Kryptadia Vol. 8 (1902)

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КРГПТАД I A

"VOL.-VTET.


Tiré & 176 exemplaires numérotée à la main

№..........


KPYIITAÀIA

RECUEIL DE DOCUMENTS POUR SERVIR

À L'ÉTUDE
DES TRADITIONS POPULAIRES
— •

VOL. VIII

PARIS

H. WELTER, ÉDITEUR

4, RUE BERNARD-PAŁI8SY, 4

1902.

Tous droite réservés.


Imprimerie polyglotte à Weimar.


Chez les Wallons de Belgique.

і.

Notes de vocabulaire.

Le wallon, comme tous les patois, est riche
en termes inconvenants, riche surtout en
termes employés figurément dans un sens
inconvenant. Il est peut-être plus riche
qu'aucune autre langue romane, si l'on eu
juge par le fait que, dans tous les autres
sens, son vocabulaire est singulièrement com-
plet et développé, et qu'il témoigne con-
stamment, dans les acceptions, d'une capa-
cité de pittoresque vraiment remarquable.

Cette fécondité, ce pittoresque, on en trou-
vera la preuve dans un travail très curieux,
publié en 1868 par un lexicographe liégeois
M. Albin Body. Le Vocabulaire des pois*
sardes
du pays liégeois, comme l'intitule son
auteur, recueil des épithètes que le peuple
considère comme injurieuses en wallon, ne
comporte pas moins de cinq à six cents vo-
cables encore vivants.

Kçvnx. VIII. 1


2 CHEZ LES WALLONS DE BELGIQUE.

Le travail de M. Betty, tout-à-fait remar-
quable à bien des égards — et peut-être
unique, — ne pouvait comprendre les termes
obscènes, de sens propre • et de sens figuré,
dont on a tenté de constituer une liste ci-
dessous. Cette liste, hâtons-nous de le dire,
est du reste loin d'être aussi complète en
son genre que le Vocabulaire dont il vient
d'être question. Et la première raison en
est la difficulté qu'on rencontre de se ren-
seigner sur les dialectes autres que celui de
Liège, étant donné surtout le caractère spécial
du sujet.

On a cru bien faire, eu égard au nombre
peu considérable de vocables, d'adopter l'ordre
systématique au lieu de l'ordre alphabétique ;
et, pour chaque sujet, on a d'abord donné les
vocables anciens et les termes propres actuels,
avant d'en arriver aux expressions figurées.
On a du reste puisé les exemples et les
explications dans les proverbes, aphorismes
et facéties, plusieurs de ces dernières ayant
peut-être suffi, par leur popularité, à créer
celle de certaines expressions figurées qui,
à l'origine, sont certainement dues à la fan-
taisie personnelle de quelque farceur.


CHEZ LES WALLONS DE BELGIQUE. 3

1. L'organe féminin.

1. Conin, terme générique. C'est le vieux
mot que, dans son sens propre, le mot „ lapin*4
a remplacé et qui était encore en usage à
Paris au 17e siècle, puisque Le Roux, Dictionn.
comique
I. Vo, dit qu'il faisait dans les cris
des rues rire ou rougir les filles. Il a été
relevé avec la signification de „lapin", par
Body, Vocab. des Agriculteurs, dans tous les
patois wallons. Il est aujourd'hui en pleine
désuétude dans cette signification honnête.
Il est souvent une injure chez les poissardes.
Ex. vix conin, mâsbî conin, vieux, sale con. —
Dit des mères à leurs filles : Ouvrez les yeux
et fermez le conin. Conseil de haute sagesse. —
Une jeune fille haut sur jambes est générale-
ment nommée: haut ënconnée. — Les jeunes
filles, pour dire qu'on leur a fait des pro-
positions déshonnêtes, disent parfois qu'on
leur a proposé de gagner cinquante pour cent.
Cette opération consisterait pour le jeune
homme à sentir la moitié du conin, pendant
que la jeune fille sent le vit tout entier.

2. Connctte, diminutif du précédent; plu-
tôt Namurois.

3. Conârd, dérivé. On dit parfois canard,
par fausse analogie. A Liège, un conârd est
aussi un lâche.

1*


4 CHEZ LES WALLONS DE BELGIQUE.

4. Canou, petit con. Diminutifs enfantins:
nanou et nana. — Un noël français, très po-
pulaire dans les églises du pays de Liège
contient un vers où il est dit que Jésus
„ descendit jusqu'à nous". On Га transformé :
„descendit parmi nous" et il n'est pas un
chanteur qui oserait reprendre le texte exact :
on éclaterait de rire en pleine église.

5. Musette, terme liégeois et namurois.
On a voulu rattacher ce vocable au latin
Mosa, la Meuse. La mosette, comme la Mo-
selle, serait une petite Meuse. Le terme, du
reste, passe pour joli et caressant. — Mais
il semble qu'il faut simplement voir ici un
diminutif du wallon mosse, flamand mossel,
nom du mollusque que nous appelons moule.
Le Wallon trouve que la moule ouverte
rappelle par sa forme générale le con; il voit
même le clitoris dans une sorte de petite
boule noirâtre qui apparaît entre les lèvres
de l'animal étalé. On assure aussi que la
mucosité vaginale a tout à fait le goût du
jus de moules, du liquide que l'animai dé-
gorge à la cuisson. — Il faut remarquer que
le Wallon, et particulièrement le Liégeois est
très friand de moules: on en mange à Liège
toute l'année, dans des établissements parti-
culiers dont l'enseigne „frites et moules", et


CHEZ LES WALLONS DE BELGIQUE. б

la grosse lanterne, attirent dans les petites
mes la clientèle la plus mêlée. — Facétie:
Un jeune homme ignorant demande à un
camarade „si c'est bon, le eon." „Moi", dit
lautre, ,je m'y connais peu, je n'en ai goûté
qu'une fois.. C'est un trou que les femmes
ont enjxe leu jambes. Si tu y mets la main,
cela sent tout de suite le fromage. Si tu y
mets la langue, cela te goûte comme du jus
de moules. Mais si tu y mets la queue, ah!
alors, c'est du sucre, mon garçon !.. ." —
Dicton: telle hannette(nuque) telle mosette. Règle
de physiognomonie. — Voy. le supplément.

6. Gatte, terme vieilli. Cf. le flamand gat,
trou. En wallon le mot gatte (flamand geit)
signifie aussi chèvre; d'où l'expression à
double sens: ine grande gatte, pour dire une
femme grande, efflanquée: les chèvres pas-
sent pour être le type de la maigreur,
surtout chez les femmes. Pour dire: une
femme, on dit souvent: ine gatte avou on
van train,
un trou (ou une chèvre) avec un
tablier. —- Le Wallon n'a pas de dicton mé-
prisant à l'égard de la chèvre. Or, dire de
quelqu'un : c'est ine gatte, revient à dire : c'est
un pas-grand'chose, c'est un individu mé-
prisable. Nous avons donc bien affaire ici à
un souvenir du mot flamand. — Le terme


6 CHEZ LES WALLONS DE BELGIQUE.

gaite dans son sens déshonnête se retrouve
dans ce vieux couplet sur les invasions, où
cependant il n'est plus guère compris:
Grand1 mère savez (cachez) vosse gatte
Ca vocial les saudârds
(voici les soldats).

7. Natte, du mot nateure, ci-après. — Une
natte est aussi une femme sans énergie, sans
vigueur, et l'injure est naturellement renforcée
quand elle s'applique à un homme: ine natte
dans ce sens, c'est un homme efféminé, ou un
conârd, un lâche.

8. Nateure, partie naturelle d'une vache.
Passe pour un terme honnête, appliqué aux
femmes.

9. Lu crin, la fente, /t' crèné, le fendu,
termes verviétois et liégeois. — Crèné est
aussi le nom d'une sorte de pain mollet, orné
d'une dépression longitudinale au milieu.

10. Levgo, mot verviétois ; au sens propre:
sorte de boudin ou cervelas fort estimé du
peuple, ce qui explique cette acception sin-
gulière : dire du con qu'il est un levgo, revient
à dire que c'est une friandise.

11. Spâgne-mâ, littér. épargne - maille;
tirelire.

12. Li p'tite soûr, la petite sœur. Cor-
respond au „petit frère'*, nom du vit. C'est


CHEZ LES WALLONS DE BELGIQUE. 7

ainsi qu'en conversation amoureuse, la femme
désigne son con, et l'homme son vit.

13. Cou, littéralement: cul. Exemple: dji
tî a sintou s9cou,
je lui ai senti son con. —
L'expression vix cou sert fréquemment
d'appellation familière, avec le sens de cul,
chez les hommes ; adressée à une femme, elle
n'est guère employée que comme injure,
infligée à une femme décrépite. — Dire
d'une fille qu'elle est on tchaud cou c'est dire
qu'elle est passionnée*). — Proverbe philo-
sophique: Deux cous qui font djondou (qui se
sont joints) sont parints po cint ans. Deux
culs qui se sont joints sont parents pour cent
ans. — Autre proverbe philosophique: On
poyètcfte di cou est pus fwêrt qu4ne cwède di
barque.
Un poil de con est plus fort qu'une
corde de barque. — Dicton facétieux: Cou
qu'est vèyou n'est rien pierdou.
Cul qui est
vu n'est pas perdu. Variante honnête: Çou
qu'est vèyou
etc. ce qui est vu, etc. — L'ex-
pression hiner dè cou, littér. lancer du cul, se
dit proprement d'un cheval qui rue. Elle
s'emploie aussi fréquemment dans un sens
détourné, par exemple dans cet aphorisme

*) Pour empêcher les poules de se mettre à couver,
on leur ,,refroidit le cul" en le maintenant dans un
•eau plein d'eau.


8 CHEZ LES WALLONS DE BELGIQUE.

populaire dans les basses classes des villes:
Quand une jeune ouvrière a hiné de cou (fait
la putain) pendant dix ans, elle est encore
bonne pour un ouvrier. — La femme adul-
tère au Borinage est l'objet de sévices de la
part de la population: ou s'en saisit, on la
couche et on la lie sur une brouette, les
jambes en avant, ventre en l'air, sexe à nu.
On la promène en cette posture et tout
venant lui jette à pleines mains des ordures
au sexe. Une bonne femme, voyant son bam-
bin s'amuser à pareil spectacle, le saisit par
la main, et prise d'un sentiment de pudeur
indéfinissable, lui dit: Viens ici, m*fi, si c'est
in eu qu'i t'faut vtr, èdj te moustrerai Vm%;
si c'est un con que tu désires voir, je te
montrerai le mien.

14. Tabernaque. 8e dit surtout du cou
d'une vieille et a un sens injurieux. Ex. vtx
(vieux) tabernaque, tnâssî (sale) tabernaque.

15. Li golzâ, mot liégeois; au sens propre:
sorte de chausson aux fruits (pâtisserie). Ce
mot est du même esprit que levgo (n° ЦУ). —
Caresser une femme qui a ses règles se dit:
gram les amines foû dè golzâ, tirer avec les
doigts les pommes du chausson.

16. Pitchou, li p'tit pitchou, terme de
caresse intraduisible. Cf. le provençal pitchoun.


CHEZ LES WALLONS DE BELGIQUE. 9

17. Indjin, engin. Ce mot, en wallon,
est souvent de sens indéterminé, et sert
fréquemment à désigner une chose dont le
nom ne revient pas à la mémoire. — Voir
ci-après n° 50.

18. Colback, allusion (à cause des poils) à
la coiffure'militaire qui porte ce nom.

19. Boque sins dints, bouche sans dents. —
Voir h'Qinr. VII, p. 5, un conte flamand, très
populaire aussi en Wallonie. — L'idée que le
con est une sorte de bouche se retrouve sans
doute partout. Nous disons bien: une telle
en a déjà ,.goûtéu .. . Dans le même ordre
d'idées, citons le mot, traditionnel chez nos
demi-vierges désirant encourager les conteurs
de gaudrioles : Allez, allez, ne vous gênez pas
pour moi, ne craiguez pas de me scandaliser,
dji k'nohe tot, sâf li gosse, je connais tout,
sauf le goût (de la pine).

20. Li gayoûle, la cage (de l'oiseau). —
Sur ce mot, voy. ci-après n° 53.

21. Banstai, tchèna: sortes de paniers a la
main. — On trawé tchèna, un panier troué,
c'est une femme ou fille débauchée. — D'une
jeune fille qui a été dépucelée, on dit qu'on li
a k'frohx s1 banstai.
Le mot k'frolA signifie
trouer en saccageant, et s'emploie par
exemple pour le fait d'une vache qui passe


10 CHEZ LES WALLONS DE BELGIQUE.

violemment au travers d'une haie. L'expres-
sion de banstai (panier) remonte peut-être,
dit Body, à la mode des paniers.

22. Trau, trou. Terme bas et vulgaire. —
Qu'est ceci, dit un latiniste de cuisine? Et
il prononce: aller ûtrô. Ce sont quatre bo-
tresses*)
accroupies: à Vterre hùt traits, à
terre huit trous.

23. Li -p'tit molin, le petit moulin : terme
de caresse. — Proverbe: Pour dire d'une
femme qu'elle est pauvre, on répète : Si mère
Tx lèya deux molins, onque à Vaiwe et onque â
vint.
Sa mère lui laissa deux moulins, un à
l'eau (le con) et l'autre au vent (le cul). —
Facétie: Deux frères voulaient construire un
moulin rue de Hesbaye, à Liège. Si nous
le faisions là, dit l'un, nous nous servirions
de la Légia (petit cours d'eau qui vient
d'Ans à Liège). — Là, dit l'autre, en montrant
la colline, il irait au vent. Ile consultent
une botresse: Mettez-le, dit-elle, entre mon .
cul et mon con, quand il n'ira pas à l'eau,
il ira au vent!

24. Li pwette d'amour, la porte d'amour:
terme poétique. — La femme à qui son mari

*) Botresse, sorte de porte-faix femelle. On trouvera
plus loin des facéties de botresses.


CHEZ LES WALLONS DK BELGIQUE. 11

on son amant reproche d'être trop large, ne
manque pas de répondre: La porte s'ouvre
suivant le visiteur, /t' pwette si drouve sorlon
Vmonsieu.
Le dicton s'emploie fréquemment
en guise de proverbe, dans des sens tout
honnêtes.

25. Li p'tite bwette âx sotrèyes, la petite
boîte aux plaisanteries. — Une jeune fille-
trop amoureuse s'excuse d'ordinaire en ces
termes : „On ne me l'a pas mis pour mesurer
du sel." Dans le Brabant, on dit plutôt:
Ça n'est ni fait pou donner à bwêre aux pouyes
(pour donner a boire aux poules). Ce qui
revient a dire: J'en use suivant l'indication
de la nature.

26. Li p'tit rôïllé, le petit rayé (allusion
aux replis des lèvres). — La tour Eiffel et le
Trocadéro ne sont jamais désignés par les
Liégeois facétieux que par ce jeu de mots:
li tour qu'infelle divant Vtrau qu'a des rôyes,
la tour qui enfle devant le trou qui a des-
raies.

2. Le clitoris.

Le clitoris porte différents noms dont voici
les plus caractéristiques.

27. Li botont li boton d'eint mèye djôyes, lfr
bouton de cent mille joies.


12 CHEZ LES WALLONS DE BELGIQUE.

28. Li cèfthe, le cerise. Li pirttte, le noyau
(de cerise). — Avez-ve tchaud (ou avez-ve
bon) vosse celthel
Cri des rues que la cra-
pule adresse aux bicyclistes dames, à Liège.

29. Li p'tit Jésus.

30. Li crition, le cri-cri. Cette expression
est peut-être amenée par le mot caratchon,
•qui signifie chatouillement. — Petit couplet:

Ma tante, ma tante,

Y a l'crition qui tenante:

Dj'a planté des céleris,

Et i tchante co todis!

(Ma tante, ma tante,

Le cri-cri chante:

J'ai planté des céleris

Et il chante encore toujours !)

31. Li nawai, le noyau.

32. Li brézette, la petite braise (?). — Ex-
pression populaire: dji Ü a fait bâht (baiser)
hrèzette. Dans le même sens que le français :
Je lui ai fait baiser mon cul. A qui demande
ce que c'est que brézette, on répond: c'est le
cul (con) d'une chèvre (gatte, voy. ci-dessus
n° 6), ou, d'une vieille femme.

33. Li linwette, la languette. — Devinette:
Pourquoi les femmes s'essuient-elles après
avoir pissé? Parce qu'elles ont la linwette
trop courte, sans quoi elles se pourlécheraient!


CHEZ LES WALLONS DE BELGIQUE. 18-

3. Le périnée.

34. Le périnée chez la femme, s'appelle
/t' vôye àx lum'çons, le chemin des limaçons;
par allusion à la traînée de matière gluante
que ces animaux laissent derrière eux.

34bi». Chez les hommes, c'est /i' salle di
danse des coyons,
la salle de danse des
couillee. _____

4. L'organe masculin.

L'ensemble des organes sexuels chez l'homme
s'appelle:

35. Li magot, c. à d. le ramassis. Ou: /•
paquet.

36. Les erliques, les reliques.

37. Li djeu, le jeu. — Laisser voir son
jeu, c'est découvrir ses parties sexuelles.

38. Li hasse di pâle, l'as de pique. Le
peuple trouve que, le vit étant appliqué sur
le scrotum, et flanqué des testicules, l'en-
semble, affecte la forme d'un as de pique. —
Il y a quelques mois, au tribunal de Liège,
une femme appelée comme témoin se plaignait
des entreprises d'un malheureux accusé
d'attentats; elle jouait la prude avec affec-
tation; entre autres choses, elle raconta que
l'accusé, rencontré dans les champs, l'avait


14 CHEZ LES WALLONS DE BELGIQUE.

suivie et subitement lui avait crié: Marie, il
tourne du pique! Elle avait tourné la tête.
A cet endroit du récit, le juge lui demande
l'explication de cette expression populaire. A
grand'peine elle s'exécute. „Mais alors", dit
le juge sagace, «puisque vous saviez ce que
cela signifiait, pourquoi vous êtes-vous re-
tournée?" — Cette question interloqua la
femme, qui fut, après un interrogatoire serré,
convaincue de faux témoignage, condamnée, et
arrêtée séance tenante.

39. Li floquet, la double boucle (d'un
nœud). — Voir la facétie de la création de
l'homme et de la femme, ci-après, n° 1 des
contes. — Autre facétie: une niaise recevait
pour la première fois „le bon Dieu". Crain-
tive d'abord, elle n'avait voulu qu'un petit
morceau. Bientôt, elle avait exigé tout le
„bonbon". Elle exprima son vif désir d'en
-avoir encore plus. Et son amoureux lui
affirmant qu'elle avait réellement tout, elle
voulut s'assurer si cela était bien vrai.
Ses investigations la conduisirent naturelle-
ment à constater la présence des testicules.
„ Qu'est cela?" dit-elle. — „Ce sont les nœuds
du floquet, c'est un embellissement", dit-il. —
„Ah!" dit-elle, „donne-moi cela aussi, car
dj'aime à e$se gâye" (à être belle). — „Mais",


CHEZ LES WALLONS DE BELGIQUE. 16

dit-il, „cela ne se pent, ce que tu sens n'est
là que pour ГЬоппеиг.и — „De petites gens
comme nous n'ont cure de l'honneur. Donne-le
moi, et que cela finisse." Et comme ce dé-
bat avait refroidi les organes, elle se mit à
pleurer et en fin de compte elle lui dit: „Tu
vois l'effet de ta vanité ! Les idées de gran-
deur ne conduisent jamais à rien de bon !.. .**
40. On hoquet d'sâcisse et deux oûs, un
morceau de saucisse et deux œufs. — Ce plat
est le régal du campagnard. — Facétie: Un
jeune roulier, au détour du chemin, écrase
une poule sous sa roue. Une ménagère qui
a vu cela, accourt et reconnaît son unique
poule dans le corps du délit. Elle se met à
pleurer comme une Madeleine, et elle se la-
mente : „Ma pauvre poule, ma pauvre Pikette*),
une si bonne pondeuse! Je n'avais qu'à mettre
la main sous sa queue, et j'y trouvais un
cBuf." — „Eh bien, hâcetteut dit le roulier, „il
n'y a rien de perdu: mettez la main sous la
mienne et vous en trouverez deux."

5. Les noms du vit.

41. Coye, correspondant du fr. couille. Ce
mot est très usuel dans plusieurs expressions

*) Pikette nom ordinairement donné à la poule
préférée.


16 CHEZ LES WALLONS DE BELGIQUE.

consacrées: hie! mi coye! exclamation de sur-
prise ; sot m9coye! c. à d. sot, fou, drôle, quali-
fication s'adressant à ceux qui font hausser
les épaules; elle amène souvent l'équivoque
so, „sur" pour êot, „fou"; c'est ine bonne coye
d'homme,
c'est un bon garçon, un bon fieu,
un bon zig. Etc. — Coyteuse ou coytresse,
terme de mépris, injure qu'on adresse aux
femmes qui jurent par li coye. — Coytai,
gentilé de Coo (petit village de la prov.
de Liège) considéré comme drolatique. —
Proverbe météorologique: Qwand li p'tit meu$
ni djowe піп di
s'coye, i djowe di s'cou. Quand
février ne joue pas de sa queue (pluie) il
joue de sou cul (tonnerre). — Facétie: Une
vieille femme est au lit, malade. Son mari,
également très vieux, vient d'apprendre à
l'instant que le cas est désespéré. Il veut
adoucir les derniers moments de sa compagne,
et, retenant ses sanglots, il approche du lit
et demande: „Veux-tu un peu de lait? .. .
Veux-tu un verre de vin ?... Veux-tu une
orange? ... Veux-tu ci, veux-tu là? .. .a La
vieille répond chaque fois sur le même ton
lamentable (que le conteur imite) : „Nenni...
nenni... nenni.. .a A la fin, le vieux, ner-
veusement, lui dit: „Vousse mi coyef. ..u
Et la vieille, d'un voix mourante: „Ті m'freut


CHEZ LES WALLONS DE BELGIQUE. 17

co bin rire! . . ." Et c'est son devnier
mot.

42. Cowe „queue". Sert souvent comme
atténuation de соус dans le langage usuel
et dans les exclamations dont il vient d'être
question.

43. Vé. C'est le fr. vit. U n'est plus guère
usité dans ce sens. On le retrouve dans les
expressions Hie! mi vé!... Sot m'véf...
Mais le mot n'est plus compris; aussi dit-on
souvent: Hie! mi vai (mon veau)! — Dicton
physiognomonique : té nez, té vé „tel nez, tel
vit". Celui qui a le nez gros ou long, a le vit
fait de même. — Une espèce de pomme de
terre, de forme longue assez caractéristique,
s'appelle en Ardennes vitelotes. — Les bou-
lettes de viande, moitié reliefs de porc, moitié
reliefs de bœuf, régal des paysannes, s'appel-
lent au pays de Namur et dans le Hain aut
vitolets ou vitoulets.

44. Broquette, diminutifs : quette, quèquette. —
Ce mot est des plus répandus; la forme quette
est usuelle; broquette est plus grossier. Il est
rare de rencontrer à Liège un petit Diction-
naire sans y voir le mot français „broquette"
malicieusement souligné; la définition que
donne de ce mot le petit'Larousse (petit clou
à large tête) est connue de tous les jeunes

Kovm. VIII. 2


18 CHEZ LES WALLONS DE BELGIQUE.

gens des deux sexes qui ont tant soit pen
suivi les écoles. — Un jeu de hasard, fort
pratiqué aux fêtes de campagne, consiste en
une sorte de fin tube de cuir, fixé verticale-
ment sur une rondelle; celle-ci étant posée
but une planche, couvrant un trou large
d'environ dix centimètres. Le joueur, armé de
disques de fer-blanc, doit, en les jetant,
bousculer le' tube, de telle sorte que le disque,
rejeté en arrière par le choc, tombe dans le
trou. Le jeu s'appelle à l'broquette di cur et
il est annoncé sous ce nom par le banquiste,
a haute voix. Cela se fait encore. — Dicton:
nAvec les crapaudes (jeunes filles) il faut
avoir la langue bonne, la main légère et
Vquette todis rende
„la queue toujours raide!"
— Saint' Pierre-à-broquettes. Schayes sig-
nale *) sous le nom de „la Sainte-Broquette",
comme se trouvant „entre Möns et Bruxelles"
une image de l'Enfant Jésus „sous la forme
d'un priape"; les femmes stériles, dit-il, ou
celles qui désirent avoir des enfants, raclent
avec un couteau la partie la plus apparente
de l'image, mettent cette raclure dans un
verre d'eau, et avalent le tout, persuadées

*) Essai historique sur les usages, les croyances,
les traditions... des Belges anciens et modernes
in-8t>. LouTain 1834. Page 237.


CHEZ LES WALLONS DE BELGIQUE. 19

*) Par M. Aug. Gittée dans la Bévue de Belgique,
no de juin 1887, p. 18, note.

**) Il est signalé par Tarlier et Waaters, Histoire
et Géographie des Communes belges.
Vol. consacré
à la rille de Nivelles. Brüx. 1862.

2*

que la raclure fera son effet. Cette image
de Jésus a-t-elle existé? Personne n'en a
la moindre souvenance. Mais on connaît dans
le Brabant un St. Pierre à broquettes dont le
culte bien constaté est, selon toute proba-
bilité, l'origine de cette information de
Schayes. C'est ce qu'indique une rectification
sommairement faite ailleurs*) qu'il y a lieu
de compléter. La chapelle en question est
au hameau du Spinoit, près de Nivelles (Bra-
bant). Elle est dédiée à St. Pierre, dit St.
Pierre à broquettes.
Les femmes stériles, ou
celles qui craignent de l'être, venaient y
prier pour avoir des enfants : elles offraient
au saint un petit bout de bois, une fiche
quelconque, une petite broche, en wallon
enne broquette. De là le nom du saint. Et
le mot a vraiment un double-sens dans le
patois du lieu, puisque les gens bien élevés
ne disent guère autrement, par discrétion, que
„8t. Pierre aux petits morceaux de bois".
Ce culte contre la stérilité était encore bien
connu vers le milieu du XIXe siècle**). Il est


20 CHEZ LES WALLONS DE BELGIQUE.

certain qu'il n'a disparu que plus tard encore,
et que la broquette n'avait rien perdu de sa
signification, puisqu'on connaît une dame
ayant six filles, qui allait clandestinement
faire à St Pierre l'offrande traditionnelle, en
vue d'accoucher d'un garçon. Actuellement,
on invoque encore St. Pierre à broquettes, mais
c'est pour la gaérison des enfants atteints de
fièvre. Dès lors, l'offrande de la broquette ne
se justifie plus. On prétend néanmoins que
St. Pierre guérit de préférence les petits
fiévreux mâles.

45. Nouck nœud. — Voir le conte n° 1 et
ci-dessus le n° 39.

46. Strouck, au sens propre: souche, objet
trapu et noueux. De cette acception dérive
le nom d'amitié de vîx strouck que se donnent
les hommes, analogue au „mon vieux coïon"
des troupiers français.

47. Bardahe, littéralement, chose qui branle,
qui oscille lourdement. — Le branlement du
vit a frappé nos paysans ; et à quelqu'un qui
dit de quelque chose: cela bosse, cela vacille,
on répond ironiquement et par allusion:
„N'ayez crainte, tout ce qui bosse ne tombe
pas."

48. Crombin, mot hennuyer, namurois et
brabançon. C'est un singulier dérivé de cron9


CHEZ LES WALLONS DE BELGIQUE. 21

cronte, „tordu, tordue" comme la patte du
chien, par exemple.

49. Pîmaye, nom wallon du bouvreuil,
oiseau fort aimé du peuple pour ses jolies
couleurs et son ramage amical; il est souvent
apprivoisé, on lui apprend à chanter très
agréablement et même à prononcer quel-
ques mots. — Le mot est appliqué ici sans
doute par allusion à la couleur ronge du
bouvreuil. Peut-être le vieux franc, pimart
eut-il aussi un sens obscène.

50. Affaire, cime, mots qui, en wallon,
correspondent en tout aux mots „chose" et
„machin44, pour désigner ce dont on ne se
rappelle pas le nom. Ce sont ici les termes
décents. Ils interviennent fréquemment aussi,
avec un sens facétieux dans des paroles à
sous-entendu,. ou dans des devinettes. Voir
par ex. une des énigmes ci-après. — Ces deux
mots correspondent au vocable indjin signalé
comme nom du con; celui-ci cependant a un
caractère drôlet par lui-même, et, en général,
en n'emploie le terme facétieux d'indjin que
pour désigner drôlement des choses dont le
nom propre ne porterait pas à rire. Il n'en
est pas de même pour chose et affaire, qui
nécessitent, pour faire rire, une application
drolatique.


22 CHEZ LES WALLONS DE BELGIQUE.

51. Li flotchette, la petite „floche", gland,
ornement pendant à certaines étoffes, aux
casques-à-mêches, etc.

52. Li mi z wette, littér. la musaraigne.

53. L'oûhai, li p'tit oûhai, le petit oiseau. —
Nom poétique, qui correspond à gayoûle, cage,
nom du con. Mette l'oûhai es l'gayoûle, c'est
copuler. — Conte. Une jeune et riche ma-
dame désirait se marier, mais elle ne voulait
le faire qu'avec un homme à deux pines. Un
beau fort gaillard, sachant cela, vient se
mettre à pis ser contre la maison de la dame,
montrant ostensiblement sa queue, qui fait
une, et à côté son pouce, qui fait deux. La
dame s'y trompe et fait venir l'homme, qui
affirmant avoir deux pines, est agréé par
elle et l'épouse. La première nuit, au moment
de se montrer, l'homme dit: „Ecoutez, voici
ma première pine. J'ai mis la seconde au
vert, chez mon ami un tel, au village voisin.
Si vous la voulez, allez la chercher." Le
lendemain, la dame y va. L'ami, prévenu,
lui remet une cage — ine gayoûle — voilée
de serge noire (comme on les voile pour cer-
tains oiseaux un début de l'encagement). Il
lui dit: „Voici la chose. C'est un oiseau, je
vous préviens. Demain, vous n'aurez qu'à
le mettre à sa place (à s'djUe, à son gîte)


CHEZ LES WALLONS DE BELGIQUE. 23

et il reprendra sa première forme.M La
femme part tout heureuse. Arrivée au milieu
du bois, elle désire voir l'oiseau — qui doit
être bien joli, sans doute. Maisfrrrt! l'oiseau
s'envole. La dame, dépitée, le regarde un
moment voltiger de branche en branche, puis,
se troussant et découvrant son con, elle
appelle de sa petite douce voix : „Pitit, pitit,
vinez, pitit, vinez, vola vosse djtse
.. ." Mais
le pitit ne revint pas. Ainsi la dame fut
punie de sa curiosité.

64. Li p'tite vèdje „la petite verge" ou li
douce vèdje.
— Quand un mari menace plai-
samment sa femme d'être battue, elle ne
manque pas de lui répondre : Ça ne fait rien,
si c'est avec la petite douce verge.

56. Li bon hoquet ,Де bon morceau". — Une
ménagère étant malade, son mari se relève
la nuit pour lui donner la tisane. Etant en
chemise, il s'approche du lit et lui tend la
tasse. Mais le chat, voyant quelque chose
branler entre les jambes de l'homme, saute
sur la chaise et par derrière, agace le jouet
avec sa patte. La femme, voyant cela, se
fâche et dit: „ Quand il y a un bon morceau
ici, c'est toujours pour le chat!..." — Voy.
supplément.

56. Li bon Diu des feummes.


24 CHEZ LES WALLONS DE BELGIQUE.

57. Li petite djambe, li coûte djambe, li
treuzainme djambe.

58. Li deugt sins onque ,,le doigt sans
ongle". — Voir KovntccA/a, t. VII, p. 2, un
conte, fort populaire également en Wallonie.

59. Li bwègne, le borgne. Cette singulière
appellation s'explique par la ressemblance
vague que le gland et ses lèvres présentent
avec un œil et ses paupières. — Expression
populaire : sain-nî s'bwègne, saigner son borgne,
c'est-à-dire pisser.

60. Vanweye, l'anguille. Li colowe, la cou-
leuvre. — Pour désigner un homme, on em-
ploie souvent cette périphrase: ine anwèye,
ine colowe à panai,
à pan (de chemise).

61. Li clâ, le clou, au sens propre, et dans
le sens figuré d'abcès, furoncle.

62. Li marionnette. — Facétie: Un amou-
reux décide sa fiancée à sortir avec lui pour
aller passer la soirée au théâtre de marion-
nettes (spectacle fort populaire à Liège).
Au retour, comme il faisait très froid, le
jeune homme décide la jeune fille à mettre,
pour la réchauffer, sa main dans la poche de
sa culotte. Tout-à-coup, la jeune fille retire
vivement la main et dit: „Ah! Joseph, ce
n'est pas bien, ce que voue avez fait là : vous
avez chippé une marionnette!.. ."


CHEZ LES WALLONS DE BELGIQUE. 26

63. Li tchûtchûte ou tchûtchette, intradui-
sible. C'est la terme enfantin par ex-
cellence.

64. Li tckiw-tchaw, terme facétieux, in-
traduisible. — Il se retrouve avec le pré-
cédent dans le chant du rossignol, formu-
lette facétieuse, qu'il vaut mieux entendre
„dire", avec les modulations imitatives et
les répétitions alanguiee de la dernière syllabe
des vers:

Tos les valets sont tchaude .. .
Et les bâcelles co pus ...
Elles ont ma l'tchiw-tchaw ...

Fâreut lzî mette .. .

Wisse? wisse? wisse?...

A s'cou, à s'cou, à s'cou.. .

Elle y est, elle y est...

Quelle pitite tchûtchûûûte!.. .*)

65. Li grotte awèye, la grosse aiguille. —
Dan vieux qui parle de faire l'amour on
dit que son horloge est plus souvent sur six
(heures) que sur douze, par allusion à la
position permanente du vit.

*) Trad, littér. : Tous les garçons sont chaude. Et
les Alles encore pins. Biles ont mal an con. Faudrait
la (le vit) leur mettre. Où ? Au con. Elle y est. (Avec
expression de désappointement:) Quelle petite chû-
thûtel...


26 CHEZ LES WALLONS DE BELGIQUE.

66. La petite différence. — Ceci se rattache
à un fait historique qui fut souvent conté:
Une conférencière donnait, il y a de cela
vingt ans, un meeting féministe à Seraing:
la salle était bondée de femmes et quelques
hommes étaient parvenus à s'y glisser.
Arrivée au terme de son argumentation,
n'ayant trouvé entre l'homme et la femme
qu'une différence de beauté, la conférencière
s'écria: En résumé, citoyennes, entre l'homme
et la femme, il n'y a qu'une petite diffé-
rence. — Un loustic, au fond de la salle
s'écria: Vive la petite différence! Une tem-
pête de rires souligna le mot, et le mee-
ting finit en eau de boudin.

6. Le scrotum.

67. Ne s'appelle pas autrement que /t' boûse
„la bourse". — Comparaison populaire: faire
comme l'avare, dormir sur sa bourse. Dans
son sens détourné, cette comparaison se dit
d'un vieillard, d'un impuissant, dont le vit
ne se relève pas ou plus.

7. Les testicules.

68. Coyoni. Est souvent employé chez les
hommes comme terme d'amitié: Comment


CHEZ LES WALLONS DE BELGIQUE. 27

vas-tu, vieux coyon ? Un bon garçon, un bon
enfant, se dit: c'est on bon vix coyon, de même
qu'on dit: c'est ine bonne coye d'homme. —
Il y a une différence essentielle entre ce mot
et celui de couyon, qui signifie un pleutre,
un poltron. — Un jeu de cartes très popu-
laire s'appelle: à coyon; les points s'y mar-
quent par des lignes, et celui qui perd dans
certains cas, au lieu de recevoir une de ces
raies, reçoit une sorte de ligne contournée
qu'on appelle on coyon. — De quelqu'un qui
s'ingénie pour éviter un petit malheur sans se
garer d'un plus grand qui l'atteint, on dit
qu'il fait comme l'aveugle de Héron*) qui
écrasait un pou sur sa queue et qui en avait
deux sur lee coy от. — Une plaisanterie, une
facétie s'appelle dans tout le pays wallon
ine couyonnâde. Un petit journal wallon du
Hainaut, intitule ainsi les „bons mots'4 qu'il
publie; il a donc une rubrique „couyonnadesu!
— Comparaison populaire: barloquer comme
des coyons d'soff lé s,
balancer comme des c.
dégonflés; on dit aussi comme des coyons
d'soff let,
comme des contrepoids de soufflet
de forge. — Aux gens qui avec et* mettraient
Parie dans une bouteille, on dit souvent: si

*) Héron, petit village de la province de Liège, prèa
de Huy.


28 CHEZ LES WALLONS DE BELGIQUE.

m1 matante avevt dee coyons, ci serevt m'mo-
nonquet
Avu Vcoyon, esse covyonné, c'est:
avoir la farce, être attrapé.

69. Les quinaiSy franc, qninaud.

70. Les cusins ou cousins, mes deux cusinB.

71. Les cromptres, les pommes de terre.
Pisser se dit facétieusement: taper Vaiwe djus
(jeter l'eau bas) d'ses cromptres. — Au pays
-de Namur, ce légume s'appelle canadas, et
l'on connaît le petit couplet:

Allons planter des canadas
Avou Marèye Toutouye (type de putain)
Et s'ie v'net bin, is seront bias (beaux)
Avou Marèye Toutouye, et Ion la
Avon Marèye Toutouye.

72. Les birloques, les breloques.

8. Le sperme.

73. Li fourte ou /t' foute. De là le verbe
actiffouter, qui s'emploie, non seulement dans
le sens propre, mais aussi dans tous les
sens du français vulgaire flanquer ou ficher.
Exemples: Fouter nybaffe, asséner une gifle.
Fouter n'saqut là, laisser quelqu'un là. Dji
n'sos піп foutu
ou foutè de fer coula, je ne
suis pas fichu de faire cela, je ne parviens
pas à faire cela. Jean-foute: homme de rien.
Aphorisme à propos de l'amour: Brave homme


CHEZ LES WALLONS DE BELGIQUE. 2fr

qui Vf ait, Jean-foute qui l'dit. On dit aussi:
Dji n'a d'foute, pour dji n'a d'keûre, je n'ai
(de) cure; ou simplement: Dji m'es fous, je
m'en fous, cela m'est égal. — Les mêmes-
formes et expressions reviennent dans le
français; exemple cette formule que l'on
demande de répéter et qui, par des contre-
petteries, amène presque infailliblement des
obscénités: Madame de Foncoutu demande
à Monsieur de Foucuton: Y a-t-il plus de
Foncoutu à Foucuton que de Foucuton à>
Foncoutu?

74. S'appelle aussi /t' nateure, et ce mot
passe pour être le terme honnête. Cf. n° 8.

75. Se dit aussi li miolle, par fausse ana-
logie avec la moelle. — Exemple : Trois non-
nettes très jeunes voient pisser le jardinier
du couvent. Grande discussion pour savoir
avec quoi. On convient de l'interroger. Le
jardinier les invite à introduire la main dans
sa brâyette (ouverture de la culotte). La
première ayant tâté dit : C'est un morceau de
peau. La deuxième: C'est un nerf. La troi-
sième: C'est un os, car voilà la miolle qui
vient fou (dehors). — D'un homme qui est
épuisé par des excès génésiques, on dit qu'il
est dismiollé, qu'il a perdu toute sa moelle,
ce qui, aux yeux du peuple, explique son état.


30 CHEZ LES WALLONS DE BELGIQUE.

9. L'ouverture du pantalon s'appelle

76. Brâyette, diminutif de „braie". —
Quand les couturières cousent une brâyette,
elles doivent siffler pour détourner le signe,
sinon elles risquent d'être enceintes au
premier coït.

77. Happa, littéralement „entree du pigeon-
nier". — Le Wallon qui veut signaler à
quelqu'un que son pantalon est resté ouvert
ne manque jamais de lui dire : Serrez voue
happa.
— Remarquons que le peuple wallon
est grand amateur de pigeons: les sociétés
dites „colombophiles", organisant des joutes
de vitesse pour pigeons, y sont presque dans
chaque ville en très grand nombre.

10. Baiser une femme se dit:

78. Cayî. C'est le terme propre. — D'une
personne qui a les yeux cernés, la mine
chiffonnée, la coiffure en désordre, on dit
qu'elle est dicayèye, qu'il est dicayi. — Se
chauffer tout nu devant le feu se dit vul-
gairement: et cayi d'vant Vfeu. — Autre ex-
pression populaire: esse dicayi del marque,
littéralement, être coïté par le cauchemar,
ou l'avoir coïté. Reste de la croyance aux
incubes et aux succubes. Se dit d'une per-


CHEZ LES WALLONS DE BELGIQUE. 31

sonne qui a passé une mauvaise nuit et qui
se lève fatiguée, épuisée. Par extension, on
dit aussi: esse dicayî del bîbe, de la bise,
quand, en voyage, on a été tourmenté par
ce vent, froid et sec. — Pour dire oui, en
Liégeois awè, l'Ardennais dit ayi. Si quelqu'un
dit: dji pinte qu'ayi (je pense que oui) on fait
semblant de comprendre: dji pinte cayî (je
pense, j'espère coûter) et on ne manque jamais
de riposter: mieux vaut faire que dire. La
formule se retrouve dans l'histoire de ce curé
qui, allant à la ville, rencontre une jeune
paysanne avec qui il lie conversation : „Vous
allez à la ville?" — „Ayi" — „Vous allez
faire des courses?" — „Ayi" — „Vous ren-
contrerez sans doute votre galant?" — „Ayi
tûr'mint"
— „Et que ferez-vous avec lui? une
petite promenade, sans doute?" — „Oh! ça,
dji pinte qu'ayi, mottieu Vcurè"
— „Et bien
alors", dit le curé, „nous allons tous les deux
pour la même commission."

79. Cougnî, anc. franc, coigner. — De là
le nom des lesbiennes: cougnotte, gougnotte,
cougnolle. — GougnoUe
est aussi le nom, en
Hainaut, d'une pâtisserie de Noel qui a
vaguement la forme d'un vit avec ses testi-
cules. — Dicton: On bâhèdje c'est on r'tou-
wèdje
(un baiser c'est un essuyage). Deux


32 CHBZ LES WALLONS DE BELGIQUE.

bâhèdjes c'est on êintèdje (deux baisers valent
l'acte de sentir [le con]). Treus bâhèdjes c'est on
cougnèdje
(trois baisers valent un coït). L'excès
des caresses conduit à la chute.

80. Fer s'côp, faire son coup: terme bas
et grossier. — Fer n'hippette, fer him'-ham1
intraduisibles. Voy. Supplément ci-après.

81. Monter nfeumme ; monter oVsus po veyx
d
'pu8 Ion, monter dessus pour voir de plus loin.

82. Petter, frapper. Petter matchoûl, in-
traduisible.

83. Maquer, littéralement donner un coup
sec. C'est un synonyme de petter, dans le
sens de frapper.

84. Emantcht, emmancher. Dans le même
sens: Mette li mantche à nfeumme, mettre le
manche à une femme. Cette dernière ex-
pression est, par extension, usuelle dans le
sens de jouer une farce, attraper quelqu'un. —
Avu Vmantche, „avoir le manche" de même
que : esse couyonné (cf. p. 28, n° 68), c'est être
attrapé, être farce, être joué.

85. Stoper, remplir en bourrant, comme on
remplit une pipe. — Le geste employé pour
dimander à stoper (demander de quoi bourrer
sa pipe) est très souvent employé aussi, dans
un sens figuré, pour rendre l'idée de faire
l'amour. Voici en quoi consiste ce geste.


CHEZ LES WALLOKS DE BELGIQUE. 33

Le poing gauche fermé, laissant voir entre
les doigts repliés une sorte de canal, dont
l'ouverture est couronnée par la courbure de
l'index contre le pouce, on frappe de la paume
droite cette ouverture, en faisant un petit
bruit. Tel* est le geste, qui est naturellement
considéré comme crapuleux.

86. AhèiBt, dérivé de ahèsse; par aJtès$es
on entend les objets nécessaires, les usten-
siles indispensables à une profession; ainsi
les ahèêset d'une cuisinière sont ses casseroles,
ses marmites, etc. Ahèssî une femme, c'est
lui donner ses aides, ce qui lui manque, ce
qu'elle désirait, ce qui lui était nécessaire.

87. Stroukt, au sens propre: buter contre
un objet dur; et aussi: donner un coup sec. —
Voy. ci-dessus p. 20, n° 46.

88. Gripper, grimper. — Exemple, le couplet
suivant sur l'almanach de Mathieu Laens-
bergh*):

Mathî Laensbergh dit qn'ciete annêye
Y âret baicôp des feummes grippêyes

*) Cet Almanach populaire, célèbre en Belgique et
en France, paraît à Liège depuis 1636. Depuis très
longtemps, see éditions contiennent de» dictons et pe-
tites facéties en wallon, ce qui n'a pas peu contribué
à maintenir sa vogue incomparable dans toute la
Wallonie.

Kevin. VIII. 3


34 CHEZ LES WALLONS DE BELGIQUE.

Mains ça n'fait rin s'elles n'inflet nin
Ca dè l'grippe on n'es moûrt nin*).

89. El mette à n'/eumme, le mettre à une
femme. — Parlant d'une demi-vierge, le
wallon chante ce petit refrain : Dji Vi a vèyou,
Dji
Û a sintou, Dj' tt a voulu mette elle n'a
nin volou.
Je le lui ai vu (le con), Je le lui
ai senti, J'ai voulu le (vit) lui mettre, elle
n'a pas voulu.

90. Crever è'clâ, faire crever, percer son
clou (clou dans le sens de furoncle, comme ci-
dessus n° 61). — Dicton: L'amour, c'est un
clou qui vous vient au cœur et qui trawe
(troue, perce) sous le ventre. — Facétie: Un
jeune niais que son vit tourmentait consulte
un médecin, qui use de plusieurs remèdes to-
piques et autres pour le calmer, sans y par-
venir. Un jour que le jeune homme était
encore venu en visite, la femme du docteur
tint compagnie à ce client transi, en atten-
dant la rentrée du docteur. Comme la dame
s'étonne de voir le jeune homme consulter
le praticien malgré l'air de santé qu'elle lui

*) Traduction: Mathieu Laensbergh dit (prédit, pro-
nostique) que cette année — Il y aura beaucoup de
femmes grippées (atteintes de la grippe, ou grimpées),
— Mais cela ne fait rien si elles n'enflent point — Car
de la grippe on ne meurt point.


CHEZ LES WALLONS DE BELGIQUE. 35

то it, le naïf lui dévoile son mal et... elle
le guérit. Le jenne homme s'en retourne, d'un
pas léger, et rencontre le médecin en com-
pagnie d'un confrère. „Tiens", dit le docteur,
„voici un de mes malades, c'est un naïf, je
vais le questionner, nous allons rire." Puis
«'adressant au jeune homme: „Eh bien, com-
ment va le bobo?" — „Je suis guéri." —
„Vous êtes guéri?" — „Oui, c'était un clou.
J'en ai parlé à votre femme, elle a pris le
clou entre ses jambes, elle a serré, et puis
l'abcès a crevé. Voilà !..."

91. Dwhrmi avou, dormir, coucher avec.

92. Mette Vouhai h Vgayoûle, mettre l'oiseau
dans la cage. — Voir ci-dessus p. 22, n° fi3.

93. Fer tchippe. — Facétie: Une jeune
fille naïve raconte à son père que son amou-
reux lui a proposé à diverses reprises de
faire tchippe avec lui. Elle a d'abord refusé,
ne comprenant pas. Mais il est si pressant
qu'elle se sent disposée à se soumettre
à sa fantaisie; seulement, elle désire savoir
de quoi il s'agit, pour ne pas avoir l'air trop
bête. Le père, pour la dégoûter de cette idée, la
fait asseoir au haut de l'escalier, et la tire par
les pieds jusqu'en bas. La pauvre enfant se
frotte le bas des reins. Et quand son amoureux
lui reparle de faire tchippe, elle lui dit: „Jamais

8*


86 CHEZ LES WALLONS DE BELGIQUE.

de la vie! je l'ai fait hier avec mon père et
dfa bin avu trop ma m1 cou, j'ai en bien trop-
mal an cul!"*)

94. Djonde ine feumme, joindre. — Apho-
risme populaire: dji Ca djondou, c'est da meune.
Je l'ai jointe, c'est à moi, elle m'appartient. —
Voir un dicton philosophique du même goût,
ci-dessus p. 7, ligne lie.

96. Aller avou, aller атес. — Traduction
littérale du latin „соїге".

96. Mette Saint Pierre ou /t' pape à Rome.
Expression figurée. — Il y a un conte picard
qui repose sur cette métaphore: voir plus
haut, tome П, p. 128.

97. Avu bon, littéralement, avoir bon:
éjaculer. Exemple: je n'ai pas sitôt été
dedans que j'ai eu bon. — „Avoir bon" en
langage erotique, signifie bien cela. Mais
cette expression, dans la bouche d'un Wallon,,
se rapporte tour à tour à tous les genres
de jouissances physiques, intellectuelles et.
même morales. Ainsi, on a bon quand on
est au chaud par un temps froid, quand on
est au frais par un temps chaud. Si l'on
entend une bonne histoire bien racontée, on

*) On pent tout aussi bien comprendre: mal au con..
Voir ci-dessus p. 7, no 13.


CHEZ LES WALLONS DR BELGIQUE. 37

11. Supplément.

5. Mosette, petite moule: nom du con. —
(Supplément à ce qui est dit sur ce mot, ci-
dessus p. 4, n° 6.) — Les Namurois sont très
fiers de leur ville; ils ont un cri national:
Vive Nameur po tot! (Vive Namur pour tout,
c'est-à-dire à tous les points de vue). La
formule complète est: Vive Nameur po tot,
po Vtoubak
(tabac) et po Vmosette. Le tabac
indigène est très prisé; Namur est d'ailleurs
l'entrepôt des célèbres tabacs dits de la Se-
in ois, et d'Obourg, qui ont, an nez des con-
naisseurs, un parfum exquis. Pour s'expliquer

dit aussi qu'on a bon. Un père entouré de
ses enfants qui s'aiment et qui lui font fête
dira encore qu'il a bon. Et deux amants
qui se sont caressés se demanderont dans les
mêmes termes s'ils sont satisfaits: „As-tu eu
bon? — Et toi? — Moi aussi!" — La syn-
thèse de notre explication se trouve dans
cette devinette facétieuse: Demande: Qui
est-ce qui a toujours bon ? Réponse : C'est la
poêle, parce qu'elle a toujours le cul au feu
et la panse pleine, que sa queue est toujours
raide, et qu'on joue avec celle-ci tout le long
de la journée!


38

l'allusion aux mosettes namuroises, il ne faut
pas seulement tenir compte que Namur, étant
la seule grande ville de la province (autre-
fois comté) de ce nom, représente naturelle-
ment, dans Гesprit des ruraux, un séjour de
délices. Dans tout le pays wallon, les
Namuroises sont réputées comme étant de
complexion fort amoureuse ; ainsi Гоп dit, en
/ imitant la prononciation locale: Eune Namœr-
wesse est bonne po chiche
nnne Namuroise est
bonne pour six (hommes)*1. De même, on dit
figurément d'une femme très passionnée : C'est
ine Namurwesse „C'est une Namuroise", c'est-
à-dire, elle ressemble aux Namuroises, elle
est digne d'être née à Namur.

5 We. Mosse, moule. Ce mot est lui-même
un nom du cou, et cela n'étonnera point après
ce que nous avons dit (p. 4) de l'assimilation
établie à différents points de vue entre le
con et la moule. Dans ce sens, mosse est
grossier, et du reste plus rarement employé
que son diminutif. — Les marchandes ambu-
lantes annoncent les moules par ce cri: On
cint d1 mosses po qwinze censes
(Un cent de
moules pour trente centimes). Une facétie
prétend qu'un loustic, s'étant amusé à com-
prendre : On eint ti1 mosse .... (on sent une
moule . . . .) dit à la marchande: J'offre le


CHEZ LES WALLONS DE BELGIQUE. 39

і

double pour en sentir deux! On ne dit pas
s'il fut bien reçu.

55. Li bon boquet, le bon morceau : nom du
vit (voir même n° 55, p. 23). — On dit aussi:
li glot boquet, le friand morceau; et /i' glotte
bètchèye,
la friande bouchée. — A une jeune
femme qui se plaint de maux d'estomac, on
dit plaisamment qu\,elle a mangé le friand
morceau". Le peuple sait, en effet, 1° que
les plats délicats affectent tout particulière-
ment l'estomac 2° que les maux d'estomac
sont souvent un signe de grossesse.

66bi8. Nom du vit: plantroûl, plantoir, in-
strument avec lequel on fait en terre des trous
où l'on transplante certains légumes. —
L'idée que le coït est une manière de plan-
tation, revient souvent dans le langage tri-
vial. Exemples: Je lui ai „plante" mon vit
quelque part. Elle ne ferait pas tant la
mijaurée si l'on voulait bien lui „planter"
quelque chose entre les jambes. Voir aussi
le couplet erotique du n° 71, p. 28.

80. Fer rihippette signifie: faire un petit
effort. Le mot hippette donne bien cette idée,
quoique le verbe hipper signifie proprement:
„quitter Гарриі par un brusque glissement
involontaire", le radical hipp ayant la valeur
d'une onomatopée.


40 CHEZ LES WALLONS DE BELGIQUE.

II.

Diotons moraux et autres.

Nous avons cité déjà bon nombre de dictons
facétieux ou moraux, comme exemples de
l'emploi des différents vocables signalés. Ceci
n'est donc qn'un supplément.

1. Les amoureuses pour s'excuser d'aimer
le petit jeu d'amour concluent ordinairement
l'exposé de leur théorie par ce root : Ça n'est
rien quand le vanttain (tablier) ne lève pas. Ou
bien: quand les petits (les enfants) ne viennent
pas raccuser (rapporter contre) les grands.

2. Les jeunes gens désireux de jouir d'une
fille, usent ordinairement de persuasion. Un
de leurs arguments, quand ils ont affaire à
une niaise, consiste à lui dire que la copu-
lation n'entraîne de risques qu'à partir de la
centième fois. Beaucoup de jeunes filles sa-
vent cela et, quand, entre elles, elles font le
compte des coïts qu'elles ont subis, on les
entend souvent dire — même si elles ne
croient pas à l'argument: Dfa co po Vmons
vingt côpè d'bon,
j'en ai encore au moins
pour vingt coups (avant de craindre issue
fâcheuse).

3. Les paroles banales, stéréotypées, sont
l'objet de jeux de mots obscènes. Il en est


CHEZ LES WALLONS DE BELGIQUE. 41

du reste de même partout. Exemple: Au
nouvel an, celui qui reçoit le souhait tra-
ditionnel Ine bonne annêye etc. ne manque
pas de riposter: Et vos vareillemint — mais
s'il s'agit d'une femme on dit volontiers: Ine
parèye ès vosse main,
une pareille (pine) dans
votre main.

4. Masturber une femme se dit: fer flairi
tes dengte,
faire puer ses doigts.

5. Dans le cas où le français dirait : „Nous
sommes à une portée de fusil de tel endroit",
le wallon dit: nos nn'avans co po n'pihêye,
noue en avons encore pour une pissée, pour
un jet d'urine, pour la distance à laquelle
je pisserais.

6. Pour dire d'une femme qu'elle est usée
au jeu, qu'elle ne jouit plue, on dit qu'elle
attrape des mouches (pendant le coït, pour
passer son temps) — ou mieux qu'elle compte
les mouches (qui sont au plafond).

7. Pour déprécier le caractère ou la for-
tune d'une femme, on dit qu'elle n'est qu'une
chemise pleine de viande. De même, dans le
langage vulgaire et bas, une chemise s'appelle
un sac à la viande.

8. Batte es Vheure et vanner foû, littérale-
ment: battre dans la grange et vanner au


42 CHEZ LES WALLONS DE BELGIQUE.

dehors: se dit par allusion de l'individu qui
décharge hors du con.

9. A la formule usuelle: Comment va-t-il?
< Comment vous portez-vous?) on répond par
plaisanterie: [Cela (le vit) va] aussi souvent
qu'un moineau et aussi longtemps qu'un porc.

10. Moude si gatte ès s'cou d'tchâsse, traire
sa chèvre dans son haut-de-chausses : se
ma s tur ber.

U. Les vieux drôles ont l'habitude de
dire qu'ils sont plus forts qu'à vingt ans.
Si on les taxe d'exagération, ils répondent:
A présent, avec un doigt, je plie mon vit
comme je veux. A vingt ans, mes dix doigts
n'y auraient pas suffi!

12. D'une femme qui vit de son con, on
dit qu'elle vit so ses reins, sur son dos. Cent
un jeu de mots par lequel les gens médisants
rectifient souvent, à propos d'une femme,
l'expression: vivre „de ses rentes", en wallon:
so ses rintes.

13. Comment la nuit les femmes respirent.
Quand elles sont jeunes, elles ronflent forte-
ment, bouche ouverte, en disant: Qwandt
qwandi qwandf
. . . Arrivées à Tage mûr,
elles ronflent moins fort et à petits coups
leur souffle dit: co ... co ... co ... (encoie).
Quand elles sont vieilles, elles dorment comme


CHEZ LES WALLONS DE BELGIQUE. 48

des souches et leur souffle épuisé répète:
Pus ... pus ... pus . . . (plus).

14. Les feuilles de diverses Polygonées,
notamment du Polygonum hydropiper, dit
feuille on herbe de Notre-Dame, présentent
souvent, vers le milieu du limbe, une macula-
ture pourpre, une tache rouge. Eile est due, dit
le peuple, à une tache du sang menstruel de
la Vierge. De là le nom donné par le peuple
à cette plante.

15. Le peuple prétend que le curé, par le
signe de croix, entend louer le Seigneur qui les
(femmes) a faites ainsi (verticalement) au lieu
de les fendre ainsi (horizontalement). Et c'est
un grand bonheur, car qnand elles ouvrent
les jambes, elles „le" fermeraient.

16. Pour agacer les filles de Binche (petite
ville de la province de Hainaut), on dit
qu'elles l'ont de travers. Ce qui les vexe,
paraît-il.

17. Le pays de Verviers est bien connu
par son industrie drapiere. Pour se moquer
des Verviétois, le Liégeois, imitant leur
prononciation, dit: les Vervîtivès fet d'vin*
les drtpSy
les Verviétois font dans les draps.
Or l'expression „faire dans" signifie à la fois
,,8'occuper de", et „chier". Aussi les Verviétois
goûtent-ils médiocrement la plaisanterie.


44 CHEZ LES WALLONS DE BELGIQUE.

te. Le peuple prétend que les Anglais ont
le vit long et grêle, tandis que les Espagnols
Font court et gros. Quand on demande à
une joyeuse commère ce qui lui manque, elle
n'oublie pas de répondre: Il me manque sur-
tout ine anglaise espagnolêye.

19. La chaudepisee est appelée, partout en
Wallonie, le mal français.

20. Avoir ses règles, ses menstrues, se die
souvent: Avoir ses Anglais, voir passer les
Anglais, être partie pour l'Angleterre, etc. —
A cause, paraît-il, du vêtement rouge des sol-
dats anglais.

21. Lorsqu'une femme se montre très vive,
très nerveuse, dans ses démonstrations
d'affection à l'égard de son mari, on dit
plaisamment qu'elle a ine five di courtepointe,
une fièvre de courtepointe. C'est-à-dire
qu'elle a envie d'aller au lit.

22. Le „petit coup", le coït que les gens
mariés font le matin ne présente, disent les
femmes, rien de sérieux, ne produit pas la
grossesse. C'est, disent-elles, on côp à Грі-
hotte,
un coup à l'urine (l'urine étant, ici,
opposée au sperme). Le peuple a remarqué
que le besoin d'uriner, surtout celui qui sur-
vient le matin, à la fin du sommeil, produit
souvent l'érection du membre viril ; mais que


CHEZ LES WALLONS DB BELGIQUE. 4fr

cette érection n'est pas durable et ne résiste
guère à la miction. On a assimilé à cette
érection, celle du „petit coup" du matin. —
Dans le même ordre d'idées, on considère
certaine diurétiques, tels que le céleri, l'as-
perge, comme des aphrodisiaques. Par la
s'explique la citation du céleri dans le petit
refrain erotique ci-dessus p. 12, n° 80: „J'ai
planté des céleris ....", etc.

HI.

Cràmignons.

Le crâmignon, chanson de danse et
danse elle-même, qui correspond assez à la
farandole, est, comme on sait, extrêmement
populaire à Liège, autant chez les personnes
d'âge mûr que chez les jeunes gens. Il n'est
pas de fête de paroisse en cette ville et dans
les villages de la banlieue, où l'on ne voie
circuler au milieu de la foule, des bandes de
crâmignonneux, sexes mêlés, où un soliste,
femme ou homme, égrène les couplets dont le
premier vers et le refrain sont repris en
chœur. Des cràmignons s'organisent même
parfois en pleine foule, entre gens qui ne se
connaissent pas, et que la pittoresque spec-
tacle de la fête, incite à se prendre par


46 CHEZ LES WALLONS DE BELGIH^UE.

les mains, en quelque sorte spontanément,
pour faire la ronde à leur tour. Le spectacle
d'une foule en joie, sillonnée en tous sens
par les crâmignons atteint son maximum
de pittoresque. Le Liégeois, du reste, aime
l'usage du crâmignon, à tel point qu'on exé-
cute le crâmignon dans les écoles mêmes, sur
des chansons traditionnelles, en français et
en wallon.

Les chansons de crâmignon sont presque
toujours des chansons d'amour, des romances.
Le plus grand nombre sont tendres et tou-
chantes, quelques-unes légères et spirituelles.
Il en est de graveleuses, d'obscènes, de scata-
logiquee. Les chansons qui suivent appar-
tiennent au genre le plus rare; elles sont
encore populaires et on en entend souvent
des fragments dans les rues, aux heures de
foule. Bien entendu, la police a ordre de
verbaliser contre les audacieux qui les égrè-
neraient. Mais le crâmignon qui chante
l'amour spirituellement, fût - ce en termes
assez légers, est toléré. Il en est ainsi
notamment de la chanson de Oatherinette
f ci-dessous n° 6) qui retentit impunément
dans les faubourgs aux jours de fête.

Les exemples ci-dessous sont donc en réalité
de notables exceptions. 11 ne serait pas juste


CHEZ LES WALLONS DE BELGIQUE. 47

d'apprécier sur ces textes, comme une tare
morale de la population, la liberté, dn reste
foncière et traditionnelle, avec laquelle le
crâmignon célèbre la joie de vivre, la beauté,
et l'amour.

1. Les belles pîrettes*).

1. Sèrès-dje todis plantcbi, grinî? (bis)

ni sèrès-dje mâye montêye (bis)
Tot comme mi mére l'a stu.

2. Sèrès-dje todis hovlette sins cowe?

sèrès-dje mâye èmanichèye,
Tot comme mi mére l'a sta.

3. Sèrès-dje todis hèppe ou fiermint?

ni sèrès-dje mâye cougnèye,
Tot comme mi mére l'a stu.

4. Sèrès-dje todis crompîre bollowe?

ni sèrès-dje mâye pèttêye,
Tot comme mi mére Га stu.

