map of the Ancient Divisions of
Wales, the stream meant appears to be the
sluggish one flowing into the «Nadawam
(L. L. p. 250, now «Dawon» or «Ddawon»,
Anglicè «Thaw») at Penmark, and called in
the'Cambro-British Saints'1 (Llandovery, 1853)
p. 45, the cRemni minor' or Lesser Rhymni,
to distinguish it from the larger Rhymni
(Anglicè 'Rumney') dividing Monmouthshire
from Glam. Its name is also mis-spelt there
and in L. L. pp. 149, 249 (where its locality
is further indicated) in various ways that all
seem traceable to miscopying an old «Guo-
rimni» or mediaeval «Gurimni», of which
word the first part appears to come from
*gwrym»*, «gworm», or «gwrm» (fem. «gorm»),

1 This map appears in the edition of Powel's 'Hist, of
Wales', published at Merthyr Tudfil in 1812 (8vo.): also
in the 3rd edition of Warrington's 'Hist of Wales',
published in 1791. (London, 2 vols., 8vo.)

2 Abbrev. «C.-B. S.'

3 «Gwrym» occurs in the old heroic poem of the
«Gododin» (ed. by Ab Ithel, Llandovery, 1852, who
numbers the lines, and by Skene, op. cit., who does
.not) in «gwrymseirch», 1. 339, and «gwrymde» 1. 666,


WELSH jEDŒOLOGY 383

'dusky*, and the last part perhaps from «gne»,
'colour*; and «(Afon) Wrymne» 'the Dusky^
coloured (River)*, might, the «w» being made
nearly silent (as in«gwna*, mutated «wna»),
be converted into «Kymni», whence (by false
analogy) «Rhymni». This would confirm our
etymology of «Caeth»; and, however that
may be, the river referred to certainly runs
mainly through liassic limestone, which al-
ways discolours more or less the rivers
flowing through it; we would adduce too,
in support of our guess, the river-names
«Bawddwr» (Gwent uwch Coed1 and Lian-

(Skene, I, 73, 84 and 105). The Dartmoor river 'Ernie'
is probably from its fern. «*gwrem» (or perhaps from
«*gwerm», fem. of «gwyrm») ; whence «(Afon) Wrem» (or
«Wenn». It is. an impetuous and destructive stream, of
.short course for its sise: hence it floods and becomes
turbid more rapidly than the neighbouring rivers.—We
forgot to say that a third edition of the Gododin, edited
by Stephens (author of 'the Literature of the Kymry')
is now being published by the Cymmrodorion Society.

1 L. L.71. «Gwent uwch Coed» was the old name of
Gwent (see p. 339, above) N. of the forest-ridge of «Coed
Gwent», now 'Wentwood'. The Llandovery Bawddwr
is called «cachlyd», 'shitty', in the following rhyme
describing the streams that meet in that town :

«Bran a Gwydderig

A Thywi fynheddig

A Bawddwr fach gachlyd
Yn rhedeg trwy'r dre'.» v


384 WELSH iEUŒOLOGV

dovery), 'Dirty Water' (See on «Baw» below),
and the name «Guormuy» (L. L. pp. 42, 127}
applied to a turbid stream in «Erging» or
'Archenfield* (Welsh Herefordshire), now (for
that district is Anglicized, alas!) called 'the
Worm*. And we may compare the Ir. use
of «cacc», in the (Anglicized) river-name
'Cockow' (i. e. 'Shitwater') in Kerry, and
such place-names like «Cac-an-thôid» (Anglicè
'Cackanode'), 'the dirty part of the soiP, and
the Anglicized name 'Ballycocksoost', the
town of the shitty flair (Joyce, page quoted
above)1. Another word is «caca*, which is used
as a nursery word just as it is in England
and France; but it also occurs in the sense
of 'dung* in the well-known plant-name
«cacamwci», which must mean 'the bogieV
(or 'boggart's') 'dung1, applied to the burdock
and burweed (see under ^Pubes") just like
«cedowrach». In B. we find a secondary form
«kakac'h», but in C. «cac» and the verb «caca»
appear as full-blown words. In Eng. we also
have the verb 'to «cack»* in Lancashire and
elsewhere (which may however possibly be
from the O. W. once talked there, and

1 There is also a brook «Caethon», flowing into the
Klan (Radnorshire).


WELSH iEDŒOLOGY 385

either borrowed before «*cacc» had been
made into «cach», or a corruption of the
latter) ; and «cake» also occurs, as in Andrew
Borde's 'Fyrst Boke of the Introduction to
Knowledge', C4 (reprinted, London, 1814),
where he says of Cornish ale that eit wyll
make one to kake, also to spew.* The unin-
fected final «c» shews that these words are only
loan ones in the British languages (C, B. and
W.). The word «cachfa» is used for cdung* in
the medical MS. of the 14^ and 15th centuries
preserved in the British Museum ('Additional
MSS.' no. 14912, fo. 51): «Rae heint mar-
chogyon dot galchua1 paun a gwreidd redyn
ac ef a uyd iach.» cFor piles apply peacock's
dung and fern root to the sufferer (orcthe part'},
and it will cure him.' M. Dwygraig's«gwrthban
Gwrthben2 ugain cachfa» M. A., I, 489*) may
mean ea blanket in which twenty turds have
been wrapped', but the passage is obscure,
as well as obscene. With this «cachfa» may-
be compared «chwydfa», ca vomit' (from
«chwyd», 'spew*), occurring in (e. g.) 3 P. C.

1 A mistake for «gachua», i. e. «gachfa». A later
copy reads: «Rhag glwy y marchogion dod wrtho gachfa
pavn a gwraidd rhedyn ag ef a fydd iach.»

2 «Gwrthben» is 'a fastening'.

3 «Yn awr troi 'nol i'th hen ffieidd-dra
Fel hwch i'r dom, neu'r ci i'w chwydfa!»

KqvnrâSia. U. 2$


386

WELSH jEDŒOLOGY

G. p. 55, «ci yn troi yn ol i'w chwydfa», ca
dog returning to his vomit.' This «-fa» comes
from «ma» (originally ea field*, later ea place',
occurring in «Gwynfa», (= Ir. «Fionmagh»),
'the White Field', a district in Powys,
and «Brechfa», cthe many-coloured field* (in
Carm., Brec, Glam. and Monm.): and, in the
radical form, in «Ma Mouric», 'Meyrick's* (or
'Maurice's) 'field*, L. L. p. 197, «Mathenni», now
called «Llandenny» *, 'the field or church
'of Tenni', p. 198 (both near Raglan, Monm.);
«Machynileth», 'the field of Cynllaith', «Mall-
wyd», 'the grey field' (both in Mont.*);
«Mathern» (Monm.), for «Ma Theyrn», 'the
field of the king (Tewdrig'; see L. L. pp.
133—5); «Mathafarn» (Mer. and Mon; see
also Skene II, 33, 1. 31; the same as «Batha-
farn» in Den.), 'Ager Tabernae'; «Mathrafal»
(Mont.), 'the field of Trafal' (for «Trafal»
see Skene, II. 285, 1. 19): and possibly
«Mechain» (Mont.) and «Machen» (Monm.),

1 See Mr. Wakeman's excellent 'Supplementary-
Notes to the Liber Landavensis\ p. 14, printed at the end
of'C.B. S.', but forming an indispensable supplement to
the L. L.

2 =■ Montgomeryshire. *Monm.' = Monmouthshire.
•Pemb.' = Pembrokeshire. 'Brec.' = Breconshire.


WELSH ADŒOLOGY 387

both for «Ma chain*, 'the fair field', and
«Mathru» (Pemb.), 'the field of woe' (?) (from
»tru»): its aspirate government is all that
remains of the guttural which its Ir. equiv.
«Magh», 'field*, shews it to have lost.1
«Cachfa» and «Chwydfa» must thus ori-
ginally have indicated 'a place where the
dung (or 'spew') was deposited'; hence
xthe dung or spew itself*: analogous is the
abstract use of the word in «golygfa»,
lit. 'a sightplace', but meaning 'a view' (L e. ca
prospect'»), «llewygfa», 'a fainting-fit', «cnofa»,
'a gnawing (of the stomach)', and «powysfa»,
"a resting place' in the O.-W. «poguisma deui»,
'David's resting place' (in Glam.; L.L.pp. 149,