*) Cette chanson contient, sous forme de jeux de
mots, les principaux des termes employés pour désigner
la copulation, que nous ayons indiqués ci-dessus (p. 30,
a. 78 et suiv.); monter, petter, ma quer, émantchî,
COUgtlî.
Les mots qui en dérivent, à la fois comme
substantif verbal et comme participe passé, sont en
italiques dans notre texte.


48 CHEZ LES WALLONS DE BELGIQUE.

5. Sèrès-dje todis bourre ou froumadje?
ni sèrès-dje roâye maquêye,
Tot comme mi mére l'a stu.

Refrain :
Ah! belles pîrettes,
Pîrettes, pîrettes,
Ah! belles pîrettes
Qui les abricots-y-ont.

Traduction: 1. Serai-je toujours plancher,
grenier? — Ne serai-je jamais escalier (ou:
montée), — Tout comme ma mère Га été.

2. Serai-je toujours brosse sails manche ? —
Ne serai-je jamais enmanchée — Tout comme
ma mère l'a été.

3. Serai-je toujours hache ou courbet? —
Ne serai-je jamais cognée, — Tout comme
ma mère l'a été.

4. Serai-je toujours pomme de terre
bouillie? — Ne serai-je jamais cuite sous la
cendre, —- Tout comme ma mère l'a été.

5. Serai-je toujours beurre ou fromage? —
Ne serai-je jamais caillebotte — Tout comme
ma mère l'a été.

Refrain: Ah! les beaux noyaux — Que les
abricots ont (avec la fausse liaison familière
aux Wallons, on entend: coyon!).


CHEZ LES WALLONS DE BELGIQUE. 49

2. Li samain-ne.

J. Li dimègne, c'est l'djoû dè l'hantrèye*)
H an ton s-ci, hantons-là
Sayans dè hanter ç'trau là.

Refrain:
Passons la semaine,
Passons-la,
Passons la semaine
Un ant1 temps viendra.

2. Li londi, c'est Tdjoû dè l'cayrèye

Cayane-ci, cayans-là
Sayans dè cayî ç'trau là.

3. Li mardi, c'est l'djoû dè l'congnrèye

Cougnans-ci, cougnans-là, etc.

4. L'mérkidi, c'est l'djoû des stoprèyes

Stopans-ci, etc.

5. Li djûdi, c'est l'djoû dè l'griprèye

Gripans-ci, etc.

6. Li vinrdi, c'est l'djoû des macralles

Makans-ci, makans-là, etc.

7. Li sèm'di, c'est l'djoû dè qwinzain-ne

Qwinzain-ne ci, qwinzain-ne là
Sayans dè payî ç'trau là.

*) Hanter, courtiser.

/fyrnrr, VIII. 4


50 CHEZ LES WALLONS DE BELGIQUE.

Traduction: 1. Le dimanche, c'est le jour
de la courtisaille — Courtisons-ci, courti-
sons-là — Tâchons de courtiser ce trou-là
(ce cou-là).

2. Le lundi, c'est le jour du coït (cayèreye,
de cayî, n° 78, p. 30) — Coïtons-ci, coïtons-
là — Tâchons de coïter ce trou-là.

3. Le mardi, c'est le jour de la „cognerie"
(соидпг n° 79, p. 31) — Cognons-ci, etc.

4. Le mercredi, c'est le jour du bourrage
(stoper, n° 85, p. 33) — Bourrons-ci, etc.

5. Le jeudi, c'est le jour de la „grimperie"
(gripper, n° 88, p. 32) — Grimpons-ci, etc.

6. Le vendredi, c'est le jour des sor-
cières*) — Frappons-ci (maquer, n° 83, p. 32),
rrappons-là, etc.

7. Le samedi, c'est le jour de la paie**) —
Quinzaine-ci, quinzaine-là — Tâchons de payer
ce trou-là.

*) Vendredi, jour de sabbat, ou tout au moins de
maléfices. Croyance populaire.

**) Littéralement: jour de la quinzaine. Les bouil-
leurs, comme autrefois toua les ouvriers, ont leur jour de
paie deux fois par mois. Aujourd'hui, la majorité dee
artisans sont payés à la semaine, le samedi. Mais, par
la force de l'habitude, le jour de paie a conservé le
nom de „jour de la quinzaine", de même que le total
des salaires touchés en une fois s'appelle „la quin-
zaine".


51

3. Le oonin à vendre.

1. C'esteut on londi, tot fî timpe â matin
Dji ra'alla hâgner so l'Pont d'St. Djnlin
Eco m'fât-i rire qwand dji m'es r'sovine.

2. Dji m'all a ....

Dji n'fous nin assiowe qu'on martchanda

m'conin
— Eco m'fât-i....

8. Quibin don, noese dame, quibin vosse
conin?

4. I n'est nin à vinde mains dj'el prus-

treus bin.

5. Qui magne-t-i, noese dame, qu'magne-t-i

vosse conin?

6. Des recènnes di souk, di çou qu'*) vos

savez bin.

7. Li mitan à l'nute, l'aute resse â matin.

Trad.: 1. C'était un lundi, tout-à-fait tôt
le matin — J'allai m'étaler au Pont-St-Julien
{ancien pont de Liège) — Encore me faut-il
lire quand je m'en ressouviens.

2. J'allai.... — Je ne fus pas (sitôt)
assise qu'on marchanda mon conin (lapin ou
eon) — Encore ....

*) П y a ici mi jeu de mots qu'indique du reste le
texte: SOUk se comprend „euere", puis ,,oe que".

4*


62 CHEZ LES WALLONS DE BELGIQUE.

3. Combien donc, madame, combien votre
lapin ?

4. Il n'est pas à vendre, mais je le prê-
terais bien.

5. Que mange-t-il donc, madame, qne
mange-t-il votre lapin?

6. Des carottes de sucre, de ce que vous
savez bien.

7. La moitié au soir, le reste au matin.

4. Les mains embrenées.

1. C'eeteut tot riv'nant dè l'fiesse di St.

Foyin

Dj'alla dri 'n'èglise po vûdî mi indjin,
— Comme on l'attripe-trape, comme on
l'attrape bien.

2. Dji prinda 'n'foye di djotte, c'est po-

r'souwer mi indjin.

3. Li foye estent si tinre qui mes deugts

moussît d'vins.

4. Et dj'alla fer l'salâde sins r'souwer mes

deux mains.

5. Qwand les doze heures sonnet, vola mi

homme qui r'vint.

6. Qu'aese fait don, flairante garce, dj'a dè

stron plein mes dints.


CHEZ LES WALLONS DE BELGIQUE. 68

7. T'as minti, flairant tchin, c'est dè l'crâhe

di sayin.

8. C'est Грпшїге qualité qu'i n'âye èmons

Hâlin.

Trad.: 1. C'était en revenant de la fête de
St-Pholien (paroisse de Liège) — J'allai der-
rière une église pour vider mon engin*) —
Comme on ....

2. Je pris une feuille de chou pour essuyer
mon engin.

3. La feuille était si tendre que mes doigts
entrèrent dedans.

4. Et j'allai faire la salade sans essuyer
mes deux mains.

5. Quand midi sonne, voilà mon mari qui
revient.

6. Qu'as-tu fait donc, puante garce, j'ai de
l'étron plein mes dents.

7. Tu as menti, puant chien, c'est de la
graisse de porc.

8. C'est la première qualité qu'il y ait
(qu'on vende) chez Halin (ancienne famille
de charcutiers à Liège; on dit aussi Dabin:
même cas).

*) Indjin, engin: signifie ici le cul. D'autres fois
il déligne plutôt le con. Cf. p. 9, no 17.


64 CHEZ LES WALLONS DE BELGIQUE.

5. L'etron de la béguine.

1. (Testent n'fèye ine bèguenne

Hitenne *)
Qu'a veut tchî ès mostî
Hitî

Elle avent tchî si gros
Hito

Qu'elle ni s'polléve dressî
Hitî.

Refrain:
Ah! cint diales! bèguenne,

Hitenne,
Oh! qu'aveusse don magnî?

2. Elle aveut tchî si gros*

Hito

Qu'elle ni s'polléve dressî
Hitî

On va houquî nom ère

Hitére
Po ciste affaire djudjî

Hitî.

3. On va houquî nomére ..., etc.
Mains nomére responda:

Hita

*) Les mots de hitenne, hitî, hito etc. qui viennent
en écho à chaque vert sont des déformations de hittê,
étron liquide; hitter, avoir la foire.


CHEZ LES WALLONS DE BELGIQUE. 66

Allez trover l'curé
Hité.

4. Mains nomére responda ....
Li curé responda
Hita

Qu'i n'djudjîve nin on stron
Hiton.

Traduction: 1. C'était une fois une bé-
guine — Qni avait chié dans le montier (cou-
vent) — Elle avait chié si gros (étron) —
Qu'elle ne se pouvait dresser.

Refrain: Ah! cent diables! béguine — Oh!
qu'avais-tu donc mangé?

2. Elle avait chié si gros — Qu'elle ne se
pouvait dresser — On va appeler „no-mère"
(notre Mère, la Supérieure du couvent) — Pour
cette affaire juger.

3. On va appeler „no mère" .... — Mais
„no-merełt répondit: — Allez trouver (con-
sulter) le curé.

(N. B. Ordinairement „no mère" en réfère
au jardinier, qui renvoie au vicaire, etc.;
chacun recourt ainsi à une autorité plus
haute. Le curé ferme la série.)

4. Mais „no-mèreu répondit.... — Le curé
répondit — Qu'il ne jugeait pas un étron!


66 CHEZ LES WALLONS DE BELGIQUE.

в. Catherinette.

1. Catherinette a le pied petiton (bis)*)

Le pied petiton (bis)
Refr. : Catfrerinette, Catherin on,
Catherinette a le pied petiton.

2. Catherinette a la jambe bien faite (bis)

La jambe bien faite (bis)
Le pied petiton (bis)

au refrain.

3. Catherinette a le mollet tont rond,

Le mollet tout rond
La jambe bien faite
Le pied petiton.

4. Catherinette a la cuisse blanchette, etc.

5. Catherinette a le gros ratchatcha (le cul), etc.

6. Catherinette a le p'tit ritchitchi (le con), etc.

7. Catherinette a le ventre moulu, etc.

8. Catherinette a des grosses „ma-tante"

(de gros seins), etc.

7. Le vieux eure de Paris.

1. J'vais vous raconter l'histoire
D'un vieux curé de Paris,
D'un vieux eu, oui, oui,

*) Le chœur répète chaque vers à son tour, puis le
refrain.


CHEZ LES WALLONS DE BELGIQUE.

D'un vieux eu, la, la,
D'un vieux curé de Paris.

2. Chaque fois qu'il dit sa messe,
Tire un coupable de l'enfer,
Tire un coup, oui, oui,

Tire un coup, la, la,

Tire un coupable de l'enfer.

3. Il répète à ses ouailles:
Vite à mon confessional,
Vite au con, oui, oui,
Vite au con, la, la,
Vite au confessionnal.

4. Il aim' bien la botanique,
Il en cultive les fleurs,

Il encule, oui, oui,

Il encule, la, la,

Il en cultive les fleurs.

5. Il fréquente la rivière,

Au bord d'elle il va pêcher,

Au bordel, oui, oui,

Au bordel, la. la,

Au bord d'elle il va pêcher.

6. Il pratique la politesse,

Il entend ce qu'on lui dit :

A son vit, oui, oui,

A son vit, la, la,

A son vicaire il répond.


58 CHEZ LES WALLONS DE BELGIQUE.

8. La servante.

1. C'est 6d revenant
Опік et gnik et gnouk
Divins les strovks.
C'est en revenant

De Ste-Adile en France.

2. Là j'ai rencontré
Une jolie Allemande.

3. J'lui ai demandé

S'elle vent êt' ma servante.

4. Elle m'a répondu
Qu'elle en était contente.

5. Alors je l'ai jeté

Dessur mon lit qui tremble.

6. Et j'iui ai écrit

Mon nom dessur son ventre

7. Avec la petite plume

Qui pend en t' mes deux jambes.

8. Ainsi je lui ai fait

Un p'tit bébé qui chante.

IV.

Eefrains de crâmignons.

La licence que se donne le peuple dans
ses chansons de danse se retrouve sous une


CHEZ LES WALLONS DE BELGIQUE. 5&

autre forme dans les refrains de certaine
cràmignons en eux-mêmes assez anodins.

Ces refrains varient souvent pour les chan-
sons les plus connues; il en apparaît de
nouveaux chaque année. Ils sont générale-
ment en wallon, bien qu'adaptés parfois à
des chansons en français. 11 suffit de se
promener dans les rues, même du centre de
la ville, aux jours de fête, pour être frappé
de la popularité extrême qu'acquièrent du
jour au lendemain, ces distiques ou quatrains,
tantôt chantés, tantôt criés à la reprise par
le soliste, et toujours repris en chœur par
toute la bande. On n'admettrait point que
quelqu'un ou quelqu'une quittât la danse à
cause d'un de ces refrains incongrus. Il est
d'usage de répéter toujours et quand même,
bien que le refrain varie souvent de couplet
à couplet d'une même chanson. *

Ces refrains plus ou moins spirituels sont
donc dans l'nsage, personne ne s'en froisse
du moment que le mot propre n'y est point ;
les jeunes filles en rougissent rarement, parce
qu'elles préfèrent laisser croire qu'elles ne
comprennent pas l'allusion : elle chantent pour
ne pas se faire remarquer — cela ne tire pas
à conséquence. Mais l'air de gravité forcée,
avec lequel des jeanes filles „bien élevées'Ł


60 CHEZ LES WALLONS DE BELGIQUE.

répètent ces énormités, n'est pas le trait le
moins amusant qui frappe l'observateur dans
la coutume du crâmignon.

Voici quelques exemples, choisis bien en-
tendu parmi les plus caractéristiques. Ils sont
loin d'avoir tous le même nerf.

1. Ouye, ouye, ouye! quel mal vous

m'faites

Ouye, ouye, ouye! quel mal j'ai là.

2. Louqnîz bin à vosse golzâ

Ya l'tchet qu'l'awaite ès l'arma.

Trad.: Veillez bien à votre con — Le
ebat le guigne dans l'armoire.

3. Dji n'el vous pus '1 est trop mâ monté
Qwand m'I'a mettou n'm'a nin continté.

Ou bien:

Dji n'el vous pus 'U' est trop mâ mou-
lêye,

Elle a on cou comme ine maquêye.

Trad.: Je ne le veux plus, il est trop mal
monté — Quand il me l'a mis (le vit), il ne
m'a pas contentée. = Ou bien: Je ne la veux
plus, elle est trop mal moulée — Elle a un
cul (mou) comme une caillebotte.

4. Faut soigner ça, l'èvêque l'a dit
N'el fât nin lèyî tchamossi.


CHEZ LES WALLONS DE BELGIQUE. 61

Trad. : Faut soigner ça (le con), l'évêque*)
l'a dit — Ne faut pas le laisser moisir.

5. On voit bien qu'tu l'as baisée,
Son visage est bien changé.

6. O nenni vos n'I'ârez nin
M'gayoûle po mette vosse tcherdin.

Trad. : Oh ! non, vous ne l'aurez pas — Ma
cage pour (y) mettre votre chardonneret.

7. Vîx cou, binamé cou

Mi qu'a tant djowé avou
ou: Mi qui lî a tant mettou.

Trad. : Vieux con, bien-aimé con — Moi qui
ai tant joué avec — Ou: Moi qui le lui ai
tant mis (le vit).

8. On conârd sins riesses
Onque avou des riesses

Onque ristopé

Onque prête à l'fer
Voilà tous mes cons, Madame,
Voilà tous mes compagnons.

Trad. : Un con sans arêtes — Un avec des
arêtes — Un rempli — Un prêt à le faire —
Voilà tous mes compagnons.

*) On sait que le Pays de Liège fut, jusqu'à la
Révolution française, un Etat indépendant, gouverné
par un évoque qui avait le titre de prince.


62 CHEZ LES WALLONS DE BELGIQUE.

9. J'entends remuer la paille:
On fait l'amour dans le blé.

10. C'est tos feus d'bastâs,
N'qwerret qu'après l'golzâ :
Qwand is âront fait coula
Is lairont leur crapaude là.

Trad.: Ce sont tous faiseurs de bâtards —
Ne cherchent qu'après le con (littér. „le
chausson"; cf. p. 8, n° 15) — Quand ils
auront fait cela — Ils laisseront leur maî-
tresse là (ils la délaisseront).

11. Li fis da Lambert
A l'broquette ès l'air,
Mains l'fis da Colas
A l'broquette ès bas.

Trad.: Le fils de Lambert — A le vit (littér.
„la broquette"; cf. p. 17, n° 44) en l'air —
Mais le fils de Nicolas — A le vit en bas.

N. B. Les gens „bien élevés" remplacent,
dans ce dernier refrain, le mot broquette par
le mot narenne (nez). Ils peuvent alors hurler
le refrain tout à l'aise, sans craindre la police.
Mais personne ne se trompe sur le sel du
mot, car le rapprochement établi, notamment
par la physiognomonie (cf. p. 17, n° 43), entre
le nez et le vit, est tout-à-fait populaire à
Liège. C'est à tel point que les hommes qui


CHEZ LES WALLONS DE BELGIQUE. 68

eut le nez retroussé, ou comme on dit, croUé
(bouclé à la manière des cheveux!) passent
pour être très passionnés!

V.

Chansons dn Jour des Bois.

La veille du Jour des Bois .(Epiphanie),
dans tout le pays de Liège, il était d'usage
— et il reste quelque chose de cette cou-
tume — qu'à la tombée de la nuit, des bandes
de quêteurs allassent de porte en porte,
chanter des'chansons de quête, dans le but
d'obtenir li pârt-Dièwe, la part à Dieu, c'est-
à-dire un morceau du gâteau qu'on mange ce
soir en famille. Us mettaient en commun le
produit de leur quête et faisaient le soir un
régal dans un endroit convenu.

Lorsqu'ils étaient bien accueillis, ils réci-
taient d'ordinaire une petite chanson supplé-
mentaire, en wallon toujours, où ils louaient
comme il convient la générosité des gens qui
leur avaient donné li pârt-Dièwe.

Mais quand leur demande était repoussée,
ils débitaient alors l'un ou l'autre quatrain
satirique à l'adresse de la femme ou du
maître du logis, suivant que c'était lui ou
elle qui les avait rebutés.


64 CHEZ LES WALLONS DE BELGIQUE.

Voici quelques exemples.

1. Dji vins hèyî à l'vette èplâsse,

L'maisse di chai a tchî es s.'cou d'tchâsse r
Il a fait on si gros stron
Qu'i s'a d'hitté tot ses coyons.
Trad.: Je viens héler à la verte em-
plâtre*), — Le maître de céans a chié dans
son haut-de-chausses: — Il a fait un si gros
étron — Qu'il s'est embrené complètement
ses couilles.

2. Dji vins hèyî â blanc vantrain
Li dame di chai n'a nou #conin
Elle l'a vindou po deux attètches
Dji Га ratch'té po qwate pirettes.
Trad.: Je viens héler au blanc tablier**) -—
La dame de céans n'a pas de con — Elle l'a
vendu pour deux épingles — Je l'ai racheté
pour quatre noyaux (de cerises).

3. Dji vins hèyî po quéques miettes

Mais les djins d'chal n'ont nin n'plaquette.
On dit qui l'feumme n'a pus des tettes:

*) Hèyî, appeler en demandant ; anc. français héler,
même sens. — La verte emplâtre ; cette formule cor-
respond à celle-ci : la verte maison (la maison aux
contrevents verts), qui se trouve au début de plusieurs
couplets de quête.

**) Au blanc tablier, c'est-à-dire, à la dame : c'est la
partie pour le tout.


CHEZ LES WALLONS DE BELGIQUE. 65

On lzî côpa avou n'cizette,
On Ге a roeti d'vins n'noûve pailette.
A diale li feumme et les miettes!
Trad.: Je viens bêler pour quelque miette —
Mais les gens de céans n'ont pas le sou. — On
dit que la femme n'a plus de seins: — On
les lui coupa avec des ciseaux, — On les a
rôtis dans un poêlon neuf. — Au diable la
femme et les miettes!

4. A biâ à l'savonette!

Li maisse di chai n'a nolle mizwette!

Nos estîz v'nou cbal po lî r'mette.

On l'aveut côpé à l'cizette,

On l'aveut r'loyî à l'cowette.

A diâle li pauve vîx maisse sins qoette!
A hiâ au savon — Le maître de céans n'a
pas de pine*) — Nous étions venus ici pour la
lui remettre — On l'avait coupée aux (avec
des) ciseaux, — On l'avait rattachée avec un
cordon. — Au diable le pauvre vieux maître
sans pine. _

VI.

Les airs importés.

Certains airs plus ou moins récemment
importés de France par les théâtres ou les

*) Littéralement : pas de musaraigne. Cf. p. 22, n° 62.

Kçvm. VIII. б


66 CHEZ LES WALLONS DE BELGIQUE.

cafés-concerts sont devenus populaires dans
les rues, sans que leurs paroles restent. On
les siffle. On les chante aussi, et ordinaire-
ment le peuple grossier les „orneu de paroles
obscènes. C'est ainsi que le début du fameux
air de Carmen: „Toreador, prends ga-a-a-arde"
est devenu à Liège:

Toréador,
Qu'a n'pouce dizos s'conâr...
(Qui a une puce sous son con!)

et que précédemment l'air de VOstendaise,
sorte de danse apparue dans les cotillons vers
1870, a donné lieu d'inventer ce quatrain:

Bondjoû, houle Ouyame

Lèyîz-me sinti vosse cou, nosse dame,

Tins, tins, vola m'conin

Et s'hére ti broquette divins.

Trad.: Bonjour, boiteux Guillaume —
Laissez-moi sentir votre con, madame —
Tiens, tiens, voilà mon conin — Et fourre
ton vit dedans.

Le cas de cet air de danse n'est pas unique.
On connaît encore un ancien air de Passe-
Pied grâce au sixain scatologique suivant
qui y fut adapté:

Bondjoû Marèye Clape-sabot

Trossîz bin vosse cotte


CHEZ LES WALLONS DE BELGIQUE. 67

Qwand vos irez tchîre
Bondjoû Marèye Clape-sabot
Trossîz bin vosse cotte
Qwand vos irez co.

Trad.: Bonjour, Marie Sabot-qui-frappe —
Troussez bien votre jupon — Quand vous
irez chier — Bonjour... — Troussez... —
Quand vous irez encore.

La chanson du roi Dagobert, qui n'a pas
de variante wallonne, a donné lieu au distique
suivant qui se chante sur la première phrase
de cet air bien connu:

Avou dè l'pai (peau) d'conârd
On fait des shakos d'sodàrd.

L'air célèbre : Vlà l'bastringue, a été traité
de différentes manières, et notamment, on
en chante une variante sur les paroles sui-
vantes :

Qwand m' grand'mére nos féve les vantes
Nos broquîs, broquîs, broquette
Qwand m' grand'mére nos féve les vautes
Nos broquîs onque avâ l'aute.

Trad.: Quand ma grand'mére nous faisait
les omelettes — Nous sautions (de joie) —
Quand ... — Nous sautions tous les uns dans
les autres. (Sur le mot broquette, cf. ci-dessus
p. 17, n° 44.)

6*


68 CHEZ LES WALLONS DE BELGIQUE.

Il serait facile de multiplier ces exemples.
On pent dire qu'en général, tous les airs
sans paroles ou dont les paroles n'ont pas
pénétré dans le peuple, et tous ceux dont il
n'a retenu que le début, subissent un traite-
ment analogue. Ceci, bien entendu, indépen-
damment de la popularité que peuvent donner
les chansonniers populaires, par leurs œuvres
nouvelles, aux airs importés capables d'être
retenus dans leur entièreté par le peuple.

I) serait utile de rechercher si la même
constatation s'observe ailleurs; la vaste et
obscure question de l'origine des airs popu-
laires pourrait recevoir de ce fait certains
éclaircissements.

VIL

Contes et faoétles.

1. La création de la femme.

Lorsque Dieu voulut créer la femme, il
endormit Adam, lui ouvrit le ventre et en tira
une côte. Comme Adam saignait abondam-
ment, l'Eternel voulut de suite recoudre la
plaie et posa la côte sur une pierre à côté
de lui. Un chien passa, happa l'os et s'en-
fuit avec. Le diable qui assistait à Горе-


CHEZ LES WALLONS DE BELGIQUE. 69

ration, s'empressa, rattrapa le chien et rap-
porta la côte. Dieu, flatté de l'empressement
du diable, le chargea de donner une forme
à Fos, pendant que lui-même continuait à
coudre. Le diable fit donc la femme et eut
soin d'y laisser le trou que le chien, en mor-
dant, avait fait à la côte. Le souffle de Dieu
anima la femme telle quelle, et l'Eternel
n'ayant pas vu l'hiatus, la femme tut faite
avec le trou, qui devait être la perdition du
genre humain.

Cependant, Dieu, ayant recousu la plaie
d'Adam, il se trouva qu'il restait trop de fil.
Les ciseaux n'étant pas inventés, l'Eternel se
demandait comment il supprimerait le surplus
de son nœud. Le diable lui dit: Fais un
second nœud, un nœud à floquets (à double
boucle). Et c'est ainsi que l'homme eut un
gros nœud avec deux boucles, qui sont le vit
et les testicules.

2. Le oonte de la mère Eve.

Notre mère Eve, quand elle eut son premier-
né, fut frappée de sa faiblesse et des soins
multipliés qu'il réclamait. Elle fut surtout
attristée de s'apercevoir qu'après l'avoir
nourri, lui avoir appris à manger, à parler,


70 CHEZ LES WALLONS DE BELGIQUE.

à marcher, des soins lui étaient encore né-
cessaires pendant de longues années avant
que l'enfant pût tout seul pourvoir à ses
'besoins et se conduire dans la vie.

Un jour qu'elle songeait longuement à tout
cela, et qu'elle plaignait son sort et celui de
ses descendants, son attention fut attirée sur
le fait que, chez les animaux, il n'en était
pas de même. En deux ou trois jours tout
au plus, le petit de sa chèvre, qui avait
donné son jeune en même temps qu'elle,
s'était mis à gambader, à paître, à bêler
comme un vieux. Frappée de cette inégalité,
elle alla trouver le bon Dieu.

— Bon Dieu, dit-elle, ça n'est pas juste.
Et elle, lui exposa ses doléances.

— C'est vrai, dit l'Eternel, et si vous vou-
lez nous allons rétablir l'équilibre. La chèvre
ne va qu'une fois au bouc. Si vous voulez,
il en sera ainsi pour vous...

— Ah ! cela, non, jamais, dit mère Eve.
Et elle cessa ses plaintes.

3. La lune.

Du temps du vieux bon Dieu, l'Eternel
jouait un jour aux cartes avec le Soleil.

Comme on était en été, le soleil chauffait
dru. Cela tapa sur les nerfs au bon


CHEZ LES WALLONS DE BELGIQUE. 71

Dien, et son vit se dressa. Le soleil
voyant cela:

— Mais, Seigneur, lui dit-il, il me semble
que vous êtes encore bien vert pour votre âge.
Vous devriez vous marier.

— Moi, me marier, tu radotes. Et
avec qui?

 Bé, avec la lune, par exemple.

— Avec la lune? Vous ne savez donc pas
que c'est une pas grand'chose?

— Non, ça, Seigneur.

— Comment, vous me conseillez d'épouser
une femme qui rouie sa bosse toutes les
nuits, qui change de quartier*) toutes les
semaines, et qui est pleine tous les mois!

4. Le oui et le oon.

Au temps passé, les femmes étaient en-
core plus sales qu'à présent: elles ne se
lavaient qu'aux fêtes carillonnées. Aussi,
bien souvent, il fallait vraiment avoir le
diable au cul pour aller avec elles.

Une commère particulièrement salope eut
un jour une belle aventure. Il lui crût un
navet au périnée! Vous riez? ne dit-on pas
bien souvent aux gens qui ont les oreilles

*) A Liège, un petit appartement s'appelle quartier.


72 CHEZ LES WALLONS DE BELGIQUE.

malpropres qu'on y sèmerait bien du persil?
Eh bien, quelqu'un avait semé des navets entre
les jambes de notre commère, voilà tout !

Là où la terre est tendre, la semence
prend vite. Il vint donc un navet.

Quand il fat à point pour être cueilli, grandes
discussions entre le cul de la femme et son con.

En fin de compte, ils allèrent au tribunal
du diable.

— C'est à moi, M. le diable, dit le cul,
c'est mon fumier qui l'a fait grandir.

— C'est bien plutôt à moi, fit le con,
puisque c'est mon jus qui le rafraîchit.

Après avoir tenu conseil, le diable eût
idée de „faire au plus court fétu"*). C'est
le cul qui gagna.

— Tu as bien bon, dit le con, tu l'as pour
toi tout seul, maintenant!

— Et toi donc, pansâte (gourmande), dit
le cul, quand on te fourre dedans des carottes
comme mon bras, as-tu jamais songé à me
donner ma part? _

6. La femme et le diable.

On dit souvent que „les femmes ont cent
tours après (de plus que) le diable". Et c'est
bien vrai, vous allez voir.

*) A la courte paille.


CHEZ LES WALLONS DE BELGIQUE. 78

Le diable avait on fils qui était en âge
d'apprendre un métier. Ça fait qu'il l'en-
voya dans notre village pour en choisir un
à son goût. C'est vrai, on ne sait pas de
quoi l'on peut avoir besoin.

Ça fait que le file du diable tomba juste-
ment chez le maréchal.

— Toc, toc.

— Qui est là?

— Un pauvre compagnon qui cherche du
travail.

— Que savez-vous faire?

— Ce que vous me montrerez.

— Eh bien, allons-y.

Le maréchal apprend à son valet à faire
un fer à cheval. Quand il a eu fini, le diable
dit: „Bon. Maintenant, vous pouvez ren-
voyer deux ouvriers, je ne serai pas gêné de
faire leur besogne."

Et en effet. Le diable, quand il s'y met,
est un fameux ouvrier. Aussi le maréchal
était si content, si content.

Un jour, le diable lui dit:

— Ecoutez, maître, je n'ai que faire de
vos aidons (de votre argent). Nous allons
ensemble combiner un autre marché. Je
travaillerai quatorze ans pour vous, et pour
rien. Après cela, j'aurai votre âme. Sinon


74 CHEZ LES WALLONS DE BELGIQUE.

je m'en vais de ce pas me mettre an service
de votre concurrent.

Le maréchal, effrayé de la menace, s'em-
presse d'acquiescer:

— Eh bien, c'est bon, mais vonz ferez
tontes les besognes que je vous donnerai.

— Entendu.

Et pendant treize années, le diable tra-
vaille, travaille. Et le maréchal „fait son
chat" (fait fortune).

Mais voici la quatorzième année en train.
Et plus on avançait, plus le maréchal
• s'assombrissait. Il songeait à la terrible
échéance.

Un jour, sa femme lui dit:

— Voyons, Jean-Pierre, pourquoi es-tu si
froid maintenant à côté de moi? Tu as
quelque chose, dis-le-moi.

— Ça ne sont pas affaires de femme.

— Dis toujours.

Le maréchal confie sa peine. Elle le ras-
sure et lui dit: „Ne crains rien, quand le
moment sera venu, je lui donnerai une be-
sogne dont il ne viendra pas à bout."

En effet. Le dernier jour venu, le diable
rappelle à l'homme sa promesse.

— J'ai fait votre besogne, mon maître.
Maintenant, il va falloir me suivre.


CHEZ LES WALLONS DE BELGIQUE. 76

— Un petit moment, dit le maître. Lan-
gelns na pas sonné, rappelez-vous qne voua
êtes entré ici à midi juste. Avant de partir,
j'ai encore dn travail pour vous.

U va trouver sa femme qui, troussant ses
cottes, tire un poil de son cou et dit à son mari :

„Tiene, fais-li radrevti coula so Vèglome
avou on may et,
fais-lui redresser cela sur
l'enclume avec un maillet."

Drôle de besogne, dit le diable. Mais il se-
in et à l'œuvre. Il frappe, il frappe, il retourne-
le poil follet de tous les côtés. Mais plus il
frappe, plus le poil se recroqueville. U
s'efforce, il s'eesoufle.

L'angelus sonne. Le diable s'enfuit en
jurant. L'homme est sauvé.

Que pensez-vous de ce truc là?

6. Le roi qui avait faim de rire.

L'an 49 avant Charles-borgne, dans le»
petit royaume des Culs-troués, le roi s'en-
nuyait à mourir. Il fit annoncer à son peuple»
que le premier de ses sujets qui parviendrait
à le faire rire épouserait sa fille et hériterait
du royaume.

Là-dessus, dans tout le pays, les jeunes
gens ambitieux — et même les veufs — se-


76 CHEZ LES WALLONS DE BELGIQUE.

mettent en train de calculer, de chercher un
moyen de faire rire le roi.

Il s'en présente tant et tant à la cour
qui n'arrivent pas au résultat désiré, que le
roi, pour avoir la paix, fait annoncer que
désormais, celui qui tentera l'aventure, sans
parvenir à le dérider, sera pendu haut et
court.

Cela fait réfléchir le plus grand nombre;
quelques-uns se hasardent encore. Us sont
pendus à la file. Les autres reculent.
Finalement, bien du temps se passe sans
qu'on n'ose plus risquer sa peau à l'aventure.

De ce temps là — ce n'était pas comme
maintenant! — les nouvelles se répandaient
lentement. Il fallut six mois pour que les
mandements du roi parvinssent aux oreilles
d'une espèce de toqué, sabotier de son état,
que tout le monde regardait comme un fou
— et qui cependant décida de se présenter
à la cour.

U y vint en effet. Et le domestique du
roi, à son arrivée, se précipita dans la Cour*)
et dit au monarque:

— Sire, majesté, il y a là devant le palais
une troupe d'individus qui ont l'air tous un

*) Jeux de mots. Le conteur sait parfaitement ce
•qu'il reut dire.


CHEZ LES WALLONS DE BELGIQUE. 77

peu timbrée, conduits par un autre, qui
paraît être leur chef, et qui semble être à.
lui tout seul plus fol encore que tous les
autres ensemble.

— Que me veulent-ils?

— Je n'en sais rien.

— Dites au chef qu'il Tienne. Je vais
peut-être rire.

Notre homme entre dans le salon.

— Bonjour, monsieur le sire.
Et il fait le poirier*).

— Bonjour, dit le roi sans sourciller»
Qu'est-ce qui vous amène?

— C'est moi tout seul, moi, Pierre Djè-
m'fous-d'tout
, du pays des Grosses-vesses,
pour servir %a Maneité**) de toutes les ma-
nières possibles.

— Ah! et que désirez-vous?

— Vous faire rire.

— Essayez.

Notre homme appelle ses compagnons (ils
étaient sept douzaines), et, après les avoir

*) Faire le poirier: se tenir jambes en l'air, sur
■es maim.

**) Sa Manestê, jeu de mots. Ce vocable (wallon
de Cbarleroi, Hainaut), correspond au liégeois mâssisté,
littér. saleté, et est comme lui souvent employé dans
le langage courant et par facétie, en analogie avec
Sa Majesté.


78 CHEZ LES WALLONS DE BELGIQUE.

fait ranger dans le salon, devant le roi, il
leur ordonne de se déshabiller tout nus comme
•des vers, sans chemise.

A ce spectacle, le roi fait un petit mouve-
ment, sans toutefois esquisser le plus petit
sourire.

Voyant que cela prenait, Pierre Djè-m'/ous-
d'tout
crie à ses hommes d'an ton de capi-
taine : „Attention !... Mettez .... pouces !"

Aussitôt, voilà mes sept douzaines de fous
qui se fourrent comme un seul homme un
pouce dans la bouche et l'autre dans le cul.

Le roi fait encore un petit geste. Mais de
sourire, point.

Alors, se dit Pierre, jouons le gros jeu.
Et il commande sur le même ton: „Atten-
tion !.. . Changez, pouces !"

Et sur le même moment, chacun des sept
douzaines de fous tire ses pouces et les
change de trou.

Ah, mais! alors, le roi n'y tient plus. U
-s'est pâmé tellement que le bon Dieu (le
Christ) qui était sur la cheminée a chaviré
et s'est cassé en mille morceaux par terre.

Et c'est ainsi que Pierre Djè-m'fovê-d'tout
a épousé la fille du roi, dont il a eu dix-neaf
enfants et deux filles!...


CHEZ LES WALLONS DE BELGIQUE. 79

7. Le roi qui voulait marier sa fille.

L'an mil huit cents chaussettes, l'année du
gros hoûrlai (tempête), la princesse désirait se
marier. Mais comme elle ne voulait qu'on
homme assez fort pour lui clore le bec avec
ses réparties, il n'y avait guère d'amateurs.

Battre une femme à la langue, ce n'a
jamais été facile. Mais une princesse, c'est
ça qui doit être malaisé !...

Dans une maison il y avait deux garçons.
Un sot qui s'appelait Niquenoque, et un fort
malin qui avait fait ses classes et qui lisait
la gazette comme un papier de musique*).
Celui-ci voulut tenter l'aventure. Et quand
Niquenoque l'a vu partii*, il a voulu aller
avec.

Chemin faisant, Niquenoque s'écrie tout-
à-coup:

— Frère, fortune!

— Qu'as-tu trouvé?

 Ine èdjalé mohon (un moineau gelé).

— Va-1'en au diable, tu es encore plus sot
qu'avant.

*) Four le peuple la musique est un véritable gri-
moire; aussi, celui qui lit la musique passe-t-il pour
un érudit. „Lire comme [on lit] un papier de mu-
sique", c'est donc être très savant.


60 CHEZ LES WALLONS DE BELGIQUE.

Uu peu plus loin Niquenoque fait encore:

— Frère, fortune!

— Qu'as-tu trouvé?

 On bouchon.

— Va-t'en au diable, tu es encore plus sot
qu'avant.

Plus loin encore, Niquenoque trouve un
cercle de tonneau, puis un petit sac de clous
de sabot, les plus petits clous du monde.

Us arrivent au palais.

Le malin entre. Il voit la princesse assise
au coin d'un feu tout rouge, si bien qu'il
faisait là une chaleur de démon.

 Boû! dit-il, quelle chaleur il fait ici!
Aussitôt la princesse:

— Il fait encore plus chaud à mon cul.
L'autre, estomaqué, n'a su rien répondre,

et il est parti tout quinaud.
C'est le tour du sot, à présent.

 Boû! dit-il, quelle chaleur il fait ici!

— Il fait encore plus chaud à mon cul,
dit la princesse.

— Eh bien, riposte Niquenoque, feriez-vous
bien raviquer (ressusciter) celui-ci? Et il
présente son moineau engelé.

— Oui, dit-elle, mais j'ai peur qu'il ne
pette dehors!

— Nous mettrons ce bouchon-ci, dit-il.


CHEZ LES WALLONS DE BELGIQUE. 81

— Oui, mais je crains qne ça me fasse
gonfler, dit-elle.

— Nous vous mettrons ce cercle au cul, dit-il.

— Et si le cercle glisse?

— Nous le clouerons avec ceci, dit-il. Et
il montre ses petits clous.

— Mais j'ai encore plus chaud au con,
dit-elle alors.

— Sauriez-vous fondre ceci, dit-il en mon-
trant ses couilies.

— Oui, dit-elle, mais ça glissera dehors 1

— Voici le bouchon, dit-il, montrant son vit.

— Mais j'enflerai, dit-elle.

— Et le cercle de mes bras?

— Il se rompra, dit-elle.

— Jour de Dieu! essayons, dit-il.

La princesse, là-dessus, a été toute pettée
(interdite). Et ma foi Niquènoque épousa la
princesse.

8. Les couilies et la maie chance.

U y avait une fois un homme qui gagnait
tous ses paris. Cela intriguait tout le monde.
Les uns prétendait qu'il avait le pâcolet*);

*) Pacolet, petite figure du diable qui donne la

cbanoe à qui la possède. On dit aussi que c'est une
petite bête.

Kçvnr, VIII. 6


82 CHEZ LES WALLONS DE BELGIQUE.

d'antres se contentaient de dire qu'il était
probablement un peu sorcier. Ce qu'on ne
pouvait deviner, c'est qu'il n'avait qu'un
coyon (testicule), particularité qui assoie,
paraît-il, à celui qui en jouit, une veine
extraordinaire.

Un jour cependant, notre homme perdit.
U avait parié avec un autre farceur qu'à eux
deux ils n'avaient que trois couilles. On se
déboutonna devant la galerie. Notre chan-
çard montra son cas unique. Mais cela ne
fit pas reculer l'adversaire, car celui-ci en
avait trois!

Notre homme, dépité, s'écria :

— Quel malheur! perdre la partie avec un
si beau jeu !...

Depuis lors il perdit tous ses paris: son
vainqueur, ayant trois coyons, avait anéanti
sa chance . ..

9. Les oaleçone.

Une jolie fille de la campagne était „eu
service" chez Madame*). Comme toute pay-
sanne, elle n'avait de culottes que celles de
la mère Eve quand celle-ci vint au monde.

*) Madame : nom boub lequel on désigne, tout court,
la châtelaine.


CHEZ LES WALLONS DE BELGIQUE. 83

Aussi, quand elle montait à l'échelle, ou
quand elle lavait les fenêtres d'en haut, les
valets s'amusaient à regarder, et ils aperce-
vaient la lune ... au moins!

Madame, les voyant rire, vient voir aussi,
et la voilà toute honteuse.

— Marie, dit-elle, je vous donnerai de
vieux caleçons de ma fille. Vous les mettrez,
et comme ça on ne verra plus rien.

Le samedi, suivant, la servante lavait en-
core les fenêtres, et les valets, postés en
bonne place, riaient encore plein leur ventre.

Madame vient encore voir, et elle s'ex-
clame :

— Vous n'avez pas de caleçon?

— Us sont dans la lessive.

— Tous les six? Jour de Dieu, vous allez
bien... Ma fille, avec six caleçons va au
moins trois semaines.

— Oui, mais, madame, votre fille a bien
facile. Elle „frequente avec" un avocat.
Moi, mon galant est houilleur, et ce n'est
jamais que quand il revient de la bure que
nous pouvons nous voir. Or, vous savez, il
est tout sale. Non, madame, jamais, je ne
saurais aller deux jours avec le même ca-
leçon .. .

6*


84 CHEZ LES WALLONS DE BELGIQUE.

10. C'est le cul qui tient.

Colèye et Maton*) ont pris nn rendez-vous
pour le bon motif. Le jeune homme doit
venir au milieu de la nuit, attendre sa ста-
paude**)
qui doit se trouver à cette heure
dans la cave. Il la tirera dehors par le sou-
pirail. Elle a pris ses mesures. Avec un
peu d'efforts, ça marchera très bien.

En effet, l'amoureux, à l'heure dite, lui
tend les bras en s'arcboutant du pied contre
le mur. Il tire. Elle vient. La tête passe,
les épaules aussi. Ça y est presque.

Mais la pauvre fille a compté sans les
hanches, qu'elle a fortes et larges.

Elle essaie de face, elle essaie de biais.
Ça ne va plus du tout.

— Diable, dit-elle, le reste a si bien passé.
Mais c'est le cul, vois-tu ...

— Б nous le faudrait, pourtant, dit naïve-
ment le jeune homme ...

*) Colèye et Maïon, Nicolas et Marie : les amoureux
typiques, au dire des Liégeois. Pour dire de deux
jeunes gens qu'ils s'aiment, on répète: Cest Colèye et
Ma on,

**) Orapaude, fiancée, amoureuse, ou même jeun*
fille en général.


CHEZ LES WALLONS DE BELGIQUE. 86

11. C'est papa qui gagne.

Une jenne fille très surveillée par son
père se demande comment elle s'y prendra
pour répondre aux ardeurs de son galant.

Elle convient avec lui que, le soir, quand
le jeune homme fera avec le père sa partie
de cartes, elle viendra, sans le faire voir,
s'asseoir sur ses genoux.

Cela se fait. Et comme la jeune fille n'a
pas de caleçon, le reste se fait aussi. C'est-
à-dire que le jeune homme lui met sa verge
au petit endroit.

Il est vrai, comme le dit le peuple que
„quand on le met par derrière, la femme
gagne un pouce". Mais cela ne satisfait pas
notre donzelle: ce n'est rien de l'avoir, il
faut qu'il frotte!

%Aussi, comme le jeune homme, ému, perd
la partie, notre amoureuse se met à sautiller
de joie en frappant dans ses mains:

— C'est papa qui gagne! C'est papa qui
gagne!... __

12. Entre les deux*).
Une jeune fille garde les vaches dans un
pré. Elle est couchée de tout son long sur

*) Entre lei deux, inte ІЄ8 deux, expression qui signifie
«u sens figuré : pas trop, médiocrement, un peu . . . etc.


86

l'herbe. Elle a les yeux battus, la tête lourde,
elle est fatiguée, et elle est près de s'en-
dormir.
Passe le curé.

— C'est ça, dit le bonhomme : C'était hier
la fête *)... nous avons été au bal... nous
ayons dansé avec Pierre, avec Paul... et
maintenant nous avons mal aux jambes.

Alors la jeune fille, toute honteuse:

— Bin . . . entre les deux, là, monsieur
le curé.

13. La chandelle.

Dans le temps passé, le jour de l'Assomp-
tion, c'était l'habitude que les femmes, jeunes
ou vieilles, fissent don à la Vierge de grandes
chandelles de cire.

Un jour d'Assomption, une Jeune com-
mère"**) vient près du vieux clerc qui était
cirier de la paroisse, et lui demande une
chandelle pour la Vierge.

— Une quelle? dit-il, une blanche ou une
jaune?

— Bé ! je ne sais pas, moi, dit la commère.
Pourquoi y en a-t-il de deux sortes?

*) La fête, li flesse, nom wallon de la Kermesse.
**) Ine djône kimére, une jeune fille.


CHEZ LES WALLONS DE BELGIQUE. 87

Le clerc aurait bien répondu qu'elles
étaient de prix différents. Maie c'était un
vieux drôle.

— Je vais vous dire, répond-il. Quand on
n'a rien à se reprocher, on donne une blanche;
mais quand on n'est pas tout-à-fait „claire
et nette", ma foi, on donne une jaune.

— Oh! oh! fait la commère.

— C'est ainsi, dit le vieux. Laquelle voue
faut-il donc?

— Ben . .. ben ...

— Oh ! il ne faut pas être gênée, la Vierge
sait tout. Il n'en manquera pas de jaunes
cette année.

Alors la commère se décide:

— Savez-voue quoi? Mettez-moi une chan-
delle entre les deux ...

14. Où conduit la coquetterie.

Deux jolies filles sont allées au bois pour
ramasser des feuilles. Elle se sont écartées
l'une de l'autre.

Passe un monsieur qui demande à la pre-
mière si elle veut se laisser faire, pour une
pièce d'or.

— Comment, dit-elle, pour qui me prenez-
vous? Grand crapuleux, passez vite votre


88 CHEZ LES WALLONS DE BELGIQUE.

chemin on vous anrez mes deux sabots dans
votre gueule!

Le monsieur ne se le fait pas dire deux
fois. Pins loin, il rencontre l'antre fille, qui
accepte sa proposition.

Quand les deux amies se sont retrouvées,
la deuxième a dit à la première:

— Regarde, quelle belle pièce d'or toute
neuve j'ai trouvée dans le bois.

— Va, dit l'autre, je l'aurais sûrement
trouvée à ta place, si j'avais en une che-
mise propre.

— Grande bête! dit la première. Pourquoi
mettre une chemise? Pour faire comme les
dam'zeües de Liège? Je te reconnais bien
là. Tu ne seras jamais qu'une coquette !.. .

16. Les deux mères.

Un jeune homme, très jobard, était malade
de sa virginité. Le père l'envoie chez son
médecin, qui, prévenu, lui fournit l'adresse
d'un bon bordel honnête, à la ville voisine.

Le jeune homme, qui ne sait ce que c'est,
se met en route. En chemin, il rencontre sa
grand'mére qui le questionne.

— Vous n'avez pas besoin d'aller si loin,
dit-elle, j'ai le remède ici.


CHEZ LES WALLONS DE BELGIQUE. 89

Incontinent, elle se met en postnre et, après
maints essais, il donne enfin ses prémices à
la vieille.

Il revient Son père le questionne.

— Comment! dit-il, t'as cougnî m'mére,
pourceau !

— Tu as bien cogné la mienne, toi!
dit le jobard déniaisé.

16. Une ehaudepisse à longue portée.

Un jeune paysan vient chez le médecin du
village et lui demande de lui procurer une
ehaudepisse.

Le médecin, un peu ahuri lui répond qu'il
en guérit, mais qu'il n'en donne pas. Le
paysan insiste.

— Eh bien, dit alors le médecin amusé,
allez à la ville dans telle rue, tel numéro.
Vous paierez 25 centimes, et je vous garan-
tis une ehaudepisse carabinée. Mais, pour
Dieu! n'offrez pas davantage, car alors, je ne
réponds plus de rien.

Quinze jours après, le paysan revient et
demande cette fois la guérison.

Etonnement du médecin, explications du
jeune homme.


90 CHEZ LES WALLONS DE BELGIQUE.

— Je vais vous dire. Je caye la servante
de la maison: „c'est le droit du jeu41*), rien à
redire. Mon père la caye aussi: c'est encore
une fois „le droit du jeu". Alors, mon père
caye ma mère: c'est sa femme, rien à redire.
Mais le curé, ce nom de Dieu-là, caye lui
aussi ma mère, et cela je ne puis l'admettre.
C'est lui que j'ai voulu punir.

Alors le médecin, portant vivement la main
à sa culotte:

— Ah! sacredieu! C'est donc cela que je
ressens : il caye donc ma femme aussi, ce co-
chon-là! ____

17. Un drôle de paroissien.

Le peuple blasphème en toute occasion et
hors de propos. A la moindre exclamation,
il joint toutes les variantes imaginables des
blasphèmes classiques.

Au pays flamand, on voit souvent dans les
cabarets des pancartes: Qod ziet one (Dieu
nous voit!) ou bien: On ne blasphème pas
ici. U n'y a rien de semblable au pays
wallon, et, au contraire, on y raconte maints
traits du genre du suivant:

Un houillenr se trouvant à la messe, cherche
son chapelet. Il retourne toutes ses poches.

*) C'eet-à-dire : c'est régulier, c'est chose naturelle.


CHEZ LES WALLONS DE BELGIQUE. 91

Il ne le retrouve pas. Alors, du ton le plus
naturel, il se met à dire:

— Sacré mille milliards de wagons d'nom
de Dieu! je ne suis pas foutu de retrouver
ce sale chapelet-là. Il faut croire que le
sacré cochon est petté aux cinq cent mille-
diables qui l'emportent!

18. Voir et sentir.

Un vieillard, très malade, reçoit la visite
du curé qui s'entretient avec lui. Le vieux
lui raconte toute sa vie, ses malhenrs, ses
tristesses, ses douleurs. U avait en trois-
femmes.

Le curé, apitoyé, lai dit:

— Vous en avez bien vu, pauvre homme Г

— Oh oui! et encore plus senti, monsieur
le curé ! dit le vieux tristement.

*

19. Une drôle de relique.

Le vieux curé de Sous-mes-jambes, pour
ranimer la ferveur de ses paroissiens, décide
de munir son église d'une relique d'un grand
saint.

Il dépêche son bedeau à la ville, avec la-
somme.


92 CHEZ LES WALLONS DE BELGIQUE.

On sait que les bedeaux ont sous le nez
un trou qui coûte beaucoup plus cher à
rafraîchir qu'une douzaine de y aches à
nourrir.

En route, notre homme, ayant toujours soif,
buvait et buvait. Si bien qu'il n'était guère
à la ville, que déjà il n'avait plus que cinq
petits sous.

— Me voilà propre, se dit-il. Je vais avoir
au retour des „paters de pourceaux" (in-
jures) et je perdrai ma place.

Dans le cabaret où il se livrait à ces
amères réflexions, la femme était justement
en train de plumer un coq. Une idée vient
à notre homme.

— Voulez-vous, dit-il, me donner le cul de
votre coq pour cinq sous?

— Cinq sous ? Et qu'en voulez-vous faire ?

— Cela me regarde.

— Eh bien, soit.

On lui donne le cul du coq. Il revient au
village et présente sa relique au curé comme
étant la bouche d'un vieux saint.

— Quel saint?

— Saint Cutounu.

— Voilà un drôle de saint.

— Nous en avons de bien plus drôles,
M. le curé, dit le bedeau.


CHEZ LES WALLONS DE BELGIQUE. 93

On place la bouche de St. Cutounu dans
une belle vitrine et, an sermon, le dimanche,
M. le curé porte aux nues les mérites de la
nouvelle relique.

Un bon vieux papa s'avance vers la vitrine,
et, reluquant l'insigne objet, il y remarque un
point tout rouge.

— Bé! dit-il à son voisin, je croirais bien
que c'est tout de même vrai. Et montrant le
point ronge: voyez-vous, cela doit être la
place où il tenait sa pipe...

20. Un drôle de miracle.

Un curé, pour ranimer la foi chez ses
paroissiens, imagine un miracle et requiert
la collaboration de Mar eye *). Celle-ci devra,
à une certaine parole du sermon, lâcher par
un trou du plafond, le pigeon qui représente
le St.-Esprit.

Marèye va donc se mettre au poste. Mais
à un moment donné, elle fait un faux pas,
et glisse dans le trou, jambes en avant.
Elle est retenue par les hanches, les cottes
relevées — et, naturellement, elle n'a pas de
culottes.

*) Marèye, Marie, nom sous lequel on désigne la
servante du curé dans les contes.


94 CHEZ LES WALLONS DE BELGIQUE.

Le curé, voyant cela, s'empresse de dire:
^Ne regardez pas, mes très chers frères, vous
deviendriez aveugles !"

Un vieux bossu, curieux, se bouche un œil
et dit : Je vais tout de même risquer un œil !..

Et c'est ainsi qu'il vit le con de Marèye!

21. A confesse.

On en raconte beaucoup sur les curés. Je
ne sais pas si elles sont vraies, mais il est
sûr qu'ils doivent en entendre parfois de
drôles à confesse, et qu'il leur faut parfois
bien chercher pour trouver la pénitence qui
convient suivant les cas.

L'autre jour, Bertine arrive à confesse sur
le tard (le soir). En s'approchant du bénitier,
-elle voit Marie-Jeanne, manche troussée, qui
tient la main plongée dans l'urne.

— Que fais-tu là? dit-elle.

— Je fais ma pénitence. Figurez-vous
bâcelle*), je lui ai dit (au curé) que j'avais mis
ma main dans le pantalon de Joseph. Il m'a
condamnée à rester ici cinq minutes, la main
dans l'eau bénite, pour la purifier.

*) Bâcelle, nom que se donnent entre elles les filles
•et les femmes. C'est le vi. fr. bachelle, bachelette, etc.


. CHEZ LES WALLONS DE BELGIQUE. 96

— Jour de Dieu! dit Bertine, il est mal
disposé aujourd'hui, s'il allait me condamner
d'après cela, il faudrait que j'y mette mon cul.

Bertine confie son cas à sa cousine Garitte,
la couturière, et celle-ci qui n'a pas froid
aux yeux, se promet bien, si le curé lui
donne une pénitence trop drôle, de lui jouer
un tour à sa façon.

Elle та à confesse le lendemain, et elle
avoue (il faut bien dire la vérité!) qu'elle a
eu une tentation en recousant une brayette
l'autre jour. Garitte est couturière, et elle
ne peut pas refuser de raccommoder le pan-
talon des gens.

— C'est grave, cela, dit le curé. Pour
votre pénitence, puisque vous „tenez" trois
vaches, vous m'apporterez un pot de beurre.

Le lendemain Garitte arrive chez le curé
avec un pot au beurre sous le bras. Elle
ouvre la porte, dépose le pot dans le vesti-
bule, et prrrt! elle s'enfuit.

Mais le curé a vu. Il accourt et crie à
Garitte :

— Garitte, ma fille, il n'y a rien dans
votre pot!

— 11 n'y avait rien dans la culotte non
plus! dit la fille.


96 CHEZ LES WALLONS DE BELGIQUE.

22. Les roueries des femmes.

Les ouvriers houilleurs sont payés deux
fois par mois, le cinq et le vingt. Aussi le
jour de paie s'appelle li qwinzainne, et, soit
dit en passant, ce terme est usuel, même
chez les armuriers que l'on paie chaque
samedi.

Un mari, dans les premiers temps du
mariage, soignait sa femme „aux petite
oiseaux" (c'est-à-dire très bien).

Après un temps, il y mit plus de négli-
gence et finalement, il laissa passer jusqu'à
des semaines sans remplir son devoir. La
femme, alors, devait compter sur le hasard,
et surtout sur l'alcool. Dès lors, le jour del
qwinzainne
lui devint doublement cher.

Un jour de paie, où le mari s'était ex-
ceptionnellement bien conduit, il se mit, malgré
elle, à ronfler.

Alors sa femme, prise de regret, lui dit le
lendemain matin:

— DJoseph, n'âreût-i піп moyen d'avu
'n'qwinzainne d'avance? . . .

Une autre fois il revient ivre, puant et
hoquetant. U entre au lit et escalade sa
moitié d'un geste maladroit.

Elle s'éveille.


CHEZ LES WALLONS DE BELGIQUE. 97

— Hé, pourceau! s'écrie-t-elle, si c'était
un cabaret, tu ne passerais pas sans entrer.

Une autre foie encore, au milieu de la
nuit, elle attrape le vit de son homme dans
la main. L'homme se réveille.

— Ah ! dit-elle, je rêvais que je tombais à
l'eau et que je me retenais au garde-fou, dji
m'ritnéve à Vbaye, dai9 Djôêèph.

Et houspillant gentiment le petit frère,
elle ajoute:

„Et je faisais comme ça, voyez-vous,
Joseph ..."

A quelque temps de là, le mari ayant fêté
St. Lundi plusieurs jours de suite, répondit
aux justes observations de sa femme:

— Quand tu n'auras plus d'argent, nous
vivrons d'amour.

Le soir, à son retour, il trouve sa moitié
toute nue, en train de se chauffer le ventre
devant le foyer.

— Qu'est cela? dit-il.

— Je réchauffe ton souper, dit-elle.
Mais le mari s'en fiche. Il va souper chez

sa mère et, à son retour, il ne regarde pas
plus sa femme qu'un morceau de bois.

Alors le lendemain matin, avant son réveil,
la femme attache à sa pine un petit ru-
ban noir.

Kqvtct VIII. 7


98 CHEZ LES WALLONS DE BELGIQUE.

— Quand il y a un mort dans la maison,
on porte le deuil, dit-elle.

Cette fois excédé, le mari saisit vivement
sa chique et la lance au con de sa femme.

— Eh bien, puisqu'il y a un mort, ferme
donc ta fenêtre, dit-il.

Cela n'a sans doute pas découragé la
femme. Et l'on raconte assurément bien
d'autres histoires encore que celles-ci. Mais
moi, je n'en sais pas plus long.

23. Je m'en vais!

Deux époux, au lit, après s'être conscien-
cieusement préparés, en sont au coït non
moins consciencieux.

A un moment donné, la femme dit: „Ali!
je m'en vais!" Le mari répond: „Et moi
aussi".

Alors le gamin crie: „Maman, donnez-moi
mes sabots, je m'en irai avec !"

24. Flan de vie.

Un vieux mendiant se présente chez de
braves gens de paysans. La femme le re-
garde et lui dit en lui donnant la pièce:

— Vous devez déjà être fort vieux, vous,
l'homme?


CHEZ LES WALLONS DE BELGIQUE. 99

— Oh! répond le mendiant, j'aurai cent
ans aux groseilles noires.

— Comment, cent ans? tous avez encore
Pair solide, cependant.

— Bé, dit le mendiant, il faut tous dire
que je n'ai jamais bu une seule goutte de
ma vie.

— Ce n'est pas comme toi, vaurien, dit la
femme à son homme. Prends exemple!

— Et puis, dit le mendiant, je n'ai jamais
passé de mauvaises nuits. A huit heures,
tous les jours, je dors.

— Ça n'est pas comme toi, hein, rouleur?
dit encore la femme. Puis s'adressant au
mendiant: Vous devriez passer plus souvent
par ici, car vous êtes un bien bon exemple
pour mon cochon d'époux.

— Le principal, continue le vieux, c'est
que je n'ai jamais été fou des commères.
Jamais plus d'une petite hipette par mois.
Et encore... dans les premiers temps du
mariage !

— Qu'est-ce que tu racontes, vieille fri-
pouille, dit la femme. Fiche-moi le camp
d'ici, ou je te fous mon pot de nuit à la
gueule. Si je te revois devant mes yeux, je
te poignarde à coups de sabots !...

7*


100 CHEZ LES WALLONS DE BELGIQUE.

25. Petite pluie . . .

Un jour Pierre Qu'asse-foute*) est an lit
avec sa femme.

Celle-ci lâche un pet II paraît que c'était
son habitude. Désirant la lui faire perdre,
le mari se met à pisser au cul de sa femme»

— Que fais-tu là, sacré cochon? dû
celle-ci.

— Tu ne connais pas le proverbe? ré-
pond l'autre. Petite pluie abat grand vent!

On prétend que la femme ne péta plus.
Mais je n'en crois rien. Il est si difficile de
corriger les femmes !...

26. Le chapelet de la commère.

Deux gens mariés sont au lit.

L'homme, bien disposé, veut caresser le
petit conin de sa femme. Elle se retire avec
humeur :

— Laisse-moi tranquille, je dis mes paters
(mes prières).

Le mari se le tient pour dit. Mais le
lendemain, c'est au tour de la femme.

— Dites-donc, sœur, fait le mari: prenez-
vous à présent mes coyons pour des grains
de chapelet? ...

*) Littéralement: Pierre Qu'ae-tu cure.


CHEZ LES WALLONS DE BELGIQUE. 101

27. Le pantalon.

Une bonne femme est en train de terminer
sa lessive. Chez les bouilleurs, on lessive
tous les jours le costume de travail pour le
lendemain, et à mesure qu'une bague (une
pièce) est lessivée, on la suspend, pour la
sécher, à une corde tendue dans la chambre
même de mur à mur.

Notre ménagère donc, terminait courageuse-
ment sa besogne : le pantalon de toile pendait
déjà à la corde. Quand tout-à-coup, son jour
étant venu, la voilà prise du mai d'enfant.
Elle se met au lit, et en avant la musique.

Ça n'allait pas tout seul. Malgré l'aide de
deux ou trois matrones du voisinage, la bonne
femme ne parvenait pas à son fait.

Elle poussait, elle souffrait, elle geignait.

— Courage, sœur *), disaient les matrones :
cela sera bien vite fini. U faut souffrir pour
son plaisir.

— Oui, répondait la pauvre, mais vraiment,
c'est trop de mai pour un si petit plaisir.

*) „8œurtt, en wallon : soûr et frère, en wall. frê.
Коте que se donnent entre eax les gens da peuple,
parents ou non, et qu'on donne même aux inconnus.
De même tout vieUlard, toute vieille femme, est nommée
grand1 pére, grand'mére.