1 It has occurred to us as just possible that we
may have the old form in «Lannluit Machumur» (i. e.
«Machou maur»; ='Li. of the great fields'?) now Llan-
llwyd, near Monmouth (L. L. 330—i)and in «Machynys»,
<= The Field Inch' ?), L. L. p. 180. These may, how-
ever, be from*bach» orcmach», 'a crook, bend', whence
«Bachegraig», «Bachymbyd», etc (in Den.) and probably
the «Machlas» (=«Mach» + «glais», 'a brook') that has
given its name to Glanmachlas near Towyn, and «Y
Fechlas» («Mechlas» or «Bechlas»), a river near Mold.
There is also another «mach», 'a surety, pledge', from
which «Machynys» might come.

2 'A view' in the sense of 'an opinion' is in W. al-
ways «golygiad», which never means 'a view' in the
sense of «golygfa».

25*


388 WELSH iEDŒOLOGY

249), but inC.erest\ as in «dyth a bowesva»,
(O. 145), 'Day of Rest', etc. «Pridd», pro-
perly meaning 'clay', is also used for 'human
ordure' in parts (e. g. Merthyr), and also in
M.M. 94 (§ 25) and 164 (§ 347), in the last
of which passages the powdered faeces of a
young boy are recommended to be drunk
of white wine as a cure for the Plague.
P., however, gives the word as a 'delicate
(Silurian') term for the ordure of an animal.'

Of euphemisms for «cachu», we may mention
«myned wrth faes», 'to go afield', used in
M. M. (e. g. p. 187), and (besides «plygu»,
already cited) «crymu», 'to bend', is used of
a woman in «Ni chrwm heb ddyrchaif ei
chrys» (in the poem quoted at end of cPe-
deret)y
whilst in N. Card, a man is said to
«llaesu» (in Arfon «troi») «ei glos», 'laxare'
(or 'vertere') 'braccas'.

The dung of different animals is called
by various specific names.

The Nan. term for the dung of cattle and
horses is «biswail», whence a verb «bisweilio»,
to drop dung'.1 (See too under cAnusy and
'Diarrhoea!). The noun is there used of
dung lying in a field : -which, however, when

1 These words are usual all over N. Wales, we be-
lieve, in this sense.


WELSH iEDŒOLOUV 389

in a sufficiently dried-up state to be used
as fuel by the poorer people, is called
«gleiad», plur. «gleion»; («gleuad» in Arfon,
«glayad» in W.S., «glaiad» inD.=C. «glose» i. e.
«glôs», C. W. 1092 ; the Eng. equivalent of this
seems to be 'blake' or'blakes*). An important
officer of the old W. princes was called «Maer
y biswail», 'The manure Bailiff, («mayr bys-
gueyl»,W. L., 1,62. See too p. 34 et passim),
whose office was to 'receive the cattle pur-
veyed for the lord, and superintend the de-
mesne lands'; such an extension of such a title
shews the vast importance attached to ma-
nure in early times. The adjective «bis-
weiliog» occurs in «Dugleis bisgueiliauc»,
'Dungy Dulas', a place on a river Dulas or
Dulais near Llandeilo Fawr (Carm.) mentioned
in L. L. 75, with which we may compare the
place-name «Rhyd y Biswail», 'the Dungy'
(or lPissy') 'Ford', borne by spots inLlanwrin
(Mont.) and in S. Card. In S. Wales «bis-
wail» is used only of liquid farm-yard or
cow-house drainage1, and in N. Card, only
in the form «piswail», which probably owes
its existence to an idea thai it comes from
«pis», 'piss'. Possibly some notion of this
kind may have been present in the minds of

i Called «lleisw» in Nan. See under 'Mingere\


390 WELSH jEDŒOLOGY

the inventors of the name by which the
stranger English were once generally known
in Wales, viz. «Plant y biswail», sometimes
«Plant Alis» or «Plant Alis y biswail», 'children
of Alis of the «b.»\ for the expression seems
an analogous one to the Eng. 'piss-begotten'.
D. however, gives «biswail» as simply mean-
ing 'foria, onchos'; the former of which
words meant 'flux in swine, diarrhoea' (hence
Fr. «foire»), and is by D. elsewhere explained
by «pibau» (= 'squitterings'). «Tom»1 is
a generally used word; but whilst in some
parts (e. g. N. Card, where «dorn», is the
radical form, mutated into «ddom») it
means 'cow- or horse-dung, in a dung-heap,
or with reference to its proximate use as
manure', and sometimes simply 'mire' or
'dirt' (the sense given by Sal. and D. ; see too
the citation under «cachfa»), in Nan. it is used
convertibly with «baw» of 'the droppings of
cats, geese, of all poultry, and of wild fowls'
(but n o t of game birds ; see below) ; and so
it is used of geese and doves respectively

1 «Tom» seems originally to have meant 'a mound,
heap' and, to be a loan from the Eng. 'tomb', and its
dim. «tommen», in «Tommen y Bala», «Tommen y Mur»
(Mer.) etc. means 'a mound for purposes of defence' ;
and it also often means a true tumulus.


WELSH iEDŒOLOGY

39I

in M. M. 192 (§ 494) and 208 (§ 558). «Baw»
is also there used, and so is «cachu» (see
above), of the excrement of pigs, dogs, and
otters, and «baw» also of dung collected into a
heap1 : but the last word also bears a wider
sense, thus answering much to the Eng.
'muck'; and in Carm, we have often heard
the proverb «Mae 'fe wedi myn'd i'r baw»,
'He's gone to the mire' (i. e. 'to the devil'
or 'the dogs'). The Fr. «boue» has been
equated with this word ; and the Lancashire
«baw», 'alvum levare', is more certainly re-
ferrible to it A quantity of dung gathered
together in a heap is called in Nan. «tail»
(in B. «teil» 'fient', Cath., but now = 'fumier';
«teilat»,=«cahet», 'stercorare, chier, fambreer',
Cath.; C. «teil», 'fimus, stercus', LI. 59°, 1540);
and this has become the commonest word for
'manure' in Wales. We are told that some
modern poet talks of a deceased person as
having gone «i'r tail», i. e. «i'r dornen» or
«i'r gweryd», 'to the tomb* or 'to the sod' ;
but this is at least a rare use of the word.

«Cagl» in Nan. is used for the dung of
sheep, goats, hares, rabbits, grouse and

1 «Baw'r diawl», *the Devil's dung' is the W, name
for the drug 'assafœtida'.


392 WELSH £DŒOLOGY

partridges. It seems to answer much to the
Fr. 4crotte\ as it means in N. Card, 'the
mud thrown up by a walker on to his trou-
sers1' (called «terig» * in Mon); but in S. Card,
(at least) «cagl defaid», 'sheep's dung', is
common. «Ceglyn», 'a dirty little squit' *, fem.
«caglen», is used as a term of abuse in parts,
and so in F. F. p. 13, an old woman is called
«hen gaglen syth !», 'you stiff old draggle-tail !'
The B. is «cagal», used of the dung of small
animals and also of 'personnes constipées'
(Leg.4) ; and it is in this sense that we have

1 In W. Corn vail a «crotté» person is said to be
'gaggled': which shews that a «cagl», 'mud', existed in C
The B. Lexicographers derive «cagal» from «cach» and
«cal» ; which last word they fancy means 'hard' (in B.
«calet» = W. «caled») ! — an idea still prevalent among
the philological dabblers who undertake to instruct the
world on the etymology of Cornish local names: but
tcal» is neither more nor less than the W. for '■Penti,
q. v.

2 They say in N. Card, of a person or thing *in .
a frightful mess', «Mae o 'n derig o ' faw», 'It's a very
«terig» of dirt'; and the word is especially used there
for the dirt collecting in the hollows of an unwashed
skin. For quite another «terig» see under 'Lascivire'

3 We presume that 'squit' is connected with 'squitter'.
At a private school where we once were, the youngest
boy there was called 'the squit of the school*.