102 CHEZ LES WALLONS DE BELGIQUE.

Et, ses yeux se portant sur le pantalon
pendu à la ficelle, elle dit sur un tou in-
traduisible :

— Otez le pantalon !.. .

Après un long temps, l'affaire se termine
heureusement

A peine remise, les bonnes âmes la plai-
santent: „Vous voilà encore bonne pour un
autre, maintenant."

Alors la bonne femme, philosophiquement:

— Remettez le pantalon, dit-elle.

28. Il me reconnaît! . . .
Le jour des Ames, une jeune veuve s'en
vient „rendre ses devoirs" à son défunt mari
Elle s'agenouille sur la tombe, et prie pieu-
sement.

Mais, de ce temps-là, les femmes ne por-
taient pas, comme maintenant, dee culottes.

Un brin d'herbe vient chatouiller la femme
à l'endroit sensible. Et celle-ci, pleine du
souvenir de son homme:

— Il me reconnaît, dà, le binamé*): il n'a
pas encore perdu ses aimables manières!.. •

*) Binamé nbien-aiméu, binamêye ,bien-aiméeu epi-
thètes qui reviennent constamment dans le langage
usuel, à Liège, et qu'on applique aussi bien à l'inter-
locuteur qu'à la personne dont on parle.


CHEZ LES WALLONS DE BELGIQUE. 103

29. Lee oreilles coupées.

Вар tisse Trousse-Cotte en a joué une belle
à Louis Gras-boyau, celui, vous savez bien,
qui est marié à Lalie Sotte-à-lier, de Monchat-
sus-s'panse *).

U faut savoir que l'année passée Louis
Crabouyau, qui est brique tier de son métier,
a dû aller en France, laissant sa femme
enceinte.

U n'était pas encore parti d'un mois qu'un
de ses voisins, qui savait cela — c'était
Baptisse parbleu! — va faire visite à Lalie.

Tout le monde sait bien que Lalie ne s'est
jamais distinguée par son intelligence.

Baptisse entre et voit Lalie en train de
travailler à la layette. Il lui demande où
est Louis.

— Bé, dit-elle, il est „parti travailler" en
France.

— Comment, dit Baptisse, il n'est pas hon-
teux de s'en aller si loin, en laissant son
ouvrage à moitié fait?

— Que voulez-vous dire?

*) Monchat-8%18-8''panse, littéralement Monceau-sur-
•a-panee. Fausse prononciation facétieuse du nom de
Monceau - sur- Sambre, localité des environs de Charleroi,
où le conte a été recueilli.


104 CHEZ LES WALLONS DE BELGIQUE.

— Je veux dire qu'il n'a seulement pas fait
des oreilles à votre enfant.

— Ce n'est pas Dieu possible!

— C'est comme je vous le dis, Lalie, et si
j'étais vous, je chercherais un garçon de
bonne volonté pour faire ce qui manque.
Voyez un peu si votre pauvre enfant arrivait
au monde sans oreilles, vous vous en vou-
driez tout le temps de votre vie.

— C'est pourtant vrai, dit Lalie. Est-ce
que, par hasard, vous qui vous y connaissez,
vous ne voudriez pas. ..

— U faut vraiment que ce soit pour une
femme comme vous. Et que je sois ami
comme je le suis avec votre mari . . .
Sans quoi.. .

Bref, Baptisee fait les oreilles. Puis il
s'en va.

En beaucoup plus de temps qu'il n'en faut
pour le dire, Lalie met au monde un enfant,
rien de plus beau.

Voilà Louis de retour de France.

— Voyez, dit sa femme, quel bel enfant
nous avons. Nous avons de la chance d'avoir
trouvé en Baptisee un obligeant voisin. C'est
à lui que nous le devons tel qu'il est.

Louis s'exclame. Il questionne. Elle lui
raconte l'histoire.


CHEZ LES WALLONS DE BELGIQUE. 106

— N'en parle à personne, dit Louis. Je
lui revaudrai cela.

U prend son rasoir et та droit à la prairie
de Baptisee, où paissaient trois vaches su
perbes. Il leur coupe les oreilles et revient
avec les oreilles dans sa poche.

Quelques heures après, Baptisse vient ra-
conter la méchanceté qu'on lui a faite.

— Bé, dit Louis simplement, tu ne dois
pas t'attrister pour cela: tu as bien mis les
oreilles à mon gosse, tu en mettras bien
aussi à tes vaches !...

30. Le médecin à l'urine.

A la fin du siècle dernier — ceci est histo-
rique! — il y avait à Tongres un médecin
qui jugait la maladie des gens à la simple
inspection de leur urine. Sa renommée, qui
dut être fort grande, est venue jusqu'à nous,
grâce à diverses facéties dont voici deux des
plus caractéristiques.

Le vieux curé de S* Denis à Liège, voyant
Marèye dépérir, envoie vers le fameux médecin
ton bedeau porteur d'une fiole où elle avait
pissé.

Le bedeau, en route, casse la fiole. Et
pour ne pas revenir bredouille, bast! il pisse
dans une bouteille et l'apporte au médecin.


106 CHEZ LES WALLONS DE BELGIQUE.

Celui-ci porte la bouteille à la hauteur de
l'œil et demande de qui provient le liquide.

— C'est de la servante du curé, dit le
bedeau effrontément.

— Eh bien, dit le médeein, vous direz an
cnré qu'il fait faire trop souvent le mâle à
sa servante!

Une autre fois, Marèye étant encore ma-
lade, celle-ci demande que l'on aille de nou-
veau consulter le fameux médecin.

Mais le curé se dćfie*. on voit trop de
choses dans l'urine de Marèye.

U regarde lui-même, en soulevant à la
hauteur de l'œil, le flacon devant la fenêtre.

Un ce moment, des soldats défilent dans
la rue.

— Jour de Dieu, Marie, dit le curé,
qu'avez-vou8 donc fait avec votre cousin le
soldat? Voilà que voue avez maintenant un
régiment de lanciers dans le ventre!

31. Lee soulards.

Un ivrogne est appuyé contre le parapet
du Pont-des-Arches (à Liège) et remet ce
qu'il a bu de trop.

— Je le revendrai, je le revendrai, crie-t-il
furieux, entre les hoquets qui le soulagent.
Je le revendrai, je le revendrai.


CHEZ LES WALLONS DE BELGIQUE. 107

— Quoi donc que tu revendras? lui de-
mande un bourgeois.

— Le trou de mon cul, dit-il, puisqu'il ne

fait plus son office.

« *

Marcatcłłou*), plein comme un œuf, vient
pisser contre la fontaine du Perron. Il pisse,
il pisse. Ça n'eu finit pas.

Et le bruit de son eau se confond avec
celui que fait la fontaine, qui elle, continne
plus longtemps encore.

Mar cat chou sommeille.

Marcatchou pisse toujours — ou du moins
croit qu'il pisse.

Finalement, excédé de ce bruit qui ne cesse
pas, il relance d'un mouvement brusque son
vit dans sa culotte et dit d'un ton d'humeur:

— Merde! je ne pisse plus.
Et il s'en va.

32. J'ai l'œil dessus.

Les revendeuses de légumes, sur le Marché,
ont peur du froid, l'hiver. Dès la première
bise, elles se munissent d'un covet (réchaud)
alimenté de braises et, pour mieux profiter

*) Marcatchou, type populaire du pêcheur à Liège,
mort il y a quelques annéee.


106 CHEZ LES WALLONS DE BELGIQUE.

de sa chaleur, elles le placent par terre sous
leurs jupes, et elles se chauffent ainsi, jambe
de-ci, jambe de-là.
Réflexion d'un passant:

— Prenez garde que le covet ne mette le
feu à tos vêtements.

— Pas de danger, dit-elle, j'ai l'œil dessus.

3d. Un bien brave homme.

Sur le marché, deux revendeuses de lé-
gumes bavardent en attendant le client.

— Moi, dit l'une, j'ai vendu hier des
oignons gros comme ça.

Et elle montre les deux poings.

— Moi, dit l'autre, j'avais ce matin des
carottes comme mon bras.

Une vieille femme, presque sourde, mais
qui a interprété leurs gestes à sa façon,
s'approche et leur demande:

— Où demeure-t-il donc ce brave homme là ?

34. Mots de botressee*).
Une bottent accroupie dans une ruelle,
faisait sans façon, suivant l'usage de ses
pareilles, ce qu'elle avait à faire.

*) Botresse, femme qui porte des fardeaux dana un
bot, une hotte. Type populaire liégeois. Les botresses
ont la langue très légère et on leur prête une foule de


CHEZ LBS WALLONS BB BELGIQUE. 109

Passe on chanoine de la Cathédrale. Ces
chanoines, autrefois, étaient réputée pour leur
bonhomie.

La botresse reut se lever.

— Beste«, dit-il, ma alle: j'aime bien mieux
voir la poule que l'œuf.

Une autre fois, un chanoine encore ren-
contre une botresse, qui, jambes ouvertes,
lâchait l'eau largement.

— Tu fais pluviôse, là, botresse, dit le
chanoine en souriant.

— Oui-dà, binamé chanoine, dit la bonne
femme. Et v4à ventôse.

Et elle lâche un gros pet*).

On prétend que les botresses savaient faire
tout debout, jusqu'à une commission que le
roi n'envoie pas faire à sa place.

L'odeur étant un peu forte, un curé,
passant par là, faisait ses réflexions là-
dessus.

traita. Elles passaient pour être compatissantes aux

désirs des hommes. Les botresses, sorte de porte-faix,
étaient de fortes femmes, et au temps où il y en avait
de jeunes, elles devaient être, de par leur air de santé,
aeses appétissantes pour les amateurs de grosse viande.

*) Gomme on voit, cette facétie porte une date, et
est une preuve de l'état d'esprit des populations à>
l'égard des Révolutionnaires français et de leurs in-
ventions.


110 CHEZ LES WALLONS DE BELGIQUE.

35. Mot de „caftresee".

Les femmes du peuple sont réputées pour
aimer le café: leurs parties de blague se pas-
sent à vider la copette (tasse, bol sans anse),
Le Wallon ne conçoit point deux bavardes
sans les voir assises à une petite table, siro-
tant du café : les pièces du théâtre populaire
wallon ont fortement exploité cette scène
caractéristique des caftresses. Au reste, de
même que les hommes s'offrent la petite
goutte, les femmes se paient le café: il y a
dans chaque ville des restaurants féminins
où Гоп ne sert que du café, avec de la tarte,
du jambon, etc.

Cependant, le café passe aux yeux de nos
commères pour faire pisser, et un couplet
satirique namurois dit nettement:

C'est l'café, l'café, l'café

Qui fait pichi les commères ...

Mais la bonne femme, sans se gêner, ré-
pondit en son franc parler:

— Dj'a fait qui fome: Soff lez qu'il âde.
(J'ai fait qui fume, soufflez qu'il arde.)

Cette sorte de distique, en wallon très
archaïque, est souvent répétée par ceux à
qui l'on demande ce qu'ils sont allés faire.


CHEZ LES WALLONS DE BELGIQUE. 111

Dans les „seances aa café" de nos com-
mères, si l'une d'entre elles en a assez alors
qu'on l'imite à boire encore, elle remercie,
retourne sa copette sur la taste (soucoupe)
et, si l'on insiste, elle ne manque pas
de dire:

— Merci co cent fois : je ne veux pas l'user
(le con) à pisser!

36. Le Flamand et la Wallonne.

Les Flamands, anx yeux des Wallons, sont
des êtres ridicules, et leur langage l'est en-
core plus. C'est à tel point que le Wallon
désigne le trou de son cul par cette péri-
phrase: la bouche qui parle flamand.

Les plaisanteries où les Flamands jo%ent
un rôle ridicule sont très nombreuses. On a
fait aussi des chansons, des pasquèyes dia-
logué es où un Flamand, dans un patois
plein de flaudricismes drôlets et avec un
amphigourisme niaisement poétique, fait sa
déclaration d'amour à une Wallonne qui
lui répond, couplet pour couplet, ou même
vers pour vers, par des plaisanteries.

Le trait suivant est du même goût.

Un Flamand et une Wallonne sont au lit.
La femme jouit abondamment, et l'homme,
aimablement lui dit en son langage:


112 CHEZ LES WALLONS DE BELGIQUE.

— Da is goed f (Cela est bon, cela та bien?)
La femme comprend: Déjà outre, déjà fini?
Et répond: Nenni, nenni, c'n'est піп co outet

37. Le „mayeur" de Namur.

Un jour, le mayeur de Namur*) étant mort,
on songea à pourvoir à son remplacement.
Ce ne fut pas chose facile, parce qu'il s'agis-
sait, pour remplir ce mandat, de raconter plus
de blagues que ses concurrents. Or cha-
cun sait que, sur ce chapitre, les Namurois
sont tous aussi forts l'un que l'autre.

De guerre lasse, on organisa un autre
concours.

Chaque concurrent devait amener sa femme,
laquelle, se troussant derrière une cloison en
planches, devait passer son cul par un trou
de celle-ci, de manière à n'offrir que ses
fesses à la vue du jury et des aspirants
eux-mêmes. Chaque concurrent devait, à
l'inspection des culs, chercher celui de sa
femme. Le premier qui répondrait exacte-
ment à la question serait nommé mayeur.

*) Mayeur, bourgmestre, maire. Namur, ville re-
nommée pour les plaisanteries grasses qu'on y raconte,
paraît-il, de préférence à tous les jeux d'esprit les plu»
désopilants. Voir du reste ci-dessus p. 37 et suiv.


CHEZ LES WALLONS DE BELGIQUE. 113 .

Une demi-douzaine de candidats seulement
osèrent affronter le concours.

Or les derrières étant en place, nos homme»
restèrent tous perplexes — tous, sauf un, qui,
brusquement s'avança et désignant un cul,
s'écria: „Voila le cul de ma femme."

Et en effet, vérification faite, c'était le cul
de sa femme. U fut donc élu mayeur.

Quand on lui demanda à quel signe il avait
aussi vite reconnu le fessard de sa moitié, il
répondit modestement:

— C'est que, voyez-vous, nous avions mangé
hier soir de la soupe verte. Et il en restait
au bord du trou._

38. Le paysan et la truie.

Un paysan, à la foire, marchande des
cochonnets.

Il ne veut pas celui-ci parce qu'il est trop
gras, celui-ci parce qu'il est trop grand,
celui-ci parce qu'il est trop maigre ...

— Eh bien, dit le marchand, je vous con-
duirai la truie. Vous les ferez comme vous
les voudrez ! ... _

39. Le chat.

Un paroissien confesse à son curé qu'il a
affaire avec son chat.
Kqvtix. VIII. 8


114 CHEZ LES WALLONS DE BELGIQUE.

Le révérend lni pose quelques questions
pour apprécier, au degré de volupté res-
sentie, l'importance de la pénitence à infliger.

Quand il est renseigné sur les détails du
cas, il donne l'absolution.

Quelques mois après, le même pénitent se
représente:

— A propos, comme faisiez-vous donc avec
votre chat pour l'empêcher de vous griffer?

— Ah! mais, dit le paysan, je l'avais in-
troduit dans un panier.

— Fallait le dire, alors ! J'ai voulu essayer
et j'ai eu les couilles tout égratignées.

40. Le veau.

Un jeune homme allait se marier. Comme
il n'avait jamais rien fait, ni avec sa fiancée,
ni avec aucune autre, il avait un peu peur.
Il confia ses craintes à un vieux marchand
de vaches qui avait dans le village une grande
réputation de sagesse. Celai-ci lui conseilla
d'aller la nuit en cachette faire ses premières
armes avec un veau superbe qu'il venait de
vendre à un voisin.

„Bon courage", lui dit-il. „Vous verrez,
c'est plus facile que vous ne pensez. J'espère
qu'à ma prochaine tournée, vous serez marié
et que tout se sera bien passé."


CHEZ LES WALLONS DE BELGIQUE. 115

Un mois après, le bonhomme revient et va
Toir le jenne homme.

— Eh bien, dit-il, le mariage va-t-il?

— Je ne suis pas marié.

— Pourquoi?

— Je ne me marie plus: j'ai acheté le
теап, c'est moins coûteux qu'une femme.

41. Mot d'enfant.

La veille des noces de la grande sœur, la
petite sœur demande à sa maman:

— Mais, maman, qu'est-ce que c'est, le
mariage ?

— Ma fille, c'est un malheur.

— Et qu'est-ce donc qui va arriver à
ma sœur?

— Son mari lui frappera ses fesses
chaque jour.

Le lendemain, au banquet, la petite sœur
dit à la grande:

— Toi, d'abord, tu n'as pas besoin d'être
si contente. Je sais ce que c'est, moi, le
mariage. Gare à ton cul, ma sœur, gare à
ton cul !...

8*


116 CHEZ LES WALLONS DE BELGIQUE.

42. La femme qui ne comprenait pas

le flamand.

De pauvres gens voient un jour arriver
chez eux un soldat qui regagnait son village,
ayant fini son temps.

C'était un Flamand, et ils parviennent à
comprendre qu'il désire trouver chez eux
l'hospitalité pour la nuit.

— Comment ferons-nous, dit l'homme. Nous
n'avons qu'un lit. . .

— Qu'il dorme avec nous, répond la femme.
Il ne sera pas dit que nous aurons laissé
dehors un pauvre soldat mourant de fatigue.

Ainsi fut fait. Les deux hommes entrèrent
au lit, et donnèrent à la femme la place d'hon-
neur, entre eux deux.

Au milieu de la nuit, le mari est éveillé
par des mouvements insolites imprimés au
sommier. Il dit à sa femme:

 Dji creus qu'i Vahesse, mi, Vflamind.
Dis-l\ on y au de d'mani keu.

 Dji n'sâreuê, mi, dit-elle, dji n'a co
mâye 8avu l'flamind!*)

*) „Je croit qu'il te chevauche, moi, le flamand.
Dii-lui un peu qu'il reste tranquille." — „Je ne pourrait
pas, moi, je n'ai jamais su le flamand."


CHEZ LES WALLONS DE BELGIQUE. 117

43. Réflexion d'une „madame'*.

Madame, sur le perron du château, regarde
ce qui se passe dans la cour de la ferme.

Justement, on vient d'amener une grosse
cavale du village, vers l'élégant étalon de
luxe qui conduit Madame à la ville. L'étalon
essaie de satisfaire la jument, il essaie, et
ne peut la couvrir.

A ce moment, le ronsin (étalon) du fermier
revient du travail avec la charrue. La ca-
vale le fait hennir et le met de suite en
érection. On la présente au dur ronsin, qui
la couvre tout de suite.

Alors, madame soupire :

— Que les femmes des ouvriers sont heu-
reuses! ... dit-elle.

44. Le rajeunisseur de femmes.

Un facétieux compère se trouvant sans le
sou à Paris se met à crier par les rues:

— Voyez, voyez: voilà le rajeunisseur des
femmes !

U criait si fort qu'une masse de femmes
viennent sur leur seuil.

— Voilà le rajeunisseur de femmes! crie
notre homme de plus belle.

— Qu'est-ce qu'il dit ? demande une vieille
madame à sa servante.


118 CHEZ LES WALLONS DE BELGIQUE.

— Il dit qu'il rajeunit les vieilles com-
mères.

— Pas possible! dit la madame. Faites-le
venir, Catherine.

On fait venir le rajeunisseur.

— Est-ce vrai, dit la madame, que vous
rajeunissez les femmes?

— Rien de plus vrai. Je vous ferai re-
venir à l'âge que vous voudrez, ça dépendra
du prix.

— Eh bien, je choisis trente ans: c'est â
cet âge que j'étais la plus heureuse, que mon
mari, le pauvre cher homme, se montrait le
plus empressé.

— C'est vingt francs.

— Et moi, dit la servante, je demande à>
avoir vingt ans, l'âge où je l'ai perdu (le
pucelage).

— Pour vous, ce sera dix francs. Main-
tenant, écoutez bien. Vous allez me donner
les trente francs, un œuf, et une queue de
veau. Après cela, vous monterez au grenier
et vous vous déshabillerez toutes deux comme
des vers. Vous, madame, vous placerez la
queue de veau à l'endroit que je vais vous
indiquer (il lui dit un mot à l'oreille). Et
vous, Catherine, vous mettrez l'œuf à la
même place. Vous resterez ainsi sept heures


CHEZ LES WALLONS DE BELGIQUE. 119

d'horloge, sans bouger et sans dire un mot.
Sinon, je ne réponds de rien.

Là-dessus, le bonhomme s'enfuit et court
encore.

Une heure après, Monsieur revient avec
son domestique. Comme ils ne voient per-
sonne an logis, ils cherchent partout; et
pendant que Monsieur va à la cave, le do-
mestique va au grenier.

Tout-à-coup, celui-ci descend ventre à terre
l'escalier et crie:

— Monsieur, Monsieur, venez donc. Je
les ai. L'une est en train de pondre et
l'autre en train de vailer*).

45. Les artifices des filles.

Une jeune fille était sur le point de se
marier.

Comme sa jeunesse ne s'était pas écoulée
sans aventures passionnelles, elle voyait avec
appréhension venir l'heure où elle devrait
fournir à son mari la preuve de sa virginité.

Elle confia ses craintes à de bonnes amies,
expertes et rouées. Mais cela ne l'avança
guère, car tous les subterfuges qu'elles lui

*) Vailer, se dit d'une vache qui donne si vai,
son veau. En français: vêler.


120 CHEZ LES WALLONS DE BELGIQUE. /

signalèrent n'avaient par été sans causer du
dommage ou sans être découverts*).

Elle était surtout préoccupée de la largeur
de son orifice. Hélas! se disait-elle, si mon
homme n'est pas bâti comme un cheval, il
sentira bien que j'ai abusé de la bagatelle.

Un de ses amants — un étudiant sans
doute — lui donna ine poude po raseètcht,
„une poudre pour contractertt, un astringent.
Elle fit l'expérience, et voilà que pendant
tout une journée, elle ne put pisser.

C'était encore là un fort mauvais moyen.

Une matrone bienveillante lui conseilla d'user
d'une oreille de porc, dont l'ouverture assez
étroite donnerait à son homme l'illusion désirée.

La nuit de noces venue, l'affaire se passa
suivant les rites. La femme s'endormit la
première, et l'homme, pas trop fâché de pou-
voir se renseigner sur le conin de sa femme,
lui passa avec précaution la main entre les
deux jambes.

Il découvre le morceau et s'étonne un peu
de voir les dimensions de ce pucelage. Con-
tent tout de même, il le dépose sur la chaise
à côté du lit, et s'endort à son tour.

*) On intercale ici lei traits qu'on a lus ci-dessus
t. VII, p. S à 5 dans les contes flamands noa 3 et 4,
fort populaires aussi en Wallonie.


CHEZ LES WALLONS DE BELGIQUE. 121

La matin, la femme, tôt levée, s'empresse
de faire disparaître le corps du délit.

Le mari, s'éveillant à son tour, effrayé de
ne plus rien voir sur la chaise, sort vivement
du lit et, appelant sa femme:

 Marèye! Marèye! dit-il, courez vite après
le chat : il a emporté votre conin !...

46. Passez l'éponge!

Dans nne pauvre cure, dans un pauvre
village, vivait un très pauvre curé.

Un jour, monsieur le doyen annonce sa
visite. Grand branle-bas à la cure pour
assurer à ce visiteur de marque le plus grand
des conforts. L'imagination de Marèye et
puis celle du bedeau sont mises à con-
tribution. On nettoie la maison et Гоп orne
l'église.

Au milieu de ces préparatifs compliqués,
le curé, pris d'un petit besoin, se rend au
buen-retiro et s'aperçoit que cette chiotte est
bien primitive et misérable pour recevoir
éventuellement la visite du doyen.

Il appelle son clerc et lui dit:

— Noue ne pouvons pas, du jour au lende-
main, remplacer la chiotte. Mais, au moins,
que Monseigneur y soit à l'aise. On m'a dit
qu'à la ville, on s'essuie le cul avec du papier.


122 CHEZ LES WALLONS DE BELGIQUE.

Vous vous cacherez sous la planche, et quand
le cul de monseigneur aura terminé sa
besogne, vous passerez délicatement dessus,
l'éponge que voici.

Le graud jour arrivé, monseigneur sent, à>
la fin du repas, le naturel besoin de s'isoler
un peu. Il va à la chiotte et se soulage
consciencieusement.

Profond est son étonnement quand il sent
le passage de l'éponge. Il se retourne vive-
ment pour se rendre compte du mécanisme.

Mais le clerc, à l'aspect de la grosse figure
rouge, croit voir réapparaître le cul de mon-
seigneur, et il repasse l'éponge.

On ne dit pas si monseigneur goûta beau-
coup cet excès de zèle.

47. Celui qui en avait deux*).

Un jeune garçon — le coq du village —
se vantait auprès des filles qu'il avait deux
bonnes pines. Et, pour le prouver, il faisait
sentir son vit tour à tour au fond de cha-
cune de ses deux poches trouées. Les filles,
dans leur émoi, étaient prises à ce stratagème,
et raffolaient naturellement du beau garçon
si bien monté.

*) Voir ci-dessus p. 22, no 53, une première facétie
■ur les hommes à deux pines.


CHEZ LES WALLONS DE BELGIQUE. 123

Or, un jour, il se maria, et, la première
nuit, il joua si vaillamment de la pine, que
sa femme, à la première heure du matin,
voulut jouir de l'autre. Elle s'aperçut alors
qu'il n'y en avait qu'une — et peu vaillante,
pour comble!

— Où est l'autre, dit-elle.

— Vous devriez savoir, dit-il, que quand
on se marie, on doit livrer sa seconde pine-
au curé qui la garde jusqu'au moment où la
première sera usée.

Cette parole ne tomba pas dans l'oreille
d'une sourde. Et, aussitôt le mari parti à
son métier, la jeune femme s'en alla rechercher
la pine n° 2.

Le curé, naturellement, lui servit chaud
l'objet qu'il détenait.

Et la dame, satisfaite, ne put s'empêcher,
au retour, de dire à son mari:

— Imbécile! pourquoi est-ce justement la-
meilleure que tu as remise au curé? ...

48. Encore un qui en avait deux.

Un jeune marié, excédé par les exercices-
que sa femme exigeait de lui, parvint à la
convaincre qu'il avait deux pines: l'une, la
grosse, celle qu'on suce; et puis l'autre, la


124 CHEZ LES WALLONS DE BELGIQUE.

petite (l'index du mari) celle qui chatouille
si joliment.

Pendant quelque temps, la femme se con-
tenta. Quand le mari se trouvait mal en
point, il jouait de la petite, et la femme se
déclarait tout de même satisfaite.

Mais on jour, comme il l'avait caressée pour
rire et pour de bon, la femme lui demanda de
combiner les deux petits jeux, et de lier les
deux pines ensemble avec une ficelle.

Alors quoi? Le mari fut bien attrapé.

Ce petit conte nous confirme qu'il est dan-
gereux de se vanter — et que les femmes
sont insatiables.

49. Les fumeuses.

On est dans la semaine qui précède Pâques.
Xes jeunes filles du village défilent devant le
confessional.

La première dit: J'ai fumé.

— Ce n'est pas bien, dit le curé un peu
étonné. Mais enfin, on peut pécher plus fort
-que cela. Allez en paix, et ne péchez plus.

La seconde dit: J'ai famé.

— Vous aussi? C'est un petit péché. Vous
direz cinq Ave et це recommencerez plus.

La troisième dit: J'ai fumé.


CHEZ LES WALLONS DE BELGIQUE. 12&

— Encore? Mais qu'out-elles donc toute*
à faire l'homme!

— Je n'ai pas fait l'homme, dit la fillette
scandalisée. C'est bien Joseph qui était
dessus !

Exclamation du curé ! On s'explique. Fumer,
pour ces naïves enfants, c'était faire l'amour.

Aussitôt le confesseur sort la tête et ap-
pelant les deux premières:

— Psstt! peett! venez, je sais, j'ai retrouvé^
votre pipe.

50. Le fumeur.

L'enfant dé gens très riches est amourachée
d'un brave ouvrier un peu rustre. Elle en
est affolée, elle „court après lui44, elle „s'use-
rait les jambes jusqu'au cul" à la poursuivre.
U y a péril en la demeure.

•Mais, aux yeux des parents, il est né-
cessaire de faire l'éducation de ce beau mâle,.
de l'élever à la hauteur de sa nouvelle si-
tuation.

D'abord, il doit abandonner sa pipe, et
même ne plus fumer du tout. Cela n'est pas
distingué. Cela abîme les tentures. Et puis,
il crache .. .

L'homme promet. Le mariage a lieu. Une-
nuit, deux nuits, trois nuits se passent. Rien


126 CHEZ LES WALLONS DE BELGIQUE.

de neuf. La jeune femme se lamente. Sa
mère la questionne et appelle le beau mâle.

— Monsieur, lui dit-elle sévèrement, je vous
ai donné ma fille pour en faire votre femme
suivant les préceptes du Seigneur. Depuis
Totre mariage, vous ne l'avez même pas
touchée. Qu'est-ce que cela veut dire?

— Madame, dit-il, quand je ne fume pas,
rien ne va plus.

Toute liberté lui est laissée. A l'instant
même, il tire sa pipe et se met à fumer comme
un turc. Et le résultat ne se fait pas at-
tendre. Vite, vite, il faut aller au lit.

La jeune personne est au comble du
bonheur.

Le soir, rentre le beau-père.

— On a fumé, dit-il. Qui est-ce?

— C'est Joseph, dit la belle-mère. Je lui
ai donné la permission.

— Comment, dit-il, vous avez . ..

— Eh oui! dit-elle d'un ton rogne. Et il
ne serait pas mauvais que vous fumiez
aussi... _

51. La métempsycose.

Un mari lisait à sa femme un article de
gazette où il s'agissait de la métempsycose.

— Qu'est cela? dit la femme.


CHEZ LES WALLONS DE BELGIQUE. 127

— On prétend, répond-il, qu'une foie mort
on „revient à bête". Ainsi, supposition: je
reviens à taureau, et toi à vache.

— Non, non, dit la femme, cela ne m'irait
pas: une ou deux fois par an seulement, au
lieu de trois fois par semaine ... Et vous,
Joseph?

— Moi, je m'en fous ! dit le mari qui était
en ce moment très fatigué .. .

52. Sous les ponts.

U fait un froid de loup.
Deux raccrocheuses*) se rencontrent. Elles
sont en haillons.

L'une dit: Il fait froid.

— Et par un temps pareil, dit l'autre, ces
cochons d'hommes ne pensent guère à l'amour.

— Ne m'en parle pas. Je n'ai fait cette
nuit qu'un petit coup de trente centimes.

— Tu as de la chance. Moi, j'ai déjà été
bien heureuse d'en faire un pour rien du tout.

*) Raccrocheuse, femme publique qui raccroche lea
passants. Le mot est français (cf. Dictioun. général, de
Hatzfeld et Darmesteter. Paris, Delagrave). Le Wallon
ajoute cette nuauce, que la raccrocheuse est à la fois
gagne-petit et crapuleuse, se livrant même dans la
rue, ou masturbant l'homme contre un arbre, dans une
encoignure de porte, etc.


128 CHEZ LES WALLONS DE BELGIQUE.

— Pour rien ? . . .

— Il est si bon, par nn temps pareil de
se mettre quelque chose de chaud dans la
panse !...__

63. Facétie politique.

Le cléricalisme et l'anticléricalisme ont
longtemps fait les frais de la politique en
Belgique et particulièrement à Liège. Aussi
le conte suivant est-il très populaire chez les
bourgeois, qui étaient seuls, jusqu'en ces
dernières années, pourvus du droit de vote.

Un jeune homme appartenant à une fa-
mille libérale aimait d'amour une personne
de famille très catholique et il était aimé
d'elle. Pour des raisons politiques, les deux
familles étaient à couteaux tirés. Aussi, *
grand scandale quand elles apprirent les
relations des deux jeunes gens. On les fit
comparaître, chacun de son côté, au tribunal
de la famille, et les objurgations n'ayant pu
qu'exaspérer leurs sentiments, des amis com-
muns intervinrent. On reconnut que le
mariage ne pouvait se faire que si les futurs
époux étaient décidés à se faire, au point
de vue religieux, de sérieuses concessions
réciproques. Par exemple, que Madame, très
croyante, continuerait à aller à la messe;


CHEZ LES WALLONS DE BELGIQUE. 129

que Monsieur l'y conduirait de bonne grâce,
mais que Madame ne chercherait pas à y
entraîner Monsieur, etc.

Les amoureux promirent tout ce qu'on
voulut. Et on les maria.

Le premier soir, sitôt seuls, les jeunes
époux cherchèrent à se rassurer sur leurs
intentions réciproques.

Le mari, portant les mains à la poitrine
de sa femme, dit plein d'émpi:

— Vivent les saints!

Et madame répondit en rougissant:

— A bas la calotte! *)

Ce furent là leurs premières concessions à
la théorie de l'époque.

VIII.

Devinettes.

1. Qui est-ce qui s'pormône avâ totes les
feummes avou s'quette ès s'main?

*) Il est bon de dire, pour le lecteur étranger, qu'il
y a ici deux calembours : 1<> saints se prononce comme
Seins : 20 calotte est un sobriquet injurieux par lequel
le peuple désigne les hommes d'église et, par extension,
la religion catholique; et c'est en même temps une
métaphore pour désigner le prépuce tant qu'il recouvre
le gland.

Kçvm. VIII. 9


180 CHEZ LES WALLONS DE BELGIQUE.

(Trad.: Qui est-ce qui se promène parmi
les femmes avec sa pine*) en main?)

— Le curé qui quête.

2. Dji yens on haut pin don
Avon des birloques ft cou
Dj'el hére ès m'crin
Hein! hein! qn'ça fait dè bin.
(Trad.: Je vois un haut pendu — Avec des
breloques au cul — Je le fourre dans ma
fente — Ah! que cela fait du bien!)

— Il s'agit d'une grappe de raisin que
l'on coupe et que l'on mange.

* * *

3. Qwè est-ce qu'on parlî ni sâreut sa vu?
(Trad.: Qu'est-ce qu'un avocat ne pourrait
savoir?)

— C'est de deviner si une femme accroupie
pisse ou si elle chie.

*

4. Sintez-me les poyètches
Sintez-me li cou
Sintez si l'intrêye vis convint
Et puis tchôquî vosse tiesse divins.

*) En waUon ine quette c'est à la fois une pine (тоіг
ci-dessus p. 17, no 44) et le produit d'une quête, d'une
oollecte. Le même jeu de mots se retrouve ci-après
à la devinette no 22.


CHEZ LES WALLONS DE BELGIQUE. 131

(Trad.: Sentez-moi le poil — Sentez-moi
le cnl [on: le fond] — Sentez si l'entrée vous
convient — Et puis introduisez votre tête
dedans.)

— Un homme qui essaie un chapeau: il
sent le poil, puis le fond, täte rentrée, fourre
sa tête dedans.

*

5. Dji so blanque et hin faite
Dji so faite po siervi l'homme
Et tot l'siervant dji sos disfaite.
(Trad.: Je suis blanche et bien faite — Je
suis faite pour servir l'homme — Et en le
servant je suis défaite.)

— La chandelle.

6. a) Mossieu entre

Madame tremble.
Mossieu pique
Et pousse dedans.

— Un médecin qui pratique une saignée à
une dame.

b) Madame relève sa chemise
Monsieur fait pik! et pousse.

— Même sens.

7. Madame monte ès haut
Mossieu l'sût

9*


182 CHEZ LES WALLONS DE BELGIQUE.

I H boute divins

Elle brait: Aïe! ti m'fais dè ma!
— Trop tard! il est d'vins.
(Trad.: Mme monte en baut [à l'étage] —
M* la suit. — Il le lui introduit dedans —
Elle crie: Aïe! tu me fais du mal! — Trop
tard! il est dedans.)

— Une dame essaie des souliers.

8. Ine feumme achite so s'trau, louque si
trau. Ah! trau, trau, di-st-elle, dj'a bé
dandjî d'ine homme! C'est dammadje qu'is
sont si tchîrs !...

(Trad.: Une femme assise sur son trou, re-
garde son trou. Ah! trou, trou, dit-elle, j'ai
bien besoin d'un homme! C'est dommage
qu'ils sont si chers!.. .)

— Une femme assise, regarde le toit troué
de sa maison et se plaint que les couvreurs
se font payer si cher.

9. Dji va ès fond di m'cot'hai
Dji veu des belles mam'zelles
Dj'elzî trosee leu panai
Dj'elzî veus leue ouhai.
(Trad.: Je vais au fond de mon jardin — Je
vois de belles demoiselles — Je leur trousse
le pan de la chemise — Je leur vois leur
oiseau.)


CHEZ LES WALLONS DE BELGIQUE. 133

— Au fond du jardin je vois des cosses;
je soulève l'enveloppe, je vois les fèves.

10. Qwè est-ce don ...?
Qui n'a nin des pîds

et qui e'iîve tot dreut
Qui n'a nin des mains

et qui bodje si calotte
Qui r'nârdêye

et qui n'a nin mà s'coûr.
(Trad. : Qu'est-ce donc.. ? — Qui n'a pas
de pieds et qui se dresse — Qui n'a pas de
mains et qui ôte sa calotte [le prépuce] —
Qui vomit et qui n'a pas mal au cœur?)

— Le vit.

11. Bondjoû, madame, avou voste indjin.

Bondjoû, monsieur, avou çou qui v'pind.

Ni m'prustrîz-ve nin vosse poyou hangar

Po mette mi rossai houzftr?

N'est nin poyou, '1 est tot pelé

Herrez-le divins, si vos volez.
(Trad.: [Dialogue:] Bonjour, madame, avec
TOtre engin. — Çonjour, monsieur, avec ce
qui vous pend. Ne voudriez-vous pas me
prêter votre hangar poilu — Pour y mettre
mon roux hussard — Il n'est pas poilu, il
est tout pelé. — Fourrez-le dedans si vous
voulez.)


134 CHEZ LES WALLONS DE BELGIQUE.

— Une femme, mnnie d'nn râteau, échange
des salutations avec un soldat portant l'épée.
Celui-ci demande â laisser paître son cheval
dans le pré. Elle répond que le pré est
pelé (tondu, fauché) et qu'il peut y introduire
l'animal.

12. Divant d'intrer ès trau

Deure comme on cl ft

Elle fait fritch ! quand elle est d'vins.

Quand elle est foû, elle pind.
(Trad.: Avant d'entrer dans le trou —
Dure comme un clou — Elle fait frrrt! quand
elle est dedans — "Quand elle est dehors,
elle pend.)

— La clef qui fait frrt! dans la serrure,
et retombe quand on l'en tire.

13. Vosse neûr tacon, nosse dame;
Vosse rend baston, noste homme.
Qwand dj'èl mette d'vins i halcotte
Qwand dj'èl tire foû i disgotte.
(Trad.: [Dialogue:] Votre noire plaque,
madame; — Votre raide bâton, monsieur —
Quand je le mets dedans il branle — Quand
je l'en tire, il dégoutte.)

— La louche, bâton raide, dans la marmite
à fond noirci par la fumée (plaque noire):
quand la louche entre dedans, elle se remue,
quand elle en sort, elle dégoutte.


CHEZ LES WALLONS DE BELGIQUE. 186

14. Vinte conte vinte
Main so cou
On p'tit boquet d'tchâr
Es tran findon.

(Trad.: Ventre contre ventre — Main sur
cul — Un petit morceau de viande — Dans
le trou fendu.)

— Une femme allaitant son enfant.

15. Qwè est-ce qui nollu n'sâreût vèye,
et qu'on lî droûve li pwette à deux battants ?

(Trad.: Qu'est-ce que nul ne saurait voir
alors qu'on lui ouvre la porte à deux
battants ?)

— Le pet.

16. Ine saqwè qu'on piède avâ les vôyes et
qu'nollu n'sâreût vèye?

(Trad.: Une chose qu'on perd en chemin
et que nul ne saurait voir?)

— Le pet.

17. Mettriez-vous bien un pet dans l'em-
barras ?

— En le faisant dans un crible, il ne saura
par quel trou sortir.

18. Je frappe à la porte. Si l'on me répond,
je n'entre pas. Si l'on ne me répond pas,
j'entre.

— Au water-closet.


186 CHEZ LES WALLONS DE BELGIQUE.

19. Marmite de bois, couvercle de viande.

— Le buen-retiro.

20. Trou sur trou, le trou est bouché.

— Le petit endroit.

21. Trou sur trou, chandelle qui pend.

— Le no 100.

22. Qwate qwernettes
Et ine findette
Po mette li quette.
(Trad.: Quatre coins — Et une fente —
Pour mettre la pine [ou le produit de la
quête].)

— Une besace.

28. Qu'est-ce qui dort entre deux culs et
qui a toujours froid?

— Le contenu du tonneau, qui est entre
deux fonds, „culs" en wallon.

24. Les djônes mariés
N'vont mâye ès lét
Sins avu Vchôse
Es trau h erré.
(Trad.: Les jeunes mariés — Ne vont ja-
mais au lit — Sans avoir la chose — Dans
le trou introduite.)

— Les jeunes mariés ne vont jamais au
lit sans avoir le verrou fourré dans son trou.


CHEZ LES WALLONS DE BELGIQUE. 137

25. Dji m'èva so l'câvâ
Avon n'madame tote nowe

Dji lî lîve li pai

Dji lî yens s'nawai.
(Trad.: Je m'en vais au grenier — Avec
une dame toute nue — Je lui lève la peau
— Je lui vois son noyau.)

— Au grenier, je soulève le suif de la
chandelle, je vois le noyau (coton).

26. Cousin va so (sur) cousine
Quand cousine est pleinte (pleine)

Cousin va djus (en descend).

— Un entonnoir sur une bouteille.

27. Je mets Mon-oncle sur Ma-tante
Et je ne retire Mon-oncle

Que quand Ma-tante est pleine.

— Même réponse.

28. Nous irons au Lion d'or
Nous ferons ce que vous savez
Nous mettrons poilu sur poilu
Et le petit joyeux dans son trou.

— Nous irons au lit, cils contre cils, l'œil
au milieu.

29. Long, long comme un bâton,
Poilu, poilu comme une souris,
Les femmes en demandent,
Les hommes en donnent.

— Le goupillon et l'eau bénite.


138 CHEZ LES WALLONS DE BELGIQUE.

30. Li curé d'Pjoupèye

Qui tint si affaire à pougnèye. ,
Qwand el tchèque divine, і frotte
Et qwand el sètche foû, i gotte.
— Le curé de Jupille (petit village près
de Liège) tient son objet à poignée ; quand il
l'introduit dedans il frotte ; quand il le retire
il goutte (le goupillon).

On dit en commun dicton: tenir quelque
chose à pougnèye comme le curé de Jupille
Et en Ardennes, à pougnie comme le curé de
Tintigny (près d'Arlon).

IX.

Jeux de mots.

Le Wallon facétieux aime à proposer à ses
amis de prononcer ou de répéter l'une ou
l'autre phrase assez innocente, mais si diffi-
cile à bien dire que, par quelque contre-
petterie, elle amènera presque infailliblement
un texte graveleux. Ce jeu est assez connu
chez les enfants. Voici, indépendamment de
la phrase en français signalée ci-dessus p. 29,
lignes 4e et suivantes, quelques exemples qui
ont leur place ici.

1. Les poyes dè curé volet ponte „les poules
du curé veulent pondre*4. Mal prononcé, cela


CHEZ LES WALLONS DE BELGIQUE. 189*

donne: Les coyes dè curé volet conte „lefr
conilles du curé volent contre .. .tt

2. Ine poye qu'est so Vteut
Qui crohe des crous peu s.
Crohe, poye, peu s crousі

Trad.: «Une poule qui est sur le toit —
Qui croque des crus pois. — Croque, poule,,
pois crus.*4

Bien entendu, c'est encore ici le mot coye-
„couille" que l'on attend.

3. On blanc colon so Vblanc hayon.
Deux blancs colons so Vblanc hayon.
Treus blancs colons .
.. etc.

C'est-à-dire: «Un (ou deux, ou trois, etc>
blancs pigeons sur le blanc échelon."

Ici, c'est le mot croyon, qui ne manque
pas de survenir.

4. On p3ti homme qu'est dto Vpont
Qui vind des cowettes et des corons.
Si les cowettes si mouyet
Les corons s'mouyeront.
Trad.:
«Un petit homme qui est sur le
pont — Qui vend des cordonnets et des bout»
(de corde, de ficelle, etc.). — Si les cordon»
se mouillent, — Les bouts se mouilleront."

Les deux premiers vers de ce quatrain
n'ont rien de particulièrement dangereux à.


140 CHEZ LES WALLONS DE BELGIQUE.

répéter. Mais le dernier, avec corons, et sa
diphtongue ouye, amène le plus souvent la
contrepetterie attendue: les coyons, les couilles.

* . *

Dans le même ordre d'idées, on donne à
traduire en wallon: Je n'ai jamais eu si
froid mes doigts qu'aujourd'hui. Cela donne :
Dji n'a jamais avu si freud mes deux qu'oûye
(couyes).

Ou bien l'on propose de dire à rebours : Nin
co si ma.
Cela donne: mâsst conin (sale con).

* *

Le langage usuel possède aussi quelques
saints facétieux, par exemple Ste Elise, dont
on dit: S*e Elise quête, ce qui se comprend:
sintez-Tx s'quette (sentez-lui son vit). La phrase
wallonne Ste Elise keuse, traduite en français,
donne: Ste Elise coud, ce qui pour des
oreilles wallonnes, peut se retraduire: Sintez-lt
s'cou,
sentez-lui son cul.

S* Elie, Ste Emelle. A une jeune fille qui
part en voyage on dit pour la faire rire
qu'elle va sans doute à Saint Elie, Ste Emelle
(sentez-le lui, sentez-le-moi).


CHEZ LES WALLONS DE BELGIQUE. 141

X.

Croyances physiologiques.

1. On croit que le plat de céleris augmente
la faculté génésique chez l'homme. Au
marché, on entend souvent répondre aux
vendeuses qui offrent ce légume: Merci Dieul
mon homme n'a pas besoin de cela.

2. On prétend que si la femme fait une
profonde inspiration au moment de l'éjacu-
lation, elle concevra ou donnera la chaude-
pisse à l'homme.

3. Quand la jouissance du coït a été plus
profonde chez l'homme, le fruit sera un garçon.
Si c'est la femme qui a joui le mieux, elle
accouchera certainement d'une fille.

4. Une femme qui a bien joui la nuit
craint de rencontrer l'accoucheuse: ce serait
mauvais signe, la conception s'accomplirait.

5. Quand la jouissance arrive en 'même
temps chez l'homme et chez la femme, celle-ci
concevra. On voit souvent des femmes ex-
pliquer par là leur immunité: J'attends,
disent-elles, que cela s'en aille après mon mari.
Cet état d'esprit s'explique par la croyance
au sperme de la femme, dont le mélange avec
le sperme de l'homme serait, dans l'esprit
du peuple, nécessaire à la conception.


142 CHEZ LES Vf ALLONS DE BELGIQUE.

6. Poor ne pas être enceinte, il suffit, après
le coït, de s'asseoir sur un seau d'eau froide
et de rester quelques instants dans cette
position *).

7. La femme qui désire savoir si elle est
•enceinte doit laisser reposer son urine dans
le vase. Le troisième jour, si elle voit à la
surface du liquide des „oeils" comme ceux du
bouillon, c'est que la femme est réellement
enceinte.

8. La femme qui croit avoir été „prise"
dans la première quinzaine du mois accou-
chera d'un garçon. Si elle a conçu dans la
seconde quinzaine, elle accouchera d'une fille.

9. Pour savoir de quel sexe est l'enfant,
on fait asseoir la femme enceinte ; l'opérateur
applique ses mains sur les genoux de la
femme et presse légèrement. S'il perçoit un
léger recul de la jambe gauche, c'est que
l'enfant est du sexe féminin.

10. Femme enceinte qui souffre de l'esto-
mac aura une fille: ce sont les cheveux de
l'enfant qui remontent „au cœur" et pro-
voquent des nausées.

— Si elle souffre du pyrosis, on dit que
les cheveux de l'enfant poussent.

*) Cette croyance est à rapprocher d'un usage signalé
«i-dessus p. 7 (voir la note).


CHEZ LES WALLONS DE BELGIQUE. 143

11. Si la femme enceinte boit nue petite
goutte chaque jour ayant de se coucher, son
enfant aura la peau très blanche.

12. Si la femme enceinte s'astreint à boire
beaucoup d'huile, elle accouchera facilement.
Dans les derniers temps, les femmes du
peuple mangent une salade à l'huile avant
de se coucher: c'est, dit-on, le bon moment.

13. Si la femme enceinte mange beaucoup
de pommes de terre, son enfant aura une
trop grosse tête.

14. Si une femme enceinte trébuche par
hasard et tombe à genoux, c'est un signe
certain qu'elle accouchera d'une fille. Si elle
tombe de son long ou ne tombe pas du tout,
elle donnera un garçon.

15. Une femme enceinte qui enlaidit, dont
le visage est roux, „qui a le masque", en un
mot, accouchera d'une fille. Si son teint
est rosé, si ses traits restent agréables, elle
donnera un garçon.

16. La femme enceinte ne doit pas pisser
sur des plantes, sinon elle les fait mourir.
On croit du reste que son haleine empoisonne
et qu'elle ne doit, par conséquent, pas baiser
un enfant.


144 CHEZ LES WALLONS DE BELGIQUE.

17. On croit que le dessin de l'objet désiré
par nne femme enceinte se reproduit à un
endroit du corps de l'enfant, correspondant à
celui où la mère se touche au moment du
désir ou tout de suite après. Aussi con-
seille-t-on aux femmes de se toucher au cuL
Les gens bien élevés préfèrent conseiller de
plonger le bras dans un seau d'eau.

18. Quand une femme a l'habitude de
s'asseoir en croisant les jambes, on lui re-
commande de ne pas faire cela pendant sa
grossesse, car l'enfant viendrait avec le cor-
don autour du cou.

19. Enfant naissant à sept ou à neuf mois
vivra. S'il naissait à huit mois, il mourrait
bientôt.

20. Quand la femme venant de donner son
fruit est prise de frissons, c'est qu'elle guérira
normalement.

21. Un enfant qui naît la nuit a été pro-
créé la nuit. Quand il naît le jour, il a été
procréé le jour: on plaisante la mère sur
ce fait.

22. Si l'enfant vient les pieds en avant, il
ne vivra pas longtemps.

28. Les enfants roux ont été procréés pen-
dant la période cataméniale.


CHEZ LES WALLONS DE BELGIQUE. 145

24. Les femmes qui allaitent ne „re-
-tomberont pas enceintes" avant le sevrage
de leur enfant.

25. L'attouchement de la vulve d'une enfant
par le membre malade guérit la chaudepisse
on gonorrhée chez l'homme.

26. Pour sè guérir de la vérole, il faut
„aller avec* (coïter) sa mère. Le peuple
croit fermement que ce remède est infaillible,
mais qu'il est le seul.

27. Les jeunes filles ont des moyens secrets
pour susciter l'amour chez l'homme. L'une
cherchera à faire manger par celui qu'elle
aime un bonbon qu'elle a porté sous le bras
pendant un certain temps, afin de l'imprégner
de sa sueur; une autre lui fera fumer un
cigare qu'elle a tenu sous le sein gauche,
dans le même but. Le sang menstruel inter-
vient dans des pratiques semblables. La jeune
fille qui parvient à tremper dans la boisson
qu'elle destine à son amoureux, un linge
chargé d'une simple goutte de son sang men-
struel, est convaincue que l'affection de son
amant se rallumera ou redoublera. Suivant
que les amours sont libres ou honnêtes, la
jeune fille croira que son amoureux n'aura
alors de repos qu'il ne l'ait possédée, ou qu'il
ne l'ait épousée.

Kçvm. VIII. 10


146 CHEZ LES WALLONS DE BELGIQUE.

Le rôle du sang menstruel comme suscitant
l'affection a été fortement étendu dans l'esprit
des femmes, si l'on en juge d'après le fait
suivant, parfaitement authentique. U y a
quelques années, une dame pria un professeur
de la Faculté de Médecine de Liège, de bien
vouloir analyser dans son laboratoire un
échantillon de lait qu'elle lui présentait, et
de rechercher s'il ne contenait pas de sang
menstruel: elle avait remarqué qu'à certains
époques, le lait se corrompait, elle avait
trouvé un bout de linge dans le pot, et elle
se figurait que la servante cherchait, par la
pratique secrète signalée ci-dessus, à s'attirer
l'affection de ses maîtres.

Le sang menstruel est encore réputé comme
remède. Tous les médecins liégeois qui ont
pratiqué dans le peuple, sachent que l'ingestion
de ce sang, pris chez une femme saine, passe
pour faire revenir les règles chez les ané-
miques. Similia similibus cur ant ur.


Table des traditions wallonnes.

page

I. Notes de vocabulaire......... і

1. L'organe féminin........ 3

2. Le clitoris........... 11

S. Le périnée........... 13

4. L'organe masculin........ 13

5. Lee nome du vit......... 15

6. Le scrotum........... 26

7. Les testicules.......... 26

8. Le sperme........... 28

0. L'ouverture du pantalon...... 30

10. Baiser nue femme........ 30

11. Supplément........... 37

JT. Dictons moraux et autres....... 40

UL Crâmignons............. *5

1. Les belles pîrettes........ 47

3. Li samain-ne.......... 49

3. Le conin à vendre........ 51

4. Les mains embrenées....... 52

5. L'étron de la béguine....... 54

6. Catherinette.......... 56

7. Le vieux curé de Paris...... 56

8. La servante .......... 58


148 TABLE DES TBADITIONS WALLONNES.

TV. Refrains de cràmignons....... 6*

У. Chansons du Jour des Bois..... es

VL Les airs importés.......... 66

VII. Contes et facéties.......... es

Vin. Devinettes............. ia»

IX. Jeux de mots........... 18s

X Croyances physiologiques...... ui


Die Zevgung
in Sitte, Braach end Glauben
der Sudslayen.

!• Lieder.

(Schlott.)

X.

Lieder sur Tambura und Bugarfja.

(Fortsetsimg.)

678.

Wie der Mönch um Minne wirbt.
Crn kalugjer Katu moli:

— Daj Kato, daj! Daj zlato, daj!

— Id odatle cmi vuèe a Sta da ti dam?

— Daj Kato, daj! Daj zlato, daj!

— Pnetiću te u avlijn, u kucu ne dam! »

— Daj Kato, daj! Daj zlato, daj!*)

— Pnstiću te i u kucu, u 8obu ne dam!

— Pnetiću te i u sobu, u krevet ne dam!

— Pnetiću te i u krevet, megj none ne dam!

*) Dieser Ausruf folgt auf jede weitere Bemerkung
des Mädchens, und bleibt hier nur um Baum su er-
sparen aus.


160

— Pustiću te i megj none, metuti ne dam! ю

— Pustiću te і da metes} vaditi ne dam!

— Pustiću te і da vadis, gledati ne dam!

— Daj Kato, daj! Daj zlato, daj!

(Aus dem Rudniker Bezirk in Serbien.)
Ein schwarzer Mönch bittet Eätchen: —
„Gewähr mir, Kätchen, gewähr! Gewähr mir,
Goldkind, gewähr!" — „Troll dich von hinnen,
schwarzer Wolf, — ta, was soll ich dir denn
gewähren?*4 — „Gewähre mir, Kätchen"
u. s. w. — „In den Hof werde ich dich ein-
lassen, ins Haus lasse ich dich nicht ein !" —
„Gewähr, Kätchen" u. s. w. — „Ich werde
dich auch ins Haus einlassen, in die Stube
nicht!" — „... auch in die Stube, ins Bett
nicht!" — „... auch ins Bett, zwischen die
Beinchen aber nicht !"—„... auch zwischen
die Beinchen, aber hineinzustecken erlaube
ich nicht!" — „Werde gestatten, auch hinein-
zustecken, doch herauszuziehen nicht!" —
„Werde erlauben, auch herauszuziehen, doch
nicht zu beschauen!" — „Gewähr mir, Kät-
chen, gewähr! Gewähr mir, Goldkind, ge-
währ!"

679.

Warum der Barsch die Witwe verschmäht.
Rasla jela na srjed Sarajeva,
od nje hlada do srjed Carigrada,


UND GLAUBEN DER SÜDSLAVEN. 151

pod njom sjedi zumbul udovica
i djevojka ramena ruźica.

Tud projeta Sarajlija Mate б
traźeć junak za se djevojaka.

Govori mu zumbul udovica:

— Uzmi mené, Sarajlija Mate!
odgovori Sarajlija Mate!

— Sto će meni grana ozobana, ю
Kad ja mogu crveni jabuka
neljubljenih, zubim negriźenih?

(Von einem Tamburaśen in Svib bei Imotsko
in Dalmatien; von einem mir befreundeten
Franziskaner aufgezeichnet.)

Im Herzen von Sarajevo wuchs eine Tanne,
— ihr Schatten reicht bis ins Herz von Kon-
stantinopel, — unter ihr sitzt Witwe Hya-
cinthe — und das Mädchen Rotröschen. —

Allhier erging sich Mato von Sarajevo, —
der Kämpe für sich ein Mädchen suchend. —

Spricht Witwe Hyacinthe zu ihm : — Nimm
mich, Mato von Sarajevo! — Entgegnet ihr
Mato von Sarajevo: — Was taugt mir ein
Zweig mit abgepflückten Beeren, — wenn ich
doch haben kann rother Äpfel *), — ungeköster,
von Zähnen unangebissener?

*) Roter Apfel, gewöhnliches Kosewort für ein rot-
wangiges Mädchen.


162 DIE ZEUGUNG IN SITTE, BRAUCH

680.

Die Nachrede.

— Aj dijete gjavole,

ne staj meni Da nogu

і па ëizme crvene!

Sat sn Ijudi gjavoli,

о svaèemu gov ore, 5

ponajvile о nama,

da smo se mi Ijabili;

a mi njesmo, Boga mi,

nego sinoc" і jnëe !

Ope éemo do veèe, ю

kad jedemo pogaèe!

(Vom TambnraSen Pero Lazarovic* zu Ćagja-
vica, Bosnien. — Das ist eigentlich ein Beigen-
liedchen, das der alte Tamburaspieler bloss
in sein Bepertoir aufgenommen.)

(Ein Mädchen spricht:) — 0 Kind, du
Teufel, — tritt mir nicht auf den Fuss — und
auf die roten Stiefeln! — Heutigentags sind
die Leute verteufelt, — sprechen von aller-
hand, — zumeist von uns, — dass wir ge-
kost; — wir aber thaten es nicht, bei Gott,
— bloss nächtens und gestern ! — Und wieder
werden wir es heut Abend thun — bis wir
Brotfladen gegessen!


158

581.

Wae eine Nackt hottet.

Simce sjeda a mesec se ragja,
sat se momak z djevojkom pogagja:

— Poeto konak, glavita djevojko?

— Tri forinta, kada mater pitam,
pet seksera, kad mater ne pitam! 5

(Im slavischen Savelande häufig. — Der Text
liegt mir auch in der geheimen Sprachweise
vor: Supunce paejedapa ара mepesepec sepe
rapagjapa n. s. w.)

Die Sonne geht unter und der Mond geht
auf, — jetzt unterhandelt der Bursche mit
dem Mädchen: — „Was kostet die Nacht-
herberge, schmuckes Mädchen?44 — „Drei
Gulden, wenn ich (vorerst) die Mutter be-
frage, — fünf Sechserl*), wenn ich die Mutter
nicht befrage!44

582.

Wie tie tu Fall kam.

Plava cura plavu kra vu muze
a momèe joj kurcem tele tuée**)
a gjevojka momku govorila:

*) Silbermünze, ursprünglich im Werte von 6 Kreuzern
Konventionemünze, späterhin der Name survival für ein
10 Kr.-Stück = 20 H.

**) Der Sänger erklärte von selber: ljoka.


DIE ZEUGUNG IN SITTE, BRAUCH

— Mlado momèe, zivota mi moga,
mol se Boga za gjavola sroga! &
da ti nejmas corova*) ljokaća — !
Dok ja mlada dogjem do mljekara

pa s fcivije prifatim tavicu,
razbiću mu corovu glavicu!
Momak curi gribeove**) każe: іо-

— Draga euro sto je Cudo bilo!
Ja sam skoro odlazijo

pa sam cudo nalazijo:
plava cura kravu rouze,
vidi joj se pola guze it

i pifcane nahusnice ***).
Pomoli se mladi momak,
na ruci mu erven kurac
pa gjevojku za skut hfata.
Cura majci kazivala: 20

— Mati moja, teska jada!
Ead me uze za rufcicu,

sad ja mislim dukat daje.

Kat podiże jednu nogu,

sad ja miel ja sjeme nosi. 2*

Kat podiże drugu nogu,

ja esablja nasijeva.

Kad uasloni erven kurac,

sad ja miel ja on se sali.

Kad me previ ko gndalo, «•

**) und ***) keine Druckvereehen.


155

ja pomi el ja strasi mené.
Kad ntiste ko drżało,
ja eeablja zali mené.
Ja hotija nmrijeti.

Uze biber posipati, s»

ja hotija polećeti.

Ста pica pobojac,

erven kurac ubojac,

skofci pica kolk karlica.

Ne все de mi dukat dati *<>

pa pobjeze preko balće!

I ja sam ga mati klei a:

tavnica mu njedra moja,

lanac gvozgje nogę moje.

Na kamen se naslonjao, «

kam en je mu dojke moje

a rakija обі moje

pratioci ruke moje!

Majka joj se nasmijala
pa je ćeri govorila : 5»

— JSuti ćeri, ne lażi !

— Jeste mati, zdravlja mi,
sinoć bilo u razi;

żiv mi bratać Talambas,
to je bilo i danas! ss

(Von einem Bauernmädchen in einem Dörf-
chen nahe der Drinacamündung, Bosnien. —
Wie man sieht, ist das Stück aus vier ver-


156

DIE ZEUGUNG IN SITTE, BRAUCH

schiedenen Liedchen, die wir auch in unserer
Sammlung vertreten finden, zusammengeflickt.
Wenn die Zusammenstoppelung auf die Jung-
frau zurückgeht, die, nebenbei bemerkt, gar
nicht frech war und sich ihrer tadellosen
Mädchenehre nichts zu vergeben glaubte,
indem sie in Anwesenheit anderer Mädchen
aus guten Sippen dem zu Spässen und
Neckereien aufgelegten Aufzeichner das Lied
in die Feder diktierte, so liegt hier ihrerseits
ein Missverständnis vor, indem sie die Art
des Vortragenden nicht verstand, dem sie den
Text verdankt Die meisten Rezitatoren
solcher saftiger Lieder pflegen sie mit grösster
Zungengewandtheit ohne Unterbrechung und
Ubergänge im gleichen Tonfalle herunter-
zuplappern, so daes rein äusserlich alle sonst
unzusammenhängenden Stücke ein Ganzes
für sich ausmachen. Das Mädchen griff also
aufs geratewohl die oben angeführten Stücke
heraus und verschmolz sie zu einem einzigen
Lied. Zu bemerken ist, daes ihr Versehen
um so ärger ist, als ja ein Volksdichter in
einem Liede mit dem Versroass nicht wechseln
würde, wie dies hier der Fall ist.)