4 Legonidec, 'Diet. B.-Fr.' par Villemarqué, St.
Brieuc, 1850.


WELSH jEDŒOLOGY 393

heard the abstract «cagliad» in a celebrated
Englyn where it means 'a caking', i. e.
'constipation'; of which we regret that we
can only give 2 lines. It was addressed by the
(w)hole-bound Bard to A—E~, a brother
Bard and a Chemist, imploring him to con-
coct some 'dung-driving' pills.

«.... «Poba, fal y pibwyf ;

Un gagliad a dafad wyf.»

'Bake (the ingredients) that I may squittcr;
my caking is as bad as a sheep's': and so
M. Dwygraig (M. A. I, 485»), in his amusing
'Ode to a gift calf (he didn't only look it
in the mouth', but minutely inspected its
«bouches d'en bas» to boot), has the adj.
«cagalawc» (= «caglog»), speaking of the
beast as «tin gagalawc», 'cake-arsed'; which
of course refers to the usual a posteriori ap-
pearance of the bovine species.

«Ebod» (M. M. p. 104) or «ebodn» is an old
word for the dung of horses, interesting on
account of its first part coming from «*eb», 'a
horse' (= «equus» and In 7TOÇ Or LXXO whence,
too, the first part of «ebol», (O. W. «epaul»), a
foal, and probably of the «Ebw» or «Ebwy»
river in Gwent: the latter parts of which
two words seem to come (respectively) from
the same origin as Gr. nCSXo$, 'a young animal,


394

WELSH JBDŒOLOGY

especially a foal', and the very common
river-name termination «-gui» (L. L. passim),
now «*-gwy» or (in composition) «-wy», ap-
parently the same as «Gwy», 'the «Wye»\
and its brethren the Derbyshire «Wye» and
the Surrey «Wey». «Ebodni», the verb, is
explained by Sal. with the addition of «val
march*, 'like a horse', as 'donge' (i. e. 'to
dung*).

«Aul» (= Gael, «aolach», 'dung, entrails') is
given by P. as a 'Silurian' word for 'dung/and
D. gives (evidently its plural) «eulon», instan-
cing «eulon geifr», 'goat's dung\ «Gweryd»is
also used by D. G. for 'excretion', according
to P., in «Garan yn bwrw ei gweryd», which
he translates, however, ca stork casting up
the contents of her stomach'; but that
nether excreta are meant seems likely from
the Glam. use of the word for 'manure' (called
«achles» in S. Card.) : possibly, however, the
latter sense of the word came from its or-
dinary one of 'sod, turf, sward', and indicated
primarily 'turf used as manure'. We give
the context of the passage quoted, which
comes from D. G.'s celebrated poem to his
own shadow (p. 344), that philologists may
judge for themselves what it there means:
for it occurs to .us that it might mean the


WELSH JEDŒOLOGY

395

slimy 'water-moss' or 'conferva', a sense
borne by the word:

«Fal gryr Uwyd yr wyd ar iâ
Fewn canol a fae'n cawna:
Garan yn bwrw ei gweryd,
Garau'r wyll, ar gwr yr yd.»
'Thou art like a grey heron on the ice,
picking at the reeds in the middle (of a
pool): (or) a crane, with its goblin shanks,
casting its «gweryd» on the corner of the
corn (field).' (We have taken «wyll» to be
put for «gwyll», for the sake of the «cyngha-
nedd» or 'harmony'). — This puzzling word
will be found discussed under 'Pubes1, q. v.

«Lluyd» gives «ysgoth» as 'dung' (p. 275*),
for which see under 'Diarrhoea1; also
p. 221*) «ysgarth» as 'excrement', the pi. of
which, «ysgarthion», is commonly used now
in the sense of 'offscourings', a sense also
borne by «carthion», pl. of the simpler form
«carth». The last word (putting aside deriva-
tives and book-words ; for the verb «carthu»
see'i> iarrhœa')'m the sing, now only means
' hemp, tow', except in the phrase given by
W. S. andD. (s. v. 'Rallum') «carthbren aradr»,
'a plough-staff', which exactly answers to the
B. «karsbren» or «karzbrenn», 'la fourchette en
bois qui sert à décharger le coutre et le soc


396 WELSH iEDŒOLOGY

de la terre qui s'y est amassée', from B. «pren»,
'bois', and «karz» ; and the various senses of
the latter word, viz. : 'Raclures et immondices
que l'on ôte de ce qui les a contractées*
(Lep.1), 'ordures' (Leg.), perfectly explain the
double meaning borne by its W. equivalents
«carth»,«carthion», etc., and shew the original
idea to be that of 'a cleaning by scraping,
raking, or combing* (Fr. «racler»): hence
the senses of the words, viz. 1) 'tow, the
result of such a process' and (2) (the refuse
arising from other kinds of cleansing or
purging).

«Liibystr» is found in diets, for 'dung';
and «ystlom» is used by M. Dwygraig in his
♦Lampoon on a woman' (M. A., 1,488b), where
-he calls her «ystlom-gwthr gast», 'Dungy-arsed
Bitch', as elsewhere (I, 487*0 he calls her
«cwthrfaw» (from «cwthr», for which see
under 'Anus1, and «baw».). These epithets
shew but too clearly that 'paper' was 'not
invented' in the poet's time (at least in
Wales), and that some one of the manifold, if
inadequate, expedients enumerated by Gar-
gantua (1.1, c. 13) had perforce to be resorted

1 = Lepelletier's 'Diet, de la langue Bretonne',
Paris, 175*.


WELSH jEDŒOLOGY

397

to for a certain operation. The verb,
«'sdommi», is still used in Mon for animals
dropping dung ; can «ystlom» be of the same
origin as B. «stlabez», 'ordure, immondice* ?
We do not find in W. any word answering
to Vannetais B. «mon», 'dung* (= Ir. «mûn»,
4piss' ?), except a derivative «monoch», en-
trails, guts', sing, «monochen».

(To be continued in Vol. III.)


ERRATA DU PREMIER VOLUME.

Page I, titre courant, au lieu de avis du direction,
lisez avis de la direction.

— X, ligne 9, au lieu de intelligible au plus

grand nombre, lisez inintelligible etc.

— XI, avant dernière ligne, au lieu de nous rap-

pellerons qu'un Russie, lisez nous rappel-
lerons qu'en Russie.

— 4, ligne 17, au lieu de zones lisez zones.

— 7, — io, — — dites-lui, que lisez dites-

lui que

— 8, — 23, — — le lièvre, saute lisez le

lièvre saute

— 2o, — 12, — — repond lisez répond

— 21, — 3, — — ou — où

— 23, — 12, — — marie moi lisez marie-

moi

— 32, — 4, — — La garçon lisez Le garçon

— 38, — 1, — — fiancées — fiancés

— 38, — 15, — — le pauvre — la pauvre

— 39» — 8, — — en-tète — en tète

— 39» — 9» — — /....... —

— 39» — «S» — — Des lapti? — Des lapti. Il

— 46» — 4» — — petit mère — petite mère

— 54» — 4» — — irrité — irritée


ERRATA DU PREMIER VOLUMB 399

Page 54, ligne 18, au lieu de demande nouveau lisez

demande de nouveau.

— 58, — t8, — — le grignote lisez les

grignote

— 63, — ao, — — de même coup lisez du

même coup

— 83, — 26, — — petitp... lisez petite p...

— 108, (note) 6, — te — et

— 138, — 8, — — loges — legis.

— 348, — xi, — — des — dans


TABLE DES MATIÈRES

Folk-lore de la Haute-Bretagne....... t

Table.............. na

Contes picards. (Seconde série)....... 115

Table.............. 16g

Schwedische Schwanke und Aberglauben aus

Norland............... 171

Anmerkungen........... 220

Table ............. 222

Literatura popular erotica de Andalucia . . . 223

Some erotic Folk-Lore from Scotland .... 253

Dictons et formulettes de la Basse-Bretagne . 265

An erotic English dictionary........ 271

Trois contes alsaciens .......... 277

Le poskocnika, sorte de Kolo ou ronde des

Serbes ............. 284

Glossaire cryptologique du breton ..... 289

Welsh ^Edœology (First Part)....... 323

Errata du premier volume......... 398

t

 

 


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