Ein rotblond Mädchen milkt eine rötliche
Kuh, — ein Bürschlein treibt dabei mit dem
Zumpt das Kalb ab. — Da sprach das Mäd-


ТЛШ GLAUBEN DER SÜDSLAVEN.

167

chen zum Barschen: „Junges Bürschlein, (ich
schwöre es) bei meinem Leben, — bete zu
Gott fur deinen Teufel (d. h. den Zumpt), —
wenn dir nur ein blinder Abtreiber nicht zu
eigen wäre. — Sobald ich junges Blut zur
Milchkammer komme — und von der Wand-
nagelleiste das Pfännchen herunterlange, —
zerbreche ich ihm das blinde Köpfchen!" —
Der Barsch zählt dem Mädchen die Sunden
auf: — „Liebstes Mädchen, was hat eich da
für Wunder begeben 1 — Jüngsthin war ich
auf der Wanderung — und stiess dabei auf
ein Wunderding: — ein rotblond Mägdlein
milkt eine Kuh, — man sieht топ ihm den
halben Arsch — und die Lefzen der Voz.
— Nun taucht auf ein junger Bursche, —
trägt auf der Hand einen roten Zumpt —
und fasst das Mädchen beim Schooss an. —
Das Mädchen erzählt dies ihrer Mutter: —
„0 Mutter mein, welch schweres Leid! — Als
er mich beim Händchen anfasste, — wähne
ich, jetzt giebt er mir einen Dukaten; — als
er ein Bein emporhob, — jetzt, so wähnte
ich, trägt er den Samen herbei; — als er
das andere Bein emporhob, — jetzt, meinte
ich, streut er den Samen aus. — Als er den
roten Zumpt anlehnte, — jetzt, dachte ich,
scherzt er. — Als er mich umbog, wie einen


158

Fiedelbogen, — da dachte ich, er schrecke
mich nnr; — als er ihn hineinzwängte, wie
einen Griff (in eine Axt), — glaubte ich, er
habe Mitgefühl mit mir, — (denn) ich war
daran zu sterben. — Er hub an, Pfeffer zu
streuen, — da wollte ich schier auffliegen. —
Schwarz Vözlein ist zaghafter Natur, — der
rote Zumpt ein Rautbold. — Das Vözlein
sprang auf, wie eine Holzschüssel (so gross).

— Er mochte mir keinen Dukaten geben —
und rannte über den Garten davon. — Und
ich habe ihm, o Mutter, geflucht: — Ein Ver-
liese sei ihm mein Busen, — eine eiserne
Kette meine Beine, — an einen Stein soll er
sich anlehnen, — das Gestein sollen ihm meine
Zizen sein — und Branntwein meine Augen,

— Geleiter meine Hände!44 — Die Mutter
lachte darüber herzlich — und sprach zur
Tochter: — „Schweig, Tochter, lüg nicht!"

— „Es ist so, Mutter, bei meiner Gesundheit,

— gestern geschah es im Roggenfeld, — so
soll mein Brüderlein ,Pauke' leben, — das
trug sich auch heute zu!"

583.

Die Klage der Frau, die drei Nebenmänner hat.

Zakukała crna kukavica
na jasenu u kraj Banjeluke;


UND GLAUBEN DER SÜDSLAVEN.

159

to ne bila sinja knkavica,
već to bila glavita Anica;
ljuto knne svoja milu majku: 5

— Bog t ubijo, moja mila majko,
eto me dade za maleno drago!
Da men nije Janka najmenika
i Todora prvoga komsije
i snbale sela poglavara, ю

ne b ja znała, Ito je mnika glava !

Dobro mieli, moja mila majko,
kat ti meni pogjel u pohode,
sto će§ korne milośće poojeti.
Pones Janku gaće i kosalju i5

а Todoru svilenu kosalju
a subasi s arenę fcarape!

(Aufgezeichnet im unteren Drinagebiet. Des
Sängers Namen nicht vorgemerkt.)

Ein schwarzer Kukuk hub zu kuken an —
auf einer Esche nahe bei Banjaluka; — das
war kein dunkelblauer Kukuk, — vielmehr
das stattliche An neben ; — grimmig flucht sie
ihrer teueren Mutter:

— „Gott soll dich töten, meine liebste
Mutter, — warum gabst du mich an einen
kleinen Liebsten aus! — Hätte ich nicht den
Lohnknecht Janko — und Theodor, den
ersten Nachbar, — und den Subasa, den Aider-


160

DIE ZEUGUNG IN SITTE, BRAUCH

mann des Ortes, — ich wüsste nicht, was
eines Mannes Hanpt ist!

— Überdenke wohl, meine liebste Matter,
— was ftir Liebesgabe dn jedem y on ihnen
mitbringen wirst. — Bring Janko Leinen-
hosen nnd ein Hemde mit, — Theodor ein
seidenes Hemde, — nnd dem Schulzen bunte
Socken!

(Das Komische liegt darin, dass die junge
Frau nur an ihre Buhlen denkt, des recht-
mässigen Gatten aber ganz yergisst, und ihre
Verhältnisse als sittlich unanfechtbar be-
trachtet.)

684.

Ein Abenteuer im Dorfe.

Molila se Sladija:
— Moj medeni kadija,
da idemo u selo,
da s ljubimo veselo!

Kad na sein źara
i zelena trava
a u żari grivast pas,
otrze mu kurac vas;
ostała mu mrvica
kolik żeńska trlica.

(Vom Tamburaaen Todor Popovié,

Bosn. Saveland.)

10

Zabrgje,


UND GLAUBEN DEB SÜDSLAVEN. 161

Ee bat Sladija: — Mein honigsüsser Kadi,
— lass uns aufs Dorf gehen — um uns fröh-
lich zu lieben! — Doch da waren im Dorfe
Brennneesei — und grünes Gras — in den
Brennnesseln lag aber ein mähniger Hund, —
der riss ihm den ganzen Zumpt ab; — es
blieb ihm nur ein Bröckchen übrig — so
gross wie ein Weiberflachsbrechen.

(Sladija = Siatka, die Süsse, ein Kose-
name. — Der Kadi wollte mit seiner Buhlin
einen Ausflug machen. Ein mähniger Hund
überfiel ihn und biss ihm den Zumpt ab. Das
ist nur eine kühne Umschreibung des Aben-
teuers im Grase; denn „der mähnige Hund"
ist dasselbe, was sonst „der grosse Wolf ist,
d. h. die Voze. Man beachte den Reim, der
eine bewusste Nachahmung türkischer und
arabischer Lieder ist, wie solche bei tür-
kischen Beamten gang und gäbe waren. So-
wohl mit dem Reim als durch den gezierten
Vortrag erzielt der Sänger einen sicheren
Lacherfolg bei seinen christlichen Zuhörern.

Die vier Schlussverse begegnen uns auch
in einem Liedchen, das mir mein Gewährs-
mann Mula Osman Salepëic* in BrĆka, Bosnien,
ausdrücklich als eine „stara bosanacka" (sie !)
d. h. als ein altbosnisches bezeichnet hat, weil
er es von seinem Grossvater her hatte, dem

Kevin. VIII. 11


162

es noch yon früher Kindheit an geläufig war.
Darnach war das Stück schon im 18. Jahr-
hundert bekannt.)

585.

Piëica peĆe iarana
kurac gleda s tavana.
Kurac pici goyori:
— Daj mi pico sarana!
Uze рібка lopatu, s

udari kulu po yratu.
Ode kulo revoéi*),
Kros trnje se derući.
Susrete ga mam en pas,
odgrize mu kurac y as; ю
ostade ga mryica,

*) Das Wort erklärte uiiaufgefordert Mula mit
drećući : winselnd, jammernd. — Es ist klar, dass dieser
Text ans Bruchstücken dreier Liedchen zusammen-
geechweisst ist. Um mich zu foppen, diktierte mir ihn
Mula Osman vorerst kozaraćki, d. h. in der geheimen
Sprachweise der Ziegenhirten, wie folgt:

ćica pi бере rana śa dagle mi roku
vana sta, li т« mi roku ni ca pi midaj
copi rana śa ti se raîlju nica pi, ze u
capi patulo driju ruku vratupo
deo reku Tucire te ga euere na me na
sap de mu odgri racku vas tegaosta
vica mr liko kazens licatr, vica
udo ruba siko lama upo duvo
sino kilju usi giju bele stekota.
(Die Umsetzung ist nicht ganz genau.)


UND GLAUBEN DER SÜDSLAVEN. 168

kolik żeńska trlica.
Udovica baru kosi,
n polarna vodn nosi,
n sikiljn belegiju. u

Tako jest!

Das Vözlein brät einen Karpfen, — der
Znmpt schaut vom Boden herab. — Der Zumpt
zum Vözlein spricht: — „Gieb mir, Vözlein,
den Karpfen lu — Nahm die Voz eine Schaufel,
— schlug den Zumpterich über den Hals. —
Heulend zog der Zumpterich ab, — durchs
Gestrüpp sich hinschleifend. — Ihm begegnete
ein wütender Hund, — bis ihm den ganzen
Zumpt ab; — es blieb ihm ein Bröckchen
übrig, — so gross, wie ein Weiberflachs-
brechen. — Die Witwe mäht die Pfütze, —
in den Schössen trägt sie Wasser, — im
Kitzler den Wetzstein. — So ist's !

Die gezüchtigte Obstdiebin.
586.

a) Ja usija ljubenice,
ljubenice i dinjice
pokraj vode Studenice;
navadi se gjevojëica,
ona trga ljubenice, б

ljubenice, і dinjice
a* ja odo da priènvam.
Al eto ti gjevojëice!


164

DIE ZEUGUNG IN SITTE, BRAUCH

Uzimam je za racica

pa j povedo niz luèicu ю

ра obori u trayica

pa potęgo paeatina

ра adaram u sredinu

ko crtalom u ledinn.

(Tatnjevac, Bosnien.)

Ich pflanzte Wassermelonen, — Wasser-
melonen nnd Zuckermelönchen — am Stn-
denicabache; — es pflegte ein Mägdlein zu
kommen, — sie reisst die Wassermelonen ab
— die Wassermelonen nnd Zuckermelönchen,
ich aber machte mich auf, um sie zu be-
hüten. — Doch siehe, da ist schon das Mägd-
lein! — Ich fasse es beim Händchen an —
und führe es hainabwärts — und werfe es in
den (schwellenden) Rasen nieder — und ziehe
hervor (mein) gross Gewaffen — und schlage
in die Mitte ein — wie mit dem (Acker-)
Strichstock in das Brachfeld.

687.

b) — Ja posija ljubenice
pokraj vode Studenice;
navadi se baba Dora,
stade trgat ljubenice.
Ja se eakri u trayicu, s
u trayicu za kladicu


UND GLATBEN DEB SÜDSLAVEN.

165

pa uvati babu Dora
pa okrena glava sanca
a рісша karcą!

(Aae Bogatovo selo in Bosnien.)
Ich pflanzte Wassermelonen — am Ufer
des Stndenicabaches ; — es pflegte Dorothée,
die Vettel, zu kommen, — die Wassermelonen
abzareissen. — Ich verbarg mich im weichen
Gras, — im weichen Qjras hinter ein Klötz-
chen — and fasste die Vettel Dorothée ab —
and drehte das Haupt gegen die Sonne, —
die grosse Voz aber dem Zumpt zu. (Vgl.
KovTtt. VI, S. 288, Nr. 9.)

588.

Die Pisserin.

a) Oj! Ovce cava mila materina
I! po brdima i po dolinama;
„ za njom nana użinu prenasa:
„ a torbici devet maslenica
„ і dva cabra kiseloga mleka s

„ і dva sirca po dvanajest oka
„ i pogaèu ot petnajeet oka.
„ Kad je mila malko nźinala,
я legia mila sanak boraviti
„ pa se n snn mało popisała. ю

„ Koliko se mało popisała,
„ otrgla je devet vodenica


166 DIE ZEUGUNG IN SITTE, BBAUGH

I! i deseta stupa valjaricu,
„ §tono valja dibu i kadifu
„ a i onu cohu vedeniëku. i&

„ To gledao Arif fcobanine
„ pa dolazi miloj materinoj:
„ — Ustaj mila, guja te sinula!
„ otrgla si devet vodenica
„ i desetu stupu valjaricu! s»

„ Zar ti ne znas pasu od Budima?
„ Otiće ti sa ramena glava,
„ ak ne svezes devet vodenica
„ і desetu stupu valjaricu!
„ Kat to cula mila materina, *»
„ skofci mila kano oprźena
„ pa poveza devet vodenica
„ і desetu stupu valjaricu.
„ Ode èuvat ovce po Urvini.
(Vom Tamburasen Mujo Sprecak zu Gornja

Tuzla, Bosnien.)
Oh! Schafe weidet der Mutter Liebkind —
auf Bergen und in Thälern; — Mamachen
trägt die Jause nach: — im Rucksäckchen
neun Schmalzkuchen — und zwei Schaffe mit
saurer Milch und zwei Käslein zu je zwölf
Oken — und einen Brotfladen von fünfzehn
Oken. —

Nachdem Liebkind ein wenig gejausnet, —
legte sich das Liebkind zum Schläfchen nieder


UND GLAUBEN DEB 8ÜDSLAVEN.

167

— und im Schlafe bepieete es eich ein klein
wenig. — Wenig, aber anagiebig bepieete sie
sich, — dass sie nenn Wassermühlen losriss

— and eine zehnte, eine Zengstampfe, — die
Seiden- und Sammetzeng walkt, — sowie
auch das berühmte Venezianer Tuch. —

Das sah Arif, der Hirte, — und er kam
zur Matter Liebkind: — Wach auf, Liebkind,
eine Natter möge dich picken ! — Da rissest
los nenn Wassermühlen and als zehnte eine
Walkereietampfe ! — Ja, kennst da das Ge-
müt des Pasa von Ofen nicht ? — Das Haupt
fliegt dir von den Schaltern weg, — wofern
dn die nenn Wassermühlen nicht fesselst —
und die zehnte, die Walkereistampfe dazu! —

Als dies der Matter Liebkind vernahm, —
wie abgebrüht sprang das Liebkind auf —
und fesselte die neun Wassermühlen — und
die zehnte, die Walkereistampfe. — Sie ging
dann die Schafe im Urvinagebirge weiden.

589.

b) Ovce cuva mila materina,
Ej, ovce cuva mila materina:*)
mila majka ruèak opremila,
opremila dva vola peèena,

*) Diese Zeile wiederholte der TamburaS nach jeder
weiteren als einen Refrain.


168

opremila pnna kola hljeba, 5

opremila tri cabara vina.

Rucak ruëa mila materina:
pojela je dva vola peèena,
pojela je puna kola hljeba
i popiła tri cabara vina. ю

Kat se mila [cerka] popisała,
promljelo je devet vodenica
i deseta stupa valjalica*),
propisala devet pedlji leda!
(Vom Tamburasen Telo Perić in Malesevci,

Bosnien.)

Schafe weidet Mutters Liebkind, — Hei,
Schafe u. s. w. — Die liebste Mutter fertigte
ein Frühstück (für das Töchterlein) ab, —
fertigte zwei gebratene Ochsen ab, — fertigte
zwei volle Wagen Brod ab, — fertigte drei
volle Schäffel Wein (auf die Weide) ab. —
Mutters Liebkind lässt sich den Frühstück-
imbiss munden, — ass auf die zwei ge-
bratenen Ochsen, — ass auf den vollen
Wagen Brod — und trank die drei Schäffel
(voll) Wein aus. — Als sich das liebste
Töchterlein bepieste, — gerieten neun Wasser-
mühlen (plötzlich) in Gang — und als zehnte
eine Walkmühle, — sie hatte neun Spannen
dickes Eis durchgepiset !

*) Für valjarica.


169

590.
(Bruchstück.)
c) — Ćilim tkała, na ćilimu dala, hej!
Oj ti lane, ti ne maria za me!
Na tavanu trava nagjikala, hej!

Oj ti lane itd.
Od radosti ćilim popisała, hej !

Oj ti lane itd.
(Von einem moslinischen Tamburasen
zu Doboj in Bosnien.)
Sie wob einen Teppich, auf dem Teppich
gewährte sie (Voze), hei! — 0 du Hindin,
du fragst nach mir nicht! — Auf dem Boden
schoss das Gras hoch auf*), hei! — 0 du
Hindin u. s. w. — Vor Freuden bepisste sie
den Teppich, hei ! — 0 du Hindin u. s w.

591.

Ein verhängnisvoller Farz.

A, Prelo zvala Ava udovica.
Ead je sitno sakupila prelo,
dvesta momak, trista djevojaka,
megju njima Muja momce mlado.
U ruci mu eedefli tambura; s

sitno kuca, jasno popijeva,
zaiekao studene vodice:

*) Sein Schamhaar kam auf das ihrige zu liegen,
*lso war „das Gras" hoch gewachsen.


170

DIE ZEUGUNG IN SITTE, BRAUCH

— Daj mi Avo stndene vodice!

Skoëi Aya kano lastavica,

ona prde kano magarica, ю

odbi Mnji n ramena raku

i razbi mu sedefli tamburu !
Ode jeka doli niz lugove,

oborila devet vodenica

i desetu stupu valjaricu і»

i u stup i ubiła val jara

i prêt stupom ubiła magarca;

odlećela Itica is samara

pa ubiła u gori dr vara!
(Vom Tamburaspieler Lazo Simić ams einem
Dörfchen bei Brcka, Bosnien.)
Ach! Einen Spinnetubenabend berief Ava,
die Witwe ein. — Als sie die zarte Spinn-
gesellschaft versammelt hatte, — (waren es)
zweihundert Burschen, dreihundert Mädchen,
— darunter Mujo, ein junges Barschlein. —
In seinen Händen eine mit Perlmutter ver-
zierte Tambura; — feine Töne entlockt er
ihr mit Anschlag, hell klingt dazu sein Ge-
sang. — Er bat um einen Trank kühlen
Wassers : — „Gieb mir, o Ava, kaltes Wässer-
lein!* — Aufsprang Ava, gleich wie eine
Schwalbe, — sie Hess einen Farz, wie eine
Eselin, — schlug Mujo aus dem Armgelenk
die Hand weg — und zerschlug ihm die perl-


UND GLAUBEN DER SÜDSLAVEN. 171

mutterbesetzte Tambura! — Hinab entlang
den Hainen zog das Getöse — rise nenn
Wassermühlen nm — und als zehnte eine
Tuchwalkstampfe — und tötete in der Stampfe
den Tuchwalker — und vor der Stampfe
tötete es einen Esel ; — aus dem Saumsattel
flog davon die Mittelleiste — und tötete im
Hochwald einen Holzbauer!

(Dieses und nachfolgendes Lied singt man
auch auf Hochzeiten zur Belustigung der
Gäste. Ein ähnliches Lied singt man in der
Ukraine zur Verspottung einer Braut, die
ihre Jungferschaft vor der Hochzeit eingebü&st
hat. VgL Kçvnz. V, S. 87, Nr. 62.)

692.

Von der Braut, die auf ihre Verläuinder farzt.

Drugovale dvije drugarice.
Ja, kako su vjerno drugovale?
Zajedno su na vodu ranile,
iz jednog se suda umivale,
zajedno se i Bogu molile, б

zajedno su od Boga iskale:
— Daj nam, Boże, da se udajemo,
udademo, da ne rastanemo!

Bog im dade te se udadose,
udadoSe a ne rastadole. ю


172 DIE ZEUGUNG IN SITTE, BRAUCH

Povedose Mara na samaru
a Ljiljanu na konju rigjanu.

Poyikuje Mara na samaru:

— Uustay konje, kurne i gjevere,
da ja prhnem rodu na pohodu, i§
stara babi u bijelu brada,
miloj maj ci u sirnu kaĆicu,
milom bratu u kesu duhansku,
sto sa Мага krivo potvorili,
da sam im se u bunar posrala! ю
Njesam, knme, тебе kraj bunara.
Dogje koka, grebnu, kurne, govno,
dogje tuka, u bunar ga skljuka!

Mara prhde kano magarica,
pot soboin je samar rasturila, *•
svaka stica po syata ubiła,
oglavina, kućneg domaćina
a krstina kuma po p reim a.

(Vom Tam bura 5 en Łazo Simić aus einem
Dörfchen bei Br£ka, Bosnien.)

Zwei Freundinnen hielten (enge) Freund-
schaft. — Ei, worin bestand deren treuer
freundschaftlicher Umgang ? — Zugleich pfleg-
ten sie morgens früh (zur Quelle) um Wasser
zu gehen, — sich aus einem Gefässe zu
waschen, zusammen auch zu Gott zu beten,
— zusammen erbaten sie sich von Gott: —


UND GLAUBEN DER SÜDSLAVEN.

178

„Gewähre uns, o Gott, dass wir heiraten, —
ja heiraten nnd nicht von einander getrennt
werden!" — Gott gewährte es ihnen nnd
sie heirateten, — heirateten nnd gingen
nicht von einander. — Auf einem Saumsattel
führte man Marien heim, — Ljiljana aber
auf einem Botfuchs. — Marie ruft vom Saum-
sattel herab aus: — „Haltet ein die Bosse,
Hochzeitsbeistand und Brautführer, — damit
ich meiner Verwandtschaft beim Abzug einen
Farz lasse, — dem alten Vater, in den weissen
Bart, — der teueren Mutter in das Käse-
tönnchen, — dem teueren Bruder in den
Tabakbeutel hinein, — weil sie Marien falsch
beschuldigt hatten, — ich hätte ihnen in den
Brunnen hineingeschissen! — Ich that es
nicht, o Gevatter, sondern neben den Brunnen
hin. — Es kam die Glucke, scharrte, o Ge-
vatter, den Dreck, — es kam der Indian und
kugelte ihn mit dem Schnabel in den Brunnen
hinab !

Marie farzte, wie eine Eselin, — unter sich
zerspellte sie den Saumsattel, — jede Leiste
tötete je einen Hochgezeiter, — der Sattel-
knopf den Hausvorsteher — und das Kreuz-
stück den Gevatter (mit einem Stoss) auf die
Brust.


174

593.

Eitle Voreidti.

Aj! 0 livodo*) deli Menagina

Ij! ni koeena ni s konjma paeena,

„ vec* na eredi malo prokoeena.

щ Tnte sjedi bratać i seetrica.

„ Seka bratn nz rnkave veze, t

„ nz rnkave, nz tanenn koiu,

„ crnom svilom і tietijem zlatom

„ a brat seki terli dibu eije.

„ Seka bratu tiho govorila:

„ — Udri fcesto puca niz njedarca, ю

„ nek ne mere**) ni alkatmer proći,

„ ja kamo li ruka od junaka!

„ Kod njih sjedi njezna mila snaha.

„ Ona j njojzi mudro besjedila:

„ — Luda ti si moja zaovice! is

я U mené su jo§ poceeća bila,

„ pa kad dogje tvoga brata ruka

„ poprskase od zlata dugmeta

„ sve ljubeći moje belo lice

„ u alvatu na meku dusaku ***.). s«

* Jeste meni tiho govorijo:

*), **), ***) livodo, mere und dugaku sind hier keine
Druckfehler.


UND GLAUBEN DER SÜDSLAVEN.

175

Ij ! — Je 1 ti drago, moja vjerna ljubo ?

„ — Jest mi drago, ako mi je dragi!
(Vom Tamburaspieler Mu jo Pirić* in Dolnja

Tnzla, Bosnien.)

O Wiese Junker Mehmedagas, — die ist
nicht gemäht, noch auch von Pferden ab-
geweidet, — sondern bloss in «1er Mitte ein
wenig durchgemäht. — Dort sitzen Brüder-
lein und Schwesterlein. — Das Schwesterlein
stickt dem Bruder Borten an die Armel hinan,

— wohl an die Armel, an das feine Hemdchen

— mit schwarzer Seide und lauterem Golde,

— der Bruder aber näht der Schwester ge-
stickte Seide. — Leise sprach das Schwester-
lein zum Bruder : — Näh dicht die Knöpfchen
am Bnsensaum an, — damit nicht einmal ein
Schmuckblümchen dazwischen durch kann, —
geschweige denn die Hand eines Jünglings!

— Bei ihnen sitzt ihre liebe Schnur. — Die
sprach klug zu ihr: — Bist du aber thöricht,
meine traute Schwägerin! — Bei mir waren
sie* noch dichter gesetzt, doch als deines
Bruders Hand kam, — sprangen wie Glas
klirrend die goldenen Knöpfe ab, — als er
mein weisses Antlitz koste — iu der Stube
auf weichem Pfühle. — Leise sprach er zu
mir: — „Ist dirs lieb, mein getreues Ehelieb?"

— „Ist mir lieb, wenn es mein Liebster thut!u


176

DIB ZEUGUNG Ш SITTE, BRAUCH

594.

Von Isajbegs entehrter Ehefrau.

Oj! Glavu veze Isajbegovica,
Ij! beg Isajbeg diźi ogledalo.
Ij! Govorila Isajbegovica:

— Oj, Boga ti, beże Isajbeże,

A ! *) ako sam ti ikoliko draga, ь

poslji mené za Ing na teferić!
Tuce biti sknpa velikoga,
tn će biti i staro i mlado.
Sta joj reÓe beże Isajbeże ?

— Oj, Boga mi, moja vjerna ljubo, i*
jesi meni vrlo dobro draga,

jos da ima§ ot srca evlada,

ti bi meni bolje bila draga!

Ja ti reko i izun ti dajem,

ti se spremi za Ing na teferić, is

al se èuvaj bećar Hnseina,

tvoj je Huso prvi eevdak bijo !

— Cuvacu se Husein bećara,
to se nilta od njeg ne zamjeraj!

To beśjede, da nitko ne èuje, і*
al to èuje bećar Huseine
pa on igje svom bijelu dvoru,
svoju seku glasom dovikuje:

*) Jedem folgenden Vers setzte der Sänger als einen
Auftakt ein a voran.


UND GLAUBEN DER SUDSLAVEN.

— Brie meni, moja mila seko
i ponesi kljnèe od al va ta

pa ti vadi gjazel odîjelo,
opremi me u źenske haljine,
da ja bud em glavita gjevojka,
da ja igjem za lug« na teferić !
Opleti mi ot percina moga,
ot регбіпа tri jest pletenica,
vezi giavu glavno gjevojaèki.
Ораві me mnkadem pojasom,
obnci mi dzanfezli dimlije,
ko eto nose glavite gjevojke!

Sve ga tako 8ej a opremila
pa ga onda ljepo svjetovala:

— Boga tebi, moj brate rogjeni,
kada budes za Ing na teferić,
ljabi staro n skat i n rnku,
ndovice n bijelo lice,

puśćenice megjn obrvice
a gjevojke n bijele dojke
a nevjeste gje je tebi drago!

O talem se Huso opremijo.

Ead on dogje za lug na teferić,
sve on ljubi i staro i mlado,
како gogj je seja svjetovala.

Dogje reda Isajbegovicu ;
on je ljubi u bijelo lice.
Како je je siatko poljubijo,
Kqvtit. VIII. 12


DIE ZEUGUNG IN SITTE, BRAUCH

na obraza krvca otvorijo
ра je uze po svilenu pasu
pa odnese u zelenu baśću.

Igrase se igre svakojake ss

pa naj posle vuka і ovaca:
glavom vuèe bećar Hnseine,
bela оуса Isajbegovica.
Kat se vuèe po gori povuèe
pa uvati prebijelu oven, eo

bjelu oven Isajbegovicu
pa je uze po svilenu pasu
pa je drmnu sobom o ledinu,
tri joj zdrava rebra prelomijo!

Tu su bili tri bijela dana. es

Kad je treći danak osvanno
ode Huso kuci pjevajuci,
ona osta onde plakajući;

— Śto ću sada za zivota svoga?

Sta uradi bećar Huseine! 70

Cudne onde mislje promisljala:

— H ću ići svom bijelom dvoru
il ću ići efendi kadiji?

Sve je mieli na jednu smislila,
ona ode efendi kadiji, 7»

oće tuzit bećar Huseina;
kad je dosla efendi kadiji,
ona njemu glasno zapłakała:

— Ti dobavi bećar Huseina;


UND GLAUBEN DER SÜDS LAVEN.

on od mené siln nradijo.

Dobavise bećar Haseina.

Kat su njega mlada doba viii,
pita njega efendi kadija:
— Sto, si, Hnso, silu uradljo
bas od one IsajbegoviceV!

Sta da reće bećar Huseine?

— O, Boga mi, efendi kadija l
Kakvo joj je prebijelo lice,

i ti bi je junak poljnbijo!
Kakve su joj tanke obrvice,
smamile bi sa neba oblake,
kamo 1 ne bi mené od matere!
Sta joj reëe efendi kadija:

— Ćujes dobro, Isajbegovice!
Eat si isla za lug na teferić,
sta se kitis gjuzel odijelom,

da ti mamis bećar Huseina,
kada jesi odvise lijepa!
Ajde kuci begu Isajbegu.
Ako tebe beze bude korijo,
a ti ajde bećar Huseinu,
oću tebe za njeg privjenëati!

Ona ode svom bijelu dvoru
plakajući i suze roneći,
al kad dogje svom bijelu dvoru,
doĆeka je beze Isajbeże,
doèeka je na mermer avliji,


180

u mci mu jasemin èibuka,

na Ćibuku lula od biljnra

a taknm je ćelubar kamena u»

pa je svojoj ljnbi govorijo:
— Jesam li ti, bona, govorijo,

da se Cuvas bećar Huseina,

da će tebi siln ucmiti!

Nema zarar moja vjerna ljubo! iu

Ja sam znao, gje će tako biti,

al ti nieam ćijo hatar pokvariti!

(Vom Tambnraspieler Mnjo Pirić ans
Goraja Tuzla.)
— Die Isajbegin umwindet ihr Hanpt, —
Beg Isajbeg hält ihr den Spiegel. — Das
Wort ergriff die Isajbegin : — 0, so Gott dir
helfe, Isajbeg, — hast dn mich anch nur im
geringsten lieb, — schick mich zum Picknick
in den Hain. — Da wird sich eine grosse
Versammlang einfinden, — da wird sich so
alt als jung einstellen. —

Was sprach zu ihr Beg Isajbeg? — 0, so
Gott mir helfe, mein getreues Ehelieb, — da
bist mir gar ausserordentlich tener, — wäre
dir noch ein Spross vom Herzen bescheert, —
du wärst mir noch weitaus teurer! — Ich
sage es dir und gewähre dir die Erlaubnis,
— du putz dich heraus zum Picknick im
Haine, — doch nimm dich in Obacht vor dem


181

Barschen Husein, — Hnsein war deine erste
Liebeflamme !

— Vor Husein, dem Burschen, werde ich
auf meiner Hut sein, — du brauchst da von
ihm nicht das geringste zu besorgen! —

So unterredeten sie, damit es niemand
köre, — doch hört sie Husein der Bursche

— und er begiebt sich zu seinem weissen
Gehöfte, — raft laut sein Schwesterlein herbei :

— Bäsch her zu mir, meine liebste
Schwester, — und bring die Stubenschlüssel
mit — und nimm das Festtaggewand heraus,

— bekleide mich mit Frauenkleidern, — da-
mit ich mich in ein schmuckes Mädchen um-
wandele, — damit ich zum Picknick in den
Hain gehe! — Flicht mir aus meinem Zopf,

— wohl aus dem Zopf dreissig Flechten, —
umwind mir das Haupt vorzüglich nach
Mädchenart. — Umgürte mich mit brokatenem
Plättchengürtel, — zieh mir wandeltaffetne
Pluderhosen an, — wie schmucke Mädchen
solche tragen! —

Genau so staffierte ihn das Schwesterlein
aus — und beriet ihn sodann fein artig:

— Gott steh dir bei, mein leiblicher Bruder,

— wann du zum Picknick im Hain eintriffst,

— kuse den alten Frauen den Schooss und
die Hand, — die Witwen ins weisse Antlitz,


182

— die geschiedenen Franen zwischen die
Augenbrauen, — den Mädchen aber die weissen
Zizen, — die jungen Frauen, wo es dir beliebt l

Von hinnen machte sich Huso auf. — Als
er zum Picknick in den Hain kam, — küsste
er so alt als jung, — ganz so, wie ihn das
Schwesterlein beraten hatte. —

Die Reihe kam an die Isajbegin; — er
küsste sie aufs weisse Angesicht. - So süss
hatte er sie geküsst, — dass ihr das Blut
zum Geeicht hervorquoll, — und er ergriff
sie um den seidenen Gürtel — und trug sie
in den grünen Garten fort. —

Sie spielten allerlei Spiele, — und zuletzt
„Wolf und Schafe"; — den Wolf machte
selbsteigen Bursche Huso, — das weisse
Schaf war die Isajbegin. — Vetter Isegrimm
schlich durch den Hochwald — und fing das
schneeigweisee Schaf ein — und packte es
beim Seidengürtel — und Schmies sie auf den
Rasen nieder; — drei gesunde Rippen brach
er ihr entzwei! — Hier verweilten sie drei
weisse Tage. —

Als der dritte traute Tag angegraut war,

— zog Huso singend heim, — sie blieb dort
weinend zurück: — Was fang ich nun mein
Leben lang an ? — Was bat Bursche Husein
getrieben! —


183

Seltsame Gedanken überdachte sie allda:

— Soll ich zn meinem weissen Gehöfte zurück,

— oder zum Herrn Richter gehen? —

Sie fasetę alle Gedanken zu einem zusammen,

— sie begab sich zum Herrn Richter, — an-
klagen will sie Husein, den Burschen ; — als
sie zum Herrn Richter kam, — hub sie hell-
laut zu weinen an: — Lade Husein, den
Burschen, vor, — er hat mich vergewaltigt ! —

Sie führten Husein, den Burschen, vor. —
Als sie ihn, den Jüngling, vorgeführt, — be-
fragte ihn der Herr Richter : — Warum hast
du, o Huso, vergewaltigt — gerade jene
vornehme Isajbegin? —

Was soll da Husein, der Bursche, er-
widern ? — 0, so Gott mir helfe, Herr Richter !

— Wie ist doch ihr schneeigweiss Gesicht
geartet, — auch du Junker thätst sie küssen !

— Wie sind doch ihre zarten Augenbrauen
geschwungen, — sie thäten vom Himmel die
Wolken herablocken, — wie denn nicht erst
mich von meiner Mutter Seiten! —

Was sagte ihr der Herr Richter ? — Merk
wohl auf, Isajbegin ! — Ginget du schon zum
Picknick hinterm Haine, — warum schmückst
du dich mit Prunkgewand, — um den Bur-
schen Husein anzulocken, — dieweil du all-
zuschön bist! — Geh heim zu Beg Isajbeg.


184

— Sollte dich der Beg hart zur Rede stellen,

— so geh zum Burschen Husein, — ich werde
dich ihm antrauen! —

Sie begab sich zu ihrem weissen Gehöfte,

— jammernd und Thränen vergiessend; —
als sie nun in ihrem weissen Gehöfte ein-
traf, — ward sie von Beg Isajbeg empfangen,

— er empfing sie im Marmorhofe; — in
seiner Hand der Jasminëibuk — am Ćibuk
aus Kry stall eine Pfeife, — und die Saug-
spitze ist aus Bernstein; — und er sprach
also zu seinem Ehelieb:

— Habe ich dir, du Unselige, nicht gesagt,

— du sollst dich vor Husein, dem Burschen,
in Obacht nehmen, — dass er dich ver-
gewaltigen wird ! — Es ist kein Schaden ge-
schehen, mein getreues Ehelieb! — Ich wusste,
dass es so kommen wird, — doch mochte ich
dir deine Lust nicht verderben! —

Anmerkung. Es war nur eine Versammlung
moslimischer Frauen, an der Männer nicht
teilnehmen dürfen. Isajbeg wünschte ein Kind
im Hause zu haben, und, weil er selber
keines zeugen konnte, Hess er seine Frau
von ihrem Liebsten schwängern und verzieh
ihr grossmütig, ihr und dem Buhlen, der sein
Leben verwirkt hatte.


185

Zu V. 90 f. Vilen und im jüngeren, топ
abendländischen Anschauungen durchsetzten
Volksglauben, Hexen, vermögen durch ein
Zucken mit den Augenbrauen die Wolken
zu beschwören. Man vgl. darüber die Ab-
handlung von Krauss: Südslavische Hexen-
sagen, Wien 1884.

595.

Von den im Schlafe entehrten Mädchen.

a) Aj! Vino pilo trijest gjevojaka
ij! kako pilo, tako i pospało
а, і pred njima Umijana mlada.

A, kad im dogje Sikalovic* Mujo
a, zasukao uz ruke rukave, &

„ u ruci mu bojali Ćibuka
» pa je jedno miślje promisIjavo :

— Koju ću ja ljubiti gjevojku?
„ sve misi i jo, na jedno smislijo,
„ sve ljubijo iz reda gjevojke ю

„ pa se ope nazat povratijo;
„ svakoj liknu i d va i tri pu ta,
„ Umijani i pet і lest puta,
„ jer je ona pri sevdaku bila,
„ jer je na n joj zubak zalomijo. is

A, kad u jutro jutro osvanuio,
a, dan osvanu a snnce ogranu,
„ probudi se trijest gjevojaka,
„ megju sobom tibo govorile:


186 DIE ZEUGUNG IN SITTE, BRAUCH

— A, I do sat smo hladno vino pile, 1»
a, al nam nisn mokre gaće bile,
„ oĆi plave, gaće popiiane,
„ nase erne oći pomnćene,
„ na sa rusa kosa pomrsena,
„ nase j bjelo lice obljubljeno! si.

Ij! Javaj Dama do Boga miloga,
a, sto ćemo mi od zivota svoga!
A, da je znati i pozuat jnnaka,
a, koji je nase lice obljubijo,
„ naêe sramno svetlo ostavijo! «»

(Vom Tam bura sen Mnjo Pirić ans
Gornja Tnzla).
0! dreissig Mädchen hatten Wein ge-
trunken, — sowie sie getrunken, waren sie
auch eingeschlafen — und an ihrer Spitze
Jung-Umijana. —

Da kam des Weges Mujo Sikałovic, — hatte
die Ärmel an den Armen aufgeschürzt, — in
der Hand hält er ein buntverziert Pfeifen-
rohr, — und Überlegte wohl in seinem Sinne :

— „Welches Mädchen soll ich liebend herzen?"

— Er sann nach und kam zu einem Ent-
8chluss, — und beschlief der Reihe nach alle
Mädchen, — und kehrte dann wieder um; —
jeder versetzte er (mit dem Rohr) wohl zwei,
drei Streiche, — Umijanen gar fünf oder
sechs, — denn mit ihr stand er auf Liebhaber-

*


UND GLAUBEN DER SÜDSLAVEN. 187

fasse, — denn an ihr hatte er einen Zahn
gebrochen (beim Liebesknss nnd -genuss).

Als morgens der Morgen gegrant war, —
der Tag eich lichtete und die Sonne auf-
flammte, — erwachten die dreissig Mädchen,

— sprachen leise untereinander: — „Ach, auch
bis nun pflegten wir kalten Wein zu trinken,

— doch blieben unsere Hosen davon nicht nass,

— blau die (Stoff-)Augen (Blumen), die Hosen
bepiest, — unsere schwarzen Augen getrübt,

— unser kastanienbraunes Haar verwirrt, —
unser weiss Angesicht ist gekost worden! —
Uh ! Unser Wehe schreit bis zum lieben Gott
hinauf, — was fangen wir mit unserem Leben
an! — 0, erführen wir und erkennten wir
den Kämpen, — der unser Antlitz gekost, —
und unsere makellose (Ehre) in Schande ver-
setzt hat!

596.

Podigle se cure od Mostara
u Vilice, da beru cvijece
pa pred njima dizdareva Fata.

Kat su cure dosle u Vilice
te nabrale bijelo cvijeée &

pa su śjele cure, uzinale;
one jedu meda і pogaèe,
pripijaju siatka museleza.


188

Gje su pile, ta sa se opile,

gje s opile, ta sa i zaspale. ю

Privuce se vlasko momće mlado
te carama gaće drijeiase.
Od djevojak niko ne vigjase,
docka yigje dizdareva Fata;
ona evoje drngarice bndi: it

— Drngarice, dago jadne bile !
i prije smo mnseleza pile
al nijesmo mokrih gaća bile !

(Dieses Liedchen hing als zweite „Würze"
der Gnslar Knzman Bjeletić, Brnderseohn
des Popen Aleksa Bjeletić ans Bjeletić im
Herzogtnme einem Liede an, das von der
Bezwingung der Vilen durch den Prinzen
Marko handelt. Kuzman lebt zur Zeit in
Vukasovci in Bosnien.)

Mädchen ans Mostar machten eich auf —
nach Vilici, Blumen pflücken, — und an ihrer
Spitze Fatime, des Burgherrn Tochter. —

Als die Mädchen nach Vilici kamen, —
pflückten sie weisse Blumen — und sie, die
Mägdlein, setzten sich und assen zur Jause —
und tranken einander süssen Rosinenwein zu.
— Allwo sie tranken, allda betranken sie
sich anch, — allwo sie sich betranken, allda
versanken sie auch in Schlaf. —


UND GLAUBEN DER SÜDSLAVEN. 189

Es schlich sich heran ein christlicher, junger
Bursche — und löste den Mädchen die Hosen
auf. — Keines von den Mädchen bemerkte
es, — spät nahm es des Burgherrn Fatime
wahr; — sie weckt ihre Genossinnen auf: —
„Genossinnen, mögt Ihr lang in Leiden weilen!
— auch vordem pflegten wir Rosinenwein
zu trinken, —• doch waren uns davon die
Hosen nicht naes geworden !u

(Dies Stück dürfte nur eine Umdichtung
der von einem Moslim gedichteten ursprüng-
lichen Fassung der Erzählung sein.)

597.

Vom enthaltsamen Liebespaar.

Dvoje mi se mlado okladilo
srebro m om Će і zlato gjevojce:

— Da zajedno noćcu prenoćimo,
da se jedno drugog ne dodjemo,
Grdna Naza i ćelebi Mujo! s

Mujo meée klempava gjogina,
Grdna Naza tri struke dukata.

Pa odośe zajedno spavati.
Koliko su u daleko legli?
jednijem se jorganom pokrili. ю

Grdna Naza srce uzaftila,
bolan Mujo uzaftit ne może.
Dok protużi ćelebi ja Mujo:


190

— Okreni se, obmi se, Nazo!
zâr ti żalił tri etruke gj er dana 15
i uz njihe svoga bjela lisca?
Ja ne żalim klampava*) gjogina!

Okrenuâe ье ра se poljubise.
Uze Majo ćelebiju Naza,
odvede je syom bijelu dvoru. 20

(Vom Tamburasen Osman Muratovic* zu Ko raj,

Bosnien.)

Zwei junge Leutchen schlössen mir eine
Wette, — der Silberjüngling und das hassliche
Anastaschen *s) : — „Wir wollen selbander eine
traute Nacht nächtigen, — ohne dass eines
das andere berühren soll, — da hässiich
Anastaschen und ich Junker Mujo !" — Mujo
setzt seinen Hängohrschimmel ein, — häss-
iich Anastaschen drei Schnüre Dukaten. —
Und sie legten sich zusammen schlafen. —
Wie weit legten sie sich von einander weg?
— Sie deckten sich mit einer Federtuchent
zu. — Hässiich Anastaschen hielt ihr Herz
gezügelt, — Mujo, der Ärmste, vermochte
das seine nicht zu zügeln. — Endlich blicht

*) klampav neben klempav in V. 6.

**) Hässiich nennt man das überaus schöne Wesen, um
eine Beschreiung zu vermeidon. Vgl. darüber Krause
in Volksgl. u. relig. Brauch d. Südsl. Münster 1890.


191

Junker Mujo in den Klageruf aus: — Dreh
dich um, kehr dich um, Anastaschen! — Thut
es dir denn leid um drei Halsbandschnüre —
und daneben nm dein weiss Gesichtchen? —
Mir thut es um meinen Hängohr-Schimmel
nicht leid! —

Sie kehrten sich zu einander um und küssten
sich. — Mnjo nahm das edle Anastaschen, —
führte sie heim in sein weisses Gehöfte.

598.

ЕІП Bt8*klt88.

Vezak vezla Dżambega Begija
na najvisem ćosku Dzambegovu.
Otud ide aga Alilaga:

— Kato zlato jesi 1 mi udata?

— Jeeam aga і prstenovata!
Zaleće se aga Alilaga,

ujede je zubom bijelijem.

Mala rana al se na zlo dala.

Bolovala tri godine dana.

Kat èetvrta godina nastała, ю

ona vice svoju milu snahn:

— K meni, k meni, moja mila snaho!
Tri budżaka tri gjergjefa moja,

na evakome vezeni*) jagluci:

) Sonet gewöhnlich vezeni.


192 DIE ZEUGUNG IN SITTE, BRAUCH

je dan podaj svojoj miloj seki, n

jedan skini pa ga podaj agi Alilagi.
Crn mu obraz na boźjem divanu,
gje nmrije od njegova znba!

(Vom Tambnraspieler Osman Muratovic zn

Koraj, Bosnien.)

An einer Stickerei stickte Dżambegs Edel-
fran — anf Dżambegs allerhöchstem Erker,

— Kommt daher Aga Alilaga: — Kätchen,
Goldkind, bist du mir verheiratet? — Ja-
wohl, Aga, auch beringt! —

Nahm einen Anlauf Aga Alilaga, — biss sie
mit (seinen) weissen Zähnen. — Eine kleine
Wunde, doch verschlimmerte sie sich. — Drei
volle Jahre lag die Frau krank darnieder. —
Als das vierte Jahr angebrochen war, — rief
sie ihre liebe Schwägerin heran: — Zu mir,
zu mir, meine liebste Schwägerin ! — In den
drei Winkeln (stehen) meine drei Stickgestelle,

— auf jedem gestickte Tüchlein; — eines
davon gieb meiner teneren Schwester, —
eines nimm herab, behalt es für dich, —
eines nimm herab und gieb es Aga Alilaga.

— Verschwärzt sei sein Angesicht vor Gottes
Richterstuhl, — dieweilen ich an seinem Zahn
verstarb.


UND GLAUBEN DEB SÜDSLAVEN.

198

599.

Ein Spottlied der griech.-orthod. Serben auf
den Reliquienkult der Katholiken.
(Sokaëka podruguâa.)

Majka hrani nejaka Grgura.
Kad je majka othranila siiia,
majka sina konja kupovala
za dva grosa manje seset para.
Majka sina pa§ke kupovala s

za dva grosa manje seset para.
Majka sinu sablju kupovala
za dva grosa manje seset para.
Majka sinu curu isprosila,
isprosila pa ga ożeniła. ю

Majka sina u punice sprema.
Ode Grgur u punice mlade.

Kad je bijo u novo poljice,
njeg gledaju tri mlade punice,
gledale ga, pred njeg izlazile. 15
Jedna Grgu sa konja skinula
a druga ga u kucu nosiła
a treća ga тебе pokraj vatre.

Skocl żiska, oprżi Grgur a;
na koljenu gaće progorise. so

Skoëi Grgur konda se ротаті.
Ode Grgur gore iznat kuce;
zu njim idu tri mlade punice,
one nose vrbovo koljice.
Kqvtix. VIII. 13


194

DIE ZEUGUNG IN SITTE, BRAUCH

Snstigose nejaka Grgura, s*

sustigose pa ga i ubise,
ubise ga pa ga i ukopaSe.

Majka trażi nejaka Grgura,
kad ga trażi jest ga nalazila,
nasla ga je pa ga iskopala. so
Ona mieli, on se posvetijo,
al se Grga vrlo usmrdijo.

Majka njega kuci odnosiła
pa ga yjesa sebi o nacvama :
u dupe mu mekinje sipala, ss

o kurcu mu sitku objesila.

(Vom Tamburasen Lazo Simie* aus einem
Dörfchen bei Brèka in Bosnien.)

Die Mutter nährt ihren schwächlichen (Sohn)
Georg. — Als die Mutter ihren Sohn gross-
gezogen, — kauft sie, die Mutter, dem Sohne
ein Ross — für zwei Groschen weniger sech-
zig Paras*). — Die Mutter kaufte dem Sohne
(Gewehr-) Büchsen — für zwei Groschen
weniger sechzig Paras. — Die Mutter kaufte
dem Sohne einen Säbel — für zwei Groschen
weniger sechzig Paras. — Die Mutter erwarb
für den Sohn ein Mädchen, — erwarb eines
und beweibte ihn. — Die Mutter schickt den

•) Ein Groschen im Werte топ rund 8 Kreuzern oder
16 Hellern entspricht türkischen 82 Paras.


UND GLAUBEN DER SÜDSLAVEN.

195

Sohn (auf Besuch) zu den Schwägerinnen. —
Georg zog ab zu den jungen Schwägerinnen.

— Als er sich im neuen Gefilde befand, —
erblickten ihn die drei jungen Schwägerinnen,

— erblickten ihn und gingen ihm entgegen.

— Die eine hob Georgen vom Boss herab, —
die andere trug ihn in den Küchenraum*) —
und die dritte setzte ihn ans Feuer. — Es
sprang ein Feuerfunke auf, brannte Georgen
an, — an den Knieen brannten Georg die
Hosen durch. — Wie toll geworden sprang
Georg auf, — hinauf lief Georg oberhalb des
Hauses. — Hinterdrein folgen die drei jungen
Schwägerinnen, — sie tragen kleine Weiden-
pfähle mit, — holten den Schwächling Georg
ein, — holten ihn ein und töteten ihn, —
töteten und begruben ihn. —

*) Kuca, das Haus. Es ist dor Hauptraum, der die
Feuerstätte birgt und als Empfangsstube dient. Den
liebwerten Gast setzt man an die Feuerstatt hin. .—
Hätten wir an dem Spott hier eine Kritik zu üben,
müesten wir sagen, dass die Orthodoxen den Splitter
im Auge der Katholiken, den Balken aber im eigenen
nicht sehen. Der Zauberglaube an die Wunderkraft
von Totenfetischen ist eben beidon, dem Namen nach
christlichen Sekten gemeinsam. Der Mehrheit des
chrowotiechen (katholischen) und des serbischen (alt-
gläubigen) Volkes kommt die Bezeichnung Christen
mit nicht viel mehr Recht zu als den Indianern, die
uns James Mooney besebroibt.

13*


196 DIB ZEUGUNG IN SITTE, BRAUCH

Die Mutter sucht ihren schwächlichen
Georg, — da sie ihn suchte, that sie ihn
auch finden, — that ihn auffinden und heraus-
graben ; — sie wähnt, er sei ein Heiliger ge-
worden, — doch war Georg (bloss) furchtbar
in Gestank geraten. — Die Mutter trug ihn
heim — und hängt ihn oberhalb ihrer Brot-
backmulde auf: — ins Arschloch schüttete
sie ihm Kleie hinein, — an den Zumpt hing
sie ihm das Mehlsieb auf.

XL

(hislarenlieder.

(Zum Schiuss ein Deklamationsstück.) • '

Der Bruderkues.

Die im Volke vorwaltende geschlechtliche
Promiscuität ist mit Zuchtlosigkeit und sitt-
licher Verkommenheit nicht gleich; zum Be-
weis dient uns auch die ausnahmslos aufs
schärfste verurteilte Blutschande. Die Vor-
stellungen davon gründen sich auf der Stamm-
organisation in erster und nachträglich in
zweiter Reihe auch nebenher als auf einer
jüngeren, einer Beihilfbegründung, auf dem
Glauben. Es ist zwar bekannt, dass einige


UND GLAUBEN DER SÜDSLAVEN. 197

der ersten serbischen Könige ans der Ne-
manićdynastie mit den eigenen Schwestern
Buhl schlaf betrieben, einer sogar darauf be-
stand, die Schwester zn ehelichen. Auf das
Volk machte dieser Greuel so tiefen Eindruck,
dass noch heute nach 500 und mehr Jahren
lange Guslarenlieder davon erzählen. Dass
trotz alledem Fälle von Blutschande ziemlich
häufig vorkommen, braucht nicht erst be-
wiesen zu werden. Ich selber kenne mehrere
Männer und Frauen, die der geschlechtlichen
Vermischung zwischen Vätern und Töchtern
entsproesten, ferner mehrere, die ihren Mutter-
bruder Vater beissen. Es sind durchwegs
gesunde und schöne Menschen, die man als
sprechende Gegenbeweise gegen die vielfach
verfochtene Theorie von den schlimmen Folgen
der Blutschande für die Nachkommenschaft
ins Treffen führen kann. Sind denn übrigens
alle nicht in Blutschande gezeugten Menschen-
kinder tadellos gesund?! Es fiel mir auf,
dass bis auf eine einzige Ausnahme die Blut-
schandkinder ihren Eltern nicht einmal stark
ähnlich sind. Bemerkt zu werden verdient,
dass Blutschande unter den katholischen
Chrowoten ungleich häufiger als unter den
altgläubigen Serben vorkommt, unter den
Moslimen geradezu unerhört ist. Ich hatte


198

DIE ZEUGUNG IN SITTE, BRAUCH

das traurige Vergnügen einen höheren chro-
wotischen geistlichen Würdenträger zu ken-
nen, der zwei Schwesterntöchter, als sie
Bräute waren, schändete. Sein Unternehmen
bei der dritten miesiang. Sie wehrte sich
mit aller Kraft und schrie, dass man es in
der Nachbarschaft hörte: „Du hast die Mina
entjungfert, mich aber sollst du nicht vögeln !
Eher beisse ich dir den Zumpt ab!" Es war
der Abt und Pfarrer zu P. in Slavonien, dem
man aber nur da ram nicht beizukommen ver-
mochte, weil er mit der das Komitat be-
herrschenden „sacra familia" verbrüdert, ver-
vettert, verschwägert und vervögelt und der
Pfarrhof das Bordell für alle Beamten war.
Es wäre verfehlt, von diesem einen Wüstling
aus auf die übrigen chrowotischen Pfarrer zu
schliessen, von denen die Mehrzahl weder
besser noch schlechter als ihre Amtsbrüder
in Italien und Spanien sind.

Über die Blutschande im Volksglauben vgl.
Krause: Sitte und Brauch d. Südsl, S. 221
bis 223, und auch seine Abhandlung: Das
Mundschaftsrecht des Mannes u. s. w. bei den
Südslaven. Hier weitere Belege zur Er-
hellung des Glaubens. Zunächst eine Erzäh-
lung von der Blutschande zwischen Mutter
und Sohn.


199

600.

Die Mutter lässt sich vom Sohn beschlafen.

Diesen Bericht gebe ich nur mit allem Vorbehalte,
weil ich für seine Wahrheit nicht bürgen mag. Ale
im Jahre 1886 im Poiegaer Komitat in Slavonien grosse
Manöver stattfanden, stieg das Heu in der ganzen
Gegend so hoch im Preise, dass die Lieferanten ge-
nötigt waren, Aufkäufer gar nach Kroatien zu ent-
senden. Einer erzählte mir : „Ich kam in ein Dorf bei
Agram in eine rein chrowotische, katholische Gegend
und erfuhr, dass eine wohlhabende, verwitwete Bäuerin
viel Heu zu verkaufen hätte. Das Weib war recht
freundlich und führte mich in die Scheune. Da er-
blickte ich auf dem Heu ein Pärchen, das eich be-
gattete. Ich wollte scheu wieder hinaus, aber die
Bäuerin sagte gleichmütig: „Kommen Sie nur, das ist
meine Tochter, die sich mit dem Knecht vergnügt.
Wir stören sie nicht." Ich war nicht wenig erstaunt
darüber, aber die Bäuerin beruhigte mich : „Die Jugend
soll ihr Leben gemessen. Ich habe auch noch drei
Söhne, und die raachen es wie die anderen. Der älteste
und der jüngste sind hübsche Burschen und bei den
Mädchen beliebt, nur der mittlere ist krumm und
stottert, so dass ihm die Mädchen nicht gewähren. Da
muss ich ihm ab und su den Willen thun." Ich schaute
sie grossmächtig an. „Jau, sagte sie, „das thäte jede
Mutter an meiner Stelle, und weiss Gott, ob ee nicht
so manche thut, nur weil sie ihr Kind überaus liebt
und es ganz für sich haben möchte."

(Der Erzähler ist zwar ein Katholik, aber, wie die
Slavonier durchaus, ein geschworener Chrowotenhaseer
nnd es kann sein, dass er sich den Bericht zurecht
gelegt hat, um die Chrowoten herabzuwürdigen.)


DIE ZEUGUNG IN SITTE, BRAUCH

601.

Bruder und Schwester Brautleute.

Kad umrije beże Alibeże
osta ml:.da Alibegovica,
ostadose sedmere sjerote.

Sve hi*) majka po hizmetu dala:
sina Salka na paSaluk**) dala, s

Ajkn śćerku a Mostar prodala.

Ta sa bili devet godin dana.
Kad nastała deseta godina,
poraĆuje Salko s palalaka,
poracnje svojoj miloj majci; ю

— Grad mi majko dvore i ahare,***)
zaprosi mi Ajkn mostarkinjn.

To je majka sina poslusala;
gradua ma dvore i ahare,
zaprosi ma Ajka mostarkinjn, is

zaprosiła pa je dovodila.

Kad je bilo a oëi gjerdeka,
do pône je jarko snnce sjalo
a ot pôné kisa sa snijegom
a is kise grom o vi pucajo, so

n dar aj u a gjerdeska vrata.

*) fur ih.

**) Als Pagen an den Hof dee Pascha.

***) Das Wort ahar erklärte mir der Sänger aus
freien Stücken mit konjac. Sonst sagt das Volk für
Pferdestall: koojuśnica.


UND GLAUBEN DER SÜDSLAVEN.

201

Govorio Salko s pasaluka,
govorio Ajki mostarkinji:

— Ja, Boga ti, Ajko mostarkinjo,

sto te pitam, da mi pravo każes, ss
otkle si ti, ot kaka si grada?

— Ja, Boga mi, Salko s pasaluka
ja ću tebi pravo kazivati,

ja sam Ajka bega Alibega!

— Eat si Ajka, żałosna ti majka, зо
kat si Ajka bega Alibega,

ja sam Salko bega Alibega!

— Sta to reèe Salko s pasaluka ! ?

— Fala Bogu i danasnjem danu,

kat ti njesam nista uèmio, зб

neg sto sam te triput poljubio;
i brat seku u miloeti ljubi!
■(Vom Guslaren Mustafa Sovdic aus Teoćak
beim Kloster Tavna, Bosn.)
Nach Beg Alibegs Ableben — blieb die
Alibegin als junge Witwe, — blieben sieben
Waisenkinder zurück. — Alle unterbrachte
die Mutter in Diensten, — gab Salko an den
Pasalyk, — das Töchterlein Ajka verkaufte
sie aber nach Mostar.

Daselbst verblieben sie neun volle Jahre.
— Anfangs des zehnten Jahres — Hess Salko
vom Pasalyk wissen, — Hess seine teuere
Mutter wissen: — „Erbau mir, Mutter, ein


202 DIE ZEUGUNG IN SITTE, BRAUCH

Gehöfte und einen Pferdestall — und frei
für mich um Ajka die Mostarerirf!44

Die Mutter erfüllte ihres Sohnes Geheiss;
erbaute ihm Gehöfte und Pferdestall, —
freite für ihn um Ajka von Mostar, — freite
um sie und führte sie heim. —

Am Vortag vor dem Brautlager — schien
bis zu Mittag die Sonne heiss, — vom Mit-
tag ab gab es Hegen mit Schnee — und aus
dem Regen donnern die Donner, — donnern
an die Brautgemachthüre an. —

Sprach Salko vom Pasalyk, — sprach zu
Ajka von Mostar: — „Ei, so Gott dir helfe,
Ajka von Mostar, — auf meine Frage gieb
mir ehrlich Antwort, — von wannen bist du ?
von welcher Abkunft bist da?1* — „Ei, sa
Gott mir helfe, Salko vom Pasalyk, — ich
werde dir ehrliche Auskunft gewähren, — ich
bin Ajka, Beg Alibegs (Tochter) ! — „Bist du
Ajka, wehe deiner Mutter, — bist du Ajka
Beg Alibegs, — (denn) ich bin Salko Beg
Alibegs (Sohn)!" — „Was sprachst du Salko-
vom Pasalyk!?" — „Gott sei es gedankt und
dem heutigen Tage, — dass ich dir nichts
gethan habe, — als dich bloss dreimal geküsst;
— auch der Bruder mag aus Zärtlichkeit sein
Schwesterlein küssen!


UND GLAUBEN DER SÜDSLAVEN. 20$

602.

Von eines Vaters sündhafter Liehe zur Toclder.

U gorioi nesjeèena jela;
pod njom ima voda netoëena,
vis vodice sitne Zetelice
u onoga Korić Mehmedage:
tri sta srpa, dvi sta vezioca *

a pedeset vodunosioca.
Vazda moba żela і pjevala.

Kad je bilo oko pola dana,
sve im Fata redom napojila,
sve im poji, evoje lice kłoni, ю

da joj babo lica ne opazi.

Babo joj je lice opazijo
pa govori Korić Mehmedago,
govori joj Korić Mehmedago:

— Ja, 1, Boga ti, moja-ćeri Fato, 15
dragi Boże, bjela ti si lica,
cud an jazuk, da ga tngjin ljubi!
Odi Fato, da ga babo ljubi!

Govori joj Korić Mehmedago:
— Ja 1, Boga ti, moja ćeri Fato, 20.
der ti igji bijelome dvoru,
moli Boga, da ti umrę majka:
ti bi babi vjerna ljuba bila!

Ode kuci prilijepa Fata,
poljem isla, pol je rasplakala, 2«

k vodi dosli vodi [s] rasplakala,


ІЮ4 DIE ZEUGUNG IN SITTE, BRAUCH

gorom ilia, gori [s] rasplakala,
koci doiła, majku rasplakala:

— Moja majko, moja iuoëico,
moje seke, moje zaovice, to

moja* braćo, moji gjeverovi !

Ona igje na gornje cardake
pa nzima noże nekovane
pa izigje na kamen a vii ja
pa nzima noże nekovane se

pa ndari sebe n srdasce,
na nożiću srce izvadila!

O'gji je Fata sobom udarala,
onde joj se turbe otvoralo.

Kat to Ono Korić Mehmedago, 40
jo§ on igje svome bjelom dvoru.

Pa kat ćuo Korić Mebmedaga,
da je Fata svijet mijennla,
on nzima nożić iza pasa
pa ndari sebe n srdasce. u

G'gji je aga sobom ndario,
onde mn se crkva otvorala;
n njeg idu pratri i knezovi.

A g'gji Fata sobom udarala,
ondi joj se turbe otvoralo; so

u njeg idu hodże i hadżije
a i one dżenetske hurije,

_ ty _

(Zur Sargija vorgetragen vom Bauernburschen
Bećir Ahmicevic zu Srebrnik, Bosn.)


20fr

Im trauten Hochwald steht eine ungeteilte
Tanne, — unterhalb flieset ein ungeschöpftes
Wasser, — oberhalb des Wässerleins arbeiten
liebliche Schnitterinnen — im Dienste jenes-
Korić Mehmedaga: — dreihundert Sicheln
sind es, zweihundert Garbenbinder — und
fünfzig Wasserträger. — Die Bittarbeiter*)
schnitten unter Gesang unablässig die Frucht.

— Als es um die Mittagstunde war, —
bot ihnen Fatim der Reihe nach einen
Labetrank dar, — tränkt sie, verhüllt dabei
ihr eigen Antlitz ; — labt den Vater, verhüllt
dabei ihr Antlitz, — damit ihr Vater ihr An-
gesicht nicht erschaue. — Der Vater erschaute-
ihr Angesicht, — und es spricht Korić Meh-
medaga, — zu ihr spricht Korić Mehmedaga і
„Traun, bei Gott, o meine Tochter Fatim, —
du lieber Gott, wie schimmert so weiss dein
Gesicht ! — Das wäre ein merkwürdiger Ver-
lust, sollte es ein Fremdling herzen! — Komm
Fatim, lass den Vater seiner froh werden!"

— Korić Mehmedaga redet ihr zu : — „Traun,
Gott möge dir helfen, o meine Tochter Fatim !

— Geh mal heim zum weissen Gehöfte, —
bete zu Gott um den Tod deiner Mutter, —

*) Über die Bittarbeit (moba) bei den Südelaven vgL
Krause: Sitte u. Brauch der Südsl. ISO, 134, 150, und
K. Bücher : Arbeit u. Rhythmus, Lpzg. 1899, p. 224—230.


"206 DIE ZEUGUNG IN SITTE, brauch

da wärst dann deinem Vater ein getreues
Ehelieb !tt — Wunderschön Fatim ging heim.

— Sie ging über das Gefilde, rührte das Ge-
fild zu Thränen, — kam zur Quelle, rührte
die Quelle zum Weinen, — ging durch den
Hochwald, rührte den Hochwald zu Thränen,

— kam heim und brachte die Mutter zum
Weinen: — „0 meine Mutter, meine Kebsin!

— Meine Schwesterlein, meine lieben Schwä-
gerinnen, — meine Brüder, meine Braut-
führer!" — Sie stieg auf die oberen Söller
hinauf — und ergriff ein ungeschmiedet
Messer — nnd stieg hinab in den Stein-
pflasterhof — und erfasst das ungeschmiedet
Messer — und stösst sich damit ins Herzlein ;
mit dem kleinen Messer riss sie sich das Herz
aus dem Leib heraus! — An der Stelle, wo
sich Fatim erstochen hatte, — dort erschloss
sich ihr ein (türk.) Grabdenkmal. —

Als Korić Mehmedaga davon vernahm, —
begab er sich erst noch zu seinem weissen
<5ehöfte. — Und als Korić Mehmedaga er-
fahren, — dass Fatim diese Welt mit jener
eingetauscht, — ergreift er das Messerchen
hinterm Gurtband — und stach es sich ins
Herzlein hinein. — An der Stelle, wo sich
der Aga erstochen, — dort eröffnete sich ihm
eine Kirche, — sie wird von Franziskanern


207

nnd Dorfältesten besucht*), — wo sich aber
Fatim entleibt hat, — dort entstand ein
(türk.) Grabmal, — in das Hodźen nnd
Hadżen hineingehen, — nnd auch paradiesi-
sche Huris!

603.

Fähnrich Kitzlers Heldenthat.
(Junacstvo Sikilj barjaktara.)

a) Oj! Knjigu pise Sikilj barjaktare
pa je sal je starom Kuratagi:
„Eto knjiga, s tarée Euratago !
„ajde meni na duga mejdana.
„Evo tebi tri mejdana kazem: s

„jedan mejdan na polje trbusko,
„drugi mejdan- u dole krakove,
„treći mejdan lomnoj gori crnoj!u

Kad mu taka knjiga dolazila,
knjigu gleda Kurataga starce, ю

knjigu gleda, suze prolijeva.

Pitaju ga dva sestrića mlada,
dva sestrića, dva Mudaljevica:

*) Nach der sarkastischen Auffassung des Muslimen
▼erdient ein blutschänderischer Vater kein anderes Los,
«Ii dass ihn die katholische Kirche su einem Heiligen
mache, ihm zu Ehren Kirchen errichte uud ihn darin
verehre. Für die erhabene Ethik der Menschen-
Vergötterung hat eben der Moelira kein annähernd rich-
tiges Verständnis, obgleich er selber dem Ahnenkult
auneigt.


DIE ZEUGUNG IN 8ITTE, brauch

— Sta je tebi atari Kuratago?
Govori im starać Karataga: ił

— Evo knjige Sikilj barjaktara,
da ma idem па ропа megdana!
Ja ne mogn mejdan dijeliti,

jer sam jadan veće ostarijo,

ostarijo, mejdan ostavijo, s»

jere nemam ocmjega vida.

A vele mn dva sestrića mlada:
— Ne boj nam se stari Koratago,
mi ćemo ti a pomoći biti!

Kat se poèe starać opremati, ts

nagje kapn na celavu g la vu,
sve crvenn tori gjeisija
pa on ode na duga mejdana;
za njim idn dva sestrića mlada.

Kat sn bili na polje trbniko so

pa otalen u dole krakove
pa evo ga lomnoj gori crnoj.

Doceka ga Sikilj barjaktare
te ga baci n zindan tavnicn!
Ostaâe ma dva sestrića mlada, as

oni vise o Śupkanu gradu,
oni mole Sikilj barjaktara:

— Puści nama Kuratagu starca,
ieti blaga koliko to drago!

hto mouse to se domoliśe, 40

pusti njima Kuratagu starca.


UND GLAUBEN DEB SÜDSLAVEN.

209

Pitaju ga dva sestrića mlada:

— Oj Boga ti, Kuratago starce,
како ti je u tavnici bilo?

A veli im starac Karataga: м

— Ne pitajte dva sestrića mlada!
Ja kakva je prokleta tavnica,

od nikuda vrata ni pendźera,
sva je mraèna, ostała mn pasta!
Triput me je така avatila, 50

tripnt sam se a njoj probljavao.
Da m ne bade vanka ispustijo
і glavu bi u Djoj ostavijo!

(Von einem altgläubigen Ouslaren im Maje-
vica-Gebirge, Bosnien.)

Einen Brief verfaest Kitzler der Fähnrich —
und entsendet ihn an den alten Ritter Be-
zumptet: — „Hier ein (Fehde-)Brief, alter
Ritter Bezumptet! — Erscheine mir auf
langer Wahlstatt ! — Drei Wahlstätte mache
ich dir allhier namhaft: — die eine Wahl-
statt das Gefilde Bäuchlings, — die zweite
Wahlstatt in den Haxenthälern, — die dritte
Wahlstatt im karstigen, schwarzen Wald-
gebirge!" — Als Ritter Bezumptet solchen
Brief erhalten, — betrachtete er den Brief,
— betrachtete den Brief und vergoss
Thränen. — Ihn befragen seine zwei jungen

Kqvtix. VIII. 14


210

DIE ZEUGUNG IN SITTE, BRAUCH

Schwestersöhne, — die zwei Schwestersöhne,
die zwei Hodeninge: — „Was fehlt dir,
alter Ritter Bezumptet?" — Zu ihnen
spricht der Greis, Ritter Bezumptet: —
„Allhier ein Brief Fähnrich Kitzlers; —
er fordert mich heraus zu vollem Zwei-
kampf! — Ich kann keinen Zweikampf
(mehr) unternehmen; — dieweil ich ärmster
schon betagt bin, — bin betagt nnd habe
der Wahlstatt entsagt, — denn mir gebricht
es am Augenlicht !tt — Doch sprechen zu ihm
die zwei jungen Schwesternsöhne: — „Sei
ohne Furcht, greiser Ritter Bezumptet, —
wir werden dir hilfreich Beistand leisten !" —
Als sich der Greis zu rüsten anhub, —
steckte er auf seinen Kahlkopf die Kappe
auf — und legte lauter rote Gewandung
(Rüstung) an. — Und er zog zur langen
Wahlstatt ab, — hinter ihm folgen die zwei
jungen Schwesternsöhne einher. — Als sie
sich im Bäuchlingsgefilde befanden, — zogen
sie von hinnen in die Haxenthäler — und
schon sind sie im karstigen, schwarzen Wald-
gebirge angelangt. — Kitzler der Fähnrich
bereitete ihm einen Empfang — und schleu-
derte ihn hinab ins Burgverliese. — Seine
zwei Schwee terns ohne blieben zurück, — sie
baumeln an der Löcheringburg herab. — Sie


UND GLAUBEN DER SÜDSLAVEN.

211

bitten Eitzler den Fähnrich: — „Gieb uns
frei Ritter Bezumptet, den Greis, — heische
Lösegeld, soviel du nur magst!" — Ihre
Bitten fanden Erhörung, — er gab ihnen
Ritter Bezumptet, den Greis, frei. — Ihn be-
fragen die zwei jungen Schwesternsöhne : —
„0, so Gott dir helfe, Ritter Bezumptet, du
Greis, — wie ist es dir im dunklen Verliese
ergangen?"* — Entgegnet ihnen der Greis,
Ritter Bezumptet: —- „Fragt mich lieber nicht,
Ihr zwei jungen Schwesternsöhne! — 0, wie
ist doch dies verfluchte, dunkle Verliese be-
schaffen! — Von keiner Seite eine Thür und
kein Fenster zu sehen, — es ist tief in
Finsternis gehüllt, — möge es ihm verwüstet
bleiben! — Dreimal ergriff mich darin Übel-
keit, — dreimal erbrach ich mich darin. —
Würde er mich nicht herausgelassen haben,
— ich hätte wohl auch den Kopf darin lassen
müssen !"

(Man vergleiche dazu die Guslarenlied-
würzen, Kqvtcx. VI, S. 272—276, die den-
selben Einfall ähnlich behandeln. Dieses
Stück tritt selbständig auf und ist demgemäss
umständlicher. Im Italien, eine Ansprache
des Zumptes an seine Waffenbrüder, die Eier,
Kqvtïx. V, S. 176, Nr. 16.)


212

DIE ZEUGUNG IN SITTE, В BAUCH

604.

b) Knjigu pise nesrećnica pica
pa je s al je na koleno gjidn,
na koleno barjaktaru knrcu.
U knjizi ga vako pozdravljase:

— Cujes kurèe, sinji nesretnice! s
cula jesam, kazuju mi ljudi,
da si dobar jnnak na megdanu;
nego slusaj sto en besediti:
u subotu koja prva dogje,
ajde m en i na megdan junaëki іо-
uz Butkovo na pol je Pupko vo!
Tu ćemo se udariti, kurvo!
Ako Bog da i sreća junacka
te te dobjem na megdanu, gjido,
oba ću ti brata obesiti is

o Guzome gradu èuvenome
a tebe ću vrgnut u tamnicu
pa te, jadan, izvaditi ne ću,
dok is tebe ne izagje dusa!
(Aus dem Rudniker Bezirke in Serbien.)
Einen Brief schreibt das unglückselige
Vözlein — und entsendet ihn wohl zu dem
Knie des Spitzbuben, — zu dem Knie des
Fähnrichs Zumpt. — Im Brief entbot sie ihm
solcher Art einen Grass : — Hör mal, o Zumpt,
du blaugrauer Unglücksgeselle ! —Vernommen
habe ich, die Welt berichtet mir, — dass du


UND GLAUBEN DER SÜDSLAVEN.

213

ein wackerer Kämpe auf der Wahlstatt bist;

— doch horch, was ich dir künden werde:

— am Sonntag, am nächsten, der da naht,

— erscheine mir zum Heldenzweikampf —
bei Schinkenbach im Nabelburggefilde. — Da
werden wir, du Metze, gen einander stossen!

— So Gott es giebt und das Heldenglück —
und ich obsiege in dem Zweikampf, du
Hallunke, — werde ich dir die beiden Brüder
aufhängen — am Arschehorst, der wohl be-
rühmten Veste, — dich aber werde ich ins
dnnkle Verliese stecken — und dich, Gram-
beladener, nicht eher herausnehmen, — bis
nicht aus dir die Seele entweicht!

605.

c) Hvalila se krivopizda Sara
da joj nema na jebanju para:
tvrgja joj je pica ot katanca,
da je na njoj devet katanaca
і des eta brava dubrovaèka. s

To zacno Ero cobanine
pa on ode materinoj Sari:

— Dobra vece, materina Saro!
Öno jesam i kaznju ljudi,
da ti para na jebanju nema, ю

da je tvrgja pica ot katanca,
da je na njoj devet katanaca


214

DIE ZEUGUNG IN SITTE, BRAUCH

i deseta brava dubrovacka:

Progovara Ero cobanine:

— Ja imadem stotinu ovaca, is.

umnziću sto muzlica mlika

i popiću za kurèevo zdravlje.

Da je na njoj devet katanaca

і deseta brava dubrovacka,

oetat ne će, materina Saro! 2»

(Eine Qaelarenliedwürze des Guslaren Mil0van
Ilija Crljić Martinovié ans Gornji Rgovi in

Bosnien.)

— Sarah, die schiefvozige, berühmte sichr

— im Vögeln gäbe es nicht ihresgleichen: —
ihr Vözlein wäre härter noch als ein Vorhäng-
schloss, — an ihm (dem Vözlein) wären nenn
Vorhängeschlösser — nnd als zehntes ein
Ragusäer Schloss. —

Davon vernahm Herzler*), der Hirte, —
nnd er begab sich zu Sarah, der Mutter Lieb-
ling: —

Guten Abend, Sarah, der Mutter Liebling!

— Vernommen habe ich und es geht die
Kunde, — dass deinesgleichen im Vögeln
nicht erfunden, — dass dein Vözlein härter
als ein Vorhängeschloss, — dass daran neun
Vorhängschlösser — und als zehntes ein

*) Der Herzogländer.


UND GLAUBEN DER SÜDSLAVEN.

215

Ragusäer Schloss (befestigt) sei! — (Ferner)
spricht Herzler, der Hirte: — „Ich besitze
einhundert Schafe, — hundert Melkkübel Milch
werde ich vollmelken — und sie austrinken

«

zur Gesundheit des Zumptes. — Sind auch
an ihm (dem Vözlein) neun Vorhängschlösser
— und ein zehntes, ein Ragusäer Schloss, —
es bleibt daran kein einziges, o Sarah, du der
Mutter Liebkind!

606.

Vom Christenmädchen, das dem Sultan als ein
bosnischer Vezier gedient hat.

Pridvori se vlainja djevojka
kod onoga cara èestitoga
iz onije via s kije kotara;
ne każe se ni da je djevojka,
već se każe mlada Sarajlija s

od lijepa sera Sarajeva
po imenu Ćelebija Mujo.

Dvori cara sedam godin dana
a osam je posijekla glava,
Ito su cara na megdana zvale; ю
pa joj care napravijo kulu
u Stambolu gradu bijelome
krajem svoje a bolju ot svoje,
jer je bolja, jer je [i] novija.

Jednoè cura bise uranila ie

pa izmila lice na divane;


216 DIE ZEUGUNG IN SITTE, BRAUCH

yrag nanese delibasa Ibra
pa djevojki dojke agledao;
trëi Ibro cara pa kazaje:

— Саг èestiti, па istoka sance! 20
u zö cas ga pridvorijo slugu

po imenu fcelebija Majn!

Ono nije Öelebija Majo,
već je ono ylainja djevojka
od onije viaskije kotara! *5

Jatros cara rano uranila,
na divanu lice izmivase,
sinn lice kano jarko snnce
a grlasce kano mjeseÖina,
obe sam joj dojke ngledao. »0

Ja kakva je glavita djevojka,
i star bi se djedo prevarijo,
nekmo 1 ne bi kakvo momce mlado!

A kat care razumje besjede,
sto besjedi Ibro delibasa »»

pa povika iz grla bijela:

— Prava lalo delibasa Ibro,
izaberi trideset delija

po izborn koj eg tebi drago

a iz podruma trideset atova; 40

nek pojase trideset delija

pa ri ajte djevojaëkoj kali,

dovete mi vlainja djevojka,

da mi bode mlada snltanija !


UND GLAUBEN DER SÜDSLAVEN.

Ja kad zacu Ibro delibasa
pa od zemlje na nogę skocïjo
pa on bira trideset delija
po izborn koj eg Djemu drago;
iz podrnma trideset atova.

Pa pośjede trideset delija
pa otalen konje poćeraSe
a pred njima delibasa Ibro
pa odose knli djevojaëkoj.

Kad dogjose knli djevojaëkoj
pa m і Ibro ispret knie vice:

— Jes n knli vlainjo djevojko?
Selara ti je care ot Stambola,
da ti idei bijeln Stambola.
da ti bndes carska saltanija.

Djevojka se sa pendżera javlja
— Prièekaj me delibasa Ibro,
dok se spremim na bijeloj knli!

Kat se stade cara oblaèiti
pa obuèe svilena kos al ja,
nit je tkana niti je predena
і n novo brdo uvogjena,
vec ot Ciste iepletena svile.

Oko grla ispletene goje;
Jesu guje ot suvoga zlata,
a pod grlom sastavile glare;
n zubima dva kamena draga,
baS bi reko i bi se zakleo
a da źive zijevaju guje!


DIE ZEUGUNG IN SITTE, BRAUCH

S vi* kosulje dva jeleka zlatna
a s vrh nji mi kadifli dolama. 75

Kakva joj je kadifli dolama?
Kuda savi, sve siriti zlatui,
niz Djedarca trideset dugmeta,
svako dugme ot pol litre zlata,
a sto joj je dugme pod grlascem,
ono dugme ot tri litre zlata
pa je dugme na burmu skovauo ;
jos u njemu casa od biljura,
sto na jutro ispija r a kiju.

S vrh dolame toke ot tri oke «*
a na glavu kalpak i ćelenke,
devet pera, dvanajst celenaka,
sve se krilo na krilo navilo
a jedno se visoko izvilo
pa je krilo od vremena brani, to
da joj sunce ne opali lice.
I ono se na èekrk okreće
sve u satu po dvanajest puta;
jos kat pero 0 pero udari
[to] èuje se cerek u sahatu. 01

Pa obuèe ot èoe èaksire,
mor cakśire, kopèe dźumislije;
vise joj je pot koljenom zlata,
već morkinje Cove nat koljenom.

Opasa se pasom svilenijem i«o>
od bedara taman do njedara


UND GLAUBEN DER SÜDSLAVEN.

a po njemu sarajli silajem.
Za nj zagjede dvije puske male,
sve u srmi i u zlatn sah u,
megja njima nozi i sindżiri.

A pripaea sablja dimiskija.
Ja, kakva joj sablja dimiskija?
Sva a srmi i u zlata sava;
na sablji sa tri bal сака zlataa
a a njima tri kamena draga.
Sablja val ja tri careva grada!

Póna obn Öizme і kalèine
pa po Seta niz bij ein kala,
kako [s] seće, sva se kala kreće.

Póna spade u podrame mraène,
do gjogina konja dolazila;
priteże ran fcetiri kolana
i jos peta ibrisim tkanica,
sto gjogata ot kolana cava.
Zauzda ga nzdom pozlaćenom
pa izvede na mermer avlija,
zakoraći, śjede na gjogina;
iz avlije naćera gjogina.

Ja, da vidi! glavite djevojke!
A naćera kalpak nad obrve,
glavom manu a zubima skrinu
pa poteże sabljn dimiskija
pa а tnrke juris uÖinila!

Da je kome stati pa gledati,


1ЙЮ DIE ZEUGUNG IN SITTE, BRAUCH

как razgoni na bnljnke turke, is«
kano vuèe po planini ovce!
Dok s okrenn tamo і ovamo
posijeèe trideset delija!

Otlen cnra poćera gjogina.
Kako j cura konja razljutila, m
eve joj gjogo na kol ace skaèe
poprijeko dvanajest arsina,
n napredak dvajes і fcetiri.
öjegod koga sretase turèina,
sve pod gola sa bij u okretase. uo

Doklen dogje pot saraje carske,
ne će cnra odjsti gjogina,
gje sjahnjn pase i vezeri,
već proćera svojega gjogina;
gje no care konja odjahuje, us

ongje cara otśjede gjogina;
nit ga voda, nit ga korne dava,
već uzbaci dizgin na jabuku.

U becara nejma izmećara.
Udari mu sile oz vilicu, iso

sam se gjogo po avliji voda.

Eto care oz bijela kala.
Kad izigje oz bijela kala,
gjeno śjedi care ot Stambola,
zaganbala cnra u èizmama, ist

ті ćizmama i a kalëinama,
ona gazi sviln i kadifu,


UND GLAUBEN DEB SUDSLAVEN.

___\

921

glavom mana a zubima skrinu,
ona case cara posijeći;
al se njojzi sramota Uinjase
pognbiti zemlje gospodara.
da ne metnn kakva zulum&ara,
utużiće raji i vnkari.

Prepade se care ot Stambola
pa beśjedi fcelebiji Muji: itt.

— Bogom brate celebija Mujo,
pokłoni mi źiyot na megdanu,
evo tebi na Bośni vezirstvo

bes prom jene za sedam godina

pa ti kupi danke i araèe! п»

A to cura jedva doëekala
pa joj care dade pratioce.
Ona ode Bosni ponositoj.

Vezir bila za sedam godina,
sve kupiła danke і araèe пі

a kad osma nastała godina,
svi knezovi donose araèe
a najposle Mihailo kneże.

Sve knezove seir aëinila,
begenisa kneza Mihaila îeo

pa beéjedi bosanski vezire:

— Dogj do veëe Mihailo kneże,
dogj do veèe meni na veèeru!

То se kneże cudo okarijo
a kad dogje svojoj beloj kuli !• t.


222 DIE ZEUGUNG IN SITTE, BBAUOH

pita njega ostarela majka:

— Sto je, sine, ako Boga znades,
sto si mi se tako okarijo?!

Al govori Mihailo kneźe:

— Ne pitaj me, moja mila majko ! ito
Vezir mené zove na veèeru,

ja se bojim, majko, prijevare,
осе mené, majko pognbiti!
AI je majka sinn beśjedila:

— Mihailo, moj miłośni sinel ш
ti ponesi dvi je pnske male;

sto i nosiś n potahi sine;
ako tebi do nevolje dogje
a ti svoju zamijeni glavu!

Pa on skocl od zemlje na noge aoo
pa on uze dvije puske maie
pa i meće sebi n dzepove
pa veziru ode na veèeru.

Kad je vakat bij o od veèere,
veèerase gospockn veèeru! 20s

o svaëemu eglen zaturise
pa beéjedi bosanski vezire:

— Od de ато, Mihailo kneże,
raspuëi mi pnca niz njedarca!

Prepade se Mihailo kneże sio

pa poteże dvije pnske maie,
da ubije bosanskog vezira.

Al beśjedi bosanski vezire:


UND GLAUBEN DER SÜDSLAVEN.

223

— Васі ривке Mihailo kneże,
baci puske, oft ti izbile! m

Ti pogledaj dojke n njedrima!

Onda cur a paca raspuëila.

Kad ugleda Mihailo kneże,
kad ugleda dojke a njedrima,
krajem cure śjede na duäeku. sio

A cara ga rukom prigrlila;
stadose se valjat po dnseku
gje niëice, gje na uznaĆice;
lijepo im na konaku bilo.

Ja kad bilo noći ot ponoći m

pa otalen na nogę skoëise
a djevojka ruho pokupila ^

i svoje je blago iskupila.

Is podruma konje izvedose
pa na konje navalise blago. »so

Oni dobre konje pośjedose
pa odose dvoru bijelome,
bijelome Mihaila kneza.

Lijepo i mati doëekala,
doĆekala, veselje ëinila, \гь

sve ëinila za nedjelu dana.

Do ba viii [i] popa i kuma
pa vjenëali glavitu djevojku.

Pa je s njome poród izrodijo
dvije ćeri i ëetiri sina, no

prve ćeri, poslednje sinove,


DIE ZEUGUNG IN SITTE, BRAUCH

a da snaje zôve ne zastają,

da se dva zla n dom ne sastajn.

*

I to bilo kad no se èinilo,
onda bilo, sat se spominjalo. us

Vec* drnzino, da se veselimo!
Bog nas mijo svagda veeelijo
і od muke svake zaklonijo
i ot kuje, koja kolje mufcke!

(Vom Quslaren Fodor Popovic zu Zabrgje

in Bosnien.)

In Hofdienst trat ein wälsches Mädchen —
jenes Kaisers, Glück sei mit ihm, — sie ent-
stammte den wälschen Landbezirken; — sie
gab sich auch gar nicht für ein Mädchen
aus, — gab sich vielmehr für einen Jüngling
aus Sarajevo aus, — von jener schönen Stadt
Sarajevo, — und nannte sich Junker Mujo. —

Sieben volle Jahre stand sie in des Kaisers
Hofdienst —- und schlug acht Köpfe ab, —
die den Kaiser zum Zweikampf gefordert
hatten; — und dafür Hess ihr der Kaiser
eine Wartburg erbauen — in Stambol, der
weissen Stadt, — nahe der seinigen, doch eine
schönere als die seinige; — warum ist sie
schöner ? weil sie ja neuer ist.


UND GLAUBEN DER SÜDSLAVEN. 225

Eines Tages stand das Mädchen frühzeitig
auf — und wusch sich ihr Angesicht für die
Ratversammlung; — der Teufel führte den
Gardelieutenant Ibro daher — und der er-
blickte die Tutein des Mädchens; — Ibra
rennt zum Kaiser und meldet: —

Kaiser, mögst glücklich sein, o du Sonne
im Osten! — zu schlimmer Frist gewannst
du den Höfling — namens Junker Mujo! —
vielmehr ist das ein wälsches Mädchen — aus
jenen wälschen Landbezirken! — Heute mor-
gens stand das Mädchen frühzeitig auf, —
wusch sich das Angesicht zur Ratunterhaltung,

— ihr Angesicht ergleisste wie die sengende
Sonne, — der minnige Hals aber wie Monden-
schein, — ihre beiden Tutein erschaute ich!

— 0, wie herrlich ist das Mädchen geraten,
selbst ein alter Greis geriete darob in sinn-
liche Wallung, — wie denn nicht erst recht
so ein junges Bürschlein! —

Als nun der Kaiser die Reden begriff, —
die Gardelieutenant Ibro führte, — rief er
aus weisser Kehle aus: — Du wirklicher
Hofmann, Gardelieutenant Ibro, — erkiese
dreissig Kämpen, — die auserwäbltesten, die
dir zu Geeicht stehen — und nimm aus den
Keller(ställen) dreissig Rosse, — damit die
dreissig Kämpen aufsitzen, — und zieht zur

Kqvut. VIII. 16


226

DIB ZEUGUNG IN SITTE, BRAUCH

M&dchenwartburg hin, — führt mir das -
wälsche Mädchen her, — damit ich sie zur
jungen Sultanin erhebe! —
Kaum vernahm dies Gardelieutenant Ibro,

— sprang er vom Boden auf die Beine auf,

— und erwählte dreissig Kämpen, — die
allerbesten, die ihm zusagten; — nahm aus
den Keller (stallen) dreissig Bosse. —

Und es schwangen sich die dreissig Käm-
pen auf, — und jagten von hinnen die Bosse,

— an ihrer Spitze ritt Gardelieutenant Ibro
einher, — und sie zogen zur Wartburg dahin. —

Als sie zur Mädchen wartburg hinkamen, —
rief Ibro also vor der Warte aus: — Bist du
wälsches Mädchen in der Warte? — Der
Kaiser von Stambol entbietet dir seinen Gruse,

— du sollst zum weissen Stambol kommen —
und kaiserliche Sultanin werden! —

Vom Fenster meldet sich das Mädchen : —
Erwarte mich mal, Gardelieutenant Ibro, —
bis ich mich auf der weissen Warte heraus-
putze! —

Als sich das Mädchen anzukleiden anfing,
zog sie (zunächst) ein seidenes Hemde an, —
das ist weder gewoben, noch gesponnen, —
noch auch in ein neues Weberblatt eingeführt
worden, — vielmehr ans reiner Seide aus-
gehäkelt. —


UND GLAUBEN DER SÜDSLAVEN.

227

Um die Kehle sind Nattern geflochten; —
diese Nattern sind ans reinem Golde, — und
haben unter ihrer Kehle die Köpfe aneinander
geschlossen; — im Gebisse halten sie zwei
Demanten, — wahrhaftig, du thätst be-
haupten und darauf schwören, — dass leben-
dige Nattern den Rachen aufreissen! —

Uber dem Hemde zwei ärmellose Jäckchen

— und über sie einen langen Überrock. —
Wie ist ihr die sammetne Dolama beschaffen ?

— Wo die Nähte, lauter goldne Borten, —
den Busen abwärts dreissig Knöpfe, — jeder
Knopf von einer halben Litra Goldes, — der
Knopf aber, der ihr unter der trauten Kehle
sitzt, — dieser Knopf wiegt drei Litren
Goldes, — und der Knopf ist als Schrauben-
deckel geschmiedet, — und es steckt in ihm
noch ein Trinkbecher aus Krystall, — woraus
sie zum Frühstück Branntwein trinkt. —

Den Überwurf halten vorn Buckelspangen
von je drei Oken zusammen, — und auf dem
Haupte sitzt ihr ein Kaipak mit Helm-
büschen, — neun Federn, zwölf Büsche, —
Flügel windet sich über Flügel, — einer je-
doch wand sich zuoberst empor, — und dieser
Flügel bewahrt sie vor den Unbilden der
Witterung, — damit ihr die Sonne das Ge-
sicht nicht verbrenne; — auch dieser dreht

15*


228

DIE ZEUGUNG IN SITTE, BRAUCH

sich an einer Spiralfeder, — zn zwölfmalen
in einer Stunde; — zum Überfluss schlägt
Feder an Feder, — hört man die Stunden-
viertel schlagen. —

Zog ferner tuchne Beinkleider an, — indigo-
farbene Beinkleider, silberne Knöpfe; — unter-
halb der Kniee hat sie mehr Gold, — als
höher hinauf Blautuch. —

Sie gürtete sich einen seidenen Leibgurt um,
von den Schenkeln an bis zum Busen — und
darüber eine Sarajevoer Waffenschärpe. —
Dahinter steckte sie zwei kleine Büchsen, —
ganz mit Silber und lauterem Golde ausgelegt,
—■ dazwischen Dolchmesser und Ketten. —

Dann schnallte sie um den Gurt den
Damaszener Säbel um. — Ei, wie ist ihr der
Damaszener Säbel geartet? — Ganz von
Silber und lauterem Golde strotzend ; — drei
goldne Griffteile sind am Säbel, — und in
ihnen stecken drei Demanten. — Der Säbel
ist drei kaiserliche Burgen wert! —

Und sie zog die Tuchsockeu und Stiefel
an, — und kam von der weissen Warte herab-
gestiegen, — wie sie herniedersteigt, die
ganze Warte wiegt sich. —

Dann glitt sie hinab in die dunklen Keller-
ställe, — nahte dem Ross, dem Schimmel, —
zog ihm vier Leibgurte um — und noch eine


UND GLAUBEN DER SÜDSLAVEN.

229

fünfte seidene Leibschleife, — die den Schimmel
vor den Gurtreibungen schützt. — Zäumte
ihn mit einem vergoldeten Zaum auf — und
führte ihn in den Marmorhof hinauf, —
schwenkte das Bein, sass auf den Schimmel
auf, — jagte den Schimmel zum Hof hinaus. —

Ei, solltest mal das Prachtmädel sehen ! —
Den Kaipak drückte sie tief über die Augen-
brauen, — schüttelte einmal mit dem Haupte,
knirrschte mit den Zähnen — und zog den
Damaszener Säbel heraus — und stürmte in
die Türkenschaar hinein! —

Ach, könnte einer dastehen und zuschauen,
— wie sie truppweise die Türken auseinander-
jagt, — wie der Wolf im Hochgebirge die
Schafe! — Bis sie sich nur dorthin und hie-
her gedreht, — hatte sie schon die dreissig
Kämpen niedergemacht! —

Von hier spornte das Mädchen den Schimmel
weiter an. — So sehr hatte das Mädchen ihr
Boss ergrimmt, — dass es baumhohe Sätze
machte, — querüber zwölf Ellen, — und nach
vorwärts vierundzwanzig Ellen weit. — Wo
sie nur einem Türken begegnete, — alle
brachte sie unter den nackten Säbel. —

Als das Mädchen unter den kaiserlichen
Serail kam, — mochte sie vom Schimmel
nicht absteigen, — wo die Paschen und


230 DIE ZEUGUNG IN SITTE, BRAUCH

Yeziere von Bossen abzusteigen pflegen, —
sondern trieb ihren Schimmel weiter vor; —
wo der Kaiser vom Rosse absteigt, — dort
schwang sich das Mädchen vom Ross herab;
— weder führt sie es herum, noch übergiebt
sie es wem, — sondern warf nur die Zügel
über den Sattelknopf. —

Wer ledig ist, entbehrt eines Dieners. —
Sie versetzte dem Schimmel mit flacher Hand
einen Schlag über die Kinnlade — und allein
führte er sich im Hofraum umher. —

Schon steigt das Mädchen auf die weisse
Wartburg hinan. — Als das Mädchen auf die
weisse Warte hinaufgestiegen, — wo der
Kaiser von Stambol thront, — trabte sie
weiter in den Stiefeln einher, — in den Stiefeln
und den Tuchsocken, — sie tritt Seide und
Sammet nieder, — schüttelte einmal ihr
Haupt, knirschte mit den Zähnen, — sie
wollte den Kaiser niedersäbeln; -• doch kam
es ihr als eine Schändlichkeit vor, — den
Landbeherrscher nmzubringen, — sie könnten
ja an seine Stelle irgend einen Rebellen ein-
setzen — (und) der würde der Raj ah und
dem armen Volke Leid bereiten. —

Erschrocken fuhr der Kaiser von Stamboj
zusammen — und sprach zu Junker Mujo : —
Sei mir mit Gott verbrüdert, Junker Mujo, —


231

schenk mir das Leben anf der Wahlstatt; —
da nimm das Veziertnm an der Bosna — ohne
Abänderung für sieben Jahre, — nnd hebe
die Stenern nnd Anflagen ein! —

Das eben war des Mädchens innigster
Wunsch, — und der Kaiser gab ihr ein Ge-
folge. — Zur stolzen Bosna zog sie ab. —

Sieben Jahre hindurch war sie Vezier, —
hob ständig die Steuern und Auflagen ein —
und als das achte Jahr ins Land kam, —
bringen alle Schulzen die Auflagen daher, —
und als letzter, Schulze Michael. —

Alle Schulzen unterzog sie einer Schau, —
verliebte sich in den Schulzen Michael, —
und so sprach der bosnische Vezier: — Komm
bei Abendanbruch, Schulze Michael, — komm
zu Abend zu mir zum Nachtmahl! —

Darüber geriet der Schulze in tiefe Nieder-
geschlagenheit, — und als er zu seiner
weissen Warte kam, — befragte ihn die be-
tagte Mutter: — Was fehlt dir, o Sohn, so
du von Qott zu sagen weiset, — was bist du
mir in so gedrückter Stimmung? —

Doch spricht Schulze Michael: — Befrag
mich nicht, meine liebste Mutter! — Der
Vezier lädt mich zum Nachtessen ein, — ich
befürchte, o Mutter, einen Trug, — der ge-
denkt mich, o Mutter, ums Leben zu bringen!


232

DIE ZEUGUNG IN SITTE, BRAUCH

Doch sprach die Matter zum Sohne: — 0
Michael, mein vielgeliebter Sohn! — Da
nimm die zwei kleinen Büchsen mit, — die
da, o Sohn, im geheimen za tragen pflegst, —
sollte es dir an den Kragen gehen, — so
schaff für dein Haupt einen Ersatz! —

Da sprang er vom Boden auf die Beine
auf — und ergriff seine zwei kleinen Büchsen
— und steckte sie in seine Taschen — und
begab sich zum Yezier zum Nachtmahl. —

Als es Nachtmahlzeit geworden, — aseen
sie herrschaftlich zu Nacht; — sie fahrten
über alles mögliche Unterhaltung, — und es
sprach der bosnische Vezier! — Komm mal
her, Schulze Michael, — knöpfle mir auf die
Knöpfe den Busen entlang! — Schreck befiel
Michael den Schulzen, — und er zog die zwei
kleinen Büchsen hervor, — um den bosnischen
Vezier zu töten. —

Doch spricht der bosnische Vezier: — Wirf
die Büchsen weg, Schulze Michael, — wirf
die Büchsen weg, mögen sie dir die Augen
herausschlagen! — Du schau mal die Tutein
im Busen an! —

Darauf knöpfelte das Mädchen die Knöpfe
auf. — Als das Schulze Michael erblickte, —
als er die Tutein im Busen erblickte, —
setzte er sich neben das Mädchen auf das


UND GLAUBEN DEB SÜDSLAVEN.

Polster. — Das Mädchen aber schlang den
Arm nm ihn; — sie hüben an, sich auf dem
Polsterpfühl herumzuwälzen, — bald mit dem
Besicht nach unten, bald wieder nach oben,
— (kurzum,) sie thaten sich zur Nachtrast
"weidlich gütlich. —

Als es nachts nach Mittemacht war, — er-
hoben sie sich von hinnen auf die Beine, —
und das Mädchen klaubte ihr Gewand zu-
sammen, — und ihre Schätze las sie auch
zusammen. —

Aus dem Keller führten sie die Bosse
heraus — und luden auf die Bosse die
Schätze auf. — Sie schwangen sich auf die
guten Bosse — und zogen zum weissen Ge-
höfte Michaels des Schulzen dahin. —

Herrlich empfing sie die Mutter, — empfing
sie und bereitete ein Hochzeitfest, — feierte
•es eine volle Woche lang. —

Sie schafften einen Pfarrer nnd einen God
^ur Stelle — und vermählten das stattliche
Mädchen. —

Und er zeugte mit ihr einen Nachwuchs —
zwei Töchter und vier Söhne, — zuerst die
Töchter und zuletzt die Söhne, — damit die
Schwiegertöchter keine Schwägerinnen an-
treffen, — damit im Hause zwei Übel nicht
zusammentreffen sollen.


234 DIE ZEUGUNG IN SITTE, BRAUCH

Also hat es sich zugetragen, als es sich
ereignete, — dazumal geschah es, jetzt mag
man dess gedenken. —

Nun denn, Oesellen, laset uns fröhlich sein Г
— Der liebe Gott möge nns allezeit fröhlich
machen — und vor jeder Art Pein be-
schützen, — und vor einer Hündin, die sich
lautlos in einen einbeisst!*)

607.

Die unglückliche Fliege.

Komar igra, komar na skakavcu,
na skakavcu konjn od mejdana.

Njega gleda muha hudovica
sa cardaka sa klenova lista,
govorila evojoj mijoj majci: &.

— Da me Ьобе moja mila majko,
da me hoće komar zaprositi,
ja bi njemu połaziła majko!

To govori, da nitko ne èuje,
sve to slusa komar тотбе mlado, ю
zaprosio muhu hudovicu,
zaproeio pa je provodio.

Ead je bio na prvom konaku
prużi noge komar momce mlado,
da mu skinę Sizmu sa noźice. 15

*) Gemeint iit eine wütende Hündin.


UND GLAUBEN DER SÜDSLAVEN

23fr

Silna bjese muha hndovica,
otkide mu nogn iz gnzice.

Trażi komar lahka vedenjaka,
osinu je vise pr den jaka.

Smiju joj se njezne drngariee: »©

— Neka, neka, jebena kapijo !
Bolji su te svatovi prosili:
bum b aro vi hodże i hadżije,
streljenovi boeanski veziri,
obadovi zvorniëki muktari »».

a osovi ljuti arnauti!

(Vom Guslaren Mustafa Sovdic* aus Teoćak
beim Tavna-Kloster, Bosnien. — Eine serb.
Variante aus dem Herzogtum als Guslaren-
liedwürze bei Krauss in Smailagić* Meho,
Ragusa 1835. Das Lied ist im Süden sehr
stark verbreitet; kommt auch im fernsten
Russland vor. Eine Umfrage darüber ver-
anstaltete Paul Sébillot in der Revue des

trad, popul.)

Der Gelserich tanzt, der Gelserich auf der
Heuschrecke, — auf der Heuschrecke, dem
Streitross. — Ihn betrachtet" die Witwe
Fliege — von ihrer Warte, dem Feldahorn-
blatte, aus — und sprach zu ihrer liebsten
Mutter also: — „0 wollte um mich, 0 meine
teuerste Mutter, — 0 wollte um mich der


^36

Gelserich freien, — ich thät ihm folgen, o
Mutter!4* — Dies spricht sie, damit es nie-
mand höre, — doch hört dies alles der Gelse-
rich, der junge Fant; — er hielt um die
Witwe Fliege an, — hielt um sie an und
führte sie heim. — Als sie auf der ersten
Nachtrast waren, — streckte der Gelserich,
der junge Geselle, die Beine aus, — damit
sie ihm die Stiefelchen vom Beinchen ziehe.
— Kraftstrotzend war die Witwe Fliege, —
ries ihm das Bein aus dem Arsch heraus. —
Der Gelserich sucht nach einem leichten
Venezianer Säbeil — und versetzt ihr einen
Hieb oberhalb des Farzloches. — Ihre Ge-
nossinnen verlachen sie: — „Geschieht dir
ganz recht, du gevögelte Pforte! — Vor-
nehmere Hochgezeiter freiten (vergeblich) um
dich: — Hummeln Hodźen und Hadżijen, —
Hornisse bosnische Veziere, — Bremsen
Mnktare von Zvornik — und Wespen grim-
mige Albanesen!

608.

Prinz Markos Rückblick.

— Tjera ture kraljevica Marka,
tjeralo ga tri bijela dana,
a kada se Marku dodijalo,
obazre se kraljevicu Marko


UND GLAUBEN DEB SÜDSLAVEN.

287

poteżući tesku topuzinu; і

posra tare konja i abaju!
(Von einem Gaslaren in Bosn. Brod.)
— Ein Türklein verfolgt den Prinzen
Marko, — es verfolgt ihn drei weisse Tage
lang, — als aber Marko die Gesellschaft
lästig fiel, — schante er, Prinz Marko, sich
nm, — den schweren Streitkolben dabei
loslegend, — da beschiss das Türklein Bosa
and Schabrake!

609.

Selten unterlasset es ein Guslar in Liedern,
die von gelungenem Brautraub oder einer Ent-
führung handeln, auch des ersten Beischlafs
in der Brautnacht zu gedenken. Fast stereotyp
ist nachfolgende, sehr beliebte Schilderung:

Eomjen vjenëa Ajku Rnjiëinu,
vjenëa za se pa uze poda se,
pritiskuje, grije istiskuje:

— Kazi jadna eto si zgrijesila?

— Ja u sebi sama promislila, •
Bozi mili, ëadna bodenika!

Eomjen traute sich Ajka Hasenschartes
(Schwester) an, — traute sie sich an und
nahm sie unter sich, — er drückt sie nieder,
drückt ihr die Sünden aus: — „Sprich,
sollst nicht leidbeladen sein, was hast du ge-
sündigt?" — „Ich selber überdachte bei mir


-238 DIE ZEUGUNG IN SITTE, BRAUCH

im Stillen, — du lieber Gott, ist das aber
ein seltsamer Dolch!"

610.

Don Rodrigo vnd Donna Clara.
(Ein Deklamationsstück.)

— Don Rodrigo, don Rodrigo,
sto ti se je kurac digo?

To mu veli dona Klara

dona Klara, mia cara,

jebaèica vjésta stara. 5

— Drażestnu sam vid'jo tebe
a sad mi se strasu o jebe!

Kladise se don i dona
u hiljadu napol'jona,
deset puta da je klati, ю

ne może li, sve da plati.

Pet joj puta slavno kreno
i opklade pola zgrô,
kot sestoga puta klonu,
sedmog puta me"ma*) prava, 15

već робе da malaksava,
osmog puta bas ni maci,
poëe gaće da oblaci
і ovako da tumaĆi:

— PriĆekaj me, dona mila, 20

*) Wahrscheinlich vom deutschen: Memme. Der
Gewährsmann erklärte mir das Wort mit mlitavac,
•einer ohne Kraft und Mut.


UND GLAUBEN DEB SÜDSLAVEN.

289

pricekaj me dvje tri noéi,

ергemnij i би tebi doći!
Tri je dana kurac ribo

pa naiibo puna muda.

Stoji budża kano ruda, ss

ode doni kano luda.

Zadyoljna se dona smjeii,

poèe suknje veé da rjeài.
Al u dona sale ne bi;

kada Ijepu donu zgrabi, зо

do muda joj kurac zabi.

Prde dona dva tri puta

ponda reće za br i nut a:
— Done mili, doue siatki,

eto sat sam ja u plati! 35

Tko se ne bi èudio,

како pica diaku nosi,

hoće kurcu da prkosi!

Ali kurac strasne ćudi,

on za ćasak pici sudi. 40

(Ans Treat bei Fiume, chrowotisches Küsten-
land. Von einem Zögling der nautischen Schule,
der da behauptete, jeder anständige Mensch
in Treat kenne dies Gedicht auswendig. —
Das ist kein Volkslied, doch sind darin mit
grossem Geschick volkstümliche Wendungeu
verwertet. Vgl. V. 36 ff. mit Kqvtix. VI, S. 316,
Nr. 21. — Ein serbischer Doktorand der Rechte


340 DIE ZEUGUNG IN SITTE, BRAUCH

aas Neusatz teilt mir mit, dass dieses Ge-
dicht im Krvatski kralj Lear [Der chrowo-
tische König Lear] vorkomme, einem Werk-
chen, das in Agram gedruckt erschienen sei.)

„Don Rodrigo, Don Rodrigo, — was erhob
sich dir dein Zumpt?14 — Dies spricht zu
ihm Donna Clara, — Donna Clara, mia carar
— ein Vöglerin alterfahren. —

„Dich Reizvolle habe ich gesehen — und
jetzt habe ich einen furchtbaren Drang zu
vögeln!1* — Nun wetteten Don und Donna —
um eintausend Napoleonen, — dass er sie
zehnmal stemmen werde, — sollte er es
nicht vermögen, müsse er alles bezahlen. —

Fünfmal hat er sie rühmlich gerammt —
und die Hälfte der Wette in sie hinein-
gepampft, — beim sechsten male sank er
nieder, — beim siebenten male ein echter
Weichling (der nicht mitzuzählen ist), — es
begannen schon die Kräfte zu schwinden, —
das achte mal kann er sich nicht einmal
mehr rühren, — hub vielmehr an, die Hosen
anzuziehen — und folgende Erklärung ab-
zugeben: — Harre mein, o teuere Donna, —
harre mein zwei, drei Nächte, — gerüsteter
werde ich vor dir erscheinen! —

Drei Tage lang rieb er den Zumpt — und
rieb den Hodensack voll an; — es steht der


UND GLAUBEN DER SÜDSLAVEN.

241

Kolben, wie eine Deicbsel, — er suchte, wie
ein Toller die Donna auf. — Zufrieden lächelt
die Donna — und schon hebt sie an, die
Kitteln aufzulösen. —

Indess verstand der Don keinen Spass; —
als er die schöne Donna packte, — keilte er
in sie den Zumpt bis zum Hodensack hinein.
— Zwei, dreimal farzte die Donna — und
dann sprach sie sorgenvoll: — Teuerster Don,
süssester Don, — siehe, jetzt bin ich in der
Zahlung ! (zahlungspflichtig).

Wer sollte sich darob nicht verwundern, —
wie kühn das Vözlein ihr Haar trägt! —
Die möchte dem Zumpt Trotz bieten ! — Je-
doch der Zumpt ist von schrecklicher Gemüts-
art, — im Augenblicke hält er über das
Vözlein Gericht.

(Vgl. ähnliche Wetten aus Bulgarien Kçvitx.
VI, S. 149 f.) _

XII.

Stotterrelme.

(Verhöhnung Schwerhöriger.)

Sehr beliebt sind in heiterer Trinkgesell-
schaft, wenn sich daran auch Frauen be-
teiligen, Stotterreime von der Art, wie zu-
nächst ein Pröbchen Kqvtct. VI, S. »44, Nr. 88,

А>глг. VIII. 16


242 DIE ZEUGUNG IN SITTE, BRAUCH

abgedruckt steht. Die erste Silbe eines an-
stössigen Wortes oder einer solchen Wendnng
wird mehrmals nacheinander stotternd hervor-
gebracht, gleichsam als ob man sich scheuen
würde, es rund herauszusagen, und man ver-
meidet es glücklich, indem man em anderes
Wort, das gleichsilbig anlautet, folgen lässt
und daran einen Nachsatz knüpft, der zum
Vordersatz sehr lose passt.

611.

Jeo popo si-, si-,*) sirac,
zaboli ga ku-, ku-,**)

kutnji zubac ot srca,
pa dozove berbera.
Dok je berber sti-, sti-,***) stigo
a popi se di-, di-,t)

divio se koèijas,
na zna popo oëenas

na pamet, na pamet.

(In Kroatien allgemein.)

Der gute Pfarrer ass Käse — £8 fing ihn
an zu schmerzen der Stockzahn vom Herzen,
— und er Hess den Barbier rufen. — Bis der

*) Man erwartet eise = Zizen. /

**) kurac = Zumpt.

***) stisno = zusammengedrückt, den Zumpt nämlich,
f) digo = erhob sich, sei. der Zumpt.


UND GLAUBEN DER SÜDSLAVEN. 243

Barbier eintraf, — hat sich dem Pfarrer (der
Zumpt erhoben), — wunderte sich der Kut-
scher über den Pfarrer, — der Pfarrer kennt
das Vaterunser nicht — auswendig, aus-
wendig.

612.

Tri devojke i-, i-, isle,

priko puta pri-, pri-,

priko plota skakale,

po travi se valjale,

sve s momci se valjale,

sve s momci, sve s momci.

(Slavonien.)
Drei Mädchen gingen dahin, — über den
Weg sie, über-, über-, über den Zaun sie
hüpften, — im Grase sie sich wälzten, —
wälzten sich unablässig mit Burschen herum,
— mit lauter Burschen.

613.

Jedna bila luj-, luj-, luda,

ne zna sto su mu-, mu-,*)

muka jeste velika

pregledati ëoveka,

gologa ëoveka. (Slavonien.)
Die eine war thöricht, — sie weiss nicht was

Müh--eine Mühe ist's, eine grosse, — einen

Mann zu beschauen, — einen nackten Mann.

*) muda = Hoden.

16*


244

DIE ZEUGUNG IN SITTE, BRAUCH

Eine andere Fassung davon aus Kroatien:

614. *

Jedna jeste lu-, lu-, luda,
ne zna sto su mu-, mu-
muke Jesu velike
iz daleka gledati.
— Es verursacht grosse Qualen — von wei-
tem zuzuschauen, (wie nämlich andere vögeln).

616.

Druga rekla daj-, daj-, da će*)
odresiti gaj-,**) gaj-, Gavriluje,
obrekla je da će datL
od leka melema, melema.

(Slavonien.)
Die zweite sagte, sie werde — auflösen
(freigeben) Gabrielchen, — sie versprach, zu
gewähren — Heilbalsam, Balsam.

616.

Treća rekla i-, i-, igla
i noźice di-, di-, digla
veslo da plovi i ribice da lovi
ribice, ribice.
Die dritte sagte, die Nadel — und die Bein-
chen sie erhob — das Buder, um zu fahren
und Fischlein zu fangen, — Fischlein, Fischlein.

*) lie werde, und: sie werde gewähren Yoze.
**) die Hoien auflösen.


UND GLAUBEN DER SÜDSLAVEN. 246

(In einer chrowotisehen Variante in der
4. Zeile : stućice = Hechtlein.)

617.

Visoko je ne-, ne-, nebo

ala bi je je-, je-,*)

jednog koDJa ja imam,

ali jasit ja ne znam

na konjn, na konju. (Kroatien.)

Hoch ist der Himmel — ei, würde ich sie
gern, — ein Pferd besitze ich, — doch kann
ich nicht reiten — zu Pferd, zu Pferd.

618.

Bele kruäke vi-, vi-, vise,
pokri seko si-, si-,**) sira
ponesi mało u torbi,
to imamo za je-, je-, ***) jesti.

(Slavonien.)
Die weissen Birnen hängen herab, — be-
deck', o Mädchen die Brtt- — Käse nimm ein
wenig im Bucksack mit, — dies haben wir
zu essen.

619.

Eno ide mej-, mej-, medo,
sve bi vas ja je-, je-,

*) jebo = ich würde iie gern vögeln.

**) 8ііє = Brtiite.

***) jepiti = vögeln.


246

DIE ZEUGUNG IN SITTE, BRAUCH

jednog konja ja imam,

jaliti ga ja ne dam pa ne dam.

(Slavonien.)
Dort geht ein Bär, — alle würde ich euch
(vögeln), — ein Pferd besitze ich, — ich lasse
es nicht reiten, — ja lasse es nicht zu.

620.

Popo jeo si-, si-, sirac
pa prebio ku-, ku-,
kukinje su dozrele,
ne 6e seka da je-, je-, jede.

(Slavonien.)
Der Pfarrer isst Käse — und brach den
(Zumpt), — die Schlehen sind gereift — das
Mädchen will sie nicht essen (mag nicht

Ti*elD)- 621.

Na euknji joj Ci-, ëi-, èipka,

ispot suknje pi-, pi-,

pilići su odrasli,

jesu dobri za je-, je-, jesti.
An ihrem Bock sind Spitzen — unterm
Bock (die Voze), — die Hühnchen sind gross
geworden, — sie sind gut zum Essen (zum
Vögeln).

Verhöhnung Schwerhöriger.
Das Ehr- und Zartgefühl des Chrowoten
ist noch wenig entwickelt. Sein Witz und


247

Humor hat gewöhnlich einen grausamen Zug.
Er lacht am vergnügtesten, wenn er einem
anderen Kummer und Herzeleid schafft und
damit sich und seinem Anhang einen Spass
bereitet. Die Brestbaften sind erbarmungs-
los seinem Spotte preisgegeben. Auch der
Serbe hat verwandte Neigung zur Uebung
seiner frohen Laune an Hilflosen, „von Gott
gestrafteu Menschen4*. Am Misserfolg Vuk
Karadzics, des Begründers der neueren
serbischen Literatur, trug nicht zum ge-
ringsten das fehlende Bein bei; denn von
einem Krüppel lässt sich ein Südslave nur
widerwillig belehren. Hier einige versifizierte
Proben von Volkswitz auf Kosten Harthöriger.

622.

— Dobro jutro, Ilija!

— Idem brate iz mlina.

— A jebem te, llija!

— Nemos, brate, navala je!

— Guten Morgen, Elias!

— Ich komme, Bruder, aus der Mühle.

— Ich vögle dich, o Elias:

— Kannst nicht, Bruder, es herrscht (grosser)

Andrang !

623.

— Dobro jutro, bako!

— Trjebim gra, sinko!


— Serem ti u loncie*, bako!

— Pa biće dosta meni i mom didi!

— Guten Morgen, Mütterlein!

— Ich suche Bohnen ans, Söhnchen!

— Ich scheisse dir ins Töpfchen, Mütterlein!

— Es wird wohl für mich und mein Gross-

väterchen ausreichen!

624.

— Dobro jutro, bako!

— Susim si jive, sinko!

— Jebem te bako!

— Za nasega bolesnika!

— Guten Morgen, Mütterchen!

— Ich dörre Zwetschken, Söhnchen!

— Ich vögle dich, Mütterchen!

— Für unseren Kranken!

625.

— Dobar dan seko!

— Nasa raź, gospodiue!

— Idi seko u kurac!

— Sve do kraj a, gospodine!

— Guten Morgen, Schwesterlein!

— Uns gehört der Boggen, o Herr!

— Fahr Schwesterlein in den Zumpt!

— Ganz bis ans Ende, o Herr!

(Alle vier Proben aus Tenj bei Essegg.)


249

XIII.

Spottlieder auf Orte.

— Suvopoljka bez obojka
a Zagonka bez zaglavka,
Öagjavica mrka pica,
Bukoviëka pukla ріска.

(Unteres Dr inagebiet, Bosnien.)
Suvopoljer Mädchen hat keinen Fuss-
lappen, — die Zagonerin keinen Zwickel, —
•die Cagjavicerin hat ein schwarzes Vözlein,
— der Bukovicerin ist die Voz geplatzt*).

627.

— Bobucani mladi momci.
sto u nebo zjate?

ni sta i ne znate!
Sve vam cure pojebosmo,
mrkom masti pomazasmo 5
a vi і ne znate!

(Tutnjevac, Bosnien.)
Bobucer Jünglinge, — was starrt Ihr mit
offenem Munde himmelwärts ? — Ihr wiest rein
nichts ? — Wir haben Euch alle die Mädchen
durchgevögelt, — mit schwarzem Fett be-

*) Suvopolje (Trockenfeld), Zagon, wohl richtig Za-
gorje (Hintergebirgadorfj, Öagjavica (Russdorf) und
Bukovica (Buchenhain) sind kleine Ortschaften entlang
dem Gelände des der Save angewandten Majevioagebirgea.


250

strichen, — Ihr aber wisst rein gar nichts
davon !

(Bobnć ist ein Flüsschen bei Podgorica nnd
dem Dorfe Gorice in Montenegro. Soviel mir
bekannt war, lebte im Jahre 1885 zu Tutnjevac
nur ein einziger Mon ten egrer mit seinem
Weibe, jener, von dem ich das Guslarenlied
über Bonapartes Ende habe, das ich in der
„Revue dee trad, populaires** veröffentlichte.
Falls er dies Liedcheu nicht nach T. gebracht
hat, mag es zu den Wanderliedchen gehören,
die von Reigen zu Reigen, von Dorf zu Dorf
flattern, ohne dass man eigentlich wüsste
warum. Was haben die Tutnjevacer Burschen
für ein Interesse die wohl eintausend Kilo-
meter von ihneu entfernten, ihnen völlig
fremden Burschen von Bobnë zu verspotten?
Nicht einmal der Beiz einer besonderen, neuen
Melodie half dem Texte weiter! Also ist es
lediglich die eingebildete Bravour, von der
berichtet wird.)

628.

— U nasemu Irigu,
sve sn żene za sigru.
Deca se sigraju
a psi laju.

Ne prosla godina s
• a cura rodila.


UND GLAUBEN DE II SÜDSLAVEN.

25t

A di? U nasem Irigu,

zve su zene za sigru!

(Aus Irig in Sirmien.)

In unserem Irig — sind alle Weiber für

das Vögeln. — Die Kinder vögeln — und die

Hunde bellen. — Es verging kein Jahr —

und das Mädchen gebar. — Wo denn? In

unserem Irig, — (wo) alle Weiber für»

Vögeln sind!

6 629.

— U Turinu na pijąca

prodaja kura ca.

Jedan kurac vredi lukac

a piëka forint u.

(Karlstädter Bez, Kroatien.)

Zu Turin auf dem Maikte — ist ein Zumpt-

verkauf. —- Ein Zumpt kostet eine Zwiebel

— eine Voz aber einen Gulden.

630.

— Kolko ima u svetu zemalja,
nigda netna takovog zezanja
ko sto ima u nasemu gradu;
kros kośulju tu nikąd ne dadu!

(Aus Belgrad, Serbien.)
Soviel es Länder in der Welt auch giebt,

— solcher Art Vögelns giebt es nirgends —
wie das in unserer Stadt übliche: —- durchs
Hemde gewähren sie hier niemals (Voze)!


262 DIE ZEUGUNG IN SITTE, BRAUCH

631.

— Duboviku, mali kupleraju,
is tebe se cure ne udaju!

{Aus Rusevo. — Dubovik, Name eines Dörf-
chens bei Rusevo.)

— Dubovik, du kleines Bordell, — aus dir
heiraten keine Mädchen nach auswärts! —

(Diesen Vorwurf macht ein Nachbardorf
dem anderen und daher ist jedes Dorf für
sich ein Dubovik. Die Endogamie als die
Folge der Zuchtlosigkeit zu bezeichnen, ist
unzulässig. Die Gründe für die Unzucht setzte
Krause in Sitte und Brauch der Südslaven
auseinander. Sie sind in wirtschaftlichen
Momenten hauptsächlich zu finden.)

Spottlieder auf Popen und deren Frauen.

632.

— Gjakon igra, gjakon svira,
gjakon kurcem pizdu dira;
uzme picu na palicu

pa ju nosi megj gjevojke :

— Oj vi cure male, 5
je 1 vam pica vasa vaka?

— Nasa pica ni je taka,
nasa pica okorela,

ko opanak u pol ljeta!
{Aus einem Dörfchen bei Sisek in Kroatien.)


25a

Der Diakonus tanzt, der Diakonns spielt
Flöte, — der Diakonns rührt mit dem Zumpt
die Voze; — er nahm das Vözlein auf den
Stab — und trägt es in Mädchengesellschaft
hin: — „0 ihr kleinen Mädchen, — ist Euer
Vözlein so beschaffen?44 — „Unser Vözlein
ist nicht so beschaffen, — unser Vözlein ist
rindenhart, — wie ein Opanak Mitten im
Sommer !u

(Vgl. Kqvtit. VI, S. 309, Nr. 11, und S. 292,
Nr. 14.)

633.

— Nista mené ne dodija
vec* popova popadija

i sabacka bukagija:
bnkagija zveckajuci
popadija zezajući s

po svu noc"!

(Aus dem serbischen Drinabezirk.)
— Nichts fiel mir so lästig, — als wie des
Pfarrers Pfarrerin — und das Sabacer Fuss-
eisen: — das Fusseisen mit dem Geklirre, —
die Pfarrerin aber mit dem Gevögel — die
ganze liebe Nacht!

634.

Popadija popa budi:

— Ustan pope, cesi grudi,
ako ne ces, iâtu ljudi!

(Zabrgje, Bosnien.)


264

Die Pfarrerin weckt den Pfarrer: — Erheb'
dich, Pfarrer, krau mir den Busen, — magst
du es nicht thun, (andere) Männer verlangen
darnach !

635.

Eine Variante davon:

— Popadija popa moli:

— Masi de se malo doli!
Masi de se malo doli,
doklen nisu kalugjeri,
ko sto su se navadili!

(Vom Reigenvoreänger Lazar Perić in
Magnojevic*, Bosnien. Fast alle Liedchen aus
diesem Orte in unserer Sammlung sind nach
«einem Gesänge vorgemerkt.)

Die Pfarrerin bittet den Pfarrer: — Geh,
lang mal hinunter! — Geh, lang mal da
hinunter, — ehe dir die Mönche zuvorkommen,
— wie sie es schon gewohnt sind!

636.

— Popadija popa bila,
na picu ga nagonila:

— Jebi pope, pasji skote!
Pop se kreće, piëke ne ć"e

a kalugjer jedva бека, s

da dofcepa popadiju!

(Aus dem serbischen Drinabezirk.)


1UND GLAUBEN DEB SÜDSLAVEN. 255

Die Pfarreriu schlug den Pfarrer, — trieb
ihn auf das Vözlein an: — „Vögle, Pfarrer,
du Hundebrut\u — Der Pfarrer wendet sich,
mag keine Voz, — der Mönch hingegen kann
es kaum erwarten, — der Pfarrerin habhaft
.zu werden!14

637.

— Daran, daran, daclce,

jebale se mafcice

na popovom tayauu.

Pop trgne dasku,

da udari maëku. s

Maëka vrdne,

pop prdne,

popadija vrisne,

P°P j°j tisne!

(Aus der Resava in Serbien.)

Geschenkt, geschenkt, Brettchen, — es
vögelten die Kätzchen — auf des Pfarrers
Dachboden. — Der Pfarrer ergriff hastig ein
Brett, — um die Katze zu treffen. — Die
Katze sprang hurtig davon, — der Pfarrer
liess einen Farz fahren, — die Pfarrerin
schrie wehvoll auf, — der Pfarrer schob ihr
ihn (den Zumpt) hinein !

(Der erste Vers ist sinnlos, man mag die
Worte deuten, wie immer.)


256

Spottlieder
auf träge Mädchen, die Bräute geworden.

638.

— Sto ću, kucu mila mati,
kat svatovi dogju?

— Bjeźi, ćeri, za furunu
pa lezi na legja.
Eto svata golokraka, s

nateraće zeca!

(Ans Malesevci, Bosnien.)
„Was fange ich an, wohin soll ich, liebste
Mutter, — wenn die Hochzeitleute kommen?"
— „Lauf, Tochter, hinter den Ofen — und
leg dich auf den Rücken nieder. — Bald naht
ein nackthaxiger Hochgezeiter, — (und) wird
den Hasen auftreiben !"

(Das ist ein Spott auf ein Mädchen, das
keine Geschenke für die Hochzeitleute vor-
bereitet hat. Der Rat geht dahin, sie soll
sich von jedem Gaste vögeln lassen, und so«
werde jeder einen Geuuss von ihr haben.)

639.

— Devojka se veseli,
da se uda jeseni

a nju majka kara:

— Nemas kujo dara!

— Imam, majko, osapa, 5


UND GLAUBEN DER SÜDSLAVEN.

267

svakom svatu po saka
a mom dragom subara,
da se s njome udara,
dvije noje bisage
a piëica darovi. ю

(Zabrgje, Bosnien.)

• Das Mädchen freut sich, — dass sie im
Herbste heiraten werde, — (ihre) Mutter hält
ihr eine Strafrede: — „Du Hündin, hast ja
keine (Hochzeit-) Geschenke !tt — „0 doch, ich
habe, o Mutter, Dörrobst, — für jeden Hoch-
gezeiter eine Hand voll — und für meinen
Liebsten eine Peltzmütze, — damit er sich
mit ihr schlage; — die zwei Beinchen Quer-
säcke — und das Vözlein Geschenke.

(Die Braut muss mit Erzeugnissen ihrer
Webekunst die Hochgezeiter beschenken. —
Eine Variante zu diesem Liedchen bei Karadzic
im serb. Wtb. sub osap. In Z. 5 für majko :
vreéu (einen Sack); unsere 4 Schlasszeilen
fehlen aber wohl darum, weil der Lexiko-
graph Obszönitäten nicht aufnehmen durfte.

640.

— Provedose Dundaru
kroz zelenu dubravu.
Pitali je svatovi:

— Kam ti Dun do darovi?
Kçvrn. VIII. 17


258

Dunda njima govori: 5

— Nisain tkala ni prela

vec* sukala nzice

pa mjerila gnzice.

Eako koja godina,

sve povisa podina. ю

(Saveland, Bosnien.)
— Sie fährten die Schlampsackin — durch
den grünen Hain dahin. — Es fragten sie die
Hochgezeiter: — „Wo stecken deine Ge-
schenke, о Schlampsack, (für die Hochzeit-
gäste)? — Die Schlampsackin antwortete
ihnen: — „Habe weder gewoben noch ge-
sponnen, — sondern bloss Spagat gedreht —
und die Arschbacken damit gemessen. — Mit
jedem neuen Jahr — erwies sich das Gesäss
voller und breiter.

641.

Neckreim für plärrende Kinder:
— Нора cupa tanca,
zakla baba jarca;
zaklaće i junicu,
daće рІаШ guzicu!

(Allgemein serbisch.)
Die Kinder umtanzen im Reigen den wei-
nenden Gespielen und singen dazu:

Hopsassa tanzt, — die Alte schachtete einen
Bock; — sie wird auch ein Kalb schachten,
— wird dem Weinbardt den Arsch geben!


UND GLAUBEN DER SÜDSLAVEN.

259

642.

Auf ein sehr junges, geiles Mädchen:

— Dete deriste,
ne zna ni sta da iste,
vecem łeba i vode
i onoga sto bode!
(Ans dem serbischen Drinabezirk.)
Das Kind, das Haderlumplein, — weiss
nichts zu verlangen, — als Brot und Wasser
— und jenen, der sticht! (den Zumpt).

643.

Auf die Schwägerinnen (Frauen der Brüder
untereinander):

— Ot topole do topole,
da naljustim malo kore,
da namaźem pici pole.
Kazi sele, sta te bole:
il je glava il su noge; c

ja od glave ne znam trave
a od nogu pomoc mogu:
savijacu, zabijaéu
crven kurac drvenjas!

Podaj te ga jetrvama. ю
Jetrve su dobre żene.
sto rodiśe pomorise
pa s u kucu zatvorise
pa is kuce govorise:

17*


260

— Dala bi, dala, is

a sto ne bi dala?

Kakva ma je mana?

Crvena ma glava,

guravo ko prase,

saglo se pa pase! 20

. (Aus Morovici in Sirmien.)
Von Pappel zn Pappel (lasst uns tanzen),
— damit ich ein wenig Rinde abschäle, —
am dem Vözlein die Schamlefzen einzu-
schmieren. — Sag an, Schwesterlein, was
that dir weh? — entweder der Kopf oder
die Beine; — hast du Kopfweh, weiss ich
kein Kräutlein dagegen, — dagegen kann
ich das Beinweh beheben: — ich werde sie
biegen, werde einrammen — den roten Zumpt,
der steif wie ein Holz ist! —

Gebt ihn den Schwägerinnen (unter Brü-
dern). — Die Schwägerinnen sind biedere
Frauen, — die Kinder, die sie geboren,
brachten sie um — und sperrten sich ins
Haus ein — und sprachen aus dem Hause : —
Gewähren möchte ich, ja gewähren, — ja
warum sollte ich denn nicht gewähren? —
Was hat er denn für einen Fehler? — Rot
ist sein Haupt, — bucklig wie ein Ferkel, —
hat sich niedergebückt und weidet nun!


261

XIV.

Eeigenweisen.

644.

(Allgemein chrowotisch und ' serbisch.)
Moderato.

Pop je-be ko-bi - lu ' i-zaku-će

na br - do pu-pa-di - ja sira-ga vi-će

,sta to ra - dis ne-sret-ni-ëe ?' ,ću-ti po-so

be - sna! ute-be je te - sua


262

DIE ZEUGUNG IN SITTE, BRAUCH

u ko-bi - le u-ska da pro-le-ti gn-ska

і dva kon-ja tur-ska

maë-ka ne-maë-ka, Stotopië-ku ëaë-ka!

pa a nju pi-co ves-ti-co

bo-żi-je stvo - re-nje pa tak-nem je

na kn - rac ko ëi-ëa pe - ëe-nje !

Nach Erk ! nnd weiter wiederholt sich nach
jeder Zeile. Genan genommen ist dies nnr
ein gewöhnliches Recitativ, keineswegs aber
eine echte Melodie. — Übersetzung: Der
Pfarrer vögelt die Stute — hinterm Hause
auf dem Berge u. s. w.


UND GLAUBEN DER SÜDSLAVEN.

263

645.

(Gewöhnlich in Slavonien und Serbien, auch
in Südungarn häufig.)

Se-ka ze-be ho-će da se je-be.

,Ne moj bra-co ja sam vr-lo mla-da

jos mi ni-je pro-kli ja - la bra-da!*

,Pro-kli-ja-će kad o'd-re-sim ga-će!'

Das Mädchen friert, — möchte sich vögeln
lassen. — „Doch mein Brüderlein — ich bin
sehr jung, — noch ist der Bart*) nicht auf-
gesprosst!" — „Er wird anfspriessen, — so-
bald ich die Hosen auflöse!"

Das Liedchen ist aus einem Dörfchen bei
Jagodina in Serbien.

*) Die Schamhaare.


264 DIE ZEUGUNG IN SITTE, BRAUCH

646.

Prêt ku-com je mrt-vo te-le

ja je je - bem о - на se-re

la-laj Dri - na. Dri-na, Dri-na
to piz-da joj ma-ter-i-na!

647.

Is Carigrad ferman dogje da jebemo

ko-lo-vo-gje, isCa-ri-grad ferman stize


265

Refrain.

daje-be-mo o-vebli-ze. Aj - le

^Sr-Łt3^"4- *

pa-lej - le pa-de suknja do zemlje !

(Aus Jagodina in Serbien.)

Aus Konstantinopel traf ein Ferman ein,
— dass wir die Reigenführerinnen vögeln
sollen; — aus Konstantinopel traf ein Fer-
man ein, — dass wir diese Näheren vögeln
sollen! — Heissa und juchheissa, es fiel der
Kittel zur Erde hinab!

648.

Je-ba-o bih al ne mogu imam sangir
Refrain.

megju nogu. Oj, ses-ka no-gemes-ka


266

kad u kre-vet sa-raa les-ka.

b) Devojfcica u śesiru

dala picu oficiru! (Refrain.)

c) Devoj&ca vódu gazi

a pice se sarao płazi. (Refrain.)
(Ans Jagodina in Serbien.)

Vögeln möchte ich, kann aber nicht, — habe
einen Schanker zwischen den Reinen. — Or
das Mägdlein richtet die Beine zurecht, —
wenn sie sich zu Bett legt. — Das Mägdlein
im Hute — gewährte einem Offizier daa
Vözlein! — Das Mägdlein watet durch daa
Wasser, — das Vözlein aber reckt sich von
selber heraus!

Besprechungen über den II. Teil der Zeugimg sind
erschienen von A. De Gock in der Volkskunde, Gent
1900—1901, von Max Bartels in der Zeitschrift für
Ethnologie, Berlin 1901, Bd. XXXIII, S. 50, und von
A. Wiedemann in der Orientalischen Litteratur-
reitung, IV, Nr. 2, Berlin, 15. Februar 1901, S. 71—72.


Glossaire cryptologiqne du
breton.

3e Supplément*).

Andurdon. 'Ma 'n andurdon ganti elle se-
laisse volontiers caresser par les garçons;
littéralement „l'endure donc est avec elle",
comme si c'était un nom de maladie»
Tréguier.

A 8k or n, oskorn. 'Man an tan 'barz oskorn
bras d'ei
elle a le feu an grand os, elle
est de galante hnmenr. Trég. Cf. Kqvtcx.
VI,
61.

Avel. ''N ini eus c'hoant de vean уасЧі,
Loskeign avel deus an toull ë gacli.
Celni qui a envie d'être en bonne santé,,
qu'il lâche du vent par le trou qui chie.
Trég. Cf. K(JV7it. II, 293. 'Man 'n avel
en toull 'oa dèc'h
le vent est dans 1»

*) Voir KçVTlxdôiCC II, 289; III, 268; VI, 1.


268 GLOSSAIRE CRYPTOLOGIQUE

trou où il était hier; se dit quand ou
pète. Trég. "
Beurr, voir vilh.

В in V to. Hénnez e rämp і vinvio „ses outils
sont glissants", c'est un débauché. Trég.
Cf. Kqvtix. VI, 4.

Bit. L'expression citée KQvnidôia VI, 69
(= „tant que mon petit doigt pourra
bouger"), rappelle le wallon /t' deugt ш
onque, VIII, 24.

Bonbard. Eur дог vonbard „une vieille
bombarde", une vieille péteuse. Trég.

Bram, brom.

Divezad èkei war vorzed
Pa vez bramet.

C'est trop tard de frapper sur sa cuisse
quand le pet est lâché. Sauvé, 134. Quel
rapport y a-t-il entre ces deux actions?
Peut-être la première est-elle destinée à
faire un bruit qui couvre l'autre; ce qui
exige qu'elles soient simultanées. — On
raconte en Haute Bretagne l'histoire
d'une jeune fille qui, dans un grand
dîner de cérémonie, laissa échapper un
bruit indiscret. Toute honteuse, elle
essaie alors de faire croire à une autre
origine du son malencontreux, en en pro-


DU BRETON. 269

(luisant d'antres avec sa fourchette, et en
laissant tomber par terre son couteau.
Comme elle se baissait pour le ramasser,
son voisin de table s'informe poliment
de ce qui est arrivé. Et elle de ré-
pondre, dans son trouble: „C'est mon pet
que je cherche, monsieur!" —

Lezomp 'nan 'vel 'man, evel 'lés 'n ôtro
Doue eur bram.
Laissons-le tel qu'il est,
comme le bon Dieu laisse un pet. Plou-
bazlanec.

N'istiman ket se eur bram kok je n'estime
pas cela un pet de coq. Trég.

Bean 'vel eur bram war eur skailher
être comme un pet sur un escalier, se
dit d'une chose très mobile, ou d'une
personne qui change à chaque instant
d'idée. Trég. Cf. Orain, Folk-lore de
l'Ille-et- Vilaine, II,
78: Y n'peut tenir en
place, il est comme un pet dans un
penier (panier). Se dit d'un enfant qui
est toujours en mouvement."

Pëti-Loui oa ket ferm,

An a losket eur brom en ofern. —

Person a 1ère d'ar c'hure

Koat an His a stroke.

— Qaou Her et, me potr or c'hloc'h:

Gant Pëti-Loui zo c'houès ar c'hoc1 h! —


GLOSSAIRE CRYPTOLOGIQUE

Petit-Louis ne se tenant pas assez serré,
lâcha an pet à la messe. Le curé disait
au vicaire que la charpente de l'église
craquait. — Vous mentez, dit le sonneur
de cloche: Petit-Louis sent la merde!
Pédernec. Cette facétie est inspirée d'une
chanson populaire, où la méprise est
causée par les sanglots d'une jeune fille
qui se marie contre son gré.

Bramma a ra eur bourc'his, pa he до/
a zo goullo, hag eur breizad a vreugeud,
pa he hint a zo leun.
Un bourgeois pète
quand son ventre est vide, et un Breton
rote quand* le sien est plein. Sauvé, 241.

Pî 'n eus bramett — 'N ini oa і rer
gantan.
Qui est-ce qui a peté? — Celui
qui avait son derrière avec lui. Trég.

'Me garclie 'vije noz
Ha me c'hoan em
c'Ao/,
Ha me 'w em gwele kousket,
O vramet hag o louvet ;
'N ini 'larje d'in zevel
' Vije welloćh d'an tevel.

Je voudrais qu'il fût nuit, et mon
souper dans mon ventre, et moi dans mon
lit à dormir, en petant et en vessant;
celui qui me dirait de me lever ferait


DU BRETON. 271

mieux de se taire. Trég. — Voir avel,
hénnez, kuruno, orach, s trak al.
Сап-oan
(avec n nasals) „vuidangeur, maître
des basses œuvres, gadotiart" selon Grég.,
qui y voit une variante de cacac'h (cf.
van. cacah caca Kqvtcx. VI, 7; léon. кака
VI,
74).

Da on jer. Honnes 'n eus eur gemenerez drol,
'vat; sell penoz e gret ht daonjer!
Elle
a une drôle de couturière! regarde -
comme est fait son tablier! Trég. Plai-
santerie sur une femme dans la situation
intéressante qui a inspiré les vers de
L. Venillot (que je cite de mémoire):
Le dixième est en route, et sous son
tablier

Sa mère vaillamment le porte.
Cf. en franc. „une fille a crainte que le
tablier ne levé", quand elle se défend
des poursuites amoureuses qu'on lui fait
(dictionnaire de Trévoux); et aussi
Kqvtcx. VIII, 40, etc.
Debr on démangeaison. Zeblant friko! c'est
un signe de bon repas (où l'on sera in-
vité). Se dit à quelqu'un qui se plaint
de démangeaisons à l'anus, ou qui se
gratte en conséquence. Trég. Cf. Orain,
Folk-lore de IіIlle-et-Vil. U, 144: „Si le


272 GLOSSAIRE CRYPTOLOGIQUE

derrière vous démange, c'est signe d'ar-
gent on qu'on va manger de bonne
soupe". La localisation est faite autre-
ment à Paris, d'après les Miettes de folk-
lore parisien
recueillies Revue des tradi-
ditions populaires, XIV,
616: „Daus le
creux de la main droite, c'est signe que
l'on touchera- de l'argent"; „dane la
main gauche, c'est signe qu'on aura de
l'argent à donner."

D id our an. Bet paour pe binvik,

Pep den a renk didouran i gik.
Qu'il soit pauvre on riche, chacun doit
drainer sa chair (faire sortir le son corps
l'eau superflue). Proverbe de Trévérec,
connu seulement des vieux.

Dor porte, voir Kqvîzt. VI, 16, y. forcein.

Doublenn terme de mépris à une fille ou
femme, salope, fille de mauvraise vie.
Troude.

Droet (son) droit, ce que (lui) appartient,
se dit des parties naturelles. Trég.

Drouilhenn pl. ed en vannetais „dondon,
gaguy", ne se dit guère en bonne part,
selon le P. Grégoire, qui fait observer que
ce mot (avec plur. en eu) signifie „drouine,
havre-sac que les Chaudronniers de cam-


DU BBETON. 273

pagne portent snr le dos". Il renvoie à
„gore": voir groll.

Farlaudenn, pl. ed van. dondon, gagni,
Grég., avec la même observation qu'au
précédent. Tronde traduit : „femme cour-
taude, femme nommasse et aussi de mœurs
libres", ce qui doit être inspiré par l'ex-
plication du dictionnaire van.-franc, de
Châlons : „gagui, liberalle". Mais l'auteur
entendait ce dernier mot dans son sens
propre; le diet, franç.-van. manuscrit en
donne le masc. farlaut „franc, ouvert",
cf. Rev. Celt. XVI, 220, 221.

Fillourc'hen f. galante, écervelée; grek fil-
lourćhen
femme galante, en Léon.

Foen. Stard e 'voen de dennan le foin est
dur à tirer (de la perchennat où il est
entassé). Plaisanterie sur les efforts des
gens constipés. Trég.

Foer, voer foire Trég., van. fouir, cf.
KçvitT. III, 271, 1. 3; VI, 27, 67; foëreU
foire, excrément liquide; diarrhée Grég.,
van. foère, foerell f. excrément liquide,
l'A.; van. foerell diarrhée Gr.; foërous pl.
ed, f. foèrousèë yL-sesed, van. id., celui
qui est sujet à la diarrhée Gr., cf. Kçvnr.
VI,
16, 17 ; foëret avoir la diarrhée Gr.,

Kqxhz.VIII. 18


274 GLOSSAIRE CRYPTOLOGIQUE

en Trég. voeret. Collet eo bet penn e neu-
denn gandhâ,... hac en deus foéret ouc'h
ar raou
„il a perdu le fil de son dis-
cours, et a demeuré court" Gr., litt, et a
foiré au cordage; cf. l'expression chier eur
la besogne,
travailler sans courage, que
le Diction, argot-franc, de G. Delesalle
donne comme populaire; chier dans le
cassetin des apostrophes
quitter le métier,
avoir assez du métier, dans le jargon
des typographes, Ł. Rigaud, Diet, d'argot
moderne.

Dispen hoc'h d'ober voer dissoudre de la
merde pour faire de la foire; c'est, dit-
on en Tréguier, l'opération de celui dont
„les boyaux crient". Les Bretons ne sont
pas de ceux qui, si l'on s'en rapporte au
poète, en pareil cas

Croient entendre parler la voie intérieure.
Foerellek, vour'lek (pet) foireux, Kqvtlt.
II,
292.

Fouilhe-mard pl. fouilhemarded fouille-
merde, escarbot, fouilhemard marmiton,
fouilh-mard pl. ed valet de cuisine Gr.,
cf. Kçvnx. II, 307.

F ras kell pet traînant (Kqvtct. II, 302; VI,
16), doit être pour * (bram) faskell ana-
logue à bramm sugell pet (long comme)


DU BRETON.

275

une corde d'amarrage; voir Ernault,
Uèpenthèse des liquides en bret., § 37
(Annales de Bret., juill. 1899).
a s t. Kcnderv-gompez pa bresti,

Map da c'hast pa c'houlenni.
Cousin germain quand tu prêteras, fils
de putain quand tu réclameras. Sauvé 301.
L'expression m ab-gast est employée sou-
vent comme injure au fils plutôt qu'à la
mère, et parfois comme simple expression
de mauvaise humeur. J'ai entendu une
femme, d'ailleurs très honnête, parler en
ces termes de son propre fils, et rire
ensuite de la façon dont elle venait de
se traiter elle-même. En franc, fils de
garce
est, chez les gens mal embouchés,
une simple expression de bonne humeur.
Il en est de même en espagnol. Cf. Don
Quichotte, I.V.: „Oh! la petite fille de
putain ... — Ma fille n'est point putain,
reprit Sancho à demi en colère, ni jamais
sa mère ne le fut... — Ah! ah! ré-
pliqua l'écuyer du Bois, vous vous en-
tendez mal en louanges ... n'avez-vous
jamais pris garde, quand un chevalier
fait quelque beau coup dans un combat
de taureaux, comme le peuple s'écrie:
Oh! fils de putain, il a fait merveilles !...

18*


276 GLOSSAIRE CRYPTOLOGIQUE

ce n'est pas une injure, mais c'est une
manière de louanges." Un peu plus loin,
il arrive à Sancho de s'écrier, après avoir
pris un bon coup de vin: „Oh! le drôle,
le fils de putain ! comme il se laisse ava-
ler"; et le soi-disant écuyer du Boi sne
manque pas de le lui faire remarquer.
„Je vois bien à présent, dit Sancho, que
ce n'est pas une injure d'appeler qui que
ce soit fils de putain quand il est
question de le louer!" — Gisti total. Pu-
tains percées (défoncées), Trég.

Goad fall (mauvais sang), liquide des men-
strues, Trég., cf. Kqvtcx. VI, 19. La plai-
santerie citée à cet entroit sur le „sang
filtré" qui sert à la génération des nobles
rappelle l'expression atchebboul „ en fant de
l'urine", bâtard, dans l'argot des Beni-
Isguen (Mzab), Bull, de la Soc. de géogr.
et cCarchéol. de la province d'Oran,
janv.—
mars 1895, p. 32. Cf. Kqvux. VIII, 44, 46.

Golo couvrir, saillir (une jument). Trég.

Greg (femme), concubine.

N'eue manaćh er Minie1 hi

Nen deufè (lisez defé) grég é Kèrity.

Il n'y a pas de moine dans l'abbaye qui
n'ait femme à Kérity. „Espece de pro-


DU BRETON.

277

verbe" sur le couvent de Beauport; „bon
mot" qui semble avoir été appliqué à
tort et à travers (Habasque, /, 245; III,
35, 36).

O roll gore, truie qui a des petits cochons;
fille ou femme qui a beaucoup de gorge,
qu'elle ne couvre pas modestement Gr.,
cf. Kqvtix. VI, 20.

Gwel vue. La phrase bretonne citée à ce
sujet, Kqvtix. VI, 20, rappelle le prov.
wallon cou qu'est veyou n'est rien pier-
dou, VIII,
7.

Hènnes celui-là, ou un autre mot signifiant
„lui" s'applique à l'idée du derrière : Toi
hénes
(ou toi 'nan) war і c'henon mets
celui-là (ou mets-le) sur sa bouche, con-
tentez le désir que ce fauteuil a de vous
embrasser ; à quoi l'on répond : N'allou ket
respiran, mou g an 'rei
il ne pourra pas
respirer, il étouffera. Plaisanterie quand
on entend un pet: Hènnes 'n eus c'hoant
de laret і c'hir ie, me gond,
ou me gond
eus c'hoant hénnez de laret і c'hir ie,
celui-là veut dire son mot aussi, je crois ;
on répond quelquefois : 'N im veskan 'baz
ë gonversasion
(il veut) se mêler à la con-
versation !


278 GLOSSAIRE CRYPTOLOGIQUE

Voici un autre trait de personnification
semblable. Me ne deban kin. — Unan
benak 'vou estonnet. — Piv 'tat — TouU
de rer.
Je ne mange plus. — Quelqu'un
en sera étonné. — Qui donc? — Le trou
de ton cul.

Hilliger chatouilleur, celui qui chatouille
les filles. Léon.

ІаІсЧі. Ar miliner a laer bleud
A vo krouget hed he veud
Ha ma ve ket traoualc'h,
A vo krouget heli e ialc'h.

Le meunier qui vole la farine sera pendu
par le pouce; et si ce n'est pas assez, il
sera pendu par sa bourse. Guenezan; à
Plouha held'i ialc'h. Cf. Sauvé, 868.
Jeu parties naturelles, Kçvnr. VI, 22, cf.
wallon U djeu organe masculin VIII, 13.

Кас1 he ri latrines, en Goello; mot vulgaire,
comme en franc, chiottes. Le diet, de
G. Delesalle donne comme populaires
chiottes cabinets d'aisance, et chierie chose
fâcheuse, ennui.

Ann hini a zebr avalou poaz
Birviken askorn ne gac'haz.

Qui mange pommes cuites, jamais os ne
chia, Sauvé 231.


279

Boutaouer koad a ra bepret
Listri da gas tud da gac'het.
„Le sabotier fait en tout temps Vaisseaux
à mener chier les gens", Sauvé 864.
Den nemet-han, evel al labouset,
Huel enn ear ne oar kac'het.
(Personne que lui, comme les oiseaux, en
haut dans Гаіг ne sait chier), Troude,
Diet, bret.-franc. 801 ; on attendrait plu-
tôt den eveltan, nemed... personne comme
lui, sauf les oiseaux. Je suppose que le
sens est le même que dans „sa merde est
haute dans lui" = il est fier, Kçvnx.
VI
26.

Duetu vent kâb de gac'het o-unan, vent
tud ie.
(Les gens d'à présent), dès qu'ils
sont capables de chier seuls, sont des
hommes aussi (se croient des personnages).
Trég. Une bonne qui assistait à une
grand'meeee chantée solennellement, en
Haute Bretagne, faisait cette réflexion
sur l'officiant: „Dire que j'ai démerdê ça!"

Ne ke brâ (on mad) mont de gac'het tost
d'an
(ou d'ei) heb eur vas il ne fait pas
beau aller chier près de lui (ou d'elle)
s an s un bâton (cette personne maligne
profiterait de l'occasion pour vous faire
tomber dans l'ordure). Trég.


280 GLOSSAIRE CRYPTOLOGIQUE

Кас'h 'barz ha loska ćhoaz chie dedans
et tire encore ; plaisanterie à un chasseur
qui vient de tirer un coup de fusil. Trég.

Kas ë bik de gać het mener chier la pie,
porter quelqu'un à deux, sur les mains
réunies, au jeu de „madame en chaise4;
dougen ar bik de gać het porter la pie à
chier, porter la femme ou la fille de la
maison, assise sur une gerbe, à la fin du
battage de la moisson, Trég.

Ed e de gać het de ganb en hincho il
est allé chier dans la chambre des che-
mins, il est parti au loin, allé au diable,
Trég.

Hénnez jonch d'an e bet ^ gannet, ha
kaćhed e bet
il croit qu'il a été enfanté,
et il a été chié (il est né sous une mau-
vaise étoile, il n'a pas de chance) ; et in-
versement ne ket bet kaćhet, gannet e bet
il est heureux, = gannet 'baz en eur vad
né à la bonne heure, Trég. Cf. Kqvtcx.
III,
271, 1. 1.

L'ancien proverbe gallois „caressez le
derrière d'un rustre, et il vous chiera
dans la main", Kqvtcx. II, 376, 377, rap-
pelle l'expression chier dans la main „être
ingrat" (Delesalle), „se montrer très fa-
milier" L. Rigaud.


281

Cette racine a donné lien à des dérivés
où la bassesse dn sens originaire est
entièrement oubliée: van. clouire-cahére
crible le plus clair, cahératt, cahérein
cribler; trécorois кас h flat vanner, net-
toyer les grains avec un crible à grands
trous; van. cahillein gaspiller, cahillourr
gaspilleur. Les formes bretonnes du
franc, conchier n'expriment guère non plus
que l'idée générale de „salir, souiller".
Voir Annales du Bretagne, X VI, 332—384.

Kac'h-i-vrago: otro K. „monsieur Chie-
dans-sa-culotte", un triste sire, Trég.

Кате zed boiteuses; on dit d'elles: ré-nez e
reo éztan
ce sont les plus faciles (à
posséder). Montaigne parle de l'opinion
que ce sont ces femmes qui font connaître
„Venus dans toute sa douceur".

Kaoued cage, voir Kqvtcx. II, 310, v. pabor;
cf. wallon mette Voûhai ès Vgayoûle, VIII,
9, 22; J. B. Rousseau, Epigr. XXVIII:
Un quiétiste, ardent comme un tison,
Mettant un soir son rossignol en cage...

Kar il veut. Dans la chanson „L'embrassade"
publiée Melusine III, 421, 422, le vers
Ha pez a garfeomp hon daou, traduit
„(chacnn un baiser et chacun deux) et tant


282 GLOSSAIRE CRYPTOLOGIQUE

que nous voudrons tous deux „veut dire
plutôt" et (tout) ce que nous voudrons
tous deux", et s'applique aux rapports
les plus intimes. Le passage manque
dans les deux versions données par
M. Quellien, Chansons et Danses 215—218,
qui n'ont pas non plus, du reste, la finale
franchement erotique de „L'embrassade".
Voir une expression semblable, s. v. mugan,
et cf. le franc, „faire d'une femme à sa
volonté".

K log or. Bean zo klogor war an dour il y a
des bulles dans l'eau, se dit quand quel-
qu'un fait une suite de petits pets. Trég.

Koc1 h, kaoc'h. Ann hint a zebr stripou

A zebr kao&h a-wesiou.
„Qui tripes mange Merde parfois avale"
Sauvé 227; cf. la chanson „L'andouille".
Qnellien, Chansons et Danses des Bretons
220, 221.

Châl. ms. donne, v. louange: „La lou-
ange de soi-mesme est une couronne de
merde him velein anehou e vnan gurun-
cauh é",
avec d'autres traductions qui
parlent simplement de la mauvaise odeur
qu'ont ces sortes de louanges (cf. l'allem.
Eigenlob stinkt). Il est probable que la,
première phrase est plus française que


283

bretonne; le dictionnaire de Trévoux la
donne aussi en ajoutant que c'est un
proverbe italien: Laude di se stesso corona
di merda.

Unan deux i daoulagad a lar koćh dHben
un de ses yeux dit: merde! à l'autre, se
dit d'une personne louche; G. Delesalle
donne, au mot loucłter, une expression
semblable en français. Hénnez 'man
і daoulagad en i ben 'vel daou doull bis
'n eur bern koćh saout ses yeux sont dans
sa tête comme deux trous de doigt dans
un étron de vache, il a les yeux piquants,
vifs, clairs. Trég.

Hennez a ra 'vel eur ćhochon o chakat
koćh gant mein babi,
ou simplement o
chakat mein babi
il fait comme un cochon
qui mâche (de la merde avec) des noyaux
de guignes; se dit de quelqu'un qui
mange bruyamment. Trég.

Meskan kos koćh de flérial mêler la
vieille merde pour la faire puer (remuer
des souvenirs anciens qu'il vaudrait mieux
laisser, parler de corde dans la maison
d'un pendu). Plouha. On dit en gallo,
au même sens: étainner la merde à puer.
Cf. le prov. franc, „plus on remue la
merde, plus elle pue".


284 GLOSSAIRE CRYPTOLOGIQÜE

Quand quelqu'un a dit: Pardon ! Par-
don (non), les garçons répondent:

Pardon gand er z ar don,
Respet 'wid er gwespet
Ha koch 'wit ar merc'het.

Pardon avec les frelons, respect pour les
les bourdons, et merde pour les filles.
Quant à celles-ci, elles ont une réplique
avec rime interne moins opulente:

Pardon gand er z ar don,
Res pet 'vid ër mere'het
Ha koc'h 'vid ër potret

... respect pour les filles, et merde pour
les garçons. Pédernec. — Voir kuruno.

Koc'ha donné dans un sens spécial Kqvtcx.
II,
294, en a un plus général, que va
illustrer le blason suivant:

Tregeriz an ourinet

Chak al laou 'mesk o c'haouled;
Ha c'hoaz e heont gant bop a skul ha
bob a loa

D'al luorz da goc'ha:

Koc'h ki, koc'h kas,

Pez a gevont a c'ha 'n o zac'h;

Koc'h ki, koc'h moe'h,

Pez a gevont 'ha 'n o c'hof,


DU BRETON. 285-

Ha ćhoaz Heront d'à mammo goz

' Ve ket hanter-lann o ćhof.
Les gens de Tréguier, ces originaux,
mâchent les poux avec leur lait caillé;
ils vont, chacun avec son écuelle et sa
cuiller, au jardin chercher de la merde:
merde de chien, merde de chat, ce qu'ils
trouvent va dans leur sac; merde de
chien, merde de cochon, ce qu'ils trou-
vent va dans leur ventre. Et encore ils
disent à leurs grand-mères qu'ils n'ont
pas le ventre à moitié rempli. Tré-
vérec.

Koc1 he ri f. tas, grande quantité de merde.
Trég.

Koele. Bed e gand er ćhoele elle a été avec

le taureau, elle est pleine; se dit par

plaisanterie d'une bourse, d'une blague à
tabac, et même de ce que ne s'enfle pas,

comme une tabatière, une bouteille. L'ex-
pression est nouvelle à Trévérec, où je
l'ai recueillie.

Kok-ha-iar (coq-et-poule), sobriquet d'her-
maphrodite, Trég. Cf. Kqvtcx. III, 279.

Kour. N'eus ket a gourt N'y a-t-il pas de
cour (de moyen de faire la cour) ? Inter-
prétation du roucoulement des pigeons»
Trég. Je ne connais pas d'autre emploi


286 GLOSSAIRE CRYPTOLOGIQUE

de ce mot français, amené ici par l'ono-
matopée.

Kov. Medians 'man ober beach kov і vam je
crois qu'il fait le voyage du ventre de sa
mère (qu'il ne reviendra plus). Trég. En
franc. „C'est le ventre de ma mère, je
n'y retourne plus"; se dit, selon le dic-
tionnaire de Trévoux, „d'une chose dont
on est mal satisfait, qu'on ne veut point
recommencer". Lamennais a écrit quelque
chose comme ceci: „Plutot retourner au
sein de ma mère que de sortir de l'Eglise
Catholique". Cela rappelle l'évangile de
et Jean, III, 4: Dicit ad eum Nicodemus:
Quomodo potest homo naści cum sit
senex? Numquid potest in ventrem ma-
tris suae iterato introire, et renasci? Cf.
encore chez Plutarque, Apophtegmes des
Lacédémoniens dont les noms ne sont
pas connus: „Une autre (mère) dont les
fils avaient fui de la bataille, les voyant
arriver, alla au-devant d'eux : Lâches, où
fuyez-vous, s'écria-1-elle en soulevant sa
robe et leur montrant son ventre, pré-
tendez-vous rentrer dans ce sein d'où
vous êtes sortis?" Cf. ibid., Actions
courageuses des femmes, Exemples pu-
blics (Les Persanes).


287

Kul a sen (culasse), cul. Trég.

Kuru no. Ober ra k. il fait du tonnerre, se
dit quand on pète; kuruno moćh le ton-
nerre des cochons, le pet de ces ani-
maux:

Goude ar c'huruno moc'h
E teu glao koc'h.

Après le tonnerre de cochon vient de la
pluie de merde. Trég.

C'est une plaisanterie renouvelée (in-
consciemment) des Grecs. On sait qu'Ari-
stophane fait, dans les Nuées, Socrate
disserter sur ce sujet:

Tavz aça xai xoj 'vo/лат àkkijXoiv,
ßüOVTT] Xttl ЛОООТ], bßoloj.

Il n'est pas besoin non plus d'ex-
pliquer comment le Cyclope d'Euripide
s'y prend pour imiter la foudre de Ju-
piter; l'incongruité de ce sale ... Sal-
monée a trouvé un écho dans les Blas-
phèmes
de M. Richepin.

Lir et1 coquette Châl. ms. J'ai entendu tirette,
fille légère, dans le français de Bretagne.

Logo den (souris), membre viril. Trég.

Losten. Gwelloćh 'vije d'eign dimein aVunan
ha n'ije 'med і losten Hre i dihar
j'aimerais
mieux me marier à quelqu'un qui n'aurait
que sa queue de chemise entre les jambes


288 GLOSSAIRE CRYPTOLOGIQUE

(plutôt qu'à tel ou tel). Trég. Ce mot
d'ingénue n'est peut-être pas si scabreux
qu'il en a l'air; voir, a rer, l'expression
„tu n'as pas un sou au cul".

Louf. Ar ćhemener, al louf-torchen,
Na badfe den en e gichen.

Le tailleur, vesse-eur-coussin, personne ne
peut durer auprès de lui. Trég. Cf. Kqvux.
II,
306, 293; voir bram.

Lukann pen-pi gnon la lucarne du bout du
pignon, le derrière, /іоглт. //, 307; on
ajoute souvent: deuz lec1 h ve tennet boed
oVë moc1 h
d'où l'on tire la nourriture aux
cochons. Voir rouden.

Mag-i-rer „nourrit-son-cul", homme gour-
mand, Trég.

Melchonn. Honnez zo bet war 'melchonn. —
la, deud e dè c1houéan.
Celle-là a été sur
le trèfle. — Oui, elle a enflé. Plaisanterie
sur une femme enceinte, que l'on com-
pare ainsi à une vache. Trég.

Méz (honte). Koach ë véz cacher les parties
honteuses. Trég.

Mu g an. Ego conjungo vos,

Et ho taou 'n eur gwele klos;
Muget, joget,
Qret 'vel ë garfet.


DU BRETON.

Ego conjungo vos; allez tons deux dans
un lit clos; pressez, secouez, faites comme
vous voudrez. La Roche-Derrien.

Ego jogo,

Ker s ganti en arko;

Mug-hi, jog-hi,

Gra ganti 'vel e kari.

Ego jogo, va avec elle dans l'alcôve;
presse-la, secoue-la, fais avec elle comme
tu voudras. Plouha. L'image est tirée du
linge qu'on foule et qu'on agite dans
l'eau, voir Glossaire moyen-breton 2e éd.
V. buga; cf. bug-ho! bug, traduit „lave-les
(dans leur sang) ! lave-les !" Barzaz Breis
230. — Voir kar.

Natur sperme Kqvtcx. III, 277, VI, 39, cf.
wallon nateure, VIII, 29.

Ober faire, voir Kqvtcx. II, 309; III, 272.
Doutons 'm a, 'vel Yann pë '* a gret 'n t
vrago je m'en doutais, comme Jean quand
il avait fait dans sa culotte, cf. VI, 40.
Groet 'vel-hen pe 'vel-hen. — Ober Wan
gwellan m'allan, 'vel Yann p'en a gret '» e
vrago.
Faites comme ceci on comme
cela. — Je fais du mieux que je peux,
comme Jean quand il avait fait dans sa
culotte. Plouha.
Kqvtcx. VIII. 19


290 GLOSSAIRE CRYPTOLOGIQUE

Mar g allelic, 'lakche eun all d'ober
'vitan
s'il pouvait, il enverrait un autre
faire (ses besoins) à sa place, se dit
d'un homme très indolent ; cf. Plac'hhézf

 Lec'h n'hallez ket mont 'widon. Où vas-tu?

— Où tu ne peux pas aller pour moi,
Trég. Keit a c'hallo pot zevel war i gra-
bono, 've mad d'ober bugale
tant qu'un
homme peut se dresser sur ses griffes,
il est capable de faire des enfants. Ker-
maria-Suiard. Ou dit aux impatients:
Te ta renket gortoz da ober il t'a bien
fallu attendre qu'on te fasse, qu'on t'en-
gendre. Trég. Voir mugan, paoues.

Orach. Ober ra orach il fait de l'orage, se
dit quand on pète. Trég. Voir kuruno,
strakal.

Ouilhad pl. o accès amoureux, humeur ga-
lante. Trég.

Ourmelen, Kqvtct. VI, 21. Quand on a un
de ces coquillages, on demande par plai-
santerie: Pt 'n eus kollet hic'h ourmeletif
Qu'elle est celle qui a perdu son ormeau t
Trég. Cf. l'emploi de mosse, mosette (moule)
en wallon, Kqvtcx. VIII, 4, 37, 38.

Paner. Lann e hi vanner, ou lann hi vanner
ganti
son panier est plein, elle est en-
ceinte, Trég. Paneroc débauché, Roussel


DU BRETON.

291

ms.; cf. Kqvtix. //, 310; panereughés femme
débauchée VI, 62, cf. wallon on trawè
tchèna
(un panier troué), id., VIII, 9.
Paoues, voir Kqvtix. VI, 42. Quand on dit
à quelqu'un: Paouesl reste tranquille!
on s'attire cette réponse : Te n'ont ket bet
groed ou' 'n im baoues, ie,
tu n'as pas été
fait, toi non plus, en restant tranquille!
Trég.

Paper. 'Man ket i bapero 'vad ses papiers ne
sont pas bien, en règle, se dit d'un garçon
dont les organes génitaux ne sont pas
bien conformés. Trég.

Parzek. Honnez 'n ou war hi varzek real ha
daou wennek
elle en aura sur ses 72 sous,
elle sera possédée, Paimpol, cf. Kqvtct.
VI,
43.

Per en. Kouet sou eur béren diouti une poire
est tombée d'elle, elle a eu un enfant;
se dit par plaisanterie, surtout d'une
naissance illégitime. Estoc'h distag eur
beren dare 'wid unan ne ket dare
il est
plus facile de détacher une poire mûre
qu'une qui n'est pas mûre, se dit des
accouchements. Trég. Cf. Kqvtit. VI, 44.

Pignon. Koued e і vignon d'ei son pignon
est tombé, elle a eu un enfant (naturel).
Trévérec, St-Clet.


292 GLOSSAIRE CRYPTOLOGIQUE

Piset, Kqvtxt.II, 812; III, 277. Mari, zâ
da char ha pis dreist an ti.
Marie, lève
ta jambe et pisse par dessus la maison.
Trég. Cette invitation convient aux
femmes dont le prénom finit en i; voir
nne antre formulette, pour la finale -a,
•an, Kqvkx. VI, 76. On dit qu'il faut
uriner sur les coupures et les plaies
pour les empêcher de pourrir, et le plus
souvent possible sur un panaris; c'est
une pratique très en vogue. On dit aussi
qu'il faut boire de sa propre urine, à>
jeun, quand on a mal à la poitrine. Trég»
Cf. Kqvtxx. VI, 46, 46.
Pa bis groeg honest
E pis tout er gonpagnones.
Quand pisse une femme honnête, toute
la compagnie pisse. Trég.

Ar merćhed 'gleonl ket mont de biset ë
fas d'al loar, petramant 'deuont etropiq
pe brazes.
Les femmes ne doivent pas
pisser le visage tourné vers la lune, ou
bien elles deviennent hydropiques ou
enceintes. Trég.

Dialogue entendu en petit Trégnier,
entre nne mère et son petit garçon : Мат,
sord zou koz ne bis ket ër yarl — Toue,
më mab, te teus ténet hag ër yar n'eus ket!


DU BEETON.

293

Mère, pourquoi est-ce que la poule ne
pisse pas? — Dame, mon fils, tu as tété,
et la poule ne l'a pas fait! Voir staota,

Pis-i-wele celui qui pisse au lit. Trég.

Poull-ann-brenn latrines, en Cornouaille,
selon Troude, qui l'explique par „tron du
son (que l'on mange dans le pain)". Il est
clair que brenn est ici, au contraire, le
mot que lui-même traduit „merde, ex-
crément", en le donnant à tort comme
vannetais. Voir Kqvtcx. II, 293.

Rer, reor etc., derrière, voir Rev. Celt. XIV,
271. On prononce à Trévérec rêr et
quelquefois rêver. W int 'cHioerz duzin,
he duz me rer 'ćhoerz
celui qui rit de moi,
c'est de mon derrière qu'il rit; sarcasme
à l'adresse des gens qui ne se moquent
pas de vous en face, mais quand on a le
dos tourné. Trég. Il y a peut-être là
quelque réminiscence du geste naturaliste
décrit avec tant de compétence par
l'auteur de Germinal: „La Mouquette...
guettait les bourgeois, ... et, quand elle
en découvrait, ne pouvant leur cracher au
nez, elle leur montrait ce qui était pour
elle le comble de son mépris. Sans doute
elle en aperçut un, car brusquement elle
releva ses jupes, tendit les fesses, montra


t

294 GLOSSAIRE CRYPTOLOGIQUE

eon derrière énorme, nn, dans un dernier
flamboiement de soleil. Il n'avait rien
d'obscène, ce derrière, et ne faisait pas
rire, farouche."

Me rer a c'hoerz mon derrière rit (de
ce que tu dis). Trég. Ceux qui disent cela
n'ont certainement pas lu le passage où
H. Heine représente les dames de la cour
de Marie-Antoinette privées de tête comme
leur reine, et s'empressant autour d'elle :
„La grande maîtresse de la cour se tient
là; elle rafraîchit avec un éventail sa
gorge blanche et, ne pouvant le faire avec
la tête, elle sourit avec le derrière."

Euh den yaouank, 'med eur rer ko»
c'est un jeune homme, mais un vieux
derrière, se dit d'un vieux garçon; ici,
comme en d'autres cas, rer a le sens
général de parties honteuses. Pegeit гоц
être daou doull ër rer? Eul lam lowen.
Quelle distance y a-t-il entre les deux
trous du „derriere"? Un saut de pou.
N'en eue ket eom bean ken fier-ze: hènnez
e tremened і vri dre lecli e tremened rer
egile
il n'a pas besoin d'être si fier: son
nez a passé par où était passé le derrière
de l'autre; réflexion propre à rabaisser
l'orgueil du second de deux jumeaux.


DU BRETON.

295

Tored e ас'Ш me rer l'essieu, l'axe de
mon derrière est rompn, j'ai les reins
brisés. Trég.

A la question Disked oclń êtes-vous
instruit? on répond élégamment:
O t'a, me oar skrwivan ha lenn,
Ha tennan me revr den z a vesk ër c'hoen.
Oh oui, je sais écrire et lire, et tirer
mon derrière d'au milieu des puces.
Pédernec.

'Teus ket eur gwennek ovz de rer, ou
ovz de doull, ouz toull dë rer, ouz de vons
tu n'as pas un sou à ton cul (pas un sou
vaillant).

Yin e bet yvid noz. — Skorned e de
losten ovz de rert
II a fait froid, cette
nuit. — Est-ce que la queue de ta chemise
a gelé à ton derrière? Skôtan rache me
bis, ma lakchen 'nan
'n era rer (il fait si
chaud, que) mon doigt serait brûlé, si je
le mettais dans mon derrière. 'A/an t
rer 'c'houl glâ, ou 'c'houl hiaol torn son
derrière demande de la pluie (ou du soleil
chaud), se dit quand nu enfant est mis
comme „ces petits culs-nus d'Amours".
Trég.

Gwelloc'h 'vije ganeign lakat me daoudorn
dë gravignat toull më rer 'vit ober eun dra


296 GLOSSAIRE CRYPTOLOGIQUE

stase j'aimerais mieux mettre mes deux
mains à gratter le trou de mon cul que
de faire une chose de cette façon ; se dit
à quelqu'un qui travaille mal. Trég.

Toull de rer zou mad oVober eur vourlen
oVar chas
le trou de ton cul est bon à
faire un collier an chat. Trég.

Lets toull і rer 'n eus da jechan il en a
plein le cul à tirer, il faut qu'il tire de
tous ses forces. Ed e d'aelan de doull
de rer
ton souffle est allé dans ton cul;
se dit de quelqu'un qui, après avoir com-
mencé à chanter sur un ton trop haut,
ne peut pas soutenir sa voix. Trég.

Rouden. An deiz ail e oanni a-eneb an ero

E skravignad ma lukarn.
На me o santout eur verienen
Ос'Л antren en ma rouden.
— Allaz! meriennennik,
En ma rouden n'antrefet ket,
Pe me gant me biz
 y

A rei warnoc'h ar polis! —

L'autre jour j'étais contre un sillon à
gratter ma^lucarne". Et moi de sentir
une fourmi entrant dans ma fente. —
Holà! petite fourmi, dans ma fente vous
n'entrerez pas; ou moi, avec mon doigt,


297

j'y mettre bon ordre à vos dépens! —
Ploezal. Cette formnlette a dû être
d'abord rimée mieux qu'à moitié.

JS ail hat. N'on ket diwar ras ë biket,

Ne zailhan ket war V charognet.

Je ne snis pas de la race des pies: je ne
santé point sur les charognes. Façon
dédaigneuse de se refuser à un mariage.
Trég.

Sakredie, variante de sakerdie, Kqvtit. VI,
56. Honnez 'n ou war hi sakredie elle
en aura sur son „sacredie", Paimpol; voir
parzek.

Sigoter ar merćhed celui qui secoue les
femmes en lenr faisant la cour. Léon.
(Ernault, Notes d1 etymologie bretonne, 51.)

Staot a. Lee1 h ma staot eur с'Лі,
E staot daou, tri.

Où pisse un chien, deux, trois pissent
aussi, Sauvé 518.

Ne ket awalcli staota er pinsin
Ha mont er-meaz da c'hoarzin.

Ce n'est pas le tout de pisser au béni-
tier, et de sortir pour rire (il faut ré-
pondre de ses actes), Sauvé 520; cf. en
Hante Bretagne:


298 GLOSSAIRE CRYPTOLOGIQUE

C'est pas l'tout, c'est pas l'tout
D'battr' sa femme et d'manger tout!

Sur le prov. 619 de Sauvé, „la chèvre a
pissé dans votre culotte (il vous arrivera
malheur)", voir Melusine, VIII, 139.

Meurs, gand he veurzeri,

A ra d'ar c'hrac'h staota barz ann ti,

Ha d'he merc'h kerkouls hag hi.

Mars, avec ses rigueurs, fait que la
vieille pisse à la maison, et sa fille aussi
bien qu'elle. Sauvé 699.

Ar masonner, pa staoto,
Euz e labour e troio.

„Le maçon, quand il pissera, A son
travail le dos tournera". Sauvé 868.
Cette traduction n'est pas sûre: le texte
ne parle point du dos, et à cause de
l'ambiguïté de la préposition euz en cer-
tains dialectes (cf. Rev. Celt. VI, 383), on
peut aussi entendre: „se tournera vers
son travail". — Ceci rappelle que l'An-
glais s'abstient, dit-on, en homme pra-
tique, de compromettre de la sorte la
solidité de ses murailles. En quoi il
diffère de l'ancien Hébreu: maschethin
bekir,
mingentem ad parietem, „him that


DU BRETON.

299

pisseth against the wall" Rois 1 (III),
XIX,
10, etc. L'auteur de la brochure
VAnglais est israèlite, Paris, Jouve, 1898,
n'a pas prévu cette grave objection à la
thèse qu'il établit sur des raisons non
moins graves. Il est vrai que l'exégèse
varie: si la traduction protestante de la
Bible en breton (par M. Le Coat) met
dans ces passages ецп den un homme,
l'ancien traducteur catholique, Le Go-
nidec, croit qu'il s'agit d'un chien.
eur ćhi.

S trak al. Komans a ra an treo strakal les
choses commencent à craquer, il y a de
l'orage, se dit quand on pète. Trég. Cf.
Kqvtcx. II, 316; voir kuruno.

Tad. Hi zad a oa heuet 'baz stank ë vilin
avel
son père s'est noyé dans l'étang d'un
moulin à vent, c'est une fille sans père
(légitime). Naturellement, ces sortes de
moulins n'ont pas d'étang.

Toi. Stag e en doubier ouz en dôl la nappe
est attachée à la table (la queue de che-
mise au derrière). Trég. Cf. Kqvtcx. VI, 64.

Toull lore'h, pl. toullo lore1 h trou de vanité,
cul glorieux, = homme vaniteux. Trég.
Voir rer.


800 GLOSSAIRE CRYPTOLOGIQUE

To ul lik. Mat Jann 'n eus eun toullik hag ë
gann
Marie Jeanne a nn petit tron qui
chante. Mat Vonn 'n eus eun toullik hag
ë zonn
Marivonne a un petit trou qui
sonne. Formnlettes rimées qu'on adresse
aux péteuses. Trég.

Trutell femme de mauvaise vie, en Haut
Léon. Le P. Orég. traduit: celle qui
soustrait, affronteuse; le mot signifie en
petit Trég. commère, bavarde. Cf. Glon,
moy. bret.
728.

U. Plac'h 'man i speret 'tal — i* speret zou
lec'h e plaset hic'h u oVe yar
où donc a-t-
il l'esprit? — Son esprit est là où se
trouve l'œuf d'une poule. Trég.

Vil h. Ar vilh hag ër vailh hag ër vadadailh
hag er beurr,
la colique. Trég. Expression
formée d'une suite d'onomatopées; la
dernière rappelle deur-deur-deurt Kqvtcx.
VI,
12. L'auteur des Nuées met dans la
bouche de Strepsiade une imitation moins
variée:

waneç ßQOvxri, то Çoj/àIôiov яатауеї,

xal ôstvà xêxçaysv.
'ATçêfjiaç uqûtov itomnà^, хипеїт ènâyti

nomanomnd^.
Xу oTav xofÂiôrj, ßQovTU nomom-

7rag ...


DU BRETON.

301

Voulévou prostituée, du franc, voulez-vousî
Trég.

War-veaz. Mont war-veaz (aller dehors),
aller à la selle, eu Léon. Kas dë gorf
war
V mes mène ton corps dehors (va-
t'en chier), tu m'ennuies. Trég.

Z oki du J'ai entendu dire autrefois qu'on
attachait quelque sens obscène à ces
syllabes, que je ne sais comment analyser.

Z o üben. Ober Va vâd chanch zouben cela,
fait du bien de changer de soupe, Trég.,
même sens que dans le proverbe français
„Changement de viande met en appétit"
qui selon Leroux (Dictionnaire comique)
„se dit d'un mari qui cajole sa voisine, ou
d'une femme qui fait les yeux doux à son
voisin". L'expression bretonne rappelle
la comparaison de f Ecole des Femmes,
acte II, se. 3:

La femme est, en effet, le potage de
l'homme ;

Et quand un homme voit d'autres
hommes parfois

Qui veulent dans sa soupe aller tremper
leurs doigts,

Il en montre aussitôt une colère ex-
trême.


302 GLOSSAIRE CRYPTOL. DU BRETON.

Addenda,

Dic'hasta Poullaouen. „Degarcer" (dé-
barrasser de ses garces) Poullaouen, dans
le Finistère; c'est nne des trois choses
qui sont impossibles à Dieu, d'après nne
variante du proverbe 988 de Sauvé.

Kaoc'herez, même sens que Koćheri en
Léon.


Folklore de l'Ukraine.

Usages, contes et légendes, chansons,
proverbes et jurons.

Usages.

Réunions, couchée commune des garçons et des
jeunes filles, relations conjugales.

(Récits littéralement annotés par un ouvrier.)

[Nous avons reçu ces récits d'un savant
folkloriste ukrainien M. Dikarev, malheureuse-
ment décédé il y a quelques mois, juste au
moment où il était sur le point de publier
un grand recueil de nouveaux documents
ethnographiques. En accuntulant ces docu-
ments il a eu l'heureuse idée de faire une
enquête tout-à-fait originale en se faisant
raconter par les paysans leurs souvenirs
personnels depuis leur enfance, et en les
annotant littéralement on en les leur fai-
sant faire eux-mêmes avec une exactitude
rigoureuse. Une partie de ces récits con-
cernant la vie intime de la jeunesse des vil-
lages et peu propre à être publiée dans son


304 FOLKLORE DE L'UKRAINE.

recueil, fut très obligeamment remise par lui
à notre disposition et nous la publions ici en
conservant par exception le texte ukrainien
qui est absolument hors ligne par son ori-
ginalité. Nos lecteurs apprécieront la sin-
cérité naïve et la fraîcheur toute primitive
de ces fragments, ainsi que leur importance
an point de vue de la psychologie populaire.
Nous nous permettrons seulement d'attirer
l'attention des lecteurs sur quelques vestiges
de la haute antiquité qu'on peut remarquer,
par exemple dans le mécontentement des
garçons à propos des réunions clandestines etc.
Ajoutons que la grossièreté visiblement ex-
agérée de langage, surtout dans la bouche
des jeunes filles, beaucoup moins usitée dans
les autres endroits de l'Ukraine, ne peut être
expliquée que par la proximité de la popu-
lation du gouv. de Voronèje (où ces récits
ont été recueillis) de celle de la Grande
Russie ainsi que par le caractère mixte et
un peu flottant de cette population.] — La
Rédaction,

[Йдемо ми на досвітки]*) а Олексій каже:

*) Suivant l'otage pratiqué dane notre publication
nous supprimons ici les nuances de la prononciation
locale pour rendre ce récit plus accessible aux lecteurs
étrangers.


FOLKLORE DB L'UKRAINE. 305

„Давайте Харлашку (оповідача) з Юхименко-
вою Івгою спати положимо — ото й буде ому
пара!" А другі кажуть: „З якою це Івгою
ви хочете Харлашку класти?" — „З тиею що
сім верст .довга а три дні лиса!" Так тут усі
й покотилися зо сміху... — „Ото й вона !
кажуть: Та вона Ому на голодні зуби зго-
диться!"

А Андрій Мазепин каже: „А що, хлопці,
правда що кажуть у Івги пизда чулком ви-
вертається ? А хлопці : Ха, ха... Хиба ти її
їбав, що знаєш, що у неї ііизда чулком ви-
вертається? — 3... хто це пак мені казав:
чи Якуш Чулаників, чи що?!

— Ну а якої співать будем Якушо ? *) —
— „Заводь „Цигана!" Зачали співать, по улиці
йдучи, „Цигана":

1 •

Цигане, їбу батька твого!
Лупи пизда, лупи хуй!
Чорна пизда, лисий хуй!

Ха, ха, хуй
Го-го, гей-гей, голояй
Голопизда, гуляй !...

*) Якуш, старий парубок Фактично старшував,
хоч старшим лічивсь син багатиря Андрій Ма-
зепин, про котрого казали: „Який таки з Андрія
старший? ... Він і в сраці не мріє ! ..."

Kqvtix. VIII. 20


306 FOLKLORE DE L'UKRAINE.

Підходимо до Гапи (паніматки) під вікно —
нас сім чоловіка — і зачали кричати ув один
голос: „Чи наша паніматка дома?" А дівчата
з хати одказують: „Тут паніматки нема, тут
самі дівчата!'' А Степап підийшовт, до вікна
ближче та й каже: ,Дівчата, у якої почата, у
якої ні, — дайте мені !.. ." Дівчата у хаті
як зарегочуть, а одна якась дівка й каже:
,,Як усім давать, то й даванка заболить!"

[Парубки увійшли до хати. Незабаром
надійшли й хлопці з чужого кутка. Отаман
їм і каже]: „Давайте по четвертаку, та зач-
нем горілку пить !" А вони одказують : у нас
нема грошей! — ,іНу, так ідїть з богом: он
вамт. бог, а он де порог!" Вони не йдуть. —
„А то, хлопці, так так так, а не так, так за
хуй та за двері!...'* Устали хлопці, та й
пішли . .. Вийшли з хати, засунула пані-
матка двері, а ті хлопці підийшли до вікна
та й кажуть: „Ну, помніть же, їбу вашу мать,
ми вам цю складку пригадаємо." А Степан
каже : „ідіть к їбеній матері !" А Якуш стояв
у сінях та слухав, що вони балакають: Один
каже: „Давайте вікна побьємо!" А другий
каже: „Як-би нас білш, а то вони як виско-
чуть то дадуть нам такигь вікон ... Ходім...
мать їх об !..."


FOLKLORE DE L'UKRAINE. 307

[От иоседіли трохи] а одна дівчина підхо-
дить до паніматки та й каже: „Тітко, кажіть
вже хлопцям, що пора лягати !..." Підходе
паніматка до стола та й каже: „Ну, буде вам
хлопці, пора лягать !" А Андрій Мазепин каже:
„Хиба ти, тітко, їбтися схотіла, що кажеш
лягать ? ..." — „Та я чи схотіла чи ні, а може
яка з дівчат і схотіла!" — »»Ну, дівчата,
йдіть за соломою!" Пішли дівчата за соломою,
приносять соломи, а Грицько питається: „А
Наталка-ж де?" — „Вона у Тимохи під соло-
мою лежить!" — „А ну, хлопці, ходіть: ми
її сюди принесемо!" Побігли нас ігьять
чоловіка. Прибігаємо до соломи, а вона ка-
чається під соломою, та блює. А Степан по-
дививсь та й каже: „Поїбіть її — вона вам
чортеня приведе." — „Нехай вона тут про-
спиться, або ти, Грицько, тут з нею лягай (а
Грицько спав з Наталкою)! Оставсь Грицько
біля Наталки, а ми пішли у хату. Уходимо,
а паніматка мені й шепче на ухо: „Ти, Хар-
лашко, як потушуть хлопці світло, роздягайся
та лягай: то на полу Хведоська постелила,
так ти із нею ляжеш!" Я тилькі що на двір
сходив, уходю у хату, а хлопці й потушили
світло. Я й думаю: „Як ляжу я на піл, то
буду сам на полу лежать ... Ну, що буде!!.."
Ліг я на піл, а на полу нема нікого. Слухаю

20*


308 FOLKLORE DE L'UKRAINE.

— лізе до мене на піл Хведоська, та зараз
обняла мене, та поцілувала, а у мене серце
так і мре !... Та вона ще й випивши трошки.
А я її пригорнув разів зо два до себе, та й за
ціцьки полапав, а вона й не одбивається,
тиіькі каже: „Що це ви робите? Так не
треба!" А я собі думаю: „як-би її за пизду
полапать?!... Та коли-б і не злякати: вона
у перший раз лягла; нехай може я і на ту
ніч із нею ляжу, то тоді я дужче осмілюся!"

[Через який час були досвітки у Хведось-
киної тітки Івги.] Поїли пряники та й спать
полягали... Я зараз поліз до Хведоськи у
пазуху, зачав за ціцьки лапать, а Хведоська
як неначе й не чує. Я подержав за ціцьки,
та й зачав по трошку спереду шарахван пі-
диймать, а вона почала одбиватися. А я кажу :
„У ... яки бо ви є ? ! Хиба вас і полапать не
можна?!" А сам таки лізу під шарахван.
Узяв за манду, а Хведоська таїть і затруси-
лась. А я кажу: „Чого ви затрусились?" А
вона одказує: „Я боюся, та мені й стидно!"
А я кажу: „Чого тобі стидно?" — „А ви чого
лізете куди не треба?" А я кажу: „Та це
нічого!" — „Ви-ж нікому не хваліться що до
мене під шарахван лазили... А то Якуш
Ягоренко про Приську росказав хлопцям, а
її мати дочулася, то батько так її збив, що


FOLKLORE DE L'UKRAINE. 309

нігде й курчяті клюнути: так і я того
боюся!... — А я кажу: „Ти, Хведосько, зо
мною чоловіка заріж, так я і то нікому не
скажу !" А сам одниею рукою держу за ціцьку,
а другою за пизду, та думка така: як-би по-
пробувать? ..." Зачав був їй роскладати ноги,
а вона каже: „Ви хочете як мед то ще й
ложкою ... як будете до мене приставать, то
я узтану!" А у мене хуй так набрунькувався,
що й на цілому б дірку зробив ... Одначе
думаю сам собі: „Хиба вже бильш зо мною
не ляже ... а як що тилькі ляже, то поїбу ..."
Переговорили ми з нею за ніч багато де-
чого ... Стало вже у вікно сіріть ... Устала
од мене Хведоська та каже: „Ходіть уже до-
дому!" Я устав, пішли ми з нею умісті, вий-
шли за ворота. Я став прощатись, тричі по-
цілував. Вона й каже: „Що-ж ви вийдете у
вечері ?..."

І Через кілька днів зробили ми потайну
складку у Серьожкн. Приніс я горілки. По-
сідали за стіл.] „А ну, кажу, Грицько, на-
ливай, та тихенько балакай, а то щоб який
чорт з парубків не прийшов!" — „Та ти,
Харлашко, як горілку брав, такт> парубків
нікого не було?" А я кажу: „Був один Ма-
нило, він питав ; а я сказав у хазяйки гості !...*)

*) Харлашка був тоді у столяра за ученика.


310 FOLKLORE DE L'UKRAINE.

та ему і у лоб не хвисьне! ... Ну, наливай!'4
Налив Грицько чашку: „Будьте здорови!" та
так за раз і випив ... Налива, дає мені, а я
кажу: „давай дівчатам: ти знаєш, що я не
пт»ю!" Підніс дівчатам; дівчата перехилили,
закусюють медяниками, та на мене кажуть:
„ти не ігьеш, так хоч їж!" Нарізали дівчата
сала на тарілку, насипали горішкив ... „Ну,
Грицько, наливай по другій!" Налив Грицько
та собі до рота, та тилькі прикуштував, та
зараз зачав доливать. А дівчата по усій ви-
пили, та зараз зачали співати ; а нам із Гриць-
ком того й треба, що дівчата по усій пхють.
А я сидго та кажу: „А ну, Грицько, налий по
третій, нехай дівчата випт»ють, та тоді нам
потанцюють." Налив Грицько по третій, сам
тилькі покуштував, а дівчата до дна повису-
шували. Посунулась Лриська за стіл та каже:
„Хлопці, заспівать вам пісні? а я кажу:
„Заспівай!" Вона зачала співать:

Пизда, пизда — поцька
Пісня дівоцька!
Після цієї
Упт>ять цієї!

А Хведоська каже: „Ти вже як випила, так
не знаєш, що й співаєш ! ... Наливай лучче,
Грицько, ще по чарці! ..." А Грицько каже:


FOLKLORE DE L'UKRAINE. 311

„Тут уже небагато ! — „А не стане, так ви ще
принесете!" А я моргаю на Грмцька: „Та
наливай ! Нехай бісови пт>ють !" Налив Грицько
по четвертій, а вони вже не пьють, та ка-
жуть: „Серьожко, стели нам — ми спать
полягаєм! Ой, не хочемо пити! ... Устала
Приська із за стола та й каже: Гриша, стели
мені, я ляжу! А Хведоська повісилась мені
на шию, та каже! „А ви мені стеліть: я тепер
не постелю!'" А Грицько каже: „Підождіть,
ми вам, бісовим, постелем!" Свічка у нас
пошти догоріла, я й кажу: „Грицько, давай се-
лить як небудь!" Грицько узяв, простелив середь
хати свиту та положив Присьчину кожушанку
у голови, та каже: „А ти, Серьожка, лізь на
піч, а тут на полу Харлашка з Хведоською
ляже ! ... Ну, Присько, лягай ! Чого ти ти-
няєшся? Лягла Приська униз головою, а
Хведоська ростягнула на полу подушки, та
каже на мене: „Лягайте і я зараз ляжу!'' А
сама потушила недогарок. Я ліг на піл, аж
чую Грицько каже: „Хведосько, якого ти біса
топчешся но ногах? Лягай!" Слухаю — су-
неться Хведоська на піл. Я обняв її, поці-
лував двічи, поліз у пазуху, а вона мени ні-
чого не каже. Слухаю, устає Грицько та
каже: „Харлашко, я піду додому, а ти йди
двері зачини!" — „Та чого-ж ти не хочеш


312 FOLKLORE DE L'UKRAINE.

спати?" — „Та вона ігьяна, як падлюка!" А
мені того й треба, нехай іде ! Пішов Грицько,
а я увійшов у хату та ліг на піл. А Хве-
доська каже: „Де це ви були?" А я кажу:
„Ходив Грицька випровожать, він пішов до-
дому! — „А Приська тут?" — „Долі ле-
жить !" А сам зачав під шарахван підлазить, а
Хведоська : „Куди ви лізете ? Ссрьожка почує,
він ще не спить! А я кажу: „ні, він уже
спить!" а сам зачинаю потрошку ноги роз-
совувать, а вона разів зо два стулила, а далі
тилькі каже : „Що це ви мені робите ? ..." А
я кажу: „Та це нічого!" А вона: „Нічого й
дівчат портить?! ..." А я усе своє ... Вона
вже більш і не пручалась, а я зліз на неї
та й попер ..." То оце ви вже мене й
поїбли? А я кажу: „А вже!" Слухаю, а вона
обхватила мене за голову, поцілувала, та каже :
„Ви-ж гледіть, так не робіть як Якуш Яго-
ренко... а то своїй Присьці чи вмочив чи не вмо-
чив, а по всему хуторі разволочив !" А я кажу:
„У мене цбго не буде, аби ти одного знала!"
— „Та я то нікому більше не дам, хоч коли
із яким і ляжу, так нехай хоч хрести, бісів,
гризе, так не дам! Я-б і вам не дала, та це
мене оця бісова ратаФІя з пантслику збила!"
А я кажу : А Приська дає Якушеві, чи ні ? —
„Ні, не дає, тилькі кажуть, вона як ходили


FOLKLORE DE L'UKRAINE. 313

торік у Мартинову*), то там і зазімувала ...
Так кажуть, що у неї дитина була, так вона
її замість рідної оддала якому-сь багатому ко-
закові. А козак багатий — а дітей нема! А
Приська була дохожала, годів два як жереб
пройшла ! ..." Устала Хведоська та сіла на
ослоні та й каже: „Чи там недогарка не
зосталось?" А я кажу: „Він там на столі
увесь догорів ... А на що тобі ?" — „Мені
треба? Ну, я, аж ось, коло образів знайшла...
У вас сірники є?* А я кажу: „Оттам поди-
вися у печурці, там де сіль стоїть!" Нала-
пала, засвітила, дивиться яка лежить Приська,
а я кажу: „Хоть виїби!..." А Хведоська
каже : „Буде того що мене поїбли !" та пишла
у кімнату, та скинула сорочку та й уносе
сюди, витягла з печи чавунець з літеплом, та
й показує мені сорочку: .,0!... ба де пропала
краска!" А сама зачала над помийницю зами-
вати. А я кажу: „Хиба дома не можна со-
рочку випрать?" А вона каже: „Хиба ви
моєї матері не знаєте, яка вона яга?... Ми
як почнем сорочки прать, то вона мою кожну
сорочку передивиться ... а я кажу: мамо, чого
ви дивитесь ? А вона каже : а того дивлюсь,

*) Мартинова — на Донщині, куди ходять
на заробітки.


314 FOLKLORE DE L'UKRAINE.

що ти, бісова дочка, кожну ніч тікаєш !... А
вона сама така, що й яйця продасть і ті
пропхє ... Так одо вона мене й укаравулила,
чорт собачий, тепер Хведоську, нехай поздра-
вить поебше ! ... ,.Замила сорочку, повісила на
комин, погасила восковий недогарок, та й
лягла до мене на піл, та важко здихнула. А
я кажу: „не здихай, тепер кожн дешеві!"
А Хвсдоська: Вам то нічого, а мені, не дай
бог, причешіться дитина!..." А я кажу: „Як
скоро, раз виїбав та ось тобі зараз і дитина!"
— „Воно тепер мабуть не раз буде!" А я
кажу: А ви не давайте більше!, а сам знов
під шарахван лізу. А вона каже : „Вам мабуть
не даси!" Та зачала мене одпихать: „Чого-ж
ви лізете ?! А я кажу: Тепер усе одно — цілка
пропалаА вона як заплаче, а я кажу: „Не
плач, ти усе одно моя будеш — я тебе заміж
за себе візьму!" — „Видно і ззаду, що ви мене
будете брати! Ви за себе візьмете у якого
небудь паламаря, або у крамаря ... ви будете
брать собі у щиблєтах, та у шубі, а наше
хахлацьке убраннє вам не понаровиться !" А
я кажу: „А хиба не можна пошить шубу та
щиблєти купить? Аби ти тилькі згодилась за
мене пійти!" — „Та я-б то за вас пішла, та
ви мене не візьмете: мене й мужики бояться
сватать, кажуть : щоб не була така, як мати !"


FOLKLORE DE L'UKRAINE. 816

— „Ну я на матір не буду потурати ! У
нас у самих батько пхяниця, а нас три
брати — ми горілки не один і у рот не
беремо ... Так, як ти согласна будеш, так я
тебе візьму, — хиба твій батько та мати не
схочуть за мене віддать." А сам знов ізліз на
неї. А вона каже: „Цс ви берете, поки на
мені а там воно усе забудеться !..."

[Через кілька днів] уходю у хату до Хве-
доськиної тітки. Сидить Якуш, такий надутий.
Я підийшов до его, даю руку, а він мені не
дає руки, та каже: , Одьїбись на три сажні!"
А я кажу : „Чого ти, сердишся, хиба я що тобі
зробив ? !" — „А ти бісів син, не знаєш за що
я не тебе сердюсь?!'4 Убігла Хведоська, а
Якуш: „А ти, чортова циганка, на складку
ходила! Я тобі дам!" А Хведоська каже:
„Поменьш давай — я ще тобі не давала ! Йди,
нехай тобі салдатки дадуть! Тобі вже тридцять
годів, а ти усе парубкуєш, та до дівчат лі-
зеш!" — „А ти, бісова циганка, повела Хар-
лашку до Ссрьожки у хату!" А Хведоська
каже: „А тобі яке діло? Я хоч до себе у
хату поведу, так тобі діла нема!" — „Веди,
бісова, хоч на покуті посади — так мені бай-
дуже !" — „Так якого-ж ти біса сраку дереш ? !"
А Максим каже: „Буде вам спориться!"
Кинь, Хведосько, бач як разсердилась! ..."


816 FOLKLORE DE L'UKRAINE.

— „А öro не їбуть, так він нехай і хвоста не
підніма! ..." — ,,А тебе, мабуть, Харлашка
їбс, що ти за Öro оступаєшся?" — „Це не твоє
діло, хоч і поїбав, аби з собою не узяв! Убі-
райся к чорту!" А Якуш: „Убірайся ти к
чорту!" — „Я у своєї тітки, може я тут і
ночувать буду!"

[От вони й пішли. А ми послали за горіл-
кою.] Хведоська собі попереду налила чарку
та каже: „Будьмо здорови! Легенько згадайся
нашим голомудькам!" А Домаха пита: яким
голомудькам? — „Та тим, що нас бить хо-
чуть!" А тут Максим каже: „Цить Хведосько,
йдуть хлопці !" Слухаєм під вікном один каже :
„Гей, циганко бісова, виходь на улицю!" А
другий кричить : „Харлашко, виходь, їбу твою
мать ! ми з тебе душу витягнем, а хуя вставим !"
А Хведоська під вікно їм каже: „Хлопці,
одьїбіться на три сажні, ми вас сюди не кли-
чем, ідіть к чорту! ..." А тітка Івга собі каже:
„Я завтра до отамана піду!" А хлопці: „Ми
•боялись öro!" — „Так побоїтесь!" А Андрій
Мазепин каже: „Ми тебе боїмося: ти великої
пизди клок!"

[Одначе незабаром помирились. Була знов
•складка.] Якуш каже: „Давайте заспіваєм
,Чернеця{." — „Давайте ! Заводь Якуше !" Якуш
заводить:


FOLKLORE DE L'UKRAINE. 317

2.

Ходив чернець по манастиру,
Просив чернець на милостину:
(гуртом) Таки дайте, черниці,

Таки дайте, сестриці,

Цему чернецю

На милостину!
Дали ому коробку муки
А він просе білої руки.

Таки дайте ...
Дали ому коробку гороху
И він просе чорного моху.

Таки дайте ...
Дали ему гарячий калач
А він просе: „ноги .раскаряч!"

Таки дайте ...
Дали ему горячий млинець
А він просе умочить кінець !...

Таки дайте ... *)

[Скінчили співать, тоді] Якуш каже: „Як-
би ви, дівчата, проспівали, та протанцювали.

*) У Борисівский волости Валуйского пов,
цю пісню співають на взірець псальмів слі-
печих. Починають так: „Молитвами святих
отець наших, Господі Ісусе Христе, Сине
Божий, помилуй нас!" На це одповідають:
„ Аминь !" Тоді вже починають заводити пісню.


818 FOLKLORE DE L'UKRAINE.

A ну, Хвсдосько, заспівай!'' Устала Хведоська
із за стола й каже: „Ну, дівчата, давайте
потанцюєм!" Зачала Хведоська співать:

3.

Ой Шутиця, ІІашутиця моя.
Не вихажувай на улицго сама!
Не виманювай рибят з візби,
Не показувай назад пизди!
А рибята недоросточки,
Поламали в пиздє косточки!

А дівчата танцюють а навколо їх шарахвани
так і ходять колесом, та янтари, та намиста
на шиї бряжчать ... Перетанцювали ... а
Якуш каже: „Ти-б Ягор що нобудь росказав!"
А Ягор каже: „Що-ж вам росказать." Хиба
як три брати ходили одну тітку їбать?" А я
кажу: „Роскажи!" А дівчата так і міняються
з лиця. Зачав Ягор росказувать (див. у казках.).

[Як він скінчив, то Ялссь и каже : „Давайте,
я, дівчата, затриндичу, — потанцюєте!" А
дівчата кажуть: „Як-би тебе бог навів, щоб ти
затриндикав-ь !" — „А ви-ж, дівчата, потан-
цюєте?" — „Потанцюємо! !" — „Ну так я вам
затриндичу, уставайте!" Устали дівчата із за
столу, постановились у круг і зачав Ялесь
триндикати :


FOLKLOBE DE L'UKRAINE. 319

4.

Тини-тиии, тинц-тннн, тиниченьки,

А й у полі криниченька.

Там пизди сидять

По сокирці держать

Хочуть хуя зарубать.

А хуй не дурак:

Як іскоче на лавочку,

Як ухватс булавочку —

Цап стару пизду по зубах!

Пішла пизда ридаючи,

На чотирі ступаючи.

Мимо дуба йде,

Щось у дуби гуде —

Комарь муху їбе.

— Стій, мухо, не пищи:

Коли дала, так мовчи,

А то буду перти

До самої смерти!

Поти пер, поти пер,

Поки хуя перетер !...
А дівчата танцюють та приказують: „гоп-гоп,
таки гоп!" та в долоні ляскають. Перетанцю-
вали, а Ялесь каже: „А що гарно я вам за-
триндикав?" А дівчата кажуть: „гарно: тут
є й пісня й скоромне ! Андрій Мазепин каже :
„Давайте, хлопці, по чарці випхєм, так тоді
й я дівчатам затриндичу !" А дівчата кажуть :


320 folklore de l'ukraine.

„А ну, паніматко, давайте нам млинці, а то
ми про їх і забули!" Подала паніматка млинці;
випили ми по чарці, зачали млинці їсти. Поїли
млинці, а дівчата кажуть: „А ну, Андрію,
тепер затриндич, а ми потанцюємо, тилькі
боїмось, щоб яка після млинців не перднула...
Ну та нічого: хоч яка й пердне, так воно і
з вас не миши носять?" Зачав Андрій трин-
дикати:

б.

Що в матері, що в дочки —
Однакові пиздочки.
Одна одній не вірило,
Взяли рожен, поміряли:
Не велика, ні мала
Тилькі влизе три вола,
А четвертий бик, —
Тилькі ногами брик,
І хамут і дуга —
Іще пизда не туга;
І попова шапка —
Іще пизда слабка
І попів малахай —
І той у пизду запхай;
Сім возів хворосту —
Ніяк пизди не замостю:
Сім віз дряму —
Прямо в пизду прямо!


FOLKLORK DE L'UKRAINE. 321

— „Ну як, дівчата, гарна моя пісня?44 А
дівчата кажуть: „гарна: у тебе Андрію, пошти
всі скоромні !" Андрій Мавепин каже: „Якушо,
та вже горілки нема, так давайте лягать!
Ідіть, дівчата, за соломою!" Пішли дівчата
за соломою, унесли соломи, зачали слать,
а Івга каже паніматці: Я, тітко, у вас із
Якушем ляжу на полу, а ви, тітко, спасибі
вам, ляжте на печі, а то ми долі усі не по-
містимось!" А тітка каже: „Так що-ж, мені
хоч і жарко буде, та вже що-ж з тобою ро-
бить?! Так ти, Івго, постелись на полу!"
Послалась Івга на полу, а тітка Якушеві
каже : „Ти, Якуше, лягай на полу!" Потушили
світло, зачали хлопці лягать — і усі постелі
нарівно. Яка пара лягла до образів головами,
а яка до печі, а Хведоська приставила ослін
до лави, та на лаві послалась. Я зараз на
лаву. Як тилькі погасили світло, так і аачали
дівчата лягать — яка в ким спить — полягали.
До які натанцювались та зарав і поснули...
Зачала мене Хведоська обнімать та цілувать.
Слухаєм, а Якуш Ягорів почав Івгу їбти, а
у бго у ногах на полу лежав рубель та ка-
чалка. Він тилькі зачне їбти, а у бго у ногах
рубель та качалка — гур-гур-гур! А Хве-
доська каже: „Що ти там, Якуше, сорочки
качаєш ?" А Якуш каже: „Та завтра неділя,
Kçvnx. VIII. 21


882 FOLKLORE DB I/UKRAINE.

так треба покачать." А я я собі почав лізтя під ■
шарахван до Хведоськи, а вона каже: „Я тут
тобі, Харлашко, ні аа які тнсячн не дам! А
коли дуже тобі схотілось — та н мені хо-
четься — так ходім до нас у хату, а то яка
тут їбня, як де-які не сплять." А я кажу:
„Я до вас у хату боюсь іти!" А Хведоська:
„Чого тобі боятись?! Ми як прийдем до нас,
я постукаю під вікно, так Марія мені одчи-
нить, а ми увійдем у хату. У нас у великій
хаті тилькі Марія та я спимо, а мати спить
у хатині, на печі, а батько на полу. А ми
пройдем у велику хату, так ніякій біс не
почує!" — А я^еажу: „Ну, ходім!" Пішли.
Уходим у двір, підійшла Хведоська під вікно,
та постукала потихеньку, а Марья вийшла, *
одсунула двері, та каже: „Йди!" А Хведоська
пита: „А наши здорово сплять?" А Марія
каже: „Та вони учора у вечері піяненькі
прийшли." — „Ну, ходім, Харлашко !" Уходим
у хату, а Хведоська каже на мене: „Ну, роз-
дягайся, а ти, Марте, лізь на піч, а ми з Хар-
лашкою на подушках полягаєм... На тобі
горішків, та їж, та лягай, та спи!" Лягла
Марья на печі, а ми з Хведоською полягали
на полу, укрилися довгим кожухом. Хве-
доська зараз обхватила мене обома руками, та
притулилась до мене, та поцілувала, а я лежу


FOLKLORE DB L'UKRAINE. 333

та й думаю : „Що, як її мати устане, та прийде
сюди ? ... Ну, та чорт öro візьми, що буде,
то буде !" Та зараз і поліз під шарахван, а Хве-
доська каже: „Наче дуже велика!" А я кажу:
„Ні!" А сам зачав на неї лізти, а вона каже:
.„Куди ви лізете?" Ізліз та й зачав їбать.
Виїб хорошенько та й кажу : „Хведосько, чи
мені йти додому?" А вона каже: „Чого там?
Ти так живеш зо мною: я — твоя, поки ти
мене поїбеш, а тоді вже мене не треба!" А я
кажу: „Чого це так?" — „Та бач, як виїб,
так і йдеш додому!" А я кажу: „Та я тут
•боюся: не дай бог устане твоя мати!" А Хве-
доська каже : „Так тоді я буду винувата, а не
ти!" А я лежу, одниєю рукою держу за пизду
-а другою рукою за ціцьку. Слухаю, заскри-
піли двері, уходе у хату Хведоськина мати, а
я дивлюся з під кожуха. Вона підійшла до
нас, а я усе одниєю рукою держу за пизду, а
другою sa ціцьку, так вона оді йшла од нас,
покивала головою, пішла до кухні та й бур-
«чить: „Бісова дочка, мало того що там тікує,
так ще й у хату кобеля привела ... Він хло-
пець — не вннуват: сучка не схоче — кобель не
-сскоче ... я öro не виню." Та устала й почала
топити піч, а я думаю: „От тобі и долежав!...
Іти-б додому! Та кажу: Хведосько! — „Чого?"
— „Як же мені тепер іти додому?" А Хве-

21*


884 FOLKLORE DE L'UKRAINE.

доська каже: „Та так і підеш: як вона піде-
на двір, так я тебе проведу: я вараз устану.
Уставай!" Я устав, удігся, а її мати пішла на
двір. А я тилькі 9 хати вийшов, а вона йде у
хату, та прищемила мені полу кожуха, та й каже:
„Вернись у хату, я тебе чогось спитаю?" А я
таки хотів вирватись, а вона каже: „Вернись,
усе одно не пустю!" А Хведоська виглянула
з тиєї хати та каже: „Вернися: вона тебе не
зіїсть, а то ти собі кожуха подереш!" Я вер-
нувся у хату, а Хведоська каже: „Йди сюди!"
Я увійшов у велику хату та й сидю. Хве-
доська зачала умиваться. Умилась, а я кажу і
,Давай і я умиюся!" Подала Хведоська мені
води, та ще дала й печатного мила. Зачав я
умиватись. Умивсь; подала мені гребінки, я
росчісався, та й сидю, та хотів іти знов, а
мати каже: „Куди ти підеш? Підожди, посні-
даєш та й підеш!" Та пішли Хведоську, або
Марію!" Так я виняв двадцять копібк та
кажу : „На, Маріє, піди горілки принеси, а я
піду додому! А Хведосьчии батько сидить на
печі та каже: „Та підожди, Харлашко, посні-
даєш!" А Хведоськина мати млинці пече. Я
у сірка позичив очей, та й остався снідать...
А Хведосьчина мати каже : „Ти, Харлашко, от
що, бісів сину, коли мою дочку любиш, так
не води її по чужих хатах, а йди до нас у


FOLKLORE DE L'UKRAINE. 826

хату, та тут і спи з нею: так тут вас хоч
ніхто не битиме!"

[Незабаром вони й побрались. Через кілька
часу після цбго Харлашка мусив виїхати з
•своїм хазяїном до другої слободи. Хведоська
ле втерпіла і приїхала до чоловіка, котрий
жив з своїм приятелем Іваном те-ж жонатим.
Полягали у вечесі спать.] А я й кажу з дру-
гої хати: „Ну Йване, та й добро вам у двох
з жинкою жити!" А Іван каже: „Та добро,
ніхто не мішає : коли схотів, тоді и запиздячуй
жінку! А я кричу з тиєї хати Іванові: „А я
•оце, Іване, до своєї добиваюсь на щот їботи, а
вона каже: „Не хочу!" А Хведоська каже:
„А чого-б я до тебе й приїхала, як не по-
їбтись?! А Іван з жінкою: „Ха, ха, ха! . . .
Бач Йосиповичу, у вашої Іванівни нема за-
критого ока!" А Хведоська каже: „А хиба
їбтися гріх?! ... Я вже за чотирі тижні і
так перегоріла ... Я оце того і приїхала, щоб
поїбтись! а тоді ото з мене й потягне до са-
мого Різдва, аж поки він приїде додому!"

Переночували, а моя Хведоська каже: „Ну,
Палажко, що ми будемо варить?" А Палажка
(жінка Іванова) каже : „Що-ж ... та мабуть те
що й учора!" А Хведоська: „Де-б тут у вас
риби купить." А Іван каже: „Та як гарної


326 FOLKLORE DE L'UKRAINE.

риби, то більш ніде не купиш, як на базарі;
там і свіжу продають!" А Хведоська кажег
„Ти, Харлашко, давай грошей, а ти, Іване,
піди будь-ласка на базарь, та купи риби, а то ми
вас з Палажкою так загодуєм пістним борщем,
що у вас і хуї не будуть уставать!" Та каже
на мене: „Ти, Харлашко, подивись на себе у
дзеркало, як ти побілів, — тилькі одну ніч
поїбався !" А Іван та жінка так і лягають зо-
сміху. Вийшла Хведоська ва двір, а Іван і
каже: „Чи ви, Йосиповичу, не будете гні-
ватись, що я вам скажу?!" А я кажу: „Чого»
я там буду гніватися?" — „Чи ви тую Хве-
доську не з бардака узяли?" А я кажу: „Hit
Це у неї така привичка, це вона так звикла.
Не бійтесь: вона при вашому батькові та
матері такого казать не буде, а це вона між
молодими така !..."

Сіли за стіл. Налила Хведоська Іванові
чарку, а Іван каже: ^Своєму здоровію!" А
Хведоська каже: „Я після усіх випью!" Ви-
пив Іван, налила Хведоська Палажці чарку,
випила й Палажка. А Хведоська узяла кружку,,
та вилила горілку усю з пляшки, та й каже:
„Будьмо здорові!" та й випила усю. Я сидю —
та й кажу: „Наче ти, жінко, багато випила?!"
А Хведоська каже: „Не буде мало!" Та ш
зачали обідать. Пообідали, зачала питать Пат


FOLKLORE DE L'UKRAINE. 827

лажка Хведоську: „Як ви дівували, Іванівно,
так ви й тоді пили горілку, чи ні?" А Хве-
доська каже: „Як дівкою була, так я сама по
дві пляшки випивала !" А Палажка каже: „Та
ви мабуть, не во гнів вам буде, Іванівно, ще
й до свайби давали?" А Хведоська кажо: „О,
Палажко, я з їм їблась, аж пизда тріщала! Я
й не думала що він мене візьме... А ми
дома живемо бідно: хоч я дівка нічого на
морду, та ти й сама знаєш, якій біс путній
прийде у бідний двір сватати? — Такий хиба
волопас як і ми! Моіх же сестер пооддавали
за таких баранів, так я подумала: як моя цілка
доведетьця якому небудь алахурові... та узяла
та й дала Харлашці !..."

[Приїхав Харлашка додому, а бго жінка, хоч
і недужа була, робила десь на току. Грицько
узявсь провести бго до неї.] Приходимо на
тік, а Хведоська там стоїть. Я підийшов до
неї та кажу: „Здрастуй, Хведосько! А вона
крізь плач каже: „Здрастуй! та давай мене
цілувать..." А я кажу: „Ти, Грицько, йди
додому, я й сам відсіля прийду додому!"
Пішов Грицько, а у мене хуй став як коляка,
я й кажу: „Хведосько, у тебе не можно по-
просить чого . . . м*ьякого?" А Хведоська
каже: „Куди ти до мене лізеш? Я й сама


888 FOLKLORE DE L'UKRAINE.

собі не рада!" А я кажу: „Так ти й мені не
рада?" — Та я то тобі рада, та ти не те ка-
жеш ... Та воно набуть і Грицько додому
іще не пішов?! А ну подивись за соломою,
він там не стоїть? А я заглянув за солому,
та кажу: „Тут бго нема, він давно дома!" А
Хведоська каже: „Та я уже змерзла, а ти мене
тут на морозі задублювать зачнеш !" Ось краще
слухай, даси мені карбованця, треба оддати
Грицькові!] А я кажу: „Як руб випросить, так
не змерзла, а як до тебе, так холодно. — „Так
чого-ж ти сердисся?... Йди вже, я ляжу, або-
що !" Я зачав її садить, а вона стогне, та
каже: „У тебе, Харлашко, мабуть і бога у
животі нема: ти бачиш що я нікуди не годюся,
а лізеш куди не треба !... Так-ти, Харлашко,
завтра, як Грицько прийде, так ти даси бму
карбованця?!" А я кажу: „Та я дам: ти вже
тепер заробила !" А Хведоська: „Ну, буде тобі
сміятись: ти такий що у неживої випросиш,
не тильки що у хорої ..."

Traduction. [Nous étions dans la rue allant
aux veillées] et Alexis dit: «Allons, mettons
ce soir Gbaralampe coucher avec Eugénie fille
d'Euthyme — ça fera un bon couple, elle et
luil" Et les autres disent: Avec quelle Eugénie


FOLKLORE DE L'UKRAINE. 829

voulez-vous mettre Charalampe ? — «C'est avec
celle qui est longue de sept ventée (kilo-
mètres) et chauve de trois jours.*) Tout le
monde éclata de rire. „C'est justement ça!...
dirent-ils : „pour ses dents affamées elle sera
bonne !tt

Bt André Mazépyne dit: „Eh bien, garçons,
dites, est-ce vrai ce qu'on dit qu'Eugénie a
le con qui se retourne comme un bas?" Et
les garçons se mirent de nouveau à rire:
^Est-ce que tu Гав foutue que tu sais qu'elle
a le con qui se retourne comme un bas?" —
„Eh ... qui m'a dit cela : Iakonche Tchou-
lanykiv ou qui donc?... (je ne me rappelle
plus).

„Eh bien, et qu'est-ce que nous chanterons,
Yakouch ?****) — ^Commence • le Tzigane!"
On a commencé a chanter en allant dans
la rue:

*) H s'agit d'une mesure de surface den(i) (le jour) :
l'étendue de champ qui peut être labourée dans une
journée.

•*) Yakouoh (Jacob) un vieux garçon qui jouait en
fait le rôle du chef des garçons, tandis que le chef
(doyen) officiellement élu était le fils d'un paysan riche
André Masepyne à propos du quel on disait: „Et quel
doyen que cet André ? Il ne se pas fait remarquer même
dans le cul I..


880 FOLKLORE DE L'UKRAINE.

1.

„Tzigane, je fous ton père! || Courage le
con, courage la pine || Le con noir, la pine
chauve! li Ha, ha, la pine || Ho-ho, hey-hey,
garçon à couillons non chevelue || amuse-toi,
fillette à eon non chevelu!4

Nous nous approchâmes de la fenêtre
d'Agathe (la propriétaire de la maison où
avaient lieu les veillées). Nous étions sept
garçons et nous nous mîmes à crier: «Est-ce
que madame notre mère est chez elle?44 Et
les jeunes filles qui étaient dane la maison
répondent : „Ii n'y a ici que les jeunes filles.44
Et Stephan s'approcha de la fenêtre et dit:
„ Jeunes filles, chez laquelle de vous (le con)
est déjà commencé, qu'elle me le donne!"
Les jeunes filles se mirent à rire et l'une
d'elles dit : „Si l'on donnait à tous, cela serait
bientôt épuisé!44

[Lee garçons entrèrent dans la maison.]
Quelque temps après arrivèrent les garçon»
d'autres parties du village. L'otaman leur
dit: „Donnez 26 kop. chacun et nous com-
mencerons à boire l'eau de vie!44 Us répon-
dent: „Nona n'avons pas d'argent.44— „Alors
allez-vous en: voici le dieu (icônes) et voilà
la porte!44 Ils ne bougent pas. — „Eli bien,
mes garçons, sinon, non, et si voue n'obéissez


FOLKLORE DE L'UKRAINE. 331

pas on vous prendra par la pine et on tous
mettra à la porte !" Les garçons se levèrent
et sortirent Quant ils étaient dehors, la
maîtresse de la maison ferma la porte, mais-
ils se rapprochèrent de la fenêtre et dirent:
„Eh bien, n'oubliez pas vous, je fous votre-
mère, cette soirée, nous nous la rappellerons !"
Et Stephan leur dit: „Allez, vous, chez votre-
mère foutue !" Et Yakouch resta dans l'anti-
chambre et entendit ce qu'ils disaient: „Allons*
casser les vitres!" Et l'autre dit: „Si nous
étions plus nombreux ... mais s'ils sortent,
ils noue donneront savoir ça !... Allons, que
leur mère soit foutue!4

[Noue restâmes un peu], puis une jeune
fille s'approcha de la maîtresse de la maison
et lui dit : „Ma tante, dites aux garçons qu'il
est temps de se coucher!" La maîtresse
s'approcha de la table et dit: „ Allons, mes
garçons, il est temps de se coucher!" André
Mazepyne lui répondit: «Est-ce, ma tante,
que vous voulez être enconnée que vous nous
invitez à coucher?!" — „Si je veux ou non,,
c'est une autre chose, mais il y a peut-être
une jeune fille quelconque qui le veut!" —
„Eh bien, mes fillettes, allez apporter de la
paille." Les jeunes filles sortirent pour chercher
de la paille et en apportèrent. Et Hrytzko-


382 FOLKLORE DB L'UKRAINE.

(Grégoire) leur demande: „Et Natalie, où eet-
«11e?** — „Elle est couchée ehern Thimothée
-eona la meule de paille." — „Allons, garçons,
nous l'apporterons ici !" Nous courûmes nous
cinq. Quand nous nous approchâmes de la
paille, nous la vîmes se roulant par terre et
vomissant. Stéphane la regarda et dit : „En-
connez la : elle vous accouchera d'un diablotin!
11 faut qu'elle se dégrise ici ou bien toi,
Hrytzko, couche-toi avec elle ici!" (Hrytzko
couchait avec Natalie.) Hrytzko s'exécuta et
nous rentrâmes à la maison ... „Toi, Chara-
lampe," m'a dit la maîtresse de la maison:
„quand la lumière sera éteinte, déshabille-toi
et te couche sur le plancher près du four*):
•c'est Théodosie qui a fait le lit là* bas. Tu
te coucheras donc avec elle!" A peine ai-je
eu le temps de sortir dans la cour, que les
garçons ont déjà éteint la lumière. Alors je
pensai: si je me couche sur le plancher je
risque peut-être y rester seul pendant toute
la nuit! ... Quoi faire?! Eh bien soit! ...
Je me couchai sur le plancher où il n'y avait
personne. Quelques moments après j'entends:
•c'est Théodosie qui monte sur le plancher...
Elle m'embrassa tout de suite et se mit â

*) Ce plancher remplace le lit ches les paysans de
l'Ukraine. — Red.


FOLKLORE DB L'UKRAINE. 333-

mè caresser et mon cœur se pâma d'émo-
tion ... Il m'a semblé qu'elle avait un peu
bu. Je l'ai pressée doucement sur mon cœur
et j'ai tâtonné un peu son sein. Elle ne se
défendait pas et disait seulement: «Qu'est-ce-
que vous faites? Il ne faut pas faire comme
ça ! !.. .** — Et moi j'ai pensé: «Est il pos-
sible la palper par le con? ... seulement on
peut l'effrayer comme ça: c'est pour la pre-
mière foie qu'elle couche ... et bien, peut-
être je coucherai avec elle encore une fois,,
alors je serai plus hardi!.. .**

[Quelque temps après il y avait une réunion
chez la tante de Théodosie.] Nous mangeâmes-
des pains d'épice et puis noue noue couchâmes.
J'ai fourré tout de suite mes mains au sein,
de Théodosie et je me mis à tâter ses mam-
melles ; elle ne résistait pas comme si elle ne-
sentait rien. Après avoir joué un peu avec
ses mammellee j'ai commencé à retrousser un
peu son jupon. Alors elle se mit à se dé-
fendre. Et je lui ai dit: «Oh! comme vous
êtes ... vous !... Est-ce qu'on ne peut pas
vous tâter un peu?! .. .u et j'ai continué
toujours à fourrer ma main sous son jupon ...
Je la pris par le con et elle se mit à trem-
bler: «Qu'est-ce que vous avez à trembler",
lui dis-je. Et elle me répondit: «J'ai peur


•384 FOLKLORE DE L'UKRAINE.

et pnie j'ai honte Iа — „Et pourquoi as tu
honte, demandai-je." — „Et tous pourquoi
tous fourres vos mains où il ne faut pas?!*4
— „Mais cela ne fait rien !.. " — „ Au moins
ne dites à personne que vous ayes tait cela
avec moi... Yakouche a raconté aux garçons
-comme il jouait avec Priska (Euphrosine) : le
bruit est parvenu jusqu'à sa mère et son
père la rossa de telle manière que la poule
n'aurait pu trouver sur sa peau un endroit
intact à becqueter; j'ai peur, moi aussi de
quelque chose pareille! Et moi, je lui dis:
„Toi, Théodosie, tu peux égorger quelqu'un
Avec moi et je ne le dirai à personne!14
cependant je la tenais d'une main par la
mammelle et de l'autre par le con et pensais:
„si je risquais à essayer?" ... et doucement je
me mis à écarter ses jambes.... Mais elle
me dit: „Vous avez du miel et vous voulez
encore le manger avec une cuillère ... si
voue ne cessez pas de m'embêter, je me lève
tout de suite!" J'avais dans ce moment ma
pine tellement gonflée, que j'aurais bien pu
percer un trou même sur le vif ... Néan-
moins je me dis: „Soit... Seulement il faut
qu'elle ne couche jamais avec moi ... mais
si elle couche encore une fois, je l'enconnerai
pour sûr!" Nous avons beaucoup parlé cette


FOLKLORE DE L'UKRAINE. 385

nuit de diverses choses... Le jour com-
mençait à paraître, quand elle se leva et
me dit: „Allez déjà à la maison!" Je me
levai et nous sortîmes ensemble dans la
rue. J'ai pris congé et je l'embrassai trois
fois. „Eh bien," m'a-t-elle dit en me quittant:
„ est-ce que vous sortirez ce soir?!"

Dans quelques jours nous avons organisé
une réunion clandestine chez Serge. J'ai
apporté de l'eau de vie. Nous étions à table.
„Eh bien", dis-je à Hrytzko: „verse, mais
parle doucement, afin que quelqu'un des ces
diables de garçons ne vienne pas." — „Mais,
toi, Charalampe, quand tu as acheté l'eau de
vie il n'y avait personne dans le cabaret?"
— „Si, Emmanuel y était seul, il m'a de-
mandé, mais je lui dis qu'il y a du monde
chez la maîtresse de notre maison*)... mais il
ne devinera jamais! ... eh bien verse!"
Grégoire versa un verre: „A la vôtre!" et
il le vida d'un trait. Il versa encore et me
proposa à moi; mais je lui dis: „donné aux
fillettes, tu sais que je ne bois pas !" Il a offert
aux jeunes filles; celles-ci burent bravement
et se mirent à manger des pâtés au miel en
me disant : „tu ne bois pas, mange au moins !"

*) Charalampe faisait alors son apprentissage ches
on menuisier.


886 FOLKLORE DE L'UKRAINE.

Les jeunes filles coopèrent du lard sur «ne
assiette, et servirent des noisettes. — «Allons,
Hrytzko," dis-je, «verse encore!" Grégoire
versa et après avoir goûté un peut peu, remplit
la tasse. Les jeunes filles burent .encore une
tasse toute entière chacune et se mirent tout
de suite à chanter, tandis que Hrytzko et
moi nous ne demandions pas mieux que
les fillettes bussent. Après quelque temps
je dis de nouveau: «Eh bien, Hrytzko, verse
eneore la troisième tournée ! ..., que les
jeunes filles boivent, elles danseront après."
Hryezko versa encore et toucha de nouveau
à peine de ses lèvres la tasse, tandis que les
jeunes filles vidèrent leurs coupes à sec Priska
prit place à la table et dit: «Garçons, voulez
vous que je vous chante une chanson?" —
«Chante!" Et elle commença:

«Le con, le con, le petit con! || C'est une
chanson de fillettes! || Après celle-ci || De nou-
veau celle-ci!"

Alors Théodosie dit: «Toi, Pryska, quand
tu as bu, tu ne sais plus ce que tu chantes!"
Grégoire, tu feras mieux de nous verser en-
core une fois!" — «Il ne reste plus grand
chose!" répondit Grégoire. — «Ça ne fait
rien, s'il n'y avait pas assez, vous apporterez
encore!" Et moi, je fis un signe à Hrytzko:


FOLKXOBB DB L'UKRAINE. 887

«Verse, donc! qu'elles boivent, les drôlesses!"
Grégoire versa la quatrième tournée, mais
les jeunes filles ne burent plus: «Fais nous
les lits, Serge, nous none coucherons. Oh!
nous ne voulons plus boire!.. .tt Pryska sortit
de table et dit: «Hrytzko, fais le lit pour
moi, je me coucherai!" Et Théodosie me
sauta au cou et elle dit aussi: «Et vous,
faites le lit pour moi, à présent je ne peux
pas faire le lit!" — «Eh bien, nous vous
ferons vos lits, sacrées fillettes!" Notre bougie
était déjà prête à s'éteindre et je dis à Gré-
goire: «Allons faire des lits n'importe com-
ment!" Grégoire étendit sa veste au milieu
de la chambre, mit la pelisse de Pryska en
guise de traversin et dit : «Et toi, Serge, vas
sur le four, c'est Charalampe avec Théodosie
qui coucheront sur le plancher ... Eh bien,
Pryska, couche-toi! Qu'est-ce que tu te pro-
mènes?!" Priska se coucha, la tête en bas;
tandis que Théodosie mit en ordre les coussins
sur le plancher et me dit: «Couchez-vous, je
me coucherai tout de suite!" En disant cela
elle souffla le bont de bougie. Je couchai sur
le plancher et j'entendis la voix de Hrytzko:
«Théodosie, que diable as-tu, que tu piétines
sur mes jambes?! Couche-toi?" Et j'entendis
Théodosie monter sur le plancher. Je la
Kqvtix. VIII. 22


$86 FOLKLORE DE L'UKRAINE.

serrai dans mes bras et je loi donnai deux
baisers, pois je fourrai la main dans son sein
sans la moindre résistance de sa part. Tont
d'un coup j'entends que Hrytzko se lève et
dit: „Gharalampe, va fermer la porte, je m'en
vais à la maison !M — „Et pourquoi tu ne
veux pas coucher?" — „Mais elle est ivre
comme une charogne !..." Et moi, je ne
demande pas mieux: „Qu'il s'en aille!" Gré-
goire sortit et je rentrai dans la chambre
et je me couchai auprès de Théodosie. „Où
etfez-voue," me demanda-t-elle. — „Je me suis
levée pour reconduire Hrytzko qui est parti
à la maison!" -— „Et Pryska est-elle ici?" —
„Elle est couchée là-bas !" En disant cela j'ai
commencé à fourrer ma main sous sa jupe ...
„Qu'est-ce que vous faites?" m'a dit douce-
ment Théodosie, „Serge peut nous entendre,
il ne dort pas encore!" — „Si, il dort déjà"
et je me mis à lui écarter les jambes. Elle
les serra deux fois peut-être et puis me
laissa faire en chuchotant seulement: „Qu'est-
ce que vous me faites? ..." „Ge n'est rien!"
lui dis-je. — „Ge n'est rien de compromettre
la virginité d'une jeune fille... Et moi, je
continuais quand-même . . . Elle n'a pas
même résisté plus; je montai sur elle et
j'ai poussé . . . „Est-ce donc que vous


I

FOLKLORE DE L'UKRAINE. 889

m'avez enconnée déjà?!" „Mais bien oui",
lui repondis-je. Elle saisit ma tête entre ses
bras, m'embrassa et me dit: „ Gardez-vous,
seulement, ne faites pas comme Yakouch a
fait: Га-t-il plongé à sa Pryska, ou n'a-t-il
pas, mais il a trompeté cela partout dans le
hameau!" — „Avec moi il n'y aura rien de
pareil, pourvu que tu ne connaisses que moi
seul!" — „Oh," me dit Théodosie, „quant à
moi, je ne donnerai à personne; si même je
couche avec quelqu'un, qu'il ronge même sa
•croix, fils de diable, je ne me donnerai
pas !... Et je ne me donnerais pas même à
vous sans ce maudit ratafia qui me tourne
la tête! Et je lui dis: „Et Pryska, est-ce
•qu'elle donne a Yakouch?" — „Non, elie ne
donne pas! Gn dit seulement que l'année
passée quand elle allait a Martynova *), elle y
passait tout l'hiver ... et dit-on qu'elle y
avait un enfant et qu'elle donna à un riche
cosaque ... Ge cosaque est riche et n'a pas
d'enfants, il l'adopta. Pryska, elle était déjà ex-
périmentée: il y a deux ans déjà à peu près
•qu'elle a tiré le sort..." Puis Théodosie se
leva, s'assit sur l'escabeau et dit: „Est-ce qu'il
ne reste plus de bout de bougie?" Et je

*) Martynova — un village dane le paye des Cosaques
Au Don, où on та pour chercher du travail.

22*


840 FOLKLORE DE L'UKRAINE.

loi die: «Il est brûlé tout entier là sur la,
table ! Et quel besoin as-tu de bougie?..." —
«J'ai besoin ... enfin voici, j'ai trouvé un
bout de cierge près des icônes ... Avez-vous
des allumettes?" Et je lui dis: «Cherche là-
bas dans une petite niche dans le four, là
où se trouve la boîte au sel." Elle les a
retrouvées à tâtons, a allumé le cierge et se
mit a regarder Pryska étendue au milieu de-
la chambre. Et je dis : «Voilà, on peut l'en-
conner comme ça!" Et Théodosie dit: «C'est
assez ponr vous de m'avoir enconnée moi!"
En disant cela elle alla dans la chambrette-
voisine, ôta sa chemise et l'apporta, puis
sortit du fonr un petit pot en fonte avec de
l'eau tiède et me montra la chemise. Voilà,,
voyez-vous la place où la fleur est perdue!
Et elle se mit à laver (la partie ensanglantée
de la chemise). Et je dis: «Est-ce qu'on ne
peut pas laver la chemise à la maison ?" Et
elle dit: «Est-ce que vous ne connaissez pas-
ma mère, quelle sorcière elle est? Quand
nous nous mettons à laver notre linge, elle-
examine chaque chemise à moi, et je dis:.
«Maman, qu'est-ce que vous regardez là?"
Et elle dit: «Je regarde, par ce que toi, fille
du diable, tu t'enfuis chaque nuit... Et elle
même ... elle vend des œufs et dépense l'ar-


FOLKLORE DE L'UKRAINE. 841

gent à boire ... Justement elle est capable
de m'épier, diable de chien! A présent qu'elle
félicite sa Théodosie d'être foutue!..Elle
lava la tache et pendit la chemise auprès de
la cheminée, puis éteignit le bout de cierge
et se coucha auprès de moi en soupirant
profondément. Et je dis: ne soupire pas à
présent les peaux ne se vendent pas bien!*)
Et Théodosie me dit: „Pour vous c'est égal,
mais pour moi... si par hasard, que Dieu
me garde, l'enfant s'accroche ?!..." Et je
-dis : „8i vite que ça !... une seule fois en-
connée et tout de suite l'enfant!.. ." — „TJne
seule fois ... à présent probablement ce sera
nn peu plus qu'une fois!** — Et je lui dis:
„Et vous, vous ne donnez plus !tt et je fourre
de nouveau ma main sous sa jupe. Et elle
dit: ^Probablement on ne vous donnera
plus !..." et elle se mit à me repousser : „Et
pourquoi alors vous vous fourrez ?u Et je lui
-dis: „A présent c'est égal, c'est déjà dé-
floré !" Et elle se mit a pleurer. Alors je lui
dis: „Ne pleure pas, tu seras quand même à
moi, je t'épouserai!" — „On voit même de
derrière que vous m'épouserez ! Vous épouserez
plutôt une fille d'un sacristain quelconque ou

*) Jeu de mots: ЗДИХЯТЬ =

soupirer et crever.


842 FOLKLORE DE L'UKRAINE.

d'au marchand ... Vous prendrez quelqu'une
en bottines et en pelisse, et notre simple
vêtement de paysanne d'Ukraine ne vous
plaira pas!tf Et je dis: „Est-ce qu'on ne peut
pas faire faire les bottines et la pelisse?"
Pourvu que tu consentes à- te marier avec
moi. — «Oh, quant à moi, je voudrais bien
me marier avec vous, mais vous ne me prend-
rez pas: même les paysans ne veulent pas-
me demander en mariage; ils disent: (nous-
craignons) qu'elle ne soit comme sa mère." —
«Non, je ne ferai pas attention à la mère;
notre père était ivrogne lui aussi et quand
même nous sommes trois frères et pas un de-
nous ne prend d'eau de vie dans la bouche.
Alors si tu es d'accord je me marierai avec
toi, sauf que ton père et ta mère ne vou-
dront pas te donner à moi..." Et en disant
cela je montais de nouveau sur elle. Et elle
m'a dit: «C'est que vous vous mariez avec
moi quand vous êtes sur moi, et après on
oubliera tout cela !..."

(Quelques jours après) j'entre dans la
chaumière de la tante de Théodosie. Ta-
kouch y est assis avec la mine boudeuse. Je
m'approche de lui et lui tends la main, mais
il ne me donne pas la sienne et dit: «Fous-
toi à trois sajènes (6ł/i mètres) de moi." Et


FOLKLORE DE L'UKRAINE. 848

je lui dis : „Qu'est ce que tu te fâches, est-ce
que j'ai fait quelque chose à toi?" — „Ah,
toi, fils du diable que tu es, tu ne sais pas
pourquoi je me fâche avec toi?!!" Dans ce
moment parut Théodosie et Yakouch dit
s'adressant à elle: „Et toi, diablesse de
Tzigane, tu étais à la réunion (clandestine)!
Je te donnerai à toi... (Je te ferai ton
affaire!)" Et Théodosie dit: „Donné un peu
moins — je n'ai pas encore donné à toi... Va,
que les femmes des soldats te donnent, tu as
trente ans déjà et tu es garçon jusqu'à pré-
sent et tu t'accroches encore aux jeunes
filles !" — „Et toi, diablesse de Tzigane, tu as
amené Charalampe dans la maison de Serge!"
Et Théodosie dit: „Est-ce que cela te re-
garde ? Si je veux, je l'amènerai dans notre
maison, chez nous, et tu n'as pas à te mêler
de cela!" — «Amène-le, diablesse, fais le
s'asseoir même sous les images*); cela m'est
égal." — „ Alors que diable lèves-tu ton
cul en l'air?" Et Maxime (qui était là) dit:
„Mais c'est assez déjà de vous disputer.
Lâche-le, Théodosie, regardez comme elle se
fâche!" — „On ne le fout pas, alors il ne

*) На покуті (sur la place sous lea images du
samts) on fait s'asseoir ordinairement les fiancés pen-
dant le mariage. — Red.


844 FOLKLORE DE L'UKRAINE.

doit pas lever sa queue !"*) — „Et toi, c'est
probablement Cbaralampe qui te fout et c'est
à cause de cela que tu le défends!" — «Ça
ne te regarde pas, s'il me fout ou non **), va
aux diables!" EtTakoucb: «Va aux diables,
toi!..." — «Je suis chez ma tante, peut-
être je coucherai ici!"

[Alors les garçons s'en allèrent et nous
avons envoyé chercher de l'eau de vie.J
Théodosie versa d'abord un petit verre pour
lui-même et dit: «A la nôtre! que nos blanc-
becs à couillons nus se portent bien!" Et
Dominique demande: „Queis couillons nus?"
— «Mais ceux qui veulent nous battre." Tout
à coup Maxime dit: «Tais-toi, Théodosie,
voici les garçons qui arrivent!" Nous en-
tendîmes la voix à travers la fenêtre: «Eh,
toi, diablesse de bohémienne, sors donc dans
la rue !" Et l'autre crie : «Charalampe, sors,
je fous ta mère: nous tirerons ton âme de
tes entrailles et nous y mettrons la pine!"
Et Théodosie leur dit â travers la fenêtre:
«Garçons, foutez le camp à trois sajènes: nous
ne vous appelons pas ici, allez aux diables !"
Et sa tante Eugénie dit de son côté: ««Tirai

*) Allusion à l'accouplement des chiens.
**) Littéralement: e'il m'a foutue c'est égal pourra
qu'il ne m'emmène pas avec lui (proverbe).


FOLKLORE DE L'UKRAINE. 345

demain chez Votaman (chef élu des garçons) !u
Et les garçons: «Est-ce que nous avons peur
de lui?" — „Alors vous l'aurez!" Et André
Mazepine dit: «C'est de toi que nous avons
peur: tu es un lambeau d'un grand con!"

[D'ailleurs bientôt la paix fut conclue. Il
y avait une réunion de nouveau.] Takoucb
dit: «Allons chanter Tchemetz (Le Moine)!"
— «Allons! Commence Yakouch!" Yakouch
•commença:

2.

«Le moine marchait dans le couvent || Le
moine demanda l'aumône: || (chœur) Donnez-
moi donc, les nonnes, Il Donnez moi donc,
mes sœurs |f Donnez à ce moine || L'aumône! ||
On lui a donné une boîte de farine. [| Mais
il demande la main blanche || Donnez-moi
donc, etc. Il On a lni donné une boîte de pois,
Il Mais il demande de la monsse noire !| Don-
nez ... etc Il On a lui donné un pain chaud,
Il Mais il demande: «écarte les jambes!" ||
Donnez ... etc. — On a lni donné une crêpe
•chaude II Mais il demande (qu'on lui permette)
«de plonger le bout! Il Donnez... etc."

[On a fini de chanter; alors] Yakouch dit:
«Voulez vous bien, fillettes, chanter quelque
•chose et danser ! Allons, Théodosie, chante!"
Théodosie se leva de table et dit: «Eh


846 FOLKLOBE DE L'UKRAINE.

bien, jeunes filles, dansons!" Elle commença
à chanter:

„Oh, ma Chouty tria, Pachonty tzia (Parasceve)
Il Ne sors pas seule dans la rue || Ne fais pas
sortir les garçons de la maison || Ne montre
pas ton con de derrière. || Mais les garçons
mineurs II Ont cassé les os dans le con!"

Et les jeunes filles dansent et leurs jupes
se tournent autour d'elles comme une roue,
leurs colliers en ambre jaune et en perles
font du brnit... On a fini de danser et Ya-
kouch dit: «Georges, veux-tu nous raconter
quelque chose!" Et Georges dit: «Qu'est ce
que je vous raconterai?" Peut-être: „Com-
ment trois frères allaient foutre une tanteV^
Et je dis: „Raconte!" Et les visages des
jeunes filles se changent même (de curiosité).
Georges se mit raconter. (Voir les contes.)

Quant il a fini, Alexis dit: „Voulez-vous,
jeunes filles, que je vous fredonne quelque
chose? Vous danserez?" Et les jeunes filles
disent: «Oh, si le bon Dieu t'inspire de fre-
donner!" — „Mais vous, fillettes, vous danse-
rez?" — «Nous danserons!" — „Alors je fre-
donnerai. Levez-vous!" Les jeunes filles
sortirent de la table, se rangèrent en rond
et Alexis se mit à fredonner:

3.


FOLKLORE DE L'UKRAINE. 34T

4.

„Tini-tini, tini-tini, tinitechenky, || Il y a>
une fontaine dans les champs || Les cons sont
assis là II Ils tiennent chacun une hachette; ||
Il veulent couper la pine. || Mais la pine
n'est pas imhécille: || Elle saute sur la ban-
quette, Il Elle saisit une massue \[ Crac un
vieux con sur les dents! || Le con alla en
sanglotant, || En marchant à quatre pieds. ||
Elle va près d'un chêne || Quelque chose
bourdonne dans (le creux) du chêne ,| C'est
le cousin qui enconne la mouche. || Halte,
mouche, ne piaule pas || Tais-toi, si tu t'es
laissée foutre, || Autrement je pousserai ||
Jusqu'à la mort même. || Il a tant poussé, il
a tant poussé, || Qu'il cassa en frottant sa
pine!tt

Et les jeunes filles dansent et crient: hop,
hop, hop donc ! en applaudissant en cadence. On
finit de danser et Alexis dit: «Et bien, est-ce
joli ce que je vous ai chanté?" Et les jeunes-
filles disent: «C'est joli: il y a ici de la.
chanson et de la frivolité." André Mazepine
dit: «Allons, garçons, buvons une tournée et
je vous fredonnerai, moi!" Et les jeunes filles
disent: «Eh bien, bonne mère, servez donc
des crêpes, nous les avons oubliées!" La
bonne mère servit les crêpes, nous bûmes-


348 FOLKLOBE DE L'UKRAINE.

on coup et nous nous mîmes à manger des
-crêpes. Après avoir fini les jeunes filles disent:
„Eh bien, André, à présent fredonne, nous
danserons un peu, seulement nous avons
peur que quelqu'une de nous ne péte! ...
Mais enfin ... si quelqu'une péte ... ce ne
eont pas des souris qui vous vident, vous-
antree!u André se mit à fredonner:

6.

«Chez la mère, ainsi que chez la fille ||
les cons sont pareils || L'une ne croyait pas
à l'autre II Elles ont pris la broche et prirent
la mesure: i| Ni grand, ni petit || Seulement
trois bœufs y entrent, || Et le taureau le troi-
sième Il Qui rue avec ses pieds || Encore le
collier et l'archet de brancard || Mais le con
n'est pas encore assez tendu || Et le bonnet
du pope II Mais le con es encore trop large,
-et le bonnet du pope en peau de mouton ||
Et lui aussi doit être fourré dans le con. ||
Et sept voitures de branches d'arbre l|
D'aucune manière on ne peut pas remplir le
con II Sept voitures d'engrais || Tout droit
•dans le con, tout droit!..."

«Eh bien, mes fillettes, est-ce que ma chanson
-est jolie?" Et les jeunes filles disent: ,,Bien
jolie... la tienne, André, et presque toute


FOLKLORE DE L'UKRAINE. 349і

entière frivole!" André Mazepine dit: „Ya-
kouch, il n'y a pins d'eau de vie, allons noue-
coucher! Fillettes, allez chercher de la paille!"
Les jeunes filles allèrent, apportèrent de la
paille, commencèrent de faire les lits et
Eugénie dit à la bonne mère: «Moi, ma
tante, je coucherai chez vous avec Yakouch
sur le plancher, et vous, chère tante, aye&
la complaisance de vons coucher sur le four,
parce que nous n'aurons pas de place pour
tous sur le soi!" Et la tante dit: «Soit
comme ça, quoique j'anrai trop chaud sur le
four, mais qne faire avec toi ! Alors, Eugénie,
fais le lit sur le plancher !" Eugénie fit le lit
et la tante dit à Yakouch: «Toi, Yakouch,.
couche-toi sur le plancher!" On éteignit la
lumière, les garçons commencèrent à se
coucher — et tous les lits à part. Un couple
coucha têtes vers les icônes, l'autre vera
le fonr et Théodosie mit un long escabeau
auprès d'un banc et y fit le lit. Je me mis
tout de suite sur le banc. La lumière éteinte,
les jeunes filles commencèrent à se coucher
elles aussi; elles couchèrent chacune avec
celui avec qui elle conche (ordinairement).
Quelques uns après avoir beaucoup dansé
s'endormirent tout de suite. Théodosie se
mit à m'embrasser et à me donner des baisers.


860 FOLKLOBE DE L'UKRAINE.

Tout-à-coup noue entendîmes que Yakouch
te mit à foutre Eugénie; maie auprès de
leurs pieds se trouvait le rouleau et la petite
calandre. A peine qu'il commence à foutre, le
rouleau et la calandre font tout de suite le
bruit Et Théodosie dit: «Est-ce que tu
calandres le linge là bas, Yakouch ? .. ." Et
Yakouch répond: „Oui ... c'est dimanche
demain, alors il faut calandrer les che-
mises!" Et moi j'ai commencé moi aussi à
fourrer la main sous la jupe de Théodosie, mais
elle m'a dit: nIci, Charalampe, je ne te don-
nerai pas même pour un millier de roubles ...
Mais si tu as tant d'envie — et moi j'en veux
bien aussi — alors allons chez nous, dans
notre maison ... est-ce possible de se laisser
-enconner ici où quelqu'une ne dorment pas!"
Et moi, je dis : „ J'ai peur d'aller chez vous."
Et Théodosie: «De quoi avoir peur ?... Quand
nous viendrons chez nous, je frapperai à la
fenêtre, alors Marie nous ouvrira, et nous
entrerons. Chez nous c'est moi seulement et
Marie qui couchent dans la grande chambre,
ma mère couche dans la petite chambre sur
le four et le père sur le plancher. Nous
passerons dans la grande chambre et pas un
diable ne nous entendra!" Et je lui dis:
^Allons donc!" Nous partîmes. Ayant entré


FOLKLORE DE L'UKRAINE. 861

dane leur cour, Théodosie s'approcha de la
fenêtre et frappa doucement; Marie sortit et
nous fit entrer en disant: «Viens!" Et Théo-
dosie demande : «Et les nôtres, est-ce qu'ils
dorment fortement?" Et Marie dit: «Mais ils
sont rentrée hier soir un peu gris!" — «Eh
bien, allons, Charalampe!" Nous entrâmes
dans la chambre et Théodosie m'a dit: „Des-
habille-toi et toi, Marie, monte sur le four,
nous coucherons moi et Charalampe sur les
coussins ... Tiens, voilà des noisettes pour
toi, mange-les et dors!" Marie coucha sur
le four et Charalampe et moi nous cou-
châmes sur le plancher, sous une longue
pelisse. Théodosie me saisit tout de suite
entre ses bras, me pressa contre sa poitrine et
se mit à me baiser. Et moi je reste couché et
je pense: «Si sa mère se lève et vient ici?!
Enfin, que le diable l'emporte, soit ce que
soit !" et tout de suite je fourrai la main sous
la jupe de Théodosie. Et Théodosie dit:
^Est-elle (la pine) très grande?" Et je dis:
«Non!" et je me mis à monter sur elle. — «Où
montez vous alors?!" Mais j'ai monté et je
me mis à la foutre. Après l'avoir bien en-
cennée je lui dis: «Théodosie, est-ce qu'il
faut que j'aille à la maison?!" Et elle dit:
«Et quoi donc?!" Voici comme tu es avec


862 FOLKLORE DE L'UKRAINE.

moi: je ne suis à toi que jusqu'à ce que tu
m'enconnes, et puis tu n'as plus besoin de
moi!" Et je dis: «Pourquoi cela?* —
«Mais vois-tu: c'est à peine que tu m'as
foutue et tu t'en vas déjà à la maison!" Et
je dis : «Mais j'ai peur ici : si ta mère, que
Dieu nous garde, se lève!" Et Théodosie dit:
«Alors c'est moi qui serai coupable et pas
toi!..." Et je couche toujours en la tenant
d'une main par la mammelle et de l'autre par
le con. Tout-à-coup, j'entends la porte grincer
et la mère de Théodosie entre dans la
chambre... je la regarde de dessous la pe-
lisse ... Elle s'approche de nous (je tiens
toujours Théodosie d'une main pas la mam-
melle, de l'autre par le con), secoue la tête
et se dirige vers la cuisine en marmottant:
«Fille du diable ... ce n'est pas assez qu'elle
se laisse enconner comme une chienne là bas,
elle amène encore son mftle ici, dans la mai-
son !..." Lui, le garçon n'est pas coupable,
je ne l'accuse pas: «Si la chienne ne voulait
pas, elle ne permettrait pas au mâle de la
monter*)." Et elle commença à chauffer le
four. Et moi je pense : «Voilà ... pincé !..."
Je ferais mieux de m'en aller! Et je dis:

*) proverbe.


FOŁKŁOBB DE L'UKRAINE. 868

«Théodosie!" — «Quoi?" — «Et comment
donc irai-je à présent à la maison ?" — «Mais
comme ça ... ta iras et voilà tont... quand
elle sortira dans la cour, je te reconduirai;
je me lève tout de suite! Lève-toi!" Je me
levai, je m'habillai et cependant sa mère
sortit dans la cour. A peine suis-je sorti
de la chambre, la mère de Théodosie rentre
et me rencontre sur la porte. Elle pinça
le pan de ma pelisse par la porte et me dit:
«Rentre dans la maison, je te demanderai
quelque chose!" J'ai voulu m'échapper, mais
elle mra dit: «Rentre, c'est égal, parce que
je ne te laisserai pas sortir!" Et Théodosie
en regardant à travers la porte de sa
chambre: «Rentre, elle ne te dévorera pas,
autrement tu déchireras ta pelisse!" Je suis
rentré et Théodosie m'a dit: «Viens ici!" Je
suis entré dans la grande-chambre et je
m'assieds sur le banc. Théodosie se mit à
se laver. Quand elle eut fini je lui ai dit:
«Je me laverai, moi aussi!" Théodosie me
donna de l'eau et même du savon «cacheté!"
Je me suis lavé, elle m'a donné le peigne, je
me suis peigné ... et je suis resté encore un
petit peu et j'ai voulu m'en aller de nouveau,
mais la mère m'a dit: «Où iras-tu? Attends,
tu déjeûneras avec nous et puis tu t'en iras !
Kçvnr. VIII. 23


864 FOLKLORE DE L'UKRAINE.

St envoie donc Théodosie on Marie!" J'ai
sorti de ma poche vingt copeks et j'ai dit:
«Tiens, Marie, va chercher de l'eau de vie,
et moi j'irai à la maison!" Et le père de Théo-
dosie s'asseyant sur le four: «Mais attends,
Gharalampe, tu déjeûneras avec nons !" Cepen-
dant la mère de Théodosie était en train de
faire les erêpes. J'ai emprunté des yeux au
chien gris*) et je suis resté à déjeûner. Et
la mère de Théodosie dit: «Vois-tu, Chara-
lampe, fils du diable, si tu aimes ma fille, ne
la mène pas dans les maisons étrangères,
viens chez nous, à la maison et dors avec
elle ici: an moins ici on ne vous battra pas.

[Bientôt ils se marièrent. Quelque temps
après, Char al агаре était obligé d'aller avec
son patron dans une autre bourgade. Théo-
dosie impatiente de voir son mari arriva
chez lni. Il demeura avec son ami Jean,
marié lui aussi. Le soir on se concha.] Et
j'ai dit de l'antre chambre: «Eh bien, Jean.
C'est commode pour vous de rester toujours
avec votre femme?" Et Jean dit: «Certaine-
ment c'est commode, personne ne vous dé-
range: On enconne sa femme, quand on

*) Dicton : У сірка очей позичать = avoir hont«
de regarder avec ses propres yeux.


FOLKLORE DE L'UKRAINE. 355

veut!" Et je crie de l'autre chambre à Jean:
„Eh bien, voilà, je fais des démarches auprès
de la mienne pour l'enconner," mais elle dit:
„Je ne veux pas!" Et Théodosie dit: «Et
pourquoi je suis venue ici si ce n'est pas
pour être foutue un peu !" Jean et sa femme
éclatèrent de rire : „Vous voyez (Charalampe)
Yossypovytch, que votre (Théodosie) Ivanovna
n'a pas l'oeil fermé.44*) Et Théodosie dit:
rEst-ce un péché de foutre et de se laisser
foutre?! Depuis quatree semaines je suis
complètement en feu. Et c'est justement pour
cela que je suis arrivée pour m'accoupler!
Alors cela me suffira jusqu'à Noël même,
quand il rentrera à la maison!"

Nous passâmes la nuit et (le matin) ma
Théodosie dit: „Eh bien, Pélagie, qu'est-ce
que nous allons faire pour dîner ?" Et Pélagie
(la femme de Jean) dit: «Quoi, donc?...
probablement la même chose que hier!" Et
Théodosie: «Où peut-on ici, chez vous, acheter
du poisson?" Et Jean dit: «Ah! si l'on veut
du bon poisson, on ne l'achètera nulle part,
sinon an marché, là bas on vend même du
poisson frais!" Et Théodosie dit: «Toi,
Charalampe, donne de l'argent et toi, Jean,
aye la complaisance d'aller au marché et

*) Est sincère, ne cache pas ses pensées. — Red.

23*


866 FOLKLORE DE L'UKRAINE.

achète da poisson; autrement nous, Pélagie
et moi, nous ne vous donnerons que de la
soupe maigre d'une façon que vos pines ne
se lèveront plus!" Et puis s'adressant à moi:
„Toi, Charalampe, regarde donc dans le
miroir, comme tu es devenu pâle... et c'est
seulement après avoir foutu pendant une
seule nuit!" Et Jean et sa femme éclatèrent
de rire. Théodosie sortit dans la cour et
Jean m'a dit: «Est-ce que vous (Charalampe)
Yoseypovitch ne vous fâcherez pas si je vous
demande quelque chose ?..." — „Et pourquoi
ai-je à me fâcher?" — „Si ce n'est pas dans
un bordel que vous avez pris cette Théo-
dosie ? ..." Et je dis : „Non ! c'est l'habitude
comme ça. N'ayez pas peur, devant votre
mère elle ne prononcera rien de pareil ...
c'est seulement avec les jeunes qu'elle se
tient comme ça!"

Nous nous mîmes à table. Théodosie versa
un petit verre à Jean, qui dit : „ A ma santé !"
Et Théodosie dit: «Je prendrai après tout
le monde!" Jean but, Théodosie versa à
Pélagie. Pelagie but aussi. Alors Théodosie
prit la cruche et y versa tout ce qui restait
encore dans la bouteille ... Je demeurai
mortellement ému et j'ai dit: „II me semble, ma
femme, que tu as bu beaucoup!" Et Théo-


FOLKLORE DE L'UKRAINE. 367

dosie dit: «Cela ne sera pas peu!44 Et noua
commençâmes à dîner. Après le dîner Pélagie
interrogea Théodosie: «Quand vous étiez
jenne fille, (Théodosie) Ivanovna, vous avez
bu alors de l'eau de vie on non?u Et Théodosie
dit: «Quand j'étais jeune fille je vidais deux
bouteilles à moi seule !" Et Pélagie demanda
de nouveau: «Mais probablement, sauf votre
respect, Ivanovna, vous avez donné... avant
le mariage?!" Et Théodosie dit: «Oh, Pé-
lagie! ... je l'ai laissé me foutre à rompre
le con !... Je ne croyais jamais qu'il m'épou-
serait ... Mais nous vivons chez nous pauvre-
ment ... quoique je ne suis pas laide quant
au museau, mais tu suis toi-même quel diable
plus ou moins convenable viendra demander
à se marier dans une maison pauvre,... si ce
n'est pas un bouvier quelconque pareil à
nous! Mes sœurs ont été données aux mou-
tons pareils, alors j'ai réfléchi que cela ne
valait pas la peine de garder ma virginité
pour uu butor quelconque et je l'ai donnée
à Charalampe!"

[Charalampe rentra à la maison. Sa femme
quoique indisposée dans ce moment travaillait
quelque paft dans un hangar à blé. Grégoire
se chargea de le conduire chez elle.] Nous


358 FOLKLORE DE L'UKRAINE.

arrivâmes dans le hangar. Théodosie y
était ... Je m'approchai d'elle et dis: «Bon
jour, Théodosie !u Et elle à travers les larmes
me dit : «Bonjour!14 et se mit à m'embrasser...
Et j'ai dit: «Grégoire, va à la maison, je

rentrerai seul ici.44 Grégoire s'éloigna____

et quant à moi ma pine se leva comme un
gros pieu et j'ai dit: «Théodosie, est-ce que
je ne peux pas te demander quelqne chose
de doux?!" Et Théodosie dit: «Qu'est-ce
que tu veux de moi ? ... je ne suis pas à mon
aise moi même !..." Et je lui dis : «Alors tu
n'es pas aise de me voir?" — «Si, je suis
bien aise de te voir, seulement tu dis ce
qu'il ne faut pas... Et puis probablement
Grégoire n'est pas encore parti... Regarde
de l'autre côté de la menle de paille s'il
n'est pas là?..." J'ai regardé derrière la
paille et j'ai dit: «Non, il n'y est pas, il
est depuis longtemps déjà à la maison!" Et
Théodosie dit: «Mais j'ai froid et tu commen-
ces ici, pendant la gelée, à retrousser mes
vêtements ... Ecoute mieux, tu me donnerais
un rouble, je dois à Grégoire !..." Et j'ai
dit: «Quand il s'agit de demander un rouble
tu n'as pas froid et quand je veux m'approcher
de toi tu as froid !..." — «Mais pourquoi tu
te fâches déjà!... Viens si tu veux, je cou-


FOLKLORE DE L'UKRAINE. 869

cherai, quoi!..." Je me mie à la foutre, mais
elle gémit et me dit: «Toi, Charalampe, ta
n'as pas, parait-il Dieu dans ton ventre*) :
ta vois que je ne saie capable de rien et ta
me presses de faire des choses inconve-
nantes !... Alors, Charalampe, demain, quand
Grégoire viendra, donne lui nu rouble!" Et
je dis: «Oui, je donnerai, à présent tu Tas
bien gagné!" Et Théodosie: «Eh bien, c'est
assez rire : ... tu es capable d'obtenir ce
que tu veux non seulement d'une malade mais
d'une morte même.

(Village Popasna, gouv. de Voronèje.)

Contes.
I.

Comment trois frères allaient foutre
une tante**).

Trois frères allaient chez nne tante et
aucun d'eux ne savait qu'ils la foutaient tous
les trois. Cependant elle pense: comment
arranger la chose de telle manière qu'ils s'en-

*) Dicton populaire, qui signifie : ne pas avoir crainte
de Dieu.

**) Voir pages 318 et 346.


860 FOLKLORE DK L'UKRAINE.

tendent entre eux. Elle rencontra l'aîné et
Ini dit: „Toi, Petro (Pierre) Tiens aujourd'hui
chez moi la nuit tombante!" Puis elle a vu
le frère moyen et lui dit: „Et, toi, Jean, viens
à minuit, quand tout le monde dormira."
Enfin elle a vu le cadet et lui a dit: nEt toi,
Michel, tu viendras chez moi à Taube!" Or,
l'aîné arriva la nuit tombante, à foutre la
tante et voulut déjà s'en aller; elle coupa
pour lui une tranche du pain qui n'était pas
encore entamé et le lui donna. Etant rentré
il posa cette tranche de pain sur la table et
se coucha. Le suivant arriva à minuit, elle
lui donna aussi un morceau du même pain.
Il rentra comme l'aîné et comme lui posa
son morceau sur la table et se coucha. Arriva
enfin le cadet à l'aube et elle lui donna ce
qui restait du pain. Le troisième frère rentra
à la maison quand il faisait déjà jour, il
rapprocha les morceaux et vit qu'ils appar-
tenait à nn seul pain. Les frères se mirent
à s'interroger l'un l'autre: „Toi, Petro, où
étais-tu?" Et Petro répond: „Moi, j'étais
chez la tante!" — „Et moi chez la tante" dit
l'autre! — „Et moi chez la tante," dit le
troisième! — „ Alors c'est que nous allons
foutre une seule et même tante... c'est mauvais
cela! ..." Et le frère aîné dit: „Allons,


FOLKLORE DE L'UKRAINE. 861

tirons aa sort*); celai qui Гаага ira chez la
tante lni seal!" Et le frère dit: «Non, le
sort c'est nn imbécile, c'est nne affaire de
hasard, faisons comme ça: ,Qui fontera la
tante en présence de l'oncle, ira chez elle loi
seal!444 — «Va, toi, Petro, ta es l'aîné!"
Pierre alla, fit sortir de l'étable le bétail de
l'oncle et dit en entrant dans la chambre:
«Mon oncle, votre bétail est sorti de l'étable
et se promène hors de la cour!* L'oncle
sortit pour faire rentrer le bétail et Pierre
en profita pour foutre la tante. Les frères
qui surveillaient de côté comment Pierre
fontera la tante dirent: «Cela ne vaut pas
même une pine, (ne vaut rien), ce n'est
pas en présence de l'oncle qu'il a foutu la
tante: l'oncle n'a pas vu cela!..." «Non,
fous d'une manière que l'oncle -le voye!u
Alors le frère moyen dit: «Allons, j'irai, moi!44
Il alla, tandis que les autres le suivaient pour
voir comment il fontera la tante devant
l'oncle. Il s'approcha de la fenêtre et dit:

*) Littéralement поміряємось = nous merarom
nous: pour tirer an sort les garçons en Ukraine pro-
cèdent de la manière suivante: Pun prend le b&ton a
peu près au milieu, le suivant pose sa main au dessus,
après lui l'autre et ainsi de suite, celui qui aura la
main au dessus de tous et pourra retenir le bout du
bâton sans le laisser tomber, gagne. — Red.


862 FOLKLORE DE L'UKRAINE.

„Mon oncle, mon oncle, eet-ce que tn en-
connee la tante?" Et l'oncle dit: „ Qu'est-ce
qne tn racontes là? Nons sommes en train
de souper!...44 «Allons, mon oncle, mets-
toi ici et j'entrerai dans la chambre! . .."
L'oncle sortit et regarda par la fenêtre et
le garçon entra dans la chambre et se mit
à fontre la tante. «Et toi, tn fous aussi!*4
s'écrie l'oncle: «C'est probablement cette
diable de fenêtre qui fait voir cela!" Et
ayant pris le bâton il cassa les vitres. Quand
le garçon rentra à la maison ses frères lui
dirent: «Et cela aussi ne vaut pas une pine:
,Ce n'était pas en présence de l'oncle !" Et
le frère cadet dit: «Allons, c'est moi qui irai
à présent, je fouterai la tante devant l'oncle!"
Il alla et e'approchant de la maison de l'oncle
se mit à beugler comme un taureau. «Qu'est-ce
que tu as, pourquoi pleures-tu ainsi?" lui de-
manda l'oncle quand il entra dans la chambre.
«Et comment puis-je ne pas pleurer?" con-
tinue le frère cadet, «on veut me marier et moi
je ne sais pas encore foutre!" Et la tante
dit: «Que Dieu soit avec toi, mon fils, ne
pleure pas! Allons, mon vieux, apprenons
lui: nous sommes déjà âgés, nous avons déjà
vécu et lui c'est presque un enfant, il a la
raison, vois-tu, tout à fait enfantine ! Il vient


FOLKLORE DE L'UKRAINE. 36$

chez nous et pleure !" Et l'oncle dit: «Vraiment
il fant lni enseigner, allons!11 Et il vonlnt
sortir de la chambre, mais elle dit: «Mais où
vas-ta, vieux? Qu'est-ce que tu veux qne
je fasse ici avec lui moi seule. Peut-être iL
faudra m'aider!" — „Alors, couche-toi, ma
vieille!" La tante se coucha, retroussa ses
vêtements jusqu'au con et écarta les jambes.
.,Eh bien, monte! Qu'est-ce que tu regar-
des encore? Tu es, mon fils, probablement
tout-à-fait innocent, il paraît que tu n'as
jamais vu de con vivant!" Et le frère cadet
monta la tante et sortit de son pantalon sa
pine énorme (своє ухадло) qu'il avait grande
comme nn étalon, et se mit à la promener
autour du con ... Alors l'oncle le saisit par
la pine, la fourra dans le con et dit: „Comme-
ils m'ennnyent ces imbéciles !... Mais ponsse
donc! Est-ce que tu t'endors sur le cont
Et ponr qnel père du diable on vent le
marier, cet imbécile ? !u Et puis en surveillant:
,,C'est ça, comme ça!... Ça va bien ... Et
toi, ma vielle, lève tes jambes encore un
peu plus haut !... Ça va bien... Voilà tout !...
Et toi imbécile, tu as pleuré... Nons sommes
tes parents, nous t'apprenons, afin qne tu
n'aies pas honte quand on te mariera !... Et
bien, à présent, vas, mon fils et que Dieu te-


864 FOLKLORE DB L'UKRAINE.

bénisse !" Le frère cadet rentra à la- maison
■et dit à ses frères: „Eh bien... voilà, j'ai
fontn devant l'oncle et c'était lui-même qui
a poussé ma pine dans le con!" — „Alors
probablement c'est toi qui iras chez la tante.
De la sorte le frère cadet commença à aller
chez la tante lui seul! (Viii. Popasna, gouv.
•de Voronèje.)___

П.

Le soldat et la femme.
Un soldat passa la nuit chez une femme.
Le matin il se leva et voulut déjà s'en aller,
quand la femme lui demanda : „Toi, mon petit
soldat, tu vas partout, dis-moi, est-ce que tu
ne sais pas quoi faire: les poules crèvent
chez nous !" Et le soldat dit : .,Si, je sais ...
seulement vous ne consentirez pas... cela
tous paraîtra inconvenant!" — Et la bonne
femme dit: „Mais que faire quand la
volaille crève!" — „Alors, ma bonne femme,
couche toi dans le lit!" La bonne femme se
coucha. — „Lève tes vêtements!" La femme
retroussa sa jupe et sa chemise et le soldat
monta sur elle, sortit sa pine et se mit à la
promener autour du con en disant:

Около плзди хуєм вожу,
Курей пложу,


FOLKLORE DE L'UKRAINE. 866-

Та не бужу ув пнзду попадать,
Не будуть кури пропадать!

(„Je promène ma pine an tour dn con, || Je
mnltiplie les poules, || Mais je ne pousserai
pas ma pine dans le con, || alors les poules
ne crèveront plus!44)

Mais, excitée, la femme s'écria: „Maispousse,
mon petit soldat, pousse plus vite, qu'elle*
crèvent tontes, les poules !..."

III.

Venfant qui ne comprend rien.
Un paysan concha un jour pendant Pété
avec sa femme dans le vestibule de sa mai-
son et lui dit: „Veux-tu, ma femme, que je
t'enconne?!44 Et la femme dit: „Le petit Jean
ne dort pas !44 — „II ne comprend encore rien,"
dit le mari et se mit à la foutre, pendant
que le petit Jean se promenait dans le vesti-
bule. Tout-à-coup quelqu'un frappa à la
porte et l'ouvrit. Le mari bondit tout effaré,
mais le petit Jean lui dit: „Foutez, papa,
c'est le cochon!*4_

IV.

Le con ou le cuit
Une femme moscovite avait un fils qui
était malade. Elle alla chez sa sœur et lui


•806 FOLKLORE DE L'UKRAINE.

dit: „Que faire? mon nie та mourir!" Et sa
sœur lui dit: „Quand tu rentreras à la maison,
approche toi de lui, retrousse devant lui tes
vêtements et lui demande: ,Qu'est-ce que
•cela?' S'il répond que c'est le con, alors il
vivra, mais s'il répond que c'est le cul, il
mourra!" La femme rentra à la maison,
«'approcha du lit de son fils et lui montra
son con en lui demandant: „Qu'est-ce qu'est
cela?" Et lui dit: „Le cul!" Alors elle
s'écria: „Oh, mon chéri, tu n'as pas reconnu,
... tu n'as pas reconnu: ... tu as dit le cul,
tandis que c'est le con !... Oh, il mourra ! il
mourra !., ."

V.
// sera.

Une fille se promenait au marché en ré-
pétant: „II sera, il sera!" Les surveillants
s'approchèrent d'elle et demandèrent: „Quoi,
donc, sera?" Et elle dit: „Donnez-moi dix
roubles, alors je vous dirai!" — „Allons",
disaient les surveillants: „donnons lui dix
roubles ... ce n'est pas grand chose, mais
au moins nous saurons ce qu'il sera!" Ils
lui donnèrent dix roubles et lui demandèrent:
„Eh bien, fillette, qu'est-ce qu'il sera?" Et


FOLKLORE DE L'UKRAINE. 867

elle dit: „On m'a foutue, alors mon con sera
pins large qne celui de ma mère!"

VI.

Jeune et rétive.

Un monsieur voulut un jour aller quelque
part avec sa dame. Alors il dit à son ouvrier:
„Attelle la jument et partons!" L'ouvrier
obéit. On prit place et on partit. A peine
qu'ils ont sorti dans les champs, la jument
se mit à faire des cabrioles, à ruer et à pisser.
Ils ont fait tout leur possible pour la faire
aller, mais sans succès. Alors monsieur dit
à son ouvrier: „Retourne, cette jument est
jeune et rétive ... pas moyen!..L'ouvrier
obéit et ils rentrèrent. Une semaine après
la dame ordonne à l'ouvrier d'atteler de
nouveau, mais pour cette fois un autre cheval,
vieux et tranquille. On sortit aux champs,
alors la dame crie au cocher: „halte!" et se
met à ruer et à pisser: „Je ne veux pas
aller! ... Fais tout ce que tu veux, je suis
jeune et rétive! ... Fais-moi ce que tu as
fait à la jument !..Elle a appris que mon-
sieur a ordonné à son ouvrier de foutre la
jument quand elle devient rétive ...


868 FOLKLORE DB L'UKRAINE.

VII.

L'art de jurer.

Un soldat passa la nnit chez une femme.
Le matin il se leva et dit: „A présent, bonne
femme, fais le déjeuner!'' Et la femme dit:
„Je n'ai pas le temps, mon brave: je vais
injurier ma voisine !" Et le soldat dit: „Qu'est-
elle, je fous sa mère, j'irai pour toi l'injurier !"
Et la femme lui montre à travers la rue:
„Voici, c'est sa maison, une fenêtre est
ouverte!" Le soldat sortit, s'approcha de la
fenêtre et se mit à frapper dans les vitres:
„Qui est là? demande la femme." Et le sol-
dat: „Putain, je fous ta mère, sors, allons
nous injurier!'* Et la femme: „Quelle
putain euis-je ... le diable à ton père!?" —
„Telle comme était ta mère, la canaille!" —
„Et quelle était ma mère, fils du diable que
tu es?!" — „Une charogne comme toi?!'* —
„Et moi, qu'est-ce que je suis à ton égard,
fils de chien?!" — „Le même anathème, sor-
cière de Kiev, que ta mère !" ... Alors la
femme voyant qu'elle n'est pas capable de
jurer plus fortement que le soldat, retroussa
le devant de sa chemise et s'écrie en tapant
sur son con avec la paume de sa main:
„Voila un petit pain au beurre (перепечка a


FOLKLORE DB L'UKRAINE. 869

маслом) pour toi!" Et le soldat en sortant
sa pine : „ Voici, pour toi, je fous ta mère, le
poumon avec la gorge!" Alors cette femme
qui a envoyé le soldat pour invectiver sa
voisine s'aperçut que celle-ci ferma la fenêtre
et se dit: probablement c'est le soldat qui
a prévalu dans les jurons!" Arrive le sol-
dat: „Est-ce qu'il faut injurier encore
quelqu'un?" Mais la femme lni dit: „Prends
place, mon petit soldat, déjeune! Je te
remercie d'avoir injurier ma voisine ! Combien
de fois je me suis mise à l'injurier, mais
jamais je n'ai pas pu l'invectiver d'avan-
tage!44 (Маїкор, Pays des Cosaques de la
Mer Noire.)

vni.

Le garçon qui ne sait rien et le pope
(про Незнайку ma про попа).

Il y avait un homme dont la femme l'a
trompé avec un pope d'une manière qu'il ne
soupçonnait pas. Il prit comme ouvrier un
petit garçon qui ne savait rien. En entrant à
son service ce garçon lui dit: „Je resterai
chez vous jusqu'à ce que votre femme parle
allemand!" Le bon homme consentit en pen-
sant : „Ce petit garçon restera chez moi pour

Kçvtzx. VIII. 24


370 FOLKLORE DE L'UKRAINE.

toujours, parce que ma femme, étant déjà
âgée, n'apprendra jamais l'allemand.

Ils partirent un jour dans les champs pour
labourer. Us ont travaillé jusqu'à midi et
à midi ils ont dételé les bœufs et les firent
paître. Puis le garçon qui ne sait rien dit:

«Mon oncle*), j'irai à la maison!"

Arrivé à la maison il y trouva le pope.
Ayant aperçu le garçon la femme dit au
pope: ,.Où puis-je vous cacher, mon petit
père ? ... Couchez-vous parmi les coussins
dans le lit et quand le petit s'en ira, je vous
en ferai sortir." Le garçon qui ne sait rien
entra dans la chambre. La femme lui de-
manda: «Pourquoi es-tu venu?"

— «L'oncle m'a ordonné de taper les
coussins !"

Et il se mit à taper les coussins; seulement
au lieu de taper sur les coussins il tapa avec
sa baguette le pope. La maîtresse de la
maison lui dit:

— «C'est assez les retaper." Alors le garçon
cessa et partit dans les champs.

Le lendemain on a labouré de nouveau.
Quand les bœufs étaient dételés le garçon

*) En Ukraine let jeunes gens e'adreeeant aux plue
âgée leur appellent ordinairement: mon oncle, ma
tante,
surtout si ce sont des gens mariés. Bed.


FOLKLORE DE L'UKRAINE. 371

•qui ne sait rien partit de nouveau à la mai-
son et y trouva le pope. La femme dit à
celui-ci :

— «Maintenant je ne sais pas vraiment où
vous cacher. Sauvez-vous sous le four*)!*

Le pope se coucha sous le four. Quand le
garçon qui ne sait rien entra dans la chambre,
la maîtresse lui demanda: «Pourquoi es-tu
venu?"

— «L'oncle m'a ordonné d'apporter du
bois sous le four !" Et il se mit à porter les
Mches et les jeter sous le four en cherchant,
bien entendu, de ne pas manquer d'atteindre
le pope. Après avoir rempli l'espace sous
le four il partit tranquillement aux champs.

Le troisième jour, on a dételé les bœufs et
le garçon partit de nouveau à la maison.

Arrivé à la maison il y trouva de nouveau
le pope.

— «Où je vous mettrai?" ... dit à celui-ci
ia femme: «Si vous alliez vous cacher parmi
les veaux dans le vestibule ..."

— «Pourquoi viens-tu de nouveau à la
maison?" demanda-t-elle au garçon qui ne
sait rien.

*) Sous le four on fait en Ukraine une espèce de
grande niche où l'on tient les poules ou l'on met le bois
de chauffage. Red.

24*


872 FOLKLORE DE L'UKRAINE.

— «Mais Foncie m'a ordonné de chasser
les veaux aux champs!"

— „Mais il est tard déjà!"

— „Oh, cela ne fait rien ... l'oncle m'a or-
donné de les chasser... il le faut!u Et il
s'arma d'un grand bâton et se mit à chasser
le bétail sans ménager les coups au pope,
bien entendu.

Le quatrième jour le pope dit à la bonne
femme: «J'irai labourer, et toi, tu m'appor-
teras à manger!"

— „Et comment verrai-je où vous êtes?
Comment reconnaître votre champ?"

— «J'ai", dit le pope, «un bœuf bigarré
— personne là-bas n'a le pareil !u

Le lendemain la femme rôtit un poulet, fit
des petits pâtés au fromage .et porta tout
cela dans les champs.

Le garçon qui ne sait rien l'aperçut et dit
à son maître: «Oh, mon oncle, ôtez le plus
vite votre pantalon, il faut ceindre le bœuf,
parce qu'il a des crampes dans l'estomac*)!"

Après avoir ceint le bœuf, le garçon dit:

 «Eh bien, Tacheté et Bigarré !... En

*) Перелоги. D'après la médecine populaire de
l'Ukraïne le meilleur moyen contre cette maladie c'est
de ceindre le malade avec le pantalon du maître de la
maison. Bed.


FOLKLORE DE L'UKRAINE. 373

avant! Nous allons manger les petits pâtés
au fromage à notre déjeûner !.. ."

— «Qu'est-ce que tu chantes là-bas? Où
prendras-tu des petits pâtés au fromage
(varenykiv)? Combien d'années que je suis
marié et je n'ai pas vu jusqu'à présent un
seul varenyk!.. ."

— «Nous les mangerons, mon oncle!" Ils
ont fait encore un tour de charrue.

Cependant la bonne femme, ayant aperçu
de loin le bœuf bigarré, s'approcha d'eux.
Quand elle fut tont près, elle a reconnu sa
faute, mais il était trop tard pour la réparer
et faisant bonne mine à mauvais jeu elle dit :

— «Dételez-donc vos bœufs, je vous ai
apporté à manger!"

Tons prirent place pour manger et la
femme dit: «Voulez-vous peut-être inviter le
petit-père (батюшку) aussi, il dînerait avec
vous ..."

Et l'homme dit: «On peut faire cela! Va,
mon petit, appelle le pope, il déjeûnera
avec nous."

Le garçon qui ne sait rien alla, s'approcha
du prêtre et lni dit : «Sauvez-vous, le plus vite
possible, mon père ... le maître a dit qu'il
veut vous tuer!..." Et puis en retournant
vers ses maîtres:


874 FOLKLORE DE L'UKRAINE.

— «Le père a dit que vous alliez vers
lui: il y a quelque chose de cassé dans sa
charrue !"

Le paysan prit sa hache et s'en. alla. Le
prêtre en le voyant aimé d'une hache, se mit à
courir à toutes jambes. Alors le paysan vit
qu'il ne pouvait pas l'attraper, s'en retourna
et se mit à manger.

Le cinquième jour le prêtre qui était de
nouveau aux champs partit vers le midir
tandis que le paysan et son petit ouvrier
restèrent. Celui-ci courut lui aussi a la mai-
son et attrapa de nouveau le pope chez sa
maîtresse. La femme en le voyant dit au
pope: «Où donc vous cacherai-je? ... Entrez
dans ce grand coffre!14

Le garçon qui ne sait rien entra dans la
chambre. La maîtresse lui demanda pourquoi
il est venu?

— «Le maître a dit que j'arrange quelque
chose dans le grand coffre !" Et il se mit à
battre le pope qui se trouvait là et puis lui
coupa la pine, toute entière.

Le pope tomba malade et garda la chambre.
Le sixième jour la femme fit la soupe au
poulet pour lui apporter, parce qu'il ne pou-
vait plus venir chez elle. Le garçon qui ne
sait rien vint à la maison et profitant de


FOLKLORE DE L'UKRAINE. 375

l'absence momentanée de la femme sortit dm
four la soupe, retira le poulet et mit à sa
place ce qu'il a coupé du prêtre. La bonne
femme, Bans regarder dans le pot, le prit,
le porta chez le pope et le mit devant lui. A
peine le pope y a-t-il plongé sa cuillière qu'il
reconnut ce qui lui appartenait: — «Eh bien",
dit-il à sa maîtresse, „montre-moi ta lan-
gue Iа Elle tira la langue, il la saisit et
la coupa net avec sou couteau. La femme alors
commença à parler allemand ... elle ne pou-
vait rien dire et balbutia seulement. Le
paysan et le garçon, qui ne sait rien, ren-
trèrent à la maison et quand la femme vou-
lait dire quelque chose, elle ne pouvait que
balbutier...

„Voici, mon oncle", dit alors le garçon,
qui ne sait rien, „à présent je vous quitte et
je m'en vais à la maison : votre femme parle
maintenant l'allemand."

(Dietr. d'Ostróg. Volynie.)

IX.

Про чоловіка що пиво тав з старих снопків.

Найшовсь такий чоловік що може із старих
снопів пиво гнать. Ішов він через село і ба-
чить що стоять мужичі будинкі — такі под-
рані. Люде не можуть щоб пошить новими


876 FOLKLORE DE L'UKRAINE.

снопками, бо немає де взяти. Заходить він до
пана, а той вислав свого лакея щоб спитав:

„Піди, каже, спитай, чого той чоловік хоче."

Той і каже:

— „Може вашому панові пива треба? Я
можу гнать!"

„З чого-ж ти, каже, будеш гнать?"

— „Я можу, каже, гнать з старих снопків,
та ще, каже, й хорошо пиво буде!"

Той сказав панові.

„Ну добрже, сказав пан: як он може так
робиць, то нвх гони!" Той згодився і захо-
дився збірать скрізь по стріхах?» старі снопки,
а пан давай людські будинки обшивать но-
вими снопками на свої гроші. Через два дні
усе село було вкрите новими снопками, а
старі той чоловік позвозив до купи, а пан їму
й каже:

— Ну звари мені пива, хочу спробувати
яке воно буде на смак?

„Я не можу, каже той чоловік, у день гнати,
а можу тилькі у ночі!" Пан приготовив бо-
чок, а той поїхав, набрав у заводі пива та й
привозе до пана (а пан відомо дав їму на ви-
датки грошей — ну, той на їх і купив). Пан
устав радий ... Покуштував пиво, почав хва-
лити:

— Добре, каже, пиво!


FOLKLORE DE L'UKRAINE. 377

— „Тилькі, каже той чоловік до пана, ваші
люде не можуть робити, дайте мені триста
рублів, то я приведу своїх людей, то там на
три дні тих снопків буде ще й мало!

— Добрже, каже, тилькі треба записать, як
тебе на призвище, бо я тебе не знаю.. .

„Ex, каже, проше пана. .. моє таке приз-
вище, що стидно й казати вам!"

— Та кажи!

„Тшимай хуя в ренках" (Trzymaj chuja w
rękach) !"

— Добрже! каже пан; узяв та й записав
его так і дав їму триста рублів. А панова
жона не знає як его зовуть.

„А я не знаю, каже, як вас зовуть?"

— А пані. . . мені страшно вам казати !
„Та скажи!"

— „Ну, каже, як ви хочете то вже скажу:
— ,єбай мне* (Jebaj mnie)!"

Ну і панна те-ж спиталась як его звать:
„Як вась, каже, звуть?"

— А, панночко, мені соромно казати !...
„Да скажіть, бо! каже." — „Свєрбі-мнс !"

Та й утік собі.

Ждали вони его з місяць, та й не сподіва-
лись вже, що що він і прийде ... Зібрались
вони до косцьолу, а вийшло так що саме на


378 FOLKLORE DE L'UKRAINE.

той раз і вій був косцьолі. Побачила его паві
та й каже панові:
„Ей, душко, сбай-мнє n косціслє!'

— „Що ти? каже пань, сказилася, ... у
божому домі ? ! ! Вона, як муж на неї накричав
одступилася й мовчить . . . Побачила дочка.
Підходить до батька та й каже:

— Ойцєц, сверби мне тутай!

— І ти сказилася, чи що ?... — чи то ж
можна у Божому домі казать? Замовкла й
та... коли він сам бго побачив, того чоло-
віка ... зараз вискочив з церкви та й кричить
на свої слуги:

— „Еи хурмани, льокаї, .. . jak będą wy-
chodzić ludzie z kościoła to trzymajcie dobrze
chuja w ręką! ..."

А вони звичайно не знали про що він
каже, то як люде почали виходить, то усі у
трох повиймали кабаки свої тай держить
міцно у руках. Побачив пан і стало ему
соромно, — нема вже й на того дивиться, що
öro обманив, та дивиться вже своїх. Вийшов
він з косцьолу самим посліднім та й каже:

„A, żeby was dyably wzięli !... Хиба я казав
вам цього тримать !... Я казав щоб ви пиво-
вара держали!!"


FOLKLORE DE L'UKRAINE. 37£

Traduction:

L'homme qui faisait la bière avec de vieilles

gerbes.

Il y avait un homme qui disait qu'il pouvait
faire la bière avec de vieilles gerbes. Il passa
un jour à travers un village et remarqua
que toutes les maisons des paysans étaient
très mal couvertes. Ceux-ci ne pouvaient
pas évidemment les couvrir avec de nouvelles
gerbes parce qu'ils n'en avaient pas. Le
passant entra dans la cour seigneuriale et le
propriétaire l'ayant remarqué envoya son
laquais lui demander ce qu'il veut.

— «Va", dit-il, «demande lui ce qu'il veut?^

— «Votre maître a-t-il besoin de bière?..*-
Je peux lui en brasser", répondit le passante

— Et avec quoi, demanda le propriétaire,,
brassera-t-il la bière?

— «Je peux", répondit le bonhomme, «brasser
la bière avec des vieilles gerbes, et la bière
sera très bonne!"

Le laquais transmit cette réponse au pro-
priétaire.

— Eh ! bien, s'il peut faire comme ça, qu'il
brasse!*) Le bonhomme consentit et com-

*) Le sel de ce récit dépendant beaucoup de la
prononciation polonaise du propriétaire disparaissant


"880 FOLKLORE DE L'UKRAINE.

men ça à ramasser partout sur les toits les
vieil les gerbes et le propriétaire se mit à
couvrir les maisons des paysans des gerbes
nouvelles à ses frais. Dans deux jours le
village tout entier était convert des nou-
velles gerbes, tandis que les vieilles ont été
rassemblées dans une meule. Alors le pro-
priétaire dit au brasseur:

— „Eh! bien! fais-moi de la bière, je vou-
drais la goûter, comment sera-t-elle !"

— «Je ne peux pas,44 dit le bonhomme,
«brasser pendant le jonr, cela ne se fait qne
la nuit !" Le propriétaire prépara des tonneanx
-et le bonhomme partit, acheta de la bière
dans nne brasserie et l'apporta chez le pro-
priétaire (qui évidemment lui donna de l'ar-
gent pour les dépenses et c'est avec cet argent
que le bonhomme acheta de la bière). Le
matin, le propriétaire se leva très content;
il goûta le bière et la trouva excellente...

— «La bonne bière!" dit-il.

— «Seulement", dit le brasseur au proprié-
taire, «vos gens ne peuvent pas y travailler...
Donnez moi trois cents roubles, alors j'em-
mènerai mes ouvriers et les gerbes que vous

complètement dans la traduction, none sommes obligés
*de mettre ici contre notre habitude l'original ukrainien
aussi. Red.


FOLKLORE DE L'UKRAINE. 381

avez ne suffiront pas même pour trois
jours."

— «Très bien**, dit le propriétaire, «seulement
il faut enregistrer cela... Quel est ton nom ?...
par ce que je ne te connais pas!"

Eh, dit le brasseur ... je vous prie de
m'excuser ... J'ai un nom qui n'est pas assez,
convenable pour vous le dire! ...

— «Mais", dis donc!
„Tiens-la-pine-dans-les-mains!"

— «Très bien", dit le propriétaire et il Fin-
ecrivit comme ça dans ses livres et puis lui
donna 300 roubles ... Et la femme proprié-
taire ne sachant pas elle aussi quel était le
nom du brasseur lui dit! «Je ne sais pas*
votre nom!"

— «Eh! madame, j'ai peur de vous le dire!"

— «Dis donc!"

— Eh ! bien si vous le voulez je vous-
dirai: je m'appelle: „Foue-moi".

Et mademoiselle aussi à son tour lui de-
manda: «Quel est votre nom?"

«Oh! mademoiselle, j'ai honte de le pro-
noncer?"

«Mais", dites le donc! — „Ça me démange
quelque part!"
Et il s'enfuit.

On attendit un mois à peu près et tout
le monde croyait déjà qu'il ne reparaîtrait


382 FOLKLORE DE L'UKRAINE.

m

j air ais. Un dimanche le propriétaire avec sa
famille se rendit à l'église. Et par hasard
le brasseur y était aussi. La propriétaire
le remarqua et dit à son mari:

— «Ecoute, chéri, Fous moi (est)*) dans
l'église!**

— «Qu'est-ce que tu as?*4 dit le proprié-
taire. «Es-tu devenue folle ... dans la mai-
son de Dieu?!.. .** Effrayée par les cris de
son mari madame recula et se tut. Puis la
demoiselle remarqua le brasseur, s'approcha
de son père et lui dit.

— „Papa, ça me démange quelque part!.. .**

— «Et toi, tu es devenue folle! Est-ce
possible de dire de pareilles choses dans la
maison de4Dieu?!44 Elle se tut aussi. Enfin
le propriétaire lni-même vit le brasseur. Tout
de suite il se précipita de l'église et cria à
ses domestiques : «Eh ! cochers, laquais, quand
on sortira de l'église tenez bien la pine dans
les mains!**

Ceux-ci naturellement ne comprenaient pas
de quoi il s'agissait et quand les gens com-
mencèrent à sortir de l'église ils retirèrent leur
pines et se mirent à les tenir dans leurs
mains ! Le propriétaire vit cela et eut

*) Le verbe auxiliaire ne ie prononce pas en ukrai-
nien. D'où les calembourgs.


FOLKLORE DE L'UKRAINE. 383

honte. Il a oublié même de courir après le
brasseur qui l'a trompé et ne regarda que
les siens. Il sortit de l'église le dernier
et dit:

яAh! que les diables vous emportent!
Est-ce que je vous disais de tenir cela?! Je
vous disais de tenu' le brasseur!!*4

(Distr. d'Ostroh, Volynie.)

X.

Récolte miraculeuse.

Du temps que Dieu se promenait encore sur
la terre, il alla un jour dans les champs et vit
un pauvre homme qui labourait avec sa
charrue. Sa terre était tellement sèche qu'il
était pitoyable de regarder ce travail. Et
Dieu alla sous l'aspect d'un vieillard tout
courbé. Il s'approcha du paysan qui la-
bourait et lui dit: «Que Dieu vienne a ton
aide, bonhomme!" Celui-ci lui répondit
par un remerciement. Et Dieu — vieillard
lui demanda: «Qu'est-ce que tu auras ici,
sur cette terre si dure?!44 — «Oh, si Dieu
miséricordieux veut il y aura toujours quelque
chose!" Le vieillard alla à travers les
champs plus loin et vit un autre paysan,
celui-ci bien riche qui travaillait aussi avec
sa herse sur le champ bien saigné où il n'y


884 FOLKLORE DE L'UKRAINE.

avait pas une seule boule de terre. Le
vieillard le salua et lui dit que sa terre était
bien molle. Le paysan riche lui répondit:
«Oh! j'aurai une bonne récolte même sans
l'aide de Dieu!" Le vieillard alla plus loin
et vit un autre paysan riche qui semait le
seigle. Le vieillard lui demanda qu'est-ce
qu'il sème? — «Des pines!" répondit celui-
ci! ... Et le vieillard pensa: «Il aura bien ce
qu'il dit!"

La récolte arriva. Chez le pauvre paysan
le seigle était tellement épais que la couleuvre
n'aurait pu s'y glisser, bon seigle, haut et
abondant; chez le paysan riche qui disait
qu'il y aurait une récolte même sans aide
de Dieu, il n'y avait que tont petit peu et
seulement le long du petit sentier où passa
le vieillard, le reste des champs était absolu-
ment nu même sans verdure quelconque;
enfin chez le troisième, émergeaient de la
terre (повлприщалися s землі) des pines. Les
gens moissonnent déjà et lui vient dans le
champ et regarde... et voit comme elles
poussent. Les autres regardent qu'est-ce qui
pousse si haut? Il voit enfin qne les gens
ont* fini lenr moisson et dit à sa femme:
«Allons faucher un peu, c'est demain le
marché, peut-être on achètera." Ils récoltèrent


FOLKLOBE DE L'UKRAINE. 886

une voiture toute entière ... et le paysan
partit au marché pour les vendre. Chacun
qui s'approche, regarde la marchandise, rit
en la reconnaissant et s'en va ! Ainsi il resta
presque jusqu'à la nuit. Il y avait là bas
une grande maison. Il s'approche avec sa
voiture vers cette maison et puis se place de-
vant les fenêtres. Une dame qui était là le
remarqua et dit à son laquais:

«Va regarder qu'est-ce qu'il vend cet
homme là? !"

Le laquais sortit, puis après avoir vu rentra
chez la dame. „Eh bien, qu'est ce qu'on vend
là bas?...M

— „Oh, madame", répondit le laquais, «ce
n'est pas décent à dire!"

„Dis!"

— «Des pines!" dit-il.

«Mais c'est bien, ça, c'est une bonne chose:
va demander qu'est-ce qu'il veut pour une
pièce ?"

Le laquais lui demanda et le paysan ré-
pondit qu'il voulait cent roubles. Alors la
dame donna au laquais cent roubles et dit:
«Tiens ! Seulement qu'il en choisisse une bonne
grande !"

Acquisition faite la dame se couche, maie
la pine ne veut pas entrer. Elle envoya de
Kqvtix. VIII. 25


386 FOLKLORE DE L'UKRAINE.

nouveau son domestique pour demander com-
ment faire? Mais le paysan dit: «Qu'elle
me donne encore cent roubles, alors je dirai!"
La dame donna et le paysan dit: «Qu'elle
dise: hue!" Elle dit et la pine se mit à
l'œuvre ! Quelque temps après la dame aurait
été contente qu'elle cesse d'aller, mais elle ne
pouvait pas l'arrêter.

— Vas, dit elle de nouveau à son laquais,
demande qu'est-ce qu'il faut faire pour l'ar-
îêter. Le laquais sortit pour demander et le
paysan exigea encore cent roubles. La dame
donna encore et le paysan dit: Qu'elle dise:
„Halte!" Elle dit cela et la pine la relâcha.
La dame était très contente. Le lendemain
elle alla et commanda nne jolie boîte et la
capitonna avec l'édredon afin que la pine
fut à son aise. On a invité cette dame en
visite à la campagne; elle partit, on a bu un
peu et elle eut l'envie d'être enconnée, mais
elle avait oublié la pine à la maison. Alors
elle envoya son cocher et lui raconta bien
où se trouvait la boîte. Le cocher qui ne
savait rien, partit, prit la boîte, la mit dans
le carrosse, prit place lui même et voulut
partir. Mais à peine avait-il dit aux chevaux :
hue! la pine sortit de la boîte, s'enfonça
dans son cul et se mit à le foutre. Le cocher


FOLKLORE DE L'UKRAINE. 887

ne sachant pas qnoi faire se mit à crier aux
chevaux encore plus fortement: hue, hue,
hue!!
Les chevaux s'emballèrent partirent
au galop et la pine l'encula avec encore plus
d'acharnement Enfin le cocher voyant que
la route descendait dans un ravin voulut
arrêter les chevaux et c'est à peine qu'il put
prononcer en s'étouffant: „hcuteF* La pine
sauta de son cul tout de suite. Puis il arriva,
la dame se réjouit beaucoup et'immédiatement
porta la boîte dans sa chambre.

(Distr. d'О e tr oh, Volynie.)

XI.

Le fiancé imbécille.

Il y avait un garçon qui avait déjà une
trentaine d'années et malgré cela ne voulait
pas se marier. Son père lui dit: «Veux-tu
te marier enfin?" mais il répondit: «Je neveux
pas!" Alors on l'a pris comme un bœuf
obstiné et on l'amena pour faire sa demande
de mariage.
En route les marieurs lui disent:
«Puisque tu es un beau garçon et tu es
comme tous les autres, chaque jeune fille
voudra se marier avec toi, seulement ne dis
rien d'inconvenant: si tu veux prononcer

25*

«


888 FOLKLORE DS L'UKRAINE.

quelque parole, songe donc qu'elle soit ronde
comme un cercle de tonneau !.. .tt

Les marieurs s'entendirent avec les parents,
la jeune fille donna son consentement de se
marier avec lui. Elle était déjà prête d'aller
dans la chambre de débarras pour chercher
des essuie-mains qu'on présente aux marieurs
comme signe de consentement, quand le
fiancé qui restait toujours immobile comme
un bœuf sur un banc près de la fenêtre sans
ouvrir la bouche, s'écria:

— Il n'y a rien plus rond que le cercle
d'un tonneau!...

Alors les marieurs ont été obligés d'avouer
qu'il était imbécile. Ils le quittèrent en
espérant que peut-être dans une quinzaine
de jours il deviendrait plus raisonnable.

Deux semaines passèrent et on l'amena pour
demander en mariage une autre jeune fille.
Chemin faisant les marieurs se mirent à l'en-
seigner comment il devait se tenir avec elle»

— «Puisque tu es un beau garçon, et que
tu as le pantalon en velours de coton et la
veste qui coûte au moins vingt roubles, alors
en arrivant prends place sur un banc, écarte
ce pan de ta veste de ce côté et celui-ci de
l'autre côté: la jeune fille verra que tu as
le bon pantalon en velours de coton!"


FOLKLORE DE L'UKRAINE. 389

Mais en route il eut besoin de s'asseoir
pour se soulager*). U ôta son pantalon et
fit sa besogne. Cependant les marieurs en
voyant qu'il ne se dépêchait pas le hélèrent
en l'invitant d'aller plus vite. Il s'élança,
ayant oublié de remettre son pantalon et
quand ils entrèrent dans la maison de la
jeune fille il le mit dans nn coin dans la
vestibule. Après être entré il prit place sur
un banc et écarta, comme on lui avait dit,
les pans de sa veste. La jeune fille con-
sentait déjà de se marier avec lni, quand elle
jeta le regard et vit qu'il n'avait pas son pan-
talon. Elle chassa alors les marieurs de. sa
maison en disant: «votre fiancé est nu!u

Les marieurs sortirent et se mirent à le
gronder :

— «Tu es imbécile et nous ne voulons
plus te marier !" Alors il commença de les prier
lui-même: «Emmenez moi chez la troisième,
je serai sage!"

Les marieurs le conduisent encore chez
une jeune fille en lui disant:

«Si tu joues un tour quelconque cela peut
encore aller, seulement ne dis pas de bêtises.*4

Ici également on s'entendit bientôt, mais
quand la jenne fille voulut sortir pour chercher

*) En original ЗНЄСТИСЯ, c'est à dire pondre un œuf.


890 FOLKLORE DE L'UKRAINE.

des essuie-mains il l'accrocha avec on crochet
à foin qu'il retira d'un meule en passant
par la cour, et l'attira à lni. On l'a refusé
de nouveau.

Enfin on l'amena chez une quatrième jeune
fille et on le maria, parce que probablement
elle était aussi sotte que lui.

On fit la noce. Mais dans le moment
d'aller se coucher avec sa femme il s'enfuit
dans la prairie où restaient lenrs moutons.

Alors son père dit à la nouvelle mariée:
«Verse de la soupe dans un pot et porte lui
pour le dîner!"

Quand il l'a aperçue, apportant le dîner,
il voulut courir pour se sauver. Mais elle
le suivit en disant: «J'ai mal aux jambes."
Enfin il réunit ses moutons et prit place sur
l'herbe. Elle se plaça vis-à-vis de lui et
écarta ses jambes. Il aperçut son con et
demanda:

«Qu'est-ce que tu as là bas ? Qu'est-ce qne
cet abcès, cette blessure?"

— «Couche avec moi et guéris-moi cette
blessure !"

Mais il eut peur et sauta de sa place!
«Toi, infidèle, tu veux me faire périr !" Et
il s'enfuit.


FOLKLORE DE L'UKRAINE. 391

Arrivé à la maison avec son troupeau, il
monta an grenier et prit place sur une poutre
puis s'endormit et tomba en se cassant la
jambe. Alors dans la nuit sa femme se mit
en besogne de le guérir.

(Distr. de Tscherkaesy, gouv. de Kiev.)

XII.

Pourquoi les raskolniks ont la tonsure.
Il y avait un jour un soldat déserteur qui
cherchait refuge chez les vieux-croyants
(raskolniks). «Recélez-moi", leur dit-il, «alors
je vous lirai des livres sainte !" Mais il était
complètement illettré. Ils le cachèrent chez
eux, car c'est un usage parmi eux. Un jour ils
se rassemblèrent dans leur maison de prière,
le soldat trouva les livres, et porta un d'eux
devant l'assemblée: «Paroissiens, connaissez-
vous ce livre?" — «Nous le connaissons,
notre père!" — «Eh bien, si vous le con-
naissez, alors il n'y a pas besoin de le lire!"
Et il remit la livre à sa place. Alors les
raskolniks se rendirent dans leurs maisons
en disant: «Il ne fallait pas dire que nous
connaissions ce livre!" On a fait encore une
réunion. Le soldat apporta de nouveau un
livre: «Paroissiens, connaissez-vous celiyre?"
— «Non, père, nous ne le connaissons


392 FOLKLOBB DB L'UKBAINB.

paeü ..." — „Eh! bien, ei voue ne le con-
naissez pas, alors il n'y a pas besoin de le
connaître!" Et il emporta le livre. Après
cela les raskolniks s'entendirent entre eux
d'nne antre manière et le dimanche suivant
se rassemblèrent de nouveau dans leur maison
de prière. Le soldat apporta le livre encore
une fois: «Paroissiens", dit-il, «connaissez-
vous ce livre?" Mais les raskolniks répon-
dirent: «Connaissons ou non, mais nous te
prions, père, de le lire !" — „Eh bien," riposta
le soldat, «seulement il faut regarder bien
partout s'il y a parmi vous un khakhol
(petit-rnssien) quelconque... même la moitié
d'un khakhol, même le quart d'un petit
khakhlionok ... parce qne ce sont des gens
tels ... je les connais!..." (probablement en
faisant son service il a eu l'occasion d'avoir
affaire avec les nôtres). Alors les raskolniks
se mirent à chercher dans toute la maison
de prière s'il n'y a pas un khakhol quel-
conque ... Ils ont cherché à plusieurs reprises
et n'ont rien trouvé. «Il n'y a pas! lisez!"
Le soldat ouvrit le livre et commença : «Dans
ce temps-là, quand il n'y avait ni ciel ni
terre, la palissade était dressée seulement..."
Et щ khakhol qui se trouva près de la porte
dans ce moment s'écria: «Mais où as-tu en-


FOLKLORE DE L'UKRAINE. 398

foncé le pieux de ta palissade quand il
n'y avait pas de terre ?..." Les raskolniks
en entendant cela se mirent à pousser de
grands cris et le pope, c'est-à-dire le soldat,
s'écria furieux: «Mais je vous ai dit qu'il ne
faut pas qu'un khakhol se trouve ici!...
Voilà ... toute la messe foutue !... «Les ras-
kolniks saisirent le pauvre khakhol et se
mirent à inventer un Tchâtiment pour lui.
Après avoir beaucoup réfléchi ils décidèrent
enfin de l'enfermer dans une petite cham-
brette et de lui donner pour toute nourriture
un petit baril de miel — et rien que ça,
pour le faire mourir ainsi: parce qu'avec
du miel on ne peut pas se rassassier et la
soif devient énorme et ils ont décidé de ne pas
lui donner de l'eau: du miel et c'est tout!..
Et on a fait comme ça! Le khakhol resta
ainsi quatre ou cinq jours ... il a perdu sa
voix même, tellement sa gorge était desséchée
par le miel et pas une goutte d'eau pour le
rafraîchir .. . Enfin les raskolniks vinrent le
voir: — «Et bien, khakhol, est-ce que tu es
vivant encore ?" lui demandent-ils ... — «Mais
certainement vivant!" répondit le khakhol
d'une voix étrange ... «Qu'on lui donne
encore un petit baril de miel, afin qu'il se
consume peu à peu, jusqu'à ce qu'il crève!"


894 FOLKLORE DE L'UKRAINE.

dit le supérieur des raskolniks. On loi a
apporté encore un baril de miel. Alors, le
pauvre diable, dans un baril il mange du miel et
dans l'autre il chie. Ainsi il passa encore une
semaine peut-être ... Les raskolniks viennent
de nouveau, l'interrogent... mais il n'a plu»
de voix pour répondre. Alors les raskolniks
regardèrent dans les barils pour savoir s'il a
mangé tont et remarquèrent qne dans un
baril il y avait encore du miel et dans l'autre
on ne sait pas quoi... Les raskolniks étonnés
demandèrent: «Dis, khakhol, qu'est-ce que
cela?" Et celui-ci répondit en chuchotant:
«Donnez-moi de l'eau, alors je vous dirai!"
On lni a donné à boire, et après cela il
commença à raconter: «Voici ce que c'est:
avant-hier sont venus ici les dieux: votre
Dieu et notre Dieu et ils se mirent à disputer
lequel d'eux est le véritable Dieu." Le nôtre
dit: «C'est moi," et le vôtre: «Moi!" Ils ont
disputé longtemps, enfin ils dirent: «Celui
qui frappera plus fortement sera le veritable
Dieu!" Alors ils commencèrent. D'abord
votre Dieu donna un coup au nôtre, maie
celui-ci sourit et dit: «Frappe encore une
fois !" Mais le vôtre lui dit : «Non, à présent
frappe, toi, c'est ton tour!" Alors le nôtre
administra une telle giffle au vôtre que


FOLKLORE DE L'UKRAINE. 89Ô>

celni-ci se mit à chier ... voici sa merde-
dans le baril Les raskolniks ont entendu
cela et ont dit: «Notre Dieu et notre
onction!" et se mirent à oindre leurs têtes
en prenant de la merde dans le creux de la-
main et en la répandant sur le sommet de
la téte. Alors le khakhol éclata de rire et
dit: „Imbecilles que vous êtes: c'est moi qui
ai chié!.. .tf Ayant appris cela les raskolniks-
se mirent à raser les sommets de leurs têtea
et ils font cela même jusqu'à présent.

(Gouv. de Tschernyhiv.)

XIII.

Le tabac*).
Bot табак, bot харош, да нєт ево. Де кри-
шечка впала, там-ь церковка стала. Там буліг
прихожане, у церковку захожали. Один не
зайшов, грішний став, у воду впав, а як по-
несло Ого очеретами, болотами, ... аж там.
сидів Антип Антипович. „Здоров був Антип

*) Cette légende cet probablement empruntée aux
raskolniks grand-russiens qui habitent plusieurs colonie»
du gouv. de Tschernyhiv et sont les ennemis acharné»
dn tabac. Le mot Antype ou Antipka est employé dans
plusieurs localités de la Grande-Russie pour désigner la
diable (dont le nom on se garde de prononcer) pro-
bablement à cause de sa coneonnance avec le mot
Vantechrist.


396 FOLKLORE DE L'UKRAINE.

Антипович!" — «Здоров Хомо! А хто у вас,
Хомо, табаку нюхає?" — «Батько й мати і нас
два брати і та служанка, що обід варить, і той
хлопець, що коней пасе, тилькі й не нюхає
мала дитина!" — «Ось на тобі оцю роговину
да навчи нюхати малу дитину!" Став він її
вчити, вона стала срати й перліти. Він побіг
з хати та в хату, шукать матір: «Мамо,
мамо!" — «А чого ти?" — «Лавро осравсь!"

— «Та цить!" — «Де там спить, коли сере!"
А тепер же, моя мамочко, як запустив, — так
як кичка в хомуті ! ...

Trad.: Voici le tabac, voici qui est bon,
seulement il n'y en a pas. Où il tomba un
peu, là snrgit nne église. Il y avait les parois-
siens, ils entrèrent dans l'église. Il y avait
nn qui n'entra pas, il est devenu coupable, il
est tombé dans l'eau ... l'eau l'a porté par
les jonqnières, par les marais là où était
assis Antyp Antypovytch. «Bonjour, An typ
Antypovytch!" — «Bonjour, Thomas! Qui
-chez vous, Thomas, prise le tabac?" —
«Notre père et notre mère, et nous les deux
frères et la servante qui fait le ménage et
le domestique qui gardent les chevaux... il
n'y a qu'un petit enfant qui ne prise pas!"

— «Tiens, prends ce cornet à tabac et ap-
prends à priser à ce petit enfant!" Il com-


FOLKLORE DE L'UKRAINE. 897

mença à apprendre et le petit enfant se mit
à chier et à péter. 11 a couru d'une maison
à l'autre chercher la mère: «Maman, maman !"
— „Qu'est-ce que tu veux? Lavre s'est
emmerdé!" — «Mais zut!4* — «Non, il ne
pisse pas, il chie!... *) Mais à présent, ma
mère, il chie comme à travers un collier de
cheval !" (Gouv. de Tchernyhiv.)

XIV.

La tentation de Saint- Pachome.
«A ви читали Патерик Нечерский? Правда-
що там є sa святого Пахомія?"

— «Якось не памхятаю."

«Але-ж є ! Я в дяківскій школі в Перемишлі
на память то-то навчився.

— «Ну, що-ж там про святаго Пахомія
оповідають ?"

«Та так: Іде преподобний Пахомій во-
Іерусалим хиротонісатися і віде біса на древі
сидяща і удом аки ціпом пшеницю молотяща:
І глагола ему біс:

«Хощеши, да аз хиротонісаю тя бренним
удом сім?"

І отвіща ему Пахомій і рече:

*) Ici le jeu de mots impossible à traduire est fondé
sur la consonnance des mots ЦИТЬ (sut!) et СЦИТЬ-
(pisee).


896 FOLKLORE DE L'UKRAINE.

„Аще имаши таковий уд?" І показа ему свій.
І бисть біс посрамлен і рече:

— «Дивен Бог во святих своїх, не имам
хаковаго!"

Trad.: nAvez-vous lu Lee vies dee sainte
des Catacombes de Kiev ? Est-il vrai qu'il y
a là quelque chose sur Saint Pachome ?"

— „Je ne me rappelle pas!"

„Mais certainement il y en a: J'appris cela
par cœur dans l'école des diacres à Péré-
mychl?"

— «Eh bien, qu'est ce qu'on raconte là-bas
sur Saint Pachome?"

«C'est ainsi: Le bienheureux Pachome alla
un jour à Jérusalem pour sa chirotonie et
vit le diable assis sur un arbre et battant
avec son membre comme on bat le blé. Et
le diable lui dit:

— «Veux-tu que je te confère les ordres
«acres avec cette humble pine?"

Et Saint Pachome lui répondit et dit:
«As-tu un membre pareil?..." Et il lui
montra sa pine.

Et le diable fnt couvert de honte et dit:

— «Grand est Dieu dans ses saints: je n'ai
.pas la pine pareille!"

(Distr. de Drohobytch, Galicie orient.)

(Sera continué.)


Épigraphie Latrinale.

Dieu vous voit.

A l'hôtellerie de la Trappe de Notre-Dame-
des-Neiges, près Saint-Laurent-les-Bains (dé-
partement de l'Ardèche), l'inscription Dieu
vous voit
se lit dans les cabinets d'aisance.
Cette inscription a sans donte pour objet
d'engager les clients de ce petit endroit à se
comporter le pins décemment possible, et à
ne pas commettre, soit par action, soit par
parole, soit par pensée, des péchés contre la
chasteté qne la solitnde du lieu on quelque
réflexe physiologique pourrait inspirer. Néan-
moins, on peut juger que l'inscription n'est
pas respectueuse pour le Créateur : car s'il nous
voit dans cette opération, il doit aussi nous
sentir ...

C'est dn reste un mémento de piété usité
chez les protestants comme chez les catho-
liques. Dans la salle de couture pour les
jeunes filles, de la maison de l'Armée dn Salut
à Cologne, on lit en grandes lettres: Gott
sieht dich.
Mais là au moins le spectacle doit
être moins déplaisant au Créateur: et vidit
quod erat bonutn.


Table des matières

Chez les Wallons de Belgique .... 1

Die Zeugung in Sitte, Brauch und Glauben
der Stidslaven. I. Lieder (Schluss) . 149

Glossaire cryptologique du breton. 3e sup-
plément ...........267

Folklore de l'Ukraine. Usages, contes . 803

Epigraphie Latrinale.......899

 

 

 


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